charles.muller Posté(e) 20 avril 2006 Partager Posté(e) 20 avril 2006 J'ai acheté et lu le livre de Pascal Acot (Catastrophes climatiques, désastres sociaux, PUF, Paris 2006). Je suis assez déçu, pour les raisons suivantes (rapidement). - Livre fourre-tout et bordélique. L'auteur parle d'un chapitre sur l'autre de catastrophes climatiques locales (canicule 2003, Katrina, etc.), puis entrecoupe cela de chapitres généralistes (sur le climat, l'histoire de l'écologie), etc. On finit par s'y perdre. Et à parler un peu de tout, on manque de matière et précision sur chaque point abordé. - Livre imprécis. Je signale au moins une erreur climatologique qui m'a sauté aux yeux : selon l'auteur, les forages glaciaires montrent, pour les paléoclimats, que l'augmentation des gaz à effet de serre précèdent de 1000 ans la hausse des températures (p. 86). Or, c'est exactement l'inverse qui a été montré : ce sont les hausses de températures qui ont précédé celles des GES durant le Quartenaire (en moyenne de 800 ans : voir Fischer 1999, Indermuhle 2000, Mudelsee 2001.) C'est d'ailleurs un motif de scepticisme sur l'importance des GES dans la détermination des températures (dans les climats passés, ils interviennent après, comme rétroaction positive, mais pas avant, comme cause principale). - Livre politique. Si j'ai bien compris, Acot considère que le principal problème est le sytème capitaliste libéral, les catastrophes climatiques étant en fait des catastrophes sociales de manque d'adaptation au climat en raison de politiques de court terme guidées par l'intérêt. (L'ouvrage se conclut symboliquement par un rappel de la vision marxienne de la nature, au cas où l'on n'aurait pas compris). Il a tout à fait le droit de penser cela, et je partage d'ailleurs nombre de ses points de vue sur les défauts d'anticipation du libre marché. Mais il y a un hiatus permanent entre la position d'observateur neutre du CNRS et l'engagement polémique*. Du coup, on en vient à se demander si tous les faits rapportés (avec très peu de références) sont bien exacts ou s'ils procèdent d'un "filtre" préalable. Je précise que ces critiques ne viennent pas du tout de mon scepticisme sur le réchauffement, car la tonalité du livre d'Acot est au contraire à dominante sceptique. Il dit qu'il faut prendre le GIEC au sérieux (p. 97), mais il multiplie par ailleurs les remarques incitant à ne pas le faire et il cite favorablement plusieurs critiques du GIEC (hélas, les plus idiotes). Acot fait par exemple remarquer que la part humaine dans le réchauffement est censé être une "conclusion robuste", alors qu'elle est encore entachée d'incertitudes-clés (citation de Jouzel sur l'absence de "preuve indicutable" de la part anthropique du réchauffement). Il conclut ainsi son chapitre sur le GIEC : "Le GIEC intervient objectivement dans la stratégie des maîtres du monde en matière de consommation et de production énergétiques dans les pays avancés, comme dans les pays émergents, comme dans les pays dit "en voie de développement". Avec la meilleure bonne foi du monde, les scientifiques les plus honnêtes peuvent à leur insu servir des causes qui ne sont ni pures ni neutres" (p. 101). On voit là que les questions idéologico-politiques sont surdéterminantes dans l'approche d'Acot (le GIEC est manipulé par les puissances du G7 qui veulent dicter leur loi économico-énergétique au reste du monde). Il n'a pas entièrement tort, bien sûr, notamment quand on sait que les pays riches (Europe et France en tête) vont plutôt utiliser les mécanismes flexibles de compensation de Kyoto pour respecter leur engagement 2010, étant incapables de limiter la hausse constante des émissions par transports particuliers / marchandises. (C'est-à-dire que les pays riches vont continuer à polluer selon leur besoin de croissance, mais investir à bien moindre coût dans des énergies propres du tiers-monde). Mais ces questions politiques ne sont quand même pas le fond du débat concernant le réchauffement. (*) Comme Acot l'explique en ouverture, il a découvert son père mort lors de la canicule 2003. Ce choc et cette douleur expliquent sans doute la dimension polémique sous-jacente. PS : rien à voir - sauf que cela concerne quand même les effets pervers des logiques marchandes :-) Je signale que certaines pubs bloquent les machines un peu anciennes, comme celle où j'écris présentement car je suis en déplacement (Mac système 9). Certains utilisateurs peuvent donc être gênés par messieurs les annonceurs, ce qui est dommage. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
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