Simon 65

Par flux de NO, le Lys, c'est quand même un sacré trou à neige (merci l'abri du Moun Né) ! J'étais à Luz Ardiden cet après-midi et à la même altitude, il n'y avait guère plus de 10 à 15 de fraîche, très humide, la température étant tout juste autour de 0° . Pour le moment, c'est plus un régime d'averses qui concerne le massif qu'un véritable blocage orographique , à voir si celui-ci arrive à se mettre en place dans la nuit. Sinon, pour en revenir aux trous à neige, un endroit me parait propice pour cumuler fort, notamment par flux de NNO. Il s'agit du cirque NE des Gabizos dénommé Las Cures sur la carte IGN. Même orientation sous le vent et sous l'abri d'un gros massif que le Lys mais encore plus en avant-chaîne. Ce lieu m'a toujours impressionné par son enneigement, même lors d'hiver peu enneigé. J'y verrais bien l'implantation d'une nivôse histoire de voir les cumuls lors des gros épisodes de NO type 2013, 2015 ou le début de saison dernière ( et accessoirement de compléter un peu le maigre réseau d'observation pyrénéen. )

Une petite rando à ski ce matin au pic de Barbe au-dessus de la station de Barèges. Un secteur qui prend bien la neige après un flux d'ONO comme il y a eu cette semaine, à l'heure actuelle c'est sans conteste le secteur le mieux enneigé de la vallée de Luz . En comparaison , l'autre rive du Bastan côté Caoubère ou Ets Coubous est bien plus pauvre en neige, idem sur Luz Ardiden. Bon, même là, il faut quand même monter vers 1800m pour trouver une épaisseur correcte mais ça devrait certainement s'arranger en début de semaine prochaine si le front tient ses promesses ( c'est encore assez flou, Arpège il est vrai souvent très généreux voit 40 à 50 quand Icon voit lui plutôt 15 à 20) . En attendant, le redoux était bien là, exposition sud oblige, la petite couche de fraiche de la veille s'est rapidement humidifiée. A noter que comme on peut le voir sur la photo, les stries laissées par les fortes pluies de mercredi sont bien visibles sur le manteau neigeux.

Et des précipitations qui ont également peiné à s'enfoncer à l'intérieur et vers l'est du massif, par exemple à peine 6 mm relevé à Luz depuis jeudi matin , autour de 18mm à Aucun un peu plus favorisé dans ce genre de flux , très loin des lames d'eaux relevées sur les stations de la côte basque et du sud Landes. Autour de chez moi, les sols étaient blanchis (plutôt grisés) vers 1200/1300 ce matin, mais guère mieux qu'un saupoudrage jusque vers 1800/2000. Au-dessus, l'épaisseur parait de visu un peu plus importante ( 10-20cm?) même si l'herbe et les cailloux dépassent encore allègrement . Il faudra probablement attendre la nuit de lundi pour un blanchissement plus conséquent du massif qui ne devrait être malheureusement que temporaire quand on voit la suite que proposent les modèles avec le retour d'une très grande douceur pour la fin du mois.

Une vue sur les glaciers de la Vanoise mi-septembre dernier depuis le sommet de la pointe de Ronce. Ce qui fut naguère l'un des plus grands glaciers français et l'un des plus vaste des Alpes en forme de calotte est désormais disloqué en plusieurs morceaux. Les langues émissaires côté Maurienne ont beaucoup reculé, que ce soit celle de l'Arpont ou celles du Pelve. Le col du même nom est désormais franchissable sans mettre un pied dans la glace et les 2 calottes principales, Chasseforêt et Pelve/Arcellin sont dorénavant nettement séparées. J'ai passé mon été en Haute Maurienne et comme partout, cette année 2022 fut un calvaire pour les glaciers du coin . Aucun d'entre eux ne fait l'objet de mesure, c'est dommage car ce sont des glaciers qui en raison du climat particulier de la Haute Maurienne tributaire des retours d'Est réagissent très vite aux changements climatiques mais je serais curieux de connaitre le bilan de masse d'un glacier comme celui du Baounet. ( Dans l'excellent livre d'Hugo Mansoux glaciers de Savoie, l'auteur parle d'une perte d'environ 35m d'épaisseur pour ce glacier entre 1997 et 2016 au niveau de la langue distale )

