florent76 Posté(e) 10 février 2006 Partager Posté(e) 10 février 2006 Dans les librairies, le réchauffement climatique est dans l'air du temps LEMONDE.FR | 10.02.06 | 15h56 • Mis à jour le 10.02.06 | 16h03 Sur le site de vente en ligne Amazon.fr, dans la catégorie fantastique et science-fiction, le numéro un des ventes n'est pas un grand classique du genre. C'est Etat d'urgence, de Michael Crichton, sorti le 12 janvier 2006. Et si le réchauffement climatique sert de toile de fond à ce thriller consacré à un complot politico-terroriste, ce n'est pas un hasard : le roman est "dans l'air du temps". Depuis deux ans environ, les essais, romans et ouvrages de vulgarisation consacrés aux bouleversements climatiques se multiplient. 20TH CENTURY FOX, Une scène du film "Le Jour d'après", de Roland Emmerich, sorti en 2004. On comprend l'intérêt grandissant pour ce sujet, si l'on se base sur les conclusions du Rapport secret du Pentagone sur le changement climatique de Peter Schwartz et Doug Randall, publié en France au mois de janvier. Un rapport "aux conclusions si alarmantes que les plus hautes autorités ont tout fait pour l'étouffer", assure l'éditeur en quatrième de couverture. Et effectivement, si l'on en croit les auteurs, l'apocalypse climatique décrite à grands renforts d'effets spéciaux dans le "blockbuster" hollywoodien, Le Jour d'après, est proche : après des années de réchauffement climatique, ils envisagent un brusque refroidissement du climat dès 2010. Les conséquences seraient terrifiantes : plusieurs grandes capitales européennes se retrouveraient sous les eaux. Mais les scientifiques ne sont pas les seuls à se pencher sur les conséquences des perturbations climatiques, les auteurs de science-fiction s'efforcent également de les imaginer. LE RETOUR D'UN THÈME OUBLIÉ Dans les années 1970, les bouleversements climatiques étaient un thème courant des romans de science-fiction. Sur les traces des mouvements écologistes naissants, hérités de la contre-culture des années soixante, les romanciers américains s'attaquent au réchauffement climatique ou à la désertification. L'un des romans majeurs du genre, Dune, de Frank Herbert, se situe sur une planète éponyme qui n'est qu'un vaste désert, et dont les habitants luttent pour mettre en place un système de contrôle climatique qui leur amènera cet événement mythique : la pluie. Mais alors que la science-fiction traverse une crise d'identité, le thème perd de sa popularité. Pendant une vingtaine d'années, peu de romans l'abordent, et aucun d'entre eux n'atteint les chiffres de vente de Dune. Mais depuis deux ans, le thème de l'apocalypse climatique connaît un regain d'intérêt, sous l'impulsion de la star de la science-fiction Kim Stanley Robinson, auteur du Cycle de Mars. Avec Forty Signs of Rain, premier roman d'une trilogie annoncée, il décrit la lente évolution d'un monde qui s'avance vers une catastrophe climatique majeure. Le deuxième roman de la série, Fifty Degrees Below, qui s'ouvre sur la fonte des glaces polaires et la catastrophe qui s'ensuit, doit sortir lundi prochain aux Etats-Unis. Le Monde.fr Source : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-...1-690189,0.html Florent. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
Alain Coustou Posté(e) 13 février 2006 Partager Posté(e) 13 février 2006 A propos de romans portant sur le réchauffement climatique : Une petite surprise pour les participants à InfoClimat: Le prologue et les deux premiers chapitres de mon prochain roman (Eh oui, j'écris aussi un peu de SF sous le pseudo d'Alain Castelbord). Le temps, le climat et le prototype de tour aérogénératrice y jouent un rôle important et je me suis fort amusé à y mettre en scéne mon hypothétique descendant du 27ème siècle... Mais ce n'est que de la Science-Fiction. Voici donc le début de "La tour du Kalahari" : LA TOUR DU KALAHARI Roman par Alain Castelbord Prologue – Un monde convalescent… Dans le monde qui est le notre, les mesures nécessaires pour maîtriser la dérive climatique ont été prises bien trop tardivement pour permettre d’éviter une catastrophe au cours du 21ème siècle. Pourtant de nombreux savants avaient tenté d’alerter les autorités sur la gravité réelle de la menace. Ainsi – pour ne citer qu’eux – les Américains James Hansen, Peter Ward, Dan Dorritie et surtout le Français Alain Coustou avaient bien pris l’exacte mesure du danger. Leurs avertissements avaient malheureusement