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On parle d'autre chose là, ce n'est pas du tout la situation de la France à + 4 °C. Ici c'est une projection des canicules avec +4/5 °C au niveau mondial, soit +6°C en France ce qu'on veut éviter ! Il faudra faire des efforts dans l'atténuation, même pour n'arriver qu'à +4°C, qui nécessitera aussi de s'adapter à la nouvelle donne climatique. Le risque aussi en étant trop catastrophiste est de décourager les gens : à quoi bon si de toute façon c'est foutu...
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Je comprends qu'on puisse avoir des sensibilités différentes. Mais là, en l'occurrence le "+ 4°C" ce n'est pas un message ou un slogan. De manière pratique et concrète, on est en train de préparer le plan national d'adaptation au changement climatique sur cette base de + 4°C au national, parce que c'est non pas l'objectif mais objectivement c'est ce vers quoi on tend. Ca ne nous empêche de continuer à soutenir l'objectif des +1,5°C de l'accord de Paris, réitéré à la COP 28
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On essaie de cibler des espèces qui s'intègrent mieux dans l'éco-système local, sans trop le bouleverser (ou pas trop brutalement). Par ex ilôts de chêne zéen dans les forêts du centre et du nord du pays (zéen, ou chêne des Canaries, qui en fait vient plutôt de Catalogne) qui est proche de nos chênes endémiques mais plus résistant à la chaleur et à la sécheresse. On regarde au cas par cas.
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C'est vrai qu'il y a un sujet "événements extrêmes" exacerbés par le changement climatique - on l'a vu avec les... 46 °C tout prêt de Montpellier récemment, les 43°C et plus à Paris aussi, les près de 50°C au Canada, en Colombie Britannique, tout ça en moins de 5 ans alors que c'était totalement irréaliste avant. C'est un sujet sérieux, j'espère qu'on pourra travailler avec le GIEC sur la gestion des risques liés aux événements extrêmes. Ca fait aussi partie de l'adaptation. On devra changer les modes de vie, partout. Mais c'est faisable, il ne faut pas non plus être trop catastrophiste sur la viabilité de la France à + 4°C. Il y a près de 8 millions d'habitants à Bagdad ou au Pakistan, qui ne meurent pas tous à chaque vague de chaleur à +49°C et plus (c'est tous les ans) Ca ne veut pas dire que c'est souhaitable ou enviable bien sur.
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Si tu parles d'atténuation - limitation des gaz à effet de serre dans l'atmosphère pour limiter l'augmentation de T du globe à 1,5 °C - on fait des choses. Cf. la COP 28, les engagements pris par notre pays et les autres pays européens, on est quasiment sur la trajectoire sur laquelle on s'était engagés à l'accord de Paris. C'est loin d'être le cas partout et les pays en développement ne veulent pas/peu brider leur croissance, arguant du fait (et ils ont raison) que ce sont les pays occidentaux qui ont émis une grande partie du stock d'excédent de CO2 dans l'atmosphère (c'est la position de L'Inde, et assez largement de la Chine. Mais ça ne suffit pas et donc on travaille aussi sur l'adaptation - au 4°C parce que très objectivement si on suit les projections d'émission, on dépassera largement (même si c'est temporaire "overshoot", ce dont je doute) les 2 °C au niveau global ce qui se traduit en France par environ +4°C. D'où le plan d'adaptation. Mais ce n'est pas l'un ou l'autre, c'est l'un et l'autre. Si on ne veut pas se préparer à +6 °C en France il faut aussi faire de l'atténuation.
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Tout à fait d'accord !
