Homogénéisation serie de temperature pour Montpellier depuis le 19e siecle

[Hugo_HK]

Salut, 

 

Je travaille actuellement sur la reconstruction d'une serie de températures pour Montpellier depuis le 19e siecle.

 

Sur le site de MF en données libres on peut télécharger les series pour l'aéroport (des 1946), pour l'ENSAM (1924-42 puis 1970-2002), et pour l'Ecole normale (1866-1937 en gros).

 

A regarder les lieux d'observations, l'EN et l'ENSAM sont toutes deux situées dans les terres par rapport a l'aéroport qui est au bord de la mer, et je m'attendais donc a une TM plus basse pour l'ENSA que pour l'aéroport pour la periode hivernale (mi novembre - mi mars). 

 

Pourtant sur la periode 1971-2002, la TM a l'ENSAM est de 8.6 degres C, contre 8.2 pour l'aéroport... 

 

Je n'ai pas encore fais les calculs pour les valeurs plus basses, mais en gros mes résultats initiaux sur la TM montrent le contraire de ce a quoi je m'attendais, a savoir une TM hivernale plus basse en bord de mer que quelques kilometres dans les terres...

 

Je fais donc appel aux pros du climat local - comment expliquer cette difference?

[Sebaas]

Il n'est en effet pas inhabituel que Fréjorgues enregistre des Tn assez significatives les matins d'hiver sans vent et par temps parfaitement dégagé, possible même que l'aéroport soit parfois légèrement déventé et que, malgré la proximité de l’Étang de l'Or, ça descende plus bas que dans Montpellier (et même hors effet ICU).

D'autant que le site de l'ENSAM se trouve plutôt en hauteur (le Plan des 4 Seigneurs), clairement plus exposé au vent et certainement moins froid dans une configuration de froid radiatif. En revanche, s'agissant du site de l’École Normale, il est plutôt abrité, moins facile à expliquer...

[Hugo_HK]

OK merci bien, impossible de faire la comparaison directe entre l'aéroport et les releves de l'EN puisque les releves de l'EN s'arrêtent avant le debut de ceux de l'aéroport.... mais je vais comparer les releves de l'EN a ceux de l'ENSAM.

 

A ton avis, l'ENSAM est elle sujette a l'effet urbain depuis les annees 70? (apriori je dirais oui, google maps semble montrer une zone très urbanisée)

 

 

[Sebaas]

il y a 19 minutes, Hugo_HK a dit :

 

A ton avis, l'ENSAM est elle sujette a l'effet urbain depuis les annees 70? (apriori je dirais oui, google maps semble montrer une zone très urbanisée)

 

En tout cas, le 19 juin 1971, on voit que c'était déjà bien urbanisé oui. Mais évidemment pas avec la densité d'aujourd'hui!

 

(le site de l'ENSAM dans le rectangle rouge)

https://remonterletemps.ign.fr/telecharger/?lon=3.824441&lat=43.650544&z=14&layer=pva&year=1970&mission=2844-0143

[Hugo_HK]

Merci @Sebaas pour cette image. Ca confirme a peu pres ce que je vois au niveau des donnees:

 

TM sur la periode hivernale pour différentes series d'années pour l'ENSAM:

 

1925-1937: 7.5C

1925-1939: 7.7C

1925-1942: 7.5C

1971-2002: 8.6C

1971-1987: 8.1C

 

Apriori les TM sur d'autres panels ailleurs en france donne des TM hivernales a peu pres équivalentes pour 1925-1940 que sur 1971-1985 (pas mal d'hivers doux des annees 20-30). 

 

Donc en gros on est sur un réchauffement urbain d'environ un peu moins d'un demi degres. 

