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Le point sur les HP subtropicales


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Le point sur les « hautes pressions dites subtropicales »

(M.Leroux, "La dynamique du temps et du climat")

Les hautes pressions dites subtropicales sont considérées comme un «élément-clé du champ de pression de surface»

(Hastenrath, 1991), mais comme le jugeait Trewartha (en 1961) « leur origine n'est pas entièrement comprise ».

C'est encore en grande partie vrai, plusieurs questions se posant sur: leur origine, leur situation géographique,

leur division en cellules, leur structure verticale, leurs présumées «migrations» en latitude et en longitude,

leurs variations de puissance et leur mobilité interne.

Ces hautes pressions observées en surface sont généralement attribuées à des mouvements subsidents permanents,

grossièrement situés au-dessus des latitudes 30° nord et sud, associés à la branche descendante des cellules de Hadley.

Ces mouvements subsidents, la compression provoquant un réchauffement, ne peuvent, toutefois expliquer, ni les valeurs

atteintes par la pression de surface (l'air chaud étant léger), ni la température qui devrait être constamment chaude,

alors que de basses températures sont souvent observées dans ces hautes pressions. Ces mouvements verticaux descendants,

lents, ne peuvent non plus expliquer, à toutes échelles de durée, ni les brusques changements de temps qui se produisent

aux latitudes considérées, ni la vigueur des alizés, ni leurs variations de vitesse et notamment leurs accélérations

parfois brutales. La subsidence est réelle, mais elle est de faible puissance, et compte tenu de la masse considérable

qui transite à travers ces cellules anticycloniques dans les basses couches pour alimenter la circulation tropicale,

des mouvements descendants extrêmement puissants et rapides (et d'autant plus chauds) seraient nécessaires. Mais de telles

intensités ne sont pas observées. Soulignons en outre dès à présent que ces mouvements subsidents n'atteignent pas la

surface.

La disposition géographique des hautes pressions invalide l'hypothèse de l'alimentation d'altitude. Une ceinture zonale

continue devrait en permanence exister vers 20-30° de latitude (en moyenne) dans chaque hémisphère. Mais à la «latitude

de la subsidence permanente» on observe plutôt des cellules anticycloniques bien individualisées, chacune comportant des

façades aux caractères climatiques très différents: à la même latitude on rencontre aussi bien le climat du Sahara ou de

l'archipel du Cap-Vert, que celui des Antilles ou du Yucatan. La référence à un «bord subsident oriental» (Pagney, 1994)

des cellules, supposé rendre compte de ces particularités climatiques, n'explique pas pourquoi dans l'atmosphère libre

et sans raison évidente, la subsidence devrait être plus intense sur des longitudes déterminées. Cela voudrait dire aussi

qu'il y aurait un bord non subsident, d'origine tout aussi mystérieuse. Sur les façades orientales des océans tropicaux

s'écoulent des courants marins froids, et la circulation d'alizé provoque des remontées d'eaux profondes (upwelling),

entretenant des eaux fraîches à proximité du littoral. La présence de ces eaux fraîches est alors présumée responsable

de la subsidence de l'air situé au-dessus. Mais cette «relation» simpliste contient sa propre négation: si la subsidence

était renforcée sur l'Est des océans pour des raisons thermiques marines on devrait alors y rencontrer (sous l'effet de la

compression) les températures les plus élevées, c'est-à-dire l'inverse de la relation proposée, et surtout de la réalité

observée. La disproportion des échelles de phénomènes serait en outre considérable, le comportement thermique de l'océan

étant inapte à provoquer les mouvements verticaux présumés. De plus, encore une fois, il faudrait que la subsidence

atteigne effectivement la surface de l'océan, ce qui n'est pas observé.

Le déplacement constant observé à l'intérieur des cellules anticycloniques (traduit par une onde de pression), d'ouest en

est sur la façade tempérée, sur les océans comme sur les continents, et les modifications de puissance et d'étendue

des hautes pressions, sont diversement interprétés. Pour Gentilli (1971), la grande mobilité observée dans l'Hémisphère Sud

s'explique ainsi: «l'air subsident qui engendre la ceinture de hautes pressions et la divergence tropicale est subdivisé,

à cause de l'effet Coriolis, en une série d'anticyclones migrateurs», hypothèse non vérifiée qui n'expliquerait pas la

migration, et qui ne pourrait s'appliquer qu'à des anticyclones chauds (ce qui n'est pas le cas). Les migrations en

longitude et latitude des cellules subtropicales au cours de l'année, observées dans les moyennes de pression, «ne sont pas

encore très bien comprises» comme le souligne Hastenrath (1991). On considère souvent ces centres d'action comme des

entités indépendantes, de véritables personnages météorologiques, capables de «se gonfler» ou de «se rétracter». Une telle

personnification assimile l'explication du temps à de "l'animisme météorologique" (Leroux, 1992a) ; il arriverait ainsi

selon Choisnel (1991) que l'anticyclone des Açores n'occupe plus sa position normale saisonnière (il serait alors situé

sur les îles britanniques), parce qu'il aurait « dérivé en quelque sorte vers le nord-est, ce qui est particulièrement

anormal pour la saison d'hiver »... c'estle moins qu'on puisse dire!

Les hautes pressions subtropicales sont encore considérées comme une véritable "barrière", plus ou moins étanche, voire

comme un « rempart anticyclonique », formant une «limite fondamentale» entre les circulations des zones tempérées et

tropicale, qui apparaissent ainsi, de manière erronée, quasiment indépendantes l'une des autres. Cette barrière présumée,

qui apparaît de manière implicite dans nombre de schémas de la circulation générale, notamment dans le schéma tricellulaire,

et dans les concepts paléoclimatiques, notamment dans celui proposé par COHMAP (1988), serait même susceptible de

conditionner et/ou d'interdire les échanges méridiens : ainsi «de fréquents échanges méridiens impliquent un

affaiblissement des anticyclones », tandis qu'à l'inverse «une fréquence moindre des échanges méridiens implique un

renforcement des cellules anticycloniques tropicales». Cette conception est erronée à toutes les échelles de temps, de

l'échelle synoptique à l'échelle paléoclimatique, puisque l'observation de la réalité démontre exactement l'inverse.

L'origine de ces centres d'action anticycloniques n'est pas vraiment connue, parce que la vision statistique de phénomènes

initialement définis à partir de moyennes de pression ne pose pas la question -essentielle- de savoir de quoi sont

réellement faits ces anticyclones. Des ébauches d'explication ont pourtant été proposées : ainsi par exemple par Viaut

(1942) qui a constaté que "cette sorte de "rénovation" de la ceinture de hautes pressions subtropicales par anticyclones

polaires mobiles devenant stationnaires et chauds se produit régulièrement". Le problème aurait été dès lors résolu, si

l'AMP avait été individualisé et reconnu comme véhicule des échanges méridiens.

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