22 Février 2024: Tempête à Cayeux-sur-Mer (80).

[Charles G]

Bonjour,

 

Etant un poil plus en forme que d'habitude, j'en profites pour aller me faire un furtif petit plaisir venteux sur la côte.

Plaisir qui ne sera ni petit, ni furtif, malgré les prévisions numériques du matin encore hésitantes.

En première attention, direction la Baie de Somme (80).

Départ à 8h avec tout le matos, voiture pleine!

Sur le trajet, les nouvelles sorties des modèles me font encore hésiter...Cap-Griz-Nez? Boulogne?

Finalement je choisis Cayeux-sur-Mer (80), loin d'imaginer ce qui m'attendait là-bas... j'y resterai jusqu'à la nuit.

 

Bientôt la suite de cette formidable journée...

 

 

[Charles G]

Bonsoir,

 

Me voici arrivé par beau temps, sur un lieu bien dégagé avec une exposition SO-NO vers la mer, lorsque le front froid débarquera. Le capot de la voiture sera placé selon un compromis OSO:

 

 

 

 

Il est environ 12H30, déploiement de la station mobile. De la pose du trépied sur la plage, aux derniers réglages dans la voiture il faudra compter une petite heure.

L'anémomètre en bout de mât est à 2,50 m du sol.

Le second plus bas à 1,70 m. Cela me permettra de voir et ressentir le vent en même temps.

Une bande blanche en tissu donnera la direction.

L'ensemble est lesté de 3 dalles de 18 kg chacune:

 

 

 

 

Le vent de SO ne souffle pas beaucoup et il fait super doux, très agréable.

J'en profite pour admirer cette ambiance, et les jeux d'ombres et de lumières sur la mer. Plaisir partagé avec quelques promeneurs venus discuter.

Beau ciel avec alternance nuages/soleil, quelques enclumes effilochées sont perçues. La mer n'est pas très forte:

 

 

 

 

 

Rapidement ça commence à se dynamiser de plus en plus. Une ligne se forme à l'ouest de ma position:

 

 

 

 

A 14H30 la ligne s'affirme vers l'ouest et me tengante au large, de part son déplacement en crabe. La mer prend une toute autre teinte sous un ciel maintenant couvert.

Ambiance superbe, une ambiance pré-orageuse, comme celle après une chaude journée d'été.

Je commence à regretter de ne pas être allé plus au nord:

 

 

 

 

Mais l'instabilité permet l'extension des grains vers le SO. Ils se soudent et précipitent vers ma position.

Là ça devient géant:

 

 

 

 

 

Dernières images vers 15H avant de ne plus pouvoir rester dehors. Le vent se lève fortement:

 

 

 

 

 

A son passage elle donnera des vents instantanés maxi de l'ordre de 90 km/h.

Vidéo à venir...

[Charles G]

Bonsoir,

 

Après avoir visionné les vidéos, la ligne de grains a finalement donné un maxi de 106 km/h à 15h10.

La pluie forte, combinée aux grains de sable parfois gros, venant cogner sur les vitres, donnaient l'impression qu'il y avait du grésil.

Tout le paysage est noyé dans une couleur grise uniforme. La visibilité est fortement réduite (environ 50 à 100m). Sensations oppressantes:

 

 

 

 

Le rideau s'évacue et laisse place à des trouées de plus en plus larges pour le soleil.

Tout se calme. La pluie, la mer, y compris le vent ne dépassant plus les 60/70 km/h.

Voici ma position juste avant l'arrivée du front:

 

 

 

 

Je profites pour faire quelques images une fois ce calme revenu, et me promène sur la plage. La mer qui était devenue blanche à retrouvé sa couleur d'origine.

Beaucoup de déchets humains sont observés. 

Un poisson échoué, d'une cinquantaine de cm de long est également trouvé sur la plage. En y regardant de plus près, Il est super beau, sa peau est rugueuse et il a une sacrée dentition! Perso, vivant j'y mettrai pas le doigt lol!

 

 

 

 

 

Tout en marchant, et en savourant l'air marin qui m'avait tant manqué, je réfléchis aux dernières prévisions numériques...