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180 mm de pluie c'est vraiment l'extrême pour le levant méridional espagnol, on est souvent à 300 mm ou un peu au dessus. Les projections de ressource en eau (explore 2 - drias de l'eau, en cours) montre bien une aridification et une diminution dans le sud méditerranéen, surtout en été. Certaines projections que j'ai vues montrent une diminution de plus de 30 % (voir nettement au delà) après 2070 en se basant sur CMIP5, qui ne prend pas en compte les évolutions récentes. Par endroit on est déjà a moins de 500 mm de pluie sur le littoral du Roussillon sur les normales 91/20 ou même celles d'avant. Je vous laisse faire le calcul. Attention aux échelles de temps - on ne parle pas de la situation aujourd'hui, on espère tous que la pluie reviendra à court terme à Perpignan (ou Barcelone). Mais l'amélioration sera temporaire et de toute façon il faudra s'adapter à nettement plus chaud et nettement plus sec. Soit dans la douleur soit en anticipant un peu pour limiter (un peu) cette douleur - adaptation des pratiques de cultures, espèces plus adaptées aux nouveaux climats (actuel et futur), développement des nouvelles filières pour des nouvelles cultures (l'Espagne l'a fait pour certaines cultures tropicales - mangues, avocats...). Sinon, pour les cultures en Espagne, critiquable certes, mais balayons devant notre porte, notamment sur l'utilisation des phytosanitaires - pas du tout sur qu'on ait des leçons à donner. Pour illustrer ce dernier point : https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/la-france-championne-des-pesticides-en-europe-selon-des-ong/
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C'est évidemment une approximation, mais qui n'est pas ridicule. Rome a un climat méditerranéen assez humide donc ce n'est pas aberrant. La réaction de béotien montre bien l'intérêt de cette comparaison : dire + 4 °C ne parle pas aux gens. Dire que Paris aura le climat qu'avait Montpellier (même si c'est un approximation) fait réagir, parce que là les gens visualisent. Et en pratique c'est utile et nécessaire parce que c'est ce à quoi notre environnement sera confronté et ce à quoi on doit s'adapter (et adapter nos cultures, nos forêts... comme on commence à le faire avec l'ONF pour les faire en implantant des espèces qui viennent d'Espagne). Sur la diminution des précipitations estivales, si, c'est tout à fait prévu, presque partout en France (compensé parfois par une augmentation des précipitations hivernales dans le Nord). Et cette diminution des précipitations estivales commence à apparaitre ces dernières années un peu partout, conformément aux modèles.
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Il n'y a pas de consensus scientifique aujourd'hui sur l'imminence des points de bascule - d'ailleurs lors de la plénière du GIEC à Istanbul le mois dernier cette question a été discutée, certaines délégations l'ont proposée pour un rapport spécial mais ça n'a pas été accepté. En attendant on va avoir un rapport du GIEC ville/climat qui sortirait en 2027 qui a été confirmé à cette plénière, piloté par le groupe de travail 2 du GIEC qui est dédié à l'impact et l'adaptation au changement climatique. Les papiers cités plus haut (je ne parle pas de la vulgarisation qui en est faite dans les journaux et média) semblent sérieux, il seront probablement challengés dans d'autres études à venir. Ce qu'ils montrent c'est que : - l'amoc est bien sujet à une bascule, il ne faut pas grand chose pour basculer d'un état (actuel) à un autre (effondrement rapide) et cette bascule peut avoir un effet important sur le climat, au moins localement - il semblerait que la bascule soit imminente (et ce point fera surement l'objet de beaucoup de discussions parce qu'il ne fait pas consensus chez les scientifiques). Ensuite sur les conséquences de l'effondrement de l'AMOC sur le climat il faut bien comprendre que ce qui est décrit c'est ce qui se serait passé au XVIIIème siècle si l'AMOC c'était arrêté. Ca ressemble aux fortes variations de climat local (européen notamment) qui se produisaient pendant les périodes glaciaires ou pendant les transitions. Mais on ne sait pas si la baisse énorme de T en Europe est transposable dans le climat actuel, qui évolue très vite. Et ce d'autant plus qu'un autre point de bascule entre en jeu : la disparition de la banquise arctique (qui là aussi aurait un impact énorme sur le climat), qui est bien entamée. Or le refroidissement intense de l'Europe suite à l'effondrement de l'AMOC passerait pas une forte extension de la banquise dans l'Atlantique nord, qui est loin d'être évidente au milieu du XXIème siècle. Sans cette extension de banquise, le refroidissement en Europe dû à l'effondrement de l'AMOC serait très marginal. On reste en façade ouest de l'Eurasie et la terre continue de tourner dans le même sens. Le refroidissement brutal de l'Europe lié à l'effondrement de l'AMOC est donc très hypothétique dans les décennies qui viennent.
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Et aubergines, poivrons, courgettes, laitue, haricots, pois, radis... Et la quasi totalité des fruitiers aussi ont été importés, le plus souvent d'extrême orient (à part l'olivier qui venait du bassin méditerranéen, probablement oriental. Même l'amandier et le châtaignier ont été importés du Moyen-Orient ou du Caucase, et beaucoup de plantes que les gens voient comme emblématique du sud méditerranéen (mimosa, bougainvillée, jasmin, agaves, phoenix... et évidemment tous les agrumes) ne sont pas de chez nous. Notre flore a été sinistrée par les glaciations, contrairement à ce qui s'est passé en Chine ou aux Etats-Unis. Ce qui ne veut pas dire qu'il faut faire n'importe quoi comme introductions. Pour l'adaptation de la végétation au nouveau climat, pour le Roussillon et la Catalogne, le plus simple est de regarder ce qui arrive à pousser actuellement entre Almeria et Alicante en Espagne, puisque c'est ce même climat semi-aride qui est en tain de s'installer autour du golfe du Lyon. Pour la partie orientale de la côte méditerranéenne française c'est moins clair, la pluviométrie restera peut être plus forte en hiver - et donc similitude avec un climat sicilien actuel... ou nord-africain, plus humides que du côté espagnol.
