Naunau Posté(e) 22 avril 2004 Partager Posté(e) 22 avril 2004 Bonjour, je découvre ce nouveau "type" de forum, et j'en profite pour vous demander sur quelles données se basent les modèles de prévi saisonnière pour faire leurs prévisions, aussi où peut on les consulter, et enfin /emoticons/sad@2x.png 2x" width="20" height="20"> comment faites-vous en gros, certains d'entre vous, pour effectuer vos propres prévis (je pense notamment à Florent76 et Fred Decker). Voilà, je vous pose ces question car je suis (à tort ?) très très méfiant en ce qui concerne les prévis saisonnières... Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
florent76 Posté(e) 22 avril 2004 Partager Posté(e) 22 avril 2004 En réponse, à lire cet excellent message que je reposte sur les PREVISIONS SAISONNIERES provenant du Forum MeteoBelgique ->Météorologie ->Prévisions lien vers la page du forum de MeteoBelgique et nos homologues belges. CITATION (aru1961 @ mardi 02 mars 2004, 06:45) Une petite question, sur quoi te base-tu pour faire des prévisions trois mois d’avance et fort de cela à partir de quand peux-tu me donner une tendance pour juillet en Bretagne. Ce que je ne comprends pas non plus, c’est que s’il y a moyen de faire des prévisions saisonnière, Pourquoi l’été passé il y a eu autant de mort, ne pouvait-on pas remédier à ce problème trois mois d’avance?????? CITATION (philippe @ mardi 02 mars 2004, 10:12) en réponse : Bonjour, Les prévisions saisonnières ont toujours fait couler beaucoup d'encre. Vous auriez demandé à n'importe quel météorologue, il y a dix ans seulement, ce qu'ils pensaient des prévisions saisonnières, ils vous auraient ri au nez, argumentant, à raison, que l'on ne peut pas prévoir des prévisions avec suffisamment de réussite au delà de 5 à 10 jours. Aujourd'hui encore les super ordinateurs japonais, allemands, britanniques ou américains parviennent à donner des prévisions à 15 jours, mais on remarque que quand on dépasse 5 jours; les modèles divergent de plus en plus entre eux. Au delà de 10 jours, cela ne correspond plus à rien, même s'il est vrai que certains modèles sont souvent plus fiables, comme les modèles américains, anglais et le modèle allemand d'Offenbach. Se basant sur ces constatations sans appel, les arguments des météorologues anti prévisions saisonnières sont irrévocables... Et pourtant... Certains météorologues de renom s'y sont lancés. Un des pionners fut Wolfgang Röeder. Devant les résultats parfois surprenants des prévisions saisonnières, surtout pour les hivers, où les situations sont plus stables, parce que les masses d'air plus froides, la communauté des météorologues a du se rendre à l'évidence, même si parfois des erreurs totales étaient encore observées. La grande différence avec les prévisions classiques, et ça il faut le savoir, c'est que ces prévisions saisonnières nous donnent une indication sur la position moyenne et probable des anticyclones et dépressions. Cela donne une tendance, qu'il faut ensuite affiner. Il est donc impossible de prévoir à un mois pour un endroit donné et pour un jour donné la position exacte des anticyclones et dépressions, et donc in extenso la température et les précipitations de cet endroit mais cela donne une indication sur ce que l'on peut attendre au cours de cette période. Pour simplifier disons que les anticyclones et dépressions occuperont probablement en moyenne cette position au cours de ce mois, et si elles s'en écartent, elles auront tendance à prendre cette position "probable" dès que possible. Comment sont calculées ces positions "probables" ? 1. En comparant les situations météorologiques présentes, par rapport aux situations des autres années à la même période : celles qui sont les plus semblables sont analysées, surtout pour les semaines qui ont précédé pour voir si la similitude s'y retrouve. Si c'est le cas, on extrapole le futur sur base de situations passées. C'est ici que la climatologie peut rejoindre la météorologie "classique". 