Tempête de neige dans les Préalpes de Nice

[Météo78]

Compte tenu du succès du topic sur la tempête de neige dans les Cévennes du mois dernier, j'aimerais vous partager un autre grand moment hivernophile, la tempête de neige du 3 mars de l'an dernier, en 2024.

 

Il s'agissait de la tempête de neige la plus puissante depuis début janvier 2021 dans les Alpes-Maritimes >topic à retrouver ici<... Vous me direz que c'est assez proche dans notre climat réchauffé pour ce type d'évènement... Mais vous vous rendrez aussi vite compte que la région peut produire des choses monstrueuses.

 

La situation était particulièrement propice aux remontées pluvieuses méditerranéennes mais présentait également un peu d'air froid en altitude grâce à la plongée d'un cut off profond vers la Méditerranée qui s'est brusquement surcreusé sur le Golfe du Lion.

 

 

 

 

La dégradation s'est décomposée en deux temps, un front chaud très actif, dynamique et instable avec une salve orageuse nocturne (pluies fortes, grêle, nombreux orages...). Ensuite arrive une occlusion chargée d'humidité qui fait basculer le flux à l'Est sur le massif, sans permettre le foehn (proximité de la dépression, fortes valeur d'eau précipitable, etc...). L'isothermie allait donc fonctionner à pleine balle lors du gros de l'épisode !

 

 

 

 

Durant la nuit, les orages furent donc particulièrement nombreux avec le passage de cellules ayant l'air isolées. Mais dans l'atmosphère chargée d'humidité, pas grand chose de chassable à se mettre sous la dent.

 

 

 

 

Voici le seul impact "potable" (pour la saison) que j'ai réussi à avoir depuis mont point de vue sur la ville de Nice. Quasiment hors cadre évidemment. Désolé pour la compression calamiteuse.

 

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L'ambiance était presque plus impressionnante chez moi, à 420m d'altitude. Bien que la tête dans les nuages (brouillard) la plupart du temps, et les impacts masqués. En effet, les orages se renforçaient rapidement par effet de relief en arrivant sur le département (passant de 0 à plus de 3000m d'altitude perpendiculairement au flux). Le sommet en face du balcon étant doté d'une antenne qui attire systématiquement la foudre, ça envoyait un spectacle de son et lumière sur le village entre deux salves de grêle.

 

 

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Pour la partie qui nous intéresse, nous attendrons donc le milieu d'après-midi avec l'arrivée de l'occlusion et la mise en place de l'isothermie... Une occlusion particulièrement musclée !

 

 

 

 

 

J'embarque donc tout le matériel pour affronter la tempête, ainsi que ma femme qui se réjouit (pour l'instant , elle ne sait pas ce qui l'attend, la pauvre...) de vivre sa première grosse bordée bien virile.

 

L'idée est de se rapprocher au maximum de la chaîne frontière, à son point le plus proche de la mer. Pour cela, nous remonterons la vallée du Paillon puis rejoindrons Camp d'Argent via Peïra Cava et le Col de Turini.

 

 

 

 

 

 

Simple ?

 

 

Déluge jusqu'à 1150m, puis les premiers flocons apparaissent, des flocons énormes qui font des petits tas sur le sol alors que le sol dégouline d'eau. Je chausse les chaînes car dans ce genre de configuration, quelques dizaines de mètres plus haut c'est l'apocalypse.

 

ça n'aura pas manqué, nous traversons Peïra Cava difficilement puis suivons un chasse neige de la métropole pour tenter d'atteindre le Col de Turini. Bien nous en a pris car il s'agit du dernier qui passe... Et le passage se fait à la tronçonneuse pour couper les arbres qui cassent comme des allumettes (des épicéas d'une trentaine de mètres) et barrent la route.

 

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Oui, je crois que nous sommes entrés dans le vif du sujet.

 

 

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Nous suivons le chasse neige au milieu de cette forêt de sapins, dans les rares zones où ça ne casse pas encore, l'ambiance est incroyable avec cette neige lourde qui fait ployer ces arbres immenses... Jugez du peu

 

 

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Arrivée au col de Turini, le chasse neige abandonne et les ouvriers vont à la taverne. Nous ne pouvons que les comprendre, après cette traversée épique, la forêt se referme derrière nous dans des craquements sinistres. Tant que la neige ne cesse pas, il est inutile de continuer à entretenir l'ouverture.

 

Nous creusons la neige à la pelle en bord de route pour trouver une place de parking approximative en laissant un bâton suffisamment haut derrière la voiture pour la retrouver. Vu les autres véhicules et les congères hallucinantes qui les ensevelissent à vue d'oeil, ça n'est pas de trop.

 

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Le ranch du col, pour les gens qui connaissent le coin vous serez stupéfaits.

 

 

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Vue générale du col

 

 

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L'hôtel des 3 vallées, et son parking... (oui, ce sont bien des voitures )

 

 

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Plus rien ne passe, impossible de monter à Camp d'Argent ? Qu'à cela ne tienne, nous chaussons les raquettes et allons affronter la tourmente jusqu'au bout.

 

 

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Au milieu de la route pour Camp d'Argent, la zone convective de l'occlusion passe, baroud d'honneur de l'épisode. Impossible de sortir l'APN plus d'une minute sans que la neige ne le recouvre et commence à remplir la sacoche... Je tente quand même une photo rapide pour l'ambiance.

 

 

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Fin de l'épisode de neige, nous arrivons à Camp d'Argent frigorifiés... L'ambiance est folle avec une couche de neige et des congères qui semblent sorties d'une autre temps... Remarquez la voiture sur la terrasse couverte. Les connaisseurs du coin sauront qu'il n'y a aucun talus à cet endroit... Je suis sur la route !

 

 

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Une belle congère en bord de route lors de la redescente vers le Col de Turini.

 

 

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Vue dans la forêt recouverte de Dolichousnea longissima, donnant une ambiance vraiment particulière après la neige.

 

 

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Retour au col de Turini. Pour rappel, nous sommes à un peu plus d'une heure de Nice.

 

 

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Nous entendons les tronçonneuses et des craquements au loin, donc les ouvriers ont repris le travail d'accessibilité après la fin des chutes. A nous d'aller à la taverne en attendant la réouverture. Nous avons bien mérité notre socca et petits farcis aujourd'hui.

 

 

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La route sur le retour vers la Côte, alors que des averses de neige tombent encore. Un peu moins d'une heure plus tard, nous serons de retour entre palmiers et cactus... Une aventure qui semble se passer à l'autre bout de l'Europe alors que quelques dizaines de km nous séparent de ces conditions. C'est ce que j'aime le plus dans cette région.

 

 

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Enjoy !

 

 

 

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Cette tempête de neige a posé 75cm sur une journée contre 90cm en une journée en 2021. La neige tombait par des températures très douces jusqu'à haute altitude (isothermie donc proche de 0° sur une grande tranche en moyenne montagne). La neige était gorgée d'eau, très lourde et les dégâts en forêt furent donc considérables, il faudra sans doutes une bonne décennie pour en masquer les traces, si ce n'est plus dans les zones difficiles.