charles.muller Posté(e) 31 mai 2006 Partager Posté(e) 31 mai 2006 Dans une autre discussion (voir Forum Presse), je soulignais la médiatisation différentielle des travaux sur le RC : les études ayant des conclusions neutres ne sont que rarement évoquées, les études ayant des conclusions "alarmistes" le sont bien plus. Nous avons un cas de figure parfait : une étude de mai 2006 de Klotzbach dans les GRL concluant qu'il n'y a pas de signal clair de l'intensité des cyclones sur la période 1986-2005 à l'échelle globale ; une autre à paraître dans Eos de Mann et Emanuel trouvant que les cyclones de l'Atlantique Nord ont gagné en intensité à cause du réchauffement global d'origine anthropique. Les deux publications sont de l'American Geophysical Union, la seconde étant plus confidentielle que la première (accès électronique réservé aux membres à ma connaissance). Le travail de Klotzbach n'a été cité nulle part ; celui de Mann et Emanuel fait déjà et en ce moment la "une" des rubriques "climat" des sites Eurekalert et Science Daily (les deux principales sources généralistes d'infos scientifiques, en terme de fréquentation). Mais je ne souhaite pas insister ici sur cette question de la médiatisation, traitée plus bas. Je reviens plutôt sur le contenu scientifique des deux travaux, adapté à ce Forum. *** Voici les principales conclusions de Klotzbach (pour ceux qui n'ont pas lu cette synthèse en rubrique Presse) : Plusieurs auteurs (Emanuel 2005, Webster 2005) ont trouvé une augmentation dans l'intensité des cyclones au cours des 35 dernières années et l'ont rapportée à la hausse des températures de surface de la mer (SST), elle-même liée au réchauffement global. Philip Klotzbach (Département des sciences de l'atmosphère, Université du Colorado) a examiné les données disponibles sur les vingt dernières années, soit 1986-2005, au cours desquelles les SST ont augmenté de 0,2-0,4°C selon les estimations. Il a utilisé deux paramètres d'évaluation : le nombre de cyclones de catégories 4 et 5 et l'index ACE (Accumulated Cyclone Energy). L'index ACE a connu une forte augmentation dans le bassin Nord-Atlantique et une forte baisse dans le bassin Pacifique Nord-Est. On trouve ailleurs des tendances peu significatives à la hausse ou à la baisse. Sur l'ensemble des bassins, l'indice ACE a légèrement augmenté au cours de la période étudiée, mais les tendances sur les seize années les plus récentes (1990-2005) sont au contraire à la baisse. Ce sont pourtant les années les plus chaudes, et de loin. Concernant les catégories 4 et 5, les deux régions ayant connu des tendances les plus significatives des deux dernières décennies (Nord-Atlantique, Pacifique Nord-Est) ne montrent pas de tendances claires (47 cyclones sur 1986-1995, 48 cyclones sur 1996-2006). Concernant l'ensemble des bassins, on trouve une hausse globale de 10% des cyclones 4-5. L'auteur souligne cependant que l'essentiel de cette hausse tient aux cyclones de l'Hémisphère Sud de la fin des années 1980 et du début des années 1990, dont la qualité des analyses est parfois débattue. Depuis 1990, on ne trouve que très peu de changements alors que le réchauffement s'est accéléré. Il existe une corrélation positive et significative entre l'indice ACE, les températures de surface (SST) et le nombre de cyclones 4-5 pour les bassins Nord-Atlantique et Pacifique Nord-Est. Cette corrélation est en revanche absente des autres bassins cycloniques, ce qui indique que "d'autres facteurs comme l'état d'El Niño ENSO, le cisaillement vertical des vents, l'humidité de la troposphère moyenne [...] jouent un rôle critique pour déterminer l'intensité attendue d'une saison cyclonique". Conclusion de Philip Klotzbach : "Ces résultats indiquent qu'il y a eu très peu de tendance dans l'activité cyclonique des vingt dernières années et qu'une large partie de l'augmentation importante trouvée par Emanuel 2005 ou Webster 2005 est probablement due à la qualité médiocre des bases de données avant le milieu des années 1980". *** Pour Mann et Emanuel, je n'ai pas encore pu