Invité Posté(e) 22 avril 2006 Partager Posté(e) 22 avril 2006 Euh si je peux me permettre de donner un avis personnel sur la "mégamachine alarmiste", comme j'en ai déjà parlé je crois, on peut dire que depuis 20 ans qu'elle "sévit" elle n'a guère accouché que d'une micro-souris, à savoir Kyoto. Partout on consomme le C fossile à qui mieux mieux et on se fout complètement des conséquences pour 2100. La seule restriction à cette consommation se fera par le portefeuille, comme d'habitude. Alors "mégamachine alarmiste", je veux bien, mais très innefficace (à part dans les mots et les éditos divers qui, c'est vrai, mettent le réchauffement à toutes les sauces), et surtout noyée dans un giga-océan d'indifférence et d'égoïsme. Si, de plus, un scepticisme plus organisé qu'il ne l'est actuellement , fait peser de sérieux doutes dans un domaine encore incertain, on peut être quasiment sûr que, flattée dans le sens du poil, l'humanité continuera comme si de rien n'était. Qui se souciera de 1 °C de plus, éventuel, en 2030 ou 2040? Personne à l'évidence. Je pense sincèrement que les sceptiques, bien qu'agacés par certains discours, peuvent continuer encore longtemps à dormir sur leurs deux oreilles ou, ne soyons pas trop taquins, à s'occuper de choses bp plus importantes que l'évolution climatique. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
Alain Coustou Posté(e) 22 avril 2006 Partager Posté(e) 22 avril 2006 Voici ce que j'écrivais fin 2004 dans la première édition de "Terre, fin de partie ?" (larges extraits du Chapitre 9, non compris l'appareillage de notes) à propos de la problématique de la montée du niveau des océans : NIVEAU VARIABLE La montée des océans : pas si simple ! « Les pertes très substantielles de glace de l'Antarctique et du Groenland pourraient dramatiquement faire monter le niveau de la mer ». Cet avertissement a été lancé le 7 novembre 2004 par Richard Alley, chercheur à l'Université d’Etat de Pennsylvanie, venu au Colorado pour participer aux cotés de 6000 autres chercheurs à un symposium géant organisé par la Société Américaine de Géologie. Les prévisions du GIEC Les prévisionnistes du GIEC n'ont quant à eux envisagé jusqu'à présent qu'une hausse modérée du niveau des océans au cours des prochaines décennies, cette hausse devant provenir, pour l'essentiel, de la dilatation thermique des eaux marines et, pour le reliquat, de « la fonte des glaciers et des calottes glaciaires ». Au fond, ils ne prévoient guère plus que la poursuite du processus que nous constatons depuis quelques dizaines d'années. D'après les données marégraphiques, le niveau moyen des mers s'est élevé au vingtième siècle de un à deux millimètres par an. Le chiffre parfois cité de 1,5 mm ne constitue en fait qu'une moyenne et, contrairement au GIEC qui affirme qu'« aucune accentuation sensible de ce taux d'élévation » n'est détectable, certains auteurs font état d'une montée déjà supérieure, quoique encore modeste, d'une vingtaine de centimètres en un siècle. Quoiqu'il en soit, même l'accroissement annuel retenu par le GIEC pour le vingtième siècle est tout de même dix fois plus important que la hausse annuelle moyenne des trois mille dernières années. Si la mer gagne plus ou moins sur de nombreux rivages, elle recule parfois, comme sur les cotes de Scandinavie, en raison des mouvements tectoniques de l'écorce terrestre et du « rebond » de certains territoires délivrés du poids d'anciens inlandsis, comme c'est justement encore le cas de la Scandinavie, dix sept mille ans après la disparition de la gigantesque nappe glaciaire qui couvrait le nord de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique. En ce qui concerne les projections pour l'évolution future du niveau moyen de la mer, le GIEC propose une fourchette de hausse allant de neuf à quatre-vingt huit centimètres entre 1990 et 2100, en fonction des hypothèses retenues. Selon les modèles, les principaux facteurs de hausse se répartiraient ainsi: • Une dilatation thermique de 0,11 à 0,43 mètres, qui s'accélérera tout au long du vingt-et-unième siècle ; • Une contribution de 0,01 à 0,23 mètres des glaciers ; • Une contribution de - 0,02 à +0,09 mètres du Groenland ; • Une contribution de -0,17 à +0,02 mètres de l'Antarctique. Bien que ces prévisions correspondent « à un taux d'élévation moyen environ deux à quatre fois supérieur au taux observé au vingtième siècle », il est assez surprenant de constater qu'elles correspondent à une hausse d'un niveau en moyenne moins élevé que celui qui était présenté en 1995 par le GIEC