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Hello à tous !

 

Un bilan un peu tardif, je sais 9_9 Sachant que je poste assez rarement par ici, j'avais un peu oublié de le faire ; mais j'aime conserver ce dernier lien avec la "communauté orageuse / météo", donc le voici. Il faut dire aussi que cette saison fut un peu particulière, étant donné que je ne cherche plus vraiment, depuis un moment déjà, à traquer les phénomènes climatiques pour ce qu'ils sont et "témoigner" (chose que je respecte au plus haut point, ne vous méprenez pas) mais pour leur intérêt photographique, en accord avec les séries que je développe au fil des ans. Enfin, à quelques exceptions près, car si les orages exercent toujours sur moi un attrait quasi obsessionnel, ils ne permettent pas toujours de composer quelque chose de très original, selon les situations.

 

Bref, j'avais déjà posté ici certains récits (notamment sur deux traversées de l'Amérique du Nord), alors avant d'entrer dans le vif du sujet, je vous met ici le lien d'un récit un peu particulier sur mes différentes expériences photographiques au cours d'une grosse partie de l'année dernière : 304 Jours.

 

Quand je dis que cette saison fut particulière, c'est aussi parce que l'un de mes buts de l'année était la "quête" d'orages en milieu montagnard, qui est mon sujet de prédilection ; particulièrement par "mauvais temps". C'était donc la suite logique, réunion de ces deux passions. Et je dois dire que ces premiers essais se sont avérés plutôt concluants, et seront récidivés bientôt...

 

[Edit : il semble que l’hébergeur que j'ai utilisé ait pas mal compressé et dé-contrasté les photos, n'hésitez pas à faire un saut ici ou pour une qualité optimale]

 

La saison commença tout doucement, dans le Tarn, avec des ambiances typiques d'avril...

 

#1 | 30 avril 2017

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Le top départ fut donnée un peu plus tardivement, au soir du 8 juin, dans le nord de la Gironde. Peu à peu, un multicellulaire assez actif donna naissance à un arcus multicouche bien marqué.

 

#2 | 8 juin 2017

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#3 | 8 juin 2017

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#4 | 8 juin 2017

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#5 | 8 juin 2017

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Rapidement, le front nous gagne, particulièrement venteux et chargé en précipitations. L'activité électrique est intense, mais je ne peux en faire qu'une "photo souvenir".

 

#6 | 8 juin 2017

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Quelques jours plus tard, c'est en Haute-Loire qu'une cellule tardive m'offre des ambiances assez paisibles, dans la campagne silencieuse...

 

#7 | 13 juin 2017

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Mais les choses sérieuses commencent véritablement au début de l'été. 

Le 22 juin, je pars bivouaquer trois jours dans un secteur isolé de la réserve du Néouvielle, dans les Hautes-Pyrénées. Pratiquement aucune présence humaine, ici, à l’aube de l’été. Cette zone abrite notamment les plus hautes forêts de pins à crochets d’Europe, et certains d’entre eux atteignent des âges improbables, dépassant parfois le millénaire. C’est donc un endroit assez unique de la chaîne pyrénéenne – et inutile de préciser que ces très vieux arbres me fascinent au plus haut point, en plus d’être particulièrement photogéniques.

Et justement, le tout premier soir les modèles prévoient un bon potentiel orographique, je choisis donc d’installer le camp près du plus haut lac, autour duquel quelques bosquets surélevés offrent une vue dégagée sur le vallon, et notamment le bien nommé lac de l’île, quelques centaines de mètres en contrebas. Un repérage préalable me permet de dénicher un angle très intéressant avec d'un côté un pin mort, dominant la vallée depuis probablement des siècles ; et de l'autre un arbre plus jeune, les deux encadrant ainsi la vue plongeante et donnant une profondeur à la scène. Dans le même temps, j’observe les reliefs se perdre dans des congestus de plus en plus imposants, et les premiers grondements se font entendre… Une heure plus tard, un craquement assourdissant déchire le silence : c’est mon opportunité. L’orage est tout proche, au sud de ma position. Je cours jusqu’à mon point de vue, installe le trépied, cadre, fais rapidement mes réglages et connecte la cellule de déclenchement à mon appareil. Impact ! la foudre s’abat pile sur un sommet face à moi, premier cri de joie ; puis l’image s’affiche sur l’écran LCD du D750, deuxième cri de joie – noyé dans le fracas qui résonne sur les montagnes. D’autres impacts tombent derrière la crête à l’ouest, dans une autre vallée, et quelques éclairs intranuageux défilent au dessus du cirque. Le tonnerre claque sèchement et gronde en échos interminables tout autour de moi… Rapidement, l’activité électrique décline tandis que la pluie commence à m’atteindre. Je file m’abriter dans la tente, et le temps d’y être, ce sont des grêlons atteignant le centimètre de diamètre qui commencent à me tomber sur le dos… Heureusement la toile est solide, car un déluge de grêle s’abat soudain, noyant les lieux et créant des "lacs" tout autour du bivouac.