me procurer l'étude, juste le communiqué assez détaillé que l'on peut lire sur les sites mentionnés plus haut. La lecture de ce communiqué me laisse dubitatif. - Les auteurs ont développé un modèle sur 100 ans qui inclut les données sur la fréquence et l'intensité des cyclones, les SST, l'oscillation atlantique multidécennale (AMO), les aérosols. - Selon eux, il y aurait des "données correctes" sur les ouragans et les SST depuis un peu plus de 100 ans. A ma connaissance, les spécialistes des cyclones ne sont pas d'accord sur la mesure de l'intensité des cyclones avant les satellites, c'est-à-dire avant le milieu des années 1980 ; et la mesure des SST dans la première partie du XXe siècle par des cargos aux instruments rudimentaires prenant toujours les mêmes routes maritimes ne doit pas être d'une extraordinaire précision. - Les chercheurs ont choisi d'inclure l'oscillation atlantique multidécennale (AMO) dont la durée est de 50-70 ans, c'est-à-dire peut-être au-delà de la période de temps étudiée sur un cycle complet. Comment évaluer clairement son signal ? - Ils incluent également une modélisation des aérosols, connue pour être particulièrement spéculative aussi bien sur la quantité des émissions au cours du XXe siècle que sur le régime des flux et donc leur répartition atmosphérique après émission. Selon eux, la baisse des SST 1950-80 a été confondue dans de précédents travaux avec un effet de l'AMO, alors qu'il s'agissait plutôt d'un effet des aérosols. Ce modèle aux données de base un peu incertaines au premier abord conclut que les ouragans AN ont augmenté d'intensité sur 1980-2000 à cause du réchauffement global d'origine anthropique. Tant que je n'ai pas le papier intégral, il est difficile d'aller plus loin. Disons simplement qu'il s'agit d'un exercice un peu spéculatif, prenant une période longue avec plusieurs indices sujets à débat. *** Les conclusions que j'en tire provisoirement : - la hausse des SST, bien que faible globalement depuis 160 ans (de mémoire, 0,4 à 0,6 °C), a probablement un lien avec l'augmentation d'intensité des cyclones ; - le signal de la hausse des SST due au réchauffement global et de la hausse des SST due à des oscillations naturelles sur chaque bassin est complexe à isoler ; - le lien intensité-SST ne se retrouve pas sur tous les bassins, de sorte que les variations des SST ne sont pas la seule condition de la cyclogenèse, voire une condition non déterminante dans certains bassins par rapport à d'autres facteurs ; - la période de réchauffement rapide 1996-2005 ne semble pas liée à une augmentation d'intensité des cyclones sur les bassins où la corrélation SST-intensité est la plus claire (AN, PNE), puisque le nb des cyclones 4-5 est globalement stable par rapport à 1986-1995 ; - ces données permettent difficilement de conclure à un lien clair entre réchauffement global anthropique et hausse d'intensité des cyclones. 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lc30 Posté(e) 31 mai 2006 Partager Posté(e) 31 mai 2006 Il serait intéressant de connaître où travaillent les deux autres chercheurs, car s'il y a une Université compétente en matière climatologique et surtout en matière de cyclone c'est bien le Colorado ( en association le plus souvent avec Miami) Comme tu le dis si bien .... médiatisation , et on ne veut entendre que ce que l'on veut bien entendre et publier que ce qui rapportera un taux de vente substantiel.......... -- lc30 Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
charles.muller Posté(e) 31 mai 2006 Auteur Partager Posté(e) 31 mai 2006 Il serait intéressant de connaître où travaillent les deux autres chercheurs, car s'il y a une Université compétente en matière climatologique et surtout en matière de cyclone c'est bien le Colorado ( en association le plus souvent avec Miami) Comme tu le dis si bien .... médiatisation , et on ne veut entendre que ce que l'on veut bien entendre et publier que ce qui rapportera un taux de vente substantiel.......... -- lc30 Kerry Emanuel est au MIT et Michael Mann à l'Université de Pennsylvanie. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