dans son deuxième rapport d'évaluation soit une fourchette comprise entre 0,13 et 0,94 mètres. La fourchette d'évaluation a même été élargie. Cette nouvelle évaluation pourtant fort imprécise est présentée comme étant due « principalement à l'amélioration des modèles, qui prévoient une contribution plus modeste des glaciers et des nappes glaciaires ». Comme le glaciologue américain James Hansen, nous pensons qu'il y a eu en réalité non pas affinement, mais dégradation des prévisions du GIEC. Les dernières données disponibles justifient pleinement cette appréciation sévère. Il faudra très vite oublier ceux des modèles du GIEC faisant état des prévisions de hausse les plus basses. Dés l'origine, leurs estimations auraient dû en effet être considérées comme totalement invraisemblables et on risque de mesurer bien tardivement le mal qui aura été causé par des prévisions trop timides, peu incitatives pour les mesures drastiques qu'il aurait fallu prendre très vite pour réduire le renforcement de l'effet de serre. De toute manière, malgré sa timidité concernant l'évolution du niveau des océans au cours de ce siècle, le troisième rapport du GIEC envisage une poursuite dangereuse de la montée des eaux sur plusieurs siècles, voire plusieurs millénaires. La dilatation thermique pourrait atteindre de 0,5 à 4 mètres selon les modèles. Quand à la fonte des « nappes glaciaires », « un réchauffement annuel moyen local de plus de 3°C se prolongeant pendant des millénaires (sic) entraînerait la fonte quasi totale de la nappe glaciaire du Groenland, ce qui ferait monter le niveau de la mer d'environ 7 mètres ». En ce qui concerne l'Antarctique, le GIEC n'envisage qu'une éventuelle et extrêmement lente fonte de la nappe glaciaire du seul Antarctique Ouest. La contribution de cette fonte à l'élévation du niveau de la mer ne dépasserait « pas plus de 3 mm/an au cours des 1000 prochaines années » et une fonte totale prendrait « au moins quelques milliers d'années ». Quand à l'Antarctique Est, le GIEC exclut totalement sa fonte, car elle nécessiterait « des réchauffements de plus de 20°C, situation qui ne s'est pas produite depuis au moins 15 millions d'années et qui va bien au delà de ce que prévoit n'importe quel scénario de changement climatique actuellement envisagé ». N'importe quel scénario, vraiment ? C'était sûrement vrai en 2001, quand a été rédigé le troisième rapport du GIEC, ce ne l'est plus aujourd'hui. Le présent ouvrage, qui intègre les plus récentes données d'observation et qui prend en compte des éléments négligés ou sous-estimés jusqu'à présent, en est l'illustration. Quoiqu'il en soit, la lente mais continuelle montée du niveau moyen des océans depuis un siècle est maintenant un fait avéré. Après avoir rappelé les éléments qui ont provoqué cette élévation et qui continueront à agir dans l'avenir, nous nous pencherons sur ceux qui sont susceptibles d'intervenir dans le même sens dans le proche futur, avant d'envisager ce qui pourrait éventuellement réduire cette tendance. L'élévation du niveau des mers, causes et risques La hausse de près d'une vingtaine de centimètres déjà constatée en moyenne s'explique presque entièrement par deux mécanismes déjà pris en compte par les experts du GIEC : 1) Le phénomène de dilatation des eaux provoqué par la lente montée en température des océans. Ce réchauffement provient de la transmission des conséquences de l'effet de serre et concerne essentiellement les couches d'eau les plus proches de la surface (près d'un degré de plus en un siècle). La masse des eaux océaniques et les couches les plus profondes ne seront touchées que beaucoup plus lentement, la circulation thermohaline mettant un millénaire environ pour assurer un circuit complet des eaux. Ce premier phénomène a exercé jusque là une influence dominante, expliquant environ les trois-quarts de l'élévation constatée. Cependant la hausse de température étant variable suivant les années et les zones océaniques concernées - le meilleur exemple en étant la variabilité du phénomène «El Niño » dans le Pacifique Sud - l'élévation de la surface océanique varie en fonction des zones maritimes. Les mesures par satellites sont parfaitement nettes à ce sujet. 