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Ca va bien au delà des phénomènes extrêmes comme les canicules. Les scenarii sur lesquels travaille le ministère de la transition écologique : Pour la TRACC (trajectoire d'adaptation au CC) https://www.ecologie.gouv.fr/trajectoire-rechauffement-reference-ladaptation-au-changement-climatique-tracc-0 Pour la ressource en eau vers 2070 et au delà https://www.drias-eau.fr/accompagnement/sections/292 Face à l’augmentation des températures qui pourraient dépasser +4°C et la baisse des précipitations estivales à horizon 2100 en France, il est probable que certains territoires français soient au cours du XXIème siècle plus durement et plus fréquemment touchés par des épisodes de sécheresse l’été. Cela aura pour conséquence une moindre disponibilité des ressources en eau dans les rivières et un impact sur les nappes. Véritable bien commun, l’eau est indispensable à de nombreux usages : les activités économiques (agricoles, industrielles, touristiques), les besoins en eau potable de la population locale et ceux inhérents à la préservation de la qualité des milieux aquatiques. La rareté de cette ressource naturelle pourrait entraîner des conflits qu’il faut anticiper. (le projet explore 2 sera publié dans qqs semaines) En pratique le sud méditerranéen bascule probablement en semi aride au moins pour le golfe du Lion, la majorité du territoire bascule en climat méditerranéen - méditerranéen de type meseta espagnol, les hivers restant relativement frais - avec des T estivales > 22°C voir très au dessus de 22 °C (sauf près des côtes de la Manche et en altitude) + aridification et augmentation de l'ensoleillement en été. L'ONF commence a préparer le terrain pour les changements des forêts avec importations d'essences méditerranéennes et surtout espagnoles dans des ilots - chêne zéens, sapin d'Espagne, chêne du Portugal, cèdes de l'Atlas, et de Californie, sequoia sempervirens... https://www.onf.fr/onf/+/1544::deperissements-et-changement-climatique.html Evidemment les pratiques agricoles devront aussi changer totalement, il faudra s'inspirer de ce qu'on fait en Espagne. Les oliviers ont de beaux jours chez nous, sur une étendue bien plus large qu'aujourd'hui mais sont sans doute condamnés dans le sud de l'Espagne.
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Bonjour Ca ne vous a probablement pas échappé, pour le premier papier : René M. van Westen, Michael Kliphuis, & Henk A. DijkstraAuthors, "Physics-based early warning signal shows that AMOC is on tipping course", Science Advances, Vol 10, Issue 6 (9 Feb 2024) Les conditions de départ ne sont pas la situation actuelle mais en gros celles du XVIIIeme siècle. "We start from a statistical equilibrium solution of a preindustrial control simulation (16) and keep greenhouse gas and solar and aerosol forcings constant to preindustrial levels during the simulation." Depuis on a pris plus de 1,3 °C au niveau global, pas loin de 2 °C en France et encore plus que ça en Scandinavie et dans la zone arctique. Et comme on sait il y en a encore "dans le pipe", malgré les efforts d'atténuation, loin d'être mis en place partout (en France on se prépare à +4°C, suivant la projection de la TRACC - basé largement sur CMIP5, comme le papier pré-cité) Du coup l'impact majeur sur le climat européen qu'aurait l'effondrement de l'amoc, en passant par une forte avancée de la banquise telle que propose cet article semble assez difficile à transposer pour les prochaines décennies. D'autant que pour des raisons mal connues (les aérosols ne peuvent en expliquer qu'une petite partie) on observe l'inverse bien que l'amoc ait déjà ralenti significativement. On voit un réchauffement marqué de l'Atlantique Nord depuis plusieurs années, qui s'est brusquement accéléré il y a un an. Je mets le lien climate reanalizer mais copernicus donne la même chose : https://climatereanalyzer.org/clim/sst_daily/ (clicker sur : area selection North Atlantic)