Oui, c'est une date précoce , la médiane étant plutôt autour du 20 Juin . Ceci dit, les années 2006 et 2011 avait fait encore pire avec une fonte totale avant même le premier jour du mois de Juin. En 2014, fonte totale autour du 5 juillet, en 2013, toute fin juillet. C'est vrai que le massif manque de données anciennes notamment à haute altitude pour pouvoir vraiment comparer. Ci-dessous , voici une photo de l'ascension du col du Tourmalet côté Barèges lors du tour de France 1978 ( le 11 Juillet) . Les sommets que l'on aperçoit en arrière-plan ( du soum de Nère tout à gauche au pic d'Ourdégons à droite) culminent au max à moins de 2600m et de surcroit ce sont plutôt des versants sud que l'on voit. ça laisse rêveur! ( actuellement, l'enneigement est largement en déca de ça ) , si la nivose de l'Ardiden avait existé cette année-là, je suis pratiquement sûr que la fonte totale aurait eu lieu au mois d'août,, d'autant plus que tout l'été 78 fut maussade et frais .

Ascension du Pimené, belvédère célèbre sur Gavarnie par sa crête W. Belle journée avec juste quelques passages nuageux de haute altitude sans conséquences. Vent de Sud assez sensible en altitude et donnant un ressenti "frais" , ce n'est bien sûr pas la même chose en fond de vallée, Luz a de nouveau dépasser les 29° cet après midi. Ci-dessous, vue du sommet sur le versant oriental du Vignemale où se trouve son glacier d'Ossoue ( ou plutôt ce qu'il en reste) . Ce ne sera probablement pas cette année qu'il se refera une santé, au contraire, l'enneigement est déjà bien faible pour un tout début juin, il risque encore de prendre cher et plus encore si été chaud. Ce glacier vit certainement ces dernières années et risque d'avoir du mal à voir la décennie suivante . ça risque également d'être le cas du glacier Nord du Mont Perdu où la glace apparait déjà ! A noter par contre que les gros épisodes neigeux du début d'hiver ont donné de grosses avalanches qui bloquent encore la route d'Ossoue, qui permet d'accéder au barrage du même nom. Le Pimené donne également un très beau panorama sur Gavarnie. Là aussi, le "blanc" commence à être clairsemé. De plus, la couleur sale et ocre de la neige ne devrait guère aider à son maintien. A titre de comparaison, certes avec un angle de vue un peu différent ( c'est pris du pic Larrue un peu au nord du Pimené) , Taillon tout à gauche et Vignemale à droite le 7 Juin 2016 ( les années 2013, 2014 ou 2018 avait encore un enneigement bien supérieur) .

Avec le renforcement du vent du Sud , la chaleur s'accentue dans les vallées pyrénéennes exposées et Luz tout comme Bagnères de Luchon ont atteint les 30° cet après midi. Comme l' a signalé Arkus dans le topic SO prévision à court terme , avec le maintien cette nuit et demain de ce vent du sud turbulent , la température dans les vallées Pyrénéennes ne devrait guère descendre , je serais d'ailleurs pas surpris que des coins comme Luz ou Luchon soient demain matin les plus chauds de France. Comme dans le reste du SO, les 3 j qui arrivent risquent d'être assez historiques sur le massif. Bien évidemment, avec cette chaleur durable , la neige fond à vue d'œil et l'enneigement commence désormais à être faible , ainsi il ne reste plus qu'autour de 110cm aux lacs d'Ardiden qui a quasiment perdu la moitié de sa hauteur en une dizaine de jours à peine . Dans un passé récent, sans atteindre les excès de la période actuelle, la première quinzaine de mai 2015 avait été aussi très chaude sur la chaîne ( heureusement tempérée par une deuxième quinzaine bien fraîche). La journée du 13 mai avait notamment été assez exceptionnelle avec par exemple 30,7 ° à Bazus-Aure à plus de 700 m d'altitude. Autre mois de mai très chaud également , mai 2009 , chaleur cette année-là d'autant plus dommageable que l'enneigement était encore exceptionnel au début du mois de cette année-là. D'ailleurs, la fonte rapide de ce gros stock neigeux avait occasionné de fortes crues nivales sur le gave de Pau et ses affluents , heureusement pas aggravées par un gros épisode pluvieux concomitants.