charles.muller Posté(e) 1 juin 2006 Auteur Partager Posté(e) 1 juin 2006 Décidément, la saison cyclonique est bien avancée dans le domaine éditorial : deux nouvelles études sont parues dans les GRL : Michaels et al., Huber et al.. Je commente cette nuit la première, que j'ai ratée et qui a "déjà" deux semaines. Je vais tâcher de trouver demain le texte de la seconde. Honte à moi, donc, je n'avais pas vu passer dans les GRL un papier de Patrick J. Michaels, Paul C. Knappenberger et Robert E. Davis. Les auteurs se posent la question : s'il existe une corrélation entre l'intensité des cyclones et les températures de surface de l'océan, s'agit-il d'une co-variation continue (SST plus hautes > cyclones plus intenses) ou d'un processus à seuil ? Pour répondre, ils utilisent une grille fine (1°x1°) des SST dans le bassin atlantique, obtenue par mesures in situ calibrées avec les mesures satellite, entre 1982 et 2005. Les précédentes études avaient une précision de grille deux fois moindres. Ils utilisent par ailleurs la base HURDAT, qui collecte les données (localisation, intensité) des cyclones atlantiques. Au total, 7814 associations SST-vitesse de vent ont pu être recueillies sur ces 24 dernières années. Les auteurs trouvent une association significative entre SST et intensité (pour chaque degré supplémentaire, la vitesse de vent augmente de 2,8 m/s), mais le maximum d'intensité des cyclones est généralement atteint en dessous du maximum des SST du parcours. Seuls 26% des cyclones observés atteignent ainsi leur pic dans le degré de latitude / longitude où les mers sont les plus chaudes. En moyenne, l'intensité maximale est plutôt atteinte 4,4° de latitude N par rapport au maximum des SST de la course. La vitesse de vent semble augmenter jusqu'à 28,25°C (valeur moyenne de seuil), puis varier ensuite sans lien avec les températures de surface. Dit autrement : tous les cyclones de catégorie 3 et plus ont atteint une zone à cette température, mais c'est aussi à partir de ce seuil que l'on ne retrouve plus de corrélation claire. Que donnent ces mesures appliquées à la période étudiée dans l'Atlantique ? Les auteurs divisent en deux phases : 1982-1994 et 1995-2005. Les années 1994-1995 sont reconnues comme le passage de la période faible activité à la période forte activité sur le bassin Atlantique. En 1982-1994, 71 tempêtes ont rencontré le seuil 28,25°C et 16 (22%) sont devenues des ouragans majeurs. En 1995-2005, 124 tempêtes ont rencontré le même seuil et 42 (33%) sont devenues des ouragans majeurs. Sur les deux périodes, le maximum des SST au-delà du seuil n'est guère éloigné : 28,95°C vs 29,28 °C. Les auteurs concluent sur ce point que d'autres facteurs que les SST ont contribué à l'activité cyclonique intense des dix dernières années (le taux de transformation des tempêtes en ouragans majeurs a connu une hausse de 50 % - de 22 à 33% - au-delà du seuil significatif de 28,25 °C et pour des maxima assez proches). La conclusion générale est que, sur la base de la période 1985-2002, la hausse des SST amplifierait à l'avenir l'intensité des cyclones. Si toutes les tempêtes tropicales (270 sur la période de référence) rencontraient demain le seuil de 28,25°C (ce qui supposerait un réchauffement des SST de 2-3°C par rapport à aujourd'hui), 80 d'entre elles deviendraient des cyclones de catégories 3+ (contre 58) et la vitesse moyenne de vent maximal passerait de 38,1 m/s à 40,5 m/s. Mais c'est là une situation "extrême" supposant une hausse forte et généralisée des SST (>2°C), alors que le hausse constatée après un siècle et demi de réchauffement reste inférieure à 1°C (du fait de l'inertie thermique de la masse océanique). Les auteurs remarquent d'ailleurs que les quelques dixièmes de °C gagnés ces dernières décennies rendent peu probable la détection d'un signal clair sur l'intensité des cyclones (la hausse de l'intensité des vents serait de l'ordre de 1-2%). Comme Michaels est un sceptique notoire (je précise pour ceux qui