été le plus souvent ignorés, quand ils n’avaient pas fait l’objet de sarcasmes imbéciles, de menaces ou de tentatives d’intimidation comme celles que certains climatologues américains avaient subi de la part de la criminelle administration du Président Georges W. Bush de sinistre mémoire. Pourtant, les connaissances techniques existaient déjà, qui auraient dû permettre, sinon d’empêcher complètement le désastre, du moins d’en réduire fortement la gravité. En particulier, en France, l’ingénieur niçois Guy Nègre avait mis au point dans les dernières années du 20ème siècle un remarquable moteur fonctionnant à l’air comprimé. Mais il s’était heurté à l’opposition des lobbies que son invention inquiétait. Quant à Alain Coustou, associé à son ami Paul Alary, il avait conçu un très efficace système destiné à produire de l’électricité à bas coût et sans la moindre émission de gaz à effet de serre. Ce système combinait dans une structure unique plusieurs forces et effets naturels et des basses calories en provenance de l’industrie, des centrales électriques classiques ou de la géothermie. Malheureusement, les premières « tours aérogénératrices » – tel était le nom de l’invention de ce chercheur infatigable – avaient été construites bien trop tardivement. Néanmoins, leur contribution à la production d’une énergie totalement propre avait probablement permis d’éviter la destruction totale de l’humanité et peut-être la disparition de la vie sur notre planète. La catastrophe s’était produite en plusieurs étapes dans une succession inexorable d’événements. A partir du milieu de la décennie 1970, l’influence de l’augmentation de la concentration atmosphérique en gaz à effet de serre avait commencé à prendre le pas sur les conséquences des variations cycliques de l’activité solaire. Ce fut le premier seuil climatique. Un deuxième seuil climatique fut franchi une trentaine d’années plus tard. Pendant l’été 2005, ainsi qu’Alain Coustou l’avait lui même pronostiqué quelques mois auparavant, la superficie de la banquise arctique s’était trouvée amputée d’une année sur l’autre d’une surface supérieure à celle de la France. Dans les toundras de Sibérie, d’Alaska et des territoires du Grand Nord canadien, des millions de kilomètres carrés de permafrost dégelèrent pour la première fois depuis plus de dix mille ans et commencèrent à se transformer en fontaines de méthane, aggravant ainsi très vite le réchauffement climatique et participant à l’élévation du niveau de la mer. Le mois de septembre qui suivit fut en moyenne le plus chaud jamais enregistré sur notre planète. Et ce ne devait être là que le début de ce qui allait aboutir à un désastre planétaire. En même temps, le nombre et la violence des tempêtes et des cyclones et des tornades s’accrut catastrophiquement, causant d’énormes dégâts aux Etats-Unis eux-mêmes. Sinistre retour de bâton pour le pays dont le président avait refusé la ratification des pourtant bien timides accords de Kyoto qui auraient pu donner à l’humanité le temps de réagir avant la catastrophe en limitant les émissions de gaz à effet de serre. Mais la condamnation de l’ex-président américain pour crime majeur contre l’humanité, quand elle survint quelques années plus tard, ne put plus rien pour arranger les choses. Dans les années suivantes, la situation se dégrada en effet de plus en plus nettement. En 2012, il devint évident qu’un point de non-retour avait été franchi quand, un peu partout dans le monde, les forêts cessèrent de fixer efficacement le gaz carbonique. Les sols se comportèrent eux aussi sans cesse plus massivement en fontaines de carbone en raison du développement de la fermentation bactérienne de l’humus, provoqué par le réchauffement. Simultanément, le « puits de carbone » océanique perdit la majeure partie de son efficacité avec l’accroissement de la température des eaux de surface et l’acidification des océans. C’est alors que fut enfin décidé le remplacement progressif partout dans le monde des centrales thermiques par des tours aérogénératrices et celui des véhicules terrestres utilisant des carburants classiques par des voitures dotées de moteurs électriques ou à air comprimé. Mais il était déjà trop tard pour éviter totalement la catastrophe. Celle-ci était devenue inéluctable en raison du temps perdu à cause de l’irresponsabilité de certains dirigeants, de la rapacité de nombreux industriels et de l’inconscience de la majorité