Bonjour,
pour tenter de dépassionner ce débat passionnant (hop la, commençons par une pirouette), je dirais que le premier problème, c'est bien de regarder (et croire, boire, voir tout court) ces programmes de TF1 (et la télé en règle générale, même si ça, c'est quand même difficile à accepter).
Ensuite, concernant les questionnements de Mammatus34 dans son premier message, il y a des choses intéressantes à aller piocher dans La Grande amnésie écologique de P.J. Dubois, notamment sur la question de la mémoire et de notre capacité à nous habituer très vite à un changement d'environnement (même si celui-ci est négatif, comme la chute brutale des biodiversités animale et végétale). Derrière tout ça, il y a le fond culturel, mais on peut se demander si celui-ci n'est pas aussi fortement fluctuant. L'exemple du loup est caractéristique pour notre pays. Combien croient encore aujourd'hui que le loup a été réintroduit en France (par des équipes d'écolos soixante-huitards...) ? La bouillie informative de notre monde numérique et télévisuel fait que la réalité que nous nous construisons individuellement est parfois extrêmement tronquée. Le loup n'a ainsi jamais été réintroduit. Les populations de souche française ont toutes été exterminées, et les loups qui reviennent en France (tout seuls !) depuis l'Italie sont de souche italienne.
Concernant l'ours blanc, c'est assez amusant de voir comment les peluches ont pu jouer en leur faveur (c'est un peu l'histoire du nounours d'ailleurs), mais cette espèce ne survivra probablement pas aux décennies à venir... contrairement à TF1 !
Pour la question en elle-même, c'est difficile de répondre (mais c'est une question philosophique qui existe depuis longtemps... longtemps...). Une partie de la réponse tient peut-être dans la relation homme/animal ou homme/nature. La proximité (réelle et symbolique) de l'homme et de l'animal semble rejetée par nos civilisations globalisées (et en même temps exacerbée, un peu comme une relation amour-haine). Sans me baser uniquement sur les modèles animistes, l'animalité est constamment présente chez de nombreuses civilisations. Les indiens hawaïens pensaient tenir leur connaissances des animaux parce que leurs ancêtres s'étaient mariés avec des animaux (on est là dans la figure symbolique bien-sûr). Les égyptiens avaient également fait fusionner l'esprit-animal et l'esprit-humain pour en tirer un principe divin. L'animal était sacré. Aujourd'hui, l'animal est un matériau - vivant, certes - peu importe qu'on le considère du point de vue politique, scientifique (écologique, donc) ou même poétique. Il n'a plus de caractère sacré, et je fais l'hypothèse que ce caractère sacré pouvait "modérer" la pression de l'homme sur l'animal. Le revêtir du sacré ne signifie pas que la peur est absente, que les tueries n'existent pas, mais l'animal avait une place qui n'était pas que fonctionnelle ou matérielle. Il y a quelques années, j'entendais un représentant international du WWF expliquer qu'il fallait sauver les baleines parce qu'elle faisaient partie du patrimoine mondial et que celles-ci n'appartenaient ni au japonais, ni aux américains, mais bien à l'humanité toute entière. Ça laisse songeur... même pour les défenseurs écologistes, l'animal est un bien qui "appartient à l'humanité", tout comme la planète "appartient" aux hommes. Quelle drôle d'idée tout de même...