 

#8 | 22 juin 2017

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Cinq jours plus tard, je suis dans l'est de la Haute-Garonne en compagnie de Florian Calas et Clément Fayet, en attente d'un nouveau front. Celui-ci s'avère plutôt instable (mais pas dans le bon sens du terme) et désorganisé ; mais quelques positifs s'abattent de plus en plus près...

 

#9 | 27 juin 2017

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Une cellule naît tout près, au dessus du village de Saint Félix Lauragais. La cellule de déclenchement n'attend que ça, mais rien... Nous persistons un moment, jusqu'à nous retrouver sous la grêle, et là l'unique impact de la cellule frappe juste derrière le village.

 

#10 | 27 juin 2017

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Moins d'un mois après, le 19 juillet, nous improvisons une traque urbaine la veille d'un départ en montagne (fructueuse, mais pas orageuse), avec Matthieu Krieger. Nous trouvons refuge sous le Pont Neuf, au cœur de Toulouse, dans une ambiance diluvienne.

 

#11 | 19 juillet 2017

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Le climax de cet été arrive au cours d'une nouvelle expédition en altitude, aux environs de la barre des 3000m. En compagnie de Clément Fayet, l'ascension démarre le 4 août vers le célèbre secteur de la brèche de Roland, au dessus du cirque de Gavarnie. J'avais repéré en 2013 plusieurs grottes susceptibles d'offrir un bon abri dans la tempête, et c'est là que nous allons passer les trois prochains jours. Le deuxième soir, nous attendons une importante situation orageuse. Tout au long de la journée, des signes d'instabilités se manifestent côté espagnol : bancs de nuages préorageux, débuts de convection, premières averses, grondements, et enfin de superbes cumulonimbus peu avant le coucher du soleil.

Nous plantons la tente dans notre emplacement de la veille, au cas où de fortes rafales nous apporteraient la pluie. Le jour s'éteint... À la nuit tombée, le calme revient mais la tension monte. Nous attendons l'arrivée du front, prévue vers minuit.

Le noir est total malgré la pleine lune, dont l'opacité des nuages a eu raison. Le silence règne. Et comme prévu, peu avant minuit, les premiers flashs lointains éclairent l'ouest. L'ambiance est totalement folle, irréelle, menaçante. La foudre tombe au sud sur les contreforts du massif, sous un ciel parfaitement sombre, illuminant les sommets karstiques et le canyon dans une lueur métallique ; atmosphère de sulfure, vision d'autre monde évoquant les décors désolés de Titan, et ses orages de méthane.

 

#12 | 5 août 2017

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Évidemment, je suis bien décidé à récidiver dés que possible. De retour de Normandie, où les orages ne sont pas légions (:angel:), je pars cette fois-ci trois jours dans une cabane cette fois non pas au dessus mais face au cirque de Gavarnie. J'ai retenu la leçon de la dernière fois : nous étions légèrement trop haut, régulièrement noyés dans le cumulonimbus. Cette fois ci, je ne suis qu'à 1900m, soit 1000m plus bas. C'est une approche différente, qui permettra un point de vue d'un autre genre.

La noirceur nocturne dévoile un autre spectacle : les étoiles filantes des perséïdes filent à travers la haute atmosphère et se consument dans toutes les directions, alors qu'une imposante voie lactée estivale surplombe le cirque, et que peu à peu apparaissent des nuages à l'ouest...

