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Climat et déclin des civilisations


charles.muller
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Les progrès de la paléoclimatologie ont remis au goût du jour l'idée d'un déterminisme climatique (partiel) dans le destin des sociétés et des civilisations. Les phases de déclin et de décadence sont traditionnellement expliquées en termes militaires, sociaux, économiques ou politiques. Mais il semble que dans certains cas, le climat a joué un rôle. Voici deux ou trois choses que j'ai glané à ce sujet dans des lectures récentes (je parle néanmoins sous l'autorité d'historiens qui me liront et me corrigeront ici, car l'histoire n'est pas mon fort).

Les populations natoufiennes du Levant ont d'abord été des nomades chasseurs cueilleurs puis, vers 12000 BP, se sont converties à la cueillette systématique de céréales sauvages, avant d'en venir aux premières formes d'agriculture. L'origine de cette mutation est désormais rapportée aux effets climatiques du Dryas récent (12900-11600 BP). La déglaciation avait amené des conditions tempérées favorables à la chasse-cueillette au Moyen Orient et en Mésopotamie, mais la vague de froid et de sécheresse du Dryas aurait contraint les populations résidentes à migrer d'une part, à se doter de moyens plus réguliers de subsistance d'autre part.

Ces mêmes sociétés qui développèrent l'agriculture dans la région furent victimes un peu plus tard (6400 av JC) d'un nouveau changement climatique rapide, amenant une sécheresse de deux siècles. Le retour à des conditions meilleures se traduisit par les colonies autour des alluvions du Tigre et de l'Euphrate. Les royaumes mésopotamiens allaient connaître un grand développement.

On retrouve l'un d'entre eux, la société urbaine d'Uruk, vers 3500 av JC. Elle connaît un système efficace d'agriculture avec irrigation par canaux, lui permettant d'implanter ses colonies alentour, même dans les zones assez sèches. Or, cette civilisation disparaît assez brutalement entre 3200 et 3000, sans que les historiens n'aient avancé d'hypothèse. Les données paléoclimatiques révèlent aujourd'hui une forte sécheresse sur ces deux siècles.

Plus tard, vers 2300 av JC, un certain nombre de civilisations connaissent leur apogée : Crète, Ancien Empire de l'Egypte, Bronze III en Palestine, empire akkadien en Mésopotamie, société harappéenne dans la vallée de l'Indus... De l'Egée à l'Indus, ces systèmes florissants entrent en décadence autour de 2200, de manière assez simultanée. Une vague très sévère de refroidissement et de sécheresse a sévi à cette période, avec des réductions estimées de 30% des précipitations.

A l'époque historique, et toujours dans l'Ancien Monde, on connaît aussi l'exemple plus classique de la civilisation viking dont l'expansion maximale coïncidait avec l'Optimum médiéval, et le déclin avec le retour de conditions froides à partir du XIIIe siècle.

Dans le Nouveau Monde, des cas similaires ont été observés. Les civilisations de Moche (Pérou, vers 600) et de Tiwanaku (Andes centrales, vers 1000) ont vu leur système politico-économique succomber sous l'effet de deux épisodes de sécheresse, dont l'un (Moche) suivi d'excès de précipitations et d'inondations. Il en alla de même pour la culture Anasazi en Amérique du Nord, qui ne résista pas à une chute brutale des températures au XIIIe siècle. Mais l'exemple le plus classique du Nouveau Monde est assurément celui de la civilisation maya (Amérique centrale), dont l'effondrement au IXe siècle coïncida avec la plus sévère sécheresse de ce millénaire dans la région.

*

Comme le passé informe l'avenir, on est tenté de se demander si les changements climatiques annoncés pour ce siècle ne vont pas provoquer la chute de notre "civilisation moderne" (je ne sais trop comment l'appeler, je doute que ce soit une civilisation au sens classique du terme).

Il me semble que la parallèle n'est pas trop fondé.

On notera d'abord, d'un point de vue purement climatique, que beaucoup de déclins sont associés à des épisodes de froid plutôt que de chaleur.

Il faut ensuite avoir à l'esprit que nous parlons ici de civilisations dont la base est agricole (80 à 90% de la population) et qui vivent en quasi-autarcie. Les effets du changement climatique local provoquent très rapidement famines, maladies et désordres. Ce ne serait pas le cas de sociétés à échanges élargis, où l'agriculture s'est industrialisée (et où la grande masse de la population ne vit plus de la terre). Ce sont en fait les sociétés restées pré-industrielles / pré-modernes qui souffriraient le plus d'un changement défavorable dans leur région, pas les sociétés modernes industrielles qui sont nettement déconnectées des aléas naturels.

