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Grande grêle de La Teste (33) à Douai (59)


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La grêle du 13 juillet 1788.

Voila un peu plus de deux siècles, nos ancêtres subissaient un ouragan de grêle d’une violence exceptionnelle.

Le 13 juillet 1788, à 6h30 du matin (toutes les heures sont données au soleil), alors qu’il fait grand jour depuis longtemps, les habitants de Loches (Indre-et-Loire) s’étonnent de voir le ciel s’obscurcir totalement. Un bruissement considérable se fait soudainement entendre. En un instant il devient impossible de lire près de la fenêtre et un mitraillage de grêlons sphériques ou agrémentés de pointes, qui atteignent 250 g, s’abat sur les bâtiments et sur les champs.

Né vers La Teste (Gironde), bien formé déjà sur les côtes d’Aunis, l’orage se renforce fortement en atteignant la Loire et se dirige vers le Nord-Est. En quelques heures il parcourt 450 km, de la Loire jusqu’à la Hollande, semant la désolation, bien qu’il ne dure, en un lieu donné, que sept à huit minutes. D’innombrables témoignages recueillis le situent à Amboise à 7 h, à Chartres à 7 h 30, à Rambouillet à 8 h, à Pontoise à 8h30, à Clermont en- Beauvaisis à 9 h, à Douai à 11 h, à Courtrai (Flandre autrichienne) à 12 h 30. il passe en Hollande pour aller se perdre en mer du Nord.

En fait cet orage est double et décrit d’un bout à l’autre de sa trajectoire, deux bandes à peu près parallèles ou la grêle seule est présente. La bande ouest qu’on vient de décrire, mesure 13 à 22 km de largeur, alors que la bande est, plus étroite (7 à 13 km). Cette seconde zone, à la grêle aussi violente, est née sur le pays d’Albret puis, par Coutras (Gironde) et Angoulême.

Elle rejoint la Loire à Blois où son activité se renforce. A 7 h 30 la grêle est sur Orléans, à Andonville (Loiret) et en Beauce à 8 h. Elle atteint le faubourg Saint-Antoine à Paris à 8 h 30, Crépy-en-Valois (Oise) à 9 h30, Le Cateau (Nord) à 11 h, Utrecht (Hollande) à 14 h 30. Entre ces deux zones de grêle qui ne se rejoignent jamais, une bande 13 à 34 km de largeur ne reçoit que de la pluie, qui tombe sur les marges extérieures des deux bandes de grêle. De la Loire à la frontière belge actuelle, 450 km sont touchés, l’ orage se déplaçant à une vitesse de 75km/h.

Image81.jpg

Quand les habitants peuvent enfin sortir , ils trouvent des amoncellements de glace qui atteignent 80 cm de hauteur dans les angles des murs qui mettent trois jours à fondre, les grêlons, énormes, s’étant soudés par la chaleur. En plaine, les hommes, peu nombreux, car nous sommes un dimanche, jour obligatoirement chômé, ne souffrent que de blessures et de contusions au visage et aux mains. Pas de morts connus. Mais le petit gibier trouve par milliers lièvres, lapins, perdrix, faisans tués ou estropiés. On ne compte pas les murs abattus, les toitures crevées, les maisons renversées (même l’église de Gallardon, Eure-et-Loir), les carreaux cassés. Dans le château et les dépendances du domaine de Rambouillet, racheté en 1778 par Louis XVI au duc de Penthièvre, les experts comptent 11 750 carreaux cassés, 1 000 arbres abattus, rompus, ou tortillés « comme des harts (liens) de fagots « , des milliers d’autres couverts de plaies. Dans la plaine, les blés qui ne sont pas encore moissonnés sont hachés, les vignes souffrent au point qu’il n’y a pas de bois pour la taille de l’année suivante.

Les autorités, impuissantes, ne peuvent que constater les dégâts. il est conseillé de labourer aussitôt les terres ravagées et de semer des raves, de la moutarde, de la vesce, des choux, des navets ou de la chicorée sauvage, mais la graine manque souvent.

Les agents de l’ administration essaient d’évaluer les dommages mais, comme il n’y a pas de système d’assurance, il faut se contenter d’une modération d’impôts dans les paroisses les plus touchées. Au total, il y en a près de mille de sinistrées. C’est la généralité d’Orléans qui a le plus souffert (Loiret, Loir-et-Cher, Eure-et-Loir), suivie de près par l’ ile-de-France et par les généralités de Soissons et d’Amiens. Rien que pour les récoltes détruites, la perte est évaluée à quelque 25 millions de francs or. A une époque où les rendements atteignent 10 à 12 q/ha, cela représente 1 200 000 quintaux de blés envolés et plus de 100 000 ha de terres qui ne seront pas moissonnés.