Cette année 2022 ne commence pas très bien pour nos glaciers. Les bilans d'accumulation n'ont pas encore été publié mais il ne fait guère de doute qu'ils vont être bien "faiblard " cette année et nettement en deçà des 2 années précédentes . Quand on consulte les nivoses de haute montagne ( à peine 160 cm à la nivose de Bellecote ou à celle des Ecrins, il devrait au moins y avoir le double) , quand on regarde les webcams ou certains sorties sur des sites dédiés comme Camptocamp ou Skitour, on voit bien que le stock est bien maigre même au-dessus de 3000m . De plus, avec les chaleurs actuelles, la fonte a déjà commencé même à haute altitude , dans les Alpes, ce mois de mai est l'exacte opposé de l'an dernier où il fut très neigeux ( Sur les années récentes, ça avait été également le cas en 2013, 2016 ou 2019) . Et pourtant, même avec une bonne accumulation , un mois de mai exceptionnellement neigeux, et un été qu'on peut qualifier de "raisonnable " en terme de chaleur dans nos standards actuels , l'année 2021 s'est traduite par un bilan de masse globalement négatif pour la majeure partie de nos glaciers alpins. C'est dire si cette année 2022 s'annonce difficile avec des conditions nettement moins favorables que l'an passé à même époque. Pour limiter la casse, il faudrait un été maussade et frais digne des années 77 à 81 ( très utopiste, un été 2002 ou 2014 bis parait déjà difficile à reproduire) . Dans le cas contraire, si le temps continue sur sa lancée actuelle avec un été très chaud ou pire caniculaire, le recul cette année pourrait être conséquent.

Effectivement, cette première semaine de mai a été comme souvent à cette époque maussade et fraîche sur le massif. Hier, le paysage en haute montagne tout comme le ressenti était encore hivernal comme ci-dessus vers le pas de Balinet sous le pic de Batoua en haute vallée d'Aure , avec les rochers couverts de givres, une petite couche de neige récente type "polystyrène " et un ciel bien gris. Encore 2m de neige aux lacs d'Ardiden, sans être exceptionnelle, c'est quand même une valeur confortable pour un 9 mai. Bien entendu, avec un iso 0° qui va durablement s'installer largement au-dessus du sommet de l'Aneto, ça devrait rapidement diminuer les prochains jours et ce d'autant plus lorsque la neige ocre de mars réapparaitra ( déjà le cas sous 2200/2300 en Nord ). D'ailleurs, le ressenti était déjà nettement plus estival aujourd'hui avec 23° à Luz et des nuages bourgeonnants donnant quelques ondées localisées.

Après une semaine fraîche et perturbée en altitude et notamment du côté de la crête frontière où les cumuls ont été les plus importants, la haute montagne était bien blanche ce matin. Ci-dessous, depuis la fourche de la Sède au-dessus d'Héas, vue sur la montagne du Grand Gabiédou et derrière le mont Perdu et Cylindre. Vue sur le cirque de Troumouse et la Munia du même point. Après une nuit claire et fraîche , le regel de la neige était très bon ce matin . En altitude, le vent qui a soufflé fort ce week end a bien compacté la neige et même à 2800m ( pic de la Gela) on ne trouvait pas de poudreuse. Le temps s'est ensuite radouci à partir de la mi-journée mais sans grand excès pour le moment . Les jours à venir s'annoncent eux nettement moins sympathiques pour le manteau neigeux avec un cocktail grande douceur, nuages et humidité .