2) Le début de fonte des glaciers continentaux et des marges des inlandsis, phénomène qui concerne surtout l'hémisphère nord et qui semble prendre de l'ampleur depuis quelques années, à tel point que des glaciologues réputés, comme l'Américain Hansen, pronostiquent une élévation du niveau des océans nettement supérieure à ce que prévoyait le rapport 2001 du GIEC. Même dans l'hémisphère sud, on note maintenant une accélération des glaciers andins (...) et la débâcle des zones périphériques de l'Antarctique. A ces deux principaux facteurs de hausse s'ajoute la disparition progressive de plusieurs grands bassins lacustres continentaux, tels la Mer Morte, la mer d'Aral et le lac Tchad. Cet assèchement, aux conséquences locales parfois écologiquement, économiquement et humainement désastreuses, est dû essentiellement au prélèvement - généralement au profit de cultures irriguées - d'une grande partie des eaux douces des fleuves qui alimentaient ces nappes et qui ne compensent donc plus une évaporation d'autant plus forte que les températures tendent à monter. Cette eau finit par se retrouver soit dans l'atmosphère, soit dans les océans. Autre facteur allant dans le même sens : la dégradation de la couverture végétale dans de nombreux pays, en particulier la catastrophique déforestation. Outre qu'elle met à mal un des deux seuls puits de carbone sur lesquels pouvait compter l'humanité, cette dégradation est directement facteur d'accélération du ruissellement de surface, les eaux de pluie n'étant plus retenues par la végétation et absorbées par le sol. Ce phénomène est très visible dans les pays où la disparition des haies vives et la déforestation entraînent inondations et érosion de la terre arable et une aggravation des inondations en cas de précipitations violentes. Ainsi, cette eau tend à faire défaut aux nappes phréatiques et se retrouve dans les fleuves et, au delà, dans les océans. L'imperméabilisation des sols dûe à l'expansion urbaine partout dans le monde - constructions, bétonnage, bitumage, égouts - provoque également une accélération de l'arrivée des eaux pluviales dans les cours d'eau et l'océan, au détriment des nappes phréatiques. Enfin, les captages des eaux « fossiles » des nappes les plus profondes, notamment celles des déserts, contribuent à accroître le volume des eaux de surface à des fins agricoles, industrielles ou urbaines. Comme précédemment, ces eaux finissent par se retrouver dans l'atmosphère ou dans les océans. C'est par exemple le cas de la Libye qui a réalisé des forages très profonds pour créer des périmètres de cultures irriguées, provoquant ainsi une baisse catastrophique de la nappe d'eau fossile sub-saharienne du désert de Libye, nappe qui pourrait ainsi disparaître presque complètement d'ici quelques dizaines d'années et dont les eaux finissent par s'évaporer. Les facteurs que nous venons d'évoquer - et particulièrement les deux premiers - suffisent pour expliquer totalement l'évolution jusqu'ici constatée. En sera t'il de même pour l'avenir ? Et - surtout - le rythme de la hausse future restera t'il du même ordre de grandeur que celui que nous avons connu jusqu'à présent ? Une première réponse nous est donnée par James Hansen. Le directeur du Goddard Institute, établissant le bilan radiatif de la planète, note qu'une élévation d'un mètre du niveau de la mer à l'horizon 2050 est tout à fait envisageable, en raison de l'accélération prévisible de la fonte des marges des nappes glaciaires. On est déjà bien au dessus des prévisions des experts du GIEC, qui pronostiquaient une hausse comprise entre huit et quatre-vingt huit centimètres seulement en 2100, en fonction des modèles d'évolution climatique retenus. Nous pensons personnellement que les estimations de Hansen sont parfaitement vraisemblables et constitueraient même un minimum. Hansen lui-même n'a t'il pas évoqué la possibilité d'un auto-renforcement du phénomène, le réchauffement des océans tendant à réduire leur efficacité en tant que « puits de carbone » ? Cette inquiétude nous paraît d'autant plus justifiée que, le réchauffement global risquant d'évoluer de manière exponentielle, le forçage accru de l'effet de serre qui l'accompagnera, avec - en particulier - la fonte de la banquise et l'émission de méthane par les océans et (...) par le pergélisol fondu, devrait peut-être finalement accélérer le processus de fonte plus rapidement que ce qui était prévu. Les éléments majeurs dans ce processus resteraient la dilatation des eaux - une augmentation de 1°C de la température moyenne de la mer entraîne un relèvement d'environ 85 cm du niveau des océans - et surtout la fonte des inlandsis et des glaciers. En particulier, il me parait évident que le niveau de réchauffement déjà constaté dans l'Arctique ne peut qu'entrainer une évolution exponentielle accélérée des pertes de glace du Groenland, avec à la fois fonte