de la population. En 2019, ce fut la quasi-totalité de la banquise arctique qui disparut à la fin du mois d’août, accélérant le réchauffement de l’hémisphère nord. Les années suivantes, ce réchauffement se transmit peu à peu à la masse des eaux océaniques. Celles-ci se dilatèrent et leur niveau monta de plus en plus rapidement, au grand dam des Etats insulaires et des régions côtières. L’accélération du recul des glaciers, suivie de plus en plus souvent de leur disparition totale, se généralisa, sauf au cœur du continent antarctique, ce qui aggrava encore l’expansion des océans. Puis, en 2024, les gisements de clathrates – les hydrates de méthane gelés qui constituaient alors de gigantesques gisements en bordure des plateaux continentaux – commencèrent à faire éruption de plus en plus massivement, provoquant de monstrueuses déflagrations, des tsunamis et un emballement désormais mortel de l’effet de serre. En quelques dizaines d’années, près de huit milliards d’humains périrent horriblement dans l’hémisphère nord et dans les régions tropicales, devenus totalement impropres à la vie. Seuls subsistèrent difficilement quelques millions de personnes, réfugiées sur les franges du continent antarctique et dans l’extrême sud de l’Amérique latine. Un siècle plus tard, la Terre acheva tout de même de recycler la majeure partie du méthane et du gaz carbonique atmosphériques et la température chuta. Au « Grand Chaud » succéda alors le « Grand Froid », une courte période glaciaire qui devait encore amplifier la disparition de la très grande majorité de ce qui restait des espèces vivantes. Il s’en fallut de vraiment très peu que toute vie disparaisse de la Terre. Lorsque notre planète retrouva un climat à peu près « normal », la nature était extrêmement blessée. L’écosystème était considérablement appauvri. Plus de quatre-vingt-dix-neuf pour cent des espèces animales et végétales avaient disparu de la surface de la Terre et la vie ne subsistait plus que dans une partie de l’hémisphère sud. Quant aux océans, maintenant privés d’oxygène, ils n’étaient plus que des déserts biologiques en dehors des zones les plus proches du continent antarctique et de quelques unes des fosses océaniques les plus profondes. Presque complètement anéantie, l’humanité était exsangue. Il lui fallut plusieurs siècles pour retrouver un effectif de quelques dizaines de millions de personnes et un niveau technologique comparable à celui qu’elle avait connu au début du vingt-et-unième siècle. En décembre 2604, au « moment » où débute ce récit, la population terrestre compte encore à peine soixante-quatorze millions d’habitants, tous résidant dans l’hémisphère sud. Toutefois, la dure leçon a porté et la société s’est technologiquement reconstituée sur la base d’activités véritablement respectueuses de l’environnement. Quand aux laboratoires de recherche considérés comme à risque, ils ont par précaution été implantés dans les zones sans vie des déserts de Namib et du Kalahari. Chapitre Premier – Le labo dans le désert Désert du Kalahari, Terre an 2604. Le paysage désolé au sol totalement stérile et brûlé par le soleil s’étend à perte de vue. Des pierres, de la latérite et du sable sur lesquelles la maigre végétation d’avant le « Grand Chaud » n’a pu encore commencer à reprendre pied. Pourtant quelques bâtiments, éparpillés entre les collines pierreuses de cette région centrale du Kalahari, abritent une petite population humaine comportant une forte proportion de scientifiques. Ceux-ci ont choisi d’accepter les dures conditions de la vie dans le désert afin de pouvoir mener leurs recherches en toute sécurité. A l’écart du petit quartier d’habitation, un long bâtiment blanc sans étage, flanqué d’un dôme en béton d’une trentaine de mètres de diamètre et seulement identifié par un numéro. Il s’agit en fait d’un complexe consacré à l’étude des interactions entre le temps et certaines particules sub-atomiques. Un homme d’une quarantaine d’années et de haute taille, au teint bistre, au nez légèrement busqué, au regard ardent sous des sourcils touffus, aux cheveux poivre et sel taillés en courte brosse, vient de descendre d’un véhicule à air comprimé et pénètre dans le laboratoire, suivi de deux jeunes gens, une jeune femme et un homme, vêtus comme lui de combinaisons vertes. Kardian Coostou, le physicien, a apporté dans un sachet étanche et stérile l’objet choisi pour servir de cible à une expérience