Aller au contenu

Ce tchat, hébergé sur une plateforme indépendante d'Infoclimat, est géré et modéré par une équipe autonome, sans lien avec l'Association.
Un compte séparé du site et du forum d'Infoclimat est nécessaire pour s'y connecter.

Messages recommandés

Invité Guest

COMPTE RENDU METEOROLOGIQUE

Passage de l'Ouragan GEORGES

les 20 et 21 septembre 1998 sur l’archipel de la Guadeloupe

Le 14 septembre, une onde d’est forte provenant d’une « formidable » ligne de grains, qu’on avait repérée très structurée et bien organisée sur le continent africain depuis 3 jours, montre des signes d’organisation dépressionnaire. En fin de nuit du 14 au 15, l’imagerie satellitaire montre que le mouvement cyclonique, amorcé depuis quelques heures, est réel et durable. On a affaire à une Dépression Tropicale, c’est la 7ème de l’année sur la zone de l’Atlantique. Le centre est analysé par le NHC/TPC Miami par 9,0° Nord et 25,0° Ouest, donc très bas en latitude, son déplacement s’effectue vers l’ouest à plus de 35 km/h.

La dépression devient Tempête Tropicale le 16 au matin, baptisée GEORGES ; son intensité monte en puissance progressivement, mais pas très vite (24 heures plus tard, les vents maximaux soutenus ne sont que de 90 km/h). Par contre son déplacement vers l’ouest est relativement rapide (32 à 35 km/h) et il devient évident tout de suite que cette perturbation cyclonique représentera une menace réelle pour les Petites Antilles dans quelques jours. En cours de journée du 17, la tempête s’intensifie brutalement et de façon rapide. Ouragan de classe 1, GEORGES atteint la classe 2 le vendredi 18 au matin.

Les îles situées entre Sainte-Lucie et Antigua deviennent alors vraiment exposées, les prévisions de trajectoire anticipant sur un passage à proximité immédiate de la Martinique.

Le 19 au matin, 24 heures plus tard, l’ouragan est de classe 3 ; un avion de reconnaissance parti explorer le cyclone le samedi 19 trouve en mi-journée une pression centrale au niveau de la mer de 939 hectoPascals ! GEORGES est un ouragan de classe 4 majeur et particulièrement redoutable avec un œil de près de 60 km de diamètre. L’ouragan est alors à 500 km à l’est de la Guadeloupe et les mises en garde de la population particulièrement appuyées (son intensité est effectivement légèrement plus forte que celle de HUGO 89 avec des vents maximaux soutenus estimés à 240 km/h et des rafales dépassant 300 km/h). La vitesse de déplacement ralentit sensiblement, devenant voisine de 26 km/h en fin de nuit du 19 au 20.

L’ouragan est alors prévu de traverser la Guadeloupe ou de passer juste au nord, mais des vents très violents sont donc envisagés sur le territoire ; on estime qu’il passera à plus de 100 km au sud de Saint-Barth’ et Saint-Martin et que ces îles devraient donc un peu plus épargnées que La Guadeloupe.

Le dimanche 20, l’ouragan s’affaiblit brusquement à moins de 300 km de nos îles. Redevenu de classe 3, avec des vents soutenus ne dépassant plus 180 km/h, le centre passe à 30 km au nord de la Pointe de la Grande-Vigie (nord Grande-Terre), le mur de l’œil frôlant les terres au niveau de la commune d’Anse-Bertrand vers minuit dans la nuit du 20 au 21. Après avoir touché Antigua et Montserrat, l’œil passant exactement entre ces deux îles, puis Nevis, le centre de GEORGES passe à 60/70 km au sud de Saint-Barthélémy puis Saint-Martin vers 06h00 le lundi 21 au matin, alors qu’il s’affaiblit encore. L’ouragan de classe 2 qu’il est alors, se dirige sur Sainte-Croix (Iles Vierges américaines) et traversera en enfilade toutes les Grandes Antilles, Porto-Rico, puis la République Dominicaine, Haïti et Cuba du 22 au 24, dévastant, tuant et semant la désolation ...

Alertes déclenchées par la Préfecture de Guadeloupe

MISE en GARDE ADMINISTRATIVE le vendredi 18 septembre à 08h00 (pour l’ensemble du département)

Probabilité de voir le cyclone à moins de 120 km dans les prochaines 72 h. :

Guadeloupe : 26 % (21 entre + 36 et + 48 h. ; 5 entre + 48 et + 72 h.)

Iles du Nord : 21 % ( 8 entre + 36 et + 48 h. ; 13 entre + 48 et + 72 h.)

Guadeloupe et îles proches

ALERTE n°1 déclenchée le vendredi 18 septembre à 18h00

Probabilité de voir le cyclone à moins de 120 km dans les prochaines 48 h. :

Guadeloupe : 25 % ( 6 entre + 24 et + 36 h. ; 19 entre + 36 et + 48 h.)

