Cyclone Georges en Guadeloupe en 1998

[chicken78]

Il fait bon vivre en Guadeloupe de décembre à mai : c'est le "carême", l'hiver tropical (nous sommes dans l'hémisphère nord). Le temps est doux (25-30 degrés), les nuits sont fraîches (15-20 degrés), il ne fait pas trop humide, pas de risque de cyclones, les alizés caressent les palmes des cocotiers... Un vrai bonheur.

Au mois de juin, jusqu'en novembre, les choses se gâtent. La saison humide, dite "cyclonique", commence. La chaleur grimpe, (30-35 degrés), l'humidité aussi, l'atmosphère est moite, souvent lourde, le temps plus instable. Les risques de cyclones sont réels, particulièrement dès septembre, et le bulletin météo primordial. Les télés diffusent les consignes à respecter au cas où un de ces monstres soufflant se pointerait ; dans les magasins, on trouve en tête de gondole le nécessaire pour se calfeutrer chez soi en cas d'alerte: gros scotch de déménageur, clous, marteau, serpillières, piles électriques, lampes torches, conserves... Ce n'est pas la psychose, mais six mois par an, on vit ici en sachant que c'est la nature qui commande, et qu'on n'y peut rien si elle apporte le chaos. Cela explique peut-être un certain fatalisme guadeloupéen.

L'année 1998 a été particulièrement chaude, et très agitée. La Guadeloupe a retenu son souffle en voyant arriver LE monstre, ze monster, le cyclone parfait, le cas d'école: Georges. Hugo de sinistre mémoire avait tout détruit en 1989, en balayant la Guadeloupe de plein fouet. Georges s'annonçait pire... Imaginez: des vents de 300 km/h, un tourbillon de plusieurs centaines de kilomètres, Georges arrivait du sud de l'Afrique où il est né, tambour battant, en plein dans l'axe de la Guadeloupe.

A ce stade, Georges est un phénomène de classe 4 à 5, un monstre d'une puissance inouïe, de forme presque parfaite, avec un oeil superbe au milieu. Et les Antilles le voient venir avec une certaine appréhension...

Arrive Dimanche 20 Septembre ! Le cyclone se rapproche, l'alerte 2 est déclenchée !

Mais après avoir stagné une journée aux portes de l'archipel, coup de théâtre: Georges a perdu de l'intensité. Il est toujours dangereux mais ce n'est plus le monstre de classe 4 voire 5 que la météo prévoyait. On ne voit plus son oeil, il n'est alors plus "que" de force 3, avec des vents de l'ordre de 150 à 200 km/h maxi. Pendus aux postes de radio, les Guadeloupéens se préparent à passer une nuit moins terrible que prévue.

Finalement, Georges est passé dans la nuit du 20 au 21 septembre au plus fort au nord de la Guadeloupe (vers 22h30). Les dégâts se sont résumés à quelques toits envolés, quelques arbres arrachés, et des plantations de bananes couchées. Pas de victime, pas de chaos. Ouf.

Malheureusement, l'ouragan a repris de l'intensité pour aller dévaster par la suite Haïti et Saint-Domingue. Après avoir touché le sud de la Floride en épargnant relativement Cuba, il est allé menacer la Louisiane avant de mourir au sud des Etats-Unis.

[chicken78]

Allez, je profite d'un petit mouvement de grève à mon lycée pour vous conter tout ça.

Donc j'avais 9ans1/2 quand arrive Septembre 1998..

Georges nait dans le Golfe du Niger début Septembre 1998.. Une naissance à de un tout petit peu plus basses latitudes qui le profile alors dès sa naissance comme une menace directe pour l'archipel de l'arc Antillais.

Je me souvien, que dès que les services météo ont vu que cette dépréssion tropicale est passée au stade de tempête tropicale, les médias commençaient déjà à prevenir d'un risque pour la Guadeloupe..

Au fur et à mesure que Georges évoluait en se renforçant et se dirigeant vers l'arc Antillais, les médias commençaient de plus en plus à s'alarmer, d'autant plus que les prévisions de trajectoire ne semblaient guère être en notre faveur.. Georges se dirigeait DROIT sur nous !

