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Bioclimatologie de la Macaronésie


dann17
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Parenthèse (C'est plus fort que toi, tu ne peux pas t'empêcher de me dire "tu es dans le faux", "tu as tort", etc... même en rajoutant un "il me semble que", ça n'enlève pas le reste... ne pourrais-tu pas me dire plus humblement "je n'ai pas le même avis que le tien", ou si tu veux "je ne suis pas d'accord" ?

et si tu acceptait simplement, toi aussi, les avis des autres, plutôt que de commencer systématiquement tes posts par des phrases voulant couper court à toute forme de débat???sinon, je prends au pif la première définition de climat tropical sec du net (sur wikipedia):

"Le climat tropical sec est caractérisé par une évaporation supérieure aux précipitations et une température moyenne annuelle supérieure à 18 °C. On distingue quelques mois où les précipitations peuvent se produire. La végétation est parfois absente. Il s'étend entre 10 et 35 degrés de latitude nord et sud. Ce climat est caractéristique des régions désertiques ou semi-désertiques des grandes régions continentales souvent entourées de montagnes, à l'ouest et au centre des continents."

j'attire ton attention notamment sur les latitudes sur lesquelles ce climat s'étend.

selon ta propore définition de climat tropical (et celle de koppen, donc), on se cantonne à la frange équatoriale. or, les tropiques, et à fortiori le climat tropical (humide OU sec) s'étend... jusqu'aux tropiques! tu vas me dire que c'est simpliste, mais c'est pourtant logique. et il est relativement fréquent d'avoir des tn très basses la nuit (c'est d'ailleurs un des facteurs qui favorise la transformation des roches en sable dans les déserts).

et c'est MON avis (il me semble que j'ai encore le droit de le donner).

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Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

et c'est MON avis (il me semble que j'ai encore le droit de le donner).

Ah mais tout à fait ! Et je n'ai jamais dit ni pensé le contraire. Ça fait plaisir de voir que tu as compris. Donc, comme tu le dis, c'est ton avis, et sincèrement (vraiment je te le promets, et c'est ça qui est dommage, parce qu'on dirait que tu ne me crois pas), donc sincèrement je respecte ton avis même si ce n'est pas le mien.

Juste pour dire, qd même, je suis allé sur wikipedia (bien que, et nous le savons tous les deux, wikipedia ne soit pas une source scientifique officielle) à propos du climat tropical... alors il y a une confusion au sein même de leurs définitions. Car ici (http://fr.wikipedia.org/wiki/Climat_tropical), on apprend que le climat tropical existe pour une Tm du mois le plus froid > 18°C (selon Köppen qu'ils citent), mais il précisent bien que la définition de domaines arides (selon Köppen) peut être sujète à discussion. Jusque là pas de problème avec ce que tu dis toi. Seulement voilà, ils précisent plus loin qu'on peut aussi très bien considérer des "climats arides tropicaux (tels que ceux qui concernent le sud du Sahara et de la péninsule Arabique, par exemple, ou encore une bonne partie du nord de l'Australie), lesquels se distinguent clairement des climats arides tempérés ou froids (désert de Gobi, etc).". Comme tu viens de le voir, ils mentionnent le sud du Sahara pour l'inclure dans ce climat tropical aride. Or cela signifie bien que le climat de nord du Sahara ne fait plus partie (même pour "votre" définition) du climat tropical aride. Logique, c'est trop froid l'hiver. Ce serait donc "aride tempéré" selon eux. Cad que la moitié nord du Sahara ferait partie du domaine tempéré... et donc, même dans ce cas de figure, le climat méditerranéen ne serait pas adjacent au climat tropical.

Mais c'est vrai que sur une autre page wikipedia (celle dont tu as parlé), ils mentionnent une Tm annuelle (au lieu de celle du mois le plus froid) de 18°C pour entrer dans le tropical. Donc ils se contredisent eux-même, ce qui n'est pas très sérieux, tu enc onviendras.

Sinon, j'aimerais juste que tu admettes que mon point de vue sur la question n'est pas aussi absurde que tu le laissais paraître l'autre jour. Comprend s'il te plaît que puisque je souhaite établir une nouvelle classification des climats, il est normal que bien que je me base sur des principes déjà admis par certains climatologues (comme Köppen par exemple), je tente d'apporter une nouvelle vision un peu différente. On pourra évidemment être d'accord ou pas avec cette nouvelle classification (qui ne sera évidemment pas différente des autres de partout sur Terre), mais peut-être sera t-il éventuellement possible d'y voir un apport intéressant au moins sur quelques points.

Merci de ta compréhension, et de la vôtre à vous tous... default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">

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Salut Gael, salut à tous,

En effet Gael, je ne te conseille pas Wikipedia pour comprendre Koppen (tu te rappelles ce que faisait le grec pour mettre des info fausses et ceux la' du Wikipedia ne pouvaient pas toujours corriger ce qu'il dit...mais bon....)

Je n'entre pas dans le débat climatique pour le moment, mais je précise le climat B de Koppen (les climats secs disons)

A propos, Koppen a 5 grandes divisions A, B, C, D, E il y a donc le tempéré chaud C et tempéré froid D qui sont pour lui séparées par la moyenne -3 du mois le plus froid....mais laissons ca à part

Pour trouver B:

P: précip moyennes annuelles

T: température moyenne annuelle

dans les zones ou' le semestre froid a plus de 70% des pluies

avec P = 2T en cm c'est la limite sub humide/semi aride

avec P = T en cm c'est la limite semi aride/aride

par exemple dans ce cas

une ville avec 20 C de moyenne annuelle et 50 cm = 500 mm de pluies tu es hors des climats arides de ce type

une ville avec 20 C de moyenne annuelle et 30 cm = 300 mm tu es dans le semi aride

avec 20 C et 150 mm tu es dans l'aride...etc etc....

imagine toi que tu passes d'un sens à l'autre en attraversant les régions...

Mais attention

dans les zones ou' aucun des semestres froid ou chaud n'a 70% des pluies annuelles tu as

avec P = 2T+14 en cm c'est la limite sub humide/semi aride

avec P = T+7 en cm c'est la limite semi aride/aride

donc les exigences d'eau augmentent par rapport à la' haut...

et en plus

dans les zones ou' le semestre chaud a plus de 70% des pluies annuelles tu as

avec P = 2T+28 en cm c'est la limite sub humide/semi aride

avec P = T+14 en cm c'est la limite semi aride/aride

ca augmente encore de plus par rapport à la' haut

Donc comme ca, Koppen avec des formules simples, a essayé de donner de l'importance au fait que plus il fait chaud et plus il y a besoin d'eau.......les memes quantitées de pluies n'ont pas la meme influence si ca tombe en hiver ou en été

on appelle ainsi BW le climat aride de Koppen et BS celui semi aride

pour la différence entre frais et chaud en B on a

si T annuelle < 18 c'est frais

pour T > 18 c'est chaud

comme ca tu auras à la fin

BWh aride chaud

BSh semi aride chaud

BWk aride frais

BSk semi aride frais

Attention que avec Koppen on commence à controller si on est dans le climat E (t moyenne du mois le plus chaud < 10) et puis si on est en B (avec ce que j'ai écrit la' haut) et puis C, D..et Pour A tropical et équatorial et des moussons il y a d'autres divisions....

Mais le climat A est hors de B, et a toujours la t moyenne du mois le plus froid > 18 C

Donc attention aussi à ne pas confondre B et A...tu commences avec B....

N.B.

quelqu'un a proposé la température 6 C du mois le plus froid pour séparer l'aride ou le semi aride frais du celui chaud, mais avec Koppen on reste avec la t annuelle de 18 C comme limite entre les deux.....

