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L'ancien volcan du Nideck (Vosges) sous la neige, 10 février 2010


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Un petit retour en arrière. Le 10 février dernier je me trouvais en milieu de journée dans la vallée du Nideck. C'est au-dessus d'Oberhaslach, dans les Vosges moyennes du Bas-Rhin.

J'ai garé la voiture au parking du Nideck, en bordure de la rivière Hasel, tout près de l'auberge du Nideck. Il y faisait à ce moment (11h30, heure légale) -4°C (thermo-voiture). Je venais tout juste de trouver de la neige sur la route, un peu après l'auberge de Hohenstein. Le parking et les alentours étaient bien sûr recouverts par la neige, épaisse d'environ deux centimètres. Il neigeait alors, toutefois faiblement. C'était comme à Strasbourg lorsque j'avais quitté la ville. De la neige très légère, constituée de flocons petits qui voltigeaient au gré d'un vent léger. Au sol la pellicule de neige était très peu dense. Assez translucide pour qu'on pût apercevoir le sol ou le tapis de feuilles mortes sous-jacents, par transparence. Ainsi, vu de haut, le manteau neigeux n'était pas si blanc, mais plutôt légèrement gris. Sauf là où, au-dessous de la neige récente, il y avait de la glace, reste de la vieille neige transformée à cause du dernier redoux et du regel récent.

Evidemment le sentier conduisant à la cascade, au fond de la vallée du Nideck, était très glissant, à cause de la glace recouverte par la fine pellicule de neige.

Pendant les trois heures de la balade qui m'a conduit jusqu'au sommet de la cascade, je n'ai pas cessé de voir des flocons tomber sous un ciel de neige. Le ciel était gris, mais pas plombé. Par moment on pouvait même voir un ciel plus clair, à l'occasion de trouées estompées au sein de la couche nuageuse toutefois continue.

La neige, malgré une alternance de conditions, n'a cessé de voltiger. En général il s'agissait de flocons petits et très légers. Insaisissables, pulvérulents, ils étaient faits d'un enchevêtrement de paillettes de glace, très peu dense, bourré d'air et curieusement ébouriffé. Par moment une averse plus importante avec des flocons plus larges et plus rapprochés. Et puis de nouveau cela s'atténuait. Alternances comme cela pendant les trois heures de la balade.

La forêt naturelle sur éboulis que l'on cotoie tout le long du sentier, un des joyaux de cette réserve biologique domaniale, était superbe sous la neige avec toutes ces pierres qui ressortaient, capuchonnées de blanc, et tout ce bois mort ( http://img180.imageshack.us/img180/8108/001vs.jpg http://img180.imageshack.us/img180/6165/003zv.jpg ).

Les falaises au-dessus sont toujours impressionnantes. Certes l'air était un peu trouble, mais le plafond nuageux était assez haut, aussi je n'avais pas l'impression d'être dans une boîte ( http://img180.imageshack.us/img180/8089/004ff.jpg http://img180.imageshack.us/img180/4822/006nn.jpg http://img180.imageshack.us/img180/4826/007ua.jpg http://img180.imageshack.us/img180/5713/013jr.jpg ). Mais je m'imagine que ç'aurait été le cas si le plafond avait été au niveau du haut des falaises ou plus bas.

Bientôt j'étais en vue d'une falaise de porphyre formant un c*l-de-sac au fond d'un cirque rocheux. Lorsque je me suis approché du pied de cette muraille verticale, avec ses parois infranchissables, hautes de soixante mètres, j'ai aperçu la cascade ( http://img180.imageshack.us/img180/7990/015cc.jpg ). Elle était magnifique, avec pas mal de glace, mais pas trop. Aussi elle n'était pas empâtée par la glace. On voyait les masses d'eau se jeter du haut de la paroi, tomber de tout là-haut sur 25 mètres en un large filet vaporeux et s'abattre finalement sur un amas de rocs amoncelés au pied du goulet. De nombreuses stalactites de glace pendaient des rochers éclaboussés par l'eau. A quelque distance une pellicule de neige ornait les roches encadrant ce théâtre aquatique http://img180.imageshack.us/img180/5930/017b.jpg http://img180.imageshack.us/img180/1286/018hu.jpg http://img180.imageshack.us/img180/9356/020fb.jpg ).