2. En tenant compte de la température de l'Océan et de la Mer du Nord. C'est un indice intéressant parce que stable, l'eau se réchauffe et se refroidit lentement. Si l'Atlantique Nord est plus chaud que la normale cela aura deux conséquences directes : il va contrecarrer la formation de l'anticyclone, pourtant nécessaire pour que l'Europe aie un hiver froid. (L'eau "chaude" réchauffe l'air qui aura tendance à monter. Comme l'anticyclone a tendance à faire le contraire, à faire descendre l'air, d'où l'augmentation de pression observée: ce sera plutôt le régime des dépressions qui sera prédominant...) De plus, si la température de l'eau de la mer du Nord est trop chaude, elle réchauffera aussi l'air polaire qui nous parviendrait depuis le Nord et le Nord-Ouest... D'autres indices sont analysés pour affiner ces résultats : 3. L'index de l'activité solaire qui suit un cycle de 11 ans et d'autres "supra"-cycles de plus longues périodes. L'index utilisé est le nombre de Wolff qui donne une moyenne mensuelle du nombre de taches observées sur le soleil. Les taches seront plus nombreuses en période de maximum solaire qu'en période de minimum, où elles seront quasi inexistantes. Par exemple, le maximum solaire correspond souvent à des pics d'hivers doux (cycle de 11 ans), alors que le minimum correspond généralement à des hivers froids... Mais c'est plus complexe que cela, et j'y reviendrai à l'occasion. De même, quand l'activité solaire est très basse, on remarque une faiblesse des dépressions sur l'Atlantique et le renforcement des anticyclones continentaux surtout en été (séchresse...) 4. La couverture neigeuse sur l'hémisphère Nord (en Hiver) Quand la couverture neigeuse est plus importante que la normale sur l'hémisphère Nord, cela a tendance à le refroidir : la neige par sa couleur, réfléchit la lumière et le rayonnement infrarouge. Pour simplifier, la neige appelle le froid. 5. L'Oscillation Nord Atlantique NAO, couplée avec l'oscillation arctique AO L'Oscillation Nord Atlantique (NAO) est un bon indicateur du temps pour nos régions, principalement en hiver. Un indice est construit pour ces deux oscillations : j'en ai déjà parlé lors d'un précédent post, je ne vais pas y revenoir ici. L'indice négatif de la NAO favorisera les situations de blocage sur l'Europe. Dans ce cas, l'hiver est souvent de régime anticyclonique et froid. Si cet indice est positif on aura droit à une circulation zonale, propice aux vents d'Ouest - Sud-Ouest. Pluie, douceur et vent sont alors au menu. L'Oscillation Arctique (AO) a aussi une importance. Quand l'indice est négatif, comme actuellement le passage des dépressions est poussé plus au Sud, favorisant les inondations en Méditerrannée et des conditions plus froides sur nos régions. Dans le cas où ces deux indices (NAO et AO) sont simultanéments négatifs, c'est une situation idéale pour la descente d'air froid et neigeux sur l'Europe. Cela a été le cas fin du mois de février. 6. Le phénomène "El Niño" (ou ENSO) Quand l'indice du phénomène est proche de 0, c'est également favorable aux descentes froides et neigeuses sur l'Europe. C'était le cas cette année. 7. L'activité volcanique Dans les années qui ont suivi une importante éruption volcanique de type explosive (par exemple l'explosion du Mont St Helens en 1981), on a remarqué une diminution de la température, due aux poussières qui ont été crachées jusque dans la statosphère et qui, en quelques mois de temps s'éparpillent sous forme de "bande" autour de la Terre, sur la latitude concernée. 8. Le réchauffement climatique global. Depuis quelques années, on remarque une anomalie des températures, surtout des minimales, de près de 2°C en plus par rapport aux normales. De même, les quantités de précipitations sont aussi souvent excédentaires. Il serait stupide de ne pas intégrer ces nouvelles tendances dans la prévision des prévisions saisonnières. 9. La variation climatique naturelle : les cycles de longue durée Le sujet est fort complexe : j'y reviendrai à l'occasion, mais il faut savoir que notre climat obéit aussi à des variations naturelles de climat, s'étendant sur des décennies voire des siècles, sans parler des périodes de glaciation. Ces cycles commencent à être étudiés aujourd'hui et doivent être inégré dans les prévisions saisonnières. 10. Mes propres relevés et observations depuis 1984 Depuis janvier 1984 - cela faisait 20 ans le 10 janvier dernier ! - j'effectue des relevés météo quotidiens. Quand on fait ce genre d'exercice tous les jours, avec l'expérience, on commence à "sentir" certaines choses, un peu par feeling ! Voilà, on pourrait encore et encore écrire des pages (ce sera prévu dans le nouveau design) sur le sujet des prévisions saisonnières. Ceci dit, le terme "analyse saisonnière" convient mieux que prévision. C'est pourquoi je ne pourrai jamais te donner aujourd'hui le temps du 7 juillet 2004 à 13h33 à Quimper en Bretagne Patiente encore un peu pour avoir les grandes tendances. Je me suis mis d'accord avec l'équipe pour me limiter à trois mois. Ceci pour éviter les critiques, déjà nombreuses à trois mois ! Quand à la canicule de l'été passé, autant Xavier sur MB que moi-même (à l'époque j'avais un site indépendant sur lequel je faisais déjà les prévisions saisonnières; j'ai rejoint MB en octobre) avions prévu la canicule, plusieurs mois à l'avance. C'est pourquoi des prévisions saisonnières précises sont si importantes. On en est il est vrai, encore au début. Et des erreurs il y en aura, et on se fera critiquer... Mais c'est loin d'être de l' "astrologie météo" Le lien avait été mis par Alf en première page de ce sujet, mais je tiens à le réitérer en en délivrant tout le contenu très instuctif sur notre forum français. Florent. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