La neige s'était invité à basse altitude en fin de nuit sur les Hautes-Pyrénées , il neigeait chez moi ce matin ( 800m) sans réelle tenue ( les sols étaient grisés vers 900m d'altitude ce matin) avant le retour d'éclaircies vers la mi-journée. Malgré la fraîcheur ambiante, rayonnement de mi-avril oblige, ces éclaircies ont suffi pour faire fondre la neige sous 1400/1500m et pour la tasser/humidifier jusqu'à haute altitude avec le départ de nombreuses purges dans les pentes raides. Niveau quantité, il y avait ce matin 13 cm à la Mongie, redescendu à 4 cm ce soir, aux lacs d'Ardiden, 232 cm ce soir après un "pic" à 239 cm ce matin, soit un peu plus d'une vingtaine de fraîche et une hauteur totale qui s'en être exceptionnelle est quand même correcte pour la saison. D'autres chutes à venir les prochains jours , à priori plutôt sur la crête frontière et versant espagnol et à une altitude nettement plus haute qu'aujourd'hui. Ce genre de goutte froide qui traîne à proximité de la chaîne est un phénomène assez classique en avril/mai et est très souvent favorable à l'enneigement de la haute montagne, ça devrait permettre de prolonger un peu l'enneigement en altitude.

On devrait certainement observer quelques réactions modérées de l'amont de certains cours d'eaux tels que le gave de Pau ou les Nestes mais selon moi rien de préoccupant, on est loin de la situation du 18 juin 2013. Lors de ces crues de référence , les quantités de pluies tombées à toute altitude étaient nettement plus importantes que ce qui est attendu aujourd'hui et demain ( De mémoire, plus de 200mm à Gavarnie, 130 à Barèges, plus de 100 à Luz) . Il fallait également ajouter le fait que les Pyrénées sortaient d'un hiver et d'un printemps exceptionnellement humide et neigeux, si je me rappelle bien, il y avait à la nivose des lacs d'Ardiden autour de 350 cm le 1 Juin ( actu autour de 220cm) . De fortes chaleurs juste avant les pluies du 18 juin avaient commencé à entamer cet imposant stock neigeux , si bien que les gaves étaient déjà en crue avant même que les pluies commencent (Hier, le débit était encore tout à fait normal et plutôt bas sur le gave de Pau et Bastan à Luz).

En contraste avec ces premiers jours d'avril exceptionnellement froid, la douceur depuis hier après midi est assez remarquable sur le massif avec ce flux de sud vigoureux. Exemple à Luz-Saint-Sauveur avec plus de 23° cet après midi et une température qui n'est guère descendue sous les 16° la nuit dernière. Le tout avec de bonnes bourrasques de vent du sud. Même chose à Bagnères de Luchon ou Ayros- Arbouix sur les flancs du Hautacam avec même plus de 26° aujourd'hui. Température bien douce également en altitude avec plus de 8° aux lacs d'Ardiden à plus de 2400m. Bien entendu, avec de telles températures, la fonte de la neige est marquée et ce d'autant plus que la neige rose de mars ressort de nouveau. La douceur devrait perdurer tout au long de la semaine probablement, la limite d'enneigement risque de nettement remonter dans les jours à venir.

Randonnée aux cols de Marraut et de Pierrefitte aujourd'hui au-dessus de Luz pour profiter des conditions hivernales en cours sur le massif. Froid remarquable ( -4,6 à Luz ce matin) et qualité de neige à la hauteur, c'est à dire froide et très légère ( la meilleure de la saison!) . En quantité, la neige était ce matin présente dès Luz (quelques petits cm) , il faut toutefois monter vers 1600m pour trouver une épaisseur correcte ( autour de 20 cm de fraîche à cette altitude) et une sous-couche. Vers 2000, autour d'une cinquantaine de fraîche dans les accus. A noter que malgré un iso très bas, la neige au retour s'était déjà bien alourdie en expo sud ainsi que sous 1500 en toute exposition , soleil d'avril oblige . Avec cette neige très légère , le tassement est également important en altitude, ainsi la hauteur de neige à la nivose de l'Ardiden a déjà perdu une quinzaine de cm aujourd'hui et ce avec des températures pourtant largement négatives . En photo, l'arrivée au col de Marraut et un paysage bien hivernal qui tranche avec celui du tout début de semaine avec la neige rose et une limite d'enneigement qui était bien haute notamment en sud.