et accélération du débit des glaciers. Ce phénomène devrait pouvoir être confirmé - ou infirmé si mes calculs étaient inexacts où si les données sur lesquelles je me fonde étaient incorrectes - dès les prochaines années. Il faut simplement nuancer les catastrophiques conséquences de la fonte des inlandsis en notant deux de leurs caractéristiques qui pourraient en réduire un peu le caractère dramatique à plus ou moins long terme. D'une part, une partie de la base des glaces « terrestres » est en réalité située au dessous du niveau actuel de la mer. C'est, semble t'il le cas pour environ la moitié des nappes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique. Ainsi le Groenland, généralement décrit comme une très grande île, est en fait constitué de trois îles distinctes, recouvertes par un même inlandsis. Au centre de l'immense cuvette cerclée par ces trois îles rocheuses, l'épaisseur de la glace est de 3410 mètres alors que la calotte polaire culmine à seulement 3270 mètres. La base de l'inlandsis est donc au dessous du niveau de la mer, « à une profondeur à peu près constante de 200 à 300 mètres » . Seules les cotes sont occupées par des massifs montagneux très découpés par les vallées glaciaires d'où proviennent les icebergs, notamment en mer de Barents. En ce qui concerne l'Antarctique, dans la région dite du « plateau de Bentley », la base de la couverture glaciaire est située à 2538 mètres au dessous du niveau zéro. En vertu du principe d'Archimède, la fonte du volume de glaces correspondant n'aurait pas plus d'effet direct sur la hausse du niveau moyen des océans que la disparition des banquises flottantes de l'Océan Arctique. Elle pourrait même limiter légèrement cette hausse, l'eau fondue occupant un volume sensiblement moindre que la glace. D'autre part, la nappe glaciaire antarctique interviendrait très peu dans le processus, du moins dans un premier temps. Son inertie thermique est considérable et son volume est particulièrement stable. Elle mesurait, semble t'il, trente à trente-deux millions de kilomètres cubes voici 20.000 à 40.000 ans, lors de la dernière très grande glaciation. Elle mesure toujours environ trente millions de kilomètres cubes, dix-huit mille ans après le début de l'actuelle période interglaciaire. Seule une élévation des températures de plus de vingt degrés pourrait remettre en cause cette stabilité multi-millénaire en commençant à s'attaquer aux glaces de l'Antarctique Est . Une élévation qui ne nous paraît malheureusement plus impossible, dés lors que l'on prend en compte l'éventualité de la gazéification des hydrates de carbone. En théorie, le processus de fonte qui s'engagerait alors pourrait faire monter le niveau des océans de soixante-dix mètres environ en un temps plus ou moins long, en fonction de la température atteinte. Ceci dit, même une simple élévation d'un mètre du niveau de la mer, telle celle envisagée par James Hansen, entraînerait la submersion de vastes territoires. Les atolls et quelques états insulaires disparaîtraient pratiquement de la carte, tels Tuvalu et les îles Maldives. Un quart des Pays-Bas et une grande portion du Bengladesh - pays dans lequel 18 millions de personnes vivaient en 2003 à moins de 1 mètre au dessus du niveau de la mer - pourraient devoir être évacués, de même qu'une partie des zones côtières de nombreux pays, notamment en ce qui concerne les Etats américains de Floride et de Louisiane. Certaines mégalopoles, comme Bangkok en Thaïlande et Calcutta en Inde, seraient partiellement inondées, sauf à effectuer d'importants travaux de protection. Si, maintenant, la température terrestre monte de douze à quinze degrés à l'horizon 2050, ce qui correspond à notre hypothèse minimale en l'absence de mesures drastiques pour abaisser fortement l'émission de gaz à effet de serre, non seulement la fonte des inlandsis du Groenland et de l'île d'Ellesmere s'accélérerait, mais les franges de l'Antarctique pourraient être atteintes. En tenant compte d'une dilatation plus importantes des eaux marines, le niveau de la mer pourrait monter de deux mètres environ - et peut-être plus - au cours du 21ème siècle. Et cela en supposant que la hausse moyenne des températures océaniques soit huit à dix fois moins importante que celle de l'atmosphère. On a mesuré 3085 m d'épaisseur de glace au centre-nord du Groenland, soit un peu plus de 123 000 ans d'archives glaciaires. Si la totalité de la partie des glaces du Groenland situées au dessus du niveau de la mer fondait - ce qui prendrait tout de même plusieurs