l'ignorent), l'article se conclut par cette précision : "dans la mesure où une large part de l'augmentation observée des SST dans l'Atlantique peut être causée par d'autres facteurs que les évolutions des gaz à effet de serre (Knight 2005), il n'est pas possible de décréter que l'activité anthropique a influencé de manière détectable les tendances constatées sur la sévérité et l'intensité des ouragans de l'Atlantique". On peut bien sûr passer outre cette conclusion si on le souhaite (expliquant que l'article n'a pas été plus médiatisé que celui de Klotzbach), et retenir au moins l'intéressante analyse empirique d'un effet de seuil situé peu au-delà de 28°C dans le bassin atlantique et d'une absence de variation continue d'intensité au-delà du seuil. Références : Sea-surface temperatures and tropical cyclones in the Atlantic basin, GRL, 33, L09708, doi:10.1029/2006GL025757, 2006 Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
lc30 Posté(e) 1 juin 2006 Partager Posté(e) 1 juin 2006 Pour compléter mes précision ci-dessus et celles de charles muller, le MIT comme l'quniversité de Pennsylvanie ne sont pas spécialisées dans le domaine climatique. Il faut bien voir uqe sous une apprence de compétitivité entre universités aux USA, il ya une ultraspécialisation de certaines dans des domaines très précis ( Colorado : climatologie et risques naturels sauf séismicité/volcanisme - voir Californie avec Hawai pour le volcanisme et les problèmes maritimes, Texas : traitement des déchets - ben oui on n'y peut rien c'est comme ça quelque soit le nom de la famille régnante au Texas, voir aussi John Hopkins pour la médecine, Wiconsin pour les problèmes électromagnétiques etc.... Indiana plutôt les ressources minières) mais dans chaque université il ya des services qui s'occupent aussi de ces problèmes mais la mobilité des chercheurs est telle que leur aspiration est celle d'aller vers les meilleurs, c'est pour cela qu'à priori les études venant du Colorado - Miami associé- doivent retenir toute l'attention. inversement il y a une université de la côté Est spécialisée ( programme Médée) dans les échanges entre scientifiques et armées U.S..... ( Caroline du nord ? ou Virginie ? ou ....) Là méfiance ! Quant au MIT sa réputation n'est pas tellement fondée sur les études de climatologie... -- lc30 Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
charles.muller Posté(e) 1 juin 2006 Auteur Partager Posté(e) 1 juin 2006 J'ai réussi à me procurer auprès de son auteur principal (Matthew Huber, Purdue University) la seconde étude non encore parue dans les GRL. En substance, les auteurs ont calculé la dissipation d'énergie (hétéro) des cyclones à l'échelle globale, entre 1958 et 2001, sur les données de la base ERA-40 (European Center for Medium Range Weather Forecast). Cet indice hétéro a été calculé globalement et non pas bassin par bassin, puis comparé à l'évolution des températures océaniques. Les auteurs concluent à une hausse d'intensité après 1979 d'une part, à une corrélation positive (0,4) avec la hausse des SST. Hélas, je doute que cette étude départage les chercheurs. Car les auteurs précisent qu'ils ont utilisé les données brutes : "bien qu'il existe des défauts sur la validité des données de vent de la base ERA-40, surtout avant 1979, nous n'avons pas cherché à les corriger. Les résultats de cette étude sont plutôt présentés comme une représentation indépendante, non corrigée et robuste des tendances dans l'activité globale des cyclones tropicaux". Leur formule de calcul de la dissipation d'énergie comporte notamment une intégrale des vents mesurés à 6 heures d'intervalle pour chaque tempête. Que le résultat soit "robuste" serait étonnant. Avant le début des années 1980, les vitesses de vent des cyclones étaient estimées par des moyens assez artisanaux et il existe un consensus pour dire qu'elles étaient sous-estimées (Landsea et Emanuel étaient tombés d'accord sur ce point en 2005 dans leur échange dans Nature, Emanuel reconnaissant qu'il n'avait pas assez corrigé à la baisse les données antérieures). Par ailleurs, l'addition de tous les cyclones de tous les bassins ne fait qu'ajouter à l'imprécision, car autant certains sont assez bien observés depuis longtemps (Atlantique), autant les évaluations des cyclones de l'océan Indien et du Pacifique entre 1958 et 1980 sont considérées comme très peu fiables. Bref, la mesure de base du papier est à mon sens assez incertaine, et ses conclusions aussi. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
