Un système d'alerte rapide aux tsunamis en Méditerranée

[tony86]

Un système d'alerte rapide aux tsunamis en Méditerranée

PARIS (AFP) - Les pays riverains de la Méditerranée vont se doter d'un système d'alerte rapide aux tsunamis pour pouvoir protéger leurs populations des conséquences de ces phénomènes qui, s'ils restent rares, ont pu faire des dizaines de milliers de victimes dans le passé.

Le système devrait être opérationnel à partir de décembre 2007, selon l'Organisation des Nations unies pour la science, l'éducation et la culture (Unesco), dont la commission océanographique internationale a lancé le projet.

Le nouveau réseau, qui couvrira la Méditerranée mais aussi l'Atlantique du Nord-Est, s'intégrera dans un système mondial déjà en place dans l'océan Pacifique, en voie de constitution dans l'océan Indien et en cours de préparation dans les Caraïbes.

Bien qu'ils soient moins fréquents que dans les océans Pacifique et Indien, des tsunamis ont déjà été enregistrés dans les mers baignant la France.

En 1755, la ville de Lisbonne a été détruite par un raz-de-marée d'origine sismique, et 85.000 personnes sont mortes à Messine (sud de l'Italie) en 1908 lors d'un autre tsunami. D'autres phénomènes de ce type ont également été répertoriés sur les côtes de Norvège, en mer de Marmara et en mer Noire.

Près de Nice, un raz-de-marée provoqué par un éboulement sous-marin dû aux travaux de l'aéroport avait coûté la vie à une vieille dame en 1979.

Pour le géophysicien Philippe Charvis, directeur du laboratoire Géosciences Azur, un tsunami affectant les côtes françaises serait de "toute autre ampleur que ceux affectant le Pacifique, avec des vagues de quelques dizaines de centimètres, pouvant atteindre 1 à 2 mètres dans des sites particuliers".

Mais le tsunami de Nice est survenu un jour de pluie d'octobre. "Qui peut prédire les conséquences humaines d'un raz-de-marée survenant en plein été sur la Côte d'Azur ?", s'est interrogé jeudi M. Charvis, lors de la présentation d'un nouveau dossier en ligne du CNRS consacré aux séismes et tsunamis (http://www2.cnrs.fr/presse/thema).

Dans d'autres parties de la Méditerranée, des vagues de 10 mètres et plus ont été notées au fil des siècles: à Messine, mais aussi en Calabre (1783) et dans la mer Egée (1956). En 365 de notre ère, un raz-de-marée a ravagé toute la Méditerranée orientale, du Proche Orient jusqu'à la Sicile.

Pour cette partie du monde, "il faut un système d'alerte et il faut qu'il soit très performant", assène Paul Tapponnier, chercheur à l'Institut de physique du globe de Paris (IPGP).

Si les grandes ondes océaniques peuvent mettre plusieurs heures à traverser le Pacifique, les délais sont beaucoup plus court en Méditerranée. Un séisme survenant au large d'Alexandrie (Egypte) ne laisserait que trois quarts d'heure aux autorités de Crète pour alerter leur population d'un risque de tsunami.

Si le système d'alerte aux tsunamis du Pacifique fonctionne plutôt bien, son centre d'Hawaï a tardé à évaluer précisément la magnitude du séisme à l'origine du raz-de-marée du 26 décembre 2004, qui a fait 270.000 morts. De tels retards condamneraient à l'inefficacité le système d'alerte en Méditerranée.

De surcroît, de nombreux tsunamis ne sont pas d'origine sismique mais sont provoqués par des éruptions volcaniques ou des glissements de terrain sous-marins, comme cela avait été le cas à Nice. Ces phénomènes très ponctuels, mais localement impressionnants, ne peuvent aujourd'hui être prédits.