Oui, ressenti glacial avec le vent du nord pour ce premier jour d'avril et qui tranche avec la longue période douce que le massif vient de vivre. A Sazos, les averses de la nuit ont légèrement blanchi le sol, rien de fou cependant et le vert pointe encore sans problème. En altitude, cumuls très irréguliers en raison du vent fort qui transporte cette neige très légère avec de nombreuses zones décapées et quelques accus dans les zones abritées, les versants exposés sud ( comme le gîte de la Mazou) devrait probablement récolter plus de neige que les versants exposés nord. Mais pour le moment, même en altitude , les cumuls sont assez faibles ici, pour donner un ordre d'idée, il y avait hier soir guère plus de 5 cm en bas de station à Luz Ardiden auxquels se sont ajoutés quelques cm cette nuit, la montagne est pour l'instant loin d'être plâtrée. Actuellement, floconnades intermittentes et toujours un vent du nord bien rigoureux. A voir maintenant ce que vont donner les hostilités plus sérieuses prévues cette nuit.

A luz Ardiden, la limite pluie-Neige est restée toute la journée autour de 1800/1900, les intensités plutôt faibles, laissant une petite couche de neige très humide au-dessus de 2000m. Ca au moins le mérite de masquer un peu la neige ocre. D'ailleurs, sur l'Ouest de la chaîne, l'épisode de sable a été vraiment exceptionnel , supérieur même à celui de début février 2021. Ce n'est bien sûr pas la première fois que les Pyrénées subissent ce phénomène, mais je n'ai de ma vie pas le souvenir d'avoir déjà vu une neige aussi ocre qu'actuellement, hier on avait vraiment l'impression de skier dans le désert. A noter aussi que s'il y avait mardi matin une limite nette ( vers 2200 approximativement) entre la neige ocre et la neige blanche , ce n'était plus le cas hier, hormis localement, la neige ocre était dominante à toute altitude avant le petit épisode neigeux d'aujourd'hui . Sous 1700, l'enneigement commence à être maigre et discontinu même en nord, la fonte a été marqué ces derniers jours.

Je me permets d'ouvrir ce topic en lien avec l'épisode remarquable de sable qui a touché les Pyrénées cette nuit. On retrouve un peu les mêmes paysages dunaires de début février de l'an dernier, ( ci-joint la webcam de Piau-Engaly) avec une limite très nette entre la neige rose et la neige blanche plus haut qui doit correspondre je pense à l'altitude de la limite pluie-neige en début de nuit, à l'arrêt des précipitations. Ce n'est d'ailleurs qu'en soirée /Début de nuit que ce sable s'est déposé, avant cela, hier, en lien avec la perturbation qui débordait d'Espagne, la neige était encore blanche vers 17H à Luz Ardiden avec une limite pluie/Neige située vers 1700/1800 en début d'après midi puis qui est remontée vers 2200/2300 en fin de journée et plus encore en début de nuit. A noter que depuis le milieu de semaine dernière, en lien avec ce flux de sud persistant , l'enneigement en altitude s'est bien amélioré du côté de la crête frontière et des versants espagnols alors que sur le piémont il végète avec une fonte qui commence à être marquée sous 1800/2000m et qui s'accentue aujourd'hui sous l'effet du vent de sud qui souffle encore fort, du sable qui recouvre désormais la neige ( albédo plus élevé) et d'une grande douceur . Ainsi, il faisait hier soir autour de 9° à Luz sous de bonnes pluies , température qui est remontée d'un coup en cours de nuit avec la levée du vent du sud pour atteindre les 18° vers 2H du matin et qui dépasse déjà les 20° à la mi-journée . La lumière est très terne, l'atmosphère étant toujours très chargée en sable , on distingue mal les horizons lointains malgré le retour du soleil.