Ciao ciao! default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">default_wink.png/emoticons/wink@2x.png 2x" width="20" height="20">

André

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Posté(e)
Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

Après vous avoir effectué une brève présentation bio-climatique de l'île de Madère, notamment pour les parties basses côtières au climat subtropical océanique xérique (au niveau des côtes sud surtout, mais aussi ouest et est, de 0 à 300-400m, mais vite humide au-delà), et au climat à la limite entre humide et xérique, voire humide uniquement sur la côte nord, nous allons maintenant nous enfoncer plus haut, plus à l'intérieur de l'île. Ayant résisté à des millions d'années d'évolution et de changements climatiques grâce à la très grande stabilité du climat Macaronésien, la Laurissilva subit désormais depuis quelques centaines d'années une forte pression anthropique, heureusement en bonne partie stoppée aujourd'hui. Ainsi, entre 300 et 500m sur la côte sud et entre 200 et 300m sur la côte nord, une végétation mixte (constituée d'espèces plantées, et d'espèces de transitions entre les essences xérophiles et celles de la Laurisylve) prospère sous un climat subtropical océanique humide.

Ici, paysage typique en versant ouest, 450m daltitude, climat subtropical océanique humide (Tann 16.5°C, P 1100mm).

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Ici, versant sud, à 500m d'altitude...

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Village en contre-bas : Serra da Agua (400m), pins, plantations et Laurisylve un peu plus haut... versant plein sud, 17°C, 1000mm

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Maintenant, montons un peu plus, entrons dans le domaine de la Laurisylve. Ici, en côte nord, vers 600m d'altitude, vue sur la vallée de Sao Vicente, climat océanique doux très humide (14.5°C, 2000mm)

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Ici un peu plus à l'est, à 800m d'altitude

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En plein centre de l'île, à Curral das Freiras (village au fond, 700m), au beau milieu de la Laurisylve...

30531315.jpg

Une autre vallée encaissée (600m)... limite entre climat subtropical océanique humide et océanique doux humide

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16642229.jpg

On parle souvent de la "cloud forest"...

40191160.jpg

C'est principalement en été que les Alizés sont les plus forts et les plus constants. Ceux-ci, en étant forcés à s'élever à cause du relief abrupt de l'île, sont la cause de ces vagues de brouillard restant accrochées, et "déversant" ces quantités énormes de précipitations "occultes"... ce phénomène est très marqué principalement sur la côte nord, entre 300 et 1600m.

3753509.jpg

La Laurisylve reste donc baignée une bonne partie de l'année dans ce brouillard. Les arbres (notamment les Ocotea Foetens) sont particulièrement bien adaptés pour collecter cette eau supplémentaire (il pleut déjà beaucoup)... ici vers Fanal, 1100m d'altitude, limite supérieure de la Laurisylve (climat océanique tempéré hyperhumide, 12°C, 2500mm de pluies + 1500mm environ de préc "occultes"). On passe ici dans le domaine de la "rain forest".

5722115.jpg

Rare trouée du brouillard, même endroit...

27822007.jpg

Plus haut encore, ici sur Paul da Sera (1560m d'altitude, 9°C, 2950mm de pluie + 1500mm de brouillard), les conditions sont trop fraîches (froides) pour la forêt subtropicale. Seuls quelques genêts, fougères, ou ajoncs et quelques autres plantes sont présentes sur ce plateau particulier. Ce plateau d'altitude est très venté (de façon quasi-constante), au point de parvenir à des conditions de climat océanique pur hyper-humide, très proches de celles qu'on trouve en Irlande ou sur la pointe bretonne.

27822000.jpg

Ainsi, il est aisé de remarquer à quel point les biomes sont variés. Le relief de cette île est bien un élément absolument primordial, sans lequel il n'existerait pas cette palette incroyable de climats de de types de végétation. Pour appuyer ces propos, je vous présenterai plus brièvement l'île voisine (Porto Santo), quasiment plate, et possédant par conséquent un climat et un paysage complètement différents et assez uniforme.

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  • 2 weeks later...
Posté(e)
Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

Cette petite étude bioclimatologique de la Macaronésie ne vous intéresse plus ?

Dites-le moi, si vous voulez que je poursuive avec les Açores cette fois...

Bye default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">

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Cette petite étude bioclimatologique de la Macaronésie ne vous intéresse plus ?

Dites-le moi, si vous voulez que je poursuive avec les Açores cette fois...

Bye default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">

Mais c'est pas ca Gael, moi je t'ai expliqué (il y a peu) mon point de vue dans le 3D du climat subtropical...

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Posté(e)
Koumac (Nouvelle-Calédonie) / Valence (26) / Le Lavandou (83)

Cette petite étude bioclimatologique de la Macaronésie ne vous intéresse plus ?

Dites-le moi, si vous voulez que je poursuive avec les Açores cette fois...

Bye default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">

Mais si Dann ça nous intéresse!

J'adore le climat et la végétation de ces îles, donc c'est vraiment très sympa comme topic (notamment les photos!). J'aime évidemment un peu moins les débats, pas toujours positifs, qui s'y mèlent...

Ok pour les Acores! Par contre quand est-ce que tu nous fais les Canaries ? default_wink.png/emoticons/wink@2x.png 2x" width="20" height="20"> Ce sont à mon avis les îles les plus intéressantes de cette région (surtout Tenerife) étant donné les contrastes climatiques que l'on y trouve.

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  • 8 months later...
Posté(e)
Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

Après vous avoir exposé quelques unes des caractéristiques bioclimatiques principales de l'île de Madère voilà quelques mois, j'ai décidé de réouvrir ce dossier qui, je l'espère, saura vous intéresser. Nous restons toujours en Macaronésie, mais cette fois-ci plus au nord, dans l'archipel des Açores.

Les Açores forment un groupe de 9 îles situées entre les 37ème et 40ème parallèles nord, trônant au beau milieu de l'Océan Atlantique nord, et dont leur centre de gravité se trouve éloigné d'environ 1600 km des côtes portugaises et distant de 2200 km des côtes nord-américaines les plus proches (Terre-Neuve).

aores1.jpg

Cet archipel est d'origine volcanique, puisqu'il est situé à cheval sur la dorsale atlantique. La géomorpholgie des ces îles en atteste bien, les phénomènes sismiques et volcaniques y étant d'ailleurs nombreux. L'élément emblématique se trouve être l'île de Pico et son volcan encore actif culminant à 2300m au-dessus du niveau de la mer. Les autres îles ne dépassent pas les 1100m d'altitude, mais elles sont toutes de morphologie volcanique.

aores2.jpg

Le destin climatique des Açores est étroitement lié à leur position géographique, c'est à dire qu'il est le résultat de la combinaison entre l'influence prédominante et manifeste de l'Océan, l'influence de la dynamique atmosphérique spécifique, et celle non négligeable du relief. Il est bien connu que cet archipel a "donné" son nom à la cellule anticyclonique dite des "Açores", elle-même issue de la position quasi-stationnaire de la cellule de Hadley. Il s'en suit que, d'une manière générale, en période hivernale (soit d'octobre à avril), les types de temps sont continuellement partagés (à 50% environ) entre les conditions anticycloniques et les passages très perturbés de dépressions polaires et de leur systèmes frontaux. En revanche, au cours de la période estivale de mai à septembre, l'anticyclone des Açores reste de façon quasi-permanente au-dessus de l'archipel, si bien que, hormis lors des quelques incursions frontales occasionnant parfois de bonnes averses, le temps reste généralement (à 80%) stable et ensoleillé. Alors, bien entendu, la morphologie particulière de ces îles hautes joue un rôle non négligeable. Cela résulte en un effet orographique important, tout comme sur Madère, bien que les Alizés n'en soient plus le moteur princioal, ce qui se traduit en une recrudescende forte de la nébulosité et des précipitations.

Il reste maintenant un élément, essentiel, que nous n'avons toujours pas expliqué : le rôle de l'océan. L'omniprésence de l'océan, en effet, mais aussi, et dont l'importance est non moindre, l'influence inévitable du Gulf Stream qui baigne sans cesse l'archipel. Il faut savoir qu'à près de 40° de latitude nord, il n'existe aucun endroit au monde aussi chaud que les Açores, avec une température moyenne annuelle au niveau de la mer de près de 18°c. Même en Méditerranée, qui est pourtant une mer chaude, on ne dépasse pas les 16-17°c à cette latitude, ce qui est déjà beaucoup. Le "point culminant" de la chaleur à cette latitude de 40°N devant sans doute être atteint quelque part en plein Atlantique, là où le Gulf Stream est encore plus fort, entre 1000 et 2000km à l'ouest des Açores, avec une moyenne annuelle oscillant probablement autour de 19°c.

