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Fortes émanations de gaz méthane


Alain Coustou
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Début d’éruption du méthane des gisements sous-marins

J'avais semble t’il hélas raison de craindre le pire à propos de la bombe du méthane.

De récentes observations tendent à prouver que la catastrophe est maintenant en train de s’enclencher, plus rapidement même que je ne l'avais annoncée et il est sans doute désormais trop tard pour éviter le pire.

Après que le pergélisol ait dégelé en profondeur sur des superficies considérables, voici maintenant que le méthane jusque là bloqué par le permafrost sous-marin et peut-être aussi celui des gisements de clathrates de plusieurs des mers arctiques (Mer de Laptev, mer de Sibérie…) commence à bouillonner. Des millions de tonnes de méthane seraient ainsi en train de partir dans l'atmosphère, après que les eaux aient été saturées de CH4.

Et dire que je me suis initialement heurté au scepticisme de la majorité des climatologues et que j'ai été la cible des négationnistes du risque de réchauffement climatique, quand j'ai publié "Terre, fin de partie?" en 2004...

Or tout ce que j’ai décrit semble se mettre en place, en dépit du soleil calme et d’une Nina qui fait remonter des eaux froides des profondeurs.

Ceci dit, il faudra tout de même attendre quelques mois pour voir si la concentration atmosphérique en CH4 augmente de manière significative. Le dégel du pergélisol terrestre au cours des années précédentes a eu jusqu’à présent peu de conséquences sur cette concentration en raison de la compensation apportée par le recul des zones humides (méthanogènes) des régions intertropicales.

Alain

Voici l'info telle qu'elle a été publiée :

Climat : la bombe à retardement du méthane est enclenchée

25 septembre 2008

Les scientifiques ont découvert la preuve que les fonds marins de l’Arctique commencent à libérer dans l’atmosphère des millions de tonnes de méthane, un gaz à effet de serre 20 fois plus puissant que le dioxyde de carbone. Les chercheurs ont pu observer le bouillonnement provoqué par le gaz à la surface de la mer.

Par Steve Connor, The Independent, 23 septembre 2008

The Independent a pris connaissance d’une partie des premiers résultats obtenus, qui suggèrent que le gaz méthane contenu dans d’énormes gisements sous-marins en Arctique s’échappe vers la surface en raison du réchauffement et de la disparition des glaces.

Le comportement de ces réserves souterraines de méthane revêt une importance majeure car les scientifiques pensent que leur libération subite dans l’atmosphère a provoqué par le passé une augmentation rapide de la température terrestre, entraînant des bouleversements du climat et même une extinction massive d’espèces. Les scientifiques embarqués à bord d’un bateau scientifique qui a navigué sur toutes les côtes nord de la Russie ont découvert des concentrations intenses de méthane - allant parfois jusqu’à 100 fois les niveaux habituels - sur plusieurs zones, couvrant des milliers de kilomètres carrés sur le plateau continental sibérien.

Durant ces derniers jours, les chercheurs ont observé des zones où la mer bouillonnait sous l’effet des bulles de gaz remontant des « cheminées de méthane » émergeant dans les fonds marins. Ils estiment que la couche de pergélisol sous-marin qui agissait comme un « couvercle », empêchant le gaz d’être libéré, a fondu par endroits et permet au méthane de s’échapper des dépôts qui s’étaient formés avant le dernier âge glaciaire.

Les chercheurs mettent garde sur le fait que ce phénomène pourrait être lié au réchauffement rapide qu’a connu la région au cours des dernières années.

Le méthane est un gaz dont l’effet de serre est environ 20 fois plus puissant que le dioxyde de carbone et de nombreux scientifiques craignent que sa libération pourrait accélérer le réchauffement de la planète par le biais d’un gigantesque processus de rétroaction dans lequel le méthane répandu dans l’atmosphère provoquerait une élévation des températures, ce qui aggraverait la fonte du pergélisol et libérerait encore plus de gaz.

On estime que la quantité de méthane piégée sous l’Arctique est supérieure à la quantité totale de carbone contenue dans des réserves mondiales de charbon. Il est donc de toute première importance que ces réservoirs restent stables au moment où cette région se réchauffe à un rythme plus rapide que d’autres parties de la terre.

Orjan Gustafsson, l’un des responsables de l’expédition, décrit l’ampleur des émissions de méthane observées dans un émail envoyé depuis le navire scientifique russe Smirnitskyi Jacob.

« Nous avons travaillé fiévreusement pour terminer le programme de prélèvement d’échantillons hier et la nuit dernière », écrit le Dr Gustafsson. « Une vaste zone d’intense libération de méthane a été découverte. Sur les précédents sites nous avions observé de fortes concentrations de méthane dissous. Hier, pour la première fois, nous avons observé une zone où la libération est si intense que le méthane n’a pas eu le temps de se dissoudre dans l’eau de mer, mais arrive sous forme de bulles de méthane à la surface. Ces « cheminées de méthane » ont été observées sur échosondeur et avec les [instruments] sismiques. »

À certains endroits, les concentrations de méthane atteignaient 100 fois les niveaux habituels. Ces anomalies ont été constatées dans la mer de Sibérie orientale et la mer de Laptev. Elles portent sur plusieurs dizaines de milliers de kilomètres carrés, et totalisent des millions de tonnes de méthane, a déclaré le Dr Gustafsson. « Cela pourrait être du même ordre de grandeur que ce que l’on estime actuellement pour l’ensemble des océans. » indique-t-il. « Personne ne sait combien d’autres zones existent sur le grand plateau continental de la Sibérie orientale.

