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Les trous à froid en France


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Neubois (Bas-Rhin)

Sinon la haute vallée de l'Orbe entre les lacs de Joux et des Rousses doit elle aussi présenter de belles minimales par nuits claires et calmes, vu l'altitude, l'encaissement et la très faible dénivelée.

Bonjour 'Mirlou'.Tout d'abord, pour donner une idée des dimensions du trou à froid qu'est la vallée de Joux, située dans le massif du Jura à cheval sur la France et la Suisse, voici une image panoramique 360° à haute résolution, prise en hiver sur le lac de Joux, qui s'étend sur près de mille hectares au fond de cette vallée: http://www.thevirtualcity.ch/valleedejoux (auteur: Geomatic Ingénierie SA).

La vallée de Joux est une dépression rigoureusement fermée, un poljé (comme à la Brévine, par exemple). Elle forme un sillon, étroit et étonnamment rectiligne, d'une trentaine de kilomètres de long, d'un à trois de large seulement selon qu'on est au niveau de Pré Rodet, de Bois-d'Amont ou à celui du Lieu, du Séchey. Elle commence non loin de la résurgence de l'Orbe, à un col situé au nord-est du lac Brenet (ce lac en avril 1974: http://www.casimages.com/img.php?i=1202240918581456869486365.jpg) et en contrebas de la Dent de Vaulion, et finit un peu au-delà du lac des Rousses, au Fort des Rousses (nord-ouest de la Dôle). Orientée du sud-ouest au nord-est, elle est encadrée de très près par le massif du Mont Tendre (le Mont Tendre le 2 avril 1974: http://www.casimages.com/img.php?i=1202240923111456869486378.jpg) et celui du Mont Risoux.

Cette orientation confère à la vallée de Joux un climat plus froid que celui auquel on s'attendrait compte tenu de sa latitude (environ 46°Nord) mais aussi de son altitude, de l'ordre de mille mètres, comme plusieurs le firent remarquer il y a déjà plus d'un siècle: S. Aubert dans sa thèse (La flore de la vallée de Joux - Bull. Soc. Vaud. Sc. Nat., 1900, pp 327-741), L. Gauthier (Contribution à l'histoire naturelle de la vallée du lac de Joux - 1890) et A. Lecoultre (ses observations). Les vents du nord-est, auxquels cette vallée est très exposée, abaissent en effet la température moyenne.

Je cite:

"Au printemps, la fusion de la glace du lac de Joux absorbe une grosse quantité de chaleur, et la température moyenne ne s'élève notablement que lorsque la dislocation des glaces s'est effectuée".

Le lac en avril 1974: http://www.casimages.com/img.php?i=1202240920051456869486370.jpg

"Par l'absence de forêts dans le fond de la vallée, la radiation nocturne est d'une intensité extraordinaire".

Voici quelques-uns des minima journaliers extrêmes observés par eux à la fin du XIXème siècle: -41°C le 31 janvier 1888, -28,5°C le 14 février 1889, -28°C le 06 mars 1889, -11,7°C le 13 avril 1890, -4°C le 14 mai 1897, -3,5°C le 16 juin 1890, -1,2 °C le 14 juillet 1890, -1,9°C le 28 août 1889, -6,5°C le 18 septembre 1889, -7,5°C le 16 octobre 1889, -10,2°C le 23 novembre 1889, -25°C le 25 décembre 1889.

Citations:

"Des minima semblables à ceux que nous avons rapportés ne s'observent que dans le fond de la vallée. En hiver surtout, pendant une série de jours secs et calmes, les couches d'air se superposent par ordre de densité: les plus froides en bas, les plus chaudes en haut; en un mot il y a inversion. Il est facile de constater le phénomène, si, par une matinée froide et calme, on gravit les pentes qui dominent l'Orient; avant le lever du soleil, la température s'adoucit à mesure que l'on s'élève. Nous l'avons observé en 1895; au Poste des Mines (1380m), en janvier, le thermomètre marquait -2°C, -3°C; au Solliat (1050m), -8°C, -10°C; au Sentier (1025m), -15°C, -18°C".

"Chaque hiver le lac de Joux gèle complètement; en moyenne la glace atteint 20 - 30cm d'épaisseur. Dans l'hiver exceptionnellement froid de 1879-1880, elle mesurait jusqu'à 75cm. Année moyenne, la congélation dure de fin décembre à mi-avril. Pendant l'hiver 1898-1899 elle n'a été que de 14 jours, soit du 30 janvier au 12 février".

"L'hiver est froid et sec, surtout les mois de décembre et janvier; les jours de brouillard sont rares, et, parfois pendant plusieurs semaines consécutives, le ciel est constamment pur et serein, l'air calme, tandis que le plateau suisse est jusqu'à 700 - 800m enseveli sous un manteau de brouillard épais et humide".

"La vallée de Joux a aussi ses vents locaux: le soir, par un ciel serein, descend des hauteurs un courant frais qui se remarque surtout au bas des cluses et dépressions transversales: la Golisse, les Mines, Combe du Moussillon, etc..."

Maintenant voici quelques images prises en avril 1974 dans des tourbières du fond de cette vallée: une tourbière près du Séchey, la sagne du Sentier et la tourbière de Pré Rodet (réserve naturelle), en Suisse (voir à ce propos: http://www.eau21.ch/Mola1.htm ), mais aussi la tourbière des Rousses, en France. N'oublions pas que ces endroits, certes tout à fait charmants au cours d'une visite au milieu d'une journée de printemps, auraient réservé d'autres sensations sur le plan de la température, si l'excursion avait eu lieu, au coeur de l'hiver, en pleine vague de froid, à l'aube!

La tourbière près du Séchey est dans un coin particulièrement froid. Images du 7 avril:

http://www.casimages.com/img.php?i=1202240955341456869486575.jpg

Il s'agit du fond, très plat, d'une cuvette.

http://www.casimages.com/img.php?i=1202240954171456869486569.jpg

Voici un bombement de sphaignes. Très haut, il est largement peuplé de callune et on y trouve diverses mousses.

La sagne du Sentier, à deux pas du village du même nom et à découvrir par le sentier de la Sagne, est non loin de l'extrémité Sud du lac de Joux. Cette tourbière haute présente un boisement marqué: une pineraie à sphaignes. Les images datent du 3 avril:

http://img38.imageshack.us/img38/4979/lessagnesdusentier2.jpg

http://img42.imageshack.us/img42/1317/lessagnesdusentier1.jpg

http://www.casimages.com/img.php?i=1202240922091456869486377.jpg

http://www.casimages.com/img.php?i=1202240921021456869486372.jpg

http://img38.imageshack.us/img38/5219/lessagnesdusentier8.jpg

http://img38.imageshack.us/img38/5975/lessagnesdusentier7.jpg

http://img38.imageshack.us/img38/6153/lessagnesdusentier4.jpg

http://img38.imageshack.us/img38/1739/lessagnesdusentier5.jpg

Comme on peut le constater grâce à certaines, il restait encore un peu de neige au sol, dans l'ombre légère de ces pins de montagne. Mais il ne s'agissait que de plaques dispersées. L'aspect de la végétation était toujours hivernal, même si le printemps était là avec un soleil radieux.

La tourbière de Pré Rodet est dans un cadre beaucoup plus rural, à proximité de la frontière. Images datant du 9 avril:

http://img96.imageshack.us/img96/5697/tourbiredeprazrodet2.jpg

http://www.casimages.com/img.php?i=1202240927131456869486397.jpg

On voit au-delà d'une lande de bruyères la rivière Orbe serpenter paresseusement dans la tourbière de Pré Rodet, plus ou moins colonisée par des pins de montagne, bouleaux pubescents et épicéas. A cet endroit l'eau est profonde d'environ 1m50 et d'une grande clarté.

http://www.casimages.com/img.php?i=1202240940391456869486515.jpg

http://www.casimages.com/img.php?i=1202240942131456869486521.jpg

http://www.casimages.com/img.php?i=1202240939101456869486506.jpg

http://www.casimages.com/img.php?i=1202240934131456869486466.jpg

http://www.casimages.com/img.php?i=1202240937031456869486498.jpg

Ces images sont prises au centre du haut-marais qui forme un plateau un peu bombé. A cet endroit les pins de montagne, dispersés, sont, comme on voit, chétifs, même s'ils peuvent être très âgés. Ces arbustes peuvent même être en forme de boule. Au-delà de cet espace central très aéré, on trouve une couronne d'arbrisseaux. Les pins de montagne y sont alors de taille moyenne. Certains présentent une forme curieuse évoquant des candélabres. Plus vers l'extérieur, dans les zones plus sèches faisant la bordure du haut-marais, on aperçoit un mélange de bouleaux et d'épicéas.