Auteur:Marcel Lachiver, 7 juillet 2000,La France agricole

Source: Bernard A.

NB: La disette qui en suivi pourrait être l'un des déclencheurs de la Révolution Française en jullet 1789.

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Pour replacer le témoignage dans son contexte un petit rappel de ce que fut cette ligne d'orage à l'echelle de la France.

La ligne d'orage de grêle était divisée en deux bandes; celle de l'Ouest (4 lieues de large soit environ 16km) premier témoignage à 6heure du matin elle commença en Touraine? Près de Loches à 6h30 passa par Chartres à 7heuresRambouillet à 8h00, Pontoise à 8h30, Clermont (Oise) à 9h00; Douai à 11h00; entra en Belgique passa sur Coutrai à 12h30 et finit au delà de Flessingues à 12h30!

La bande de l'Est commença ( 2 lieues de large soit environ 8km) à Orléans à 7h30 passa sur Arthenay et Adonville, atteignit Paris au fbrg St Antoine vers 8h30 Crépy-en Valois à 9h30; Cantea-Cambrésis à 11h00 et Ultrecht en Hollande à 14h30.

L'intervalle compris etre les 2 bandes était de seulement de 5 lieues (20km en gros) dans cet interval que de la pluie.

Je vous post donc un témoignage trés rigoureux de l'abbé Tessier d'Andonville, prés d'Angerville au sud de l'Essonne actuel.

Responsable des bergeries royales, il était aussi correspondant de la Société Royale de Medecine; c'est donc un homme cultvé qui fit la lecture d'un rapport sur l'orage le 28 juillet 1788 devant l'assemblé de la société.

Pour éviter d'avoir un gros pavé à lire je vous divise le témoignage en plusieurs petits chapitres . Ce témoignage est d'une grande valeure scientifique puisqu'il apporte une description trés précise des grelons leurs tailles leurs formes!

L'approche de l'orage

Il paraît que partout où on l'a éprouvé l'orage a occasionné à son approche une grande obscurité. A Andonville, elle a été telle qu'il fallait de la lumière pour lire. La nuée était dans une région basse de l'atmosphère et d'un noir sombre excepté dans quelques parties où l'on distinguait une couleur jaune-bleue particulière à toute les nuées à grêle.

Elle s'avançait avec une grande rapidité précédée d'un coup de vent en tourbillon et faisant un bruit considérable que je puis mieux comparer qu'à celui de plusieurs carrosses qui roulent sur le pavé. Ce bruit se remarque dans les orages à grêle, et ce n'est autre chose que celui que la grêle fait en tombant. Homme et animaux, tout fut effrayé dans ce moment. L'influence de l'orage a été sensible sur l'etat de quelques malades; les bestiaux étaient agités et roublés et couraient sans savoir où ils allaient.

Sous l'orage

Il était 8heure ou 8h15 du matin; un eclair et un coup de tonnerre furent pour ainsi dire le signal. La grêle tomba presque aussitôt. J'ai toujours remarqué que dans les grands orages à grêle, il tombe toujours quelques gouttes d'eau trés larges; j'en ai vu au commencement de celui du 13 qui étaient d'une largeur analogue à celle des grains de grêle.

En cinq à six minutes, la terre fut fut recouverte de glaçons; dans quelques endroits, il y en avait plus de quatrespouces (10cm) d'épaisseur. Plusieurs en tombant cassaient les vitres et entraient jusqu'au fond des appartements; on ne pouvait plus approcher des fenêtres, à cause d'une poussière de verre que le vent faisiat jaillir.

On était obligé de se placer entre les trumeaux des croisées, pour la sûreté. Les personnes qui étaient dans des lits en face du jour n'évitaient les glaçons et le verre qu'en fermant leurs rideaux.

les grêlons

On a beaucoup varié sur la grosseur de la grêle, ou plutôt la grêle a été plus ou moins grosse, selon des pays. Le temps éclaircira les doutes que l'on peut avoir sur certaines assertions, qui ont annoncé de la grêle d'une grosseur prodigieuse. Il me suffira de dire à la Société ce que j'ai observé moi même.

Il y avait des grains de grêle de trois sortes; les uns parfaitement sphériques, d'un blanc opaque comme de la neige, d'environ 12 à 14 lignes (environ 3 cm) de diamètre;

les autres irréguliers, transparents, en cristaux groupés et anguleux d'un pouce et demi (4cm) d'épaisseur en différent sens; c'étaient les plus nombreux.

