grande marée et météo, liaisons dangereuses...

[bruno50]

A priori, ce serait une bonne nouvelle pour les passionnés qui sont longtemps passés pour des doux cinglés:

-tu fais quoi ce week-end?

-les grandes marées

-ah tu vas pêcher?

-non je vais regarder

-ah bon... (modes sarcastique ou désabusé définitifs)

Voici un quart de siècle en effet, hors saison touristique, la presse nationale n'évoquait jamais le sujet; ou à la rigueur en septembre censé être le mois des cataclysmes littoraux (ce que les 50 dernières années et les données climatos démentent). Depuis la morte saison ne l'est plus tout à fait, le déferlement des sports de mer froide (surf notamment) permis par les vêtements isolants n'y est sans doute pas étranger de même que l'abondance de retraités aisés encore en bon état pour un tourisme plus hivernal.

En février dernier la différence était patente; et ce matin déjà RTL faisait le buzz sur le mt st michel dimanche prochain.

Or cette présence media est paradoxale : en insistant à la fois sur la grandeur la rareté et les dangers de l'événement, elle amplifie les trois;

-en liant les marées aux submersions vagues; si on a des vents de Nord Est et une pression élevée, l'événement est vite relatif; sur st Malo et St Michel, 1025 et un vent de nord est dominant, ça donne 20 cm de moins; peu mais assez pour que l'on repasse à une pleine mer comme il y en aura sur le papier encore deux fois cette année et trois fois l'an prochain. Du siècle ou du 5 fois par siècle, on passe à du 5 fois en deux ans. Et sur l'atlantique, un jeu de 20 cm en plus ou en moins a un impact encore plus grand sur les écarts aux prévis papier. Est-il dans ces conditions logique de présenter la marée en baie de st michel comme exceptionnelle alors qu'elle semble au moment où j'écris se présenter moins haute qu'en février dernier et même que celle du 31 août prochain (114 pourtant).

-en parlant d'un événement, on le rend dangereux à gérer; passons sur les dangers qu'auraient entraîné une masse tant de novices que d'habitués (ces derniers, dont moi, étant souvent beaucoup moins prudents) ; face à un fort coup de vent il aurait fallu évacuer manu militari tous les points exposés, et c'eût été impossible sauf à mettre tous les effectifs sur le coup. Mais les pêcheurs à pied seront très nombreux avec la sous-cote qui s'annonce d'autant que pratiquement toutes les dernières marées basses d'ampleur ces deux dernières années (à commencer par la 118 de février) ont été un ratage à cause de la surcote et surtout des eaux troubles générées par la houle à marée haute. Parmi eux nombre de personnes âgées ou de familles avec petits enfants pas forcément aptes à faire face à un début d'encerclement par surprise.

-en évoquant les dangers, on émoustille une population dont on sait qu'elle recherche l'adrénaline; est-ce une bonne idée?

Enfin, il va être intéressant de suivre les éventuels progrès : on a commencé à évoquer (Foucart dans un papier du Monde) le cycle de Saros et donc admis que nous avons en gros du spectaculaire sur le papier tous les 18 ans (et parfois plus, parfois moins, Saros est une moyenne : on a déjà oublié qu'il y eut dans les années 1990 deux 119 les 10 mars 1993 et 1997, d'ailleurs platissimes).

D'autres bonnes surprises sont à suivre?

[Cotissois 31]

Avec les médias modernes, il faut créer du buzz.

Le buzz ça va inciter des foules entières à faire la même chose au même moment, avec un QI pas forcément élevé.

C'est vrai.

Mais voir des foules entières se prendre de curiosité pour la grande marée ou le risque de submersion, c'est aussi voir les gens s'intéresser à la Nature et à ses dangers (et à la région). Chose qu'ils ne feraient probablement pas sinon.

Quand on parle de la Nature et de ses dangers, tout est bon à communiquer je crois.

Le danger est peut-être surtout pour les amateurs occasionnels de la mer qui se fient à leur expérience de "c'est passé la dernière fois à marée normale" et qui vont tenter des choses pour avoir quelques sensations (même nous on recherche des sensations).