Maintenant, en s'accroupissant, on peut observer de plus près la végétation basse. Elle est constituée par un tapis muscinal colonisé par diverses bruyères et myrtilles, alternant ici ou là avec des mares de faible superficie, les gouilles. C'est un monde végétal multicolore, qui a de quoi surprendre. On a affaire à de véritables mosaïques de couleurs s'établissant à différentes échelles, depuis la juxtaposition d'éléments minuscules comme des sphaignes de teintes différentes, du vert au rouge en passant par le jaune, ou de plantes de dimensions nettement plus importantes telles que des touffes d'herbes variées, diverses éricacées mais aussi des plages de lichens gris. Cela fait penser un peu aux massifs de corail.

http://img96.imageshack.us/img96/9216/tourbiredeprazrodet3.jpg

http://www.casimages.com/img.php?i=1202240931461456869486455.jpg

http://img96.imageshack.us/img96/8662/tourbiredeprazrodet4.jpg

http://www.casimages.com/img.php?i=1202240930351456869486453.jpg

http://www.casimages.com/img.php?i=1202240929121456869486443.jpg

A Pré Rodet il fait environ 15°C. Mais en cherchant bien, on peut quand même trouver quelques taches de neige sur la surface de la tourbière.

Passée la frontière, au-delà de Bois-d'Amont on trouve le lac des Rousses. Sur les berges de ce lac s'étend une autre tourbière (la tourbière des Rousses). Images prises le 13 avril:

http://www.casimages.com/img.php?i=1202240949271456869486550.jpg

http://www.casimages.com/img.php?i=1202240947281456869486544.jpg

http://www.casimages.com/img.php?i=1202240950321456869486551.jpg

http://www.casimages.com/img.php?i=1202240952041456869486556.jpg

http://www.casimages.com/img.php?i=1202240943501456869486532.jpg

http://www.casimages.com/img.php?i=1202240945171456869486539.jpg

http://www.casimages.com/img.php?i=1202240953111456869486562.jpg

http://www.casimages.com/img.php?i=1202240946231456869486541.jpg

Voilà. Le fond immense de ce TAF qu'est la vallée de Joux m'a paru magique, lorsque je l'ai visitée pour la première fois, il y a déjà si longtemps (1974). Avec la sévérité et la fréquence, avérées depuis au moins un siècle, des inversions thermiques superficielles qui affectent ces endroits, ce qui se manifeste sous la forme d'un lac d'air froid pelliculaire de surface étendue (comme à la Brévine d'ailleurs, mais en plus grand, puisque le poljé de Joux est bien plus vaste), il est bien évident que l'on est en présence de milieux très décalés sur le plan climatique.

Scans de négatifs 24x24 (données oubliées).

Marc.

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Vous avez quand même une mentalité de m*** sur votre forum de TAFeurs, quand je lis ce genre de topic vous touchez vraiment les sommets du ridicule: http://www.localsat.net/forum/topic/4858-lnstallati

Hello,   j'ai fini de recenser les TAF à partir de ce topic.   J'ai créé une cartographie interactive simple sur Framacarte.org, voici le lien:   Cartographie des TAF de

Quelques photos des dolines sur le Méjean. (Désolé pour la qualité, les conditions étaient rudes hehe)    -Doline du Serre de Fourcat :    En haut (1180m) :   

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Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

Weidenwang Dolline ist wirklich geil, überraschend und erstaunlich ! default_blink.pngdefault_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">

Merci pour ce suivi des TAF, c'est excellent !

Sinon taf95 (j'ai oublié votre prénom), pensez-vous vraiment que les -20°C soient possibles dans le marais de Yeun Elez ? Ça me surprendrait qd même pas mal. C'est vrai que c'est protégé des influences de la mer d'Iroise grâce aux relief sur le flanc ouest, mais qd même...

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Bonjour Marc.

La vallée de Joux est une dépression rigoureusement fermée, un poljé (comme à la Brévine, par exemple).

Elle commence non loin de la résurgence de l'Orbe, à un col situé au nord-est du lac Brenet[...]et en contrebas de la Dent de Vaulion

Merci pour ces précisions, j'ignorais totalement son aspect fermé. Je pensais que c'était une vallée classique où la rivière suivait constamment son cours à l'air libre.Voilà une image du lac Brenet vue depuis la route de Vallorbe. Toute la pente en contrebas du lieu de prise de vue est donc située dans le TAF.

Voilà une carte en relief des alentours du lac Brenet et du col menant vers Vallorbe. L'exutoire du lac d'air froid serait le col du mont d'Orzeires ? La différence d'altitude entre ce col et les lacs est de près de soixante mètres, ça me paraît énorme pour un TAF. Pourtant je ne vois pas d'autre issue pour l'air froid sur la carte. default_confused1.gif

N'oublions pas que ces endroits, certes tout-à-fait charmants au cours d'une visite au milieu d'une journée de printemps, auraient réservé d'autres sensations sur le plan de la température, si l'excursion avait eu lieu, au coeur de l'hiver, en pleine vague de froid, à l'aube!

J'étais à Bois d'Amont fin février/début mars 2005. Malheureusement j'ignorais l'existence des TAF. Je dormais donc le premier mars à l'aube. Il me semble que le thermomètre min-max (très mal installé, à l'air libre contre un mur) indiquait une minimale de -26°C ce jour-là.
Les vents du nord-est, auxquels cette vallée est très exposée, abaissent en effet la température moyenne.

C'est ce qui m'a le plus marqué. Le vent de nord-est, canalisé par la vallée sur plus de vingt kilomètres, a provoqué une poudrerie pendant une bonne partie de la journée du 28 février, un événement météorologique malheureusement absent des insipides hivers parisiens.
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Neubois (Bas-Rhin)

Weidenwang Doline ist wirklich geil, überraschend und erstaunlich ! default_blink.pngdefault_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">

Merci pour ce suivi des TAF, c'est excellent !

Sinon taf95 (j'ai oublié votre prénom), pensez-vous vraiment que les -20°C soient possibles dans le marais de Yeun Elez ? Ça me surprendrait qd même pas mal. C'est vrai que c'est protégé des influences de la mer d'Iroise grâce aux relief sur le flanc ouest, mais qd même...

Bonjour Gaël. Eh! Tu ne me tutoies pas?

Je ne sais pas si c'est possible. En tout cas ce n'est pas moi qui ai pris l'initiative de suggérer la possibilité d'une telle valeur (-20°C) pour Yeun Elez. Certes, je n'ai pas rejeté sur le coup une telle suggestion, au moment où elle a été formulée. Mais il y a quand même une piste qui permettrait de ne pas rejeter d'emblée cette idée de 'Fantomon'.

En effet, dans la revue Penn ar Bed, n°32 (mars 1963), spécial sur "Les effets du froid sur la faune - Hiver 1963", j'ai trouvé un article de Jean Lebrun: "La situation météorologique au début de 1963 et son influence sur la température dans la région de Brest".

L'auteur dit ceci: "...Pendant la durée de son stationnement sur l'Europe, la zone anticyclonique a dirigé vers notre région un flux direct de secteur Est qui a été particulièrement fort du 17 au 20 janvier. Ces vents d'Est apportaient sur la Bretagne de l'air ayant parcouru des distances considérables au-dessus des terres froides, sans jamais avoir été en contact avec la mer. C'est la condition nécessaire pour qu'il fasse très froid (hiver) ou très chaud (été) à la pointe de Bretagne...Les minimums absolus ont été enregistrés le 20 janvier: -11° à Brest, -13° à Chateaulin et Pleyber-Christ, - 14,5° à Brennilis."