Voici quelques valeurs relevées dans les stations des îles des Açores, du sud-est de l’archipel au nord-ouest…

Vila do Porto (île Santa Maria, SE, alt. 98 m) : Tann 17.5°c, Tm août 22.3°c, Tm février 14.2°c, HR moy 75%, Pann 775 mm, 180j de pluie (> 0.1mm)

Ponta Delgada (île Sao Miguel, SE, alt. 60m) : Tann 17.6°c, Tm août 22.4°c, Tm février 14.3°c, HR moy 76%, Pann 1027mm, 190j de pluie (> 0.1mm)

Horta (île Faial, centre) : Tann 17.4°c, Tm août 22.3°c, Tm février 14.0°c, HR moy 80%, Pann 1000mm, 195j de pluie (> 0.1mm)

Santa Cruz das Flores (île Flores, NO, alt. 35m) : Tann 17.7°c, Tm août 22.7°c, Tm février 13.9°c, HR moy 81%, Pann 1535mm, 230j de pluie (> 0.1mm)

Vila do Corvo (île Corvo, NO, alt. 20m) : Tann 17.5°c, Tm août 22.4°c, Tm février 14.0°c, HR moy 82%, Pann env. 1100mm, env. 230j de pluie (> 0.1mm)

Les précipitations sont donc globalement plus élevées au nord-ouest que dans le sud-est de l'archipel, et l'été y est aussi moins sec.

On constate en revanche que, malgré les 600 km qui séparent les îles du sud-est de celles du nord-ouest, la température est partout très sensiblement identique, avec même un très léger avantage pour le nord-ouest. Pourtant, l'ensoleillement (notamment estival) est légèrement supérieur dans le sud-est de l'archipel, car l'anticyclone des Açores y est un peu plus présent, et en outre, les dépressions polaires avec leurs rafraîchissements associés sont plus intenses et plus fréquents à Corvo et Flores (nord-ouest). L'explication est la suivante : la trajectoire du Gulf Stream est statistiquement beaucoup plus proche des îles du nord-ouest que de celles du sud-est, et ces eaux chaudes arrosent constamment les premières.

D'ailleurs, il est intéressant de constater que le niveau des Tm annuelles des Açores est aussi élevé que celui de celles qu'on retrouve sur la côte septentrionale de Madère (32°N), pourtant située 1000 à 1500km plus au sud-est ! Preuve que Madère, pourtant déjà bien chaude, ne subit pas directement cet apport de chaleur du Gulf Stream.

S'agissant de l'anticyclone des Açores, son influence est largement visible et détectable en analysant brièvement le profil thermique annuel :

aores5.jpg

De plus, il s’avère que le pic d’ensoleillement est atteint en août, suivi de près par juillet, puis par septembre et juin. En observant la courbe ci-dessus, on conçoit que les types de temps deviennent tellement moins perturbés entre juin et septembre, qu’ils en viennent à infléchir vers le haut la hausse des températures entre juin et août. C’est ce qui explique ce pic et cette dissymétrie. Ce « phénomène » est caractéristique des îles de Macaronésie septentrionale.

Il convient d’ajouter une autre particularité relative au degré d’océanicité, issue de cette dissymétrie. En effet, s’il est indiscutable que ces îles sont, pour la plupart des secteurs, hyperocéaniques, il apparaît néanmoins que l’amplitude thermique annuelle aux Açores (avoisinant les 8°c) est assez sensiblement plus élevée que celle qu’on trouve sur Madère (+6°c sur les côtes), pourtant légèrement moins océanique tout de même. Ce qui est contradictoire. Là encore, l’explication provient du fait que sur Madère, les intrusions polaires rafraîchissantes sont moins intenses et bien moins fréquentes en hiver (nulles en été) qu’aux Açores. Il se crée donc un écart en hiver (l’été açoréen étant aussi chaud que celui de Madère) qui n’est non pas dû à la continentalité comme c’est le cas sur le continent, mais bien à l’augmentation des perturbations océaniques « pures ». Par conséquent, l’augmentation de l’océanicité conduit ici à une augmentation de l’amplitude thermique annuelle… Ce concept est donc problématique.

Enfin, le caractère hyperocéanique trouve écho dans l’augmentation très forte de la pluviosité en fonction de l’altitude. Ci-dessous une représentation de l'influence du relief sur les précipitations et les températures, pour une île 'a' du centre de l'archipel (Terceira), et une ('b') du sud-est (Sao Miguel) :

aores6.jpg

En conclusion de cette introduction, il apparaît indéniable que ces îles jouissent d’un climat tout particulier, fortement imprégné d’océanicité, mais aussi mêlé d’influences tropicales. Comme nous le verrons, par le biais des indices bioclimatologiques (tels que IhA et Ihe), mais aussi par l’analyse des températures et de leurs variations, de même que par l’ensoleillement, nous serons en mesure de déterminer le caractère subtropical d’un tel climat.

Nous tenterons d’effectuer un lien entre le climat et la nature de même que la physionomie de la végétation très complexe de ces îles…

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Koumac (Nouvelle-Calédonie) / Valence (26) / Le Lavandou (83)

Merci Dann !

Très intéressant ce résumé. D'autant plus, comme tu l'as souligné, que les données climato peuvent parfois être surprenantes quand on les compare à celles de Madère.

Sinon, j'aurai aimé voir d'autres photos parce que niveau végétation on reste un peu sur notre faim là default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20"> Si tu en as d'autres, n'hésite pas à les poster.

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Merci Dann pour cette présentation intéressante...

Je voudrais y ajouter quelques commentaires:

Après vous avoir exposé quelques unes des caractéristiques bioclimatiques principales de l'île de Madère voilà quelques mois, j'ai décidé de réouvrir ce dossier qui, je l'espère, saura vous intéresser. Nous restons toujours en Macaronésie, mais cette fois-ci plus au nord, dans l'archipel des Açores.

Les Açores forment un groupe de 9 îles situées entre les 37ème et 40ème parallèles nord, trônant au beau milieu de l'Océan Atlantique nord, et dont leur centre de gravité se trouve éloigné d'environ 1600 km des côtes portugaises et distant de 2200 km des côtes nord-américaines les plus proches (Terre-Neuve).

Cet archipel est d'origine volcanique, puisqu'il est situé à cheval sur la dorsale atlantique. La géomorpholgie des ces îles en atteste bien, les phénomènes sismiques et volcaniques y étant d'ailleurs nombreux. L'élément emblématique se trouve être l'île de Pico et son volcan encore actif culminant à 2300m au-dessus du niveau de la mer. Les autres îles ne dépassent pas les 1100m d'altitude, mais elles sont toutes de morphologie volcanique.

Le destin climatique des Açores est étroitement lié à leur position géographique, c'est à dire qu'il est le résultat de la combinaison entre l'influence prédominante et manifeste de l'Océan, l'influence de la dynamique atmosphérique spécifique, et celle non négligeable du relief. Il est bien connu que cet archipel a "donné" son nom à la cellule anticyclonique dite des "Açores", elle-même issue de la position quasi-stationnaire de la cellule de Hadley. Il s'en suit que, d'une manière générale, en période hivernale (soit d'octobre à avril), les types de temps sont continuellement partagés (à 50% environ) entre les conditions anticycloniques et les passages très perturbés de dépressions polaires et de leur systèmes frontaux. En revanche, au cours de la période estivale de mai à septembre, l'anticyclone des Açores reste de façon quasi-permanente au-dessus de l'archipel, si bien que, hormis lors des quelques incursions frontales occasionnant parfois de bonnes averses, le temps reste généralement (à 80%) stable et ensoleillé. Alors, bien entendu, la morphologie particulière de ces îles hautes joue un rôle non négligeable. Cela résulte en un effet orographique important, tout comme sur Madère, bien que les Alizés n'en soient plus le moteur princioal, ce qui se traduit en une recrudescende forte de la nébulosité et des précipitations.