totalement inédite. Il a tenu à n’être accompagné que par les deux assistants en lesquels il a le plus totalement confiance. Ils seront chargés de contrôler le fonctionnement du générateur de tachyons et du condensateur, ainsi que de l’ensemble des dispositifs d’enregistrement. ------oooOooo------ Une heure a été consacrée aux préliminaires de l’expérience et celle-ci est maintenant lancée. Le léger bourdonnement émis par le volumineux appareillage qui occupe toute la périphérie du local circulaire vire progressivement vers les aigus puis devient inaudible en atteignant le registre des ultrasons. Au centre du dôme, le savant se penche sur un curieux assemblage métallique surmonté de coupelles emboîtées. Kardian Coostou jette un coup d’œil aux quatre moniteurs, inclinés à quarante cinq degrés, qui flanquent le dispositif. Deux d’entre eux affichent une série de lignes fluctuantes, les deux autres des colonnes de nombres dont les derniers chiffres évoluent à toute vitesse. Ses deux assistants l’observent d’un regard inquiet à travers les hublots de synthoverre blindé, depuis le corridor torique qui entoure la chambre d’essai… Le savant s’adresse à eux à travers son micro de poitrine. - Tout va bien, la convergence est proche. Et le supracondensateur ? - A cinq minutes du point de déclenchement, Ser Coostou. Et l’accélérateur de particules est prêt à délivrer le faisceau de tachyons confiné magnétiquement dans le tokamak. Tout se déroule exactement selon vos instructions. Mais nous nous inquiétons de vous voir rester dans le champ du déphaseur temporel, si près du point de convergence… Le grand homme maigre au front dégarni a un rire indulgent. - Rassurez-vous, mes amis. Je cours peu de risques, je vous l’ai dit. La convergence se concentrera sur la cible et je ne devrais ressentir que faiblement la distorsion du continuum temporel… Et puis je préfère me rendre compte par moi-même. C’est tout de même la première tentative de déplacer dans le temps autre chose que de simples particules ! Kardian a un regard pour l’objet qu’il a amené avec lui. C’est sur lui que le faisceau de tachyons relativistes convergera dans quelques minutes. En première apparence, ce n’est pas autre chose qu’un vulgaire tesson de céramique ébréché et dépoli, maintenant placé en lévitation au dessus de l’anneau supraconducteur surplombant l’empilement de coupelles métalliques. Mais il s’agit d’une relique archéologique âgée de près de six siècles. Elle date d’avant le « Grand Chaud », le désastre climatique qui avait bien failli anéantir toute vie sur terre entre 2030 et les premières années du vingt-deuxième siècle, marqué lui par le « Grand Froid », presque aussi catastrophique. Si l’expérience réussit, l’information incluse dans le tesson fera un aller-retour sous forme de tachyons jusqu’à l’instant lointain de sa fabrication. Le tesson laissera alors instantanément place à une céramique fraîchement sortie du four. Un tel succès signifierait qu’il serait possible de restituer à n’importe quel objet son état d’origine à partir d’un simple débris. Et de reconstituer ainsi de nombreux témoignages perdus de la civilisation antérieure à la catastrophe climatique. Sur les écrans des moniteurs, Kardian remarque que les lignes fluctuantes tendent maintenant à se confondre, tandis que le compte à rebours indique T-113 secondes. Tout paraît donc se dérouler conformément à ses prévisions. Le savant a alors une pensée pour son lointain ancêtre, Alain Coustou, dont l’invention des tours aérogénératrices n’avait pas été prise en compte suffisamment tôt pour permettre de réduire la dérive de l’effet de serre quand il en était encore temps, dans les toutes premières années du vingt-et-unième siècle… C’est à dire approximativement à l’époque d’où provient le tesson. T moins 9 secondes. Moins 8, moins 7… moins 1, zéro ! Un rayonnement bleuté envahit la pièce, accompagné d’une forte odeur d’ozone. Kardian se sent pris comme dans un étau, puis un éclair éblouissant et une onde de chaleur le frappent, instantanément suivis d’un noir absolu. Sa dernière pensée est un regret informulé pour l’échec de l’expérience. ------oooOooo------ La conscience lui revient par vagues douloureuses qui lui semblent se répandre à travers chaque atome de son corps. Impression d’être passé dans une concasseuse… Puis une sensation de brûlure diffuse sur la joue et sur le front. Plus étrange encore, une autre sensation, celle