charles.muller Posté(e) 1 juin 2006 Auteur Partager Posté(e) 1 juin 2006 Il est idiot ce correcteur automatique A la place d'hétéro, il faut lire les lettres [P][D] pour Power Dissipation. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
Invité Posté(e) 1 juin 2006 Partager Posté(e) 1 juin 2006 Emanuel reconnaissant qu'il n'avait pas assez corrigé à la baisse les données antérieures). Si la puissance des cyclones antérieurs a été surestimée cela voudrait-il dire que l'évolution est encore plus importante ou me trompe-je? Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
williams Posté(e) 1 juin 2006 Partager Posté(e) 1 juin 2006 Si la puissance des cyclones antérieurs a été surestimée cela voudrait-il dire que l'évolution est encore plus importante ou me trompe-je? Si il veut bien dire qu'il aurait surestimée la puissance des cyclones antérieurs cela veut donc dire que les cyclones auraient moins evolue qu'on le pense, plutot ! Si ca c'est l'oppose comme tu le dit meteor "cela voudrait-il dire que l'évolution est encore plus importante ou me trompe-je?" qu'est ce que ca doit etre alors /emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20"> Williams Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
marco_p Posté(e) 1 juin 2006 Partager Posté(e) 1 juin 2006 En substance, les auteurs ont calculé la dissipation d'énergie (hétéro) des cyclones à l'échelle globale, entre 1958 et 2001, sur les données de la base ERA-40 (European Center for Medium Range Weather Forecast). Cet indice hétéro a été calculé globalement et non pas bassin par bassin, puis comparé à l'évolution des températures océaniques. Les auteurs concluent à une hausse d'intensité après 1979 d'une part, à une corrélation positive (0,4) avec la hausse des SST. Je n'ai pas lu l'article, mais il y a du bizarre dans ce que tu dis: la base ERA 40 est une réanalyse des données mesurées (sol, navires, altitudes, ...) en utilisant les plus récentes techniques et le meilleur modèle de prévision (celui du CEPMMT) . Et cela sur 40 ans comme son nom l'indique. Evidement il y a moins de données en début qu'en fin (pas de données avion ou satellite pe) d'où les réserves sur la qualité des vents réanalysés. Je crois me souvenir que la grille de réanalyse est de 100 km, au mieux 50 km: à cette échelle, les cyclones ne sont pas grand chose. Je pense que le calcul de dissipation d'énergie doit être fait sur la grande échelle, à partir des tempé et des vents avant et après. C'est pour ça qu'il est global. Si je ne me trompe pas, peu importe dans ce raisonnement si les vents sont sur ou sous estimés à l'intérieur du cyclone. Ce qui compte ce sont les champs thermo et dynamique de grande échelle (plus l'humidité) avant et après. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
charles.muller Posté(e) 2 juin 2006 Auteur Partager Posté(e) 2 juin 2006 Si la puissance des cyclones antérieurs a été surestimée cela voudrait-il dire que l'évolution est encore plus importante ou me trompe-je? Non tu as raison, et c'est moi qui me suis trompé : apparemment, les anomalies dans les rapports pression-vitesse des cyclones avant les années 1970 amènent à des corrections usuelles de 2,5 à 5 m/s. Dans son papier, Emanuel avait abaissé de plus de 12 m/s les anciens cyclones, ce qui les sous-estimait. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