En grande marée, il faut mettre plus de distance et de délais de sécurité que "la dernière fois". C'est la base. Et se rappeler qu'une vague sur 10 tend à être nettement plus forte que les autres. On a le droit d'observer un chemin pendant 3 minutes avant de s'y lancer.

Si on sait tout ça, on est en sécurité normale je crois.

ps : un long reportage sur la dernière grande marée à Saint-Malo, avec les différents acteurs

http://www.ouest-france.fr/grandes-marees-video-repetition-generale-saint-malo-3251282

Vidéo de 2014 assez connue

(là il y a de vrais imprudents, ne pas imiter !)

[bernardt60]

A priori, ce serait une bonne nouvelle pour les passionnés qui sont longtemps passés pour des doux cinglés:

-tu fais quoi ce week-end?

-les grandes marées

-ah tu vas pêcher?

-non je vais regarder

-ah bon... (modes sarcastique ou désabusé définitifs)

Voici un quart de siècle en effet, hors saison touristique, la presse nationale n'évoquait jamais le sujet; ou à la rigueur en septembre censé être le mois des cataclysmes littoraux (ce que les 50 dernières années et les données climatos démentent). Depuis la morte saison ne l'est plus tout à fait, le déferlement des sports de mer froide (surf notamment) permis par les vêtements isolants n'y est sans doute pas étranger de même que l'abondance de retraités aisés encore en bon état pour un tourisme plus hivernal.

En février dernier la différence était patente; et ce matin déjà RTL faisait le buzz sur le mt st michel dimanche prochain.

Or cette présence media est paradoxale : en insistant à la fois sur la grandeur la rareté et les dangers de l'événement, elle amplifie les trois;

-en liant les marées aux submersions vagues; si on a des vents de Nord Est et une pression élevée, l'événement est vite relatif; sur st Malo et St Michel, 1025 et un vent de nord est dominant, ça donne 20 cm de moins; peu mais assez pour que l'on repasse à une pleine mer comme il y en aura sur le papier encore deux fois cette année et trois fois l'an prochain. Du siècle ou du 5 fois par siècle, on passe à du 5 fois en deux ans. Et sur l'atlantique, un jeu de 20 cm en plus ou en moins a un impact encore plus grand sur les écarts aux prévis papier. Est-il dans ces conditions logique de présenter la marée en baie de st michel comme exceptionnelle alors qu'elle semble au moment où j'écris se présenter moins haute qu'en février dernier et même que celle du 31 août prochain (114 pourtant).

-en parlant d'un événement, on le rend dangereux à gérer; passons sur les dangers qu'auraient entraîné une masse tant de novices que d'habitués (ces derniers, dont moi, étant souvent beaucoup moins prudents) ; face à un fort coup de vent il aurait fallu évacuer manu militari tous les points exposés, et c'eût été impossible sauf à mettre tous les effectifs sur le coup. Mais les pêcheurs à pied seront très nombreux avec la sous-cote qui s'annonce d'autant que pratiquement toutes les dernières marées basses d'ampleur ces deux dernières années (à commencer par la 118 de février) ont été un ratage à cause de la surcote et surtout des eaux troubles générées par la houle à marée haute. Parmi eux nombre de personnes âgées ou de familles avec petits enfants pas forcément aptes à faire face à un début d'encerclement par surprise.

-en évoquant les dangers, on émoustille une population dont on sait qu'elle recherche l'adrénaline; est-ce une bonne idée?

Enfin, il va être intéressant de suivre les éventuels progrès : on a commencé à évoquer (Foucart dans un papier du Monde) le cycle de Saros et donc admis que nous avons en gros du spectaculaire sur le papier tous les 18 ans (et parfois plus, parfois moins, Saros est une moyenne : on a déjà oublié qu'il y eut dans les années 1990 deux 119 les 10 mars 1993 et 1997, d'ailleurs platissimes).

D'autres bonnes surprises sont à suivre?