d’une myriade de toutes petites pattes qui parcourent son épiderme, celle aussi de milliers de minuscules morsures… Kardian ouvre les yeux et se redresse. Sans jamais en avoir vu, il identifie la cause de son malaise. - Une fourmilière ! Je suis sur une fourmilière ! Mais il n’y a plus de fourmis dans ce désert depuis des siècles ! Il saute sur ses pieds, arrache ses vêtements et se secoue. Il jette alors un coup d’œil autour de lui. - Je suis toujours dans le Kalahari, mais où est le labo ? Il n’a pas sauté, je serais mort. D’ailleurs, il n’y a pas le moindre débris…Rien. Personne non plus. Seulement ce vase…Nom d’un… ! Kardian vient d’identifier un vase qu’il a aperçu à quelques pas de lui et dont la présence lui a parue incongrue l’espace d’une seconde : c’est le tesson de céramique. Mais il est maintenant complet… et neuf. Le savant l’examine et réalise : - L’expérience n’a pas échoué. Elle ne s’est seulement pas déroulée comme prévu. La cible a bien reculé de six siècles mais j’ai été entraîné dans la phase temporelle…et je me retrouve dans un lointain passé, probablement au temps de mon ancêtre Alain Coustou…Une époque où on pouvait sans doute trouver encore des fourmis dans le Kalahari. Et je crois que j’ai attrapé un coup de soleil sur la joue. J’ai du rester inconscient un bon moment… Un regard circulaire. Autour de lui, le désert rocailleux avec quelques rares végétaux inconnus de lui. Au loin, des collines rocheuses au relief familier perdues dans la brume sèche. - Selon toute apparence, il s’agit des premiers contreforts des monts Nkolbikoé, ceux-là même que j’apercevais depuis le labo … Mais nulle part de traces de ce dernier. Ni de mes assistants. Je dois réellement être au début du vingt-et-unième siècle…Mon Dieu ! Je suis perdu dans le temps ! Et mes amis… mes assistants… Ils doivent me croire mort… Le savant frémit et tente de surmonter le début de panique qui l’envahit à l’idée de se retrouver ainsi bloqué – et peut-être sans espoir de retour – dans le lointain passé d’une planète alors sur le point d’être ravagée par un processus de réchauffement climatique tragiquement incontrôlable. Il presse de ses doigts ses tempes douloureuses, s’efforce de respirer plus calmement et se reprend. - Je ne peux pas rester ici. Mais il faut d’abord que je m’oriente. Le naufragé du temps avise un monticule rocailleux d’une vingtaine de mètres de hauteur et entreprend de l’escalader sous le soleil brûlant, après avoir secoué sa combinaison pour la débarrasser des dernières fourmis avant de la remettre. Du haut de la petite éminence, il avise un long ruban gris foncé à moins de deux kilomètres et grommelle : - Une route bitumée! Bizarre… Il n’y avait rien de tel près du labo… J’ai quand même de la chance, j’aurais pu me retrouver loin de toute présence humaine. Mais comment vais-je être accueilli ? Débarquer au milieu d’ancêtres tellement sauvages et inconscients qu’ils n’ont rien fait pour éviter la catastrophe climatique qui allait tuer leurs enfants… Kardian secoue la tête, redescend de son observatoire et ramasse le vase de céramique. Puis il se dirige vers la route qu’il a repérée. Vingt-cinq minutes plus tard, il arrive au bord du ruban d’asphalte et entreprend de le suivre en direction du nord, vers les collines rocheuses à peine visibles dans la brume du lointain. - J’espère que je vais rapidement trouver de l’aide…et de l’eau. Sinon je ne tiendrai pas longtemps sous ce soleil… Chapitre Deux – Une rencontre inattendue Désert du Kalahari, le 12 décembre 2007. Un coup de klaxon. Le voyageur temporel sursaute et se retourne. Un véhicule blanc, étonnamment silencieux, conduit par un chauffeur africain en uniforme, accompagné d’une jeune femme noire, s’arrête à son niveau. Derrière eux il entrevoit deux passagères, à peine visibles derrière les vitres fumées. Une des vitres de l’arrière s’abaisse et un joli et clair visage féminin s’encadre dans l’ouverture. Une apparition qui paraît angélique au naufragé du temps. - Monsieur, que faîtes-vous ici ? Vous vous êtes égaré ? Vous avez eu une panne ? - On peut dire ça, mademoiselle, réplique doucement Kardian à la délicieuse apparition, soulagé de l’entendre s’exprimer dans une langue proche du worldglish universel en vigueur dans le monde du vingt-septième siècle. Sans aucun doute l’anglais primitif parlé au début du 21ème siècle dans une grande partie de l’Afrique australe… Dieu soit loué ! Je