florent76 Posté(e) 11 février 2006 Partager Posté(e) 11 février 2006 Nucléaire - au cœur du Kazakhstan irradié Près de Semipalatinsk, l'URSS fit exploser 468 bombes atomiques de 1949 à 1989. Pourtant le site reste ouvert et... habité. Reportage. par Lorraine MILLOT QUOTIDIEN : samedi 04 février 2006 Semipalatinsk (Kazakhstan) envoyée spéciale «Là, là ! Vous voyez le panneau stop ? C'est la limite du polygone, le début de la zone interdite. Vous ne voyez pas ?» A l'horizon, il n'y a que la steppe du nord du Kazakhstan, immense étendue d'herbe jaune saupoudrée de neige. Mais Bolatbek, professeur de dessin du village de Sarjal, insiste, et on finit par distinguer, tombé dans la neige, un pieu nu, sans la moindre inscription. C'est la seule délimitation visible pour indiquer le polygone nucléaire où, de 1949 à 1989, l'Union soviétique fit exploser un total de 468 bombes atomiques, 125 en surface et 343 sous terre elle fit par ailleurs 130 essais, dont 91 atmosphériques, en Nouvelle-Zemble, une île au nord de la Russie. «Et encore, ces pieux sont récents, explique Bolatbek. Selon nos informations, les autorités kazakhes voudraient maintenant stocker ici des déchets nucléaires. C'est pour cela qu'ils s'apprêteraient enfin à fermer la zone.» «Personne ne nous chasse d'ici» A Astana, la capitale du Kazakhstan, qui a hérité du polygone après l'éclatement de l'URSS, la ministre de l'Environnement, Aitkul Samakova, nous avait pourtant assuré : «Bien sûr, le polygone est délimité. Sur le polygone même, le niveau de radiation excède de 1,5 à 3 fois les normes. Mais tout autour le niveau de radiation est normal et la zone est bien sécurisée. On ne laisse pas le bétail pénétrer sur le polygone.» Sur place, non seulement le périmètre irradié une étendue de 18 540 km2 n'est pas fermé, mais les habitants des villages voisins y envoient paître leurs troupeaux de chevaux, vaches et moutons. Plusieurs familles habitent depuis des années sur le polygone même, exposées à une radioactivité dont elles ignorent tout. «Il arrive qu'un mouton ne naisse pas normal, avec une patte ou le derrière en moins. Mais on le jette tout de suite», explique Goulnar, 36 ans, qui habite depuis 1996 une ferme installée dans le polygone. «Le sovkhoze [ancienne ferme d'Etat de l'époque soviétique] avait construit ces bâtiments dans les années 70, précise-t-elle. Jusqu'à présent, personne ne nous chasse d'ici.» A quelques centaines de mètres de la ferme, un «lac atomique», immense cratère entre deux monticules de terre, a été creusé par une des explosions nucléaires. Habituée à ce décor, comme elle est habituée à vivre sans eau ni électricité, Goulnar assure que sa famille se plaît ici. Avant d'avouer quand même que tout n'y est pas tout à fait normal : «La soeur de mon mari est née paralysée, glisse-t-elle. A 13 ans maintenant, elle ne peut toujours pas bouger alors que sa mère était normale...» Au village de Sarjal, 2 000 habitants, l'un des plus proches, à une dizaine de kilomètres du polygone, les habitants ne comptent plus les enfants nés anormaux, rachitiques, ou paralysés. «De toute façon, au village, il n'y a plus personne de sain, tranche Altynkhankyzy Aïar, la médecin en chef du village. J'ai l'impression que c'est de pire en pire. Les enfants souffrent d'anémie. Les adultes ont toutes les maladies possibles, hypertension, goitre, cancers, problèmes respiratoires, maladies cardio-vasculaires, maladies du rein.» Le plus terrifiant, confie-t-elle, effondrée dans une petite salle nue de son dispensaire, ce sont pourtant ces «maladies mentales» que les radiations, semble-t-il, induisent aussi. «Depuis 1971, il y a eu plus de 200 suicides dans notre village, j'en ai fait le décompte moi-même, raconte-t-elle, sans pouvoir s'expliquer cette épidémie. Souvent ce sont des jeunes de 17 ou 18 ans, des écoliers qui n'étaient pas spécialement malades et qu'on retrouve pendus.» Bolatbek, le professeur de dessin, opine en silence. Son propre fils s'est pendu, en 1994, à l'âge de 15 ans. Face à la détresse des habitants de Sarjal, la réaction des autorités a été de fermer, en 1995, le petit hôpital de 25 lits que les Soviétiques avaient légué au village. Dans celui-ci, il n'y a même plus de pharmacie. Pour acheter des médicaments, les habitants doivent faire 150 kilomètres