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Bioclimatologie de la Macaronésie


dann17
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Posté(e)
Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

Salut à tous,

Les photos sont vraiment chouettes. quels paysages.

Merci Dann car c'est une région qui m'interesse particulièrment, et ces photos donnent vraiment envie d'y aller, surtout en cette période. C'est cool qu'on ait ce genre de paysage en europe.

Ensuite, les explications sont claires et, même si je ne suis pas (comme tu sais) 100% d'accord avec les qualificatifs climatiques que tu donnes aux différents étages, on comprend bien visuellement ta classification par rapport à ce lieu.

Sinon question : sur quoi ce seuil de 22° de tm pour le mois le plus chaud est-il basé? Köppen en fait un facteur important de sa classification.

Merci pour ton commentaire, Crabo. default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">Peux-tu me dire exactement quels qualificatifs climatiques te semblent inappropriés ? (ton point de vue m'intéresse sincèrement, et je pourrais peut-être revoir mes appellations si je suis d'accord avec tes remarques).

Sinon, s'agissant du seuil de 22°c du mois le plus chaud... ta question est très intéressante et très pertinente, et je me la suis posée moi-même à maints égards.

Comme tu le dis justement, Köppen semble porter une importance assez manifeste à ce seuil. Nous savons tous qu'il avait tenté initialement d'établir sa classification à partir des relations étroites qui existent entre le climat et la végétation. Il a donc proposé ce 22°c pour définir un des seuils permettant de séparer le milieu méditerranéen du reste du milieu tempéré. Il a donc établi qu'en deçà de 22°c de Tm en juillet, la végétation "méditerranéenne typique" laisse la place à la végétation médio-européenne. Il a par conséquent décidé qu'en dessous de cette température de juillet, le climat considéré ne pouvait pas être "méditerranéen classique" (c'est à dire Csa). Je suis particulièrement d'accord avec son analyse.

Mais après de (très) nombreuses et minutieuses lectures de documentation botanique et bioclimatologique, j'ai pu constater que ce seuil de 22°c pour le mois le plus chaud semble plus important qu'il n'y paraît, en ce sens qu'on pourrait l'établir dans d'autres délimitations bioclimatiques. Ainsi, il est probable (mais il faudrait que je vérifie cela plus en profondeur) qu'un des seuils que je considère pour marquer la limite entre le "climat océanique doux" et le climat "océanique subtropical" soit le 22°c du mois le plus chaud.

Mais il y a peut-être plus important et plus "révolutionnaire" encore : je pense que ce seuil est nécessaire pour délimiter le domaine tropical (je vous détaillerai ça dans l'étude prochaine à venir sur les Canaries) !

En d'autres termes, bien que Köppen soit parti sur un postulat intéressant (au moins 18°c pour le mois le plus froid), je pense que sa définition est trop imprécise voire inexacte pour certains coins...

Bye,

Gaël.

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Salut a tous,

Mes petites divergences sont simplement sur l'emploi du terme subtropical en référence aux échanges qu'on a pu avoir sur un autre sujet. Je pense que la définition n'est pas encore tranchée selon moi et peut être reviendrai-je sur ce sujet avec de nouveaux elements un de ces quatre.

Merci pour l'explication à propos de ce seuil et j'en comprends mieux l'importance. Ceci souligne aussi la particularité du monde mediterranneen en terme de climatologie car l'étude de son écosystème et les conditions dans lesquelles il se développe permettent de déduire de manière claire des seuils et des indices de classifications qu'on peut étendre à d'autres endroits.Je trouverai aussi pertinente l'idée selon laquelle on considérerait un climat tropical comme un climat ayant un mois le plus froid avec des tm aux alentours de 22° minimum.

En tous cas beau travail pour les photos des acores.

Crabo

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Posté(e)
Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

Toujours aussi belles ces photos Dann ! Merci beaucoup.

Malgré des températures proches, je trouve que la végétation donne un aspect clairement plus "océanique" que celle que l'on peut trouver à Madère (surtout en côte sud). On y voit par exemple beaucoup moins de palmiers et de plantes grasses.

