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Réchauffement et précipitations 1979-2004


charles.muller
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Dans son résumé à l'intention des décideurs, le GIEC (2001) notait :

"Les changements concernant le niveau de la mer, la couverture neigeuse, la superficie des glaces et les précipitations sont révélateurs d’un réchauffement du climat près de la surface de la terre. Ces changements incluent, par exemple, un cycle hydrologique plus actif avec augmentation des fortes précipitations et des modifications des profils des précipitations..."

Plus loin, il est encore dit :

"Les précipitations moyennes annuelles à l’échelle mondiale devraient augmenter au cours du XXIe siècle, même si à l’échelle régionale, les augmentations et diminutions prévues sont de l’ordre de 5 à 20 %. Il est probable que les précipitations augmenteront en été et en hiver sur les régions aux latitudes supérieures. Des augmentations sont également prévues en hiver pour les latitudes nord moyennes, en Afrique tropicale et en Antarctique, et en été en Asie australe et orientale. Des diminutions des précipitations hivernales sont prévues pour l’Australie, l’Amérique centrale et l’Afrique australe. Très probablement, les variations des précipitations interannuelles seront plus importantes sur la plupart des régions pour lesquelles on prévoit une augmentation des précipitations moyennes."

Bref, les modèles du GIEC font une équation simple : plus de réchauffement donne plus d'évaporation donne plus de précipitation moyenne, avec d'assez fortes variations régionales. Cette rétroaction positive de l'augmentation de vapeur d'eau atmosphérique est aussi l'une des conditions importantes pour prévoir l'évolution des températures, puisqu'elle est censée accroître l'effet de serre et augmenter la sensibilité climatique au doublement de CO2.

Nous avons ici ou là discuté de récentes études (Huntington 2006, Treydte 2006), faisant état d'une telle augmentation des précipitations, dans des proportions très variables (+2% au XXe siècle pour Hungtington, +10% pour Treydte). Mais ces études étaient soit des méta-analyses d'autres travaux (Huntington), soit des comparaisons paléoclimatiques avec proxies (Treydte).

Un nouveau travail de Smith et al., paru dans les GRL (réf. en bas), vient d'apporter des données plus précises, quoique plus limitées dans le temps. Elles résultent du Global Precipitation Climatology Project (lien ci-dessous), qui a l'avantage de surveiller les précipitations de manière continue et globale, par la collecte et la comparaison des données de plusieurs satellites, puis leur vérification par relevés in situ.

http://cics.umd.edu/~yin/GPCP/main.html

Petit problème : cette étude a priori plus exacte que les précédentes ne trouve aucune tendance globale significative sur la période 1979-2004.

Voici ce que dit l'abstract :

“The Global Precipitation Climatology Project (GPCP) has produced a combined satellite and in situ global precipitation estimate, beginning 1979. The annual average GPCP estimates are here analyzed over 1979–2004 to evaluate the large-scale variability over the period. Data inhomogeneities are evaluated and found to not be responsible for the major variations, including systematic changes over the period. Most variations are associated with El Niño/Southern Oscillation (ENSO) episodes. There are also tropical trend-like changes over the period, correlated with interdecadal warming of the tropical SSTs and uncorrelated with ENSO. Trends have spatial variations with both positive and negative values, with a global-average near zero.

Et voici la phrase de conclusion :

"The merged satellite and in situ GPCP global precipitation annual averages were examined for 1979–2004. Most variations are associated with ENSO and have no trend. A separate mode of variation shows a trend over the period. Testing indicates that this trend is significant and is not caused by data inhomogeneities. The trend mode is associated with simultaneous tropical SST variations over the period, with increased tropical precipitation over the Pacific and Indian Oceans associated with local warming of the SSTs. Increased precipitation in some regions is balanced by decreased precipitation in other regions, and the global average change is near zero. Although the trend mode is strong for this period, the record length is barely long enough to begin evaluation of interdecadal variations.

Bref : une variabilité surtout associée à El Niño, plus de précipitations sur les mers tropicales des Océans pacifique et indien, moins ailleurs, un changement global à peu près nul. Cela ne ressemble donc guère pour l'instant aux prédictions régionales et globales du GIEC.

26 années, c'est encore un peu court pour dessiner avec certitude une tendance (prudence qu'il serait bon d'avoir dans tous les domaines, bien sûr). Mais ces 26 années-là rassemblent quand même la décennie 1990 et le début des années 2000, dont on nous a assez répété sur tous les tons qu'elles étaient les plus chaudes du dernier siècle, du dernier millénaire (et probablement des deux derniers). Il est donc assez étonnant que ce quart de siècle de réchauffement élevé et continu ne vérifie pas les prédictions des modèles sur les précipitations.

On a alors plusieurs possibilités :

- ces nouvelles données satellite du GPCP ne sont pas fiables (pourquoi pas, cela n'en fera jamais qu'une de plus dont on remet en question la validité pour cause de contradiction avec les modèles) ;

- l'augmentation des précipitations se fera à partir d'un certain seuil de réchauffement (mais on se demande, pourquoi vu que le modèle physique de base relie simplement surcroît de chaleur et surcroît d'évaporation) ;

- les associations réchauffement-précipitation constatées au XXe siècle et prévues au XXIe siècle par les modèles ne sont pas exactes, dans leur localisation (latitudes supérieures) et dans leur amplitude (augmentation moyenne).

Vos interprétations de la question ?

Références : Smith, T.M., Yin, X. and Gruber, A. (2006), Variations in annual global precipitation (1979-2004), based on the Global Precipitation Climatology Project 2.5° analysis, Geophysical Research Letters, 33, 10.1029/2005GL025393.

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