L'auteur insiste bien sur les conséquences du fait que la Bretagne n'est bel et bien pas une île. En effet c'est une péninsule. Et spécialement sur les conséquences de ceci, par vents d'Est en période froide. Ce n'est pas comme l'Irlande, par exemple, qui se trouve entourée de mers, relativement tièdes en hiver. Avec pour conséquence des hivers peu marqués, puisqu'à cette saison l'air, s'il vient de l'Est, y arrive toujours adouci par la tiédeur des mers situées plus à l'Est (mers du Nord et d'Irlande).

Voilà ce sont ces considérations et ce -14,5°C pour Brennilis en janvier 1963, qui me font penser qu'on pourrait relever -20°C au fond de la cuvette du Yeun Elez au cours d'une nuit d'hiver. Mais à mon avis ce ne serait possible qu'à condition qu'une advection jusqu'au bout de la Bretagne via le Bassin de Paris ou le centre de la France d'air froid originaire d'Europe centrale ou d'au-delà, puisqu'il semble bien que c'est exclusivement ce type de situation météo qui nous intéresse ici, soit suivie dans l'Arrée par une ou des nuits calmes avec ciel complètement dégagé et neige au sol.

Enfin, ne pas perdre de vue que Brennilis, pas vraiment situé sur le fond de la cuvette de Saint-Michel, est sans doute nettement moins froid que le Yeun Elez, la nuit par temps radiatif.

Marc.

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Posté(e)
Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

L'auteur insiste bien sur les conséquences du fait que la Bretagne n'est bel et bien pas une île. En effet c'est une péninsule. Et spécialement sur les conséquences de ceci, par vents d'Est en période froide. Ce n'est pas comme l'Irlande, par exemple, qui se trouve entourée de mers, relativement tièdes en hiver. Avec pour conséquence des hivers peu marqués, puisqu'à cette saison l'air, s'il vient de l'Est, y arrive toujours adouci par la tiédeur des mers situées plus à l'Est (mers du Nord et d'Irlande).

Bonjour Marc !

Merci pour ta réponse.

Mais pour commencer, je me dis que tu sous-estimes un peu la possibilité de fortes gelées des Îles britaniques, dont l'Irlande. En effet, même si bien entendu cette île est entourée d'eaux tièdes, il n'en reste pas moins que, dans le comté de Sligo à Markree Castle (alt. 30m) plus précisément, c'est à dire à seulement 10km de l'Océan (côte ouest de l'Irlande), la température est descendue à -19.1°C le 16 janvier 1881 (certes, c'est bieux donc pas forcément exact), mais il a aussi fait -18.8°C le 2 janvier 1979 à Lullymore, dans le comté de Kildare, à 40km à l'ouest de Dublin, dans les terres, altitude 70m !

Bref, comme tu vois, en pleine douce et verte Éire, à l'ouest comme à l'est, en bordure de l'océan ou non, ça peut descendre aussi bas, sinon plus, qu'en Bretagne.

Enfin, ne pas perdre de vue que Brennilis, pas vraiment situé sur le fond de la cuvette de Saint-Michel, est sans doute nettement moins froid que le Yeun Elez, la nuit par temps radiatif.

La cuvette du Yeun Elez n'est elle pas un marais ? je suppose que sous les herbes hautes ou la tourbe, très près de la surface ou même à la surace, on trouve de l'eau, non ? le Lac de Brennilis est-il tout près aussi ?

Si c'est le cas, j'ai du mal à croire qu'un TAF puisse vraiment être là bas, notamment en hiver! en été, peut être. Mais pas en hiver. En effet, je pense (peut-être à tort) que ce marais ou en tout cas le lac ne peuvent pas geler. Donc avec cette présence d'eau, du brouillard doit se former très fréquemment par nuit claire et sans vent, si bien qu'un Td très bas doit être très difficile à obtenir.

Peut être que je me trompe...

Qu'en penses tu ?

Gaël

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Posté(e)
Neubois (Bas-Rhin)

Merci pour ces précisions, j'ignorais totalement son aspect fermé. Je pensais que c'était une vallée classique où la rivière suivait constamment son cours à l'air libre.

La fermeture complète de cette vallée, mais voilà bien ce qui en forge le climat si spécial! Avec cette vaste dépression fermée à fond plat, en région calcaire, on a affaire à un poljé, comme à la Brévine, les Ponts-de-Martel ou Chapelle-des-Bois, même si c'est la grande spécialité des Alpes Dinariques. L'Orbe se fond dans le lac de Joux, l'eau passe de ce lac dans le Brenet, elle se perd dans des trous au fond de ce dernier, puis ressort à l'air libre à une source vauclusienne située près de Vallorbe.
Voilà une image du lac Brenet vu depuis la route de Vallorbe. Toute la pente en contrebas du lieu de prise de vue est donc située dans le TAF.

En ce qui concerne cette longue descente qui débute au col du Mont d'Orzeires et aboutit au Pont, et de laquelle, après être monté de Vallorbe, on découvre la vallée de Joux, j'ai toujours pensé qu'elle était dans le TAF. En effet pour moi le déversoir du lac d'air froid ne pouvait se trouver qu'à ce col, compte tenu de son altitude qui doit être de l'ordre de 1066 mètres.
Voilà une carte en relief des alentours du lac Brenet et du col menant vers Vallorbe. L'exutoire du lac d'air froid serait le col du mont d'Orzeires ? La différence d'altitude entre ce col et les lacs est de près de soixante mètres, ça me paraît énorme pour un TAF. Pourtant je ne vois pas d'autre issue pour l'air froid sur la carte. default_confused1.gif

Oui le déversoir du lac d'air froid serait bien à ce col. Il faut se rendre à l'évidence. Le relief autour du Pont est compliqué. Je viens de regarder différentes cartes. Il existe bien une cluse à l'Est du Pont (http://www.casimages.com/img.php?i=1202240957561456869486587.jpg), à laquelle on accède par une petite route. L'ouverture donne sur une petite dépression marécageuse (http://www.casimages.com/img.php?i=1202240959571456869486593.jpg). Si on traverse cette dépression en direction du nord (http://www.casimages.com/img.php?i=1202240958551456869486591.jpg), on finit par trouver un col à l'altitude de 1083 mètres (voir une de mes cartes où cette cote apparaît). Au-delà du col une longue descente aboutit à Vallorbe. Alors 1066 m contre 1083 m, ça fait une différence de niveau de l'ordre de la quinzaine de mètres: l'air froid aura donc une tendance naturelle à passer par-dessus le col du Mont d'Orzeires, nettement plus bas.
J'étais à Bois d'Amont fin février/début mars 2005. Malheureusement j'ignorais l'existence des TAF. Je dormais donc le premier mars à l'aube. Il me semble que le thermomètre min-max (très mal installé, à l'air libre contre un mur) indiquait une minimale de -26°C ce jour-là.

Ce n'est pas exceptionnellement froid pour Bois-d'Amont, il faut dire. Il me semble que cette nuit-là le froid a été nettement plus marqué dans le Massif Central que dans le massif du Jura (voir, par exemple, les valeurs de Saugues, en Haute-Loire, de mémoire aux alentours de -29°C).
C'est ce qui m'a le plus marqué. Le vent de nord-est, canalisé par la vallée sur plus de vingt kilomètres, a provoqué une poudrerie pendant une bonne partie de la journée du 28 février, un événement météorologique malheureusement absent des insipides hivers parisiens.

Ah, les hivers parisiens...Mais si tu veux trouver quelque chose de réellement intéressant sur le plan climatique, en région Ile-de-France, il te faut aller dans certains coins. Par exemple en forêt de Montmorency, au coeur de laquelle se situe un TAF, très digne d'intérêt à cause de son topoclimat et de la tourbière qu'on trouve au fond. Il s'agit du TAF de la tourbière de la Cailleuse, dont on a parlé maintes fois sur le forum d'IC.Marc.
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Les records de la station sont à peu près comme à Mouthe en gros avec quand même un peu moins froid sauf en Janvier.

Sinon, il n'y aurait pas une station MF ayant eu moins de -41°C ou plus de 44°C?