me voyais mourir de soif ou d’insolation dans ce désert… - C’est vrai que vous semblez perdu. Vous n’êtes pas d’ici ? D’où venez-vous, monsieur ? - De mon labo, répond instinctivement Kardian, avant de réaliser que « son » labo n’existe pas encore dans ce très lointain passé. - Ah, vous venez de Nkolwienn ! Bien sûr ! Vous devez être un des chercheurs nouvellement recrutés…C’est pour cela que je ne vous connais pas encore. Mais ne vous a t’on pas prévenu que le Kalahari est dangereux pour un voyageur isolé et sans eau ? Montez ! Nous allons vous ramener, c’est notre direction. Elle se retourne vers l’autre passagère, une très jolie Noire aux yeux en amandes, vêtue d’une robe légère et colorée. - Joan chérie, pousse-toi un peu, nous allons faire un peu de place à coté de nous pour ce monsieur ! - Merci Mademoiselle, s’empresse de dire Kardian, qui pense qu’il aurait pu bien plus mal tomber et qu’il ne peut de toute manière pas rester seul dans cette désolation minérale. Et puis, sa si séduisante interlocutrice ne s’est pas étonnée quand il a parlé de laboratoire… Y aurait-il un centre de recherche près d’ici, en plein milieu du grand désert d’Afrique australe ? Dans un continent qui était particulièrement arriéré six siècles avant son époque, d’après ce qu’il croit savoir… Bah, il verra bien… Kardian regarde la jeune fille qui l’a fait monter dans le véhicule climatisé et silencieux. La plus jolie personne qu’il aie jamais rencontrée, pense t’il. Une ravissante demoiselle à la lumineuse peau dorée, aux cheveux blonds et aux immenses yeux verts dans lesquels il lui semble se perdre. Vêtue d’un chemisier et d’un short blancs presque indécents qui laissent deviner les formes parfaites de son anatomie. De longues jambes couleur de rhum… Une métisse particulièrement claire ou une quarteronne. Elle le dévisage d’un air à la fois intrigué et amusé, sans doute consciente de l’effet qu’elle exerce sur cet homme quelque peu bizarre. - Comment vous appelez-vous ? Si vous êtes un nouveau chercheur de Nkolwienn, nous serons sans doute amenés à nous rencontrer… - Kardian Coostou. Je m’appelle Kardian Coostou et je suis effectivement chercheur. Mais j’ai l’impression…l’impression d’avoir…oublié le tout le reste. Je ne savais plus où j’allais… - Vous avez du être victime d’un coup de chaleur, M. Coostou… – Elle lui touche doucement le visage de la main et ce contact fait frémir le savant – Pourtant vous ne semblez pas avoir de fièvre. Vous avez quand même une brûlure sur une joue et un sacré coup de soleil sur la tête ! C’est très imprudent de vous être aventuré en cette saison tout seul en plein désert. Et qui plus est en plein milieu de la journée. Vous avez de la chance que nous vous ayons rencontré alors que vous étiez à près de vingt kilomètres de la cité. Mais vous devez être mort de soif…Nicky ! – Elle s’adresse à la jeune femme assise à coté du conducteur en uniforme – Fais passer de l’eau à notre passager. La jeune Noire – une fille de vingt-six ans environ, au teint chocolat et à la chevelure tressée agrémentée de perles multicolores, lui tend avec un sourire un gobelet et une bouteille d’eau minérale qu’elle a retirée d’un sac isotherme posé à ses pieds. Kardian accepte avec reconnaissance et se désaltère longuement. - Merci. Je commençais à avoir extrêmement soif. Merci de tout cœur mesdemoiselles. Sans vous je n’allais plus tenir bien longtemps. - Ne buvez pas trop vite, vous étiez sûrement déjà en train de vous déshydrater. Tout de même…vous perdre sans eau par ici…sans chapeau, avec une tenue inadaptée et sans même un téléphone portable…Vous vous sentez mieux, maintenant ? - Tout à fait, grâce à vous. Sauf un peu mal à la tête – Il hésite et se reprend – Vous m’avez sauvé, mais c’est vrai que je dois vous paraître étrange … C’est difficile à expliquer. Et je ne sais même plus quel jour ni même en quelle année nous sommes. La blonde à la peau dorée le fixe de ses immenses yeux émeraude, manifestement un peu inquiète. - Il vaudrait mieux que vous consultiez un médecin, ce n’est pas normal d’avoir oublié ça. Nous sommes le 12 décembre 2007 et c’est bientôt le début de l’été austral. Pas vraiment le moment de rester dehors en début d’après-midi sans se protéger du soleil… Elle le dévisage un peu plus attentivement. Je n’arrive pas à deviner d’où vous venez. Vous avez un drôle d’accent et je ne comprends pas tous les mots que vous employez…Vous aviez