Avant même que le niveau d'alerte soit déclenché, mes amis Guadeloupéens commençaient déjà à aller faire un petit stock de prévisions de nourritures et de planches etc etc.. (on était encore au stade de Pré-Alerte Cyclonique). Georges faisait la une de tout les journaux télévisés .. je m'en souvien très bien ! A chaque début de journal les médias faisaient un point sur l'évolution de Georges. Jusqu'au jour où en tout début de journal la présentatrice dit: "Georges cyclone de classe 4! Le cyclone Georges est cette après-midi passé en classe 4 avec des pointes à 250km/h. PRUDENCE, ce cyclone frôle la classe 5 et sa trajectoire semble continuer à le diriger vers notre archipel. Petit point sur cet évènement de ..[...]" Là j'ai sentis en moi un sentiment de joie à connaitre un cyclone mais aussi un très gros sentiment d'apréhention puisque la valeur des rafales me faisaient peur et l'énorme tourbillon que je voyais s'animer à la télé m'impréssionait et me donnait la chair de poule .. (ça sera un des points que je n'oublierai JAMAIS !).

Le lendemain ( le 19 Septembre je crois bien) J'allais à l'école. Pendant que je marchais, j'entendais des coups de marteau ça et là. A l'école, ma prof de primaire ne céssait de nous rappeler quelques consignes de sécurité en cas de cyclone. La peur mélée à de l'excitation ne cessait de monter en moi. Je rentrais chez moi et là j'allume ma télé et que vois-je ! "FLASH SPECIAL CYCLONE" Au fond de moi-même je me suis dis "C'est mauvais signe". Le flash ne cessait de répéter que Georges atteignait presque la catégorie 5 ! Il était aussi puissant que le cyclone Hugo ( dévastateur en Guadeloupe en 1989) et sa trajectoire le menait droit sur nous. Les première consignes de recomandations furent données par les média à partir de ce moment là. J'avais l'impression que la vie en Guadeloupe s'accelerait.

Le lendemain ( le samedi 20) quand j'ai été en cours pour le matin, j'ai entendu ces coups de marteau comme la veille plus nombreux. Tout le monde s'animait l'exression du visage pas très joyeuse tout de même.. Moi je me suis rendu à l'école. Après un début de matinée tranquille, vers 10h30 la sonnerie d'alarme de l'école retentie vivement ! La directrice passe dans les classes nous expliquant que les enfants doivent rentrer chez eux car le niveau d'alerte cyclonique a été renforcé sur l'archipel il y avait déja quelques minutes. Toutes les écoles étaient donc évacuées, les administrations aussi. Le vie en Guadeloupe à partir de ce moment là s'arreta. Moi je sortais de l'école et j'attendais que ma mère vienne me chercher. ça me faisait très bizarre de voir tout le monde retourner chez eux si tôt. Bientôt la rue devant l'école devint déserte et moi je me demandais regardant le ciel si limpide et lumineux comment un tel monstre pouvait arriver avec un tel temps ! Oui j'étais encore crédule. lol De retour chez moi, je me souviens que lors du repas du midi, ma mère a demandée à mon père: "Mais il fait si beau ! c'est bizarre qu'ils annoncent un cyclone le ciel est si limpbie, on croirait pas qu'un cyclone puisse arriver" et mon père a répondu perplexe: "Pour Hugo apparement, il faisait encore plus beau et plus chaud ! ..". L'après midi même, on a appris que Georges stagnait à nos portes de l'archipel par un communiqué spécial à la TV. On est donc allé voir au port du village on a sorti notre bateau de l'eau à l'aide de d'autres pêcheurs. (J'ai d'ailleurs pris des photos que vous pouvez voir un peu plus au dessus). De retour à la brigade où je vivais, comme j'ai vu qu'il faisait très beau, je suis sortis jouer dans la cour avec une voisine de palier de mon age à peu près. On a joués jusqu'à la fin d'après midi car de gros nuages commençaient à arriver par l'Est ! On a compris que c'était l'heure du début d'une longue nuit. On s'est dis au revoir et sommes rentrés chez nous. Moi ne résistant pas à l'envie de regarder ce qui arrivait, j'ai ouvert les volets de ma chambre et j'ai regardé ces gros nuages très grands et gros arriver. Le vent se levait doucement mais surement ! Je me suis fais grondé par ma mère donc j'ai refermé ma fenètre.

Nous avons mangé dans le calme et avec la lumière (vers 19h) le vent était très modéré dehors ! Nous étions au dernier étage du batiment donc on entendait le vent et sur les volet et sur le toit ! On avait encore l'électricité.. Seulement au moment où je me suis douché vers 19h30 PAF plus d'éléctricité ! D'un coup ! Je me suis trouvé bien embêté dans le noir ... lool Mais je m'en suis sorti ne vous inquiétez pas lol. Le vent dehors commençais à mugir.