Car ce n'est pas pour observer la voûte céleste que je suis venu ici, mais bien évidemment parce que de nouvelles salves orageuses s'annoncent pour les deux prochaines nuits. Alors, quand vers une heure du matin je vois depuis mon lit les premiers flashs lointains, je sors m'installer face aux hostilités qui commencent... Les orages se forment très vite, et progressent de la même manière. Une fois encore, ils sont stroboscopiques, et tranchent les montagnes comme des silhouettes encrées, tandis que l'air bleuté annonce de fortes précipitations sous ces bases chaotiques.

 

#13 | 23 août 2017

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Alors que les premiers orages s'évacuent au nord, je décide de me concentrer sur le massif du Vignemale, trônant plein ouest. Un nouveau front particulièrement actif s'approche rapidement. Dans la nuit noire, il me semble soudain percevoir une lueur blanchâtre s'élever en dessous de moi... C'est une mer de brume qui émerge soudain de la vallée, fantomatique, illuminée par saccades sous un ciel tourmenté. Nouveaux rêves d'insomniaque, nuit blanche volontaire offrant ces visions hallucinées que je suis venu chercher, à l'heure où dorment les populations alentours.

 

#14 | 23 août 2017

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Les vagues se succèdent ainsi jusqu'à 6h30, toujours dans des ambiances mystérieuses et intimidantes. J'ai le sentiment d'évoluer dans un rêve lucide, où des ombres chinoises découpent des marées d'un bleu liquide à travers des convulsions de lumière ininterrompues.

 

#15 | 23 août 2017

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#16 | 23 août 2017

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Alors qu'une cellule enveloppe le cirque, je me réfugie dans l'embrasure de la porte de la cabane, et continue de photographier sans interruption. J'attends le potentiel coup de foudre qui tomberait au cœur du cirque, bien qu'il n'y en ait pratiquement eu aucun jusqu'à présent. J'ai donc fermé le diaphgrame et branché la télécommande pour déclencher en continu, et l'essentiel des images sort sous-exposé, je suppose donc naïvement que ça suffira. Les minutes passent... Là, un énorme flash m'aveugle, je discerne à peine un point d'impact très proche, dans le cirque, et un fracas simultané m'assourdit. L'air est tellement saturé d'eau, la pluie tellement dense, que je n'ai pratiquement vu que du blanc. Je suis à peu près certain que la photo est sur-exposée... Et quand elle s'affiche sur l'écran, c'est effectivement le cas : les deux tiers de l'image sont blancs, et l'herbe devant la cabane est plus irradiée qu'en plein jour.

Ce sera le plus gros raté de l'année. Mais j'ai du mal à m'en plaindre... La cellule passe, je ressors, et la nuit continue ainsi jusqu'à 6h45.

 

#17 | 23 août 2017

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Je dors assez peu, sans surprise. Trois heures, en vérité. Mais l'euphorie nocturne et l'attente de la suite me donnent l'énergie suffisante pour la journée. Celle-ci passe lentement, et une courte sieste dans l'herbe me remet d'aplomb pour capter l'orographie naissante, vers 17h.

 

#18 | 23 août 2017

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#19 | 23 août 2017

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La suite sera bien plus agressive. 21h, la nuit tombe une heure et demie "trop tôt" alors qu'un front se forme en un temps record et avance furieusement droit sur moi...

 

#20 | 23 août 2017

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J'ai à peine le temps de réaliser quelques images qu'un souffle étrange s'élève de la vallée... Un vent énorme semble approcher très vite, sifflant, hululant à l'ouest, presque inquiétant. Les premières grosses gouttes tombent, et les arbres en contrebas s'animent dans une rafale continue. Je rentre dans la cabane, et installe le matériel. Les herbes se couchent violemment et le vent me gagne : un déluge tombe à l'intérieur, mon trépied manque de tomber ! Je le pose sur le lit et tente de fermer la lourde porte en fer, mais le souffle est plus fort que moi, et je dois mettre tout mon poids pour y parvenir, au bout d'une quinzaine de secondes de lutte acharnée. La pluie s'infiltre par l'interstice au pied de la porte tandis que les rafales s'engouffrent par la cheminée et font voler de la cendre partout dans la pièce. Bientôt, une mare de cinq millimètres se forme à l'entrée, stoppée par la dalle surélevée où sont posés les deux lits. Par la serrure, des flashs blancs illuminent la cabane, suivis de très près par des coups de canon faisant vibrer la toiture... Je soupçonne une microrafale, mais les orages en milieu montagnard me sont encore assez mystérieux dans leurs mécanismes.