Les autres enfin sous forme de stalactites plus ou moins branchues: il y en avait moins de ce dernier que les autres. J'en ai mesuré un qui quoiqu'il fût déjà en parti fondu avait encore deux pouces et demi (6 à 7cm) de longueur sur une épaisseur inégale de 6 à 8 lignes (1cm environ) de diametre.

M. Robert, de l'académie de peinture, qui au moment de l'orage était à Mereville (sud 91 en Beauce), à une lieue d'Andonville, a dessiné sur le champ deux grains de grêle, ou plutôt 2 glaçons lancés au fond de l'appartement qu'il occupait. L'un avait 2 pouces 9 lignes sur 2 puces et demi (7.5*7cm) et l'autre 4 pouces et une ligne sur 2 pouces (10*5cm). De quelques formes que fussent les glaçons, j'ai distingué dans leur partie la plus épaisse une marque blanche et opaque qui paraissait en être le noyau; elle ressemblait aux petits grelons qui tombent dans les giboulés de mars.

D'énormes dégats

La plupart des carreaux de vitre qui étaient au midi et un peu au couchant, tous les verres de châssis et toutes les cloches de jardin ont été non seulement cassés mais pulvérisés. Les tuiles des bâtiments ont été écornées et les ardoises percées, quoiqu'il y en eu deux l'un l'autre. Les fruits ont été abattus tellement meurtrisqu'ils tomberont avant l'époque de maturité. Des lièvres perdrix, des faisons, des pigeons et autres oiseaux ont été tués en grand nombre. Le berger à perdu un mouton qui n'ayant pu, comme le reste du troupeau se sauver dans un bois a été massacré par la grêle, un chien a rçu sur la tête un coup qui l'a étourdi et étendu par terre sans le tuer.

Des personnes, quoiqu'elles se soinet ouvert la figure, ont eu de fortes contusions. J'ai vu une fille qui avait la levre fendue d'un coup de grêle; d'autres ont eu les mains meurtries et des ecchymoses à plusieurs endroits. Des chevaux attelés à des voitures sur la route d'Orléans ont manqué de périr en se précipitant dans des fossées et ont exposé la vie des voyageurs.

Ces malheurs du moment de l'orage étaient l'annonce du desastre de ces campagnes. Seigl, pois, froments, orges, avoines, lentilles, lin, etc. tout a été broyé couché, égrainé en proportion de la maturité.

Dans la plupart des champs, on eut vruque les troupeaux de moutons nombreux et trés serrés avaient passé avaient foulé sous leurs pieds....il ne restait trace de plantes.

Le vent n'a pas eu la même violence a tous les endroits où il a grêlé car Andonville il n'a découvert aucun vent, il n'a renversé ni arbres, ni maisons; mais en parcourant une partie de la Beauce j'ai vu les dégats affreux que le vent a fait. Indépendamment des champs...des toits ont été emportéq, des murs dcrepis ou jetés a terre, ainsi que des maisons, des cloches, des eglises, moulins...

Les pertes humaines consécutives aux orages sont difficiles à évaluer Il semble que le nombre de victimes ait été limité: par chance le 13 juillet était un dimanche et pau de monde était au champs. Les décés indirects liés a cet orages furent par contre sans doute plus nombreux; notmant de nombreuses personnes intoxiquées par les eaux polluées des puits.

Voilà pour le témoigneges ont peu supposer sans doute a de puissant front de rafales voir a quelques tornades isolés maisle fait le plus marquant fut bien évidement la grêle. Je me demande bien quel type de situation synops a donné ces lignes d'orages surpuissantes et plutôt coutumières des Etats Unis !

Source : /index.php?s=&showtopic=13946&view=findpost&p=239946'>http://forums.infoclimat.fr/index.php?s=&a...st&p=239946

Florent.

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Je signale en outre pour en savoir encore plus ce dossier richement illustré et très bien fait sur les événements météorologiques du 13 juillet 1788 :

http://www.histoire-genealogie.com/IMG/pdf/l_orage.pdf

Je n'ai pas pu d'emblée inscrire ce sujet au menu du forum "phénomènes météorologiques violents"... Je remercie par avance tout modérateur passant par là de bien vouloir l'y déplacer ainsi que tout autre sujet que nous ouvrerions pour revenir sur un phénomène violent...

Florent.

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  • 6 years later...
Posté(e)
Toulouse -ville rose- 31

Vraiment un reportage tres interessant a lire.

Merci bien ;-)

Je trouve encore plus interessant de parler des orages dans l'histoire que actuellement.

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On s'y croirait ! Merci pour le partage.

L'ambiance lors de l'approche me rappelle très bien mon souvenir du 27 Mai 2012 par ici dans le Var...On croit que la fin du monde va nous tomber sur la tête bored.gif

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