de route, gelée la plupart du temps, jusqu'à Semipalatinsk. Les malades qui doivent être hospitalisés paient eux-mêmes leur essence pour qu'un taxi-ambulance les emmène en ville. «De temps en temps, une délégation ou une ONG vient nous voir, nous interroge et note nos problèmes, comme vous êtes en train de le faire, soupire le maire de Sarjal, Jakhan Daridaev, l'air très las. Puis ils disent qu'ils vont en référer à leurs supérieurs et on n'entend plus parler d'eux.» A Semipalatinsk, la capitale régionale, à une centaine de kilomètres du polygone, un Institut scientifique de médecine des radiations et d'écologie est censé suivre les populations contaminées. «400 000 personnes ont reçu des doses de radioactivité lors des explosions de 1949 à 1989, explique Boris Goussev, directeur adjoint de l'institut. Parmi elles, 170 000 sont encore en vie. Mais le plus gros problème que nous ayons aujourd'hui, ce sont les descendants de ces irradiés, au nombre de 200 000 et âgés de zéro à 40 ans.» Quelles sont leurs maladies ? Combien y a-t-il de naissances d'enfants mal formés ? Quels soins sont apportés à ces populations ? Le Dr Goussev, déjà médecin en chef de cet institut à l'époque où il relevait directement du KGB, a prévenu d'avance qu'il n'accordera pas plus de «vingt minutes». Il s'énerve devant ces rafales de questions. «J'ai là tous les chiffres, toutes les informations nécessaires, dit-il, brandissant un grand cahier relié et le claquant fermement. Mais je ne vous en dirai rien. Les journalistes ne servent à rien de bon. Ceux qui doivent savoir ce qui se passe ici savent. Je ne vous dirai rien de plus.» Le spectacle des «champignons» Prétextant du manque de temps, le Dr Goussev nous expulse de son bureau, et entame une conversation avec une visiteuse, venue de Russie où elle habite maintenant pour se faire tamponner un avis d'invalidité à la suite des doses qu'elle a reçues lorsqu'elle vivait près du polygone. Le docteur la rassure, à sa façon : «De toute façon, les radiations c'est moins nocif que, par exemple, le sauna finlandais. Si, si, je vous assure, le sauna finlandais est très dangereux pour la santé... Et la tâche que vous avez là sur le visage, n'est en aucun cas liée aux radiations. En aucun cas», répète-t-il, péremptoire, après un examen d'une seconde, sur le pas de sa porte. Au rez-de-chaussée de l'institut, quelques chambres accueillent des irradiés du polygone pour des cures de quelques jours. Kalieva et ses compagnes de chambre, trois grands-mères d'une bonne soixantaine d'années, racontent comment, dans leur jeunesse, elles observaient «les champignons» des explosions, dans le ciel de la steppe où elles vivaient alors. «Ensuite, avec les explosions souterraines, on sentait la terre trembler. Les lustres dansaient.» A demi allongée sur son lit d'hôpital, Kalieva montre son coude, surmonté d'une grosse bosse noire, et ses doigts qui, dit-elle, la «brûlent» : «J'ai sans cesse l'impression de mettre mes doigts glacés sur une plaque brûlante. J'ai été licenciée de mon travail et je n'arrive plus à cultiver mon jardin. Mes deux enfants sont morts.» Sur ce, une infirmière, qui vient de découvrir notre présence, s'écrie : «Mais qui vous a permis d'entrer ici !? ... Sortez d'ici, on n'entre pas sans autorisation !.» «Et où peut-on obtenir une autorisation ?» «Sortez d'ici !» A Sarjal, on voit parfois passer les experts de l'institut de Semipalatinsk, disent les habitants. «Ils font des mesures. Ils nous disent que tout est normal. Mais ils ne nous montrent jamais les résultats», racontent à l'unisson la médecin en chef et la professeure de physique de l'école communale, qui elles-mêmes n'ont jamais pu tenir en main un dosimètre, ni voir les résultats des «mesures». Des tonnes de métaux radioactifs récupérés Maintenus dans l'ignorance, les habitants multiplient les risques, allant et venant sur le polygone d'où ils ont même rapporté ces dernières années des tonnes de vieux métaux et de câbles, débris des installations à l'abandon. L'essentiel de ces matériaux, sans doute hautement radioactifs, a été vendu à la Chine, qui achète en masse les vieux métaux russes. Le reste sert au village, pour clôturer les cours par exemple. «Pendant deux ans, je me suis battu pour essayer de convaincre les habitants qu'il était trop dangereux de rapporter ce métal du polygone, raconte Bolatbek. Puis j'ai vu mon voisin de droite s'installer une barrière en provenance du polygone, mon voisin de gauche s'installer une barrière du polygone. J'ai fini par m'y résoudre : quitte à avoir les radiations, autant avoir aussi l'argent. Je suis allé moi-même aussi ramasser le vieux métal du polygone...» Source : http://www.liberation.fr/page.php?Article=356810 Florent. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