Pas à tout à fait Bruno,

Je peux te dire que la fameuse marée du siècle de 1967, ça a bien fait le buzz aussi et déçu aussi, je m'en rappelle comme si c'était hier:

http://www.ina.fr/audio/PHF06020426

Autre événement nettement moins réjouissant et dont on entendait parler : la marée noire provoquée par le Torrey Canyon

[bruno50]

Un grand merci à toutes les interventions que je découvre ce soir, d'autant que j'ai ouvert un fil sans disposer réellement du temps pour l'alimenter moi-même. Elles m'ont toutes beaucoup appris sur un sujet que je crois pourtant connaître un peu, c'est super . L'hypothèse d'un danger concentré sur le début de marée remontante se confirme au vu des sorties de ce week-end. Plus qu'à attendre de savoir comment les media vont prendre en compte ce qui est une originalité depuis deux ans: une grande marée basse plus que haute. A suivre.

[pandas]

Effectivement, il me semble que c'est plus la basse mer avec la marée remontante qui peut être dangereuse.

Concernant la pleine mer, le danger est réel mais il relève plus de l'inconscience des personnes que du manque d'info ou que de la non connaissance des lieux.

A St Malo par exemple, faut en vouloir quand même à la pleine mer pour se faire emmener sauf si tu te ballades sur la digue de Rochebonne quand ça jette, mais là c'est de l'inconscience. Côté chaussée du Sillon, peu de risque. Comme dit dans la vidéo, le risque c'est plus de se prendre du bois ou que les pierres cèdent (la poisse à ce niveau).

Côté people,

J'étais à St Malo pour la tempête de début janvier 2014, il y avait à la louche une centaine de personnes côté chaussée du Sillon. Aucun soucis de sécurité et il y avait pas mal de houle

Le 20 février 2015 où ça jetait pas mal et avec un marnage supérieur à celui du we prochain, il y avait plusieurs milliers de personnes. Les flics étaient là pour le fun.... sitôt passé, tout le monde était sur le trottoir côté mer. Côté sécurité, fallait pas qu'il arrive un problème majeur.

Le 21 mars ??? (vu l'anticyclone, y aura rien à voir ... j'aurai tendance presque à dire que ce n'est pas plus mal)

Pour alimenter les propos de Bruno, la médiatisation du phénomène permet de faire le plein touristique. J'ai fait l'expérience : avant le we du 20 février il restait à foison de possibilités de réservation (sans vue sur mer bien sûr) côté Saint malo et du Mont. Le 21 février, il ne restait plus rien côté Saint Malo et pareil côté Mont. Un petit coup de pub avec les marées de février et tout est part niveau réservation .

Pour le we prochain, les conditions météo paraissent (ça peut toujours évoluer) bonnes pour une excellente marée basse, pour le reste, pas de houle, une sous côte, ....

En attendant, il y aura toujours des barjots prêt à traverser la France, tout ça pour voir de la flotte .... et j'en fais parti

Sinon merci pour vos liens de vidéos

[bernardt60]

Le buzz a bien été créé, il y a plus de demandes de réservations hôtelières à Saint-Malo que pour le départ de la route du Rhum, boostées aussi peut-être par une certaine chute en direct sur une chaîne d'info lors de la grande marée précédente de février.

Seul problème, est-ce que le spectacle vaudra vraiment le déplacement, rien n'est moins sûr, en tous cas ce sera sûrement une très bonne chose pour l' économie de la cité malouine.

http://www.lepaysmalouin.fr/2015/03/17/maree-du-siecle-la-foule-attendue-a-saint-malo/

[bruno50]

Sur France 2 dossier sur la lutte contre l'érosion avec une intro précisant que ce sujet vient à l'approche des grandes marées...

Sur F3, une explication d'une "locale" sur le buzz de samedi : depuis quelques mois, les vidéos tournent sur you tube avec des houles spectaculaires, la dernière en date en février dernier. Il risque d'y avoir de gros problèmes d'image à gérer pour St Malo si la houle est complètement absente (c'est tangent, MF voit une longue houle résister au flux de nord est. Mais atteindra-t-elle le fond d'une baie?).

Si une large partie des gens viennent pour la marée haute, il risque d'y avoir bien des déceptions. S'ils viennent à marée basse, le spectacle est beaucoup plus garanti.

[bruno50]

Manque de réactivité météo étonnant dans un journal littoral qui plus est (Télégramme d'aujourd'hui!)