Il reste maintenant un élément, essentiel, que nous n'avons toujours pas expliqué : le rôle de l'océan. L'omniprésence de l'océan, en effet, mais aussi, et dont l'importance est non moindre, l'influence inévitable du Gulf Stream qui baigne sans cesse l'archipel.

Ou plutôt la Dérive Nord-Atlantique
Il faut savoir qu'à près de 40° de latitude nord, il n'existe aucun endroit au monde aussi chaud que les Açores, avec une température moyenne annuelle au niveau de la mer de près de 18°c. Même en Méditerranée, qui est pourtant une mer chaude, on ne dépasse pas les 16-17°c à cette latitude, ce qui est déjà beaucoup. Le "point culminant" de la chaleur à cette latitude de 40°N devant sans doute être atteint quelque part en plein Atlantique, là où le Gulf Stream est encore plus fort, entre 1000 et 2000km à l'ouest des Açores, avec une moyenne annuelle oscillant probablement autour de 19°c.

Voici quelques valeurs relevées dans les stations des îles des Açores, du sud-est de larchipel au nord-ouest…

Vila do Porto (île Santa Maria, SE, alt. 98 m) : Tann 17.5°c, Tm août 22.3°c, Tm février 14.2°c, HR moy 75%, Pann 775 mm, 180j de pluie (> 0.1mm)

Ponta Delgada (île Sao Miguel, SE, alt. 60m) : Tann 17.6°c, Tm août 22.4°c, Tm février 14.3°c, HR moy 76%, Pann 1027mm, 190j de pluie (> 0.1mm)

Horta (île Faial, centre) : Tann 17.4°c, Tm août 22.3°c, Tm février 14.0°c, HR moy 80%, Pann 1000mm, 195j de pluie (> 0.1mm)

Santa Cruz das Flores (île Flores, NO, alt. 35m) : Tann 17.7°c, Tm août 22.7°c, Tm février 13.9°c, HR moy 81%, Pann 1535mm, 230j de pluie (> 0.1mm)

Vila do Corvo (île Corvo, NO, alt. 20m) : Tann 17.5°c, Tm août 22.4°c, Tm février 14.0°c, HR moy 82%, Pann env. 1100mm, env. 230j de pluie (> 0.1mm)

Les précipitations sont donc globalement plus élevées au nord-ouest que dans le sud-est de l'archipel, et l'été y est aussi moins sec.

On constate en revanche que, malgré les 600 km qui séparent les îles du sud-est de celles du nord-ouest, la température est partout très sensiblement identique, avec même un très léger avantage pour le nord-ouest. Pourtant, l'ensoleillement (notamment estival) est légèrement supérieur dans le sud-est de l'archipel, car l'anticyclone des Açores y est un peu plus présent, et en outre, les dépressions polaires avec leurs rafraîchissements associés sont plus intenses et plus fréquents à Corvo et Flores (nord-ouest). L'explication est la suivante : la trajectoire du Gulf Stream est statistiquement beaucoup plus proche des îles du nord-ouest que de celles du sud-est, et ces eaux chaudes arrosent constamment les premières.

D'ailleurs, il est intéressant de constater que le niveau des Tm annuelles des Açores est aussi élevé que celui de celles qu'on retrouve sur la côte septentrionale de Madère (32°N), pourtant située 1000 à 1500km plus au sud-est ! Preuve que Madère, pourtant déjà bien chaude, ne subit pas directement cet apport de chaleur du Gulf Stream.

Contrairement aux Açores, Madère subit l'influence du courant froid dit des Canaries, courant provoqué par la remontée d'eaux relativement fraiches le long des côtes africaines.

S'agissant de l'anticyclone des Açores, son influence est largement visible et détectable en analysant brièvement le profil thermique annuel :

aores5.jpg

De plus, il savère que le pic densoleillement est atteint en août, suivi de près par juillet, puis par septembre et juin. En observant la courbe ci-dessus, on conçoit que les types de temps deviennent tellement moins perturbés entre juin et septembre, quils en viennent à infléchir vers le haut la hausse des températures entre juin et août. Cest ce qui explique ce pic et cette dissymétrie. Ce « phénomène » est caractéristique des îles de Macaronésie septentrionale.

Tu veux parler du pic d'ensoleillement ou de températures ? En fait le maximum de températures en août (et non en juillet) s'explique par l'inertie thermique de l'océan.
Il convient dajouter une autre particularité relative au degré docéanicité, issue de cette dissymétrie. En effet, sil est indiscutable que ces îles sont, pour la plupart des secteurs, hyperocéaniques, il apparaît néanmoins que lamplitude thermique annuelle aux Açores (avoisinant les 8°c) est assez sensiblement plus élevée que celle quon trouve sur Madère (+6°c sur les côtes), pourtant légèrement moins océanique tout de même. Ce qui est contradictoire. Là encore, lexplication provient du fait que sur Madère, les intrusions polaires rafraîchissantes sont moins intenses et bien moins fréquentes en hiver (nulles en été) quaux Açores. Il se crée donc un écart en hiver (lété açoréen étant aussi chaud que celui de Madère) qui nest non pas dû à la continentalité comme cest le cas sur le continent, mais bien à laugmentation des perturbations océaniques « pures ». Par conséquent, laugmentation de locéanicité conduit ici à une augmentation de lamplitude thermique annuelle… Ce concept est donc problématique.

En fait, l'amplitude plus faible à Madère peut également s'expliquer par sa latitude plus méridionale.
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Bonjour Yves,Je vais répondre brièvement à tes remarques. J'essaierai d'illustrer mes réponses demain à l'aide de documents supplémentaires explicites.

Ou plutôt la Dérive Nord-Atlantique

Oui, peut-être, mais je crois que les Açores sont pas mal à la limite entre ce qu'on appelle le Gulf Stream et la Dérive nord-atlantique.
Contrairement aux Açores, Madère subit l'influence du courant froid dit des Canaries, courant provoqué par la remontée d'eaux relativement fraiches le long des côtes africaines.

En fait, pas exactement : Madère ne subit pas d'influence rafraîchissante du courant des Canaries, ce courant passant pas mal plus à l'est, et longeant les côtes du Maroc au Sénégal. C'est un courant qui provoque un upwelling assez important, mais ce refroidissement n'a lieu que sur une bande de quelques dizaines de kms le long de la côte, et touche une bonne partie est des îles Canaries. (je posterai quelques documents demain)La SST autour de Madère est tout de même assez sensiblement plus élevée que dans ce courant des Canaries.

Tu veux parler du pic d'ensoleillement ou de températures ? En fait le maximum de températures en août (et non en juillet) s'explique par l'inertie thermique de l'océan.

Je n'ai pas parlé du décalage dû à l'inertie thermique, car je pensais que ce concept était évident et bien connu par tout le monde (enfin tous les passionnés de climato). Mais tu as raison de le mentionner et de le préciser.Sinon, il y a bien un maximum d'ensoleillement en août aux Açores, maximum qui coïncide beaucoup avec une augmentation sensible des hautes pressions entre juin et septembre. Et ce que je voulais dire, c'est que c'est pour cette raison que le pic des températures (celui d'août, donc) est aussi "pointu", càd que la dissymétrie est aussi flagrante (les 5c de plus du mois le plus chaud par rapport à la moyenne annuelle, comparés aux 3.5c de moins du mois le plus froid par rapport à la moy annuelle). Sans cette particularité, il n'y aurait pas cette dissymétrie, le pic d'août n'en serait plus un (il serait beaucoup plus plat).

En fait, l'amplitude plus faible à Madère peut également s'expliquer par sa latitude plus méridionale.

