Hiver 2005/2006 : enneigement favorable aux avalanches alpines

[anecdote]

Un froid persistant tout l’hiver

Après un automne très doux voire chaud en montagne, un refroidissement s’amorce début novembre 2005. L’hiver va alors se caractériser par la persistance du froid, même à basse altitude jusqu’au début du mois de mars 2006. Les températures sont froides mais sans excès, les rares périodes de redoux seront très brèves et sans précipitations. Lors des quelques épisodes perturbés, la neige tombe toujours à basse altitude, dans les fonds de vallée et même souvent jusqu’en plaine.

Création d’un soubassement fragile au début de l'hiver

L’enneigement débute doucement en novembre mais reste très faible jusqu’à la mi-décembre. Le manteau neigeux est alors peu épais, les crêtes sont souvent dégarnies. Ces conditions de faible enneigement alliées au temps souvent beau et froid en montagne empêchent le tassement et la consolidation de ces premières neiges qui formeront la base du manteau neigeux de l’hiver. Ce type d’évolution de la neige se produit dans tous les versants peu ensoleillés, très nombreux à cette période de l’année, seuls les versants sud raides connaissent une transformation différente, la neige se tasse et fond doucement au soleil. En ce début d’hiver, les conditions sont le plus souvent bonnes pour la pratique de la randonnée, les risques d’avalanches sont faibles, très peu de déclenchements signalés.

Alpes du Nord : deux premières séries d’accidents d’avalanches

De la mi-décembre au 22 janvier 2006, le temps toujours sec et froid est interrompu par deux épisodes neigeux brefs mais intenses (environ 40 à 80 cm de neige en moins de 48 heures). Quelques avalanches se déclenchent spontanément au moment des chutes mais sont de faible ampleur. Par contre, après chaque chute, dans de nombreux versants, la structure du manteau neigeux est constituée de neige récente reposant sur des sous couches fragilisées. Ce type d’empilement de couches de neige est caractéristique d’un profil de plaque friable particulièrement propice au déclenchement d’avalanche par surcharge. Ces manteaux neigeux ont été à l’origine de très nombreux déclenchements d’avalanches provoqués par le passage de skieurs les 31 décembre et 1er janvier puis du 19 au 22 janvier.

Fin janvier : des vents violents à l’origine d’une nouvelle série d’accidents

Pendant toute la première partie de l’hiver, les Alpes du sud n'ont pas été couchées par les perturbations. Le manteau neigeux de faible épaisseur y était principalement constitué de couches de faible cohésion.

Dans les derniers jours de janvier, une série d’avalanches déclenchées par des skieurs se produit à nouveau. Elles sont liées à des ruptures de plaques qui se sont formées avec de nouvelles chutes de neige, faibles dans les Alpes du Nord, plus conséquentes au Sud, mais surtout suivies d'un vent particulièrement violent en montagne le 28 janvier (avec des pointes à plus de 100 km/h). Ce vent remanie complètement le manteau neigeux, la neige est transportée sur de grandes distances et se dépose dans des zones plus abritées parfois situées très loin des crêtes principales. Des risques importants persistent et des déclenchements d’avalanches au passage de skieurs sont signalés pendant plus d’une semaine.

Mi-février : Une série d’accidents sur l’ensemble des Alpes

A partir de mi-février, les conditions météorologiques changent radicalement. Une première perturbation active balaie l’ensemble des Alpes apportant plus d’un mètre de neige fraîche sur certains massifs de Haute-Savoie et des Hautes-Alpes. Des avalanches se produisent spontanément pendant les chutes. A la suite de cet épisode neigeux, la situation devient critique sur l’ensemble des Alpes où la structure du manteau neigeux est à nouveau particulièrement propice au déclenchement par surcharge. Ces forts risques de déclenchement sont liés à des instabilités présentes dans la couche de neige récente ainsi qu’aux couches fragiles, plus profondément enfouies mais toujours présentes. Dès le retour des éclaircies, en 3 jours, du 20 au 22 février, une cinquantaine de déclenchements d’avalanches par des skieurs sont signalés. Répartis dans tous les départements alpins, ils provoquent le décès de 12 personnes sur cette période. Quelques accidents se produisent encore au cours de la semaine suivante.

Début mars : des avalanches atteignent des routes

Tout début mars, une nouvelle perturbation très active touche une très grande partie des Alpes. Elle apporte de 50 cm à 1 m de neige selon les massifs et provoque une activité avalancheuse importante. De nombreuses avalanches se produisent spontanément pendant les chutes, certaines d’entre elles atteignent des routes d’altitude ou d’accès à des stations de ski en Haute-Savoie et Savoie mais également dans les Alpes du sud. Juste après ces chutes, alors que cette couche de neige récente épaisse n’est pas encore stabilisée, des skieurs déclenchent à nouveau quelques avalanches.

Une nombre d’accidents déjà élevé cette saison

A la date du 7 mars, 47 personnes sont décédées dans des accidents d’avalanches. Ce chiffre est bien au dessus des chiffres des dernières saisons (un peu moins de 30 victimes par an).

Dans la quasi-totalité de ces accidents, les avalanches ont été déclenchées par les skieurs eux-mêmes. Parmi les causes de ces déclenchements, il faut noter la structure des manteaux neigeux, le plus souvent constitués d’une couche de neige récente plus ou moins ventée reposant sur une couche fragile, typique de profils de plaque et particulièrement propices à un déclenchement.

La particularité des conditions nivologiques de cet hiver a été la présence généralisée de couches fragiles dans de nombreux versants et jusqu’à des altitudes assez basses. Elles ont pu se former sous l’effet du faible enneigement de début de saison et des nombreuses périodes de beau temps calme et froid qui ont prévalu en montagne jusqu’à la mi-février. On peut noter également que les épisodes perturbés de cet hiver ont toujours apporté de la neige jusqu’à basse altitude, il n’y a pas eu d’épisode de pluie significatif à moyenne altitude qui aurait pu consolider le manteau neigeux.

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