réellement oublié en quelle année nous sommes ? - Euh…Oui je ne sais plus. Tout ce que je peux dire, c’est que j’ai réalisé des expériences pas loin d’ici… – il hésite – Je suis surpris par votre voiture… Je croyais que tous les véhicules de cette époque faisaient du bruit et je ne vous ai même pas entendue arriver… Son interlocutrice le regarde, perplexe. - Pourquoi « cette époque », M. Coostou? Les voitures à air comprimé commencent maintenant à devenir d’usage courant, surtout ici au Botanga…C’est en grande partie grâce à elles et à leur absence totale de pollution que nous espérons maîtriser la dérive de l’effet de serre. Si du moins l’Amérique de cet horrible monsieur Bush cesse de s’opposer à leur commercialisation. Kardian se sent complètement perdu. Il lui semblait avoir lu que les voitures à air comprimé, généralisées à son époque, n’étaient pas encore utilisées au début du vingt-et-unième siècle… Et puis… Le « Botanga », c’est quoi, ça ? Une province ? Il se souvient parfaitement que la partie du Kalahari où était situé son labo s’appelait autrefois le Botswana… Le Botanga ? Non, cela n’éveille en lui vraiment aucun souvenir… Il avale encore un peu d’eau et murmure : - Mademoiselle, j’ai l’impression que ça m’aiderait si vous me parliez du…heu…du Botanga… La jolie blonde le regarde avec gentillesse et un peu d’inquiétude. - Le Botanga ? Vous n’allez pas me dire que vous ignoriez que vous êtes au Botanga, notre petit mais dynamique pays ? Si ? Vous avez vraiment presque tout oublié, alors…Mais avant d’en parler, je crois que mes compagnes et moi devrions d’abord nous présenter. Sans cela, vous seriez probablement presque le seul dans le centre de recherches à ne pas nous connaître de nom. La jeune femme qui vous a donné à boire est technicienne en électricité et s’appelle Nicky Mbegoré. Assise à coté de moi, voici mon amie Joan Mantana qui est à la fois un ingénieur de talent et la fille de la régisseuse de Hidefontein. Ah oui, vous avez perdu la mémoire… Hidefontein est la résidence principale de mon fiancé, Alan Beckrier, le grand patron de Nkolwienn et de la Mintech. Oh ! Vous avez oublié ça aussi ? La Mintech, c’est la Mining and Technology company. C’est surtout le numéro deux mondial des industries protectrices de l’environnement ! Quand à moi, je suis Carolyn de Carbet et je travaille sur les tours aérogénératrices. Les tours aérogénératrices ! Kardian sursaute. Ce n’est pas possible ! Les tours aérogénératrices ont été inventées par son lointain ancêtre Alain Coustou, associé à l’informaticien Paul Alary !* Tous les livres d’Histoire en parlent. Mais ils indiquent aussi que le premier prototype opérationnel a été malheureusement très tardivement construit en France en 2013, près de dix ans après son invention, les autorités de l’époque ayant d’abord refusé de lui consacrer le financement indispensable… Et le savant n’ignore pas non plus qu’à cause de ce retard initial les tours ont commencé à être implantées dans le monde trop tard hélas pour vraiment aider à corriger l’effet de serre ! Alors, ici, en Afrique, en 2007… Mais voilà que Joan Mantana, qui s’était jusque là contentée de suivre la conversation en souriant, prend à son tour la parole. - Regardez devant nous ! Voilà la tour du Kalahari, prototype de toutes les tours aérogénératrices. « Nlodzop » ou « la tête du ciel », comme nous l’appelons aussi en bamutu. La plus belle invention de Sir Beckrier, mise au point avec l’aide de Paul Delarue, de Michael Akostow et finalement de notre chère Carolyn. Maintenant, il en existe une trentaine d’autres, beaucoup plus grandes, en construction dans divers pays, dont une à quinze kilomètres de Gabedoek, la capitale du Botanga. Effectivement, une très haute tour, évasée à la base et dont la partie supérieure cylindrique est surmontée d’un bizarre carénage tronconique, se profile au sommet d’une petite montagne tabulaire. Kardian est estomaqué. Il ne peut s’empêcher de remarquer : - Mais… Je croyais que les tours avaient été inventées en France par…heu…un homonyme…heu…Alain Coustou, avec Paul Alary… De son coté, la jolie Carolyn est très étonnée. Son passager est plutôt sympathique, mais il lui parait vraiment de plus en plus bizarre. Si il souffrait simplement d’amnésie, elle comprendrait, mais en plus il semble s’être créé de faux souvenirs. Qu’est ce que cette histoire de tour inventée en France ! C’est ridicule ! Et ce vase de céramique