Ça aussi, j'y avais évidemment pensé, mais oublié de le mentionner. Mais justement, bien que la latitude joue effectivement un rôle non négligeable dans l'amplitude thermique annuelle, cela ne justifie cependant pas un tel écart. Par exemple, il faut savoir qu'à Torshavn (Faroe Isl., par 62 degrés nord), l'amplitude thermique annuelle atteint tout juste 8c, comme aux Açores pourtant 2500km plus au sud ! Il y a donc autre chose que la latitude, et c'est ce que j'ai tenté d'expliquer.Sinon, merci à vous deux Yves et EnO pour vos commentaires.

EnO, dès que possible, je poste la suite, qui devrait être plus intéressante d'ailleurs, en tout cas je l'espère... default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">

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Merci pour ces précisions, Dann.

Ce qui est intéressant, c'est de comparer le climat des Açores avec le climat de Saint Paul dans l'Océan Indien. Cette ile a un climat sans doute assez similaire, hyperocéanique doux, sans gel, à une latitude très semblable de 38°43' S. Ce climat est également assez perturbé et pluvieux mais connaît aussi un répit d'agitation durant l'été avec un minimum pluviométrique. Ce répit est lui aussi du au déplacement en latitude de l'anticyclone subtropical.

La différence, c'est la Tm annuelle de 14°C environ à Saint Paul, sensiblement plus basse qu'aux Açores. Le caractères particulier du climat des Açores que tu soulignes dans ta présentation, c'est effectivement la Tm annuelle exceptionnellement élevée pour la latitude.

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Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

Merci pour ces précisions, Dann.

Ce qui est intéressant, c'est de comparer le climat des Açores avec le climat de Saint Paul dans l'Océan Indien. Cette ile a un climat sans doute assez similaire, hyperocéanique doux, sans gel, à une latitude très semblable de 38°43' S. Ce climat est également assez perturbé et pluvieux mais connaît aussi un répit d'agitation durant l'été avec un minimum pluviométrique. Ce répit est lui aussi du au déplacement en latitude de l'anticyclone subtropical.

La différence, c'est la Tm annuelle de 14°C environ à Saint Paul, sensiblement plus basse qu'aux Açores. Le caractères particulier du climat des Açores que tu soulignes dans ta présentation, c'est effectivement la Tm annuelle exceptionnellement élevée pour la latitude.

Effectivement, il est très pertinent de comparer le climat de ces deux endroits géographiquement similaires. Le climat de l'île Saint Paul est bien hyperoécanique doux (c'est exactement comme cela que je le qualifierais aussi), mais il n'atteint pas le qualificatif "subtropical" comme le font les Açores. Le gel (et la neige) est certes inexistant à Saint Paul, mais la chaleur n'est pas suffisante. Les causes de ces 4°c d'écart sont, à mon avis, les suivantes :1) Saint Paul ne bénéficie pas d'un courant aussi chaud que le Gulf Stream (qui représente probablement 2 à 3°c parmi les 4°c d'écart.

2) Saint Paul se situe dans l'hémisphère sud, et cet hémisphère est plus froid que le nord. Généralement, les températures moyennes qu'on retrouve à x degré de latitude sud sont les mêmes (approx) que celles qu'on trouve à x+5 degrés nord. La cause : l'influence très forte de l'Antarctique qui "repousse" le froid vers le nord. Je pense que cela engendre 1 à 2°c d'écart supplémentaire.

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Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

Je vais tenter de traiter le cas de la particularité de l'océanicité apparemment plus élevée (à première vue) à Madère qu'aux Açores, puisque comme nous l'avions vu, on note une amplitude thermique annuelle de 6.4°c à Madère contre 8°c aux Açores.

Je propose ici une formule (établie empiriquement, mais s'appuyant sur des principes théoriques) permettant de quantifier la continentalité © d'une station. Pour ce faire, 2 paramètres sont nécessaires : l'amplitude thermique annuelle (A) et la latitude (φ).

Il faut savoir que l'énergie arrivant au sol est fortement corrélée avec une fonction en sin²φ.

A max théorique (Amt) = 58 sin²(1.28φ) + 10 , en °C.

Ainsi : C = A / (58 sin²(1.28φ) + 10), C variant de 0 (continentalité mini) à 1 (cont. maxi).

Par exemple, pour Madère (32.5°N), Amt = 35.5°c

Pour Horta (38°N), Amt = 42.6°c

En admettant qu'à la latitude de la Bretagne (49°N), le seuil de l'hyperocéanicité soit atteint pour 11°c, cela signifierait que C = 11 / 55.8 = 0.197

Par conséquent, fixons un coefficient permettant d'obtenir le seuil de l'hyperocéanicité en fonction de la latitude :

AHO (Amplitude thermique Hyperocéanique) = 0.197 Amt, que nous somplifions à AHO = 0.2 Amt

Soit AHO = 0.2 (58 sin²(1.28φ) + 10) , en °C.

Ainsi, pour la latitude de Madère, on obtiendrait : AHO = 7.1°c

Pour celle des Açores (38.5°N), on aurait : AHO = 8.6°c

Pour celle de torshavn (62°N), ce serait : AHO = 13.2°c

Ces trois stations sont donc hyperocéaniques, mais il est évident pourtant que les Açores sont un peu plus océaniques que Madère. La différence théorique avec cette formule qui ne tient compte que de la latitude est 1.5°c entre les deux, si les deux possédaient la même océanicité. Or, en réalité, l'écart est de 1.6°c, comme si Madère était plus océanique que les Açores. Cette abération signifie qu'il est nécessaire de tenir compte d'un autre élément que les seules latitude et amplitude thermique annuelle pour déterminer ce niveau d'océanicité.

Je pense donc que le niveau d'humidité relative estivale peut être cet autre élément significatif.

Par ailleurs, à mon avis, bien que je sois tout à fait favorable au fait qu'un climat puisse être océanique même si les étés y sont secs (Ihe < 0) ou même si l'année entière est "sèche" (cad que la végétation associée est de type xérophile, donc pour IhA < 0), un climat ne saurait être hyperocéanique si IhA < 0, càd si c'est trop sec sur l'année entière.

Par conséquent, si HRest représente la valeur moyenne de l'humidité relative des trois mois estivaux (JJA), on aura :

C = (A / (58 sin²(1.28φ) + 10)) / HRest , sans unité.

Si C < 0.25, alors le climat est hyperocéanique, à condition encore une fois que IhA > 0.

Reprenons le comparatif Açores / Madère, et Torshavn :

C (Horta) = (8/43.3)/0.8 = 0.23

C (Funchal) = (6.4/35.5)/0.7 = 0.26

C (Torshavn) = (7.5/66)/0.9 = 0.13

Conclusion : Les Açores sont finalement un peu plus océaniques que Madère (en tout cas que la côte sud de Madère), qui sont d'ailleurs à la limite du seuil de l'hyperocéanicité.

ps : de toutes façons, je l'avais oublié, mais Funchal ne pourrait pas être "hyperocéanique", puisque cette statio est un peu trop sèche (IhA = -10). Le climat de Funchal est, selon moi, "océanique subtropical xérique". En revanche, la côte nord de Madère est un peu différente, puisque IhA (Ponta Delgada) = +35 (milieu subhumide), et que C = 0.23 (hyperocéanique). Du coup, le climat de la côte nord de Madère est "hyperocéanique subtropical".

Qu'en pensez-vous ?

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Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

Helloooo ! Personne n'est intéressé par ce sujet ? Yves38 ? EnO ? Crabo ? et j'en passe... même mes chers contradicteurs Grecale2b, Tomar, ou même Cotissois, ou d'autres...? default_tongue.png/emoticons/tongue@2x.png 2x" width="20" height="20"> Ça sert à quoi que Ducros y se décarcasse...? default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">

Voici donc la suite de la revue bioclimatologique des îles Açores, cette partie mêlant d'ailleurs plus spécifiquement les composantes climatiques et végétales de cet archipel.

