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[renaud]

Depuis 1370, la vérité du climat peut se lire dans les vignobles de Bourgogne

LE MONDE | 20.11.04 | 14h56

En 1523, les vendanges eurent lieu anormalement tôt en Bourgogne. A Dijon, la chronique retient qu'elles commencèrent le 27 août. Et pour cause, l'été avait été caniculaire : la température aurait dépassé de 4,10 °C la moyenne de celles enregistrées sur la période de référence favorite des climatologues, qui court de 1960 à 1989.

Depuis lors, seule l'année 2003 a effacé ce record, avec un écart positif de 5,86 °C par rapport à la moyenne.

C'est ce qui ressort d'une étude publiée dans la revue Nature le 18 novembre. Elle prend le parti original de déduire des dates de début des vendanges les conditions climatiques qui prévalaient sur la région au cours du printemps et de l'été précédent.

"Ces dates constituent un signal non altéré par le temps, qui offre une chronologie absolue", indique Isabelle Chuine, du Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive de Montpellier (CNRS). La biologiste a conçu le modèle qui a permis d'extraire le signal climatique de données historiques collectées par Emmanuel Le Roy Ladurie (Collège de France). L'auteur de l'Histoire du climat depuis l'an mil est d'ailleurs cosignataire, avec des climatologues, de l'article de Nature.

Pour la Bourgogne, la série commence en 1370. Ces données présentent l'intérêt de ne concerner que le pinot noir, un cépage dont le patrimoine génétique - et donc le processus de maturation - est resté quasi inchangé depuis le XIVe siècle.

Mais les vignerons n'ont-ils pas modifié leurs habitudes au fil des ans ? "C'est possible, estime Isabelle Chuine, mais pas au point d'altérer le signal climatique que nous observons." Celui-ci est d'ailleurs "très fortement corrélé" avec ce que révèle l'étude des cernes des arbres, ou dendrochronologie, qui permet de décrire les variations climatiques, à la saison près, à partir de la croissance du bois.

En Bourgogne, les vendanges ont été précoces dans les années 1380 (+ 0,72 °C) et 1420 (+ 0,57 °C). Et les décennies 1520, 1630 et 1680 "furent aussi chaudes que la fin du XXe siècle", écrivent les chercheurs français. Après quoi la température a baissé pour atteindre son point le plus bas en 1750, marquant le début d'une longue période froide "qui a duré jusqu'aux années 1970".

Faut-il en déduire que les anomalies climatiques récentes doivent plus à une variabilité naturelle qu'aux activités humaines ? "Ce n'est pas notre sentiment", insiste Isabelle Chuine, qui en veut notamment pour preuve le record absolu de 2003 - les vendanges furent lancées le 19 août. Mais les recherches sur ce nouvel indicateur climato-viticole ne font que commencer. Une étude devrait suivre, cette fois sur des vignobles italiens.

Hervé Morin

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 21.11.04

[Popote]

En fait le ban des vendanges (date à laquelle les vendanges pevent commencer) a eu lieu le 16 aout il me semble. /emoticons/happy@2x.png 2x" width="20" height="20">

[gbl]

Le 13 août dans le Beaujolais

[Torrent]

Même chose chez moi en 2003 on a vendangé le Chardonnay le 16 aout je crois, en 2004 par contre il a ete vendangé deux semaines plus tard.

Mais en tant que propriétaire de 2 hectares de vignes et connaissant trés bien la question je vais dire que cela n'est pas une bonne methode de calcul, d'un an sur l'autre oui, mais au delà de 10 ans ou sur des siècles d'écart ca ne veut pas dire grand chose car si les cépages sont les mêmes (ou portent le même nom) les clones ont evolué et le plus souvent on recherche la maturité le plus tot possible pour eviter les intemperies possibles fin septembre ou debut octobre.

Ainsi le pineau noir de Bourgogne actuel n'est sans doute pas tout à fait le même que celui d'autrefois, deja depuis le phyloxera il a fallu greffer sur plants americains au lieu de proceder par marcottage, la methode marche mais un ceps de vigne obtenu ainsi est attaqué au bout de 4 ou 5 ans par cet insecte microscopique qui a contaminé l'Europe à la fin du 19e siècle, seuls moyens de lutte, inonder les vignes pour le noyer ou faire des injections massives et onereuses de sulfure de carbone.

Finalement la methode du greffage sur plant de vigne sauvage américain a ete la seule qui a pu sauver le vignoble Français à cette époque, la pratique du greffage s'etant repandue, par la même occasion la selection est devenue la règle, dans un même cépage on a alors cherché à greffer les individus qui offraient la maturité la plus précoce.

Mais la chaleur n'a pas ete la seule cause des vendanges precoces de 2003, la secheresse egalement, même si la vigne resiste bien elle en souffre aussi et en 2003 vu l'etat des feuilles il valait mieux soulager au plus vite les ceps de la vendange pour qu'ils puisent moins sur leurs reserves.

[Ced30]

ca ne veut pas dire grand chose car si les cépages sont les mêmes (ou portent le même nom) les clones ont evolué et le plus souvent on recherche la maturité le plus tot possible

En effet c'est la première réflexion que j'ai eu en lisant l'article publié dans le Midi Libre aujourd'hui et traitant du même sujet /emoticons/happy@2x.png 2x" width="20" height="20">En même temps je pense que ce problème a du être étudié par l'INRA qui a collaboré à l'étude si je me souviens bien .

Même problème en paléobotanique. Lors de mon stage de maîtrise l'an dernier je travaillais sur des flores fossiles (des empreintes foliaires incrustées dans des travertins). Difficile de savoir si un Salix cinerea datant de 5000 av JC identifié sous forme d'empreinte était identique au même arbre de nos jours ( à savoir si sa résistance au froid , à la sécheresse etc était totalement comparable...) et si il peuplait des milieux aux conditions climatiques identiques aux actuelles ...