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Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

Pour le Yeun Elez, il y a eu -19°C à Rennes, -16°C à Nantes dans l'histoire donc -20°C en Bretagne a du déjà arriver.

Pour le -19°C de Rennes, ça m'étonnerait bcp, puisque le record officiel depuis au moins 1944, est "seulement" -14.7°C, donc très loin de ton supposé -19.Ensuite, il est évidemment probable qu'entre Rennes et Nantes, quelque part dans l'intérieur de l'extrêmité est de la Bretagne, les -20°C aient été atteints qqpart, et encore ce n'est pas certain du tout.

Mais dans le cas qui nous concerne, on parle de l'extrêmité ouest de la Bretagne, dans le département du "Penn-ar-bed" (Finistère) au climat océanique pur. Et là, dans ce coin, même dans des supposés TAF comme Yeun Elez, rien ne prouve pour l'instant que de tels froids y soient possibles. Le doute subsiste, la possibilité est là c'est vrai, mais c'est très incertain à mon humble avis !

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Posté(e)
Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

-19.0 a Rennes en fevrier 1929, Fantomon dit vrai.

Ok, au temps pour moi.
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Posté(e)
Neubois (Bas-Rhin)

La cuvette du Yeun Elez n'est-elle pas un marais? Je suppose que sous les herbes hautes ou la tourbe, très près de la surface ou même à la surface, on trouve de l'eau. Non? Le Lac de Brennilis est-il tout près aussi?

Si c'est le cas, j'ai du mal à croire qu'un TAF puisse vraiment être là-bas, notamment en hiver! En été, peut-être. Mais pas en hiver. En effet, je pense (peut-être à tort) que ce marais, ou en tout cas le lac, ne peuvent pas geler. Donc avec cette présence d'eau, du brouillard doit se former très fréquemment par nuit claire et sans vent, si bien qu'un Td très bas doit être très difficile à obtenir.

Peut-être que je me trompe...

Qu'en penses-tu?

Gaël.

Bonjour Gaël.Une réponse à la seconde partie de ton message du 12 mai 2010 - 23:50, c'est-à-dire celle concernant le Yeun Elez:

La cuvette du Yeun Elez a pour limites une couronne de hauteurs s'abaissant près du village de Brennilis, ouverture par où l'Elez peut s'échapper. Au centre de cette cuvette s'étend le lac de Saint-Michel. Des tourbières de divers types en occupent les rives sur une grande surface (plusieurs centaines d'hectares). Ainsi on trouve des tourbières de fond de vallée, mais aussi de pente, des landes tourbeuses et même une tourbière haute (le Vénec). Cet ensemble de tourbières s'étale jusqu'au pied des montagnes.

Dans les tourbières, l'eau libre est peu visible. Elle n'apparaît que là où il y a des ruisseaux (le haut cours de l'Elez, par exemple) ou des mares, mais ailleurs le haut de la nappe phréatique se situe dans le sol tourbeux à une certaine profondeur. Les bottes sont bien utiles si on ne veut pas se mouiller les pieds et il faut éviter les endroits où on pourrait s'enliser. Bon, des tourbières, quoi.

En hiver la surface du lac de Saint-Michel peut être recouverte par la glace. Donc, si! Le lac peut geler! C'est sûr. On peut voir ça d'ailleurs sur des images du web. Quant aux tourbières, je suppose que si le toit de la nappe d'eau est suffisamment au-dessous de la surface du sol, le sol tourbeux peut être pris par le gel sur une certaine épaisseur lors des coups de froid.

Durant des épisodes de ce type, le lac peut être gelé mais en plus recouvert par la neige, éventuellement sur une épaisseur importante (plusieurs décimètres). On peut voir sur le web des images montrant celà. Dans ces conditions particulières, la nuit, si le ciel est dégagé, la surface de la neige va pouvoir se refroidir de façon considérable, grâce au rayonnement, exactement comme s'il s'agissait de la surface d'un pré enneigé. En plus, si dans les monts d'Arrée l'air est calme cette nuit-là, eh bien comme le lac est tout au fond d'une cuvette, l'air froid formé sur les pentes des alentours va pouvoir descendre vers la surface de celui-ci, en passant par le domaine des tourbières. Finalement un lac d'air froid occupe la cuvette sur une certaine épaisseur. Et la température de l'air peut descendre au fond, là précisément où l'on trouve lac gelé et recouvert par la neige mais aussi couronne de tourbières enneigées, jusqu'à un niveau très bas pour un site breton.

Pour rappel, le 30 novembre 2006 - 15:05, 'jean-marie', habitant alors à Saint-Cadou dans l'Arrée, a écrit sur ce forum un post à propos du topoclimat de cette cuvette:

"J'habite à côté de Brennilis, dans les monts d'Arrée, dans le Finistère, en Bretagne. Il s'agit d'une tourbière à un peu plus de 200 mètres d'altitude, entourée par des collines entre 300 et 400 mètres.

La différence est parfois record avec le reste du Finistère qui a un climat très maritime, comme vous le savez tous. Il y a régulièrement 10°C de différence avec le bord de mer. Je ne connais pas les records de froid, car je n'ai jamais pu connaître les relevés de la station MF située à Brennilis.

J'y ai mesuré avec mon thermomètre à mercure -14°C le 1 janvier 1997, il est à l'abri sous un cabanon. Pour mémoire, le record de la station de Brest est de 10,9°C et date de 1979.

La neige y reste beaucoup plus longtemps qu'ailleurs: 1 semaine de suite au max en 2004, 2005, 2006 (2 semaines en 1996-1997).

C'est un trou à froid pour plusieurs raisons:

- Entouré par des collines, ce qui coupe du vent marin doux.

- Tourbières.

- Humidité (1500 mm/an).

- Altitude, ça fait ridicule mais dans le Finistère ça a son importance car fort gradient vertical de température très fréquent, phénomène d'inversion rare."

Bon, évidemment il ne faut pas retenir le facteur humidité comme une des raisons pour lesquelles il s'agirait d'un TAF! En effet pour l'établissement de cette qualité, ce facteur est au contraire tout à fait contre-productif, comme cela a déjà été signalé avec insistance sur ce topic.

Marc.

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Posté(e)
Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

Bonjour Gaël.

Pour le moment,comme il est tard, une réponse courte à la seconde partie de ton message, c'est-à-dire celle concernant le Yeun Elez. Le 30 novembre 2006 - 15:05, 'jean-marie', habitant alors à Saint-Cadou dans l'Arrée, a écrit sur ce forum un post que je cite:

J'

Salut Marc,

Merci pour le lien. Je viens de lire ce que "jean-marie" avait écrit à propos de Yeun Elez. Or cela confirme mes doutes : pour arguments allant dans le sens du TAF, il donne entre autres :

" - tourbière

- humidité (1500 mm/an de précipitations"

Autrement dit, pour lui, le fait que le coin soit humide est un atout pour un TAF. En réalité, comme tu le sais bien évidemment, c'est exactement l'effet inverse !

Donc visiblement, ce marais est bien un coin particulièrement humide. Et justement, cela doit fortement contrer le potentiel du TAF.

J'attends tes commentaires (toujours pertinents!), lorsqu'il sera une heure plus décente pour toi de l'autre côté de l'Atlantique ! default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">

Bye,

Gaël

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Ce n'est pas exceptionnellement froid pour Bois-d'Amont, il faut dire. Il me semble que cette nuit-là le froid a été nettement plus marqué dans le Massif Central que dans le massif du Jura (voir, par exemple, les valeurs de Saugues, en Haute-Loire, de mémoire aux alentours de -29°C).

J'ai oublié de préciser que le lieu de "mesure" a été faite à peu près trente mètres au-dessus du fond de la vallée.Pour ce qui est du volume du TAF, il est donc énorme : la zone d'accumulation d'air froid fait à peu près 45 kilomètres carrés (30 km de long, 1,5 km de large) et la glace des lacs Brenet et de Joux se trouve environ 60 mètres en contrebas du col. Le fond du TAF est parfaitement plat et dégagé (lacs gelés). Ce sont des conditions idéales pour enregistrer des températures exceptionnelles, comparables aux dolines du Gstettneralm. Pourtant il est habité et des arbres poussent jusqu'au bord des lacs. Est-ce dû à la plus courte période de "pleine puissance" du TAF, qui n'est efficace que lorsque les lacs sont gelés ?
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Posté(e)
Neubois (Bas-Rhin)

Je viens de lire ce que "jean-marie" avait écrit à propos de Yeun Elez. Or cela confirme mes doutes: pour arguments allant dans le sens du TAF, il donne entre autres:

" - tourbière

- humidité (1500 mm/an de précipitations)".

