anecdote Posté(e) 19 septembre 2005 Partager Posté(e) 19 septembre 2005 Un phénomène climatique exceptionnel causa, le 10 septembre 1896, de terribles ravages entre la place St Sulpice et les Buttes-Chaumont. Le Figaro, 10 septembre 1996. Depuis le début du mois de mai, les caprices du ciel avaient décontenancé les Parisiens : on dénombrait deux fois plus d’orages qu’au cours d’une année ordinaire, dont 4 dans la seule journée du 26 juillet ! 1896 se révélait un cru météorologique inclassable. Le sujet alimentait bien des conversations, et chacun disait désormais s’attendre à tout. Pourtant, nul n’aurait pu prévoir ce qui arriva dans l’après-midi du 10 septembre. Ce jour-là, sous un ciel chargé de cumulonimbus, se forma, place St Sulpice, un vaste mouvement tourbillonnaire sans pluie. Les spécialistes parlent aujourd’hui de tornades en évoquant ces phénomènes spectaculaires, mais on n’hésita pas, il y a un siècle, à employer le mot de cyclone, pourtant impropre en dehors des zones tropicales. La dépression atmosphérique fut terrible, comme en témoignent les chiffres (pour la première fois, un observatoire, celui de la Tour St Jacques, se trouvait sur la trajectoire d’une tornade) : tandis que le baromètre n’avait baissé que d’un millimètre lors des plus violents orages de juillet, il varia cette fois soudainement, à 14h42, de six millimètres. Chose curieuse : le laboratoire contenant les instruments de mesure fut épargné, contrairement aux grands arbres abattus presque sans exception. Les témoins eurent l’impression d’entendre le tonnerre tant l’air entrant par les oreilles avait fortement marqué leurs tympans. La colonne de vents suivit, sans faire de victime, une diagonale presque parfaite du sud-ouest au nord-est, balayant le quai des Grands-Augustins, les abords du Palais de Justice, dévastant un lavoir rue Brantôme, traversant la rue Réaumur, s’engouffrant place de la République, causant plus de cent mille francs de dégâts à l’hôpital St Louis, avant de déraciner quelques arbres au jardin des Buttes-Chaumont et de quitter la ville par la porte de Pantin, pour aller mourir dans la campagne. En dehors de ce couloir fatal, d’une largeur d’environ 150 m avec des points d’épanouissement de 200 à 300 m, la capitale était noyée sous la pluie. Quelques bâtiments du Muséum furent inondés pendant qu’un peu plus loin les abords de la place du Châtelet demeuraient au sec mais étaient le cadre de scènes effrayantes. Si les bâtiments et les hautes constructions formèrent un rempart efficace empêchant le tourbillon de faire davantage de dégâts, les ravages furent terribles sur les parties les moins denses. La tornade bouleversa tout sur son passage, et les journalistes évoquèrent « ces voitures transportées d’une rue dans une autre, ces platanes qui tournoient, voyagent par les airs et entrent dans les maisons par les fenêtres, ces bateaux de blanchisseuses dont les débris volent par-dessus les parapets des quais. » Sur l’échelle de Fujita, graduée de 1 à 5, cette tornade ne fut, si l’on peut dire, classée qu’au niveau 2, correspondant à des vents de 180 à 250 km/h. A titre indicatif, les plus violentes des tornades américaines furent évaluées à 5 (vents de 420 à 510 km/h). Ces colères du ciel, d’une violence inouïe, demeurent rares dans notre pays mais apparaissent surtout dans une zone comprise entre le Poitou et le nord de la France. La commune de Châtenay-en-France (Val d’Oise) semble particulièrement exposée : après avoir subi une tornade historique (classée 5) en 1839, elle s’est trouvée sur la trajectoire des 2 derniers phénomènes observés, mesurés au niveau 1, en 1987 et 1989. Notons que l’aéroport de Roissy en est dangereusement proche. Dans Paris, le vent capricieux retrousse, certes, souvent les robes des élégantes au pont des arts mais les tornades sont tout à fait exceptionnelles. Aucune raison, donc, de céder à la psychose au moment où le film Twister, mettant en scène des chasseurs de tornades américains, triomphe sur les écrans et démarre sa carrière... en trombe. N.B. : Dans la réalité, l’article emploie le terme impropre de « trombe » alors qu’il s’agit d’une tornade. Une trombe est une tornade sévissant en mer. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
Nicolas 17/69 Posté(e) 20 septembre 2005 Partager Posté(e) 20 septembre 2005 Bien content de voir enfin un article détaillé concernant l'une de ces tornades parisiennes. Et quand je dis "l'une de ces tornades" je pèse mes mots car plusieurs tornades puissantes ont frappé la région parisienne en cette fin de siècle. Par contre, je garde désormais des distances par rapport aux connaissances actuelles sur les lieux "à risques" en France. Tout resterait à découvrir dans ce domaine. Bizarre, sur l'illustration on ne voit pas le tourbillon. L'image n'en reste pas moins saisissante... Curieux, aussi ce décalage entre la description des dégâts qui évoque une F4 voire une F5 (voitures qu'on retrouve dans d'autres rues, arbres qui s'envolent...) et le classement final en F2. Des témoignages exagérés ont du être revus à la baisse par une analyse plus objective. Heureusement pour eux d'ailleurs, car déjà une F2 en pleine ville, ... Les spécialistes parlent aujourd’hui de tornades en évoquant ces phénomènes spectaculaires, mais on n’hésita pas, il y a un siècle, à employer le mot de cyclone, pourtant impropre en dehors des zones tropicales. Pourtant, le mot "trombe" était déjà employé au XIXème siècle. C'est le cas de tous mes articles anciens, avec même parfois plus de pertinence que certains articles récents... Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
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