Desordres Climatiques et misère humaine

[kéké]

Bonsoir voici mon petit cadeau de nouvel an pour vous tous qui concerne la Normandie en particulier, mais pour ainsi dire, une bonne partie de France , offert grâce à notre historien local, Bernard Lizot.

Il y aura bientot cinq ans, nous subissons la "grande tempète" et c'est en pensant aussi à cet évenement exceptionnel, que nous avons écrit les lignes qui vont suivre, dans lesquelles nous allons évoquer à partir de documents inédits ou peu connus quelques épisodes marquants de dérives climatiques avec leurs conséquences humaines. Notre histoire est jalonnée de faits anormaux, s'inscrivant dans de garnds cycles, ou bien tout à fait aléatoires : grands froids, sécheresse, innondations, tempêtes...etc. En voici quelques exemples:

1659-1660.

Il est à remarquer que dans la fin de l'an 1659 l'hiver fut tellement rude et long qu'on le qualifia de "grand hiver", voire aux dires des anciens plus long et plus grand que le premier (1623 sans doute, année où les personnes meurent sur les chemins).

"Il commença le jour de Saint-André (30 Novembre) à geler puis à neiger, la terre fut couverte l'espace de 3 mois entiers, le dégel ne commença à venir et les neiges à fondre qu'au jour Saibt-Mathias, 25 février de l'an 1660.Pendant cet hiver on trouva dans le fond des bois et campagnes les cerfs morts de faimet de soif, les lièvres et lapins sur la neige et quantité de perdrix merles et autres oiseaux morts dans beaucoup d'endroits. Cet hiver fut aussi suivi un an après d'une famine grande dans ce royaume et dans le Comté d'Evreux, en sorte que l'on ne pouvait trouver de blé pour argent, tant il était cher, en sorte que dans les moulins on y voyai moudre que du blé pour les curés et les gentilshommes, encore petitement! Mais ce qui se fait habituellement tous les jeudis absolus en l'abbaye Saint-Taurin il se trouva si grande quantité de pauvres qu'il en fut étouffé 32 et que l'on n'eut cessé la donne" il en fut morts plus de 400, ce qui occasionna le corps de justice à venir voir ce désastre ; qui furent enterrés à diverses paroisses quatre à quatre, les pleurs ce faisant ouïr de tous cotés, l'un disant voià ma mère, l'autre c'est mon père, ma soeur, mon enfant...etc."

1709

Année du Grand Hiver.

" L'hiver est très rude, plusieurs personnes peurent sur les chemins, le dégèle arive vers le 8 février, reprise du froid a partir du 15, il fallait des réchauds ardents pour débrider les cheveau. Le gibier meurt dans les champs et les bois, les hommes "gèlent" jusqu'a la fin du mois ; les ormes, les noyers, arbres à fruits, gèlent et se fendent, le pain et le vin gèlent aussi"

Archives concernant des habitants de Breteuil sur Iton (Normandie , sud de l'Eure) en janvier 1709.

" pas des travails, extrème cherté des grains". Pour survivre beaucoup de personnes sont amenées à vendre leurs biens :

-Philippe Oury, sellier de Breteuil a cinq enfants. Il vend une terre à Saint-Denis du Béhélan "pour subsister".

-Gabriel de Mongrédien, journalier à la Bréviaire à Condé a 4 enfants.Il vend le bien de sa femme une petite maison à Bordigny "pour subsister".

-Louis Berthelot et Charles Besse, de Saint-Ouen d'Attez, vendent leur bien "pour subsister".

.....et bien d'autres !

1738.

Froid etrême en janvier

des voyageurs meurent sur les chemins.

1739.

Neige abondante pendant tout l'hiver

Le 16 janvier orage violent, le tonnere tombe sur plusieurs églises. Le 18 un vent furieux dure au moins huit heures.Les dégats sont considérables en forêt de Breteuil sur Iton.

Des hivers que nombreux d'entre-vous n'on jamais connus, mais qui sait , peu être le connaitrons dans quelques années ....

(Sources Dom Buquet Histoir manuscrite de Conches écrite vers 1673, P.Laroche.in les Amis de Bernay n°48, Archives Bouillon AN)

[Invité Guest]

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Histoire de rappeler aussi ce qu'un refroidissement climatique peut provoquer comme désagréments économiques et sociaux, et de calmer un peu nos envies d'hivers rudes!

[florent76]

Merci beaucoup Kéké pour ces riches textes que tu as pris la peine de saisir...

Dans chaque départements, voire dans les communes qui ont conservés leur archives, de tels textes existent parfois nous mettant dans le peau des contemporains de ces époques reculées. Ils étaient souvent bien moins prémunis que nous face aux aléas du ciel dans lequel il voyaient des punitions divines donnant lieu à des processions et des prières dans une France où l'Eglise était encore toute puissante. Ces textes sont ainsi l'oeuvre des curés de paroisses qui ajoutaient parfois à leur obligation de d'enregistrer naissance, mariages et décès après 1539 par ordonnance royale, quelques remarques d'ordre climatologiques ou sociales. Ces registres paroissiaux ne deviendront véritablement régulier qu'après 1667 et rares sont ceux qui portent ces annotations.

Florent.

[kéké]

Oui d'ailleurs Florent ce texte provient du journal de la paroisse locale. /emoticons/biggrin@2x.png 2x" width="20" height="20">

[Nicolas 17/69]

Oui merci beaucoup pour ton beau travail Kéké (ainsi ce serait toi qui aurais tout retapé ?!)

En effet, une importante source d'information sur la vie quotidienne avant le XVIIIème siècle restent les archives paroissiales.

Les gens de cette époque étaient aussi beaucoup plus en contact avec la nature que nous et peut-être plus à même de prévoir certaines choses (?).

[Invité Guest]

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Au contraire!

Il n'y avait aucun moyen de prévoir le temps même à très court terme...

Malgré la profusion de dictons tous plus inefficaces les uns que les autres /emoticons/tongue@2x.png 2x" width="20" height="20">

Imaginez l'homme du 18ème siècle français ultra dépendant de la météo car il s'agissait de ses récoltes qui étaient en jeu /emoticons/biggrin@2x.png 2x" width="20" height="20">

Et 98% de la population vivait uniquement des activités agricoles ; il y avait assurément moins d'amateurs de vagues de froid à cette époque /emoticons/biggrin@2x.png 2x" width="20" height="20">