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Réchauffement et récifs coraliens


charles.muller
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La mort annoncée de la grande barrière de corail est un serpent de mer de la biodiversité depuis pas mal de temps - au point qu'on est surpris et ravi de constater que les coraux sont encore là.

Les principaux accusés étaient jadis les cyclones, la pollution et la pêche intensive, mais le réchauffement (ici comme ailleurs) est devenu la vedette depuis que certaines études ont prédit les pires choses (Hoegh-Guldberg 1999, Buddemeier 2004, Orr 2005). 60% des coraux devraient disparaître dans quelques décennies... comme toujours, la prédiction est d'autant plus sombre qu'elle est lointaine et spéculative, les données du bon vieux réel étant pour le moment nettement moins alarmantes (certains récifs ont au contraire connu au XXe siècle leur plus forte croissance depuis 300 ans, Lough et Barnes 1997 par exemple).

Une recherche paraît ce jour dans Nature qui devrait apporter du baume au coeur aux amoureux des fonds sous-marins : elle montre que plusieurs espèces peuvent s'adapter sans grand problème à un surcroît de chaleur (et éviter le blanchissement dû à l'expulsion des zooxanthelles), grâce notamment à des mécanismes hétérotrophiques favorables de métabolisation du carbone. Un hypothétique réchauffement global des eaux de mers (au-delà et en plus de l'actuelle variabilité naturelle forte, qui provoque des blanchissements de toute façon selon les cycles Niño/niña) amènerait sans doute une modification des espèces dominantes, et non une disparition ni même une nette diminution des récifs coraliens.

Une autre étude (Hughes 2003) avait d'ailleurs abouti aux mêmes conclusions, en soulignant la diversité génétique des espèces coraliennes et, surtout, leur adaptativité rapide. Contrairement à ce que l'on entend ici ou là, les coraux ne sont absolument pas des "fossiles vivants" à l'incroyable longévité : chez la plupart des espèces de ces vastes colonies, les individus atteignent la maturité sexuelle en 3 à 5 ans et meurent à 20 ans. Ce qui est un profil idéal pour une adaptation rapide à un milieu changeant.

***

Nature 440, 1186-1189 (27 April 2006) | doi:10.1038/nature04565; Received 4 November 2005; ; Accepted 3 January 2006

Heterotrophic plasticity and resilience in bleached corals

Andréa G. Grottoli1, Lisa J. Rodrigues2 and James E. Palardy3

Mass coral bleaching events caused by elevated seawater temperatures1, 2 have resulted in extensive coral mortality throughout the tropics over the past few decades3, 4. With continued global warming, bleaching events are predicted to increase in frequency and severity, causing up to 60% coral mortality globally within the next few decades4, 5, 6. Although some corals are able to recover and to survive bleaching7, 8, the mechanisms underlying such resilience are poorly understood. Here we show that the coral host has a significant role in recovery and resilience. Bleached and recovering Montipora capitata (branching) corals met more than 100% of their daily metabolic energy requirements by markedly increasing their feeding rates and CHAR (per cent contribution of heterotrophically acquired carbon to daily animal respiration), whereas Porites compressa (branching) and Porites lobata (mounding) corals did not. These findings suggest that coral species with high-CHAR capability during bleaching and recovery, irrespective of morphology, will be more resilient to bleaching events over the long term, could become the dominant coral species on reefs, and may help to safeguard affected reefs from potential local and global extinction.

Top of page

1. Department of Geological Sciences, Ohio State University, Columbus, Ohio 43210, USA

2. Department of Biology, Villanova University, Villanova, Pennsylvania 19085, USA

3. Department of Ecology and Evolutionary Biology, Brown University, Providence, Rhode Island 02912, USA

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Publication 1 : les coraux vont disparaître avec le RC, les simulations le montrent clairement

Publication 2 : NON, les coraux ne disparaissent PAS avec le RC, les observations le montrent clairement

Un profane qui n'est au courant d'aucune des 2 publis aura l'impression que rien n'a changé à part qu'après l'hiver vient le printemps et son impression est la bonne.

Il en est ainsi de certaines recherches : produire du non résultat sur des non-événements. Mais ça permet le maintien des budgets et des citations par les pairs. Et les chercheurs vécurent heureux et firent beaucoup de publications.

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voilà une bonne nouvelle qui fera peut être taire les habituels pessimistes et amateurs de sensationel. default_cool.pngdefault_laugh.png

d' autant plus qu'en cherchant un tout petit peu je crois qu'il ne serait pas difficile de trouver de nombreux articles de presses datant de 3 ou 4 ans parlant de la fin programmée et certaine des massifs coraliens

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C'est une nouvelle doublement bonne dans la mesure où elle a été citée par l'AFP ici http://news.yahoo.com/s/afp/20060426/sc_af...in_060426185503

Voir une "bonne nouvelle" sur le RC dans un média de masse, c'est une chose assez rare pour être signalée default_huh.png

Mais histoire de calmer la joie de monsieur tout le monde qui se croyait enfin sauvé d'un danger oppressant bien qu'impalpable, il est convenu de terminer par une note sombre, au conditionel bien sûr, comme la tradition alarmiste de rigueur l'impose :

"Ceci suggère que les écosystèmes coraléens ne serait pas exterminés par le réchauffement climatique mais vont quand même subir des changements dramatiques car les espèces les plus résistantes vont dominer les récifs" default_laugh.png

This suggests that coral ecosystems may not be wiped out by global warming but will still undergo wrenching change because more resilient species will dominate the reefs, say the authors

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C'est une nouvelle doublement bonne dans la mesure où elle a été citée par l'AFP ici http://news.yahoo.com/s/afp/20060426/sc_af...in_060426185503

Voir une "bonne nouvelle" sur le RC dans un média de masse, c'est une chose assez rare pour être signalée default_flowers.gif

D'autant qu'il y a au fond deux bonnes nouvelles, puisque l'autre étude commentée par l'AFP [Treydte, K. S. et al. Nature 440, 1179–1182 (2006)] rappelle que les précipitations globales ont augmenté en moyenne de 1% / décennie au XXe siècle. Cette légère intensification du cycle de l'eau (présente partout hors Amérique latine semble-t-il) est dans l'ensemble une conséquence positive du réchauffement récent, puisque tout le monde reconnaît que la disponibilité en eau pour les hommes et les cultures est un enjeu crucial du moment.
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D'autant qu'il y a au fond deux bonnes nouvelles, puisque l'autre étude commentée par l'AFP [Treydte, K. S. et al. Nature 440, 1179–1182 (2006)] rappelle que les précipitations globales ont augmenté en moyenne de 1% / décennie au XXe siècle. Cette légère intensification du cycle de l'eau (présente partout hors Amérique latine semble-t-il) est dans l'ensemble une conséquence positive du réchauffement récent, puisque tout le monde reconnaît que la disponibilité en eau pour les hommes et les cultures est un enjeu crucial du moment.