florent76 Posté(e) 22 avril 2004 Partager Posté(e) 22 avril 2004 En ce qui me concerne, je ne produit pas réellement des prévisions (telles qu'expliquées ci-dessus), mais plutôt ce que j'appelle de l'analyse prédictive. Je mets simplement en évidence des corrélations synoptiques et climatiques cycliques qui sont à l'origine prédictibles et explicables puisse que elles-mêmes corrélées et existant en réponse aux cycles solaires. Toutes mes dernières analyses prédictives avec de nombrex liens : GRANDES TENDANCES METEO 2003-04 - Bilan de la situation au 01 avril 2004 Florent. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
41350 Posté(e) 23 avril 2004 Partager Posté(e) 23 avril 2004 Extremement interressant ce mail Florent! Je rajouterai l'etendue de la banquise. L'effet d'albedo est nettement plus important sur la banquise que sur la mer. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
Naunau Posté(e) 23 avril 2004 Auteur Partager Posté(e) 23 avril 2004 Merci 41350 et Florent76 pour ces explications très intéressantes. Mais une autre question m'arrive en tête (j'vais plus vous lâcher /emoticons/biggrin@2x.png 2x" width="20" height="20"> ): -Consultes-tu les modèles numériques saisonniers pour élaborer tes analyses prédictives ? Si oui quel(s) modèle(s) trouves-tu le(s) plus fiable ? -Les prévis des modèles sont elles plus ou moins fiables que les prévis élaborées par toi (Florent76) ou par exemple Fred Decker... (dure question ? /emoticons/wink@2x.png 2x" width="20" height="20"> ) Merci d'avance... Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
florent76 Posté(e) 29 avril 2004 Partager Posté(e) 29 avril 2004 En réponse au dernier message de Naunau : 1) Je ne consulte aucun modèle numérique saisonnier pour élaborer mes analyses prédictives. En effet, j'utilise pour cela uniquement des données climatiques et des cartes de pressions sur l'Europe archivées depuis 1899 (sur le site allemand Wetterzentrale). Ces analyses sont parfaitement déterministes et n'ont rien à voir avec le hasard : on aurait pu tirer les mêmes conclusions et annoncer 2003 et 2004 dès 1978 ! La réalité ne colle pas forcément au plus proche des éléments mis au jour par l'analyse prédictive : cette analyse permet de dessiner une grande tendance qui représente un état particulier de l'atmosphère qui fait cycliquement son retour. 2) Pour la fiabilité de mes analyses, tu peux juger par toi même : j'ai pris la peine d'afficher dans mes tableaux prédictifs une "vérification" qui donne l'erreur au dixième près en température et précipitations. Ces analyses ne sont dressées que pour Paris et Nancy, si vous me lisez régulièrement, vous avez pu voir que la situation peut énormément diverger entre deux points de la France. Fred Decker réalise un résumé basé sur l'ensemble des modèles numériques saisonniers en prenant en compte les prévisions partagées par le plus grand nombre de modèles. Il ne dresse aucune vérification scientifique permettant de mettre en lumière la fiabilité de ces prévisions. Je les consulte à titre d'information et pense qu'elles ont une fiabilité très limitée à plus de trois mois, sans compter qu'elles se trompent même souvent pour le mois suivant. Je ne suis pas mécontent de voir ces modèles s'aligner petit à petit sur mes positions... Florent. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
florent76 Posté(e) 29 avril 2004 Partager Posté(e) 29 avril 2004 En lien avec ma réponse, une petite sélection vers des cartes et des modèles de prévision saisonnière pour vous faire une idée plus précise sur la question : Wolfgang Roeder - Prévi. à long terme LR Kumar - Prévi. à long terme CMB: Seasonal Climate Forecasts ECPC forecasts IRI Net Assessment Forecasts Si vous en connaissez d'autres... Florent. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
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