Le ciel s'assombrit au centre météo de Mende

[Traker 19]

Lien : Midi Libre - édition du 25 mars 2009

MENDE - La fermeture du centre Météo-France refroidit les prévisionnistes

"Moins de connaissances locales c'est moins de précision, une vigilance forcément moins ciblée, moins affinée et au final c'est moins de sécurité des biens et des personnes », tempêtent les représentants de Météo-France qui sont venus, lundi, à la rencontre de la préfète Françoise Debaisieux, à Mende.

Deux prévisionnistes départementaux issus du centre de Météo-France de Mende, installé sur les hauteurs de Chabrits, et deux prévisionnistes régionales, venues d'Aix-en-Provence, formaient la délégation venue livrer leurs sombres prévisions à la représentante de l'État, à l'heure où la suppression pure et simple du centre départemental de Mende est annoncée.

Une fermeture qui jette un froid sur les relations que les prévisionnistes entretiennent avec le gouvernement et sur leurs conditions de travail. « À l'heure où les besoins en surveillance du climat et où les prévisions les plus fines possibles sont plus que jamais exigés, notamment par les collectivités, on s'inquiète vraiment quant à la vocation originale de Météo-France : la sécurité des biens et des personnes », pointe la délégation reçue à la préfecture. « On ne se demande même pas si les prévisionnistes régionaux de Météo-France seront en mesure d'assurer ces missions, on sait d'ores et déjà que ce ne sera pas possible », avertissent-ils. La direction de Météo-France avance des évolutions techniques et technologiques afin de justifier cette restructuration des effectifs, « nécessaire ».

Parce que la fermeture des centres départementaux annonce le regroupement des prévisions au niveau régional, ce qui revient à confier l'observation (forcément de loin) et le travail de prévision de zones éloignées, à des professionnels basés à près de 200 kilomètres, dans le cas de Mende, les concernés s' inquiètent fatalement ! « C'est un gros gâchis, estime une prévisionniste. L'installation de capteurs et de radars ne remplacera jamais les professionnels, sur le terrain. Sans l'appui et l'expérience des prévisionnistes, le service que l'ont doit assurer ne sera pas rendu correctement », tonnent-ils.

« Il était important que mes collègues prévisionnistes régionales, venus d'Aix-en-Provence, viennent ici à Mende, apporter leur point de vue technique et livrer leurs inquiétudes », indique Éric Gosse, employé à Mende. « Il en va de notre responsabilité, complète l'une d'elles. La proximité du personnel avec les interlocuteurs (préfecture, mairie...) en cas d'incidents météorologiques particuliers, tels qu'on en a connu ces derniers mois (vent, neige), pour informer les professionnels locaux et simplement pour l'expertise de terrain ne devrait pas être remise en cause. Là, à terme, on fera moins bien, c'est certain » : un bulletin bien alarmant.

Marie-Edwige HEBRARD