Pas tout à fait.L'augmentation des précipitations n'est pas une bonne nouvelle.

c'est un évènement logique dans un monde humide qui se réchauffe.

Ce qui est intéressant c'est le régime de ces précipitations.

Pour prendre un exemple extrème, considérons un pays comme la France qui risque de se réchauffer de 4°C en moyenne.

Si l'augmentation des précipitations se fait d'avantage en hiver (comme c'est prévu) qu'en été, et si, en été les plus rares précipitations se font sous forme d'orages violents avec ruissellement important, c'est loin d'être intéressant.

Concernant les coraux, le danger principal réside dans l'acidification progressive des eaux océaniques de surface.

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Pas tout à fait.

L'augmentation des précipitations n'est pas une bonne nouvelle.

c'est un évènement logique dans un monde humide qui se réchauffe.

Ce qui est intéressant c'est le régime de ces précipitations.

Pour prendre un exemple extrème, considérons un pays comme la France qui risque de se réchauffer de 4°C en moyenne.

Si l'augmentation des précipitations se fait d'avantage en hiver (comme c'est prévu) qu'en été, et si, en été les plus rares précipitations se font sous forme d'orages violents avec ruissellement important, c'est loin d'être intéressant.

Il est certain que certains modèles prévoient plein d'inconvénients pour le futur. Le travail dont je parle est une observation du réel, sur le bilan du XXe siècle dans le millénaire (et au même XXe siècle, sur le plan global toujours, GIEC 2001 n'a pas trouvé de tendance significative pour les orages, grêles, tornades, etc.).

Concernant les coraux, le danger principal réside dans l'acidification progressive des eaux océaniques de surface.

Cà, c'est notamment la thèse de Orr et al. dans un papier de Nature abondamment commenté (Orr 2005). Le problème de ce papier est qu'il est une pure spéculation (sur l'avenir du climat, sur la réponse biochimique des océans, planctons et coraux).

Avant de se demander ce qui se passera en 2040 ou 2060, pourquoi ne pas étudier les coraux actuels, puisque la fameuse "augmentation sans précédent du CO2 atmosphérique depuis 400.000 ans" (ergo l'acidification) est une réalité datant de 1750 ? Quand on le fait, on trouve une augmentation de la calcification des coraux par rapport aux périodes antérieures au XXe siècle ou dans la fin du XXe récente par rapport au début (voir par exemple les données chiffrées de Lough Barnes 1997 et 2000, Bessat et Buigues 2001, Carricart-Ganivet 2004).

*

C'est amusant : pour les coraux comme pour les précipitations, et concernant le réchauffement global induit par CO2, le bilan de 1860-2000 n'a rien de catastrophique. Mais les annonces pour 2000-2100 le sont toutes.

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Par ailleurs, on peut se demander à la base ce qu'il en est de l'acidification des océans induite par le CO2.

On trouve ici un rapport [pdf] très alarmiste de la Royal Society :

http://www.royalsoc.ac.uk/document.asp?id=3249

Il y est dit dans le résumé :

If global emissions of CO2 from human activities continue to rise on current trends then the average pH of the oceans could fall by 0.5 units (equivalent to a three fold increase in the concentration of hydrogen ions) by the year 2100.

Puis on découvre dans l'étude :

2.3 Natural variation in pH of the oceans

Surface oceans have an average pH globally of about 8.2 units. However, pH can vary by ±0.3 units due to local, regional and seasonal factors. (p. 6)

Donc, une (très hypothétique) hausse du pH de 0,5 pour 2100 est présentée comme une catastrophe sans précédent, mais les actuelles variations naturelles de +/- 0,3 ne semblent pas désastreuses.

Par ailleurs, comme il est précisé dans la légende de cette carte (du même rapport), l'activité biologique des océans tend à augmenter leur pH (donc à diminuer leur acidité).

phocean5wu.jpg

Or, la croissance des phytoplanctons en eaux de surface (principale activité biotique) est connue pour être favorisée par la chaleur et l'évaporation (voir carte et explications dans le site ci-dessous par exemple).

http://www.atmosphere.mpg.de/enid/1vg.html

Comme le rapport de la Royal Society signale que la croissance du CO2 atmosphérique n'affecte pas spécialement la photosynthèse ce phytoplancton (p. 16), je comprends mal pourquoi la hausse de pH liée à la croissance du phytoplancton ne compenserait pas en partie la baisse de pH due à la capture du CO2 atmosphérique.

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C'est amusant : pour les coraux comme pour les précipitations, et concernant le réchauffement global induit par CO2, le bilan de 1860-2000 n'a rien de catastrophique. Mais les annonces pour 2000-2100 le sont toutes.

le fait que la calcification soit défavorisée en milieu acide n'a rien d'amusant ni de catastrophiste, c'est de la chimie de base.

La quantité de précipitations qui augmente, en cas de réchauffement, ce n'est ni amusant ni catastrophiste, c'est de la physique de base.

Le régime de précipitations a bien entendu une importance capitale.

Ignorer ce paramètre n'est pas sérieux.

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le fait que la calcification soit défavorisée en milieu acide n'a rien d'amusant ni de catastrophiste, c'est de la chimie de base.

Oui, mais tu ne réponds pas à la question : pourquoi la "chimie de base" ne se traduit pas dans la "biologie de fait" ?
La quantité de précipitations qui augmente, en cas de réchauffement, ce n'est ni amusant ni catastrophiste, c'est de la physique de base.

Le régime de précipitations a bien entendu une importance capitale.

Ignorer ce paramètre n'est pas sérieux.