qu’il ne lâche pas et qu’il semble avoir emporté comme seul bagage lors de son imprudente excursion dans le désert ! La jeune fille a un peu pitié de ce pauvre homme qui semble vraiment dérailler mais qui ne lui paraît pas dangereux. - Nous arrivons à Nkolwienn. Ca va peut-être vous aider à retrouver la mémoire. Nous allons vous déposer à la clinique, ce serait plus prudent pour vous de consulter un médecin après votre coup de chaleur. Kardian, totalement perdu, ne répond pas. Il regarde à peine la petite cité bruissante d’activité dans laquelle ils viennent de pénétrer et la population multiraciale qui se presse dans la rue. Dans sa tête, ses pensées s’entrechoquent. Et soudain, une idée invraisemblable le saisit : Il n’y a qu’une seule explication possible à tout cela : Il n’a pas seulement reculé de presque six siècles dans le temps, il a aussi changé d’univers. Il est dans un univers parallèle. Sans doute un monde qui a divergé du sien quelques dizaines d’années avant la date de son arrivée… Une uchronie, pour reprendre le terme utilisé par certains théoriciens qui prétendaient – qui prétendront, plutôt – qu’il devait exister autant d’univers parallèles que de futurs possibles, mais que cette infinité d’univers potentiels étaient à jamais inaccessibles et inconnaissables. Une idée invraisemblable, mais pourtant la probable réalité, que seule sa projection dans le passé lui a fait rencontrer… Quelques instants plus tard, la voiture stoppe devant l’entrée du service d’accueil de la clinique. Kardian Coostou descend, escorté par les deux jeunes femmes. Il constate que Carolyn est une personnalité très connue en dépit de son jeune âge – apparemment vingt à vingt-deux ans, pas plus – car le personnel se met tout de suite en quatre pour accueillir les visiteurs. - Mademoiselle de Carbet ! Asseyez-vous là… Nous prévenons immédiatement notre médecin-chef, le docteur Belinga, de votre arrivée. Le docteur Moana Belinga est une femme d’une quarantaine d’année, de taille moyenne, à la peau plutôt foncée et au visage avenant. Elle écoute les explications rapides de la jeune fille au regard émeraude et examine aussitôt l’homme qui vient de lui être présenté. - Ne vous inquiétez pas pour monsieur Coostou, mademoiselle de Carbet. Il semble avoir physiquement bien supporté son séjour dans le désert et nous allons traiter ses coups de soleil et lui faire subir des examens de contrôle. Quand à sa perte de mémoire, le neurologue donnera son avis, mais je pense qu’il ne s’agit probablement que d’une amnésie passagère… Joan Mantana se tourne vers Carolyn et l’embrasse sur les deux joues. - Va retrouver Alan, ma chérie, il doit déjà attendre ton arrivée. Je reste m’occuper des formalités d’entrée de notre rescapé et je viendrai te voir quand les examens médicaux seront terminés. Je te tiendrai au courant ! (Ce ne sont là que les premiéres pages d'un roman dans lequel le suspense gagnera en intensité chapitre après chapitre... Alain) Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
autan81 Posté(e) 13 février 2006 Partager Posté(e) 13 février 2006 Alors là Alain tu m'épates ! Quoi que l'on puisse penser de ton histoire, on ne peut que reconnaître que tu as l'art de manier la plume et les mots avec style. Et je parle en toute connaissance de cause, car moi aussi j'écris (même si mes romans ne sont pas destinés à être publiés) et je sais apprécier un bon roman bien écrit. Maintenant, mes impressions sur le début de l'histoire. Ton prologue est une belle introduction à l'intrigue, le ton y est et tu synthétises bien la catastrophe de notre temps (je vois que tu y as glissé beaucoup de tes recherches en matière de réchauffement global) pour "planter le décor". Les deux premiers chapitres, quant à eux, introduisent le personnage principal (et peut-être sa future petite-amie ??? ) et nous font directement entrer dans le vif du sujet. Je dois avouer qu'il me tarde de connaître la suite de ses aventures et la réponse aux mystères qui se posent déjà. En tout cas j'ai déjà lu des romans beaucoup moins bien écrits, et je ne peux que t'encourager à continuer dans cette voie. C'est parfois plus utile pour faire passer un message (car c'est un peu ton but je suppose), tout en étant divertissant. Surtout, j'espère que tu nous tiendra au courant de l'avancement du roman! @+ Autan Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
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