charles.muller Posté(e) 2 juin 2006 Auteur Partager Posté(e) 2 juin 2006 Je n'ai pas lu l'article, mais il y a du bizarre dans ce que tu dis: la base ERA 40 est une réanalyse des données mesurées (sol, navires, altitudes, ...) en utilisant les plus récentes techniques et le meilleur modèle de prévision (celui du CEPMMT) . Et cela sur 40 ans comme son nom l'indique. Evidement il y a moins de données en début qu'en fin (pas de données avion ou satellite pe) d'où les réserves sur la qualité des vents réanalysés. Je crois me souvenir que la grille de réanalyse est de 100 km, au mieux 50 km: à cette échelle, les cyclones ne sont pas grand chose. Je pense que le calcul de dissipation d'énergie doit être fait sur la grande échelle, à partir des tempé et des vents avant et après. C'est pour ça qu'il est global. Si je ne me trompe pas, peu importe dans ce raisonnement si les vents sont sur ou sous estimés à l'intérieur du cyclone. Ce qui compte ce sont les champs thermo et dynamique de grande échelle (plus l'humidité) avant et après. Je ne sais pas trop. Je te recopie le passage où ils expliquent leur utilisation des données pour que tu te fasses une idée (et que tu nous expliques, vu ta connaissance de la base ERA) : By using the ERA-40 high-resolution wind data, we circumvent the geometricproblems faced when using historical winds. Here we introduce our estimation of hétéro as: where CD and ρ are assumed constant and equal to 0.002 and 1 kg/m3, respectively. In this expression for hétéro, we area integrate the ERA-40 wind field over each storm at 6 hour intervals. The inclusion of the area integral allows us to represent more accurately the TC wind profile with respect to PDI, which only includes the maximum sustained winds. By using ERA-40, we avoid making ad hoc and subjective adjustments to TC winds. Moreover, whereas the Emanuel [2005] study was limited to estimating PDItrends to the Atlantic and northwestern Pacific regions, here we calculate ERA-40 derived hétéro for all TCs globally. By using unadjusted wind data throughout the ERA-40 project period and including all TC activity globally, we are able to test more robustly the hypothesis that globally integrated TC dissipation is highly correlated with tropical SST. While shortcomings in the reliability of ERA-40 wind data exist, especially priorto 1979, we do not attempt to correct them here. Instead, results of this study are presented as an independent, uncorrected, and robust representation of trends in globalTC activity as a compliment to the results of previous studies discussed above. 3. Methods We use 10 meter wind speed, two meter air temperature (2MT) and SST data from ERA-40 to investigate low frequency variability in trends of TC frequency and intensity. These data are analyzed 4 times daily at a spatial resolution of 1.125 x 1.125 degrees, and we have area weighted all data. The ERA-40 project period begins in September, 1957 and ends in August, 2002, and we use the time period from 1958 to 2001 for our study to achieve a global representation of TC activity. TCs have not been ‘bogussed’ into ERA-40 or otherwise adjusted or augmented to match observations beyond the standard process of assimilation [Fiorino, 2002;Uppala, personal communication], which makes the results presented here truly independent of ‘best track’ approaches used in previous studies. Despite the lack ofbogussing, Uppala et. al. [2004] found that ERA-40 has a credible representation of aspects of TCs. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
charles.muller Posté(e) 2 juin 2006 Auteur Partager Posté(e) 2 juin 2006 J'ai été voir le site ERA-40, qui a l'air en effet d'une riche initiative. Si j'ai bien compris le principe de leur "ré-analyse", cela consiste à intégrer les données anciennes (assez éparses) dans les meilleurs modèles actuels de prévision à moyen terme, pour essayer de reconstituer des séries continues à peu près fiables sur un maximum de paramètres (temp., vent, pression, etc.). Ce que je n'ai pas réussi à trouver (en lecture rapide), c'est le rapport données réellement enregistrées / données reconstituées par modèle et les marges d'erreur sur la période pré-satellite (avant 1979 en gros). Y a-t-il un papier de référence ayant accompagné la publication des données et expliquant tout cela en détail ? PS : il m'agace avec son hetero le correcteur automatique Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