Le cas des îles du nord-ouest sera discuté dans premier temps, à savoir Corvo et Flores. Comme nous l'avons vu dans la première partie, et comme cela a été appuyé par la parenthèse traitant de l'hyperocéanicité, ces îles sont fortement océaniques (C = 0.22 à Santa Cruz das Flores, donc hyperocéanique, sans doute plus encore à Vila do Corvo). Ces îles sont celles qui subissent le plus l'influence du Gulf Stream, et par conséquent, malgré leur position relativement plus septentrionale, la température moyenne y est très légèrement plus élevée (près de 18°c au niveau de la mer).

Ainsi, tel que je l'avais mentionné, les éléments qui compteront pour établir ma future classification climatique sont les suivants :

1) Grands ensembles basés sur des critères uniquement climatiques :

- Domaine climatique (Froid, Tempéré, Chaud, Aride)

- Régime pluviométrique

2) Classification des climats à proprement parler, basée sur une approche couplée climat-végétation :

- Quantité d'humidité disponible, ou niveau de sécheresse écologique (Ihe et IhA)

- Quantité de chaleur disponible et limites (rusticité notamment)

- Ensoleillement

Dans le cas de Corvo et Flores, nous sommes dans le domaine Tempéré (au moins 1 mois < 18°c), et le régime pluviométrique est "maritime" (maximum pluvio en saison froide et/ou minimum en saison lumineuse ou chaude).

À partir des données de la station de Santa Cruz das Flores, il a été déterminé que :

- IhA = 79 (végétation associée à un climat humide) ; Ihe = 19 (sécheresse estivale rare)

- Tmm = 17.6°c ; Ampl. therm. ann : 8°c ; rusticité 11b

- ensoleillement estival 750h, annuel 1700h

Bref, un climat tempéré hyperocéanique subtropical.

D'ailleurs, voici ce qu'avaient estimé Rivas-Martínez, A. Penas & T.E. Díaz (2004) dans leur publication :

aores7.jpg

On y constate qu'ils ont placé ces îles (celles du NO) en "Tempéré hyperocéanique", comparativement aux autres îles plus méridionales qu'ils ont estimées hyperocéanique subméditerranéen, voire méditerranéennes pour une partie des îles du SE. Il faut noter que ne figurent pas l'altitude et son influence sur cette carte. Il est cependant indéniable et évident que celle-ci joue un rôle non négligeable. En effet, il existe ainsi plusieurs étages bioclimatiques puisque les centres de ces îles se situent à 700 à 900m d'altitude. Selon Tutin (1953), le gel est impossible au-dessous de 600m, et la neige ne peut se manifester qu'au-dessus de 5-600m. Cependant, les gelées sont occasionnelles dès 1200m, et régulières au-dessus de 1860m.

Néanmoins, avant d'évoquer les différents étages bioclimatiques, il convient de faire ces quelques précisions : l'origine de la végétation présente sur l'archipel des Açores est très complexe. Il en existe approximativement 500 espèces différentes. Parmi ces 500, 220 sont des espèces qu'on retrouve dans les régions les plus chaudes et humides du sud-ouest de l'Europe. Une cinquantaine d'espèces sont endémiques aux Açores. 4 espèces sont américaines et 2 sont africaines (ces espèces africaines et américaines n'étant pas présentes en Europe). Enfin, 12 sont originaires de Madère et des Canaries.

De plus, 200 espèces ont été introduites accidentellement ou intentionnellement par les Européens.

Un bon nombre de plantes endémiques aux Açores ressemblent beaucoup à leurs équivalentes européennes, desquelles elles ont dû dériver (suite au refroidissement et à l'assèchement du Pléistocène). Ainsi, l'apparence globale de la flore des Açores est, sous certains aspects, assez proche de celle des contrées européennes humides et douces.

L'auteur a donc délimité les étages suivants (bien que les plus élevés ne s'appliquent pas à Corvo ni à Flores, puisque l'altitude ne dépasse pas 900m) :

- (1) Une frange étroite de végétation maritime chaude (0 à 150-350m)

- (2) La "forêt de Laurier" ou "Laurisylve", de 2-300 à 6-700m, dominée par les feuillus persistants, largement endémiques (Laurus Azorica, Myrica Faya, pour les co-dominants). Il s'agit très probablement d'une relique du type de végétation qui recouvrait le sud de l'Europe avant le refroidissement et l'assèchement du climat dans le Pléistocène.

- (3) L'étage dévolu à Ericetum azoricae entre 6-700 and 1500 m. Cette zone abrite une quantité remarquable d'espèces "atlantique extrême" (hyperocéanique), notamment juniperus brevifolia, mais aussi fougères et bryophytes (mousses et sphaignes, dont le besoin en humidité est très fort), et quelques hépatiques épiphylles, signes d'un climat extrêmement arrosé avec peu de gel.

- (4) Enfin, l'étage supérieur, seulement sur l'île de Pico, abritant un mileu plutôt ouvert et quelques espèces seulement. On le retrouve de la limite haute de Ericetum (lande humide) jusqu'au sommet (2300 m). Tout en haut, sur les rocs, on trouve des Gymnomitrum adustum, une plante des milieux articques-alpins.

Ainsi, en tentant d'y supperposer un zonage climatique, il est possible d'établir les propositions suivantes :

1) le premier étage correspondrait bien avec la partie "océanique subtropicale", elle-même devant rencontrer les conditions suivantes : Tmm annuelle > 15-16°c (probalement T du mois le plus chaud > 22°c), et absence totale de gel ou neige (rusticité 11a minimum). Ici, sur les îles du NO, aucune sécheresse estivale.

2) le 2ème étage (de la Laurisylve) : position la plus fraîche de cette écozone, dont la limite supérieure correspondrait à la limite du gel (mais rusticité 10b), ainsi qu'à la limite du climat océanique doux (ici hyperocéanique doux), càd Tmm annuelle > 14°c : même étage qu'on retrouve à Madère entre 3-400 et 1200m.

3) le 3ème étage (700-1500m) est clairement hyperocéanique tempéré pluvieux (Tmm annuelle entre 8 et 14°c).

4) Entre 1500 et 2300m : étage hyperocéanique frais pluvieux (Tmm ann < 8°c), voire hyperocéanique subpolaire au-dessus de 2100m (Tm mois le plus chaud < 10°c).

Enfin, pour illustrer ces propos, voici quelques photos de l'île de Corvo pour commencer...

En premier plan, Vila do Corvo, la seule agglomération de l'île la plus océanique. Au loin, à 25 km au sud, l'île de Flores...

11507811.jpg

Hortensias... typiquement hyperocéanique

11572508.jpg

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Mousses et Juniprus brevifolia, typiques du "3ème étage", ici à 600m...26672397.jpg

Passons maintenant à Flores, bien plus grande et plus diversifiée.

Arrivée à Florès...

46893322.jpg

Corvo au fond... Au premier plan, végétation typique du 2ème étage (Laurisylve, hyperocéanique doux, versant nord de l'île, alt. 200m)

22569580.jpg

Un jardin aux parfums clairement subtropicaux, teinté d'une forte ambiance océanique marquée... ici, dans l'étage hyperocéanique subtropical, versant ouest, niveau de la mer.11052295.jpg

En pleine Laurisylve...

13140213.jpg

Laurus azorica et Myrica Faya, étage hyperocéaniuque doux

62799867.jpg

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Une île volcanique, ici à l'étage de la Laurisylve...

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22569658.jpg

Ambiance océanique forte...

37489506.jpg

Idem...

58993357.jpg

Laurisylve dans la caldera... ces nombreuses résurgences indiquent que les précipitations doivent être très abondantes en altitude.

62798860.jpg

Fleurs "tropicales" et fougères océaniques...

1499050.jpg

Corvo au loin, toujours "coiffée" comme souvent (condensation orographique classique), et traînées d'un perturbation à l'approche par le nord-ouest...

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Nous poursuivrons ensuite avec les îles centrales et sud-orientales... default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">

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Koumac (Nouvelle-Calédonie) / Valence (26) / Le Lavandou (83)

Wow ! Ces photos sont magnifiques ! Merci beaucoup Dann pour ce reportage.