Oui, l'hiver météorologique étant quasiment terminé , on peut faire un premier bilan et j'ai un peu le même ressenti . Un enneigement qui s'est constitué très rapidement pour devenir un temps record vers la mi-décembre sur le piémont , un épisode pluvio-neigeux mémorable autour du 10 Janvier , le reste, la prédominance de conditions anticycloniques qui pour le moment, à l'exception des versants sud, a permis de bien conserver l'épaisse couche de neige de décembre grâce à de bons regel nocturne . Un hiver finalement radieux pour les stations de ski, depuis que je travaille à Luz Ardiden ( saison 2007-08) , je ne crois pas avoir connu une saison avec des conditions aussi favorables et un combo soleil+neige ( souvent, c'est l'un ou l'autre!)aussi présent . Actuellement, l'enneigement est d'ailleurs encore tout à fait correct là haut avec autour d'1m de neige vers 1800m, certes désormais largement en retrait des hivers de référence type 2013 ou 2015. Faut dire que depuis le gros épisode du 10 Janvier, il est tombé moins de 30mm à Luz et moins de 40 à Aucun , c'est d'ailleurs le 4 -ème mois de février consécutif sec et doux sur la chaîne ( douceur toutefois un peu moins marquée que les 3 précédents) . On peut noter aussi une absence notable de flux de sud , ce qui explique la pauvreté de l'enneigement vers la crête frontière ou pire encore versant espagnol ( mais aussi le fait que la neige ait bien résisté dans certains fonds de vallée bien abritées à relativement basse altitude, les 2 derniers hivers avaient subi des redoux bien plus destructeurs que ceux souvent secs et calmes de cette année) . Le printemps pyrénéen réserve souvent des surprises , certaines années comme 2007-2008 avaient connu des hivers pauvres en neige mais des printemps neigeux et tardifs ( mi -juin 2008, l'enneigement était même très remarquable en altitude malgré un hiver pauvre en neige) ou au contraire très précoce comme en 2011 où on montait à pieds secs sur des sommets de 2500m dès début mai.

Une vue du Vignemale et de son glacier d'Ossoue prise aujourd'hui depuis le pic Sud d'Aspé ( 2924m) . Son état m'inquiète déjà, son remplissage est pour le moment très médiocre et on voit encore beaucoup de rochers apparents. Les faces sont très sèches, par exemple la NE du pic du Tapou ( entre ombre et soleil, sur la gauche de la photo) se fait parfois en en ski mais pas pour le moment! C'est également le cas du côté de Gavarnie, les faces telles que la Nord du Taillon ou le couloir Swann qui sont des courses de neige classiques sont pour le moment majoritairement rocheuses. En comparaison, je trouvais l'enneigement de ce secteur meilleur l'an passé à la même époque suite à plusieurs flux de sud actif sur la fin janvier/ début février. Ce qui n' a pas empêché le glacier d'Ossoue d'affichait un bilan largement déficitaire. Ce qui est remarquable pour le moment dans les Pyrénées pour cet automne hiver 2021/2022, en plus des longues périodes anticycloniques et des gros épisodes pluvio/ neigeux sur le piémont, c'est l'absence notable de vent du sud ou Balaguère en pays Toy chère à Didier. Ce vent est une composante du climat pyrénéen, certes il emmène la douceur notamment sur le piémont pyrénéen foehné et fait fondre la neige à basse et moyenne altitude. Mais souvent, il emmène aussi de grosses perturbations de SO qui donnent de fortes précipitations versant espagnol de la chaîne et sur la crête frontière, quand elles sont très actives, elles débordent même largement vers le Nord, souvent jusqu'au niveau de Luz. Ces perturbations sont les plus à même pour enneiger efficacement les secteurs tels que Vignemale, Gavarnie, Aneto, Balaitous... elles donnent aussi une neige plus collante en altitude qui est nettement moins volatile que la neige sèche et froide des flux de nord qu'on a connu début décembre et qui est trop facilement balayé par le vent. Il va d'ailleurs falloir que quelques unes de ces perturbations de SO se manifestent pour la suite de cet hiver et printemps pyrénéen sinon je pense bien que le glacier d'Ossoue risque à nouveau d'afficher un bilan nettement déficitaire cette année surtout si été chaud et fonte précoce au printemps.

