Aller au contenu
Les Forums d'Infoclimat

Ce tchat, hébergé sur une plateforme indépendante d'Infoclimat, est géré et modéré par une équipe autonome, sans lien avec l'Association.
Un compte séparé du site et du forum d'Infoclimat est nécessaire pour s'y connecter.

Soleil (toujours) : une synthèse récente


charles.muller
 Partager

Messages recommandés

Pour ceux que cela intéresse, je signale ce papier (pdf, anglais) d'Edouard Bard et Martin Frank. C'est une synthèse assez lisible sur l'influence du soleil sur le climat. Tout le contraire de Veizer 2005, que j'avais naguère posté et commenté ici également : leur conclusion est que le rôle exact du soleil sur les changements climatiques reste non prouvé, qu'il s'agisse des glaciations du Quaternaire ou du RC actuel, qu'il représente le plus probablement un effet de second ordre, mais qu'un faisceau d'indices pointe une influence probable sur l'Optimum Médiéval (900-1400) et le Petit Age Glaciaire (1500-1800).

On remarquera que ces trois assertions (traduites de l'abstract ci-dessous) sont un peu contradictoires : si l'on n'a pas de preuve du lien avec le climat (on ne le comprend pas physiquement, les corrélations sont incertaines), aucun effet (de premier, second ou n'importe quel ordre) n'est plus probable qu'un autre, et l'influence sur l'OM ou le PAG reste elle aussi hypothétique. De plus, si le soleil a joué un rôle dans la baisse du PAG, on peut s'attendre à ce qu'il ait joué un rôle dans le RC moderne qui l'a immédiatement suivi, pour autant qu'il n'est pas resté aux valeurs plancher des minima de Maunder et Dalton.

Malgré tout, le style est ouvert, l'essentiel du papier pointe les débats autour des faiblesses méthodologiques d'analyse des proxies (et même des données satellitaires depuis 1978 !) de l'irradiance solaire. Il est amusant de voir les auteurs signaler au détour de leur panorama : "Jusqu'au début des années 1980, les relations entre le soleil et le changement climatique étaient encore vues avec suspicion par le plus large de la communauté climatique et restait souvent un sujet 'tabou' dans la communauté de l'astrophysique solaire". Je n'ai pas l'impression que cette suspicion et ce tabou soient tombés chez tous les membres de la gentille communauté climatique : Real Climate tire à boulets rouges dès que l'on évoque un rôle du soleil au XXe siècle (même si ses membres, G. Schmidt en premier lieu, analysent volontiers son rôle dans les climats... passés default_flowers.gif ). Mais bon, on ne peut pas parler globalement d'agressivité, non, juste un peu de moquerie pour les éternelles "corrélations" dont la physique est si peu solide.

En dernier ressort, c'est bien ce dernier point qui est frappant. Nous en sommes en 2007, le climat est un enjeu scientifique important depuis une quarantaine d'années (les premiers modèles informatisés EBM et RCM des années 1960), doublé d'un enjeu politique et médiatique depuis 20 ans. Et nous ne savons toujours pas grand chose de la physique du rayonnement solaire, comme de la physique des interactions de ce rayonnement et des différentes couches de l'atmosphère. Nous ne savons même pas nous mettre d'accord sur les deux derniers cycles complets examinés par satellite (Bard et Frank concluent que ce n'est pas décidable entre Willson 2003 et Fröhlich 2004). Le retard se rattrape sans aucun doute, à mesure que la suspicion et le tabou reculent, à mesure aussi que les missions satellite se déploient. Mais il est difficile de penser que l'accent mis sur les "perturbations anthropiques dangereuses" par des choix politiques n'explique pas une partie de ce retard. Enfin, difficile pour moi default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">

Quoiqu'il en soit, ma conclusion est optimiste : puisque la physique de l'effet de serre est "très bien connue" (dixit les modélisateurs et leur toujours-grandissant degré de confiance) et la physique solaire "très mal connue" (dixit ce texte et bien d'autres), on sait au moins où il faut attendre des avancées et des surprises dans les prochaines années.

Lien vers le papier :

http://www.college-de-france.fr/media/evo_..._Bard06EPSL.pdf

Earth and Planetary Science Letters

Volume 248, Issues 1-2 , 15 August 2006, Pages 1-14

Climate change and solar variability: What's new under the sun?

Edouard Bard, Martin Frank

Abstract

The Sun has an obvious effect on climate since its radiation is the main energy source for the outer envelopes of our planet. Nevertheless, there is a long-standing controversy on whether solar variability can significantly generate climate change, and how this might occur. This is a crucial issue not only in the field of paleoclimatology, but also for predicting the future of the Earth's climate, which will be subject to perturbations by anthropogenic greenhouse gases. Indeed, if climate changes due to the Sun were large and rapid, this would make it more difficult to extract the anthropogenic effects from precise records of instrumental data over the past century. Hence, Sun–climate relationships have never been so controversial as today, forming a debate that often escapes the scientific arena.

Here, we provide a review of this problem by considering changes on different time scales, from the last million years up to recent decades. In doing so, we also critically assess recent claims that the variability of the Sun has had a significant impact on global climate. The different studied records also illustrate the multi-disciplinary nature of this difficult problem, requiring knowledge in several fields such as astronomy and astrophysics, atmospheric dynamics and microphysics, isotope geochemistry and geochronology, as well as geophysics, paleoceanography and glaciology.

Overall, the role of solar activity in climate changes — such as the Quaternary glaciations or the present global warming — remains unproven and most probably represents a second-order effect. Although we still require even more and better data, the weight of evidence suggests that solar changes have contributed to small climate oscillations occurring on time scales of a few centuries, similar in type to the fluctuations classically described for the last millennium: The so-called Medieval Warm Period (900–1400 A.D.) followed on by the Little Ice Age (1500–1800 A.D.).

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Merci pour ce post qui m'aidera à moins souffrir et qui contribue à faire tomber les tabous.

Félicitations également pour ton site et le long billet que tu y as écrit pour présenter tes voeux à la communauté internet en l'invitant à t'adresser des textes convaincants.

Patricia Régnier

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant
 Partager

  • En ligne récemment   0 membre est en ligne

    • Aucun utilisateur enregistré regarde cette page.
×
×
  • Créer...