Plus ou moins de tempêtes dans l'Atlantique-nord ?

[Pierre LEMARIE]

En ce qui concerne le réchauffement global, les modèles semblent bien percevoir l'évolution à attendre pour les températures et les précipitations. En revanche, pour les tempêtes dans l'Atlantique-nord, les choses paraîssent plus floues. Parfois, selon les sources, il est question d'une augmentation...

A priori, on sait que le réchauffement devrait être plus marqué aux hautes latitudes qu'aux basses latitudes. En conséquence, les contrastes thermiques entre les régions polaires et les régions tropicales (moteur des tempêtes hivernales) devraient s'atténuer ce qui laisse prévoir un affaiblissement des courants-jets polaires.

Au cours des décennies 70, 80 et 90 les tempêtes ont plutôt eu tendance à se multiplier dans l'Atlantique-nord. Mais cette période a été caractérisée par un certain refroidissement des régions arctiques (argument utilisé par certains géographes-climatologues pour contester le réchauffement global...). D'ailleurs, entre 1975 et 2000, les hivers avec un indice ONA positif ont étés plus nombreux, notamment entre 1989 et 1995 (forts contrastes barométriques entre le minimum d'Islande parfois très creux et le maximum des Açores).

Cependant, depuis le début des années 2000, les cartes reconstituées à partir du site internet de la NOAA montrent que les températures moyennes hivernales des régions arctique ont été partout bien supérieures à la moyenne (période 1968-1996). Les contrastes barométriques entre l'Islande et les Açores sont moins marqués qu'au début des années 90 : il semblerai qu'il y ai davantage de circulations méridiennes en Europe de l'ouest : relative fréquence des invasions d'air arctique maritime au cours des hivers 04, 05 et 06; remontées de sud d'air tropical très chaud lors des étés 03 et 06. L'augmentation des précipitations en Europe du Nord serait surtout liée à un accroîssement du potentiel hygrométrique de l'air, sans que les perturbations cycloniques soient plus actives. Reste à savoir si tout cela va se confirmer dans les années à venir...

Qu'en pensez vous ?

[anecdote]

A peu près d'accord avec tout cela.

Enfin une analyse régionale des changements climatiques ! C'est rare ici, et c'est plus intéressant que des calculs globaux hautement incertains. L'observation doit primer, les spéculations numériques devraient être secondaires - pour l'instant.

Sur le fond, les dépressions atlantiques ont en effet clairement augmenté en fréquence et puissance au cours des 30 dernières, avec un bond impressionnant vers 1988, en liaison avec un refroidissement à l'ouest du Groënland. Le corollaire est l'augmentation des flux de sud-ouest en Europe, notamment l'hiver, et donc un réchauffement. Autre corollaire : la multiplication des épisodes cévénols.

Depuis le début des années 2000, cette tendance est atténuée, en raison d'un réchauffement arctique significatif, mais reste par moments assez marquée, comme au cours de l'été actuel (à ceci près que l'Europe de l'ouest est gagnée par les fronts froids atlantiques, contrairement à l'été 2003 et juillet 2006).

[Invité]

En ce qui concerne le réchauffement global, les modèles semblent bien percevoir l'évolution à attendre pour les températures et les précipitations. En revanche, pour les tempêtes dans l'Atlantique-nord, les choses paraîssent plus floues. Parfois, selon les sources, il est question d'une augmentation...

....

Qu'en pensez vous ?

Ce pb a déjà été vu dans ce /index.php?showtopic=18073'>topic .

Avant de recommencer une discussion à ce sujet il serait bon de tout relire afin de nous dire ce que tu en penses.

on peut ajouter ce que conclut le GIEC à ce sujet (AR4:p 789):

In summary, the most consistent results from the majority

of the current generation of models show, for a future warmer

climate, a poleward shift of storm tracks in both hemispheres

that is particularly evident in the SH, with greater storm activity

at higher latitudes

donc la majorité des modèles prévoit un déplacement vers les plus hautes latitudes des tempêtes baroclines avec une activité plus soutenue de ces mêmes tempêtes en ces latitudes plus élevées.

Comme je conçois les choses (cad très grossièrement) cela correspondrait à un gradient thermique équateur-pôles certes globalement plus faible mais plus resserré localement engendrant des tempêtes plus puissantes et plus "hautes" en latitude.