ALERTE n°2 le dimanche 20 septembre à 03h00 (annoncée la veille à 19h00)

Probabilité de voir le cyclone à moins de 120 km dans les prochaines 24 h. :

Guadeloupe : 53 % (entre + 3 et + 24 h.)

ALERTE n°2 RENFORCEE le dimanche 20 septembre à 10h00

Probabilité de voir le cyclone à moins de 120 km dans les prochaines 24 h. :

Guadeloupe : 69 % (entre + 3 et + 24 h.)

CONSIGNE n°3 – Organisation des secours le lundi 21 septembre à 10h00

FIN d’ALERTE 2 décidée le lundi 21 septembre à 10h00 (même heure que n°3)

Ouragan de classe 4, donc extrêmement violent le 20 au matin, GEORGES n’était plus 24 heures plus tard alors qu’il sévissait sur Saint-Kitts, Nevis et les îles environnantes, qu’un ouragan redevenu d’intensité de classe 2 dans la classification de Saffir-Simpson. De plus, sa zone de vents violents tout autour du centre s’est rétrécie, notamment dans le quadrant ouest et sud-ouest qui intéressait en 1er chef la Guadeloupe et les îles voisines.

l faut bien avouer que cette évolution avec un net affaiblissement du système, celui-ci devenant de plus dissymétrique (activité concentrée dans les secteurs nord, est et sud alors que les secteurs ouest et sud-ouest étaient peu pluvieux et peu venteux ) nous a surpris et nous a joué des tours en matière de communication, les effets du cyclone en Guadeloupe, très modérés, n’étant pas comparables avec ceux envisagés le 20 au matin. D’autant que cette évolution n’a, à aucun moment, été envisagé par les modèles numériques de prévision, le NHC de Miami prévoyant un passage de l’ouragan sur la Guadeloupe avec des effets d’ouragan de classe 4. C’est toute la difficulté d’analyse du phénomène lui-même qui s’est ensuite répercutée sur son évolution mal prise en compte ...

Pourquoi l’ouragan s’est-il brutalement affaibli le dimanche 20 au matin ?

Les média et une partie de la population s’étant déchaînés à partir de lundi pour nous interroger sur ce qui était arrivé au cyclone qu’on annonçait des plus violents, on ne peut se dérober, et en tant que scientifiques, nous allons essayer d’apporter quelques éléments d’explication.

Les rumeurs ayant colporté beaucoup d’hypothèses, certaines extravagantes, essayons tout d’abord de faire la part des choses.

Non, ni les Américains, ni quelque autre puissance étrangère, n’ont tenté des expériences hasardeuses d’affaiblissement du système cyclonique par ensemencement de particules métalliques de type iodure d’argent (propos colportés par des rumeurs et répercutés sur les radios de l’île). Si ce genre d’expériences ont pu avoir lieu il y a quelques dizaines d’années, ce le fut au-dessus de cyclones naissant (à l’état d’embryons lorsqu’ils n’ont pas acquis encore beaucoup de puissance), dans le cadre d’essais scientifiques internationaux, hors de tout territoire. Les conclusions de ces expériences furent si médiocres, qu’on cessa vite ce genre d’aventures de type « apprenti sorcier ». Ne parlons pas plus de pseudo-explosions atomiques ou nucléaires, qui certes avaient été envisagées en 1945 par le maire de Miami, qui ne se souciait guère apparemment des retombées dangereuses pour la population, idée immédiatement rejetée par le Président des USA de l’époque Harry Truman. Rejetons-vite ces hypothèses relevant plus de films de science-fiction que de réalité météorologique.

Nous savons que ces rumeurs ont été corroborées par le fait que dimanche 20 après-midi, certains ont ressenti des odeurs de soufre et des picotements aux yeux. L’explication en est toute simple : lorsque les vents ont tourné au secteur nord-ouest à l’avant du cyclone, ils ont amené avec eux des particules de cendre et un air chargé de soufre provenant du volcan encore bien actif de Soufriers Hills de Montserrat (île située justement au nord-ouest de la Guadeloupe).

Revenons-en donc à des considérations sérieuses. L’étude des cartes d’analyse de la situation à 200 hectoPascals (vers 12 km d’altitude) permet de mieux comprendre l’environnement atmosphérique de haute altitude du cyclone à son arrivée sur les Petites Antilles.

Le cyclone GEORGES s’est donc intensifié le samedi 19, profitant de conditions météorologiques favorables : eaux très chaudes à l’ouest du 50°Ouest, alimentation en humidité suffisante, force de Coriolis augmentant au fur et à mesure de sa légère montée vers le nord, divergence en haute altitude favorisée par le développement d’un anticyclone dans son quadrant nord-est. Le moteur thermo-dynamique (espèce de cheminée en pleine action « tirant » bien) fonctionnait parfaitement sans s’emballer.