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Brassac les Mines (sud 63) 405m sur les bords de l'Allier

Wow ! Ces photos sont magnifiques ! Merci beaucoup Dann pour ce reportage.

Itou !
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Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

Merci à vous !

Mais sinon, mon argumentation vous paraît-elle claire ou bien y a t-il des points qui vous tracassent et dont vous aimeriez une explication complémentaire ?

Yves, toujours pas de commentaires ?

En somme, je veux être sûr que ce que j'avance est bien cohérent.

Merci.

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Merci à vous !

Mais sinon, mon argumentation vous paraît-elle claire ou bien y a t-il des points qui vous tracassent et dont vous aimeriez une explication complémentaire ?

Yves, toujours pas de commentaires ?

En somme, je veux être sûr que ce que j'avance est bien cohérent.

Merci.

Ne t'inquiètes pas Dann, ce n'est pas parce que je ne poste pas que je ne m'intéresse pas au sujet !Déjà, merci pour les très belles photos! Certaines évoquent un peu la Bretagne, c'est le côté océanique sans doute avec les fougères aigle et les hortensias.

Quant à ta proposition de classification, j'emettrais un bémol au sujet des limites de rusticité, c'est quelque chose de bien flou je pense. Déjà, je ne suis jamais arrivé à trouver une carte correcte sur le net, au moins pour l'Europe ou la France.

De plus, je pense que le seul critère de la Tnn moyenne (c'est le critère considéré je pense) atteinte au cours de l'hiver est notoiremment insuffisant pour déterminer la résistance des végétaux. Cette résistance dépend sans doute du degré d'humidité ou du vent conjugué au basses température. J'ai le souvenir de cèdres (cedrus atlantica ou cedrus deodora je pense) ou de laurier-tin (viburnum tinus) gelés dans le Pays de Caux durant les hivers 1985-87 alors que cette région est donnée avec une zone 8 la plupart du temps. Ici (région grenobloise), il existe des exemplaires de ces arbres magnifiques, sans doute centenaires ou plus (dans le cas des cèdres) donc bien antérieurs à ces hivers alors que la région est donnée par les différentes cartes (mais ces cartes sont souvent très médiocres je répète) pour bien plus froide.

C'est pour cela que je pense que le facteur "vent" est important, il accroît sans doute beaucoup le stress dû au froid (pour les végétaux un peu comme pour les humains en fait), les quelques froids que j'ai pu connaitre ici (mais pas très intenses, je suis dans la région depuis 14 ans et depuis ce temps, il n'y a pas eu d'hivers semblables aux années 1985-87) m'ont semblé très rarement associés à des vents violents.

D'après ce que j'ai compris, le facteur vent est complètement ignoré pour les critères de rusticité que l'on trouve souvent, peut-être des critères considérant les "windchills" minimums moyens seraient plus justes.

Mais je sors un peu du sujet là.

Sinon je pense que les travaux des espagnols que tu cites (Rivas-Martínez, A. Penas & T.E. Díaz avec une carte et une classification dont nous avons parlé dans un autre post) sont un bon début au moins pour l'Europe.

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Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

Ne t'inquiètes pas Dann, ce n'est pas parce que je ne poste pas que je ne m'intéresse pas au sujet !

Pas de problème, je comprends tout à fait ! Désolé de t'avoir paru un peu insistant.
Quant à ta proposition de classification, j'emettrais un bémol au sujet des limites de rusticité, c'est quelque chose de bien flou je pense. Déjà, je ne suis jamais arrivé à trouver une carte correcte sur le net, au moins pour l'Europe ou la France.

Il est vrai que les cartes de rusticité sont souvent très imprécises, sauf peut-être celle (dynamique) du Canada (précision de l'ordre de 2 km !). Cependant, je ne me base pas sur les cartes, mais bien sur les données climatiques. C'est une tâche assez contraignante et parfois ingrate, mais je décortique les mois de D-J-F-M de chaque année, sur 15 ans minimum et 30 ans maximum, et note la Tnn pour chaque année. Pour cela, le site suivant est absolument excellent : http://www.tutiempo.net/en/Climate/De cette façon, j'obtiens de façon très précise la Tnn moyenne, de même que la Tnn absolue (au cours de la période climatologique observée).

De plus, je pense que le seul critère de la Tnn moyenne (c'est le critère considéré je pense) atteinte au cours de l'hiver est notoiremment insuffisant pour déterminer la résistance des végétaux. Cette résistance dépend sans doute du degré d'humidité ou du vent conjugué au basses température. J'ai le souvenir de cèdres (cedrus atlantica ou cedrus deodora je pense) ou de laurier-tin (viburnum tinus) gelés dans le Pays de Caux durant les hivers 1985-87 alors que cette région est donnée avec une zone 8 la plupart du temps. Ici (région grenobloise), il existe des exemplaires de ces arbres magnifiques, sans doute centenaires ou plus (dans le cas des cèdres) donc bien antérieurs à ces hivers alors que la région est donnée par les différentes cartes (mais ces cartes sont souvent très médiocres je répète) pour bien plus froide.

C'est pour cela que je pense que le facteur "vent" est important, il accroît sans doute beaucoup le stress dû au froid (pour les végétaux un peu comme pour les humains en fait), les quelques froids que j'ai pu connaitre ici (mais pas très intenses, je suis dans la région depuis 14 ans et depuis ce temps, il n'y a pas eu d'hivers semblables aux années 1985-87) m'ont semblé très rarement associés à des vents violents.

D'après ce que j'ai compris, le facteur vent est complètement ignoré pour les critères de rusticité que l'on trouve souvent, peut-être des critères considérant les "windchills" minimums moyens seraient plus justes.

Mais je sors un peu du sujet là.

Non non, tu ne sors pas du sujet, c'est au contaire très pertinent, et tu n'as sans doute pas tort !En effet, il est fort probable que, plutôt que la Tnn moyenne, il serait bien plus judicieux de connaître le windchill mini moyen. Seulement, là ce doit être extrêmement fastidieux (pour ne pas dire impossible dans certains cas) d'obtenir ces valeurs !

Je me rends compte qu'effectivement, cette seule "rusticité" déterminée à partir de la Tnn moyenne n'est peut-être pas la méthode la plus appropriée pour déterminer la limite possible (en termes de limite de froid acceptable pour la végétation). Il faudrait que je détermine un autre indice qui permettrait peut-être de tenir compte de la Tnn absolue, de la Tnn moyenne, mais aussi des précipitations et HR moyennes du mois le plus froid, ceci afin de prendre en compte l'évaporation sur les feuilles ou sur les végétaux (l'évaporation créant du froid, car réaction endothermique).

Sinon je pense que les travaux des espagnols que tu cites (Rivas-Martínez, A. Penas & T.E. Díaz avec une carte et une classification dont nous avons parlé dans un autre post) sont un bon début au moins pour l'Europe.

Oui, ils ne sont pas à prendre à la lettre, mais ils semblent bien refléter certaines réalités qui ne sont pas toujours visibles ailleurs...
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Non non, tu ne sors pas du sujet, c'est au contaire très pertinent, et tu n'as sans doute pas tort !

En effet, il est fort probable que, plutôt que la Tnn moyenne, il serait bien plus judicieux de connaître le windchill mini moyen. Seulement, là ce doit être extrêmement fastidieux (pour ne pas dire impossible dans certains cas) d'obtenir ces valeurs !

Je me rends compte qu'effectivement, cette seule "rusticité" déterminée à partir de la Tnn moyenne n'est peut-être pas la méthode la plus appropriée pour déterminer la limite possible (en termes de limite de froid acceptable pour la végétation). Il faudrait que je détermine un autre indice qui permettrait peut-être de tenir compte de la Tnn absolue, de la Tnn moyenne, mais aussi des précipitations et HR moyennes du mois le plus froid, ceci afin de prendre en compte l'évaporation sur les feuilles ou sur les végétaux (l'évaporation créant du froid, car réaction endothermique).

