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Les gisements de clathrates seraient-ils moins à craindre que prévu ?


autan81
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En lisant le numéro 1063 d'avril 2006 de S&V que je viens de recevoir, je suis tombé sur un article qui m'a interpellé. En effet, page 38, s'intitulant "Les clathrates sont moins à craindre", cet article remet en cause plusieurs théories dont certaines ont été exposées sur ce forum au sujet de ces gisements d'hydrates de méthane piégés dans les sédiments marins et qui risqueraient d'être libérés à cause du réchauffement global.

D'après l'article, des études récentes menées par le scientifique Todd Sowers sur des échantillons de carottes de glace ont révélé que la libération des clathrates par le passé ne s'est pas accompagnée d'une élévation de la teneur en deutérium du méthane atmosphérique (car le méthane des clathrates est riche en deutérium, contrairement au méthane issu de sources continentales), ce qui veut dire que le méthane issu des gisements ne s'est pas retrouvé dans l'atmosphère.

Selon les résultats des observations des glaces, c'est même le contraire qui se serait produit, La faute à l'augmentation des précipitations pendant les périodes chaudes qui aurait conduit à l'extension des zones humides.

J'ai été un peu surpris en lisant cela, et j'aimerais savoir ce que vous en pensez.

PS: A noter aussi sur le même numéro et à la même page un article sur l'éruption de 1883 du Krakatoa qui aurait retardé de trente ans l'augmentation de la température de surface des océans due au réchauffement global, et pour finir un article page 95 intitulé "CO2. Ils veulent le piéger sous terre" traitant des projets de stockage à 800 mètres de profondeur du gaz.

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En lisant le numéro 1063 d'avril 2006 de S&V que je viens de recevoir, je suis tombé sur un article qui m'a interpellé. En effet, page 38, s'intitulant "Les clathrates sont moins à craindre", cet article remet en cause plusieurs théories dont certaines ont été exposées sur ce forum au sujet de ces gisements d'hydrates de méthane piégés dans les sédiments marins et qui risqueraient d'être libérés à cause du réchauffement global.

D'après l'article, des études récentes menées par le scientifique Todd Sowers sur des échantillons de carottes de glace ont révélé que la libération des clathrates par le passé ne s'est pas accompagnée d'une élévation de la teneur en deutérium du méthane atmosphérique (car le méthane des clathrates est riche en deutérium, contrairement au méthane issu de sources continentales), ce qui veut dire que le méthane issu des gisements ne s'est pas retrouvé dans l'atmosphère. Selon les résultats des observations des glaces, c'est même le contraire qui se serait produit, La faute à l'augmentation des précipitations pendant les périodes chaudes qui aurait conduit à l'extension des zones humides.

J'ai été un peu surpris en lisant cela, et j'aimerais savoir ce que vous en pensez.

L'observation qui est à la base de l'affirmation de Todd Sowers, provenant des carottes de glace, ne peut porter que sur les quelques dernières centaines de milliers d'années tout au plus. Or, durant cette période, la déstabilisation éventuelle des gisements d'hydrates de méthane les plus proches de la surface aurait pu avoir pour cause non pas le réchauffement correspondant aux périodes interglaciaires, sans doute insuffisant pour obtenir un tel effet, mais paradoxalement le paroxysme de froid des périodes glaciaires.

En effet, le froid s'accompagnait de l'extension considérable des inlandsis et des glaciers et donc d'une forte baisse du niveau des océans (de l'ordre de -100 à -130 m par rapport à l'actuel niveau). C'est donc la baisse de pression qui aurait pu provoquer le dégazage très progressif du méthane des clathrates. Très progressif, car la baisse du niveau des océans a été forcément très lente. Cette lenteur a sans doute facilité l'absorption de la majeure partie du méthane par l'eau des océans. Très peu se serait ainsi retrouvé dans l'atmosphère. De plus la lenteur du processus aurait empêché le CH4 de s'accumuler en raison de la relative rapidité des réactions d'oxydation aboutissant à remplacer le CH4 par du CO2 et de l'eau.

Puis, avec la remontée du niveau des océans pendant les interglaciaires, le processus s'arrêtait complètement et plus du tout de méthane ne pouvait se dégager des clathrates sous-marins, maintenus de nouveau stables par la remontée de la pression.

Pendant ces mêmes interglaciaires, les clathrates recommençaient à s'accumuler avec le dépôt et la méthanisation de plancton mort et de débris organiques sur les contreforts des plateaux continentaux.

Ce qu'a "découvert" Todd Sowers n'est donc pour moi aucunement une surprise mais une confirmation d'un processus qui me paraissait logiquement avoir eu lieu.

Par contre, et c'est là la nouveauté, il est maintenant possible qu'un dégazage d'une partie significative du méthane des clathrates se produise au cours des prochaines décennies, donc en plein interglaciaire, si la température des premières centaines de mètres d'eau grimpe suffisamment. Phénomène qui me parait d'autant plus probable que lla strate d'eau correspondant au premier millier de mètres des océans a déjà commencé à être touché par le réchauffement et que certains gisements d'hydrates de méthane seraient à moins de 1 degré de leur température de déstabilisation. De plus la tendance au réchauffement parait de plus en plus évidente et rapide, ce qui pourrait multiplier la quantité de molécules de CH4 se retrouvant simultanément dans l'atmosphère.

D'où une aggravation du risque d'emballement du processus de réchauffement.

Deux éléments pourraient cependant limiter ce risque: une masse d'hydrates de méthane peut-être moins importante qu'initialement estimée, si on en juge par une récente réévaluation à la baisse de certains des gisements repérés au large des USA. Et la possibilité qu'une part notable du CH4 se dissolve dans l'eau des océans (ce qui aurait cependant pour effet d'aggraver le risque d'anoxie pour beaucoup d'organismes marins, déjà fragilisés par la tendance à l'augmentation de l'acidité de ces mêmes océans).

Par contre, il ne faudrait pas trop compter sur la hausse du niveau des océans au cours du 21ème siècle pour bloquer le processus: même de l'ordre du mètre, voire un peu plus, cette hausse n'entraînerait probablement pas une augmentation de pression suffisante pour compenser les effets de l'augmentation des températures...

Il ne faudrait peut-être pas trop compter non plus sur la lenteur de la transmission du réchauffement aux couches profondes des gisements d'hydrates de méthane : la porosité de ces gisements et des sédiments qui sont mélés à eux garantit malheureusement au contraire la probable efficacité de la transmission des calories à ces couches profondes par la circulation de l'eau, ainsi qu'on a pu le constater au cours de l'été 2005 en ce qui concerne les millions de Km² de permafrost qui ont déjà dégelé. Un processus que David Archer lui-même a récemment fini par considérer comme possible en ce qui concerne les clathrates, en qualifiant les conséquences qui pourraient en résulter de terrifiantes ("scary").

Alain

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Ce qui m'a surtout mis dans le doute (et c'est la principale raison pour laquelle j'ai créé ce topic), c'est le ton que prend l'article, un ton du genre "les clathrates ne sont plus du tout un danger"....étonnant, surtout après avoir lu tant de théories préoccupantes sur la menace potentielle des gisements s'ils venaient à être dégazés.

Merci Alain d'avoir levé ces doutes.

Bonne soirée

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