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Catégoriser les épisodes de vent


hma
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Namur (Liège pour le travail, et fréquemment ailleurs en Wallonie), Sedan à l'occasion

Bonjour à tous,

 

Je prépare actuellement un article pour Info Meteo, l'initiative à laquelle je participe, où je souhaite discuter d'une impression (et la confirmer si possible) qui est celle d'une diminution du nombre de tempête en Belgique (en se basant sur la définition tempête = rafale de plus de 100 km/h).

 

Je souhaite m'intéresser surtout aux tempêtes synoptiques, donc celles provenant des dépressions. Or, en réfléchissant à ça, je me suis rendu compte qu'il y avait énormément de type de vent selon l'endroit où l'on se trouve dans une dépression et son champ d'action (ce que j'appelle plus bas "l'appareil météorologique"). J'ai donc commencé à rendre compte de tout ce qui génère du vent, en aboutissant à une espèce de classification. Je vous recopie ci-dessous ce que j'ai écrit jusqu'à présent (à l'état de brouillon):

 

Des tempêtes synoptiques et des tempêtes convectives

 

En parlant de tempête, encore faut-il bien être conscient du phénomène que l'on désigne. Dans nos régions, le vent tempétueux est à large majorité engendré par deux phénomènes: le gradient de pression et les phénomènes convectifs (autrement dit, les averses et les orages).

 

Le gradient de pression est donc la différence de pression que l'on observe sur une certaine distance. Plus cette différence est forte, et plus le vent est puissant. Ce gradient dépend du placement, à travers l'espace, des dépressions et des anticyclones et, sans rentrer dans les détails, de l'activité des fronts. Souvent, on lie l'épisode de vent aux dépressions que l'on nomme (l'Université de Berlin le fait depuis les années cinquante, les Anglais s'y sont également mis et depuis cette année, Météo France est entré dans la danse). Ceci est lié au fait que ce sont surtout les dépressions, par leur creusement, qui peuvent renforcer le gradient de pression, et donc le vent. En imaginant le champ de pression comme le relief, l'anticyclone serait ainsi le massif ardennais, large et étendu, tandis qu'une dépression explosive, ce serait plutôt le fond des carrières d'Antoing, pour ceux qui connaissent (vous vous mettez au bord, et vous comprenez ce que c'est, un gouffre). Les tempêtes ainsi générées sont des tempêtes dites synoptiques

 

Les orages et les fortes averses génèrent aussi des rafales, parfois très violentes, et étendues lorsqu'ils s'organisent en lignes de grain. Ici, c'est le flux descendant des cellules qui, en s'écrasant au sol, génère ces rafales dites convectives.

 

Ca, c'est pour la théorie. Dans les faits, lors de nos épisodes de vent, on observe souvent un caractère dominant et un caractère plus restreint, parfois au sein du même système de vents engendré par une dépression. Par exemple, entre le front chaud et le front froid, on a essentiellement du vent synoptique, peu turbulent. Par contre, dans les traînes, à l'arrière du front froid, de la convection peut former des averses et des orages, et ainsi doubler le vent synoptique de rafales convectives. On obtient ainsi des épisodes hybrides, surtout lorsque le vent convectif commence à expliquer la plupart des rafales relevées et qui seraient un peu moins fortes par "simple" vent synoptique.

 

Il existe un deuxième type d'hybride, qui existe sur les fronts froids. S'ils sont très actifs, ils peuvent générer de fortes rafales synoptiques. Par contre, dès qu'un peu d'instabilité s'en même, le front peut devenir turbulent, ressembler (sans être purement) une ligne de grains, et donc additionner au vent synoptique du vent d'origine convective.

 

Bref, comme souvent en météo, rien n'est simple, et différencier clairement ces phénomènes n'est guère une chose aisée. Pour résumer, nous avons ainsi:

 

- Des épisodes synoptiques (ES), dont le vent dépend essentiellement du gradient de pression (et donc du passage d'une dépression dans les parages). En automne et en hiver, les vents forts observés dans les secteurs chauds (ESSC, devant le front froid) sont presque toujours de ce type. C'est plus rare dans les traînes (EST, derrière le front froid) bien que cela puisse exister.

- Des épisode synoptique de front (ESF), lorsque la dépression est trop loin et que c'est surtout le front qui explique le vent (tout en maintenant minime l'apport convectif), en ce compris les fronts froids NCFR qui sont des fronts essentiellement dynamiques (et donc générateurs de vent synoptique) très resserrés. Ils présentent une bande étroite de précipitations très intenses dépendant surtout de la dynamique et ne présentant que très peu de phénomènes convectifs (c'est ce qui différencie ce cordon pluvieux intense des lignes de grains, mais la différence n'est pas aisée à mettre en évidence). 

- Lorsque le vent synoptique est le fait du double jeu du champ de pression déformé par une dépression et un front, on peut parler d'épisode synoptique front-dépression (ESFD).

- Des épisodes synoptique hybrides (ESH), dont le vent synoptique est doublé de vent convectif, pour autant que cette addition convective reste mesurée par rapport au vent qui existe par le gradient de pression. On peut encore différencier les ESH par une ligne de grain ou les ESH par une traîne active. 

- Des épisodes de traîne active (TA), où le gradient de pression hors averses ne génère pas de fortes rafales (typiquement, en-dessous de 80 km/h), les rafales de coup de vent ou de tempête étant le fait des averses et des orages.

- Des épisodes de ligne de grain (LG), où une ligne d'averses et d'orages génère de très fortes rafales alors qu'avant et après, le vent est plus modéré (typiquement, en-dessous de 80 km/h).

- Des épisodes orageux (EO), uniquement d'avril à octobre, lorsque les orages générateurs de vents violents dépendent sutout de la convection, hors lignes de grains (orages unicellulaires, multicellulaires, en amas, supercellulaires...).

 

A noter que nous ne sommes pas les premiers à tenter une catégorisation des épisodes venteux par le type, qui pourrait par ailleurs être discutée. En France, il existe une classification dite de Dreveton (utilisée notamment par Meteo France), mais elle est quelque peu différente (bien que dans l'esprit, on y retrouve quelques points communs).Une grande différence cependant est que la classification de Dreveton nomme tout l'appareil météorologique générateur (donc une dépression et son champ de vents dans son ensemble), tandis que notre classification dissèque cet appareil en plusieurs types. En effet, au cours d'une même tempête et par le jeu du déplacement de celle-ci, une même région peut connaître une succession de plusieurs types d'épisodes. Néanmoins, on prendra, pour catégoriser la tempête en une région donnée, le type qui, au sein du même appareil (coup de vent, tempête...), a donné les plus fortes rafales.

 

Cela vous semble-t-il pertinent, ou ce travail mériterait-il d'être complété? Merci d'avance pour vos retours.

 

Modifié par hma
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