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Nîmes, ses aménagements et sa gestion de crise...


Messages recommandés

Posté(e)
Saint-Quentin-la-Poterie (30)

Bonjour,

Je me permet de partager un article que j'ai diffusé sur facebook cet après-midi, visible ICI.

Ce n'est que mon simple avis sur un sujet bien plus complexe qu'il n'y parait, mais si certaines personnes souhaitent réagir.

C'est peut-être un peu limite pour la charte du forum, aux modo d'en décider shifty.gif

DES POLITIQUES INADAPTÉES -PARFOIS CORROMPUES- A LA NOTION DE CULTURE DU RISQUE... DE MÉMOIRE DU RISQUE...

J'écris volontairement cet article en mon nom et non pas en celui de notre page Météo Languedoc. J'ai le souhait d'évoquer une problématique qui me semble on ne peut mieux d'actualité en ce lendemain d'inondations. Nîmes, ville meurtrie dans l'histoire par de terribles crues, des dizaines de morts, des dépenses inconsidérées pour rebâtir, rénover. Les Nîmois ont dans le cœur la terrible fin de nuit du 3 octobre 1988. Un orage particulièrement violent s'est déchaîné entre le Vidourle, le bassin Nîmois et Remoulins. Des trombes d'eau se sont abattues sur la préfecture Gardoise en quelques heures : 420 mm au Mas de Ponge et encore... le pluviomètre de l'époque a débordé ! Les conséquences, connues de tous, sont dramatiques, des vagues déferlèrent dans Nîmes, au gré des ruptures d'embâcle provoquées par des cadereaux toujours plus urbanisés. Des dégâts considérables, soit, et des cadavres à n'en plus compter. Triste désolation, triste réalité.

Que sont les cadereaux Nîmois ? Ce sont des ruisseaux et torrents généralement à sec, drainant l'eau des garrigues environnantes et sillonnant la vieille ville de Nîmes. Une approche "géographique" et "topographique" me semble inévitable. Nîmes s’est développée au pied de cadereaux qui, lors de fortes pluies, concentrent vers la ville les eaux de ruissellement en provenance des garrigues qui dominent la ville d’une centaine de mètres. Ces cadereaux sont des cours d'eau temporaires, ayant une distance comprise entre 4 et 12 km. Le cadereau d’Uzès est le plus rapide des cadereaux Nîmois, en partie à cause des fortes pentes du relief sur la partie supérieure de son bassin. Le Serre de Garde-Monnier culmine à 214m, à la limite Nord-Ouest du bassin versant du cadereau d’Uzès et du cadereau de Font-Chapelle. Depuis la ligne de crête des collines au carrefour des Trois Ponts, qui constitue l’entrée dans la zone urbaine de la ville, il y a 3 km. Les crues de ce cadereau parcourent cette distance en un temps record, en quelques minutes seulement.

Ainsi, pour l’inondation historique du 3 octobre 1988, les pointes de débits ont été estimées à 485 m3/s pour le cadereau Alès-Camplanier et 215 m3/s pour celui d’Uzès. Nous sommes là dans l’ordre de grandeur des débits moyens des principaux fleuves français. Le volume global de l’eau ayant eu à traverser le secteur urbain dense de Nîmes a quant à lui été estimé à 10 millions de m3. Ces chiffres donnent le VERTIGE. Je ne suis qu'un simple étudiant en gestion des risques et des catastrophes naturelles mais je m'interroge : comment a t'on pu urbaniser avec autant d'insistance ces cadereaux ? Je suis bien conscient que le citoyen lambda ne connaît pas ces chiffres avec exactitude, mais les enjeux sont réels, aussi bien pour le bâti que pour les biens et les personnes... Il est de la responsabilité de tous de s'informer.

Prenons exemple du cadereau d'Alès. Le temps de concentration des eaux est très bref sur ce bassin versant, tout au plus d'une à deux heures. Les délais sont de fait très courts entre le début de l'orage et l'inondation des secteurs à enjeux. Les débits engendrés -estimés à plus de 480 m/s à l'entrée du centre urbain pour ce cadereau- RIDICULISENT aisément les ouvrages de traversée souterraine qui n'affichent à l'entonnement qu'une capacité de 25 m3/s. S'en suit des débordements dommageables, d'une rapidité hors-norme, avec des vitesses d'écoulement supérieures à 3 m/s sur quasiment l'ensemble du centre urbain. Le dernier PPRI (Plan de Prévention du Risque Inondation) est pourtant clair : PLUS de 1.000 bâtis sont susceptibles d'être inondés avec plus d'UN mètre d'eau pour ce seul cadereau. Le VERTIGE ? Le mot est faible...

