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Crise de l'eau à São Paulo


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Vous en avez probablement déjà entendu parler, mais l'année dernière une sécheresse historique a frappé le sud du Brésil, et particulièrement la région de São Paulo dans le sud du pays. Cette grave sécheresse, qui s'était prolongée tout au long de l'année 2014, a conduit à de vives tensions avec des mesures de rationnement plus ou moins officielles dans ce qui est la plus grande ville du Brésil et l'un des poumons économiques du pays. Si j'ouvre aujourd'hui un sujet sur la crise de l'eau de São Paulo, c'est parce que la saison des pluies, qui a essentiellement lieu entre octobre et mars, est restée pour la seconde année consécutive désespérément faible jusqu'à présent. Aujourd'hui, alors même qu'on entrera d'ici un mois et demi dans une nouvelle saison sèche, les réserves d'eau qui alimentent cette mégalopoles atteignent des niveaux catastrophiques.

C'est notamment le cas du principal réservoir, le Cantareira, dont 9 millions d'habitants dépendent : au 4 février, il ne reste déjà plus que 5,2% de réserve : Gráfico de volume do Sistema Cantareira. L'Alto Tiete, second réservoir en importance et qui alimente pour sa part 4 millions d'habitants, n'est lui plus qu'à 11,0%. Seul le réservoir Rio Grande est dans une bonne situation, mais il ne peut couvrir les besoins que de deux millions d'habitant sur la vingtaine qu'en compte l'agglomération.

Concrètement, en l'absence de précipitations conséquentes avant la fin de la saison humide, même avec de fortes mesures de rationnement les habitants pourraient ne plus disposer d'eau d'ici le milieu de la saison sèche. Cette situation dramatique s'aggrave de troubles sociaux et politiques : le gouverneur de São Paulo s'est ainsi catégoriquement opposé en fin d'année dernière à des mesures de rationnement préventives (alors que l'eau était déjà coupée plusieurs jours par semaine dans certains quartiers), affirmant que l'eau pouvait être consommée sans crainte cet hiver (l'été la bas) puisque la saison des pluies ramènerait la situation à la normale. La saison des pluies n'est pas véritablement venue, mais après tout ce qui compte c'est qu'il ait été réélu entre temps...

Qui plus est, la corruption qui touche les services de gestion des réseaux de distribution d'eau n'arrange en rien la situation : alors que des sommes conséquentes ont été allouées depuis plusieurs années à l'amélioration des réservoirs et l'entretien des réseaux, si peu de travaux ont réellement été menés que près de 37 % de l'eau recueillie est à terme perdue dans les fuites du réseau.

Rajoutez à cela des tensions sociales : si dans les quartiers les plus pauvres de la ville les coupures d'eau sont incessantes (jusqu'à cinq jours par semaine sans eau), miraculeusement dans les quartiers les plus huppés l'eau continue d'arriver sans problème. Cet article raconte par exemple sur un ton de plaisanterie comment le gérant d'une station de lavage de voitures de São Paulo a dû fermer sa boutique et s'avère content quand il arrive à tirer ne serait-ce qu'un verre d'eau du robinet, alors qu'un de ses concurrents dans un autre quartier continue de laver chaque jour sans restriction des voitures de luxe. Ce n'est pas de nature à arranger les choses.

La conséquence de tout cela, c'est que São Paulo est en train de devenir une poudrière sociale et environnementale, dont on risque fort d'entendre parler dans les prochains mois.

Bien entendu, cette situation qui intervient dans un contexte de changement climatique n'est pas sans poser de questions. Je ne prétendrais pas, à mon niveau, savoir si ce genre de sécheresses de plus en plus fréquentes et violentes qui touchent le Brésil depuis une vingtaine d'années sont directement ou non liées au réchauffement climatique. J'ai bien entendu un avis qui me parait logique, mais cela reste subjectif.

Pour le tout nouveau ministre brésilien des sciences (qui était auparavant ministre des sports, c'est tout à fait dans le thème), il n'y a aucune preuve que la terre se réchauffe et même si c'était le cas ce serait un danger bien moins grave pour le Brésil que l'impérialisme des Etats-Unis .. on devine par conséquent qu'il risque de ne pas être particulièrement motivé pour anticiper une aggravation de ces sécheresses répétées et de plus en plus fortes. Après tout, cela ne fait qu'une bonne dizaine d'années que les chercheurs brésiliens et ailleurs dans le monde ont démontré que la déforestation en Amazonie est directement responsable d'une baisse des précipitations sur une large partie de l'Amérique Latine.

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Posté(e)
Remiremont - Porte des Hautes Vosges (400 m)

Concernant le Brésil, lors de mes études je m'étais penché sur les paramètres de déforestation et de concentration des populations dans de grandes mégalopoles depuis les années 70.

Si cette situation est édifiante, elle n'a hélas rien de surprenant tant les villes ont grandi sans aucun travail de planification. Ajoutons à cela le mépris de l'environnement dont ont fait preuve les décideurs depuis plus de 25 ans, et l'on obtient une vraie poudrière !