charles.muller Posté(e) 2 juin 2006 Auteur Partager Posté(e) 2 juin 2006 PS : J'en profite aussi pour poser une question très factuelle et concrète. Je suis dans l'Océan pacifique ou atlantique au début des années 1960. Comment et où je mesure les SST, la pression de surface, les vitesses de vent à 10 mètres, les précipitations, la température à 500 hPa, etc. ? C'est-à-dire : où les outils sont-ils embarqués (avions, bateaux, sondes flottantes, ballons...) et sait-on à peu près combien y avait-il à l'époque d'instrument par bassin à un moment t ? Dans le compte-rendu d'une conférence récente sur la cyclogenèse, j'ai lu qu'un cyclone de l'Atlantique (réputé bien surveillé) avait en moyenne 7 enregistrements sur toute sa course dans les années 1950, contre un par heure dans les années 2000. Cela relativise quand même la notion de "record" individuel pour la vitesse des vents ou la pression au centre. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
Invité Posté(e) 2 juin 2006 Partager Posté(e) 2 juin 2006 PS : J'en profite aussi pour poser une question très factuelle et concrète. Je suis dans l'Océan pacifique ou atlantique au début des années 1960. Comment et où je mesure les SST, la pression de surface, les vitesses de vent à 10 mètres, les précipitations, la température à 500 hPa, etc. ? C'est-à-dire : où les outils sont-ils embarqués (avions, bateaux, sondes flottantes, ballons...) et sait-on à peu près combien y avait-il à l'époque d'instrument par bassin à un moment t ? Dans le compte-rendu d'une conférence récente sur la cyclogenèse, j'ai lu qu'un cyclone de l'Atlantique (réputé bien surveillé) avait en moyenne 7 enregistrements sur toute sa course dans les années 1950, contre un par heure dans les années 2000. Cela relativise quand même la notion de "record" individuel pour la vitesse des vents ou la pression au centre. C'est bien la difficulté que rencontrent les gens qui essaient de calculer l'évolution des phénomènes sur plusieurs décennies. Ce que je pense c'est qu'il doit y avoir des corrélations entre un évènement scanné 7 fois et un autre scanné 100 fois. C'est pareil pour les mesures effectuées dans les années 60 ou 50. Elles étaient bp moins nombreuses et donc le même principe que précédemment doit s'appliquer. Il faudrait donc connaître en détail les marges d'erreur que ces procédés engendrent. Comme cela, à priori, je suis un peu dubitatif, faute d'en savoir un peu plus, sur les conclusions des études qui concluent à une corré entre cyclones et réchauffement anthropique. Ceci ne veut pas dire que je crois à une impossibilité théorique, mais je pense que l'influence est encore bp trop faible pour pouvoir se différencier de la variabilité naturelle. Si l'on était capable de détecter une tendance de l'ordre du % d'augmentation, ok, mais ce n'est manifestement pas le cas. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
marco_p Posté(e) 2 juin 2006 Partager Posté(e) 2 juin 2006 PS : J'en profite aussi pour poser une question très factuelle et concrète. Je suis dans l'Océan pacifique ou atlantique au début des années 1960. Comment et où je mesure les SST, la pression de surface, les vitesses de vent à 10 mètres, les précipitations, la température à 500 hPa, etc. ? C'est-à-dire : où les outils sont-ils embarqués (avions, bateaux, sondes flottantes, ballons...) et sait-on à peu près combien y avait-il à l'époque d'instrument par bassin à un moment t ? Dans le compte-rendu d'une conférence récente sur la cyclogenèse, j'ai lu qu'un cyclone de l'Atlantique (réputé bien surveillé) avait en moyenne 7 enregistrements sur toute sa course dans les années 1950, contre un par heure dans les années 2000. Cela relativise quand même la notion de "record" individuel pour la vitesse des vents ou la pression au centre. A l'époque la SST se mesure au seau ! et au thermomètre...; la pression, baro classique, le vent malheureusement