Investir dans les stations (de sports d'hiver) de moyenne montagne

[un_Mauzunois]

Les militants de l'association Wilderness montent au créneau et le débat arrive doucement mais sûrement dans les Alpes (il n'est pas nouveau, mais avec cet hiver sans neige + la COP 21 il devient plus sensible) :

https://www.facebook.com/MountainWildernessFrance/?fref=nf

Et un excellent papier de Sylvain Besson dans le Temps (chez nos voisins suisses) met les pieds dans le plat :

http://www.letemps.ch/suisse/2015/12/18/hiver-neige-sonne-glas-ski-industriel

Un bel exemple de " comment créer de toutes pièces de l'enneigement alors qu'il n'y a pas une once de neige naturelle" a été réalisé par les savoyards de Ste Foy en Tarentaise cet hiver :

http://www.ledauphine.com/savoie/2015/12/27/100-tonnes-de-neige-par-helicoptere

La prévision météo à long terme est évidemment au centre du débat qui monte (à quoi bon investir des millions dans des équipements voués à l'obsolescence si la neige finit par disparaître en moyenne altitude ?).

Dans le Cantal, où je vis et travaille (durant les vacances sur une zone d'activités pleine nature), le débat peut être considéré comme tabou (pour le moment) : dans la presse locale, et au niveau politique, rares sont ceux qui osent publiquement critiquer les investissements sur la station du Lioran (un nouveau télésiège chaque année, inauguré en grande pompe etc..). À l'heure où on nous bassine quotidiennement sur les nécessaires restrictions économiques (se serrer la ceinture à cause de la soi-disant crise etc..), ça laisse rêveur.

[Cotissois 31]

2015 est surtout un nouvel avertissement (à ceux qui n'étaient pas là dans les années 1990) pour anticiper après 2050. En attendant, il faut trouver les moyens de jongler entre année favorables et années défavorables et glisser vers plus d'année défavorables.

En Bretagne, on voit de plus en plus de patinoires extérieures à Noël. Contrairement à Moscou où on arrête en cas de forte douceur, ici elles fonctionnent avec 15°C et vent humide

[bill43]

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La prévision météo à long terme est évidemment au centre du débat qui monte (à quoi bon investir des millions dans des équipements voués à l'obsolescence si la neige finit par disparaître en moyenne altitude ?).

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C'est bien que ce débat soit ouvert par un "professionnel de la neige".

J'ai une position assez tranchée sur le sujet, la montagne a tant d'autres attraits pour un amoureux de ces grands espaces que je trouve indécent cette débauche d'efforts et d'énergie pour quelques ares d'espaces enneigés détonnant au milieu d'une nature qui appelle à d'autres activités tout aussi passionnantes.

Pour un amoureux de la neige que je suis c'est frustrant c'est sûr, mais je me suis fait une raison.

Certains projets ne sont même plus seulement indécents, ils sont déraisonnables et purement scandaleux.

[un_Mauzunois]

100% sur la même position que toi Bill07. (le fait est que nous essayons dans ma petite station nordique "pleine nature" de favoriser des activités "douces" - même s'il est difficile de se passer de dameuses - les pistes damées constituent le coût de très loin le plus important sur un domaine nordique - parce que le ski de fond est une activité traditionnelle ici, certes en perte de vitesse, mais symboliquement importante - mais ces coûts sont de toutes façons sans commune mesure avec les coûts de l'alpin)

2015 est surtout un nouvel avertissement (à ceux qui n'étaient pas là dans les années 1990) pour anticiper après 2050. En attendant, il faut trouver les moyens de jongler entre année favorables et années défavorables et glisser vers plus d'année défavorables.

Mais peut-être qu'en 1990 on parlait moins d'une évolution du climat défavorable à la neige ?

Si la date butoir est 2050, à la limite, ça donne aux industriels du ski un argument pour investir : 2050, c'est du moyen terme , voir du très long terme dans le business (et au niveau politique aussi). En moyenne montagne (en-dessous de 1500 m), ça risque de se compliquer régulièrement bien avant 2050 je suppose.

[Cotissois 31]

Si la date butoir est 2050, à la limite, ça donne aux industriels du ski un argument pour investir

Il faut surtout investir dans une solution souple, qui permette d'encaisser les années "sans" en évitant de compter uniquement sur des subventions ou les remboursements d'assurance.

Les assurances, qui connaissent le réchauffement global plus que tout autre, vont (si ce n'est pas déjà le cas) de toute façon faire payer de plus en plus cher ces assurances contre le "manque de temps hivernal", de quoi ramener certains les pieds sur Terre. Les subventions publiques, on ne sait pas.

[un_Mauzunois]

Oui. Et les télésièges ultra performant dernière génération qui trimballent des flopées de skieurs quatre fois plus vite qu'avant me semblent complètement délirants dans la perspective d'une "solution souple". On a l'impression que le département (le Cantal) mise à fond sur la station du Lioran, et les grosses dépenses sont pour les sports d'hiver, pas les activités "sans neige", pour des raisons d'image avant tout, comme si la seule solution était d'espérer rivaliser avec les stations de Haute-Savoie avec des domaines à + 2000 m. Ce qui est peine perdue assurément (avec ou sans neige).

Cette année, c'est assez flagrant : toute la com repose sur l'ouverture de la station en décembre (c'est un exploit dit-on, et on a été meilleurs que nos voisins du Sancy, pas foutus de garder un peu de la neige de novembre pour fabriquer des pistes en décembre) - dans la réalité, et là les wabcams sont sans pitié, c'est juste pathétique : trois malheureuses pistes de 5 mètres de large, de la neige artificielle qui tient on ne sait comment, quelques gamins qui montent et descendent la même piste - et aujourd'hui il pleut. Il y a un côté "déni" de la réalité qui me peine, ou récit auto-persuasif ("on peut skier on peut skier !"). Et surtout, vu les investissements réalisés, il faut que les touristes viennent quand même, quitte à leur survendre un truc qu'on n'a pas. À quand une vraie réflexion de fond comme on l'entend dans les Alpes par exemple du côté des professionnels ?

J'aimerais bien savoir comment ça se passe dans les Vosges ou le Jura, comment on pense l'avenir des stations.. Si quelqu'un a des "pistes" (!)