Autrement dit, pour lui, le fait que le coin soit humide est un atout pour un TAF. En réalité, comme tu le sais bien évidemment, c'est exactement l'effet inverse!

Donc visiblement, ce marais est bien un coin particulièrement humide. Et justement, cela doit fortement contrer le potentiel du TAF.

Bonjour Gaël.Merci d'apporter ton point de vue sur la cuvette du Yeun Elez (Montagne d'Arrée).

Puisque je me demande si tu as eu l'occasion de trouver sur ce topic traitant des trous à froid en France mes messages antérieurs concernant cette immense dépression, en effet plutôt perdus dans la masse, voici les références de deux d'entre eux, qui pourraient t'intéresser en constituant une partie de la réponse à la question "est-ce un TAF?".

Tout d'abord: le post du 14 octobre 2009 - 00:24 est ce que j'ai répondu très tardivement à 'jean marie', suite à son message de 2006. J'y ai décrit notamment les sensations que j'avais eues au cours de deux nuits radiatives passées au fond de la cuvette. Puis: celui du 13 novembre 2009 - 01:49 montre par de nombreuses images prises au Vénec peu après l'aube, comment le site se défit d'une nuit radiative.

Marc.

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Posté(e)
Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

Bonjour Gaël.

Merci d'apporter ton point de vue sur la cuvette du Yeun Elez (Montagne d'Arrée).

Puisque je me demande si tu as eu l'occasion de trouver sur ce topic traitant des trous à froid en France mes messages antérieurs concernant cette immense dépression, en effet plutôt perdus dans la masse, voici les références de deux d'entre eux, qui pourraient t'intéresser en constituant une partie de la réponse à la question "est-ce un TAF?".

Tout d'abord: le post du 14 octobre 2009 - 00:24 est ce que j'ai répondu très tardivement à 'jean marie', suite à son message de 2006. J'y ai décrit notamment les sensations que j'avais eues au cours de deux nuits radiatives passées au fond de la cuvette. Puis: celui du 13 novembre 2009 - 01:49 montre par de nombreuses images prises au Vénec peu après l'aube, comment le site se défit d'une nuit radiative.

Marc.

Ok, merci Marc pour toutes ces explications !

Il s'agit donc en effet d'un beau TAF, je n'aurais pas cru que là-bas, en plein finistère (département que je connais très bien moi aussi, mais un peu moins l'ar coat j'avoue) un lac pût geler (allez, un ptit subjonctif imparfait pour se la ramener un peu default_biggrin.png/emoticons/biggrin@2x.png 2x" width="20" height="20"> ) alors que la Tm de janvier avoisine les 5°C à cette altitude et dans ces environs, en principe !

Visiblement, ce TAF de Yeun Elez doit avoir une Tm de janvier pas mal plus basse. Il serait vraiment intéressant que qqun y place une petite station météo... peur du vol ? trop cher ?

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  • 2 weeks later...

Bientôt visite DU trou à froid maximal de l'Europe de l'ouest, qui n'est pas La Brévine, mais le Funtensee, en Allemagne du Sud...les T° pourraient y descendre très exeptionnellement sousles - 50

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Bonjour Gaël.

Une réponse à la seconde partie de ton message du 12 mai 2010 - 23:50, c'est-à-dire celle concernant le Yeun Elez:

La cuvette du Yeun Elez a pour limites une couronne de hauteurs s'abaissant près du village de Brennilis, ouverture par où l'Elez peut s'échapper. Au centre de cette cuvette s'étend le lac de Saint-Michel. Des tourbières de divers types en occupent les rives sur une grande surface (plusieurs centaines d'hectares). Ainsi on trouve des tourbières de fond de vallée, mais aussi de pente, des landes tourbeuses et même une tourbière haute (le Vénec). Cet ensemble de tourbières s'étale jusqu'au pied des montagnes.

Dans les tourbières, l'eau libre est peu visible. Elle n'apparaît que là où il y a des ruisseaux (le haut cours de l'Elez, par exemple) ou des mares, mais ailleurs le haut de la nappe phréatique se situe dans le sol tourbeux à une certaine profondeur. Les bottes sont bien utiles si on ne veut pas se mouiller les pieds et il faut éviter les endroits où on pourrait s'enliser. Bon, des tourbières, quoi.

En hiver la surface du lac de Saint-Michel peut être recouverte par la glace. Donc, si! Le lac peut geler! C'est sûr. On peut voir ça d'ailleurs sur des images du web. Quant aux tourbières, je suppose que si le toit de la nappe d'eau est suffisamment au-dessous de la surface du sol, le sol tourbeux peut être pris par le gel sur une certaine épaisseur lors des coups de froid.

Durant des épisodes de ce type, le lac peut être gelé mais en plus recouvert par la neige, éventuellement sur une épaisseur importante (plusieurs décimètres). On peut voir sur le web des images montrant celà. Dans ces conditions particulières, la nuit, si le ciel est dégagé, la surface de la neige va pouvoir se refroidir de façon considérable, grâce au rayonnement, exactement comme s'il s'agissait de la surface d'un pré enneigé. En plus, si dans les monts d'Arrée l'air est calme cette nuit-là, eh bien comme le lac est tout au fond d'une cuvette, l'air froid formé sur les pentes des alentours va pouvoir descendre vers la surface de celui-ci, en passant par le domaine des tourbières. Finalement un lac d'air froid occupe la cuvette sur une certaine épaisseur. Et la température de l'air peut descendre au fond, là précisément où l'on trouve lac gelé et recouvert par la neige mais aussi couronne de tourbières enneigées, jusqu'à un niveau très bas pour un site breton.

Pour rappel, le 30 novembre 2006 - 15:05, 'jean-marie', habitant alors à Saint-Cadou dans l'Arrée, a écrit sur ce forum un post à propos du topoclimat de cette cuvette:

Bon, évidemment il ne faut pas retenir le facteur humidité comme une des raisons pour lesquelles il s'agirait d'un TAF! En effet pour l'établissement de cette qualité, ce facteur est au contraire tout à fait contre-productif, comme cela a déjà été signalé avec insistance sur ce topic.

Marc.

Cela est bien une chose que je ne comprends pas ! Tous les trous à froid les plus puissants, sont plein de tourbières...ou de lacs, De La Brévine eu Funtensee que je vais bientôt visiter...
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Neubois (Bas-Rhin)

Cela est bien une chose que je ne comprends pas! Tous les trous à froid les plus puissants, sont pleins de tourbières...ou de lacs, de la Brévine au Funtensee que je vais bientôt visiter...

Bonjour Emma.Tout d'abord il n'est pas étonnant de voir au fond d'un creux une zone humide, par exemple un lac, un étang, un marécage ou une tourbière. Ceci est simplement dû au fait que l'eau qui tombe sur la surface de la terre, ce qu'on appelle les précipitations atmosphériques, a tendance d'une part à descendre vers le fond des creux à cause du ruissellement de surface mais aussi à s'enfoncer dans le sol puis le sous-sol pour nourrir des nappes phréatiques qui alimentent des sources au pied des versants. Il est évident que tout ceci contribue à entretenir au fond des creux ce genre de milieux riches en eau. La cause est simplement la gravité: l'eau descend le plus bas possible!

Ou va-t-elle? Dans le cas des dépressions ouvertes, comme par exemple la Cailleuse, elle s'échappe par un cours d'eau qui franchit l'ouverture. Mais dans les dépressions closes, comme par exemple la Brévine, c'est par des puits naturels, les emposieux, que l'eau quitte le fond; il faut dire que celui-ci peut être carrément noyé, lorsque les puits n'arrivent plus à faire s'échapper suffisamment d'eau, ou, pire, qu'à leur niveau il y a un reflux.