Octobre 2014, en route vers de nouvelles inondations. J'ai besoin d'être transparent avec la population de Nîmes : on a frôlé le drame de grande envergure durant la nuit du 9 au 10. L'orage s'est développé en fin de soirée du 9 près du Vidourle. Il s'est ensuite étiré au nord immédiat de l'autoroute A9, jusqu'aux garrigues de Nîmes. Le gradient pluviométrique est saisissant : quelques gouttes sur le sud de la ville contre 150 à 160 mm entre Castanet, Vacquerolles et les Hauts de Nîmes. Le résultat ? de nouvelles inondations dans certains quartiers, avec des dégâts majeurs. Plus au nord, sur un axe La Calmette - Uzès, les lames d'eau furent voisines de 300 à 350 mm. Quand je dis que Nîmes a frôlé le drame, je pèse mes mots; si l'orage avait été ne serait-ce qu'une dizaine de km plus au sud, le spectre de 88 aurait été de retour. Pendant que certains quartiers pansent leurs plaies, les autorités Nîmoises ne réagissent pas, ou peu. D'un ton déconcertant, on peut entendre en RADIO les propos des "politikos" -pour ne citer aucun nom- qui disent que la situation est sous contrôle, que les populations ne risquent rien. Drôle de coïncidence, je me trouve au même moment près de Camplanier, où le cadereau déborde de deux bons mètres, emportant garages, voitures, routes et murs. Les dégâts sont considérables. Les populations pleurent, s'angoissent, mais "on va bien", n'est-ce pas ?

Le cliché ci-dessous a été réalisé par Guy ROSENKRENZER, sur le chemin du Grand Bois. Il est constitutif à la crue de ce cadereau, avec une réaction amont - aval entre l'aven de la Belle Rose et Camplanier. Une fois de plus, le temps de réponse aux fortes pluies a été très court et la crue excessivement rapide, excessivement compétente. Je laisse à chacun apprécier l'importance des dégâts observés... J'en suis bouche-bée, pour ma part.

Nîmes connaît un climat capricieux. L'urbanisation exacerbée des bassins versants est une menace directe pour les biens et les personnes. On vient d'en avoir une piqûre de rappel, sans victimes cette fois. Néanmoins, les "politikos" essaient de nous faire croire que les ouvrages réalisés post-88 suffisent à nous protéger... Soit, les bassins de rétention contiennent des centaines de milliers de m3 d'eau, mais leur entretient est largement sous-évalué, de même que celui des cadereaux. Est-il normal, lors d'une VIGILANCE ROUGE de Météo-France, de trouver des grilles complètement bouchées par les laisses de crues précédentes ? C'est comme ça que des embâcles se forment et lorsqu’elles cèdent, ça ne pardonne pas. Aussi, pour qu'un ouvrage de rétention fonctionne, il est nécessaire que ses voies soient opérationnelles, sinon l'édifice devient transparent : il ne fonctionne plus. Que dire de l'alerte en temps réel... Quand on connaît la réactivité des cadereaux en terme de réponse aux pluies orageuses, on est en droit de se demander comment les politiques gèrent la "crise" ? De nombreuses villes sont équipées de sirènes, pour prévenir des ondes déferlantes amont/aval. Sommières en est le parfait exemple, avec des vidourlades relativement bien maîtrisées. Les cadereaux sont canalisés sous la ville, des zones inondables sont bâties et continuent de sa bâtir. Les édifices de protection, peu ou prou entretenus dans certains quartiers, deviennent parfois obsolètes. Alors j'en viens à la CULTURE du risque, à la MÉMOIRE de ce risque. Il est important pour les populations locales de SAVOIR et de SE SOUVENIR du risque inondation dans la ville de Nîmes. Quand on vit en zone inondable, il faut avoir conscience que de telles crues ne pardonnent pas. L'eau regagne toujours son chemin initial, n'en déplaise aux politiques Nîmoises...

Si je valide mon mémoire cette année, je serais amené à devenir ingénieur en gestion des risques et des catastrophes naturelles. J'espère de tout cœur pouvoir travailler sur ma ville natale dans le futur, où les inondations sont une réelle menace.