« L’hypothèse habituelle était que le « couvercle » de pergélisol sur les sédiments sous-marins du plateau continental Sibérien pouvait retenir ces énormes gisements de méthane. L’augmentation des observations de libération de méthane dans cette région inaccessible peut donnent à penser que le pergélisol, le couvercle, commence à être perforé et laisse donc fuir le méthane ... Le pergélisol présente maintenant des petits trous. Nous avons constaté des niveaux élevés de méthane au-dessus de la surface de l’eau et plus encore dans l’eau juste en dessous. Il est évident que la source provient des fonds marins. »

Les résultats préliminaires de l’étude du plateau sibérien 2008, en cours de préparation pour publication par l’American Geophysical Union, sont supervisés par Igor Semiletov du département de l’Extrême-Orient de l’Académie Russe des Sciences. Depuis 1994, il a dirigé environ 10 expéditions dans la mer de Laptev. Durant les années 1990, il n’avait pas détecté de niveaux élevés de méthane, mais depuis 2003, il a fait état d’une augmentation du nombre de « points chauds » de méthane, qui sont désormais confirmés par les instruments plus sensibles qui sont présents à bord du Jacob Smirnitskyi.

Le Dr Semiletov suggère plusieurs raisons pouvant expliquer pourquoi le méthane d’Arctique s’échappe désormais, dont l’augmentation du volume des eaux relativement plus chaudes qui sont rejetées des cours d’eau Sibériens en raison de la fonte du pergélisol terrestre.

La région de l’Arctique dans son ensemble a connu une hausse des températures moyennes de 4 degrés centigrades au cours des dernières décennies, avec un déclin spectaculaire de l’étendue recouverte par la banquise durant l’été. De nombreux scientifiques craignent que la disparition de la banquise ne puisse accélérer la tendance au réchauffement climatique car l’océan absorbe plus la chaleur du soleil que ne le fait la surface réfléchissante de la glace.

Sur le web :

La page personnelle d’Orjan Gustafsson sur le site de l’Université de Stockholm

Le Devoir, Canada : La bombe méthane est amorcée

Rejoint hier à ses bureaux de l’Institut des sciences de la mer de Rimouski, le professeur Émilien Pelletier, chimiste et écotoxicologue marin, voit dans ce phénomène « l’extension en milieu marin de ce qui se passe dans le permafrost terrestre ». Si les constats des scientifiques suédois annoncent le début d’un dégel du permafrost sous-marin, dit-il, l’humanité doit s’attendre à une libération massive de gaz à effet de serre susceptible de lancer le climat dans un changement potentiellement irréversible.

Les hydrates de méthane, dit-il, sont présentes dans plusieurs grandes mers. Sous l’effet des eaux très froides et aux pressions inimaginables des grandes profondeurs, le fonds, le méthane s’y solidifie parfois sous forme d’énormes cristaux. Des sociétés commerciales cherchent même à exploiter ces combustibles stockés à grande profondeur.

Dans les mers arctique, un autre phénomène semble se produire, dit-il, d’après les constats rapportés par The Independant.

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Juste une question naïve: les émanations cessent-elles en hiver avec le regel général?

Les émanations en provenance du sous-sol sous-marin ne cesseront pas tant qu'il y aura du CH4 disponible. Tout au plus, une partie des "bulles" pourrat'elle être provisoirement piégées par les glaces flottantes de surface en hiver. De plus, les observations des émissions de CH4 en provenance du pergélissol dégelé en profondeur en Sibérie et en Alaska ont permis de constater que ces émissions se poursuivent en hiver: la reprise de la fermentation bactérienne crée de la chaleur qui empêche le sol de regeler, là où cette fermentation est suffisamment importante.

Alan

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J'avais poster un topic hier, mais il a été fermer. Mais maitenant si Alain Coustou commence aussi a le dire.. default_mellow.png Tout va mal partout. default_unsure.png J'ai une question, est ce que on est a peux près ce que ça va provoquer ? Je sais juste que le climat va être boulverser.

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Juste une question naïve: les émanations cessent-elles en hiver avec le regel général?

"Lorsque le pergélisol, riche en biomasse, commence à dégeler, l'activité microbienne démarre" explique Gerhard Krinner, du laboratoire de glaciologie et de géophysique de l'environnement, selon des propos rapportés par Le Monde.

"Or ce métabolisme développe de la chaleur qui, elle-même, accélère le réchauffement du sol et ainsi la décomposition de la biomasse, et donc l'émission de dioxyde de carbone ou de méthane", précise-t-il.

L'engrenage...enfin j'espère que non...

.

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Bien que l'équipe d'Infoclimat reconnaît l'importance de ce débat et des enjeux qui en résultent, ce sujet ne relève pas de la climatologie en tant que tel mais de la problématique de l'évolution du climat. Ce topic sera donc fermé.

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