Très bonne remarque. Excuse-moi de ne pas y avoir répondu plus tôt !En effet, la côte sud de Madère est bien plus sèche que les côtes sud des Îles Açores. Les valeurs IhA en témoignent assez nettement :

côte sud de Madère : -10 < IhA < +5, cad une végétation associée à un climat xérique ou subxérique.

côtes sud des îles du nord-ouest de l'archipel des Açores (Corvo et Florès) : +50 < IhA < 70 (végétation associée à un climat humide)

côtes sud des îles centrales de l'archipel : IhA entre 40 et 50 environ (végétation sub-humide à humide)

côtes sud des îles du sud-est de l'archipel : IhA entre 25 et 40 environ (subhumide)

extrêmité sud-est (sur versant sud) de l'île de Santa Maria : IhA probablement entre 0 et +25 (subxérique), donc assez semblable à celle de la côte sud de Madère. Mais il s'agit vraiment du seul spot comparable.

J'attends avec impatience ton étude sur les Canaries default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">

Ça va venir, j'ai bientôt fini. Mais plus j'avançais, plus j'en apprenais, et plus les choses se complexifiaient. Et ce qu'il en ressort est très, très intéressant à mon avis ! default_thumbup1.gifÀ bientôt !

default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">

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  • 2 weeks later...
Posté(e)
Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

Bonjour à tous,

Passons désormais, comme promis, à une tentative d'étude bio-climatologique des îles les plus méridionales de la Macaronésie européenne, et les plus proches de l’Afrique saharienne, les Canaries. Ce travail aura nécessité beaucoup plus de préparation et d’attention que pour les Açores ou Madère, car la diversité en termes de climats et d’ensembles floristiques y est particulièrement grande et complexe. C’est la raison pour laquelle il est possible que quelques erreurs ou incohérences de ma part pourraient éventuellement s’y être glissées. Ainsi, vos diverses interventions et remarques, auxquelles je porterai d’ailleurs la plus grande attention, seront-elles naturellement les bienvenues, puisqu’en plus d’apporter des éléments pertinents auxquels je n’aurais peut-être pas pensé, elles permettront sans doute de lever des doutes ou des incertitudes.

Généralités

canaries1.jpg

Cet archipel, composé de sept îles principales, est naturellement rattaché au continent africain, puisque l’île la plus proche est située à 100km seulement au large des côtes de l’extrême sud du Maroc ou du nord du Sahara occidental. Mais la plus occidentale s’en trouve éloignée de 500km. Leur position latitudinale se trouve comprise entre 27°37’N et 29°33’N, soit à environ 500km au nord du tropique du Cancer. Comme pour toutes les îles de la Macaronésie, leur origine est volcanique, et ceci est très visible en effectuant un aperçu rapide de leur relief. Si les deux îles les plus orientales (Lanzarote et Fuerteventura) sont les moins hautes et les plus plates, les cinq autres sont beaucoup plus élevées et accidentées. Le point culminant est situé au centre de Tenerife, à 3718m d’altitude, au sommet d’un volcan actif, le Teide.

canaries2.jpg

Contexte climatologique

La position globale de l’archipel des Canaries fait en sorte que celui-ci subit l’influence de la cellule anticyclonique subtropicale des Açores de façon quasi-permanente. En effet, ces îles sont situées latitudinalement en plein sous la zone de subsidence maximale de la cellule de Hadley correspondante. La carte ci-dessous en atteste, même s’il s’agit du mois de juillet : les vitesses moyennes du vent vertical descendant y sont particulièrement élevées, ce qui empêche toute instabilité potentielle.

hadley.jpg

Les Canaries sont au centre du rectangle jaune, vers le milieu de l'image. Notons la position moyenne de la Zone de Convergence Inter Tropicale, matérialisée par les forts vents ascendants (en bleu), lieu de rencontre des deux cellules de Hadley.

Par ailleurs, les Canaries sont directement concernées par le courant éponyme aux eaux relativement froides, descendant vers le sud en longeant les côtes marocaines et celles du Sahara Occidental. Ce courant provoque un léger phénomène d’upwelling accentuant davantage encore le rafraîchissement des environs, notamment ceux des côtes africaines proches, si bien que la stabilité atmosphérique induite vient se greffer aux hautes pressions sahariennes et açoréennes. D’ailleurs, assez fréquemment, les alizés continentaux en provenance du grand désert proche soufflent sur les Canaries, n’ayant pas le temps de s’humidifier suffisamment en traversant la bande océanique étroite, asséchant ainsi considérablement l’atmosphère des îles orientales qui subissent parfois, même assez fréquemment, des tempêtes de sable. Mais ce sont les alizés maritimes du nord-nord-est qui soufflent le plus souvent, et ce de façon très régulière.