souvent par estimation du vent apparent et soustraction du vent vitesse. Pas de précipitations en mer; la température à 500 hPa par radiosondage. Le vecteur, en grande majorité des navires sélectionnés , certains stationnaires (pour les radiosondages en particulier), et aussi des mesures à partir des iles ou atols (dans le pacifique autour de Mururoa par exemple). On doit pouvoir retrouver les nombres d'observations par mois et par carré de latitude/longitude. Les bonnes densités sont sur les routes maritimes, par exemple Le Havre-Les antilles. Il y a aussi un biais du fait que peu de commandants de navire s'amusent à aller dans les cyclones, juste pour faire des mesures météo. Tout cela n'est pas très favorable à une bonne connaissance de la climatologie de ces régions, d'où les très fortes réserves sur une éventuelle évolution du nombre des cyclones (ou de leur force) par exemple dans l'atlantique nord, qui serait mise en évidence à partir d' observation. Pour répondre à une autre question, la réanalyse ne complète pas les séries de données, elle créée des séries de données en points de grille (et effectivement comme je me souvenais tous les 1oo km à peu près), qui tiennent compte des mesures existantes, et des diverses équations qui régissent l'atmosphère. En climatologie, on considère que ces données (homogènes par nature) sont quasiment de meilleure qualité que celles issues de mesure et en tout cas plus utilisables ( pas de trou, méthode de calcul homogène, bien meilleure répartition des mesures, données physiquement cohérentes, ...) Sur les calculs de l'article, il me faudrait plus de temps pour m'y plonger. C'est en tout cas une estimation "indépendante" puisque construite sans données a priori sur les cyclones (c'est le sens de la phrase où il parle de Bogussing: c'est une technique numérique qui consiste à introduire dans un modèle numérique un cyclone type (avec un centre et un rayon, et une distribution de vent), plus la trajectoire du centre, pour palier la trop mauvaise résolution du modèle). Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
charles.muller Posté(e) 3 juin 2006 Auteur Partager Posté(e) 3 juin 2006 Merci de vos réponses. Un point que je saisis mal (Marco) c'est comment des données reconstitutées seraient "meilleures" que des mesures (plus homogènes, sans aucun doute, mais homogènes par rapport à la programmation de modèles qui, sauf erreur, ne donnent pas toujours de bon résultats en prévision ; donc des modèles océan-atmopshère encore imparfaits, au même titre que sont imparfaites les anciennes mesures). Un autre point que je saisis mal, c'est la méthode de Huber et al. Ils n'ont pas reconstitué ("bogussé") des cyclones, mais ils ont quand même bien dû analyser les données sur les zones supposées de cyclones (pas sur les bassins en général), non ? Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
marco_p Posté(e) 5 juin 2006 Partager Posté(e) 5 juin 2006 Dans ERA 40, on utilise les modèles numériques non pas pour la prévision, mais pour l'analyse: si tu veux, c'est un interpolateur de luxe, le meilleur qu'on puisse construire à cette échelle: il a l'avantage de donner des données partout (sol comme altitude), et passe au plus près des observations. Ce n'est pas vraiment meilleur que la série de Paris Montsouris, c'est vrai. (et encore, cela dépend de ce que l'on cherche en terme d'échelle étudiée: une série au sol représente un mélange de grande et de petite échelle, une série de l'ERA 40 ne représente que l'échelle du modèle, soit 100 km) Malheureusement combien avons nous de séries de Paris Montsouris? C'est d'ailleurs parce qu'il est impossible d'obtenir avec les mesures une climatologie réaliste de l'atmosphère que les modèles de prévision saisonnière ou de climat sont généralement comparés à leur propre climatologie, et que les résultats sont normalement exprimés en anomalie adimensionnées par l'écart type. Mais on s'écarte du sujet. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
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