Le déluge se poursuit ainsi longuement, avant de s'éloigner à l'est. La suite n'est pas vraiment photogénique, noyée et intranuageuse. Je peux enfin dormir un peu.

 

Ce seront les dernières images kérauniques de la saison, qui s'arrêtera brutalement à la fin du mois d'août. La suite, encore de la montagne, deux road trips (Écosse et Espagne), un paquet de photos, mais que je ne posterai pas ici car hors sujet. Néanmoins si elles vous intéressent, vous pouvez déjà en retrouver certaines, d'avant l'automne, sur le lien en début de post ; mais également dans deux prochains récits sur les road trips en question. Ce petit compte rendu ne présente que les photographies en lien avec les orages, mais en omet bien entendu un grand nombre.

 

Quoi qu'il en soit j'espère que ces quelques images vous auront plu, je tâcherai de faire de même l'an prochain et éventuellement de poster d'autres choses dans le forum "paysage", why not. :)

 

Bonne soirée à tous !

Modifié par Maxime Daviron
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Salut et merci pour ton partage :)

La photo 12 est effectivement surréaliste et mérite les efforts développés ! La 14 également :x

Il faut aussi avoir du courage pour affronter l'orage en montagne, personnellement la foudre me fascine mais me fait bien flipper aussi et je ne suis rassuré qu'avec un abris en dur ou une voiture à proximité (bien qu'il n'y ai pas de sécurité à 100%).

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Posté(e)
Antibes (06) ou Le Palais sur Vienne (87)

C'est clair, je rêverais pouvoir faire comme toi ! Mais il en faut du courage !

Merci des photos ! :)

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Remarquable série ! J'apprécie beaucoup ton approche à laquelle je suis assez sensible.

Par ailleurs, le Mont Perdu est vraiment un coin particulier vis à vis des orages, je suppose que tu l'as remarqué mais quand une dégradation orageuse touches les Pyrénées il s'y produit souvent une concentration d'impacts de foudre plus importante qu'ailleurs.

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Merci à vous pour vos retours :)

 

Il y a 22 heures, C.C. Chrispic a dit :

Il faut aussi avoir du courage pour affronter l'orage en montagne, personnellement la foudre me fascine mais me fait bien flipper aussi et je ne suis rassuré qu'avec un abris en dur ou une voiture à proximité (bien qu'il n'y ai pas de sécurité à 100%).

 

Oui il y a une grosse importance du repérage aussi pour ça, trouver des lieux le plus safe possible ; même si comme tu dis et particulièrement en montagne, on n'aura pas de risque zéro. Sauf éventuellement dans le cas des cabanes / refuges, mais il en existe peu d'où la vue est optimale. J'essaie aussi, dans mes "cavernes" de rester isolé du sol (pompes / tapis de sol, c'est pas grand chose mais ça peut jouer en cas de foudroiement indirect).

 

Il y a 2 heures, Arkus a dit :

Par ailleurs, le Mont Perdu est vraiment un coin particulier vis à vis des orages, je suppose que tu l'as remarqué mais quand une dégradation orageuse touches les Pyrénées il s'y produit souvent une concentration d'impacts de foudre plus importante qu'ailleurs.

 

Pour le coup ce qui est impressionnant c'est vraiment cette activité continue oui, mais pour le moment essentiellement en intranuageux, hormis quand on était à 3000m où là ça se heurtait inévitablement à la crête au dessus de nous ; mais comme on était dans le nuage c'était assez abstrait... Les contreforts sont vraiment la zone pilonnée, comme on le voit sur la 12 ; évidemment surtout côté espagnol, sur lequel je prévois de me concentrer l'été prochain.

 

Pour le massif du Mont Perdu j'imagine que ça vient entre autre du fait qu'il est assez proéminent, à cet endroit de la chaîne, et agit en déclencheur. D'ailleurs on voit bien sur les cartes de densité de foudroiement que les Pyrénées centrales sont plus "actives" (d'ailleurs si quelqu'un à ce genre de données pour l'Espagne, je suis preneur !)

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