Le passage venteux ne devait pas durer très longtemps, et après, même si vent il devait y avoir, ce sont surtout les rafales convectives qui étaient prévues les plus fortes.

Et vu ce calme, Louis devait être passée, sans avoir creusé son centre plus que ça...

 

Soudain, tout en continuant de marcher dans les galets, le vent se lève de nouveau brusquement aux alentours de 16h. Les rafales sont de plus en plus fortes et deviennent violentes.

Louis n'avait finalement pas encore débarquée.

Ce fût LA surprise majeure de cette journée. Jusqu'aux environs de 17h-17h30, elle va m'offrir un sacré cadeau:

 

 

 

 

 

 

Modifié 28 février par Charles G

[Mamma34]

Merci! pour le reportage @Charles G

Tu aurais pu jeter une ligne à l'eau avant que la tempête soit trop forte😉

 

Le poisson c'est une petite roussette (un requin), j'en ai jamais pris il y en a en méditerranée et on retrouve souvent ces "œufs" sur la plage.

[Charles G]

Chalut,😀

 

Merci pour l'info!👍

J'avais pas capté sur le moment... C'est vrai que ça ressemble vachement à un requin.

J'ai été voir sur le net c'est beau comme poisson.

 

D'accord, la prochaine fois j'accroche une remorque pour y mettre le matériel de pêche!😝

[Charles G]

Hello,

 

On y va pour la suite de cette fabuleuse après-midi.😊

 

Pendant le déchaînement du vent, j'alterne entre l'observation, le ressenti, les sensations dehors. Et lorsque je suis congelé, hop, dans la voiture, tout en gardant un oeil sur la console qui reste très souvent bloquée entre 70/90 km/h, tout en dépassant périodiquement les 90-100 km/h.

A ce stade c'est vraiment très très très impressionnant de se confronter à la force du vent.

C'est juste impossible de faire quoique ce soit, mis à part essayer de tenir.

Les grains de sable fouettent violemment le visage, et la neige de mer formée commence à voler par gros paquets.

 

Le vent sonne constamment dans les tympans, malgré les protections.

En bordure de digue, il est facile de rester incliné et se laisser porter par les éléments...C'est vraiment ouf!

Face à la mer, je sens ce puissant courant d'air qui respire à ma place, il va jusqu'au plus profond de mes alvéoles. Il me recharge comme une batterie de téléphone qui s'est vidée avec le temps.

La symbiose entre moi et Louis est parfaite.

Parfois, en jetant le regard un peu plus loin, un gros flux de sable orangé avec le soleil passait au dessus de la digue. Cela démasquait le passage des plus fortes rafales.

 

Bien que légèrement inclinée du coté du vent d'ouest, il est parfois impossible d'ouvrir la portière de la voiture coté passager.

 

La seule chose qui a dû être réalisée dans l'urgence, est de remettre un coup de clé sur le bras de déport inférieur de la station, qui a pivoté à plusieurs reprises...

Donc le positionner bien en face du vent, tout en serrant fort le boulon me paraissait être un compromis.

L'accroche sera à revoir (ça fait déjà trois ans que je me le dis😋.)

 

De retour dans la voiture, c'est un peu plus calme... Cependant à force d'être ballotté par les rafales, j'ai presque la sensation de mal de mer. Il n'y a aucun moment de répit (et tant mieux)!

J'ai quand même passé la 1ère vitesse en plus du frein à main au cas où...

 

Ces instants font fortement réfléchir.

Il y a vraiment 2 mondes venteux, radicalement différents entre Paris et la côte... à seulement 200 kms.

Pourtant, j'imagine les dégâts qu'aurait pu causer ce même vent constant, sur la capitale aux toits et aux grandes cheminées, souvent dans un état pas terrible. Sans compter tous les autres objets susceptibles d'êtres emportés.

 

Finalement on est plus en sécurité par grand vent en bord de mer, plutôt que de se trouver au beau milieu d'une ville.

 

Une réflexion purement "venteuse" en tant que citadin, et qui ne prend évidemment pas en compte le risque lié à la mer.

 

D'ailleurs l'endroit où je me trouve était exploitable, car le coefficient de marée n'était pas très important. Et la basse mer arrivait en fin d'aprèm donc aucun souci.