En fin de journée du 19, les mesures effectuées en altitude tant au Raizet (Guadeloupe) qu’à la Barbade, montraient une rotation des vents au secteur Nord-Est, vents qui venaient auparavant du Sud-Est au-dessus de 10 km d’altitude. GEORGES, en s’approchant de l’archipel antillais, trouvait brutalement des conditions de haute troposphère défavorables, les vents de nord-est puis nord le 20 contribuant à le « cisailler », le sommet de la machine « toussant » faute de divergence suffisante pour expulser les masses d’air montantes du système cyclonique. De classe 4, il s’affaiblit en quelques heures classe 3 puis 2 dans la nuit du 20 au 21, l’œil n’étant plus discernable, masqué par l’étouffement de l’échappement des couches supérieures de l’atmosphère.

Mais on peut se demander pour quelle raison, la situation favorable à son développement est brutalement devenue défavorable ? Pourquoi une cellule de hautes pressions en haute altitude s’est-elle développée en mer des Caraïbes, au sud de Porto Rico, à l’avant du cyclone qui est venu se jeter dans cette zone le contrariant ?

L’hypothèse que nous retenons pour le moment, faute d’éléments contradictoires, serait que le formidable « outflow » (expulsion en haute troposphère de la masse d’air montante dans la cheminée du cyclone) créé par l’ouragan en montant en puissance le 19, avec élargissement spectaculaire de l’œil au centre, a été plus important vers l’ouest, fabriquant ainsi en quelque sorte la zone anticyclonique à l’avant qui va vite l’affaiblir. Comme si un moteur s’emballait, tournait en sur-régime et que l’échappement contrarié étouffait le régime de ce moteur (vue simpliste des choses, mais nous n’avons pas d’autre image).

Dans le passé BAKER 1950, BETSY 1956 par exemple, ont eu le même comportement avant de passer à proximité de la Guadeloupe sous forme atténuée, mais on n’eut pas de vraie explication sur ce phénomène.

Nous rejetons, faute d’indices, l’hypothèse selon laquelle la zone de hautes pressions en Mer des Caraïbes aurait pré-existé, indépendamment de GEORGES, et aurait été brusquement alimentée le 19 par l’anticyclone plus au nord : les sondages de vent effectués en Caraïbes ne le montre pas ...

Conséquences du passage de l’ouragan GEORGES sur les Antilles françaises:

Guadeloupe et îles proches

La pluie

Pas de précipitations exceptionnelles mais des valeurs souvent comprises entre 40 et 70 mm sur l’ensemble des points de mesures. Seule apparemment, l’île de la Désirade a connu des pluies plus abondantes, voisines de 100/110 mm en 24 heures, l’arrière-pays de Goyave a enregistré 146 mm pendant l’épisode.

Le vent

C’est surtout le vent de Sud à Sud-Ouest qui fut assez fort, alors que le centre de l’ouragan passait au nord de l’île puis s’éloignait vers Montserrat. Des valeurs soutenues de 65 à 70 km/h ont été enregistrées sur la Grande-Terre, avec des rafales de 90 à 110 km/h vers 03/05h00 du matin le lundi 21 sur les zones exposées aux vents venant du secteur sud-ouest. Le vent fut moins fort sur le sud du département, sud Basse-Terre, Marie-Galante, les Saintes, avec des vents soutenus de 45 à 60 km/h et des rafales ne dépassant guère 70 km/h.

Le maximum enregistré sur nos appareils fut sur l’anémomètre de La Désirade qui a mesuré des vents moyens soutenus (sur 1 minute) de 120 km/h environ vers 22h00 le dimanche soir avec des rafales de 135/145 km/h entre 20h00 et minuit.

La mer

Une longue houle cyclonique est arrivée dès la journée de dimanche sur les îles de l’archipel puis s’est amplifiée en soirée. La bouée-houlographe située au large de Port-Louis a mesuré une hauteur caractéristique (H 1/3) de 4,60 m vers 21/22h00 le 20 en soirée avec quelques vagues comprises entre 6 et 7 mètres jusqu’à 02h00 du matin le 21.

enfin le cyclone ira toucher les iles bahamas et la floride !

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité Guest

Voilà je sais c'est un peu long !

mais bon je voulais vous faire revivre ce que j'ai vecu moi !

oui j'ai vecu 4années en Guadeloupe sous la menace de cyclones et j'ai nottament essuyer celui-ci !

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant
  • En ligne récemment   0 membre est en ligne

    • Aucun utilisateur enregistré regarde cette page.
×
×
  • Créer...