Vers 20h, on a réussis à se brancher sur le groupe éléctrogène du batiment, et du fait on a regardé tant bien que mal les infos de 20h de métropole (de TF1). On a vu qu'ils en parlaient trèèèès vite fait du cyclone ... "La guadeloupe vit en ce moment le passage du cyclone Georges de classe 3.." voilà c'est tout .

Mais vers 20h45 le groupe éléctrogène a été coupé pour des économies, donc on s'est éclairés à la bougie. Des amis de palier sont venus jouer à la belote. Moi je me suis couché. Mais j'ai quand même laissé la porte de ma chambre ouverte car le bruit que faisait le vent sur mes volets de chambre me térrifiaient. J'écoutais quelques minutes une radio à pile en captant tant bien que mal, et j'ai pu entendre des infos sur le cyclone et notamment que l'oeil du cylone( Ou du moins ce qu'il en restait lol) passerait vers 22h30 à quelques kilomètres de là où je vivais. Il était 2h.. Seuelement pour moi j'étais trop crevé et bien que je voulais entendre le maximum des vents, le sommeil l'a emporté et je me suis endormi sous les mugissements du vent contre mon batiment, contre les arbres, les autres maisons, contre mon île d'acceuil toute entière..

[...]

Je me suis réveillé vers 3h00 du matin ! Mon père devant se lever pour enclencher en tant que responsable de la brigade regulièrement le groupe éléctrogène situé dehors dans un local est sorti et m'a par la suite raconté que dehor c'était l'enfer, les pierres vlotigeaint de partout. Les feuilles encore plus et la pluie ! la pluie absolument violente ! des trombes d'eau ! des trombes ! Moi j'éssayais tant bien que mal à me rendormir, mais la pluie et le vent faisaient dehor un bruit très bizarre ! On aurrait dit un milcheek que l'on secouait sans cesse et violemment en plus! ça me faisait presque peur ! (on était là dans la deuxième partie donc du cyclone avec Vent+ pluies dilluviennes)Mon coeur palpitais ! Mais le sommeil m'a ratrappé et je me suis rendormi jusqu'au petit matin.

Au matin, je me suis un peu réveillé tard (vers 9h) donc j'ai seulement vu la fin des déblaiements ( à la brigade ! ) Les gendarmes ramassaient les feuilles, les branches ou coupaient quelques branches d'arbre un peu amochées. Quelques heures plus tard, les traces qu'avaient laissé Georges avaient disparues. Dans le village, quelques toits s'étaient envolés (juste les plus fragiles) mais pas de dégats majeurs ont été observés à Port-Louis (village du Nord Grande Terre où j'habitais). En Guadeloupe en général, quelques toits s'étaient envolés, des feuilles et branches jonchaient le sol, et les banaeraies étaient couchées. Tels étaient les principaux dégats qu'à occasionné Georges en Guadeloupe.

Voilà voilà Voici quelques photos complémentaire et mon récit est terminé.

Voici une animation que j'ai trouvé sur le net apparement du cyclone Georges. Je n'ai pas pu trouver le lieu exact où a été tournée cette anim, mais elle rend compte de la violence de Georges (même si ce cyclone a considérablement régrèsser en intensité en abordant les Caraibes):

[chicken78]

Annexes:

Le cyclone Georges juste après son passage sur la Guadeloupe

Préparation et protection des façades avant l'arrivée du cyclone

La végétation à énormément souffert à Saint-Martin

Certains pylônes électriques n'ont pas été épargnés.

La préssion mini enregistré du cyclone Georges est de: 937HPA !

J'ai oublié de dire aussi que lorsque Georges étaient encore sur l'Atlantique dans sa pleine puissance, une mission par avion a été envoyée dans l'oeil de ce monstre. Paraitrait-il que cette mission aurait laché une bombe dans l'oeil de Georges qui aurait alors déstabilisé le sens de rotation des vents et ainsi aurait permis à Georges de s'affaiblir par la suite ... à confirmer .. :?

[chicken78]

Dossier finish

[paparazzi]

Un dossier fort intéressant !

Ca doit être une expérience inoubliable, aussi terrifiante que palpitante...

Expérience dont les métropolitains ont eu un petit aperçu en décembre 99 /emoticons/wink@2x.png 2x" width="20" height="20">

En tout cas, malgré (et heureusement) des dégats limités, l'image sat avait de quoi faire flipper, surtout quand on sait qu'on est pile sur la trajectoire... Quel monstre !