Par ailleurs, la nuit, par ciel clair et en absence de vent, de l'air froid est fabriqué à la surface des versants parce qu'ils se refroidissent intensément à cause du rayonnement infrarouge net. Cet air froid est plus dense que l'air environnant. Aussi le principe d'Archimède le fait descendre vers les fonds où il ralentit. C'est alors qu'il va contribuer à l'édification ou à l'alimentation d'un lac d'air froid. Si la dépression est ouverte, il y a constamment des fuites d'air au niveau de l'ouverture, ce qui va limiter l'extension du lac d'air froid. Si elle est fermée, la "baignoire se remplit" puis le lac d'air froid constitué déborde constamment par le trop-plein (déversoir, col).

On voit donc que le fond d'une concavité attire naturellement l'eau liquide, mais aussi les pellicules d'air froid susceptibles de se former sur ses flancs. Si cette concavité est disposée dans une région favorable à ce dernier processus du fait des conditions météorologiques habituelles, et qu'elle est fermée ou que son ouverture est suffisamment étroite pour avoir la faculté de piéger l'air froid, elle a un statut de trou à froid.

Dès lors il n'est plus étonnant que beaucoup de trous à froid soient pleins de lacs, d'étangs ou de tourbières. Il est vrai que beaucoup parmi les plus puissants du monde, le sont, comme la Brévine dans le Jura Neuchâtelois et le Funtensee dans les Alpes Bavaroises. Mais certains parmi les plus puissants, ne le sont pas du tout, comme notamment Gstettner-Alm dans les Préalpes d'Autriche et Peter's Sink ou Middle Sink dans les Rockies de l'Utah, où on ne trouve au fond aucune zone humide.

Il faut dire que la présence de cette eau liquide, que beaucoup de creux sont incapables d'éviter pour des raisons évoquées plus haut, semble contre-productive pour l'établissement du statut de trou à froid. Pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, avec en tête la question posée par la présence de zones humides, voyons le passage de la molécule d'eau de l'état liquide à l'état solide (congélation). C'est un changement d'état qui libère dans le milieu environnant une certaine quantité de chaleur: la chaleur latente de congélation. C'est-à-dire que dès que lacs, étangs et tourbières se mettent à geler, cela libère dans le milieu de la chaleur qui lutte contre la baisse de la température de l'air ambiant. Cette situation d'emprise du gel, défavorable à la baisse de la température de l'air, dure tant qu'il y a de l'eau à geler. Mais dès que le gel des nappes d'eau et du sol tourbeux sur une profondeur suffisante est acquise, tout change et la température de l'air peut enfin baisser, puisqu'il n'y a plus de glace à fabriquer. L'effet tampon contrariant jusqu'alors la baisse de la température de l'air a disparu. Bientôt les lacs, les étangs et les tourbières gelés sont recouverts par la neige. L'eau liquide, inaccessible, est alors reléguée très en profondeur, loin de la surface de contact entre la neige et l'air. Une épaisse carapace glacée l'isole donc de l'air. Ces milieux humides se comportent alors exactement comme un pré enneigé. Entrée libre désormais pour la valse hivernale des températures, au gré des conditions radiatives!

L'humidité de l'air peut aussi contrer le statut de trou à froid. La nuit, par ciel clair et sans vent, l'air au contact des versants se refroidit. Il se fait tasser par l'air environnant. Sa densité augmente donc; et de ce fait sa concentration en vapeur d'eau: l'humidité absolue. Accroissement d'humidité absolue et baisse de température font que l'humidité relative peut arriver facilement à la saturation, si initialement l'air était suffisamment chargé en vapeur: de l'eau passe alors de l'état vapeur à l'état liquide avec libération de chaleur qui tamponne le refroidissement, eh oui, encore un aspect des mécanismes de la thermodynamique défavorable pour le statut de trou à froid. Des nappes de brume très fines sont alors visibles à la surface des versants. On les voit se mettre en marche et gagner les fonds, matérialisant une sorte de vent catabatique qui édifie le lac d'air froid. Un lac d'air froid qu'on distingue bien du fait de l'air troublé par la brume. Celle-ci est bien sûr à son tour contre-productive pour le statut de trou à froid. En effet elle favorise le contre-rayonnement infrarouge (effet de serre), ce qui empêche la baisse nocturne de la température de l'air au fond du creux.

D'une manière générale tous les phénomènes de condensation de l'eau sont défavorables au statut, car ils libèrent de la chaleur dans le milieu (chaleur latente de condensation). Je pense à la condensation liquide, dont on a parlé plus haut (formation de brume, de rosée), à la condensation solide (formation de gelée blanche). Pour la même raison est également défavorable au statut la congélation (formation de givre à partir de brouillards givrants, formation de rosée gelée).

Pour prendre un cas particulier, ne pas oublier qu'au fond des creux de nos contrées, lors des nuits radiatives de l'été, par temps sec, il faut que l'air subisse un sacré refroidissement pour qu'on arrive à des seuils thermiques où les phénomènes de condensation ou de congélation deviennent possibles! Une descente des bords du creux au fond à la fin de telles nuits donne toujours l'impression de quitter un paysage chaud et sec où on se mouille à peine les chaussures, pour pénétrer peu à peu dans un monde de plus en plus froid et de plus en plus mouillé: au fond les arbustes s'égouttent, les herbes trempent littéralement les chaussures et les bas de pantalons, aussi on se met à grelotter.

En situation géographique favorable aux conditions radiatives, comme par exemple le centre du bassin parisien (région parisienne), les creux sont marqués par l'inversion thermique et la stagnation d'air froid - eh oui, voir à ce propos les travaux de Pierre Pédelaborde - , et ce malgré la présence de l'eau qui affecte en général le substrat du fond (sous-sol et sol). En plus quand une topographie particulière des lieux s'en mêle, on arrive à une espèce d'entonnoir, celui du TAF de la tourbière de la Cailleuse, situé au coeur de la forêt de Montmorency.

Pour résumer, je dirais que beaucoup de trous à froid le sont malgré l'eau!

Marc.

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Bonjour Emma.

Tout d'abord il n'est pas étonnant de voir au fond d'un creux une zone humide, par exemple un lac, un étang, un marécage ou une tourbière. Ceci est simplement dû au fait que l'eau qui tombe sur la surface de la terre, ce qu'on appelle les précipitations atmosphériques, a tendance d'une part à descendre vers le fond des creux à cause du ruissellement de surface mais aussi à s'enfoncer dans le sol puis le sous-sol pour nourrir des nappes phréatiques qui alimentent des sources au pied des versants. Il est évident que tout ceci contribue à entretenir au fond des creux ce genre de milieux riches en eau. La cause est simplement la gravité: l'eau descend le plus bas possible!

Ou va-t-elle? Dans le cas des dépressions ouvertes, comme par exemple la Cailleuse, elle s'échappe par un cours d'eau qui franchit l'ouverture. Mais dans les dépressions closes, comme par exemple la Brévine, c'est par des puits naturels, les emposieux, que l'eau quitte le fond; il faut dire que celui-ci peut être carrément noyé, lorsque les puits n'arrivent plus à faire s'échapper suffisamment d'eau, ou, pire, qu'à leur niveau il y a un reflux.

Par ailleurs, la nuit, par ciel clair et en absence de vent, de l'air froid est fabriqué à la surface des versants parce qu'ils se refroidissent intensément à cause du rayonnement infrarouge net. Cet air froid est plus dense que l'air environnant. Aussi le principe d'Archimède le fait descendre vers les fonds où il ralentit. C'est alors qu'il va contribuer à l'édification ou à l'alimentation d'un lac d'air froid. Si la dépression est ouverte, il y a constamment des fuites d'air au niveau de l'ouverture, ce qui va limiter l'extension du lac d'air froid. Si elle est fermée, la "baignoire se remplit" puis le lac d'air froid constitué déborde constamment par le trop-plein (déversoir, col).

On voit donc que le fond d'une concavité attire naturellement l'eau liquide, mais aussi les pellicules d'air froid susceptibles de se former sur ses flancs. Si cette concavité est disposée dans une région favorable à ce dernier processus du fait des conditions météorologiques habituelles, et qu'elle est fermée ou que son ouverture est suffisamment étroite pour avoir la faculté de piéger l'air froid, elle a un statut de trou à froid.