Nous sommes dans ce qui reste d'un très ancien volcan, le volcan du Nideck. Celui-ci était en activité il y a environ 250 millions d'années, à la fin de l'ère Primaire (Permien), avec ses épanchements de laves qui se solidifièrent pour donner de la rhyolite et ses nuées ardentes qui se tassèrent sous forme d'ignimbrites. Les roches que l'on peut voir et toucher au niveau des falaises et dans les éboulis en contrebas, partout dans cette vallée dont vous commencez à saisir le caractère extraordinaire, à moins qu'il ne soit déjà connu de vous, sont des témoins émouvants attestant cette activité volcanique très ancienne qui pouvait être catastrophique en cas de coulées pyroclastiques.

Ces roches, de couleurs très chaudes, sont teintées de nuances plutôt rouges. On le voit bien quand elles ne sont pas recouvertes par des lichens ou d'autres végétaux. Les pierres des éboulis, très petites en général, sont aussi très tranchantes. On y voit peu d'énormes blocs de roche, comme ceux formant les chaos de granite des éboulis jonchant les versants du massif du Hohneck, dans les Hautes-Vosges, plus au sud.

Au-delà de la cascade, le chemin est équipé de marches en bois mais aussi de grilles en métal. En effet, à partir d'ici, celui-ci voit sa pente s'accentuer, car il attaque la montée dans les éboulis du Schifferberg ( http://img180.imageshack.us/img180/4634/026v.jpg http://img180.imageshack.us/img180/5113/044ph.jpg http://img180.imageshack.us/img180/7509/045jp.jpg http://img180.imageshack.us/img180/1218/046t.jpg ). Celle-ci aboutit, après de multiples zigzags et un passage très exposé, en corniche au-dessus du gouffre ( http://img180.imageshack.us/img180/9633/047h.jpg http://img180.imageshack.us/img180/1738/027w.jpg http://img716.imageshack.us/img716/2269/028gs.jpg http://img716.imageshack.us/img716/7499/036cb.jpg http://img716.imageshack.us/img716/3946/037ds.jpg ), à l'endroit d'où les eaux se lancent dans le vide.

Autrement dit, ici-même c'est abrupt, mais protégé par des barrières, du reste assez ajourées. Il n'aurait pas fallu glisser sur la glace cachée par la fine pellicule de neige fraîche et être emporté par son propre poids. En effet dans ce cas il y a un fort risque de passer sous les barres horizontales et d'être entraîné dans le vide qui est juste au-delà...

Mais du bord de la falaise, la vue était étendue sur la vallée du Nideck et les versants qui la flanquent ( http://img576.imageshack.us/img576/4334/039v.jpg ). En direction du sud, elle se perdait dans les lointains estompés par la brume et les averses de neige. D'ici je saisissais le caractère très naturel des bois qui forment aujourd'hui l'essentiel de la couverture végétale de cette vallée, à côté d'une maigre végétation, à base de lichens, de mousses et de quelques arbustes, qui pousse sur les parois abruptes. On y trouve notamment quelques ifs et pas mal d'érables. Comme dit plus haut, elle est en réserve biologique domaniale.

Le jour où j'y étais, il n'y avait presque personne dans la vallée et un grand calme y régnait. Par contre elle est très fréquentée à la belle saison, surtout en fin de semaine, où cela devient un vrai pot de miel. Et pour cause. Quand vous voyez la beauté des lieux... Mais heureusement, le site doit inspirer un certain respect, d'après ce que je vois les rares fois où j'y vais. C'est très propre. Ouf! Alors, ce jour, presque personne! Pas étonnant: c'était l'hiver et en plus en semaine. Visiblement peu importait que ce fût en période de vacances de février. Il faut dire qu'il faisait froid, que le sol était recouvert par la neige et qu'en plus il n'a pas arrêté de neiger, même si c'était faiblement. Mais surtout, disons que l'état du sentier qui mène au pied de la cascade et plus haut encore, était à vous décourager, si vous n'étiez pas munis de chaussures qui accrochaient sur la glace.

A la redescente, entre le haut de la muraille et le pied de la cascade, je me suis trouvé à un moment donné en bien mauvaise posture, car le chemin, assez pentu où j'étais alors, présentait en plus un dévers certain à cet endroit. La glace, mise à nu par les pas des quelques qui l'avaient emprunté avant, le rendait encore plus glissant qu'il n'était lors de la montée, alors encore recouvert par la neige fraîche. Pendant trente secondes, je n'ai pas su que choisir. Par où passer? Continuer sur le sentier même ne pouvait que me faire déraper. En effet aucun accrochage efficace n'était possible avec les semelles bien trop souples de mes chaussures de marche, même si c'était du vibram. Et juste au-dessous, c'était l'éboulis de petites pierres coupantes, recouvert par la neige sur une faible épaisseur, et qui filait vers le bas en plan incliné à peu près uniforme, jusqu'au fond du cirque où se trouve le pied de la cascade. Tout en contrebas. Alors j'ai creusé avec une des semelles quelques encoches dans le sol caillouteux mais meuble en bordure amont du sentier. Cela me fit un appui suffisant pour passer un point devenu délicat à cause du temps, mais où en été il n'y a aucun problème pour passer. Bon, la glace, quelle vacherie quand elle se mêle de compliquer la progression du randonneur. Evidemment, dans des conditions météorologiques ressemblantes, il y a bien pire passage à rencontrer ailleurs. Et notamment dans le massif du Hohneck (je pense aussitôt au sentier des Roches), ou, plus loin, du côté des Alpes. Mais où qu'on soit, la glace vive, c'est trop glissant. Et quand la pente s'en mêle, tout se complique. Il n'y a alors plus que les crampons pour assurer un accrochage correct. Et ce jour je n'avais même pas de cannes de rando. Cela peut aider: en piquant dans la glace, on peut obtenir un appui pour une chaussure.