siècles, étant donnée l'épaisseur de la partie nord de cet inlandsis - la montée des eaux pourrait sensiblement dépasser huit mètres, dont sept mètres pour la seule fonte du Groenland et le reste pour la dilatation des eaux et une contribution marginale de l'Antarctique, des glaciers continentaux et des autres causes précédemment évoquées. Cette fois, la plus grande partie du Bengladesh et les Pays-Bas ne seraient plus qu'un souvenir, de même que de nombreux états insulaires. Quand aux zones côtières inondée, elles s'étendraient dramatiquement. Ainsi, en France, les Landes seraient presque entièrement submergées, ainsi que les basses vallées des fleuves et une plus ou moins grande proportion des départements côtiers. Paris, Bordeaux, Nice, Marseille, Le Havre, Rouen, Nantes, Saint-Nazaire - pour ne citer que les principales villes concernées - seraient en majeure partie inondées. Au total, la géographie des cotes serait profondément modifiée. Et ce ne serait pas le pire... Le pire serait que l'augmentation de température dépasse la vingtaine de degrés, ce qui est malheureusement possible si se produisent des émissions massives et rapprochées de clathrates océaniques. Rappelons que la durée de vie des molécules de méthane est assez brève dans l'atmosphère : de huit ans à quelques dizaines d'années, un peu plus d'un siècle dans le pire des cas. Dans cette situation, la hausse des températures pourrait même dramatiquement dépasser vingt degrés, tout dépendant de la masse des hydrates de méthane mobilisés et du caractère plus ou moins rapproché des épisodes de gazéification. Une telle augmentation de température pourrait, non seulement aggraver la dilatation des eaux, mais encore entraîner le début de la fonte de la nappe glaciaire antarctique. Cette fonte prendrait quelques millénaires avec une hausse des températures ne dépassant que de peu les vingt degrés. Elle pourrait être évidemment plus rapide pour un réchauffement plus important. Même la disparition par oxydation des molécules de méthane pourrait ne pas arrêter le processus. En effet, cette oxydation, outre qu'elle absorbe de l'oxygène - et la baisse du taux d'oxygène dans l'atmosphère entraînerait un ralentissement du processus d'oxydation, donc un allongement de l'espérance de vie du CH4 - aboutirait à la création d'une molécule de gaz carbonique pour chaque molécule de méthane éliminée. Plus deux molécules d'eau... Et si l'hypothèse Bratton - 25 mètres d'épaisseur moyenne des clathrates océaniques - se trouvait vérifiée et qu'une portion significative de cette masse se gazéifiait en un temps suffisamment bref, la température de la surface terrestre pourrait atteindre un niveau tel que la durée de vie de l'inlandsis antarctique ne serait plus que de quelques centaines, voire quelques dizaines d'années. L'élévation du niveau de la mer pourrait alors théoriquement dépasser soixante-dix mètres ! Mais il n'y aurait peut-être plus personne pour constater la situation... Le pire n'est cependant pas sûr L'hypothèse Bratton restera heureusement une simple hypothèse tant que des recherches plus approfondies n'auront pas permis de déterminer la masse des clathrates océaniques avec plus de précision. En fait, Bratton lui-même n'avait pas vu toutes les conséquences qu'impliquait son estimation de l'épaisseur moyenne des gisements d'hydrates de méthane sur le réchauffement climatique, la fonte des inlandsis et l'élévation du niveau de la mer. Tout au contraire. Il avait développé une étrange théorie selon laquelle le niveau des océans pouvait considérablement baisser - d'environ une vingtaine de mètres - à la suite de la gazéification des clathrates. L'idée de Bratton était fort simple : si il existe une épaisseur moyenne de vingt-cinq mètres d'hydrates de méthane et que ces derniers se gazéifient, les immenses vides qu'ils laisseraient sous les océans entraîneraient non seulement des glissements de terrains mais aussi et surtout une baisse du niveau de la mer. Bratton a seulement oublié apparemment plusieurs choses. D'une part, les clathrates ne sont pas seulement composés de méthane mais aussi de glace d'eau et cette dernière ne se gazéifierait évidemment pas, se contentant de redevenir liquide. La baisse théorique du niveau des océans serait donc très inférieure à l'épaisseur des clathrates mis en jeu. D'autre part et surtout, la masse énorme de méthane impliquée par son hypothèse entraînerait un effet de serre gigantesque, même dans le cas où une forte proportion de ce gaz serait éliminée par oxydation ou combustion