Certes. Mais si tu remontes le fil et regardes le point de départ de cette question, je maintiens ma conclusion : au niveau des moyennes globales, le réchauffement récent 1860-2000 a augmenté les précipitations sans augmenter les événements intenses (tempêtes tropicales, orages, grêles, tornades, etc.). Et cette assertion est fondée sur GIEC 2001 lui-même, ce qui devrait quand même faciliter le consensus.
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Puis on découvre dans l'étude :

2.3 Natural variation in pH of the oceans

Surface oceans have an average pH globally of about 8.2 units. However, pH can vary by ±0.3 units due to local, regional and seasonal factors. (p. 6)

Donc, une (très hypothétique) hausse du pH de 0,5 pour 2100 est présentée comme une catastrophe sans précédent, mais les actuelles variations naturelles de +/- 0,3 ne semblent pas désastreuses.

Sans entrer dans le débat juste un mot sur cet argument un peu rapide...

Si on imagine un PH MOYEN (j'insiste sur le terme moyen) avec une variabilité de +/- 0.3 , en imaginant une distribution de la vraiable proche de la gaussianité avec donc un sigma de 1.5 cela équivaut à dire que 95% des valeurs de PH observées sont comprises entre 7.9 et 8.5 (ce que disent les auteurs) et même que la probabilité pour que le PH a un endroit soit supérieur à 8.5 n'est que de 2.5%

Maintenant si on imagine une hausse de la MOYENNE de 0.5 et que l'on garde la même variabilité alors on aura une probabilité de PH supérieur à 8.4 dans 97.5% des cas....

Encore une fois, sans entrer dans le débat de fond je ne pense pas que l'on puisse dire que ce changement est anodin.

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Donc, une (très hypothétique) hausse du pH de 0,5 pour 2100 est présentée comme une catastrophe sans précédent, mais les actuelles variations naturelles de +/- 0,3 ne semblent pas désastreuses.

Sans entrer dans le débat juste un mot sur cet argument un peu rapide...

Si on imagine un PH MOYEN (j'insiste sur le terme moyen) avec une variabilité de +/- 0.3 , en imaginant une distribution de la vraiable proche de la gaussianité avec donc un sigma de 1.5 cela équivaut à dire que 95% des valeurs de PH observées sont comprises entre 7.9 et 8.5 (ce que disent les auteurs) et même que la probabilité pour que le PH a un endroit soit supérieur à 8.5 n'est que de 2.5%

Maintenant si on imagine une hausse de la MOYENNE de 0.5 et que l'on garde la même variabilité alors on aura une probabilité de PH supérieur à 8.4 dans 97.5% des cas....

D'accord avec ta remarque (et soit dit en passant, c'est "baisse" et non "hausse" qu'il fallait lire dans mon post, puisqu'on parle d'une hausse de l'acidité = baisse du pH).

Reste que le coraux ont déjà dans le passé supporté in situ des variations de pH assez importante sans disparaître pour autant. L'étude de Pelejero et al. sur le récif de Flinders (réf. ci-dessous) conclut par exemple que le pH a varié de 0,3 depuis 300 ans et qu'il varie également de cet ordre de grandeur au cours des cycles de 50 ans de l'Interdacadal Pacific Oscillation. On peut donc supposer que les mécanismes d'adaptabilité décrit par les papiers de mon message initial ne fonctionnent pas seulement sur les températures, mais sur l'ensemble des paramètres marins ayant accompagné l'évolution coralienne. (J'ignore d'ailleurs quand ils sont apparus dans l'évolution, et surtout quand sont apparues les espèces actuelles. Je vais aller chercher l'info).

***

Science 30 September 2005: Vol. 309. no. 5744, pp. 2204 - 2207 | DOI: 10.1126/science.1113692

Preindustrial to Modern Interdecadal Variability in Coral Reef pH

Carles Pelejero,1*{dagger} Eva Calvo,1*{dagger} Malcolm T. McCulloch,1{dagger} John F. Marshall,1 Michael K. Gagan,1 Janice M. Lough,2 Bradley N. Opdyke3

The oceans are becoming more acidic due to absorption of anthropogenic carbon dioxide from the atmosphere. The impact of ocean acidification on marine ecosystems is unclear, but it will likely depend on species adaptability and the rate of change of seawater pH relative to its natural variability. To constrain the natural variability in reef-water pH, we measured boron isotopic compositions in a ~300-year-old massive Porites coral from the southwestern Pacific. Large variations in pH are found over ~50-year cycles that covary with the Interdecadal Pacific Oscillation of ocean-atmosphere anomalies, suggesting that natural pH cycles can modulate the impact of ocean acidification on coral reef ecosystems.

1 Research School of Earth Sciences, The Australian National University, Canberra, ACT 0200, Australia.

2 Australian Institute of Marine Science, PMB #3, Townsville Mail Centre, QLD 4810, Australia.

3 Department of Earth and Marine Sciences, The Australian National University, Canberra, ACT 0200, Australia.

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Oui, mais tu ne réponds pas à la question : pourquoi la "chimie de base" ne se traduit pas dans la "biologie de fait" ?

Certes. Mais si tu remontes le fil et regardes le point de départ de cette question, je maintiens ma conclusion : au niveau des moyennes globales, le réchauffement récent 1860-2000 a augmenté les précipitations sans augmenter les événements intenses (tempêtes tropicales, orages, grêles, tornades, etc.). Et cette assertion est fondée sur GIEC 2001 lui-même, ce qui devrait quand même faciliter le consensus.

concernant l'acidité, l'eau de mer, par le CO3-- présent, a un pouvoir tampon qui neutralise en quelque sorte le CO2 entrant.

Actuellement nous sommes encore dans ce domaine de tampon, ce qui veut dire qu'il y a encore suffisamment de CO3-- présent et entrant (remontée des eaux profondes et eaux continentales)

Il est donc assez normal que les coraux n'en voient pas encore les conséquences.

Tu es infiniment meilleur biologiste que moi et donc je ne m'aventurerais pas plus loin dans ce domaine.

Je suppose que certaines études de développement corralien en laboratoire ont du mettre en évidence (ou pas d'ailleurs) l'influence du pH.

Concernant les précipitations, et sans vouloir pinailler, tu parles toi-même de 1% d'augmentation entre 1860 et 2000.

C'est relativement faible mais quantifiable tout de même.

Ce qui est quantifiable aussi c'est l'intensité maximale de pluie.

Il serait intéressant de connaître sa variation.

Peut-être quelqu'un a t'il cela dans ses tablettes?

Si cette variation est supérieure à 1% c'est un peu moins favorable et bénéfique.

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Quelques infos supp. sur les coraux.