Dès lors il n'est plus étonnant que beaucoup de trous à froid soient pleins de lacs, d'étangs ou de tourbières. Il est vrai que beaucoup parmi les plus puissants du monde, le sont, comme la Brévine dans le Jura Neuchâtelois et le Funtensee dans les Alpes Bavaroises. Mais certains parmi les plus puissants, ne le sont pas du tout, comme notamment Gstettner-Alm dans les Préalpes d'Autriche et Peter's Sink ou Middle Sink dans les Rockies de l'Utah, où on ne trouve au fond aucune zone humide.

Il faut dire que la présence de cette eau liquide, que beaucoup de creux sont incapables d'éviter pour des raisons évoquées plus haut, semble contre-productive pour l'établissement du statut de trou à froid. Pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, avec en tête la question posée par la présence de zones humides, voyons le passage de la molécule d'eau de l'état liquide à l'état solide (congélation). C'est un changement d'état qui libère dans le milieu environnant une certaine quantité de chaleur: la chaleur latente de congélation. C'est-à-dire que dès que lacs, étangs et tourbières se mettent à geler, cela libère dans le milieu de la chaleur qui lutte contre la baisse de la température de l'air ambiant. Cette situation d'emprise du gel, défavorable à la baisse de la température de l'air, dure tant qu'il y a de l'eau à geler. Mais dès que le gel des nappes d'eau et du sol tourbeux sur une profondeur suffisante est acquise, tout change et la température de l'air peut enfin baisser, puisqu'il n'y a plus de glace à fabriquer. L'effet tampon contrariant jusqu'alors la baisse de la température de l'air a disparu. Bientôt les lacs, les étangs et les tourbières gelés sont recouverts par la neige. L'eau liquide, inaccessible, est alors reléguée très en profondeur, loin de la surface de contact entre la neige et l'air. Une épaisse carapace glacée l'isole donc de l'air. Ces milieux humides se comportent alors exactement comme un pré enneigé. Entrée libre désormais pour la valse hivernale des températures, au gré des conditions radiatives!

L'humidité de l'air peut aussi contrer le statut de trou à froid. La nuit, par ciel clair et sans vent, l'air au contact des versants se refroidit. Il se fait tasser par l'air environnant. Sa densité augmente donc; et de ce fait sa concentration en vapeur d'eau: l'humidité absolue. Accroissement d'humidité absolue et baisse de température font que l'humidité relative peut arriver facilement à la saturation, si initialement l'air était suffisamment chargé en vapeur: de l'eau passe alors de l'état vapeur à l'état liquide avec libération de chaleur qui tamponne le refroidissement, eh oui, encore un aspect des mécanismes de la thermodynamique défavorable pour le statut de trou à froid. Des nappes de brume très fines sont alors visibles à la surface des versants. On les voit se mettre en marche et gagner les fonds, matérialisant une sorte de vent catabatique qui édifie le lac d'air froid. Un lac d'air froid qu'on distingue bien du fait de l'air troublé par la brume. Celle-ci est bien sûr à son tour contre-productive pour le statut de trou à froid. En effet elle favorise le contre-rayonnement infrarouge (effet de serre), ce qui empêche la baisse nocturne de la température de l'air au fond du creux.

D'une manière générale tous les phénomènes de condensation de l'eau sont défavorables au statut, car ils libèrent de la chaleur dans le milieu (chaleur latente de condensation). Je pense à la condensation liquide, dont on a parlé plus haut (formation de brume, de rosée), à la condensation solide (formation de gelée blanche). Pour la même raison est également défavorable au statut la congélation (formation de givre à partir de brouillards givrants, formation de rosée gelée).

Pour prendre un cas particulier, ne pas oublier qu'au fond des creux de nos contrées, lors des nuits radiatives de l'été, par temps sec, il faut que l'air subisse un sacré refroidissement pour qu'on arrive à des seuils thermiques où les phénomènes de condensation ou de congélation deviennent possibles! Une descente des bords du creux au fond à la fin de telles nuits donne toujours l'impression de quitter un paysage chaud et sec où on se mouille à peine les chaussures, pour pénétrer peu à peu dans un monde de plus en plus froid et de plus en plus mouillé: au fond les arbustes s'égouttent, les herbes trempent littéralement les chaussures et les bas de pantalons, aussi on se met à grelotter.

En situation géographique favorable aux conditions radiatives, comme par exemple le centre du bassin parisien (région parisienne), les creux sont marqués par l'inversion thermique et la stagnation d'air froid - eh oui, voir à ce propos les travaux de Pierre Pédelaborde - , et ce malgré la présence de l'eau qui affecte en général le substrat du fond (sous-sol et sol). En plus quand une topographie particulière des lieux s'en mêle, on arrive à une espèce d'entonnoir, celui du TAF de la tourbière de la Cailleuse, situé au coeur de la forêt de Montmorency.

Pour résumer, je dirais que beaucoup de trous à froid le sont malgré l'eau!

Marc.

Merci pour une explication aussi claire et argumentée..Et il y aurait un autre trou à froid en Autriche...je vais voir ça...j'imagine aussi que les autres cavités autour du Funtensee sont aussi des trous à froid !
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Posté(e)
Neubois (Bas-Rhin)

Merci pour une explication aussi claire et argumentée. Et il y aurait un autre trou à froid en Autriche...Je vais voir ça...J'imagine aussi que les autres cavités autour du Funtensee sont aussi des trous à froid!

La doline du Funtensee, c'est près de Berchtesgaden (Alpes de Bavière). Je ne sais pas s'il y a l'équivalent à proximité de ce TAF. En tout cas, non loin de là, un peu plus à l'est, se trouve la doline de Gstettneralm (ou Grünloch). C'est dans les préalpes d'Autriche, juste au-dessus de Lunz am See. Celle-ci est d'ailleurs accompagnée par plusieurs autres dolines. Mais voir aussi le Glattalp, dans le canton de Schwyz en Suisse. Enfin, que tu sembles ignorer l'existence de Gstettneralm me fait supposer que tu ignores qu'il existe sur ce topic une sorte de revue sur les TAF; voir un de mes posts: #255 ( /index.php?showtopic=17358&st=255'>http://forums.infoclimat.fr/index.php?showtopic=17358&st=255).

Marc.

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Posté(e)
Neubois (Bas-Rhin)

Au fait, sur le TAF de la tourbière de la Cailleuse, quelle est la différence en Tn entre le TAF et les environs? Tu as dû le dire dans la discussion sur les TAF, mais je n'ai pas le courage de chercher!

En réponse à une question que m'a posée Gaël ('dann17') au topic "Printemps/été 2010 à Québec... et ailleurs au Canada" voici ma réponse au sujet des températures minimales journalières relevées au fond du TAF de la tourbière de la Cailleuse:
Voyons ce qui ressort de mon premier article sur le climat de ce TAF, zone correspondant à la définition spatiale du climat local ou <>: "Le climat thermique des tourbières de la Cailleuse (forêt de Montmorency, Val d'Oise)" à La Météorologie, VIe série, n°17, Juin 1979, 129-130.

oisepage129.th.jpg oisepage130.th.jpg

Sans entrer dans les détails, je dirai qu'à la fin d'une nuit claire et calme en forêt de Montmorency il peut faire dans l'air à hauteur d'homme (1m70) plusieurs degrés Celsius de moins au fond du TAF de la tourbière de la Cailleuse qu'au sommet de la butte des Pins Brûlés, une avancée du plateau située à proximité immédiate en direction du sud-est. Voir, sur la carte IGN que j'ai colorée pour faire ressortir le relief, la forme en entonnoir que présente ce TAF:

cartefortmontmorency01.th.jpg cartefortmontmorency02.th.jpg

A noter que l'inversion thermique entre ces deux sites, l'un situé à 139m d'altitude, l'autre à 191m, peut dépasser 6,5°C, comme au lever du soleil le 2 juillet 1977 (8°C) ou encore le 31 décembre 1970, par sol couvert de neige, avec des températures de l'ordre de -10°C aux Pins Brûlés et -20°C au-dessus de la tourbière!