florent76 Posté(e) 11 février 2006 Auteur Partager Posté(e) 11 février 2006 Nucléaire - Des essais à ciel ouvert menés par quatre autres pays par Denis DELBECQ et Abel SEGRETIN QUOTIDIEN : samedi 04 février 2006 (à Pékin) Cinq pays ont pratiqué des essais nucléaires atmosphériques, qui ont entraîné des retombées radioactives. Le 5 août 1963 à Moscou, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l'URSS ont signé un traité interdisant ces essais à ciel ouvert. La Chine est entrée en scène en 1964, tandis que la France a effectué son dernier essai atmosphérique en 1973 (le dernier souterrain a eu lieu en 1996). ETATS-UNIS - 210 essais atmosphériques (1945-1962) Bikini «sous le vent» Un peu moins de la moitié des 210 essais aériens américains ont été effectués dans le Nevada, les autres, dans le Pacifique. Le secret reste bien gardé sur les six qui ont eu lieu dans l'Atlantique Sud. Evacué en 1946, l'atoll de Bikini, dans le Pacifique, est toujours inoccupé. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a recommandé en 1998 de ne pas repeupler l'île. Les habitants ne pourraient pas se nourrir de produits locaux, ni boire l'eau des nappes. Le site de tir du Nevada a subi des travaux de décontamination, mais reste sous contrôle militaire. Les Etats-Unis ont choisi d'indemniser toute personne atteinte d'une pathologie liée à une irradiation, si elle peut prouver qu'elle se trouvait «sous le vent» d'un essai nucléaire atmosphérique. ROYAUME-UNI - 21 essais atmosphériques (1952-1958) Maralinga réhabilité Douze des 21 essais aériens britanniques ont été conduits en Australie, notamment à Maralinga, dans une zone désertique du sud du pays. Des centaines d'aborigènes ont probablement été contaminés. Pendant plusieurs années, le périmètre d'essais est resté accessible, simplement indiqué par des panneaux en anglais. En 1978, Canberra a demandé officiellement à Londres de faire le ménage. Après avoir récupéré des déchets dangereux, le Royaume-Uni a fini par accepter, en 1994, de financer la réhabilitation du site. FRANCE - 50 essais atmosphériques (1960-1973) Tahiti pas épargné par les retombées Quatre tirs aériens ont eu lieu dans le Sahara et 46 autres dans le Pacifique (atolls de Mururoa et Fangataufa). Un rapport de la commission d'enquête de l'assemblée de Polynésie-Française, publié la semaine dernière (Libération du 28 janvier), a battu en brèche la thèse des «essais propres» défendue par le ministère de la Défense, qui ne reconnaît que cinq essais ayant donné lieu à des retombées intempestives. La commission conclut qu'«il n'est pas exagéré de penser que des retombées ont eu lieu sur Tahiti (où vit 80 % de la population polynésienne) lors de chaque tir aérien». Elle pointe une incidence de certains cancers plus élevée en Polynésie-Française que dans d'autres îles du Pacifique. Le ministère de la Défense doit publier au second semestre un ouvrage sur les aspects radiologiques des essais nucléaires. CHINE - 22 essais atmosphériques (1964-1980) Lob Nor, le plus vaste site Le site d'essais nucléaires chinois de Lob Nor, à 260 km au sud-ouest d'Urumqi, capitale de la région du Xinjiang, est le plus vaste du monde : 100 000 km2, dans le désert du Turkestan oriental, dont environ un cinquième a été irradié. Quarante-quatre explosions atomiques aériennes et souterraines y ont été déclenchées entre 1964 et 1996, cumulant plus de puissance que la France et le Royaume-Uni réunis. Le dernier accident «grave» remonte officiellement à 1969. Mais, depuis, les populations locales se sont plaintes à de nombreuses reprises de maladies inhabituelles : cancers de la thyroïde ou malformations à la naissance. Les estimations du nombre de victimes vont de «quelques décès» selon les autorités, à 200 000 selon les sympathisants de la cause ouïghoure (ethnie majoritaire au Xinjiang). Des tests indépendants, conduits dans quelques villages, ont montré des taux de radioactivité très supérieurs à la limite d'alerte, et 85 000 personnes au moins vivent encore à proximité immédiate des anciennes zones d'essais. Au début des tests, ces riverains n'étaient même pas déplacés. Dans les années 70, on les faisait évacuer quelques jours avant de les faire revenir. En 1993, une manifestation de milliers de Ouïghours aux portes du site a été réprimée dans le sang. Les républiques d'Asie centrale voisines se sont plaintes de retombées radioactives, portées par les vents. Source : http://www.liberation.fr/page.php?Article=356814 Florent. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
florent76 Posté(e) 11 février 2006 Auteur Partager Posté(e) 11 février 2006 Conséquences des essais nucléaires aériens en Polynésie: l'Etat veut jouer la carte de la "transparence" (Tahitipresse) - Le délégué à la sûreté nucléaire, Marcel Jurien de la Gravière, a précisé, mardi, les motifs de sa mission en Polynésie française. Prônant la "transparence", il a expliqué son désir de voir les différentes parties oeuvrer ensemble pour établir une expertise commune qui servira à établir des recommandations au gouvernement central. Pour favoriser la "communication" avec les populations des îles concernées, Alban Ellacott, une personnalité du Pays, a été désigné en tant que médiateur. Marcel Jurien de la Gravière s'est prêté au jeu des questions/réponses au haut-commissariat, en présence du représentant de l'Etat en Polynésie, Anne Boquet, et du médiateur récemment désigné, Alban Ellacott. Le délégué à la sûreté nucléaire a expliqué avoir été "remué", lors de sa dernière venue en octobre 2005, par les élus qui l'avaient "interpellé". De retour, en métropole, il a dressé le bilan de sa mission au ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, dans lequel il indiquait que la France "avait failli dans la communication au moment des essais nucléaires". "C'est l'occasion d'établir un dialogue dépassionné" L'Etat semble donc, aujourd'hui, adopter un nouveau comportement en prônant "le dialogue" afin de "répondre aux interrogations de la population et des anciens employés des sites nucléaires", comme l'a souligné Anne Boquet. "C'est l'occasion d'établir un dialogue dépassionné. Un débat ouvert et constructif qui s'inscrira dans la durée", a-t-elle d'ailleurs précisé. De ce fait, les autorités de la République cherchent à tourner la page de la confrontation et demandent, aujourd'hui, aux divers experts qui se sont intéressés au sujet (dont ceux de la commission d'enquête de l'Assemblée de Polynésie) de s'asseoir à la même table. "Il faut qu'on arrive à converger pour dire: "on est d'accord sur ce niveau d'impact'", a ainsi déclaré Marcel Jurien de la Gravière. Celui-ci espère que ce consensus pourra prendre forme lors de la mission qu'il mènera à compter d'avril prochain et qui prévoit une "visite ouverte", aux élus locaux et aux médias, de l'atoll de Moruroa. Le délégué à la sûreté nucléaire a également promis qu'il viendrait avec l'ensemble des données de ses services afin d'aller "au bout, scientifiquement". "Je ne cherche pas à convaincre mais à dire les faits" Dans un second temps, après avoir estimé "une fourchette du niveau de doses des retombées" radioactives, des scientifiques devraient avoir la charge d'étudier "les conséquences sur la santé" des populations et des anciens travailleurs. "Ce travail ne pourra certainement pas être fini avant la fin de l'année 2006", a toutefois prévenu le délégué à la sûreté nucléaire qui, a posteriori, émettra des recommandations au gouvernement central. Marcel Jurien de la Gravière a reconnu que ce changement d'attitude de l'Etat ne s'est fait sentir que tardivement mais il a estimé que, de toutes les façons, il n'était "pas sain que ce sujet reste sans réponse". "Je ne cherche pas à convaincre mais à dire les faits", a-t-il d'ailleurs lancé pour donner plus de poids à son propos. Le médiateur, Alban Ellacott, aura, pour sa part, la charge de jouer le rôle de "trait d'union" entre la population et les services de la sûreté nucléaire afin de faciliter les échanges entre-eux. "Il y a eu nettement plus de cinq retombées" Quoi qu'il en soit, le chiffre officiel de "cinq retombées significatives" d'éléments radioactifs est bel et bien erroné. "Il y a eu nettement plus de cinq retombées", a consenti Marcel Jurien de la Gravière sans toutefois préciser le chiffre exact car n'ayant pas encore "tout investigué". Quant à d'éventuelles réparations financières, il faudra d'abord mettre scientifiquement en évidence un lien de causalité entre les essais et les diverses pathologies recensées. "Aujourd'hui, aucun document scientifique ne dit qu'il y a des conséquences mais moi, je n'en sais rien", a expliqué Marcel Jurien de la Gravière. Sur ce sujet, le haut-commissaire a toutefois tenu à rappeler que l'Etat, par l'intermédiaire de la Dotation globale de développement économique (DGDE), versait annuellement 18 milliards Fcfp (environ 150 millions d'euros) au Pays pour compenser l'arrêt du centre d'expérimentation nucléaire. Vraisemblablement, les recommandations de Marcel Jurien de la Gravière ne devraient pas être rendues avant 2007, année de l'élection présidentielle, ce qui fait craindre à certains de voir le dossier tomber dans l'oubli. "Je ne pense pas qu'il y aura de rupture brutale (...) cela m'étonnerait que cela aille au placard", a conclu, rassurant, le délégué à la sûreté nucléaire. Source : http://www.tahitipresse.pf/index.cfm?snav=see&presse=14483 Florent. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
florent76 Posté(e) 11 février 2006 Auteur Partager Posté(e) 11 février 2006 Conséquences des essais nucléaires aériens en Polynésie française : l'Assemblée adopte le rapport de la commission d'enquête Politique : 09/02/2006 à 19:07 (Tahitipresse) - Le rapport de la commission d'enquête sur les conséquences des essais nucléaires aériens en Polynésie française a été adopté à l'unanimité, jeudi, par les représentants présents dans l'hémicycle. Le Tahoeraa Huiraatira (parti autonomiste d'opposition) a, en revanche, préféré quitter l'Assemblée après avoir mis en doute la crédibilité du document. Après six mois de travail, la commission d'enquête que présidait la représentante UPLD, Unutea Hirshon, a finalement rendu public son rapport face aux représentants de l'Assemblée de Polynésie française. Le document de 478 pages est réparti en plusieurs volets. Le premier d'entre eux est "consacré à l'ensemble des travaux, enquêtes, analyses et conclusion de la commission". Le second s'attache à émettre des recommandations à l'intention du gouvernement de Polynésie française et des autorités de la République alors que le troisième reprend les "résultats d'analyses" effectués par la Criirad (la Commission de Recherche et d'Information Indépendante sur les Radiations à qui Unutea Hirshon avait fait appel). Le document accuse l'Etat d'avoir dissimulé pendant 40 ans (tout en continuant à la faire) "des preuves accablantes (...) dans la recherche de la vérité ainsi que la réparation des préjudices". Aldébaran un "véritable accident de tir" Selon les analyses de la commission d'enquête, les essais "propres" dont se targuait l'armée française ont bel et bien eu des conséquences sur l'environnement et la santé des populations locales. Ainsi, le premier d'entre eux dans le Pacifique, "Aldébaran", le 2 juillet 1966, s'apparente selon les membres de la commission à un "véritable accident de tir". La Criirad estime, en effet, que, suite à cet essai, "l'exposition externe aux Gambier -ndlr: archipel proche des sites d'expérimentation- a été en réalité deux fois supérieure à la valeur publiée officiellement par la DIRCEN – ndlr: la Direction des centres d'expérimentations nucléaires-". Ce chiffre de l'exposition, selon ces scientifiques, est "1700 fois supérieur au maximum enregistré par les capteurs de la centrale nucléaire du Bugey en métropole après le passage du nuage Tchernobyl, en mai 1986". D'autres tirs ont également causé des retombées et le chiffre de cinq (5) essais, avancé jusqu'alors par les autorités françaises, est vraisemblablement erroné. Dans son exposé, Unutea Hirshon est également revenue sur le contexte historique de ces expérimentations nucléaires et notamment sur le fait que les élus locaux de l'époque, tout comme la population, étaient "désinformés et manipulés". Recommandations à destination du gouvernement Face à ce constat, la commission a émis des recommandations au gouvernement de Polynésie française qui les transmettra au conseil d'orientation mis en place, pour l'occasion, afin d'assurer le suivi de celles-ci. La commission d'enquête préconise donc de réhabiliter et d'assainir les sites et de décontaminer les déchets et matériaux restants. Elle demande également la création d'un centre d'archives et de mémoire des essais nucléaires ainsi qu'un suivi médical pour les anciens travailleurs et les populations concernées. Sur le plan économique, la commission recommande d'entamer des discussions avec l'Etat sur "la création et le financement d'infrastructures qui permettraient de donner à la Polynésie les moyens d'un développement durable". Elle souhaite également que ces échanges permettront de "régler les éventuels préjudices économiques subis par des anciens travailleurs". Enfin, elle préconise la mise en place "d'une instance paritaire de dialogue et de concertation sur les essais nucléaires" au niveau national et la divulgation de "tous les rapports sur les retombées des essais aériens de la période 1966-1974". Discussion générale houleuse La discussion générale entre les différents courants au sein de l'hémicycle a été passablement houleuse. Le Tahoeraa Huiraatira a vivement mis en doute la crédibilité et l'objectivité du rapport, estimant qu'il cherchait à "imputer" au parti orange "la responsabilité du déroulement des expérimentations" en Polynésie. Le président du Parti, Gaston Flosse, a fait valoir que la commission avait été de mauvaise fois avant de citer un passage d'un communiqué de la Criirad, datant d'octobre 2005, faisant état d'une "situation radiologique très satisfaisante" pour les îles de Mangareva, Tureia et Hao, proches des sites d'expérimentation. Cette donnée a, selon lui, été "noyée" dans le rapport car elle était "contraire" aux "objectifs politiques d'affolement des populations" de la majorité qui, selon lui, cherchait par ce biais à "satisfaire sa haine contre" la France. Après son allocution et concluant que son parti ne voterait pas en faveur du texte, le sénateur de Polynésie, contestant le temps de parole dévolu aux non-inscrits, a quitté l'hémicycle accompagné du reste de sa formation. Moment "historique" pour le gouvernement Les membres du gouvernement se sont quant à eux félicités de ce moment "historique" à l'image du ministre des Petites et moyennes entreprises, Hiro Tefaarere, "ému". "Pour le Maohi qui a souffert dans sa chair c'est un grand bond (...) Notre dignité et notre liberté ne doivent plus être bradées", a-t-il déclaré avant d'ajouter: "Est-ce que nous serons capable, nous Maohi victimes des essais, de pardonner. J'en suis convaincu". Le ministre de la Culture, Tauhiti Nena a, quant à lui, été plus bref mais aussi plus cinglant: "J'ai toujours été convaincu des méfaits du nucléaire. Il est logique que l'Etat paye". Les non-inscrits, de leur côté, se sont placés dans une optique plus consensuelle. "Peut-on condamner l'Etat et le général de Gaulle? Je dis non", a ainsi expliqué Jean-Christophe Bouissou. "Ce n'est pas la première fois que la Polynésie française aura contribué à la liberté et à la sécurité de notre patrie", a-t-il, en outre, souligné avant d'estimer qu'il était "normal que ceux qui ont contribué" aux essais "soient reconnus, honorés et indemnisés". Au final, les membres de l'UPLD et les non-inscrits, à l'unanimité, se sont prononcés favorablement sur le rapport. Source : http://www.tahitipresse.pf/index.cfm?snav=see&presse=14518 Florent. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
autan81 Posté(e) 11 février 2006 Partager Posté(e) 11 février 2006 Encore des preuves accablantes... Ce qui nous montre qu'à l'époque des essais, au tout début l'homme ne mesurait pas les conséquences de ces explosions sur l'être humain, la faune et la flore, et une fois qu'il s'en est rendu compte, il s'est peu ou pas du tout préoccupé des personnes vivant à proximité des lieux des explosions, continuant ses essais. Et maintenant que les essais n'ont plus lieu (et encore rien ne dit qu'il ne reprendront pas un jour), il n'accorde que peu d'attention à ceux qu'il a irradiés, les abandonnant à leur sort et refusant de reconnaître sa responsabilité. Déplorable... Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
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