et se trouverait remplacée par du dioxyde de carbone. Cet effet de serre provoquerait un tel réchauffement que la fonte des glaciers et inlandsis qui s'ensuivrait pourrait plus que compenser la gazéification du méthane. Le niveau des océans ne baisserait donc pas mais sa montée serait de plusieurs mètres moins forte que prévue. D'autres éléments pourraient également réduire l'ampleur de l'élévation du niveau de la mer. Citons en vrac : - L'augmentation du taux d'humidité de l'atmosphère, consécutive au réchauffement de celle-ci. - L'accroissement des précipitations neigeuses sur l'Antarctique. Cet accroissement pourrait plus que compenser le dégel des zones périphériques du continent englacé, tant que la hausse des températures ne dépasserait pas une vingtaine de degrés. - L'étalement des eaux océaniques sur les territoires gagnés par la mer. - Le développement des retenues de barrages, autrement dit les lacs artificiels, essentiellement créés pour alimenter des centrales hydroélectriques. Il ne faudrait cependant pas compter sur les seuls effets « naturels » de rétroaction pour compenser complètement la tendance à la hausse accélérée du niveau des océans. Il faut donc s'attendre à une tendance de longue durée à une élévation plus ou moins rapide de ce niveau, se poursuivant pendant des centaines, voire des milliers d'années, au fur et à mesure que les eaux profondes seraient gagnées par le réchauffement et que de nouvelles portions d'inlandsis fondraient. Reste cependant une dernière éventualité, heureusement peu probable pour l'instant : que la hausse des températures soit telle que les océans commencent à s'évaporer. Dans ce cas là, l'effet Vénus deviendrait peut-être irréversible et régnerait en tout cas au moins jusqu'à ce que l'atmosphère se trouve purgée de son méthane. Cet effet Vénus provoquerait à la fois une baisse du niveau des océans et un accroissement de la pression barométrique. Cette hausse de pression et la masse de vapeur d'eau - gaz à effet de serre - qui envahirait alors l'atmosphère entraîneraient un niveau de température tel que même les bactéries thermophiles finiraient par disparaître. Fin de partie. Alain Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
Invité Posté(e) 22 avril 2006 Partager Posté(e) 22 avril 2006 Et bien Alain, si je peux me permettre, tu as passé la vitesse supérieure. Attention aux réactions! Plus sérieusement, tu cites le GIEC 2001, mais les choses ont tout de même évolué depuis 5 ans (encore que le GIEC n'a pas travaillé avec les dernières études en sa possession, à l'époque) Quant aux "experts du GIEC" en voici la liste pour l'établissement du TAR. On pourra constater tout de même que ce n'est pas n'importe qui, que les origines sont variées et que leur nombre est assez colossal.(Hansen en fait partie d'ailleurs) Je suis assez d'accord avec ce que tu dis, notamment sur le méthane. L'oxydation du CH4 atmosphérique dépend des radicaux OH et une très forte teneur en CH4 aurait tendance à consommer ces derniers plus rapidement qu'ils ne se forment. En conséquence la durée de vie du CH4 aurait une tendance très nette à augmenter. Il existe un flux radiatif limite ou seuil à partir duquel la Terre pourrait se transformer en Vénus. Je ne me rappelle plus où j'ai vu cela, mais je vais rechercher. Mais il me semble assez clair que les clathrates sont de très bons candidats pour nous faire passer , un jour peut-être, ce seuil. à plus. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
Invité Posté(e) 22 avril 2006 Partager Posté(e) 22 avril 2006 Il existe un flux radiatif limite ou seuil à partir duquel la Terre pourrait se transformer en Vénus. Je ne me rappelle plus où j'ai vu cela, mais je vais rechercher. Mais il me semble assez clair que les clathrates sont de très bons candidats pour nous faire passer , un jour peut-être, ce seuil. en fait il s'agissait du flux solaire incident et pas du flux par ES. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
charles.muller Posté(e) 22 avril 2006 Partager Posté(e) 22 avril 2006 Quand on édite un site web, c'est une toute autre histoire, et tu dois bien en avoir conscience de part ton métier principal, celui de journaliste. C'est donc un petit conseil au passage, ajoute une petite rubrique "responsabilité éditoriale" afin de faire gagner ton site en transparence et donc en crédibilité. Oui c'est pas bête du tout, merci du conseil : je vais rédiger qqch dans ce sens. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