Il faut noter aussi que par temps serein (sur l'Ile-de-France) la température minimale absolue journalière (0h à 24h TU! eh oui...) peut être plus basse d'au moins 8°C au fond du TAF qu'à la station météo du Bourget (climat régional).

Voilà, très schématiquement, l'aperçu que je peux donner à propos du <> de ce TAF et en particulier de ses températures minimales journalières.

Bon, tout est relatif: on est en région parisienne. Donc en absolu on n'a évidemment pas affaire à un monstre de la géophysique. Cela, je ne le cache pas. Mais c'est quand même bien intéressant à étudier.

Edit: le temps utilisé dans l'article à La Météorologie est TU.

Marc.
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Neubois (Bas-Rhin)

Bonjour Gaël.

J'avais mal compris ta question sur les températures minimales journalières (Tn):

Au fait, dans le TAF de la tourbière de la Cailleuse, quelle est la différence moyenne (en Tnm) entre le TAF et les environs? Tu as dû le dire dans la discussion sur les TAF, mais je n'ai pas le courage de chercher!

Aussi je l'ai retournée, ce qui m'a fait répondre à côté, mais qui n'était qu'une sorte d'introduction à ce qui va suivre en réponse à ta question formulée ainsi: "Quelle est la différence, en ce qui concerne telle ou telle moyenne de Tn (au sens de température minimale journalière), entre TAF de la tourbière de la Cailleuse et environs?". Il s'agit donc bien de températures minimales journalières mises en moyennes.Je précise que pour moi la Tn, température minimale journalière, se considère de 0h à 24h TU. Dès le début de l'étude du climat du TAF, il y a plus de quarante ans, j'ai adopté cette définition (peut-être à tort), car elle me parlait plus que celle habituellement utilisée de nos jours, à mon goût un peu compliquée et même un poil tordue (les paramètres d'un jour ne s'appliquent pas exactement à ce jour...mais peut-être que j'aime trop les choses simples). Pour moi un paramètre comme par exemple la température minimale ou celle maximale d'une journée ne peut pas avoir lieu un autre jour. Mais c'est un vaste débat, qui est souvent déterré à telle ou telle occasion sur ce forum. Je sais qu'il y a du pour et du contre sur l'une, comme l'autre, façon de faire.

Pour cette étude, les environs du TAF, ce sont le sommet de la butte des Pins Brûlés d'une part et d'autre part la station météo du Bourget.

Il est nécessaire, pour établir des moyennes de températures minimales, d'avoir un enregistrement continu. Inutiles, les relevés au thermomètre min-max faits avec une périodicité plus ou moins aléatoire, comme elle l'était notamment pour le TAF compe tenu de l'éloignement de ce site, car ceux-ci ne permettent pas d'établir une suite de températures minimales sans lacune. A cette fin j'ai disposé pour le TAF d'un thermographe Richard-Peckely à relevés hebdomadaires, installé sous abri durant un peu plus d'un an. Il m'a fourni un thermogramme, dont j'ai pu analyser la partie relative à une année météorologique (juin 1978 - mai 1979). Cette partie est à peu près sans lacune (ce fut difficile d'y arriver...question organisation des relevés).

L'analyse du thermogramme m'a permis de connaître la course journalière de la température pour à peu près chaque jour de l'année météorologique. J'en ai déduit pour cette année la suite des températures minimales journalières. Sont donc obtenues diverses moyennes: les moyennes mensuelles pour les douze mois de la période d'étude, la moyenne de l'année entière.

Cela fut comparé avec les données sous abri de la station météo du Bourget pour la même période, mais il n'a pas été possible de faire une comparaison avec le sommet de la butte des Pins Brûlés, car ce site n'était pas équipé.

Ce thermogramme annuel du TAF, analysé en détail pour les températures minimales journalières, mais aussi pour d'autres paramètres journaliers comme la température maximale et l'amplitude thermiques, et encore bien d'autres choses, a fait l'objet d'un article faisant une comparaison entre le topo-climat du TAF et le Bourget (climat régional): <> à La Météorologie, VIe Série, n°26, Septembre 1981, pages 123 - 126:

donnescomplmentairessur.th.jpg donnescomplmentairessur.th.jpg donnescomplmentairessur.th.jpg donnescomplmentairessur.th.jpg

L'année météorologique étudiée s'est, après coup, révélée d'une nature peu habituelle en Ile-de-France. Elle est plutôt froide et fait penser un peu à une année typique du Petit Age Glaciaire. Par conséquent il ne faut pas prendre cette année pour une année moyenne, loin de là. Peu classique, elle n'a vraiment rien de représentatif d'une année moyenne de nos jours. D'ailleurs Math ('math92') et Philippe ('psncf'), qui ont eu connaissance du contenu de cet article en décembre 2008, peu après mon arrivée sur le forum d'IC que je me contentais jusqu'alors de lire, ont été étonnés par certaines données relatives au TAF (voir au "suivi du temps en IDF, décembre 2008" le post: 'psncf' 17 décembre 2008 - 18:27 et ma réponse à celui-ci: 'taf95' 17 décembre 2008 - 21:47). Mais ils pouvaient l'être tout autant à la lecture de celles pour la même période du Bourget, duquel le TAF n'est que le reflet, mais en plus froid.

Ce qui compte finalement ici, c'est uniquement de dégager les différences entre le TAF et les environs (le Bourget). Dans l'article, on voit qu'au TAF les moyennes des températures minimales journalières des différents mois et saisons sont nettement plus basses que celles correspondantes au Bourget (par exemple: 8,1°C contre 12,1°C en juillet et -6,8°C au lieu de -3,9°C en janvier; mais aussi 7,3°C contre 11,2°C en été, 2,6°C contre 6,1°C en automne, -3,4°C contre -0,5°C en hiver et 1,5°C contre 5,2°C au printemps). Un autre fait est remarquable: au TAF la moyenne des températures minimales journalières de l'année est, ce qui n'est bien sûr pas étonnant au vu des valeurs ci-dessus, nettement plus basse que celle du Bourget: 2°C au lieu de 5,5°C!

Pour ce qui concerne les températures minimales journalières, ce qui nous intéresse ici exclusivement, l'apport d'un autre article de moi (: <> au Bulletin de l'Association des Amis des Forêts de Montmorency, L'Isle-Adam et Carnelle (AFOMIC), n°2, 1981, pages 27-41) réside dans la mise en évidence des moyennes mensuelles des températures minimales journalières au TAF. Pour l'instant je ne mets pas de lien vers cet article, car, long et détaillé, il ne concerne pas que l'analyse des températures minimales journalières, en plus il montre l'enregistrement annuel dans sa totalité ainsi qu'une liste présentant pour chaque jour de l'année températures minimale et maximale, et surtout il ne fait pas de comparaison avec les environs, notamment le Bourget.

Ceci dit, j'en extrais les moyennes mensuelles des températures minimales journalières au TAF. Et j'ajoute, pour comparaison, celles correspondantes au Bourget. Soit:

Juin: 6,7°C au TAF contre 10,7°C au Bourget. Juillet: 8,1°C et 12,1°C. Août: 7,0°C et 10,7°C. Septembre: 5,8°C et 9,2°C. Octobre: 3,3°C et 7,0°C. Novembre: -1,2°C et 2,2°C. Décembre: -0,5°C et 2,1°C. Janvier: -6,8°C et -3,9°C. Février: -2,8°C et 0,2°C. Mars: -0,6°C et 2,9°C. Avril: 0,7°C et 4,9°C. Mai: 4,3°C et 7,9°C.

Voilà. A propos des diverses sortes de moyennes de températures minimales journalières, c'est à peu près tout ce que je connais des différences qu'il peut y avoir entre le topo-climat du fond du TAF de la tourbière de la Cailleuse et le climat régional observé au Bourget.

Alors bonne lecture à toi Gaël, ainsi qu'à tous ceux qui passeront par ici, comme peut-être Philippe ('psncf'), Math ('math92') et Jérémy ('Météo78').

Edit: le temps utilisé dans l'article à La Météorologie est TU.

Marc.

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