Pour la rusticité, j'ai à l'esprit le témoignage de mon père (qui était paysan en Normandie à l'époque) et qui a vu ses blés (et aussi la majeure partie des blés de la région) détruits en février 1956. Selon lui, outre l'intensité et la durée du froid, c'est la survenue brutale de cet épisode glacial après une période douce en janvier (la végétation était déjà redémarrée) qui a aggravé les dégats, enfin c'est aussi l'absence de protection neigeuse qui a été fatale à cette culture cette année-là.

Le blé est certes une plante cultivée mais ce que l'on peut tirer comme conclusion c'est que l'irrégularité de la température est sans doute aussi très importante pour déterminer la rusticité. Bon après, quel critère climatologique peut reflèter cette irrégularité, je ne sais pas.

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Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

Bonjour,

Voici maintenant la suite de cette petite étude traitant de la bioclimatologie des Açores. Dernièrement, j'avais traité le cas des îles du nord-ouest de l'archipel. Aujourd'hui, je vais vous présenter, de manière plus sommaire, les îles centrales puis celles du sud-est, par le biais de plusieurs photographies qui m'ont paru particulièrement éloquentes et représentatives de la végétation (et par conséquent du climat, par un lien plus ou moins direct...) qui y règne.

Ainsi, au premier étage bioclimatique (voir la partie concernant les îles du nord-ouest), c'est à dire l'étage de végétation "maritime chaud" qu'on retrouve généralement entre 0 et 150m (versants nord) ou 350m (versants sud), correspond la zone climatique océanique subtropicale. En effet, comme à Horta (Faial) ou comme partout au niveau de la mer dans tout l'archipel, l'été est chaud et humide (22.6°c en août, et forte HR moyenne), et l'hiver très doux et pluvieux. La différence par rapport aux îles du nord-ouest se fait sentir au niveau de l'humidité écologique estivale déjà moins présente. Par exemple, si Santa Cruz das Florès (Florès) possédait un Ihe (indice d'humidité estivale) de +19, celui de Horta n'est plus que de +5. Autrement dit, la sécheresse estivale y est presque perceptible. Il va donc de soi que les versants nord sont probablement exempts ou presque de sécheresse estivale, alors que lors des étés, sur les versants plein sud, un certain niveau de sécheresse est sans doute bien présent.

Faial...

À 500m d'altitude, pas loin de la transition entre la Laurisylve (hyperocéanique doux) et le domaine hyperocéanique tempéré.

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Limite inférieure de la laurisylve...

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L'étage subtropical de Faial, souvent cultivé et anthropisé.

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L'étage subtropical encore quasi "naturel"

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L'île de Pico...

La laurisylve et le mont Pico (2300m)

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Côte nord de l'île, végétation humide

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Magnifiques Juniperus Brevifolia, typiques de l'étage hyperocéanique tempéré

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Île de São Jorge

Laurisylve

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idem

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Limite entre étages de la Laurisylve et du domaine hyperocéanique tempéré

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Etage subtropical, ville côtière de Velas.

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Île de Terceira...

Encore la Laurisylve (ou équivalent) dans l'étage hyperocéanique doux

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limite supérieure de la laurisylve

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zone "côtière", versant nord (alt. 100m ici), hyperocéanique subtropicale

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Dracaena draco, originaire d'Afrique et des Canaries, s'acclimate bien dans cette étage azoréen côtier en versant sud, soit hyperocéanique subtropical à été secs.

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Laurisylve (ou équivalent)

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Poursuivons plus au sud-est encore, sur l'île de Sao Miguel. La ville principale est Ponta Delgada. Là, l'été est déjà plus sec, puisque Ihe = -5 (sécheresse estivale équivalente à la sécheresse estivale habituellement observée en climat mésoméditerranéen supérieur). La partie côtière sud de cette île est océanique subtropicale à été sec. On notera qu'à basse altitude, le critère hyperocéanique n'est plus présent, mais il persiste dès l'étage de la Laurisylve (> 300m environ).

Fougères arborescentes, étage hyperocéanique doux.

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Etage hyperocéanique tempéré

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idem

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Hyperocéanique doux

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Situation typique sur l'île : nuages et précipitations orographiques fortes sur les parties élevées (centrales), alors que le temps est plus sec au-dessus des zones basses.

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Laurisylve (hyperocéanique doux)

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idem

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idem

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Etage côtier subtropical

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Passons finalement à l'île la plus méridionale, et la plus éloignée du Gulf Stream, Santa Maria. La ville de Vila do Porto jouit du climat le plus sec de tout l'archipel. En effet, la sécheresse estivale est bien présente (Ihe = -9), et même sur l'année entière, l'humidité est moins élevée qu'ailleurs, puisque IhA = 27 (soit un climat associé à une végétation sub-humide). La partie la plus au sud de l'île est probablement encore plus sèche (au vu de la végétation, et comme cela semble confirmé par l'étude de Rivas et al., 2004 (voir introduction de cette étude), ces derniers mentionnant même un climat mediterranéen pluvi saisonnier. Cependant, pour ma part, je ne considère pas que cette île (et même la partie la plus sèche de cette île) jouisse du climat méditerranéen pour les raisons suivantes :

- l'amplitude thermique annuelle est beaucoup trop faible

- l'ensoleillement estival (et annuel) n'est pas suffisant : 690h en été (il faut au moins 850h pour le méditerranéen).

- rusticité (ou ce qui s'en rapproche, comme mentionné avec Yves38) plus basse que n'importe où en climat méditerranéen.

- végétation proche mais différente tout de même.

Etage de la Laurisylve (ou équivalent)

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idem

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Transition étage océanique subtropical à été sec / étage de la Laurisylve (océanique doux), ici en côte nord de l'île.

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Partie sud de l'île, plus sèche, notamment l'été, faisant penser à la région méditerranéenne, ou plutôt à la côte landaise ou à la côte portugaise. Ici en zone océanique subtropical subxérique à été sec.

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idem ou presque...

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Enfin, le versant probablement le plus sec de l'île. Cette hypothèse pourrait être avancée ou attestée par la présence de ces Aloës. Cet étage côtier serait donc océanique subtropical xérique, cad quasiment le même climat que sur la côte sud de l'île de Madère... en très légèrement moins doux l'hiver.

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Voilà, ceci conclut cette modeste étude bioclimatique de l'archipel des Açores.

En conclusion très sommaire, il advient que si les températures (à altitudes égales) sont très, très similaires, les précipitations et leurs répartitions, de même que la disponibilité en humidité (du point de vue écologique) sont en revanche bien plus diversifiées. Les différents types de paysages et de cortèges floristiques sont assez éloquent, bien qu'il soit nécessaire de faire preuve de la plus grande prudence, étant donnée la complexité de ladite végétation.

Dans quelques temps, je vous présenterai une étude plus complexe, mais sans doute plus intéressante encore : la bioclimatologie des îles Canaries.

Merci.

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Posté(e)
Koumac (Nouvelle-Calédonie) / Valence (26) / Le Lavandou (83)

Toujours aussi belles ces photos Dann ! Merci beaucoup.

Malgré des températures proches, je trouve que la végétation donne un aspect clairement plus "océanique" que celle que l'on peut trouver à Madère (surtout en côte sud). On y voit par exemple beaucoup moins de palmiers et de plantes grasses.

J'attends avec impatience ton étude sur les Canaries default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">

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  • 3 weeks later...

Salut à tous,

Les photos sont vraiment chouettes. quels paysages.

Merci Dann car c'est une région qui m'interesse particulièrment, et ces photos donnent vraiment envie d'y aller, surtout en cette période. C'est cool qu'on ait ce genre de paysage en europe.

Ensuite, les explications sont claires et, même si je ne suis pas (comme tu sais) 100% d'accord avec les qualificatifs climatiques que tu donnes aux différents étages, on comprend bien visuellement ta classification par rapport à ce lieu.

Sinon question:

sur quoi ce seuil de 22° de tm pour le mois le plus chaud est-il basé? Köppen en fait un facteur important de sa classification.

Crabo

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