Il est en revanche dangereux en cas de forte tempête et par pleine mer.

La digue est alors submergée et parfois trouée par les assauts répétés des vagues.

 

Un dernier moment grossièrement filmé. Je parlais en même temps mais le vent criait plus fort:

 

 

 

 

Le temps passe vite, et dans ce même moment, la lumière décline paisiblement. Le vent, la mer commencent également à se calmer.

On aurait dit que ces éléments, moins énergétiques, ce sont donnés rendez-vous pour clôturer la journée:

 

[misteph62]

Bonjour !
Bon choix géographique sur Cayeux pour voir les structures nuageuses de ce front pluvio-orageux, car plus au nord tout était noyé dans une masse pluvieuse qui devançait tout ça.

Par contre, si tu veux faire péter l'anémomètre, remonte au Gris-Nez ou sur les hauteurs du Blanc-Nez la prochaine fois, tu ne seras pas déçu

(Cap Gris-Nez sur les belvédères aménagés à l'extrémité de la falaise, ou en haut du Cap Blanc-Nez au niveau de ses belvédères, ou encore plus haut que le Blanc-Nez au panoramique du Mont d'Hubert (antenne radio-télécom toute proche - attention, les 400 derniers mètres sont interdits aux voitures).

 

[Charles G]

Salut,

 

Merci pour les infos l'ami, c'est sympa!👍

J'irai regarder sur MAPS.

 

Tu as fais des relevés vent jusqu'à combien?

 

La seule condition est qu'il faut un accès voiture, pour pouvoir déployer la station qui pèse 70 kg, et la relier à la voiture à une distance maxi de 20m.

 

Ouaip, la chance a été de mon côté cet aprèm.

De plus, la digue exerce un fort effet Venturi, car perpendiculaire au vent d'ouest. C'est pour cela que la station MF de Cayeux a eu des valeurs de vents moins importantes qu'à la plage.

 

Je l'expliquerai dans la suite de mon récit.

[misteph62]

Il y a 2 heures, Charles G a dit :

Salut,

 

Merci pour les infos l'ami, c'est sympa!👍

J'irai regarder sur MAPS.

 

Tu as fais des relevés vent jusqu'à combien?

 

La seule condition est qu'il faut un accès voiture, pour pouvoir déployer la station qui pèse 70 kg, et la relier à la voiture à une distance maxi de 20m.

 

Ouaip, la chance a été de mon côté cet aprèm.

De plus, la digue exerce un fort effet Venturi, car perpendiculaire au vent d'ouest. C'est pour cela que la station MF de Cayeux a eu des valeurs de vents moins importantes qu'à la plage.

 

Je l'expliquerai dans la suite de mon récit.

Sur le parking du Blanc-nez c'est faisable pour la voiture. Au Gris-Nez non et au mont d'hubert non plus.

En haut du Blanc-nez c'est déjà monté à 170 km/h, et tu dépasses les 130/140 chaque année à coup sûr. 

[Charles G]

😍 Terribles tes valeurs!!

 

Effectivement, c'est un super tremplin venteux le parking du Blanc-Nez!🤩

 

J'en prends note.📝

 

Mais tu tenais debout là-haut par 130/140??

[Charles G]

Le plus gros du vent est donc passé. La nuit prend petit à petit la place.

Changement d'ambiance, la sensation d'isolement y est plus forte. Il n'y a personne autour.

Seulement 2 à 3 passages de voitures en contre-bas, depuis le déchaînement des éléments, en milieu d'après-midi.

 

Les lumières lointaines des villes et villages forment des points orangés qui se densifient, et de façon plus ou moins agglomérés.

Ils contrastent de plus, en plus avec le crépuscule qui a maintenant disparu.

 

Il est donc décidé de replier la station, et de se poser dans un lieu isolé du vent avec un bon casse-croûte.

Les résultats des relevés sont également faits:

 

A 2,50 m de haut:

106 km/h au passage du front (15h08).

117 km/h lors du passage de Louis (16h45).

 

A 1,70 m de haut:

114 km/h maxi.