« La marée du siècle » est une aubaine pour le tourisme local. Voilà belle lurette qu'il n'est plus possible de trouver une chambre d'hôtel en front de mer. Les restaurants sont aussi de la fête. Que le spectacle commence !

« On attendait les premiers touristes de la saison les 5 et 6 avril. En fait, ils vont arriver ce week-end. » Constat dressé par Béatrice Gallais à la tête de « l'Hôtel Oceania », qui jouxte le palais des congrès. « C'est complet. Depuis plusieurs semaines, on ne sait plus où mettre nos clients », s'amuse presque la propriétaire. Une patronne heureuse de constater que son établissement et son parking sont à l'abri des déchaînements des éléments. Avec la présence des brise-lames et d'un muret au pied de l'hôtel, qui retient l'eau quand la chaussée du Sillon est inondée.

« Comme un 15 août »

Pas la même chanson à « l'Hôtel Escale Oceania », au début de la digue de Rochebonne. Hier soir, Martin Kolb a placé des protections pour endiguer la furie des eaux. « Mon parking de 20 places est fermé pour la sécurité de mes clients, indique le directeur. Il a déjà été inondé, de même que la cage d'ascenseur. L'hôtel a été une île », se rappelle en souriant Martin Kolb, qui a cependant des motifs de satisfaction. Les 88 chambres de son hôtel trois étoiles sont pleines à craquer : des Parisiens, Rennais et Britanniques bien sûr. Mais aussi des Biélorusses, Canadiens, Américains et même Japonais ! « On a énormément d'appels depuis une semaine, mais on est obligé de refuser. Comme un 15 août. »

« Un raz-de-marée » Face à son établissement, la « Brasserie du Sillon » est logée à la même enseigne. Même s'il restait encore quelques places samedi pour le service de... 23 h. « Nous sommes submergés de demandes, indique Vanessa Moubèche, responsable, qui, en cas d'alerte de Météo France, posera des planches de bois devant ses vitres. Pas question de revivre mars 2008, où un touriste alsacien s'était retrouvé coincé sous une baie vitrée qui avait explosé sous la violence des flots. » « C'est un raz-de-marée, s'enflamme Laurence Bozzuffi, directrice de l'office de tourisme. 80 % des appels concernent la grande marée. Où trouver un hôtel ? Où voir la mer sauter ? ». L'office répond mais veut aussi vendre le « terrain de jeu » que la mer en se retirant fait découvrir. « Tout paraît alors proche. On imagine même aller à pied à Cézembre ! » L'autre magie des grands coefficients.

Le "chapeau" est particulièrement surprenant; son agencement à la photo montrant une marée houleuse et aux trois quarts de l'article anglés sur la résistance à la mer laisse dans l'ombre l'info essentielle reléguée tout à la fin de l'article : c'est bien la marée basse qui fera le spectacle ainsi que la vitesse de la montante, pas les pleines mers. L'office de tourisme a essayé de le faire comprendre au journaliste qui semble n'y avoir vu qu'un ajout de communication...

Même topo au journal de 13 h de F2 hier qui décrit avec soin les sacs de protection disposés par la mairie de st Malo. Sans préciser qu'ils étaient de sortie pour février dernier où ils avaient une utilité réelle (rien à voir avec les 2 marées de février/mars 2014 qui ont sans doute illustré la "Une" du Télégramme).

[Cotissois 31]

La marée basse c'est plus pour les connaisseurs (régionaux et habitués de la pêche à pied).

Mais on ne peut pas ouvrir un JT ou faire un article accrocheur sur des images de marée basse.

La pauvre F.Agostini qui s'est tapé une dizaine de directs au Mont-Saint-Michel, pour dire que la mer monte et descend, avec une météo froide et nuageuse.... /emoticons/biggrin@2x.png 2x" width="20" height="20">

Mais bon, personne sur les côtes de la Manche ne se plaindra de cette couverture médiatique. /emoticons/wink@2x.png 2x" width="20" height="20">

J'ai eu un regret, personnellement : rien entendu sur l'explication des très fortes marées dans quelques coins du globe. On donnera l'explication à la prochaine ... ?