Effets néfastes des orages de Mai-Juin sur les récoltes de blé?

[nuri mosrati]

Bonsoir a tous et merci pour ce fort sympa et enrichissant forum dont on peut apprendre une quantité inouie d'informations

Ma question est la suivante:

Une chose que je ne comprends pas est que l'année derniere suite a un orage copieux en Mai (20 a 30 mm de pluie) le ministre d'agriculture a déclaré que 300 milles hectares de blé ont été endommagés(et donc en conséquent la facture céréaliere du pays-la Tunisie-a du etre revue a la hausse pour importations additionelles de blé Français [l'apport du blé importé varie de 50% les années pluvieuses a pres de 75% les années seches] et ceci a fait que le budget réservé aux autres activités a été revue a la baisse afin de colmater le déficit céréalier)

Cette saison, heureusement qu'il n'ya pas eu d'orage violent en Mai , cependant je me demande pkoi dans les régions traditionelles de production de blé en Europe et Amérique du nord, on ne semble pas etre préoccupé des pluies et orages de Mai, Juin quand a leurs effets néfastes sur les récoltes de blé!??

(de plus les pluies et orages en Mai et Juin sont nettement plus copieuses et récurrentes dans ces régions a régime pluviometrique continental)

Merci pour votre attention!

[aircraft]

travaillant dans l'agriculture je vais essayer de te répondre...

Les orages de mai et juin sont nefastes à la culture pour tout un tas de raison, la première est la grêle qui sectionne les tiges donc rend impossible la récolte. Dans le même style en cas d'orages le gros problème craint par les agriculteurs c'est ce qu'on apelle le phénomène de "verse". On voit ça partout: des trous se forment dans les champs souvent en cas d'orage avec le facteur du vent et de la pluie forte combinée. Pareil que pour la grêle, y'a perte de rendement.

Enfin non négligeable, le blé et l'orge ont les épis qui se forment en cette saison et un excès d'eau peut conduire à des maladies voire de la germination précoce ce qui n'est pas sans poser de soucis en terme de qualité et de quantité.

En france ce n'est pas que l'on ne considère pas ça comme une catastrophe simplement il y a un dispositif assurentiel qui existe et auquel peut souscrire chaque agriculteur afin de se prémunir d'une catastrophe climatique telle qu'elle soit (par exemple dans le nord est de la france des centaines de milliers d'hectares de blés et d'orge ont été ressemés car détruit par le gel)

voila en espérant avoir répondu à ta question

[nuri mosrati]

Fort merci pour votre réponse

[Lolox]

Il est aussi probable qu'en Tunisie, la nature des sols (je pense que le blé y est cultivé sur des sols très fins) aie pu amplifier les dégâts liés à cette vague orageuse avec des phénomènes d'érosion, voire d'écoulements en nappes /emoticons/wink@2x.png 2x" width="20" height="20">.

Par contre Aircraft, au niveau des gelées de la semaine dernière, est-ce qu'il y a eu des dégâts sur les jeunes pousses de Maïs ?

[thomas49]

Il est aussi probable qu'en Tunisie, la nature des sols (je pense que le blé y est cultivé sur des sols très fins) aie pu amplifier les dégâts liés à cette vague orageuse avec des phénomènes d'érosion, voire d'écoulements en nappes /emoticons/wink@2x.png 2x" width="20" height="20">.

Par contre Aircraft, au niveau des gelées de la semaine dernière, est-ce qu'il y a eu des dégâts sur les jeunes pousses de Maïs (1)

?

Etant agriculteur je peux vous donner quelques précisions supplémentaires.

En plus des informations déjà apportées, on peut également direque de fortes pluies de type orageuses ont un effet direct sur les maladies descéréales (rouille, septoriose,...) L'eau tombant avec une force supérieure qu'une bruine, cette eau rebondit sur les feuilles du bas de la plante. Ces projections contaminent les feuilles supérieures (F1 et F2) qui sont les feuilles les plus hautes sur la tige et donc les plus actives sur le plan physiologique (photosynthèse) de la plante, et très importantes à cette période notamment pour l'épiaison puis le remplissage des grains. La couverture phyto-pharmaceutique ne permet pas une disparition de la maladie de la plante mais stoppe sont développement "vertical", c'est à dire la dissipation des spores des champignons vers le haut. Les feuilles les plus basses continuent leur nécrose tandis que F1 et F2 sont saines et assurent pleinement leurs fonctions. Cependant l'efficacité des traitements phyto-pharmacologiques ont une certaine limite face à la battance des pluies orageuses.

Autre effet d'un apport important d'eau sur une fenêtre temporelle réduite est que les champs se retrouvent inondés (variable selon les qualités pédo-agronomiques du sol). Des champs inondés vont provoquer la nécrose des pieds des céréales entraînant une rupture de l'alimentation de la plante.On notera également la putréfaction des racines lors de conditions pédologiques très humides et particulièrement longues dont les effets sont similaires à ceux précédemment cités.

(1) => Il n'y a des dégâts que sur les maïs les moins en avances (semés plus tard donc encore au stade levée ou des maïs aux indices longs). Au delà d'un certains stade la physiologie (fin de réserve végétative-début alimentation racinaire) du plant de maïs fait qu'il produit plus de glucose et donc abaisse le point de congélation de la plante. On peut noter que certains maïs peuvent présenter des "grillures" qui ne seront pas fatales à la plante mais qui entraîneront un léger retard de développement.

[Lolox]

Merci beaucoup Thomas pour ces précisions

[aircraft]

quand au gel dans les vosges a priori pas vraiment de dégâts signalés sur mais, les gelées n'ont pas été trop fortes par chez nous et les stades pas encore trop sensible...