Et sur les 3h50 de mesures, on note un Wind Run (distance parcourue par le vent) de 238 kms, pour une moyenne de 62 km/h.

 

Je suis d'autant plus surpris que le poste MF de Cayeux annonce un maxi de 105 km/h, malgré sa bonne classification:

 

 

 

 

On revient donc à notre fameux effet Venturi qui à pleinement joué son rôle dans cette histoire.

La digue qui protège la côte, et sur laquelle j'étais placé, est à environ 5 m plus haut que la mer.

Sa pente doit être, à la louche de 100% (45° d'inclinaison).

La station implantée à 5 m du bord, a donc profité de ce magnifique tremplin, boostant le vent d'ouest marin qui s'en est donné à coeur joie!

 

Au ressenti, le Venturi était parfaitement perceptible en bord de digue, toujours bien plus fort. 

A 5 m du bord, il s'amoindrissait grandement et à 10 m encore plus.

Le test a été pété, répété un bon nombre de fois, et n'offre plus de place au doute à ce sujet.

C'est d'ailleurs génial de trouver du relief tel que celui-ci, car même pour un petit coup de vent, on peut s'offrir un énorme plaisir.

 

On oublie les normes et on se fait sont petit shoot venteux, tout simplement:

 

 

[Charles G]

Bonsoir,

 

Un dernier (ou avant-dernier) commentaire pour clôturer cette sacrée journée...

 

La nuit est maintenant totale, mais pas que.

Une autre surprise m'a offert une fin de spectacle céleste, digne des comtes de fées... La lune!

La pleine lune, qui éclairait bien le paysage, jouant à cache-cache avec les Cumulus, en leur donnant un aspect bleuté.

Le contraste était saisissant, avec le ciel clair, d'un bleu plus sombre et limpide parsemé d'étoiles.

L'ensemble reflétait sur un plan d'eau en contre-bas, scintillant avec le vent.

Quelle beauté!

Impossible de s'en aller tout de suite.

 

Comble du hasard, c'était le même spectacle qui avait pu être admiré, lors d'une dernière sortie venteuse à Griz-Nez, il y a quasiment 3 ans.

Juste avant la généralisation du confinement.

 

Pour vous donner une idée, voici une image trouvée sur le net, qui représente bien ce qui était observé:

Photo de Seandre:

https://get.wallhere.com/photo/sunlight-night-sky-clouds-Moon-moonlight-atmosphere-cloud-outer-space-astronomical-object-meteorological-phenomenon-cumulus-full-moon-130511.jpg

 

 

 

 

Je contemple ces dernières énergies sur la plage, m'imprègne au maximum de cette scène, inspire au plus profond cet air marin dynamique.

La neige de mer formée cet après-midi, est soufflée en gros et nombreux paquets, portés dans les terres.

N'ayant pas pu prendre le reflex, ces images resteront gravées...dans la tête.

Plusieurs flashs ont étés perçus, depuis cet aprèm jusqu'en cours de nuit.

 

Vers 21h, après une petite pause à l'abri du vent, et un nettoyage complet des vitres blanchies par le sel, retour à Paris...

Sur l'autoroute A16, quelques averses, dont une très forte, viendront finir de laver le sel et le sable.

On ne peut parfois excéder les 80/90 km/h tellement il flotte!

 

Ce n'est malgré tout pas cela qui fût le plus éprouvant, mais bien la traversée Nord/Sud-Est de la région parisienne, avec ses fou furieux du volant.

N104 --> A1-->A3 --> A86, pas de pitié, il faut faire sa place dans cette jungle routière.

 

Enfin, arrivé vers 23h30, je vide la voiture.

 

Et comme un rituel, (dans n'importe quel endroit) j'ai cette obsession de récupérer quelques déchets, échoués sur la plage de Cayeux.

Une sorte de petit merci à ma façon, envers notre belle nature:

 

 

 

 

🤠

 

 

 

[Charles G]

Bonsoir, 

 

En nettoyant le matériel, ce fût une sacrée surprise, que de découvrir autant de sable collé dans le rotor de l'anémomètre!

Et même jusqu'au fond, sur le roulement à billes.

Malgré son jeu, aucun grain n'est entré à l'intérieur: