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Une météorite qui a tout changé ? L’hypothèse Shaidurov


charles.muller
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Pour ceux que cela intéresse, un papier de synthèse rédigé ce jour sur la très récente hypothèse Shaidurov. Je précise que je n'y "crois" pas trop. Mais en science, il est bien connu qu'il faut avoir l'esprit ouvert et examiner toutes les hypothèses avant de rejeter les moins pertinentes.

***

Vladimir Shaidurov est membre de l’Académie des Sciences (Russie), expert en analyse numérique et modélisation mathématique, récipiendaire en 2004 de la plus haute distinction scientifique de son pays (Prix d’État). Il est aussi l’auteur d’une nouvelle hypothèse sur le réchauffement climatique récent. Selon lui, le coupable principal ne serait pas le gaz carbonique, mais la météorite Tungus, qui a frappé la Terre le 30 juin 1908. Explications.

Le scientifique russe fonde son travail sur un constat bien connu : le réchauffement climatique récent est réparti en deux phases bien distinctes, la première se tenant en 1910-1940, la seconde débutant en 1975. Entre ces deux phases, la période 1940-1975 a été marquée par un léger refroidissement de la Terre. Dans le même temps, les émissions humaines de gaz à effet de serre (GES) ont crû de manière linéaire. Shaidurov en déduit que la théorie du réchauffement par les GES ne se retrouve pas dans la courbe des températures, qui devrait être elle aussi en croissance quasi-linéaire. Un autre facteur a dû jouer. Mais lequel ? Pour Shaidurov, c’est du côté de la physique de l’atmosphère qu’il faut creuser.

Le 30 juin 1908, la météorite Tungus s’abat sur la Terre et explose à une altitude de 10 km environ. L’explosion libère une puissance équivalente à celle de quinze bombes atomiques d’une mégatonne chacune. Au sol, 60 millions d’arbres sont rasés sur une superficie de 2000 km2. Des quantités énormes de poussières sont relâchées dans l’atmosphère. La fluctuation de la pression atmosphérique due à la chute de Tungus est enregistrée par les tout premiers barographes en usage en Angleterre, tandis que l’Observatoire du Mont Wilson (Etats-Unis) observe un obscurcissement de l’atmosphère pendant plusieurs mois.

Les GES émis par l’homme (dioxyde de carbone, méthane, chlorofluorocarbures) sont puissants ; mais la principale molécule à effet de serre influençant le climat de la Terre reste… l’eau. Une modification de 1 % de la vapeur d’eau présente dans l’atmosphère peut conduire à un réchauffement de 4 °C. Et l’homme n’a guère de prise sur le phénomène. Shaidurov rappelle aussi un fait connu, quoique rarement mentionné dans la littérature récente : en conditions naturelles, c’est la hausse des températures qui entraîne la hausse de la production des gaz à effet de serre, et non l’inverse.

Que vient faire Tungus dans le phénomène ? L’explosion de la météorite aurait changé les propriétés thermoprotectives de l’atmosphère et déclenché la phase actuelle de réchauffement. Plus spécifiquement, l’apport d’eau sous forme cristalline ou gazeuse dans la mésosphère en aurait modifié la composition. Le chercheur se réfère ici aux nuages noctiluques, documentés pour la première fois en 1885 (explosion du Krakatoa deux ans plus tôt), des traînées argentées de minuscules cristaux de glace en très haute altitude. Ils intriguent les chercheurs car ils ont constaté leur extension progressive au XXe siècle. Une prochaine mission de la NASA (satellite AIM pour aéronomie de la glace dans la mésosphère), prévue en 2006, a d’ailleurs pour but d’étudier le phénomène.

Si Tungus a modifié la mésosphère et entraîné un réchauffement, les essais nucléaires en plein air, commencés le 16 juillet 1945 et achevés le 16 octobre 1980, ont eu l’effet exactement inverse sur la troposphère. Au niveau de cette couche atmosphérique, l’augmentation des aérosols et de la vapeur d’eau provoque un refroidissement par effet aldébo, c’est-à-dire par réflexion du rayonnement solaire.

Que penser de l’hypothèse Shaidurov ? La principale objection qui vient à l’esprit concerne la temporalité du phénomène. La plupart des événements extrêmes (éruption volcanique, chute de météorite) ont une signature climatique immédiate suivie d’une lente atténuation. Il existe bien une hausse globale des températures commençant autour de 1908-1910 (schéma ci-dessous), mais cette hausse a par la suite été continue sur 30 ans, sans variation notable d’intensité. Mais l’inverse est vrai : il est anormal de ne pas repérer la signature d’un phénomène aussi extrême, alors que le émissions troposphériques des volcans (par exemple) s’identifient facilement. Quoi qu’il en soit, il appartient désormais aux physiciens et climatologues de se pencher sur le travail du scientifique russe.

« Le but de ce rapport est d’ouvrir le débat et d’encourager la discussion entre scientifiques », souligne Vladimir Shaidurov. On espère bien sûr que le souhait du chercheur ne restera pas un vœu pieux, sauf à considérer que le présent monopole des « modèles à CO2 », tous d’accord sur le fond et ne disputant que des détails, représente un enrichissement intellectuel sans précédent pour la climatologie…

Références

Shaidurov V. (2006), Atmospheric hypotheses on Earth’s global warming, à paraître dans Science First Hand (Russie). Texte (en anglais) disponible ici :

http://arxiv.org/abs/physics/0510042

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