Christophe FERRE

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Invité Sky Blue

Oui Christophe, et quand on pense que 17 Millions de Français sont exposés aux débordements de cours d'eau.

En ce qui concerne Nîmes je te fais confiance à 100% ta connaissance du terrain et tes compétences en Météo locale seraient un plus certains pour la gestion des risques et des catastrophes naturelles sur le secteur Gard et avoisinant.

J'espère que tu trouvera un job dans ce domaine sur Nîmes.

Si je te résume bien, le spectre de 1988 traine toujours au dessus des Nîmois.sick.gif

En complément du sujet de Christophe.

/topic/85114-urbanisme-et-risques/'>http://forums.infoclimat.fr/topic/85114-urbanisme-et-risques/

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J'ai envie de dire : tu es passionné par cette région donc tu cherches à tout comprendre de ce qui est logique ou pas.

La politique n'est pas gouvernée par des études scientifiques, donc on n'est jamais dans l'aménagement optimal (qui minimise les risques).

A partir de là, un gros phénomène météo mal placé, et on paie le manque d'optimalité.

Et encore, on est en France. Il y a quand même des efforts !

ps : bien que la politique ne soit pas gouvernée par les scientifiques, des études scientifiques sont commandées par les pouvoirs publics, par les acteurs associatifs, par les acteurs privés, etc. Donc il y a du travail dans l'environnement, ce n'est pas le problème.

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Intéressant mais comme tu le démontres très bien malgré les outils permettant de mesurer précisement le volume et la trajectoire d'écoulement des eaux lors d'épisodes pluvieux majeurs, tout reste à faire en matière de gestion des risques sur le temps long. De l'entretien des ouvrages existants à la maîtrise de l'urbanisation il semble qu'il y ait un gros chantier à mener de la part des différents acteurs et gestionnaires du territoire.

La multiplicité de ces acteurs et de leurs compétences tend à dilluer les responsabilités et à complexifier cette gestion car cela demande une coordination de tout les instants. Tu ajoutes par dessus une pression foncière très forte avec des enjeux économiques importants et l'on arrive à ces situations où l'urbanisation du territoire ne se fait de manière optimale, dans le sens où les facteurs la determinant sont rarement liés à la volonté de diminuer les risques...

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Posté(e)
Remiremont - Porte des Hautes Vosges (400 m)

En lien, on peut rajouter ces sujets :

/topic/34568-il-y-a-20-ans-nimes-03-10-1988/?hl=nimes'>Nîmes, 20 ans déjà !

/topic/16472-urbanisation-et-prevention-des-crues-dans-le-sud-est/'>Urbanisation et prévention des crues dans le Sud Est

PS/ Si quelqu'un a des nouvelle de lc30, je suis preneur ! default_wink.png/emoticons/wink@2x.png 2x" width="20" height="20">

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Bonjour,

je viens de lire le topic passionnant et houleux de Ic30 sur "Urbanisation et prévention des crues dans le sud-est", est-il possible d'avoir un profil de cette personne notamment pour connaitre ses écrits dont-il fait référence sans jamais les développer ?

Merci.

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Posté(e)
Montpellier (Antigone)

Je crois en effet que beaucoup de gens ne se rendent pas compte des conséquences dramatiques (humainement, moralement et "techniquement") qu'engendrent les inondations alors qu'on connaît ce risque depuis X années. Une collègue qui habite Grabels m'a donné des frissons tout à l'heure quand elle me racontait son histoire : avec l'eau qui montait, elle impuissante, ses voisins désemparés qui hurlaient; sa maison est foutue, elle ne la retrouvera pas avant... septembre 2015.

Quitte à mettre le paquet, il faut vraiment que les politiques prennent conscience du risque inondation sur notre bassin. Certaines communes l'ont fait, mais d'autres doivent clairement s'améliorer dans leur gestion et dans ses aménagements. Le témoignage de Christophe qui arpente le terrain chaque épisode, le montre bien. En parlant de Nîmes, il me semble d'ailleurs que le Maire indiquait jeudi matin à la télé qu'aucune école n'était fermée dans sa ville alors qu'on avait de plus en plus de remontées comme quoi les établissements fermaient les uns après les autres... cette journée a été un grand n'importe quoi. La psychose a commencé à s'installer.