charles.muller Posté(e) 22 avril 2006 Partager Posté(e) 22 avril 2006 Euh si je peux me permettre de donner un avis personnel sur la "mégamachine alarmiste", comme j'en ai déjà parlé je crois, on peut dire que depuis 20 ans qu'elle "sévit" elle n'a guère accouché que d'une micro-souris, à savoir Kyoto. Partout on consomme le C fossile à qui mieux mieux et on se fout complètement des conséquences pour 2100. La seule restriction à cette consommation se fera par le portefeuille, comme d'habitude. Alors "mégamachine alarmiste", je veux bien, mais très innefficace (à part dans les mots et les éditos divers qui, c'est vrai, mettent le réchauffement à toutes les sauces), et surtout noyée dans un giga-océan d'indifférence et d'égoïsme. Si, de plus, un scepticisme plus organisé qu'il ne l'est actuellement , fait peser de sérieux doutes dans un domaine encore incertain, on peut être quasiment sûr que, flattée dans le sens du poil, l'humanité continuera comme si de rien n'était. Qui se souciera de 1 °C de plus, éventuel, en 2030 ou 2040? Personne à l'évidence. Je pense sincèrement que les sceptiques, bien qu'agacés par certains discours, peuvent continuer encore longtemps à dormir sur leurs deux oreilles ou, ne soyons pas trop taquins, à s'occuper de choses bp plus importantes que l'évolution climatique. Sauf que là, tu prends in fine "les sceptiques" dans leur globalité comme s'ils étaient motivés à titre principal par la mise à mort de la souris Kyoto. C'est peut-être le cas pour beaucoup, mais pas le mien. A la limite, je suis totalement indifférent à Kyoto en soi. Il me semble que l'argent serait plus utilement dépensé à l'adaptation progressive des populations - adaptation déjà utile, cf. le bilan de la canicule par manque de moyens basiques en institutions de placement. Il me semble aussi que même les parties les plus en pointe (UE en globalité) ne tiennent pas leurs engagements, alors qu'ils entendent par ailleurs donner des leçons de vertu aux Américains. Mais je ne fais pas un cheval de bataille de toutes ces questions. Ce qui m'irrite et me motive, c'est le sentiment que l'objectivité scientifique est piétinée par un processus auto-entrenu de course à l'alarmisme depuis 1988. Le GIEC comme institution en est partiellement responsable à mes yeux : autant le travail de synthèse scientifique est utile à la climatologie (et souvent passionnant à lire), autant la double nécessité de s'adresser aux décideurs et de produire des chiffres précis sur 2100 conduit à des distorsions patentes. Comme celles-ci ont donné lieu à des querelles de plus en pus vives entre scientifiques, cela conduit à une sorte de "bellicisation" du champ scientifique, lequel devient à son tour douteux. Exemple : il est clair que si la future partie sur la reconstitution des températures des 1000 ans passés a pour auteur principal un des "belligérants" de la courbe de hockey, j'aurai un doute sur la parfaite objectivité de la synthèse proposée. Doute qui demandera l'étude de tous les papiers synthétisés pour être levé. De même, la focalisation sur les GES limite forcément les crédits (qui sont limités) pour d'autres facteurs climatiques tout aussi importants. Au-delà du GIEC, les seconds responsables de la distorsion des données scientifiques sont à mes yeux les médias. A dire vrai, la climatologie n'est pas un cas isolé car j'ai rencontré une multitude de gens agacés par le compte-rendu médiatique des sujets qu'ils connaissaient bien. Il est probable que l'affligeant média dominant (télé) impose de plus en plus ses méthodes (faire vite, frapper fort, toucher aux tripes, ne pas perdre les précieux espaces rentables à expliquer, considérer le cerveau du lecteur/auditeur/spectateur comme une cible pour les tranches de pub et pas autre chose, etc.). Ce qui me rend optimiste, c'est l'émergence du contre-média internet, malgré ses défauts. Enfin, je ne crois pas que l'on pourra longtemps "consommer du fossile à qui mieux mieux", quel que soit l'effet réel des GES sur le climat. Le prix du baril ne tient pas à une soudaine prise de conscience environnementale des investisseurs financiers. Plutôt aux limites réelles de cette énergie par rapport à la demande (et aussi au jeu fou des impérialismes et des fondamentalismes, si riche de carnages à venir). Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