Le groupe d'étude de la génomique coralienne dirigé par David Miller souligne la diversité génétique extrême des sous-populations du genre Acropora (le plus répandu), ce qui est un bon pronostic adaptatif (et indique aussi en général des pressions sélectives passées). Cf. extrait ci-dessous et lien vers le groupe.

http://www.jcu.edu.au/school/pms/CGC/Coral...ionary_Genetics

Acropora is the largest extant reef-building coral genus, and is also one of the worldís most widespread scleractinian coral genera, spanning the Indian and Pacific Oceans and the Caribbean Sea. Some species have very restricted distributions, whereas others are found throughout large parts of the tropics, and up to 70 Acropora species can be found in sympatry. An enormous amount of intraspecific morphological variability exists, while at the same time similarities between species are striking; for example, intraspecific geographic differences in morphology can be as large as differences between species. Acropora thus provides an ideal model system for examining speciation and evolution of scleractinian reef coral species in general, on both temporal and spatial scale.

***

Par ailleurs, j'ai trouvé une série d'études tout à fait instructives sur certaines espèces coraliennes actuelles (ci-dessous, page d'Ann F. Budd), d'Amérique tropicale en l'occurrence. Il en ressort que les espèces modernes ont émergé entre 1-4 millions d'années, lors de modifications importantes de faune ayant accompagné les glaciations / déglaciations, en conservant des gènes reliques de populations anciennes. Vu ce qu'elles ont subi sur cette période de temps en terme de changements climatiques, je pense que ces espèces n'auront pas forcément une grande difficulté à s'adapter aux modifications éventuelles.

http://myweb.uiowa.edu/abudd/research.html

Ann F. Budd

Recent molecular work has challenged many traditional notions regarding the systematics and evolution of scleractinian reef corals. Not only have several ecologically dominant, modern species been found to be complexes of two or more species, but also the nature of species boundaries has been found to vary geographically. At higher taxonomic levels, molecular trees based on mitochondrial and nuclear genes indicate that genera and families, long thought to be cosmopolitan, are polyphyletic. The trees reveal a previously unrecognized clade of Atlantic corals, which diverged from their presumed Pacific relatives over 30 million years ago.

My colleagues and I are studying reef coral morphology in light of the new molecular findings. We have discovered new non-traditional morphologic characters that better match genetic results, and have used them to investigate patterns in the fossil record. We use geometric morphometrics to distinguish species within complexes and trace them through geologic time. We also examine skeletal microstructure using growth models, and have detected differences between Atlantic and Pacific corals that have been assigned to the same genera and families. Our results indicate that the genetic structures of modern species and clades have been strongly influenced by events that occurred in the geologic past.

I have also been studying changes in the biodiversity of tropical American reef corals through geologic time in collaboration with the Panama Paleontology Project and the Dominican Republic project. The analyses are performed on a web-based taxonomic database called NMITA (“Neogene Marine Biota of Tropical America”). The results indicate that the taxonomic composition of modern Caribbean reefs was shaped by a prolonged interval of faunal turnover between 4-1Ma in association with closure of the Central American Isthmus and the onset of northern hemisphere glaciation. Turnover was unique in that origination preceded extinction, and local assemblages consisted of a mix of extinct and living species, which varied in composition but not in richness. Modern reef coral species arose early during turnover, under different environmental conditions than those in which they live today, and are the survivors of a pulse of extinction at the end of turnover.

Budd, A.F. and J.M. Pandolfi. 2004. Overlapping species boundaries and hybridization within the Montastraea “annularis” reef coral complex in the Pleistocene of the Bahama Islands. Paleobiology 30: 396-425.

Fukami, H., A.F. Budd, D.R. Levitan, J. Jara, R. Kersanach, and N. Knowlton. 2004. Geographic differences in species boundaries among members of the Montastraea annularis complex based on molecular and morphological markers. Evolution 58: 324-337.

Fukami, H., A.F. Budd, G. Paulay, A. Solé-Cava, C.A. Chen, K. Iwao, and N. Knowlton. 2004. Conventional Taxonomy Obscures Deep Divergence between Pacific and Atlantic Corals . Nature 427: 832-835.

Klaus, J.S. and A.F. Budd. 2003. Comparison of Caribbean coral reef communities before and after Plio-Pleistocene faunal turnover: Analyses of two Dominican Republic reef sequences. PALAIOS 18:3-21.

***

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Posté(e)
Sainte-Croix-aux-Mines (68) - 340 m

au niveau des moyennes globales, le réchauffement récent 1860-2000 a augmenté les précipitations sans augmenter les événements intenses (tempêtes tropicales, orages, grêles, tornades, etc.). Et cette assertion est fondée sur GIEC 2001 lui-même, ce qui devrait quand même faciliter le consensus.

Oui, en même temps, combien y avait'il de cyclones cat 5 en moyenne dans l'Atlantique Nord ou de tornades aux USA entre 1700 et 1950? Personne ne peut le savoir... Il est donc tout aussi "peu fiable" de spéculer une non augmentation qu'une augmentation de ces phénomènes...

Le travail dont je parle est une observation du réel

Moi, ne pouvant m'enfoncer dans des débats scientifiques tels que les votres, j'observe également le réel alors je constate: En moins de deux ans, plusieurs cyclones pulvérisant les records de puissance (Katrina- Wilma-Monica). Des cyclones en série qui se forment au large des Canaries... Une sécheresse durable de 3 ans sur la France (2003-fév2006) soit la plus longue observée. Je constate que chaque année depuis 10 ans, l'Europe de l'Est est sous les eaux toujours plus hautes du Danube (les records tombent chaque années depuis 2004...)

Je constate que l'essentiel des cumuls de précipitations sur une bonne partie de la France en ce mois d'Avril s'est faite sous forme d'orages, je n'ai jamais observé une telle forme de répartition des précipitations si tôt. La configuration pluviométrique de ce mois d'Avril se rapproche de celle d'un mois de Juin ou Juillet... Un seul orage sur l'Ille de France a apporté près de la moitié du cumul total du mois...

Je constate que les USA vivent leur plus intense saison des tornades (nombre-intensité-fréquence-victimes)depuis le début des observations en 1950. J'observe que le niveau des océans monte d'environ 2.5 millimètres par an depuis 1993. Cette variation a été calculée a partir des mesures effectuées entre 1993 et 2001 par le satellite Topex-Poséidon.

Je constate que des Mantes Religieuses sont arrivées et se sont adaptées dans les régions du NE de la France alors qu'avant leur aire de répartition se limitait au Sud de la Loire, il en est de même pour plusieurs espèces de plantes telles que la renomée du Japon, pour la tortue de Floride, et pour plusieurs autres espèces...