Bref, c'est pas non plus facile à gérer pour nos gouvernants : rien qu'hier soir avec la levée de l'alerte rouge, alors que le forçage principal était attendu cette nuit, combien de modèles par le passé ont diminué les cumuls à l'approche d'un événement. Il y a 2-3 jours encore, WRF ARW (qui avait plutôt bien géré les précédentes salves) balançait sur plusieurs runs de nouveau 100-150 mm sur de vastes zones de plaine et littorales du Languedoc...S'il s'était passé quoique ce soit cette nuit...

Mon message n'entre pas totalement dans le débat lancé par Christophe mais je savais pas trop où le balancer alors je saisis l'occasion.

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Posté(e)
St-Étienne-du-Valdonnez (Lozère) - 885 m d'altitude au pied du Mont Lozère et du causse de Sauveterre. A 9 km au SE de Mende

Je ne développe pas car "devoir de réserve" 191769.gif étant donné que je suis dans la partie mais si tu as raison sur le fond Christophe, tu occultes (pas volontairement) toute une partie du "problème" (dans le sens, complexité de la chose).

L'urbanisation autour des cadreaux elle ne date pas d'aujourd'hui. A l'inverse il y a eu des délocalisations / destructions de maisons (fond Barnier) depuis 1988 pour diminuer la vulnérabilité des personnes les plus exposées. Après, on ne peut pas (ou alors très difficilement) forcer les gens à partir...

Il y a quand même d'immenses progrès qui ont été faits depuis 20 ans dans le domaine de la prise en compte des risques naturels au niveau de l'urbanisme. Tout n'est pas rose c'est vrai mais les progrès ont été énormes, on partait de vraiment très loin... Je parle pour le côté "urbanisme". Pour la question des alertes en temps réel etc... là oui il y a des progrès à faire...

On peut quand même remarquer que les évènements importants de crues urbaines des dernières semaines dans les agglos de Montpellier puis Nîmes n'ont fait aucune victime... Alors certes il y a une part de chance, mais il y a 10-15 ans je pense que ça n'aurait pas été la même chose... C'est une combinaison de plusieurs facteurs : "culture du risque" relative de la part des populations, meilleure anticipation et préparation des équipes de secours, divers aménagements, etc...

Pasquito : LC30 ne poste plus depuis longtemps mais si tu cherches des publications de Lucien Coste je pense que tu trouveras des choses.

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Je ne développe pas car "devoir de réserve" 191769.gif étant donné que je suis dans la partie mais si tu as raison sur le fond Christophe, tu occultes (pas volontairement) toute une partie du "problème" (dans le sens, complexité de la chose).

L'urbanisation autour des cadreaux elle ne date pas d'aujourd'hui. A l'inverse il y a eu des délocalisations / destructions de maisons (fond Barnier) depuis 1988 pour diminuer la vulnérabilité des personnes les plus exposées. Après, on ne peut pas (ou alors très difficilement) forcer les gens à partir...

Il y a quand même d'immenses progrès qui ont été faits depuis 20 ans dans le domaine de la prise en compte des risques naturels au niveau de l'urbanisme. Tout n'est pas rose c'est vrai mais les progrès ont été énormes, on partait de vraiment très loin... Je parle pour le côté "urbanisme". Pour la question des alertes en temps réel etc... là oui il y a des progrès à faire...

On peut quand même remarquer que les évènements importants de crues urbaines des dernières semaines dans les agglos de Montpellier puis Nîmes n'ont fait aucune victime... Alors certes il y a une part de chance, mais il y a 10-15 ans je pense que ça n'aurait pas été la même chose... C'est une combinaison de plusieurs facteurs : "culture du risque" relative de la part des populations, meilleure anticipation et préparation des équipes de secours, divers aménagements, etc...

Pasquito : LC30 ne poste plus depuis longtemps mais si tu cherches des publications de Lucien Coste je pense que tu trouveras des choses.

merci beaucoup pour l'information, je vais creuser shifty.gif

j'en profite pour souligner qu'effectivement en matière d'urbanisme et de risques majeurs on partait de très loin, les progrès sont énormes et ce qu'il reste à faire l'est tout autant...peut être le plus dur scared.gif

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Je ne développe pas car "devoir de réserve" 191769.gif étant donné que je suis dans la partie mais si tu as raison sur le fond Christophe, tu occultes (pas volontairement) toute une partie du "problème" (dans le sens, complexité de la chose).

J'ai eu beaucoup de mal à suivre le message de Christophe et sa finalité mais le cur est là ! (pas facile d'écrire)

Je viens de vous (le groupe) voir sur France 3 ;-)

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