Le beau temps est enfin revenu en montagne mais les intempéries des derniers jours ont quand même laissé pas mal de traces. En vallée, les torrents secondaires de basse et moyenne altitude ont connu des crues assez importantes, le sol n'absorbe plus rien, depuis que je travaille à Luz Ardiden ( 2007) , j'ai rarement vu sur le trajet autant de ruisseaux, de sources , de résurgences. La route de la station n'a d'ailleurs été ouverte qu'à la mi-journée suite à l'effondrement de plusieurs talus. En bas de station, le rafraichissement est malheureusement intervenu après l'arrêt des précipitations, il faut monter vers 1900m pour trouver les traces d'un saupoudrage, après l'humidification de hier, le refroidissement et les éclaircies de fin de nuit ont croûté voir vitrifié la neige en surface au moins jusqu'à 2150m d'altitude, d'un point de vue de skieur, c'est à peu près la pire neige qu'on puisse rencontrer. De plus, la pluie a laissé pas mal de reliefs et de stries sur le manteau neigeux, par endroits, on voit même les canaules jusqu'à plus de 2300m d'altitude . La haute montagne est par contre magnifique, le givre et le vent ont plâtré même les parois les plus raides , l'épaisseur de givre était d'ailleurs tellement conséquente aujourd'hui qu'il a fallut d'abord enlever la glace des pylônes les plus exposés avant de mettre en route certains télésièges. Place au temps calme désormais .

Pour compléter ce que j'ai écris plus haut, il est actuellement tombé plus de 130mm de précipitations à Aucun sur le piémont contre près de 80 ( ce qui est déjà beaucoup) à Luz situé quasiment à la même altitude mais plus à l'intérieur du massif. Pour me présenter, j'habites à Sazos, un petit village situé près de Luz, je suis régulièrement le forum depuis de nombreuses années sans y participer. Je ne dispose pas d'une station météo ( il y a celle de Didier situé tout près), mais j'ai une bonne connaissance du massif que je parcours depuis très longtemps et de son climat ou plutôt de "ses" climats, en effet, bien que très étroites, les Pyrénées n'ont pas du tout une homogénéité climatique et le climat d'Aucun ou Laruns a peu à voir avec celui de Gavarnie ou plus encore Torla de l'autre côté de la chaîne . Il est d'ailleurs dommage que le massif dispose d'un réseau d'observateurs et d'observation aussi faible. Sinon, pour en revenir au temps présent , la pluie n'a pas cessé à Sazos depuis la nuit de samedi même si ici elle commence un peu à diminuer en intensité depuis le début d'après midi. Au niveau de la limite pluie-neige, de visu, elle a pour le moment ici beaucoup de mal à descendre sous les 2000m. A noter aussi, ces fortes pluies s'accompagnent de vents forts, je travaille l'hiver à la station de Luz Ardiden et hier matin, on avait des rafales à plus de 30 m/s ( soit près de 110Km/H) en crêtes sur les 2 six places. La station étant fermée, je ne sais pas ce qu'il en est aujourd'hui mais vu le bruit de "réacteur" présent dehors dans la vallée et les rafales déjà puissantes à 800m, ça doit bien dépoter en altitude!

Attention, le Glacier d'Ossoue se trouve en crêtes frontières , hors cette région comme le versant espagnol est un peu abritée des flux NO et a reçu beaucoup moins de précipitations depuis le début de l'hiver que les massifs situés plus au Nord comme Cauterets ou la Mongie ( c'est encore le cas aujourd'hui, ce qui explique que Vigicrue a "seulement classé le gave de Pau bigourdan en jaune, à Lourdes, on sera très loin de la crue de juin 2013) . De plus, ces flux de NO s'accompagne dans ce secteur de vent de nord tempêtueux qui enlève une bonne partie de ce qui tombe. Je me suis rendu dans ce secteur il y a quelques jours ( Soum de Male au-dessus de Gèdre) et franchement j'ai trouvé le glacier d'Ossoue très loin d'être bien rempli, au contraire. Pour l'alimentation de ce glacier, il vaut mieux en fait des gros flux de SO pas trop chaud qui plâtrent copieusement la crête frontière et le versant espagnol ( où se trouvent, à l'exception du glacier du mont Valier la plupart des glaciers survivants pyrénéens) que ces flux NO qui sont plutôt bénéfiques pour le piémont quand ils sont pas trop doux.