Je constate que les vendanges en Alsace se font à présent fin Aout en moyenne sur les 10 dernières années alors qu'il y a 50 ans, rares étaient les années où celles-ci s'éffectuaient avant mi Septembre...

Voilà, je voulais juste intégrer ces quelques observations que certains qualifieront sans doute de "sommaires" ou "imprécises" default_flowers.gif

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concernant l'acidité, l'eau de mer, par le CO3-- présent, a un pouvoir tampon qui neutralise en quelque sorte le CO2 entrant.

Actuellement nous sommes encore dans ce domaine de tampon, ce qui veut dire qu'il y a encore suffisamment de CO3-- présent et entrant (remontée des eaux profondes et eaux continentales)

Il est donc assez normal que les coraux n'en voient pas encore les conséquences.

Pour être un peu plus précis, le phénomène est le suivant : le CO2 absorbé en surface se dissout et devient acide carbonique (H2CO3). Une partie de cet acide persiste, mais la plus grande quantité se désagrège rapidement (par hydrolyse) en ions bicarbonate (HCO3-), hydrogène (H+) et carbonate (CO3- -). Le squelette des coraux et des algues corallines est en carbonate de calcium, soit deux formes assez stables : aragonite et calcite magnésique (l'ajout de magnésium est le fait du métabolisme de micro-organismes). Les eaux chaudes et peu profondes où se situent la majeure partie des coraux tropicaux sont dites sursaturées en surface, c'est-à-dire que la concentration en aragonite et calcite est telle que ces minéraux ne se dissolvent pas. Il n'en va pas de même un plus en profondeur. (Attention, il y a aussi des espèces coraliennes en eaux froides et profondes, peu connues, dont on vient justement de parler dans Science : Roberts 2006 ; mais leur biochimie et leur biogéographie diffèrent sensiblement, je n'en parle pas ici).

Dans la zone de saturation, il y a donc une balance entre calcification et dissolution pour les espèces concernées, selon la composition chimique de l'eau et son pH (ainsi que divers autres facteurs bien sûr, dont température et pression). C'est cet équilibre qui est supposé évoluer défavorablement sous l'effet de l'acidification par absorption de CO2 atmosphérique (plus d'ions hydrogène, moins de pH, moins d'ions carbonate, moindre saturation, dissolution augmentée). Sur le papier, c'est assez simple. Mais même en restant sur ce plan purement "théorique", tout n'est pas clair. Par exemple, Orr et al. (2005) reconnaissent que les modèles de projection (hausse de CO2, hausse de SST) prévoient une hausse des ions carbonates (CO3 - -) qui est plutôt favorable à la saturation. Ils estiment simplement que cette hausse (env. 10%) ne sera pas suffisante pour contrer les effets de l'acidification (ions H+). Ce point reste cependant spéculatif. Une discussion récente de l'European Geoscience Union (Yates et Halley 2006, disponible en pdf sur le net) sur le récif Molokai (Hawaii) montre que les coraux actuels calcifient le jour et se dissolvent la nuit alors même que l'eau ambiante reste en situation de sur-saturation et à pH favorable, ce qui indique des mécanismes biochimiques plus complexes que la simple composition absolue en aragonite/calcite rapportée au pH.

Au-delà de cette "chimie de base" dont on parlait, les choses se compliquent encore un peu. Car un milieu vivant, quoique physico-chimique en dernier ressort, ne se comporte pas exactement comme une simple somme de ses composants moléculaires / atomiques.

Premier point, le CO2 absorbé par l'océan (CO2(aq)) est favorable à la croissance organique de certains organismes photosynthétiques de surface (les zooxanthelles), qui l'utilisent comme un fertilisant "naturel" au même titre que la flore terrestre (elles captent surtout les ions bicarcabonate). Ces zooxanthelles sont des micro-algues unicellulaires symbiotiques qui co-échangent avec les divers genres (Scléractiniaires, Actiniaires, Corallimorphaires, Zoanthaires et Octocoralliaires). En gros, les zooxanthelles fournissent au corail des composés de croissance à travers leur membrane poreuse (glycogène, lipides) en échange de quoi les coraux libèrent des déchets (composés azotés et phosphates) utiles à l'algue. Cas classique de symbiose sans parasitisme. Ce qu'il faut simplement retenir ici, c'est que la hausse du CO2(aq) est ici favorable aux zooxanthelles et, par association, aux récifs coraliens qui les abritent (Idso 2000).

Deuxième point, les études de terrains ne montrent pas une réactivité coralienne négative à l'acidification déjà présente (baisse estimée de 0,1 du pH due au CO2 de l'âge industriel, quoique cette estimation soit très hasardeuse vu la variabilité forte du pH océanique). Une étude sur 29 colonies de Porites (grande barrière) en eaux chaude 25-27°C montre que la calcification du XXe siècle a été la deuxième plus élevée au cours des 237 dernières années (Lough, Barnes 1997). Il semble que la hausse des T, qui accompagne la hausse du CO2, provoque un gain de calcification de 0,33 g/cm2/an pour 1°C, au moins pour ces colonies. Une autre étude des mêmes auteurs, au sein du XXe siècle, a montré que la période de réchauffement 1979-1998 a connu une hausse de la calcification en grande barrière par rapport à la période 1902-1922 (Lough, Barnes 2000). Bessat et Buigues (2001), qui ont étudié les mêmes Porites mais en Polynésie française, ont eux aussi abouti à un gain de 4-5% de calcification pour +1°C de SST sur 1801-1990. Une autre recherche dans le Golfe du Mexique et les Caraïbes (Montastraea sp.) a abouti à une conclusion similaire, avec des hausses encore plus fortes pour l'espèce concernée (0,55 à 0,58 g/cm2/an pour +1°C de STT). Bref, comme le reconnaissent d'ailleurs les études projectives plus sombres sur l'avenir des coraux ou des planctons (Buddemeier 2004), température et acidification dessinent des tendances opposées : "la température et les taux de calcification sont corrélés, et les coraux ont pour l'instant plus répondu à l'accroissement de température des eaux [...] qu'à la baisse de concentration des ions carbonates". On suppose que les variations de saturation finiront par imposer une tendance à la décalcification... mais ce n'est qu'une supposition en l'état du comportement actuel des organismes concernés.

Troisième point, les coraux sont des organismes à forte variabilité génétique et à reproduction relativement rapide (Hughes 2004, Grottoli 2006 et cf. groupes d'étude en génomique comparative ou génétique évolutive mentionnés plus haut). Leur histoire évolutive est anciene : le genre Scléractiniaires, par exemple, s'est développé entre l'Eocène et le Miocène (entre 55 et 5,3 Ma), la plupart des autres au Pliocène (5,3-1,8 Ma). Ces périodes ont connu des variations importantes (quoique plus lentes en général) de température et niveaux de la mer. Les études ont pour le moment concernées surtout la réponse des coraux à la température, puisque le blanchissement par expulsion des zooxanthelles était considéré comme la principale menace. Elles ont montré que chaque espèce diffère dans la capacité à résister à la privation de carbone hétérotrophe, certaines ayant assez de réserves métaboliques propres pour survivre plusieurs semaines en privation totale et hausse forte des T (jusqu'à 30°C), puis entrer en résilience par la suite. Je ne connais pas d'étude sur la réponse adaptative à l'acidification à ce jour, mais dans la mesure où le pH océanique présente aujourd'hui une variabilité naturelle assez nette (voir cinquième point) et l'a probablement présentée au cours des 5-55 millions d'années passées, il y a de fortes chances que certaines espèces possèdent de meilleures réponses que d'autres.

Quatrième point, l'activité biologique des coraux et planctons contribue elle aussi à modifier le pH des eaux environnantes, qui ne résulte pas uniquement de la recapture du CO2 atmosphérique. La calcification des coraux et la croissance photosynthétique des micro-algues, dont nous avons vu qu'elles augmentaient sur plusieurs sites, tendent aussi à augmenter le pH ambiant (phénomène bien documenté par diverses études de Gnaiger 1978 à Hansen 2002). On retombe là sur une inconnue pour les dix prochaines décennies : si la hausse des T augmente l'activité biotique et donc le pH des zones coraliennes, cela suffira-t-il à compenser l'acidification ?

Cinquième point, et je l'insiste pas car c'est déjà bien long, il est bien tard (et c'est aussi sans doute moins important pour le XXIe siècle), le pH océanique oscille par cycles longs. Dans le travail de Pelejero et al. (2005) cité plus haut, voici les graphes de synthèse de l'évolution du pH sur 3 siècles (1708-1988), mesuré par les isotopes du boron =B.

(PDO : Pacific Decadal Oscillation IPO : Interdecadal Pacific Oscillation)

phocean300ans0qb.jpg

Bref, voilà où l'on en est et voilà toute la complexité (en fait, une partie seulement) qui se cache derrière la simple annonce : "60% des coraux pourraient disparaître d'ici 2100".

Concernant les précipitations, et sans vouloir pinailler, tu parles toi-même de 1% d'augmentation entre 1860 et 2000.

C'est relativement faible mais quantifiable tout de même.

Ce qui est quantifiable aussi c'est l'intensité maximale de pluie.

Il serait intéressant de connaître sa variation.

Peut-être quelqu'un a t'il cela dans ses tablettes?

Si cette variation est supérieure à 1% c'est un peu moins favorable et bénéfique.

Juste un détail, c'est semble-t-il 1% par décennie :

"The authors review the relevant literature and find that global precipitation increased by 1% per decade during the twentieth century."

Mais j'ai trouvé d'autres données nettement moins importantes (bilan hydrologique du XXe de Huntington 2006) :

"On a globally averaged basis, precipitation over land increased by about 2% over the period (1900– 1998) (Dai et al., 1997; Hulme et al., 1998). Regional variations are highly significant. For example, zonally averaged precipitation increased by 7–12%, between 308N and 858N, compared with a 2% increases for 08S–558S, and has decreased substantially in some regions (Folland et al., 2001). Groisman et al. (2004) reported increases in precipitation over the conterminous USA during the 20th century, with most of the increase confined to the spring, summer, and fall. Brown (2000) found systematic increases in winter (December through February) snow–water equivalent over North America averaging 3.9% per decade over the period 1915 through 1992. Increases in winter snow accumulation have also been reported in Russia from 608Nto708N and 308E to 408E during 1936– 1983 (Ye et al., 1998; Zhang et al., 2001a) and in Canada, north of approximately 558N(Karl et al., 1993). Ye et al. (1998) estimated snow-water equivalent from measured snow depth using a ratio of 10:1 for snow volume to water volume. The large increases in snow depth (4.7% per decade) and the relatively small temperature sensitivity of the ratio suggest that the error in using a fixed ratio would not alter the results significantly (Ye et al., 1998)."

Sur l'intensité maximale, il n’y a pas de données directes chez Huntington 2006. Un indicateur indirect est celui des inondations et débordements de lit.

Increases in precipitation over land have been associated with corresponding increases in runoff in An analysis of trends in world continental runoff from major rivers from 1910 to 1975 found an increase in runoff of about 3% (Probst and Tardy, 1987). A recent re-analysis of these trends for the period 1920–1995 using data reconstruction for filling in missing records confirmed an increase in world continental runoff during the 20th century (Labat et al., 2004). Labat et al. (2004) conclude, ‘this contribution provides the first experimental databased evidence demonstrating the link between the global warming and the intensification of the global hydrological cycle’. These results for major rivers, in conjunction with independent reports of increasing runoff from many smaller rivers in the northern hemisphere, provides possible evidence for the validity of the conceptual framework for a warming-associated intensification of the water cycle. These increases in runoff are consistent with the results of modeling studies that suggest runoff is likely to increase in high latitudes

Mais, comme Huntington met en garde (et comme on le constate bien à chaque inondation), l’aménagement des rivières et les changements d’affectation des terres expliquent une partie de ces événements (pas seulement des pluies intenses concentrées) :

Some proportion of increases in runoff from major rivers may be attributable to human alterations such as conversion from forest to agricultural land uses (Vorosmarty and Sahagian, 2000). In other cases, abandonment of agricultural land and subsequent reforestation could result in decreases in runoff. Human alterations to the water cycle can be extreme. For example, flood-prevention measures can reduce peak flows, consumptive use and evaporation from impoundments can reduce flows, and land-use conversion from native vegetation to agricultural or developed land results in decreases in ET and increases in runoff. Major river basins integrate the effect of climatic variation and human alterations, making it difficult to differentiate the cause of changes in the basin. In addition, part of the increase in runoff from river basins containing ‘permanent’ ice and snow is likely attributable to melting of glaciers and permafrost rather than increased precipitation (Kulkarni et al., 2003; McClelland et al., 2004; Yang et al., 2004).

Sinon, et comme je l’ai déjà signalé, les autres indicateurs de pluies à intensité maximale (orages, grêle, tempêtes tropicales, tornades) n’ont pas montré d’intensification au XXe siècle (GIEC 2001, Huntington 2006 à nouveau).

Il me semble raisonnsable de conclure que la légère hausse des précipations associée au réchauffement n’est pas une mauvaise chose, tout comme on concluerait sans grand problème je pense que la hausse des sécheresses associée à un refroidissement n’est pas une bonne chose. Ce constat global et général ne dit évidemment rien des réalités locales.

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Et bien c'est ce qu'on appelle une réponse circonstanciée!

Ce que m'inspire en partie tout cela, en dehors du contenu scientifique important du post de Charles, c'est qu'on est encore dans les domaines de variabilité naturelle, ou très proche.

Des hausses de 0.3 ou 0.4°C , de 280 à 375 vpm de CO2, ... sont elles suffisantes pour qu'on entr'aperçoive des tendances climatique, biologique,... , significatives et déterminantes?

Pas évident.

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Voilà, je voulais juste intégrer ces quelques observations que certains qualifieront sans doute de "sommaires" ou "imprécises" default_mad.gif

Non, ce n'est ni sommaire ni imprécis. Mais le grand problème en climatologie, comme tu le sais et comme tu le signales sur l'absence de données anciennes sur les cyclones, c'est la comparaison sur le long terme avec une fiabilité correcte de la mesure. Un événement isolé n'est jamais significatif en lui-même, il faut toujours une série et une moyenne normalisée dans cette série. Si je prends les températures de l'hiver européen et sibérien 2005/2006, je pourrais conclure à probable retour brutal de l'ère glaciaire ! Mais cela n'aurait aucun sens.

Sur les cyclones, dont on a déjà parlé en détail, les données 3-4-5 Saffir-Simpson sur les trois dernières décennies ne sont pas évidentes à lire selon les bassins, avec ici des hausses et là des baisses. Et vu comment on mesurait la vitesse des vents / pression avant les satellites, les "records" actuels ne remontent objectivement pas très loin dans le siècle dernier.

Sur les tornades, dont on a aussi parlé récemment, les données NOAA n'indiquaient pas de hausse notable d'intensité ni de mortalité (plutôt le contraire pour cette dernière) sur trois décennies de profondeur. Une année exceptionnelle ne remettrait pas en cause la tendance (a fortiori une simple saison).

Etc.

Le seule période globale un peu comparabe à la nôtre serait 1910-40, où il y avait une hausse constante des T sur plusieurs décennies (de moindre ampleur en tout état de cause). Mais à l'époque, le "réchauffement global" n'existait pas, Callendar n'avait pas relu Arrhenius, et la climatologie consistait pour l'essentiel à relever ses mesures tous les matins sur des appareils un peu sommaires. On a donc très peu d'infos systématiques, notamment pour tout ce qui concerne les modifictions phénologiques de flore et de faune que tu évoques.

Un détail sur les mantes. Quoique plutôt thermophile, Mantis religiosa est assez robuste et attestée sur tout le territoire (sauf extrême nord) et jusqu'à 1500 m d'altitude. On en trouve assez couramment (enfin... tout est relatif quand même) en Normandie, Champagne ou Alsace par exemple. Les juvéniles et adultes vivent entre juin et octobre, les oothèques (diapause) passent l'hiver. En revanche, toutes les autres Mantodea (Perlamantis sp., Ameles sp., Pseudoyersinia sp., Iris sp., Geomantis sp.) ne vivent à ma connaissance que le Sud (Sud-Est en général).

(Cf. le livre très intéressant, et pas trop cher pour les amoureux des insectes : JL Voisin (coord.), Atlas des orthoptères et des mantides de France, Publications scientifiques du Museum MNHN; Paris 2003).

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Au-delà de cette "chimie de base" dont on parlait, les choses se compliquent encore un peu. Car un milieu vivant, quoique physico-chimique en dernier ressort, ne se comporte pas exactement comme une simple somme de ses composants moléculaires / atomiques.

Les 5 points que tu a cités précédemment sont loin d'être exhaustifs. Quand on pense à l'influence de la chimie des océans par la lessivation des continents, on peut avoir des doutes sur cette hypothèse hautement spéculative d'une prétendue acidification uniquement par un échange accrue de CO2 avec l'atmosphère.Je peux citer l'exemple de l'érosion de l'himalaya qui constitue un grand puits de CO2 ici

Autre exemple de l'influence de l'érosion continentale dans la chimie des océans : le sel de la mer est apporté par les continents. Ainsi la salinité dans les mers peu ouvertes (méditerranée) ou fermées (Mer Morte) est très forte. D'autres intrants chimiques apportés en même temps que le sel pourraient modifier le pH océanique et pourtant, celui-ci ne change pas de manière uniforme mais cyclique et ce bien avant la présence de l'homme, preuve qu'il y a des rétroactions complexes, biologique, chimique ou autres qui entrent en jeu.

Au final, je suis bien d'accord avec ton quote ci-dessus : la biosphère ne réagit pas du tout de manière passive à un changement du milieu et celà, AUCUN modèle ne sait l'intégrer.

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Rajoutons à tout cela la pollution marine d'origine humaine dont 80 % des dechets proviennent de la terre et l'on voit bien que le ph devient une variable dans le temps et dans l'espace.

Oui, après avoir montré que le réchauffement et l'acidification par CO2 ne sont pas la cause actuelle majeure du déclin de certains récifs coralliens, et peut-être pas une cause future, il faut quand même préciser que l'action de l'homme est localement désastreuse : surexploitation, pêche à l'explosif ou au poison, déversement des déchets agricoles et industriels, introduction d'algues obscurcissant les eaux de surfaces, etc. Comme toujours, relativiser le réchauffement ne doit pas être un alibi pour ne rien faire, au contraire. Heureusement, à l'exception de certaines zones (Caraïbes Océan indien, Asie du sud-est) plus ou moins gravement atteintes, bcp de récifs coralliens sont en assez bonne forme (c'est le cas dans l'ensemble de la Grande Barrière australienne, par exemple), et même parfois en très bonne forme par rapport à des époques antérieures.
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  • 2 weeks later...

Voici une étude toute récente assez pessimiste , en tout cas en ce qui concerne les Seychelles :

lundi 15 mai 2006, 23h24

Réchauffement climatique: des récifs de coraux peut-être détruits à jamais

WASHINGTON (AFP) - Le réchauffement climatique pourrait avoir détruit irrémédiablement certains des récifs de coraux les plus précieux de la planète, selon une étude destinée à évaluer l'impact durable de la montée de la température des océans sur les coraux et la faune marine, publiée lundi.

Des grandes parties des récifs coralliens et la plupart des espèces marines en dépendant "pourraient avoir été détruites à jamais", estime une équipe internationale de chercheurs, après l'examen de 21 sites et de plus de 50.000 m2 de récifs de coraux dans les îles des Seychelles entre 1994 et 2005.

Leur étude analyse l'impact à long terme du réchauffement climatique qui, en 1998, a entraîné une hausse sans précédent et durable de la température à la surface de l'océan Indien, détruisant plus de 90% de la barrière de coraux intérieure des Seychelles.

Ces travaux, dirigés par Nick Graham de l'université britannique de Newcastle, auxquels ont participé des chercheurs d'Australie et des Seychelles, sont publiés dans les Annales de l'Académie américaine des sciences (PNAS) datés du 15 mai.

Ils montrent que la montée de la température en 1998 a eu des effets dévastateurs à court et long terme, en empêchant la régénération de nombreux récifs coralliens.

Ces récifs se sont effondrés et ont été recouverts d'algues. Leur disparition a privé de nourriture et d'habitat une importante faune marine d'espèces variées.

En 2005, il ne restait plus que 7,5% de récifs coralliens dans la zone étudiée, précisent ces chercheurs.

Cette étude révèle aussi que la diversité des espèces de poissons a diminué de 50% dans les zones les plus durement touchées. Une moins grande biodiversité fragilise l'écosystème en le rendant moins stable.

Les plus petits poissons ont vu leur population diminuer plus rapidement, peu après 1998. Et leur raréfaction a commencé à avoir un effet durable sur la chaîne alimentaire, qui va probablement s'amplifier avec le temps, selon ces scientifiques.

En outre, la diminution du nombre des poissons herbivores est jugée inquiétante par ces chercheurs, en raison de leur rôle pour prévenir la prolifération des algues qui étouffent les coraux.

L'étude montre que quatre espèces de poissons --un type de Chétodon, deux variétés de Labridés et un poisson Demoiselle-- pourraient déjà être éteintes dans cette zone.

Six autres espèces de poissons risquent aussi de s'éteindre, relèvent ces scientifiques. Il s'agit du Pervagor Melanocephalus, de trois types de Chétodon et de deux sortes de poisson Demoiselle.

"Il est peut-être trop tard pour sauver nombre de ces récifs coralliens mais cette recherche montre l'importance de réduire les émissions de gaz à effet de serre et leurs effets sur les écosystèmes les plus divers de la planète", insiste Nick Graham.

Ecosystèmes fragiles, les récifs coralliens, surnommés les forêts tropicales de la mer, offrent refuge et nourriture à une multitude de formes de vie, concourant ainsi à la préservation de la biodiversité.

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Cette étude révèle aussi que la diversité des espèces de poissons a diminué de 50% dans les zones les plus durement touchées. Une moins grande biodiversité fragilise l'écosystème en le rendant moins stable.

Les plus petits poissons ont vu leur population diminuer plus rapidement, peu après 1998. Et leur raréfaction a commencé à avoir un effet durable sur la chaîne alimentaire, qui va probablement s'amplifier avec le temps, selon ces scientifiques.

En outre, la diminution du nombre des poissons herbivores est jugée inquiétante par ces chercheurs, en raison de leur rôle pour prévenir la prolifération des algues qui étouffent les coraux.

L'étude montre que quatre espèces de poissons --un type de Chétodon, deux variétés de Labridés et un poisson Demoiselle-- pourraient déjà être éteintes dans cette zone.

Six autres espèces de poissons risquent aussi de s'éteindre, relèvent ces scientifiques. Il s'agit du Pervagor Melanocephalus, de trois types de Chétodon et de deux sortes de poisson Demoiselle.

une étude faite il ya 220 millions d'années montrait que les coelacanthes devaient s'éteindre dans le siècle à venir.

--

lc30

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Cette étude confirme ce que l'on soupçonnait déjà, à savoir que les récifs relativement isolés dans les archipels souffrent davantage que les autres. A titre de comparaison, la grande barrière australienne n'avait perdu que 3% de ses coraux au El Niño 98 (et un tiers de cette perte est déjà rétablie).

Il y a quelques incohérences entre les mesures. Dans le dernier rapport du Global Coral Reef Monitory Network, il est dit que 41% des coraux de l'Océan Indien ont été blanchis en 1998, dont la moitié s'est rétablie depuis. Dans leur texte, Graham et al. affirment que 75-99% des coraux ont été perdus dans le même océan, sur la base d'une étude de 2000. Il faut au minimum accorder ces chiffres, qui varient du simple au double pour les pertes 1998.

Un autre point : entre 1994 et 2005 (les deux termes de l'étude), les macro-algues ont été multipliées par sept aux Seychelles et se sont incrustées sur presque tous les récifs. S'il s'agit d'algues molles (concurrentes et non symbiontes des coraux comme les micro-algues type zooxanthelles), ce qui n'est pas précisé, cette invasion a sans doute joué un rôle important dans l'étouffement du biotope corallien, en monopolisant la photosynthèse des eaux de surface.

Sinon, que les poissons coralliens aient déserté un récif mal en point est logique (mais cette disparition locale ne signifie heureusement pas extinction globale).

Ultime précision : l'étude de Graham a été faite sur un périmètre de 50 km2, ce qui est assez faible et ne permet pas de distinguer clairement entre phénomène local et tendance globale. Dans le seul Océan indien, les récifs coralliens occupent un minimum de 5200 km2.

J'en conclus donc que les récifs des Seychelles étudiés dans ce travail sont mal en point depuis l'épisode El Nino 1998. Mais que ce même travail n'est certainement pas suffisant pour tirer des conclusions généralistes sur le CO2 atmosphérique, comme le fait l'auteur principal, Nick Graham. Ce n'est pas la première ni la dernière fois qu'un chercheur fait ainsi le grand écart entre le contenu concret de son étude et les déclarations à la presse...

PS : on peut se procurer l'étude en écrivant au service de presse de l'Université Newcastle/Tyne : press.office@ncl.ac.uk

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