Invité Posté(e) 23 avril 2006 Partager Posté(e) 23 avril 2006 Sauf que là, tu prends in fine "les sceptiques" dans leur globalité comme s'ils étaient motivés à titre principal par la mise à mort de la souris Kyoto. C'est peut-être le cas pour beaucoup, mais pas le mien. A la limite, je suis totalement indifférent à Kyoto en soi. Il me semble que l'argent serait plus utilement dépensé à l'adaptation progressive des populations - adaptation déjà utile, cf. le bilan de la canicule par manque de moyens basiques en institutions de placement. Il me semble aussi que même les parties les plus en pointe (UE en globalité) ne tiennent pas leurs engagements, alors qu'ils entendent par ailleurs donner des leçons de vertu aux Américains. Mais je ne fais pas un cheval de bataille de toutes ces questions. Ce qui m'irrite et me motive, c'est le sentiment que l'objectivité scientifique est piétinée par un processus auto-entrenu de course à l'alarmisme depuis 1988. Le GIEC comme institution en est partiellement responsable à mes yeux : autant le travail de synthèse scientifique est utile à la climatologie (et souvent passionnant à lire), autant la double nécessité de s'adresser aux décideurs et de produire des chiffres précis sur 2100 conduit à des distorsions patentes. Comme celles-ci ont donné lieu à des querelles de plus en pus vives entre scientifiques, cela conduit à une sorte de "bellicisation" du champ scientifique, lequel devient à son tour douteux. Exemple : il est clair que si la future partie sur la reconstitution des températures des 1000 ans passés a pour auteur principal un des "belligérants" de la courbe de hockey, j'aurai un doute sur la parfaite objectivité de la synthèse proposée. Doute qui demandera l'étude de tous les papiers synthétisés pour être levé. De même, la focalisation sur les GES limite forcément les crédits (qui sont limités) pour d'autres facteurs climatiques tout aussi importants. Au-delà du GIEC, les seconds responsables de la distorsion des données scientifiques sont à mes yeux les médias. A dire vrai, la climatologie n'est pas un cas isolé car j'ai rencontré une multitude de gens agacés par le compte-rendu médiatique des sujets qu'ils connaissaient bien. Il est probable que l'affligeant média dominant (télé) impose de plus en plus ses méthodes (faire vite, frapper fort, toucher aux tripes, ne pas perdre les précieux espaces rentables à expliquer, considérer le cerveau du lecteur/auditeur/spectateur comme une cible pour les tranches de pub et pas autre chose, etc.). Ce qui me rend optimiste, c'est l'émergence du contre-média internet, malgré ses défauts. Enfin, je ne crois pas que l'on pourra longtemps "consommer du fossile à qui mieux mieux", quel que soit l'effet réel des GES sur le climat. Le prix du baril ne tient pas à une soudaine prise de conscience environnementale des investisseurs financiers. Plutôt aux limites réelles de cette énergie par rapport à la demande (et aussi au jeu fou des impérialismes et des fondamentalismes, si riche de carnages à venir). Tous les sceptiques ne sont pas, en effet, à ranger dans la même catégorie. D'un certain côté je pense même que, pour pas mal d'entr'eux, ils participent, directement ou indirectement à un meilleur approfondissement des phénomènes climatiques actuels, passés ou à venir. La position de ces vrais sceptiques qu'il faut différencier des "négateurs" (je reprends le terme de GBL) serait à mon sens moins difficile à tenir, s'ils ne prenaient pas partie, quelquefois assez naïvement, pour ces derniers. Alors je sais bien que c'est la "réponse du berger à la bergère", mais ils s'honoreraient peut-être à se différencier du comportement de la masse alarmiste médiatique, en soulignant et en insistant d'avantage encore sur ce qu'ils pensent être des incohérences et incertitudes graves sur les théories actuelles du réchauffement. Ils s'honoreraient aussi, toujours à mon sens, en reconnaissant que tout n'est pas négatif dans ce qui est fait par le GIEC (ce que tu fais) et en établissant en quelque sorte un socle commun de consensus. Le scepticisme vrai doit être considéré comme un des piliers de la connaissance. Sans ce scepticisme il ne peut y avoir d'avancée scientifique. Mais poussé à l'extrème, il devient complètement inhibant. Si j'osais, je dirais qu'il faut être un sceptique du scepticisme. (je pourrais aussi dire qu'il faudrait être un alarmiste de l'alarmisme, par symétrie) Pour la conso de carburant fossile, je suis assez d'accord avec toi puisque je pense que ce sont les intérêts financiers qui guideront les restrictions à venir et certainement pas les intérêts environnementaux. C'est une démonstration du peu d'efficacité de la mégamachine alarmiste. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
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