Au Nideck il y a peu d'altitude, disons autour de 400m au pied du tas de pierres où va mourir la cascade et de 550m là où l'eau se précipite dans le vide. Mais ce site est très accidenté, ce qui est évident sur les images mises en lien. Cela est même un peu alpin, compte tenu de la raideur des pentes qui encadrent le fond de cette vallée, avec même, comme on voit, de véritables falaises et des pics.

Au retour au parking, la luminosité était supérieure. En effet la couche nuageuse avait pu s'alléger un peu au cours de la balade. Aussi il ne faisait plus que -2°C à 14h (thermo-voiture).

APN compact (mju 1030 SW d'Olympus).

Bonne lecture à vous.

Edit: restauration de liens 03/06/2010.

Marc.

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Posté(e)
Les Sorinières (44) , Vitry Sur Seine (94)

Derniere photo a couper le souffle default_wub.png Merci default_wink.png/emoticons/wink@2x.png 2x" width="20" height="20">

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La dernière photo est vraiment magnifique w00t.gif

Merci à toi flowers.gif

Bonjour.

Comme tu a dû t'en rendre compte, inopinément mon message est parti vers 19h non terminé. A cause de je ne sais quelle fausse manoeuvre. J'étais à ce moment en plein milieu d'une phrase et il y avait encore beaucoup à écrire. Ce qui fut fait plus tard en soirée.

Tu évoques bien entendu la dernière des photos, mais il s'agit de la dernière de celles que j'ai eu le temps de mettre en lien avant que le message ne s'échappe de façon intempestive. Comme je ne sais plus à quel niveau j'ai été interrompu dans l'écriture, je ne sais pas exactement de quelle image tu parles en citant la dernière.

Je suppose que c'est une image de cascade gelée. En tout je n'en aurai posté ici que quatre, mais en vérité sur place j'ai pris le temps d'en faire plus (une petite quarantaine), même si j'étais alors accompagné et que cela m'a empêché d'y passer plus de temps et de faire notamment des plans plus rapprochés, comme je fais habituellement dans ces occasions.

Merci de me préciser, ce serait intéressant de connaître le numéro de l'image qui t'a spécialement plu.

Marc.

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Dernière photo à couper le souffle default_wub.png Merci default_wink.png/emoticons/wink@2x.png 2x" width="20" height="20">

Merci de répondre.

De laquelle s'agit-il exactement (pour explication, voir: mon message à 'Christophe30' du 15/02/2010 - 02:22). Une image de cascade gelée, je suppose.

Marc.

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Il y avait des volcans dans les Vosges??!default_confused1.gif

On ne peut pas vraiment dire ça.

Mais je dirais qu'au cours d'une balade dans le massif des Vosges on peut tomber sur des roches volcaniques très diverses. Les restes de volcans démantelés y sont aussi très nombreux. Ces appareils volcaniques ont été en activité il y a bien sûr extrêmement longtemps. Mais alors là, il faut raisonner en centaines de millions d'années et en gardant à l'esprit tectonique des plaques et migration des continents ainsi qu'orogenèse, en somme qu'à l'échelle des temps géologiques tout naît, bouge et finit par disparaître, à la surface de la terre. C'était d'ailleurs bien avant l'orogenèse vosgienne effective qui est à mettre au compte de la poussée alpine, relativement récente, qui a provoqué un soulèvement du socle où se trouvaient déjà ces restes de volcans.

A citer: le Permien du Nideck, le massif volcanique de Schirmeck, le bassin permien de Villé et j'en passe...A ce propos voir par exemple: Guides Géologiques Régionaux "VOSGES ALSACE", de J.-P. von Eller, ed. Masson (2ème édition) 1984.

Marc.

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