 

Pour resumer, la TM de l'ENSAM sur la periode 1971-2002 était plus douce que la TM de l'aéroport d'environ 0.4-0.5 degres, mais le réchauffement urbain par rapport a la premiere moitié du 20e était du meme ordre, donc je n'apporterai pas de correction aux valeurs de l'ENSAM (ou école agricole avant) que j'utiliserai pour ma serie pour les annees 1885-1917 puis 1924-1942

 

Merci encore pour ton aide

 

 

 

 

 

[cirrus007]

A mon sens l'effet urbain est marginal sur l'ENSAM, sachant que l'ICU est lui même assez réduit de base sur Montpellier, compilation ici: CARTE. Paris, Lille, Toulouse, Lyon, Grenoble, Bordeaux… Visualisez l'îlot de chaleur dans votre zone urbaine

(projet MapUCE)

 

 

On est même plutôt sur la présence d'un ilot de fraicheur à l'échelle de la métropole dans ce secteur. Je vois très bien où se localise l'ENSAM, ma femme y ayant fait ses 5 années d'archi là bas ^^ dans le même style et quasiment au même endroit à quelques centaines de mètres près tu as la station du CEFE qui est plus récentes et avec un très beau site (de type classe 2 avec une VP2+, c'est sur le campus du CNRS route de Mende, j'y ai bossé 2ans là bas).

https://websie.cefe.cnrs.fr/meteo/

 

Sur ce dernier site je remarque régulièrement un petit effet TAF sur les Tn les jours radiatifs sans vent. 

 

En tout cas rien de faramineux en terme de recalage, étonnamment malgré sa grande dispersion et agglomération Montpellier serait l'une des grandes métropoles avec l'ICU le plus faible. J'avoue être tout de même surpris des résultats, surtout quand on voit des villes plus modestes comme Mulhouse ou Reims avec un fort ICU.

Modifié 6 janvier par cirrus007

[Matpo]

Le 06/01/2025 à 10:47, cirrus007 a dit :

En tout cas rien de faramineux en terme de recalage, étonnamment malgré sa grande dispersion et agglomération Montpellier serait l'une des grandes métropoles avec l'ICU le plus faible. J'avoue être tout de même surpris des résultats, surtout quand on voit des villes plus modestes comme Mulhouse ou Reims avec un fort ICU.

J ai vu un truc intéressant en rapport avec ça la semaine dernière, je vais essayer de le retrouver

Mais oui l'icu peut varier et parfois avec les parcs /zones d'étangs artificiels en ville etc on peut selon les villes se retrouver avec un ici très attenué, des résultats comparatifs le montrent, j étais très surpris moi même 

Je retrouve la conf

 

Édit : la voici (4 min 30, normalement c'est ok déjà) :

 

 

Surprenant, mais plutôt bien expliqué même si c est bref

 

 

[Nath-tlse]

Bonjour @Hugo_HK, @Matpo, et autres membres du forum

La technique d'homogénéisation des températures à Météo France fonctionne ainsi :

- on prend une longue série de température (minimale et maximale) 

- on recherche plusieurs longues séries de température proches (dans un rayon de 50 à 100 kms par exemple)

- grâce à un modèle statistique développé spécialement par MF on génère des graphiques et des données montrant des ruptures de séries entre elles (prises 2 à 2 et dans la globalité)

- on expertise ces "sauts" de température (qui peuvent être de l'ordre de 1 à 2 degrés)

- on tente d'expliquer les ruptures, on définit le(s) biais

- et au final on arrive ainsi à constituer une série homogénéisée solide.

 

Il faut donc savoir qu'une série en ville (par exemple Paris Montsouris) va être comparée à plusieurs séries en ville et à la campagne. Elle ne peut pas être isolée. A elle seule elle ne peut pas être considérée comme un signal, vous comprenez ? vu que la série est construite à partir de plusieurs séries "voisines".

 

Je prends un autre exemple, la longue série du Pic du Midi de Bigorre située à l'observatoire à plus de 2000m d'altitude ; les précieux relevés effectués pendant des décennies ont été considérés un jour comme inutiles (no comment !). Ils sont été stoppés pendant environ 12 ans jusqu'à ce que des scientifiques insistent sur l'exceptionnalité des mesures. Bref, on a une longue série avec un gros "trou". Pour l'utiliser, il a fallu la reconstituer. Cela a été possible avec la technique décrite ci-dessus grâce à des stations situées plus bas en France et en Espagne, sur la chaine des Pyrénées. Bien compliqué, dans la limite des statistiques.... Mais cette série existe et a permis entre autres de montrer que le réchauffement sur les Pyrénées est de l'ordre de 3 degrés quand la France se réchauffe de 2 degrés, soit un degré de plus que la moyenne nationale. 

 

Bien à vous

Modifié 9 janvier par Nath-tlse