Enfin, une différence majeure entre le passé et le présent réside dans l'information et l'adaptation : les civilisations anciennes ne connaissaient guère... l'histoire des civilisations, elles n'avaient aucun moyen efficace de mesurer la portée des changements en cours, moins encore de les anticiper. Et leur capacité technologique d'adaptation était assez faible, de sorte que les changements se traduisaient par des migrations et dispersions plutôt que par des mutations internes des systèmes de production / de distribution.

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Posté(e)
Sainte-Croix-aux-Mines (68) - 340 m

Très intéressant et je ne doute pas que le climat a toujours eu une très grande incidence sur le déclin ou le développement des diverses civilisations.

Cependant, je crois au contraire qu'un changement climatique causerais bien plus de dégâts (pas uniquement en terme de pertes humaine) et bouleverserait notre "civilisation" moderne en profondeur.

Les effets du changement climatique local provoquent très rapidement famines, maladies et désordres. Ce ne serait pas le cas de sociétés à échanges élargis, où l'agriculture s'est industrialisée (et où la grande masse de la population ne vit plus de la terre).

Je ne vois pas en quoi une agriculture industrialisée et ultra centralisée résisterais plus à un changement brutal, les effet seront les mêmes sur les champs infestés d'engrais que sur les cultures vivrières. Et justement, puisque à présent, le système repose surtout sur la distribution, les famines n'en seraient que plus graves et étendues en particulier dans les grandes métropoles.

Pas très logique non plus de dire à l'heure des échanges mondiaux que les épidémies mettent plus de temps à se propager... On a vu avec le Sida, la grippe aviaire ou autres à quel point à présent les maladies se répandent vite. Une population mondiale fragilisée par un manque de nourriture mais en pratiquant de tels échanges serait vite affecté par des épidémies globales surtout avec la densité des villes.

Pour les désordres, imaginez un instant que des villes comme Los Angeles ou Tokyo connaissent des problèmes d'approvisionnement en nourriture?

Si le Gulf Stream s'arrêtait ou plus probablement ralentissait suffisamment pour causer une chute de 2°C en moyenne / an sur l'Europe pendant 10-20 ans, les conséquences seraient à peine imaginables selon moi. Notre système économique s'éffondrerait totalement. Difficultés de transport (toujours cette idée de distribution et de centralisation), graves problèmes énergétiques (ligne électrique gelées et à terme détruites), problèmes agricoles, et au final, grand afflux migratoire vers le Sud enjendrant de graves problèmes politiques et à terme, des guerres?

Nous sommes déjà à l'aube de guerres pour de l'eau, guerre du pétrole, guerre pour le gaz, une diminution des ressources naturelles dans ce monde déjà si instable ne ferait qu'accroitre les conflits.

Ce sont en fait les sociétés restées pré-industrielles / pré-modernes qui souffriraient le plus d'un changement défavorable dans leur région, pas les sociétés modernes industrielles qui sont nettement déconnectées des aléas naturels.

Je suis d'accord pour dire que les sociétés pré-industrielles voir primitives seront les premières touchées et les plus vulnérables mais je n'irais pas jusqu'à dire que les sociétés modernes sur le fait que celles-ci soient déconnectées des aléas naturels ne serait pas touchées. Sur quoi te base tu pour affirmer cela?

Vas dire cela aux habitants de la Nouvelle Orléans qui pourtant, travaillaient dans des tours de verre, mangeaient de la bouffe industrielle et roulaient en pick up à 15L au 100....

La simple petite sécheresse de 1976 a eu des conséquence économiques graves, alors imagine une même mais étalée sur 100 ans si elle n'aurait pas d'effet sur notre société moderne?

Enfin, une différence majeure entre le passé et le présent réside dans l'information et l'adaptation : les civilisations anciennes ne connaissaient guère... l'histoire des civilisations, elles n'avaient aucun moyen efficace de mesurer la portée des changements en cours, moins encore de les anticiper. Et leur capacité technologique d'adaptation était assez faible, de sorte que les changements se traduisaient par des migrations et dispersions plutôt que par des mutations internes des systèmes de production / de distribution.

Ok c'est cool heureusement que t'es là pour anticiper et comprendre le passé, tu as filé le dossier à nos gouvernements j'espère? Ca se voit, ils anticipent déjà le futur...
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plus que le déclin des civilisations c'est le déclin des modes de vie qui doit être mis en cause. En effet je ne veux pas jouer sur les mots mais rappeler ce que Malraux écrivait en substance ( Les voix du silence).

"une société est un mode de vie qui perdure, une civilisation une société qui perdure avant de se fondre dans la Culture". ( ici le terme de Culture n'est pas pris au sens des anthropologues qui condondent souvent culture et mode de vie ( ou de survie), mais de quelque chose de très fort, méritant une majuscule et pas de pluriel)

En fait les sociétés ( penser aux sociétés grecque, romaine ou égyptienne) ont traversé des épisodes climatiques divers, mais n'ont dû leur permanence qu'à leur capacité de transmettre leurs connaissance car les évolutions climatiques restent lentes.

visitant le musée égyptien de Turin il y a dix jours je reste stupéfait devant l'usage du bois fait par les égyptiens... où allait-il donc le chercher, pendant des millénaires.... ils ne l'importaient tout de mêm pas de Roumanie ou de Finlande alors que l'on sait qu'ils traversèrent des épisodes complexes de climat...

En fait je mettrai plutôt en cause des effets d'échelle; les sociétés importnates ( grecque, étrusco-romaine, égyptienne) avaient la capacité démographique de supporter des épidémies, des variations de climat parce qu'elles pouvaient faire appel à des connaissances de certaines parties de leurs empires qui n'avaient pas besoin d'être retrouvées..

--

lc30

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Posté(e)
Aix-en-Provence (et fût un temps avec des relevés sur Ventabren)

Charles tu peux commencer dès l'arrivée de l'Homme moderne...je vais retrouver une figure. Il y a des hypothèses pour le Paléolithique supérieur aussi où les changements culturels (Aurignacien, Gravettien, Solutréen, Magdalénien) seraient liés à des franchissements de seuils climatiques. C'est pas complètement acquis mais il y a bien une corrélation changement climatique donc de l'environnement, du milieu, de la faune donc adaptation des stratégies de chasse, donc de l'outillage et de l'armement etc.

A+!

Alex.

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Je suis d'accord pour dire que les sociétés pré-industrielles voir primitives seront les premières touchées et les plus vulnérables mais je n'irais pas jusqu'à dire que les sociétés modernes sur le fait que celles-ci soient déconnectées des aléas naturels ne serait pas touchées. Sur quoi te base tu pour affirmer cela?

Ok c'est cool heureusement que t'es là pour anticiper et comprendre le passé, tu as filé le dossier à nos gouvernements j'espère? Ca se voit, ils anticipent déjà le futur...

Non, je n'ai rien donné à nos chers gouvernants. C'est fou comme la moindre hypothèse "neutre" (non défavorable ou non-catastrophiste) sur nos sociétés provoque facilement la polémique. Je souhaitais plus débattre des faits du passé que des hypothèses de l'avenir. Quelques points cependant pour te répondre.

- Les déclins rapportés ici ne sont pas si nombreux et je n'en ai pas vu beaucoup d'autres dans la littérature. Il y en a sûrement. Néanmoins, il faut conserver à l'esprit que la chute des civilisations est généralement provoquée par d'autres facteurs que le climat ou le seul climat.

- Je ne comprends pas ce que signifie aujourd'hui une agriculture "centralisée". Soit tu fais tes courses chez le maraîcher et ce sont souvent les produits de ton coin. Soit tu les fais à l'hypermarché et ce sont des produits venant des quatre coins du monde. Un coup de froid en France n'empêcherait pas d'avoir des fruits, légumes et produits dérivés des cultures céréalières.

- L'agriculture industrialisée a sûrement des défauts. Il me paraît néanmoins difficile de soutenir qu'il y a plus de famines aujourd'hui qu'hier. Si la famine a disparu dans les sociétés développées et régresse peu à peu dans les autres, c'est grâce à la maîtrise des aléas climatiques et biologiques, pas parce qu'on a allumé des cierges ou sacrifié un bouc au dieu de la pluie.

- Une chute de 2°C/an pendant 10-20 ans fait une chute de 20 ou 40 °C. En effet, il serait difficile de s'y adapter. Mais si une telle chute est concevable dans un blockbuster d'Hollywood, a-t-elle jamais été documentée dans l'histoire du climat ? Aux dernières nouvelles, on parle plutôt d'une hausse de 1,5 à 5 °C sur dix décennies.

- Les pandémies comme le sida ou la grippe ne sont pas le sujet. Il ne fait aucun doute à mes yeux qu'un système mondialisé est plus sensible aux contagions inter-humaines qu'un autre. (Cela dit, restons attentif aux faits : même le sida, qui est le plus redoutable virus émergent des dernières décennies, n'a pas bouleversé durablement les sociétés développées ; ce n'est pas le cas pour certains sociétés africaines surinfectées).

- L'exemple de la Nouvelle-Orléans est celui d'une catastrophe locale et quand bien même il y aurait 10 Nouvelle-Orléans, les Etats-Unis ne connaîtraient pas pour cette seule raison le destin des Mayas. Quant aux victimes, elles ne correspondaient pas au profil upper class que tu donnes : en fait de tours de verre, elles habitaient surtout des lotissements inondables. L'important dans une catastrophe, et dans la perspective de cette discussion, c'est la manière dont on y réagit. Une société prémoderne aurait blâmé ses dieux, trucidé ses gouvernants ou péniblement migré en d'autres lieux. Aujourd'hui, on cherche avant tout à comprendre l'origine physique du phénomène, à anticiper ses répétitions et à prendre des mesures rapides d'adaptation. C'est cela qui fait la différence. Cela ne signifie pas que tous les gouvernants remplissent bien cette mission, que toutes les prévisions sont infaillibles ni que toutes les adaptations sont efficaces. Mais tu auras du mal à me convaincre que l'approche scientifique et technologique aujourd'hui valorisée pour identifier et résoudre les problèmes est globalement moins pertinente que celles des sociétés passées.

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Posté(e)
Saint-Astier (24)

Ce sont en fait les sociétés restées pré-industrielles / pré-modernes qui souffriraient le plus d'un changement défavorable dans leur région, pas les sociétés modernes industrielles qui sont nettement déconnectées des aléas naturels.

Je me permet de donner l'exemple formidable des innondations et des coulées de boues spectaculaires du Honduras.

Au départ, les autochtones vivaient sur les pentes des montagnes et délaissaient les plaines du bord de mer qui sont en fait le résultat de millénaires de dépot de boues lors d'innombrables inondations. Ces populations savaient le danger qui résidait à vivre. Mais avec l'arrivée massive de populations étrangères sur ces terres et l'importation de l'urbanisation, ces plaines de dépot ont été recouvertes d'habitations.

Résultat, la dernière grande crue à causé d'innombrables pertes humaines et à dévasté bon nombre de bâtiments.

Ce fait est révélateur : on a tendance souvent à s'installer en des endroits où une catastrophe peut survenir.

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Posté(e)
Sainte-Croix-aux-Mines (68) - 340 m

- Les déclins rapportés ici ne sont pas si nombreux et je n'en ai pas vu beaucoup d'autres dans la littérature. Il y en a sûrement. Néanmoins, il faut conserver à l'esprit que la chute des civilisations est généralement provoquée par d'autres facteurs que le climat ou le seul climat.

Nous sommes d'accord default_clover.gif

Je ne comprends pas ce que signifie aujourd'hui une agriculture "centralisée". Soit tu fais tes courses chez le maraîcher et ce sont souvent les produits de ton coin. Soit tu les fais à l'hypermarché et ce sont des produits venant des quatre coins du monde. Un coup de froid en France n'empêcherait pas d'avoir des fruits, légumes et produits dérivés des cultures céréalières.

2 ou 3 pays produisent 70% de certaines espèce de céréales vendus dans le Monde, je pense notamment aux USA, si les grandes plaines centrales venaient à perdre de leur productivité par un évènement climatique local, les conséquences sur l'approvisionnement en céréales dans le monde, notamment du Soja seraient majeurs. Idem pour les grands élevages de Bovins et de volaille du Japon ou d'Argentine. En cas de difficultés de production (toujours enjendrées par un changement majeur et brutal non exclus) le maraicher du coin ou le fermier d'à coté auraient bien du mal à subvenir à une demande bien supérieur à ce qu'ils peuvent offrir.

L'agriculture industrialisée a sûrement des défauts. Il me paraît néanmoins difficile de soutenir qu'il y a plus de famines aujourd'hui qu'hier. Si la famine a disparu dans les sociétés développées et régresse peu à peu dans les autres, c'est grâce à la maîtrise des aléas climatiques et biologiques, pas parce qu'on a allumé des cierges ou sacrifié un bouc au dieu de la pluie.

Mouarf faut pas sortir de Polytechnique pour savoir qu'il y a moins de famine aujourd'hui qu'avant.... Mais si tu prenais un peu plus le temps de comprendre et de lire les autres, tu aurais compris que je ne te parlais pas de maintenant, mais des conséquences d'un changement climatique majeur sur l'approvisionnement en nourriture dans le Monde...

Une chute de 2°C/an pendant 10-20 ans fait une chute de 20 ou 40 °C. En effet, il serait difficile de s'y adapter. Mais si une telle chute est concevable dans un blockbuster d'Hollywood, a-t-elle jamais été documentée dans l'histoire du climat ? Aux dernières nouvelles, on parle plutôt d'une hausse de 1,5 à 5 °C sur dix décennies.

Révise tes classiques, des chutes brutales au niveau de l'Atlantique de plus de 10°C en seulement une ou deux décennies sont déjà survenues par le passé, des prélèvements de carottes de glace dans l'Arctique l'ont démontrés. Car un réchauffement climatique peut avoir bien des effets sur certaines régions localisées, que se soit augmentation des précipitations, hausse des températures ou chutes brutales de celle-ci. Le changement climatique ne sera pas une augmentaiton linéaire et lente de la température à l'échelle globale, ta vision de ce changement est dépassée...

Mais tu auras du mal à me convaincre que l'approche scientifique et technologique aujourd'hui valorisée pour identifier et résoudre les problèmes est globalement moins pertinente que celles des sociétés passées.

Ce n'est pas mon but, je tenais juste à réagir à quelques déclarations qui m'ont parues bien expéditives:

Les effets du changement climatique local provoquent très rapidement famines, maladies et désordres. Ce ne serait pas le cas de sociétés à échanges élargis, où l'agriculture s'est industrialisée

Ce sont en fait les sociétés restées pré-industrielles / pré-modernes qui souffriraient le plus d'un changement défavorable dans leur région, pas les sociétés modernes industrielles qui sont nettement déconnectées des aléas naturels.

Voilà, revenons-en donc à l'incidence du climat sur la disparition des anciennes civilisations!
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Ce fait est révélateur : on a tendance souvent à s'installer en des endroits où une catastrophe peut survenir.

Cf. aussi Los Angeles et San Franscico, villes et banlieues surpeuplées qui ont eu la bonne idée de croître en zone sismique.
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pourquoi chercher los Angelès et San Francisco : ici à Nîmes on installe la ville dans le lit du Vistre, la zone inondable reconnue depuis...... Auguste ! tellement inondable que les romains voulaient canaliser le Vistre pour faire de Nîmes un port ......

plus ça mouille, plus on s'installe... outre les inondations phréatiques !

--

lc30

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Mais si tu prenais un peu plus le temps de comprendre et de lire les autres, tu aurais compris que je ne te parlais pas de maintenant, mais des conséquences d'un changement climatique majeur sur l'approvisionnement en nourriture dans le Monde...

Je prends généralement le temps de lire et j'essaie de comprendre. De sorte que je te retourne le compliment et je reformule mon propos : une agriculture technicisée à évolution rapide est mieux à-même d'affronter les aléas climatiques et biologiques qu'une agriculture "artisanale" à évolution lente. La traduction en est la disparition progressive du principal marqueur historique, social et sanitaire de l'aléa : la famine. Partant de ce constat de fait, s'il devait y avoir un changement climatique rapide, le choc serait moins dur demain qu'il ne l'aurait été hier.

Quant à tes exemples, ils gagneraient à être plus précis. Le soja par exemple ne fait pas partie des céréales "basiques" de l'alimentation humaine et même aujourd'hui, sa production reste très faible par rapport au riz, blé ou sorgho (sans parler du maïs et des plantes fourragères). Par ailleurs, les Etats-Unis ne représente que 35% de la production mondiale, avec encore 35% pour le Brésil et l'Argentine, et 15% pour l'Inde et la Chine, le reste étant réparti en petits productions locales. La seule céréale où les EU dépassent (de peu) les 50% de la production mondiale est le maïs. Si les grandes plaines souffraient d'une sécheresse exceptionnelle (ou d'un froid, etc.), son prix augmenterait en conséquence et d'autres pays producteurs prendraient progressivement le relais, notamment dans la zone intertropicale où cette plante est le mieux adaptée.

Révise tes classiques, des chutes brutales au niveau de l'Atlantique de plus de 10°C en seulement une ou deux décennies sont déjà survenues par le passé, des prélèvements de carottes de glace dans l'Arctique l'ont démontrés. Car un réchauffement climatique peut avoir bien des effets sur certaines régions localisées, que se soit augmentation des précipitations, hausse des températures ou chutes brutales de celle-ci. Le changement climatique ne sera pas une augmentaiton linéaire et lente de la température à l'échelle globale, ta vision de ce changement est dépassée...

Remarque initiale : tu évoquais 20°C en une décennie, 40°C en deux décennies (et cela sur la France ou l'Europe continentale, si l'on en juge par le contexte). Je maintiens que ces chiffres spectaculaires sont sans précédent dans les archives.

En révisant mes classiques, je constate que les fortes amplitudes thermiques dont tu parles sont documentées dans les phases de déglaciation des interglaciaires, connues pour ce genre d'instabilité. La dernière en date remonte au Dryas récent et je n'ai lu aucune estimation de 10°C en une ou deux décennies sur toute la zone atlantique (au mieux, j'ai vu ce chiffre en quatre ou cinq décennies sur la zone arctique ou péri-arctique, ce qui est déjà un phénomène très rapide). Tu auras donc l'obligeance de me citer le travail classique permettant de me mettre à niveau sur cette question.

Je doute que la vision d'un changement linéaire et lent (lent par rapport à tes propres hypothèses, bien sûr) soit "dépassée" dans la littérature scientifique. Ce n'est pas parce que la mode récente consiste à placer "tipping point" dans son article que telle ou telle hypothèse est devenue une certitude.

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  • 7 months later...

Tang et Mayas victimes du climat

Par Frédéric de Monicault

Les Tang, l'une des plus brillantes dynasties chinoises, qui régna de 618 à 907 ; les Mayas, une civilisation précolombienne majeure, apparue vers 2 600 avant l'ère chrétienne et qui connut son apogée au Xe siècle. Dans les deux cas, les historiens se sont régulièrement intéressés aux raisons de la montée en puissance de ces sociétés. En revanche, les causes de leur déclin demeurent plus incertaines. En ce qui concerne les Tang - dont les représentants procédèrent à une réforme agraire de grande ampleur accompagnée de la nomination de gouverneurs militaires à la tête des provinces -, les guerres civiles, les révoltes paysannes ou encore l'influence néfaste des concubines, sont souvent avancées. S'agissant des Mayas, réputés pour leurs cités, leurs pyramides (ici, Kabah dans le Yucatán) et leur écriture, les guerres et les famines sont mises en accusation, mais sans expliquer une brutale chute de la démographie.

Face à ces interrogations, une équipe scientifique, dirigée par Gerald Haug, du Centre de recherche géographique de Potsdam, avance un élément de réponse. Auteurs d'une étude publiée dans la revue Nature, les intéressés, s'appuyant sur des découvertes géologiques, pointent la responsabilité d'un changement climatique et, plus précisément, le bouleversement du cycle des moussons entre les années 700 et 900. Concrètement, l'arrivée de la sécheresse en pleine saison des pluies aurait dévasté les récoltes, entraînant la misère. Autrement dit, le dénuement et la faim, provoquant des tensions très fortes au sein des communautés, auraient sapé les fondations de civilisations pourtant solidement ancrées.

Un tel bouleversement climatique est on ne peut plus rare : d'après ces derniers travaux, depuis 16 000 ans, seulement trois périodes cumulant une mousson d'hiver forte (alors que les précipitations sont généralement trois fois moins importantes que pendant la mousson d'été) et un climat sec peuvent être recensées en Chine. Précisément, l'une de ces périodes coïncide avec l'extinction de la dynastie Tang.

Pour étayer leur thèse, Gerald Haug et ses collègues ont analysé des couches sédimentaires du lac Huguang Maar, au sud-est de la Chine. Leur composition - ainsi que les propriétés magnétiques de ces sédiments - permettrait de juger avec précision de l'impact des moussons. Si les Mayas et les Tang (pourtant éloignés sur le plan géographique) ont pu être touchés avec la même intensité, mais à des périodes différentes bien sûr, c'est parce que cette ceinture de pluies tropicales, véritable anomalie climatique, aurait pu, selon les chercheurs, englober une zone extrêmement étendue. Pour de nombreux historiens et géographes, il n'en faut pas plus pour reconsidérer, sous certaines contrées, les périodes de grande prospérité économique à la lumière des variations du climat. Et vice-versa. L

© Historia mensuel - 01/03/2007 - N° 723 - Rubrique Retour sur l'Histoire - P 14 - 426 mots -

Source : http://www.historia.presse.fr/data/mag/723/72301401.html

Florent.

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