Regardez bien ce qui se passe là bas car à terme ce type de situation hyper tendue, entre questions sociales et environnementales, se multipliera dans les pays dits émergeants default_sad.png/emoticons/sad@2x.png 2x" width="20" height="20">

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  • 2 weeks later...

Grace à des précipitations de retour ces derniers jours, les réservoirs sont un peu remontés mais restent à des niveaux critiques (8,3 % pour le principal, le Cantareira).

Le New-York Times s'est fendu d'un article sur la situation à Sao Paulo.

On y apprend, entre autres choses, qu'un officiel des services de gestion d'eau de la ville envisage que des gens soient à terme contraints à quitter la ville, faute d'assez d'eau pour garantir simplement qu'on puisse continuer d'y vivre.

Que des habitants commencent à creuser artisanalement des puits autour de leurs habitations pour essayer de récupérer un peu d'eau seulement pour pouvoir se laver ou vider leurs toilettes.

Ou encore que dans les écoles, les enfants n'ont plus le droit de se laver les dents pour économiser l'eau et qu'on leur sert des sandwichs dans les cantines pour ne pas avoir de vaisselle à laver.

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On y apprend, entre autres choses, qu'un officiel des services de gestion d'eau de la ville envisage que des gens soient à terme contraints à quitter la ville, faute d'assez d'eau pour garantir simplement qu'on puisse continuer d'y vivre.

Que des habitants commencent à creuser artisanalement des puits autour de leurs habitations pour essayer de récupérer un peu d'eau seulement pour pouvoir se laver ou vider leurs toilettes.

Ou encore que dans les écoles, les enfants n'ont plus le droit de se laver les dents pour économiser l'eau et qu'on leur sert des sandwichs dans les cantines pour ne pas avoir de vaisselle à laver.

Eh oui, aujourd'hui à São Paulo, demain un peu partout... Il sera beau le XXIIe siècle (et même avant). pinch.gif
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  • 4 weeks later...

Dans l'indifférence générale de nos médias, les conditions continuent, lentement mais sûrement, de se dégrader à São Paulo ..

Malgré de bonnes précipitations fin février, la saison des pluie aura été finalement bien maigre encore une fois dans la région, avec comme conséquence première une poursuite de la dégradation des niveaux de remplissage des réservoirs. Sur ClimateCentral, on peut aussi consulter via des photos satellites la baisse inexorable du niveau du réservoir Jaguari, dont les niveaux sont préoccupants alors que l'on va désormais rentrer dans la saison sèche.

Les troubles sociaux sont désormais en progression très rapide dans toute la mégalopole, alors que l'eau est coupée de plus en plus souvent et parfois pendant plusieurs jours consécutifs. Sur ce point, témoignage éloquent d'une femme dans le Guardian qui raconte la crise au quotidien. Les coupures d'eau d'abord, qui se généralisent : comment s'organiser quand on ne peut plus se laver, faire la cuisine, ou tout simplement tirer la chasse de ses toilettes pendant deux, trois ou quatre jours consécutifs ? Viennent ensuite les tensions, là où elle aurait espéré l'entraide : les habitants de son immeuble se sont entendus pour acheter ensemble un réservoir plein de 90000 litres d'eau (pour l'équivalent d'un mois et demi de salaire moyen), mais quand l'eau a été livrée ils se sont battus et le réservoir a été entièrement pillé le jour même, chacun essayant de récupérer le plus d'eau possible. Tant pis pour ceux qui n'étaient pas la quand l'eau a été livrée... Maigre et triste aperçu de ce qui pourrait survenir de manière bien plus globale si la crise venait à s'aggraver, ce qui est désormais plus que probable vu que la saison des pluies est quasiment achevée ?

Les troubles sanitaires, eux aussi, s'envolent. Les gens ne se lavent quasiment plus, essayent de stocker tant bien que mal de l'eau de pluie sur les toits ou dans leurs jardins et tombent malades en la buvant après qu'elle ait croupi. Les moustiques eux en profitent : les cas de dengue ont été multipliés par trois par rapport à l'année dernière à la même période. En creusant des puits artisanaux où ils peuvent, des habitants contaminent les sols en profondeur et polluent les dernières nappes présentes dans les sols, quand en plus ils ne déstabilisent pas les fondations de bâtiments trop proches.

Officiellement, il n'y a pas de crise à São Paulo, le gouverneur de l'état continuant d'annoncer qu'il n'y a pas de problème et que l'eau continue et continuera de couler normalement au robinet. J'ai dans l'idée que ce problème qui n'existe pas, on va beaucoup en entendre parler les prochains mois.

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  • 2 weeks later...
  • 2 weeks later...

Le gouverneur de Californie a signé un décret ordonnant la réduction de 25% d'eau dans cet état :

http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/04/02/completement-a-sec-la-californie-rationne-l-eau_4608016_3244.html

D'ailleurs on pourrait renommer ce topic tout simplement " Crise de l'eau" car le problème se pose sur bien d'autres lieux que Sao-Paulo et la Californie.

EDIT: Je n'avais trouvé ce topic, merci paparazzi :

http://forums.infoclimat.fr/topic/82831-usa-eau-la-grande-crise/#entry2531729

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