À cette dynamique atmosphérique aride et anticyclonique marquante vient s’ajouter, là encore, la présence du « substrat », à savoir la masse océanique environnante imposante et très influente. Il va de soi que cette composante océanique représente un facteur modérateur assez fort vis-à-vis de cette aridité, le relief ou l’éloignement du « continent saharien » permettant évidemment d’accentuer la présence d’humidité, sous diverses formes, dans certaines conditions qui seront décrites plus loin.

Enfin, la position plutôt méridionale de ces îles, non loin du tropique, leur confère une certaine « dose de tropicalité », puisque le gel y est complètement absent jusqu’à une altitude modérée, et que les températures moyennes annuelles dépassent légèrement les 20°c au niveau de la mer. Cependant, comme nous le verrons, bien que les températures moyennes mensuelles de tous les mois de l’année soient supérieures ou égales à 18°c à basse altitude, ces îles Canaries ne peuvent pas, selon moi, être incluses dans le domaine tropical.

Ainsi, cet archipel se trouve t-il influencé à la fois par le domaine aride, par le domaine tempéré (océanique), et dans une certaine mesure par le domaine tropical, avec toute une palette de variations fortes selon l’île considérée et selon l’exposition. Il en résulte des différences marquées, et une très grande variété de même qu’une grande complexité de la physionomie de la végétation et du climat d’une île à l’autre.

(...)

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Posté(e)
Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

(Seconde partie de l'introduction)

Orographie contre subsidence

Comme nous l’avions vu dans le cas des îles Açores et de Madère, les précipitations orographiques (soient-elles sous forme de pluie ou de brouillard, dit de « précipitations occultes ») dépendent fortement du relief et de l’exposition aux vents dominants. Elles augmentent d’ailleurs assez nettement avec l’altitude et la hauteur du relief. Ce comportement est caractéristique des régions humides, et il se produit quasiment partout sur Terre. Cependant, dans les régions concernées par la ceinture de hautes pressions subtropicales du domaine aride, la subsidence vient contrecarrer l’ascendance orographique et elle l’annihile même complètement dans certaines contrées. Et dans ces circonstances, les précipitations n’augmentent que très peu (voire pas du tout) avec l’altitude. Ceci constitue une différence fondamentale avec les régions n’appartenant pas au domaine aride, régions dans lesquelles l’altitude est souvent responsable d’un fort accroissement du taux de précipitations.

canaries3.jpg

Dans ce contexte, deux îles se démarquent sensiblement des autres : Lanzarote et Fuerteventura. Elles font en effet partie intégrante du domaine aride, de par leur proximité avec le Sahara, notamment. Les précipitations n’y augmentent que très peu avec l’altitude.

Gran Canaria, quant à elle, située un peu plus au large, et bien qu’incluse dans le même domaine aride, est différente des deux îles orientales. En effet, les parties simultanément hautes et exposées au nord reçoivent suffisamment d’humidité pour ne plus faire partie du domaine aride.

Quant à Tenerife, La Gomera et El Hierro, elles peuvent être incluses dans la même catégorie que Gran Canaria, mais la différence provient du fait que leurs côtes nord, jusqu’au niveau de la mer, ne connaissent pas l’aridité, tout comme leurs terres hautes.

Enfin, l’île la plus au nord-ouest, la plus océane, La Palma est, elle, contrairement à toutes les autres, complètement en dehors du domaine aride.

Cependant, les choses ne sont pas aussi simples… prenons l’exemple de Tenerife, l’île la plus haute. Nous venons de voir que les précipitations augmentaient avec l’altitude. Mais en réalité, ici, au-delà d’un certain niveau, les précipitations diminuent de nouveau. Ceci est dû au fait qu’il existe une couche d’inversion dans laquelle se produit la subsidence (Herrera et al., 2001). Au niveau des Canaries, la subsidence due à la frontière entre la cellule de Hadley et la cellule de Ferrel se produit jusque vers 7-800 à 1500m d’altitude environ, selon les auteurs. C'est-à-dire qu’en-dessous de cette couche, l’humidité relative reste très élevée, emprisonnée sous ladite couche, ce qui lui permet de précipiter sous certaines conditions. Au-dessus de cette dernière au contraire, l’air est beaucoup plus sec et particulièrement stable, interdisant ou presque toutes précipitations convectives. Entre les deux, dans la couche de transition, la température moyenne a presque tendance à augmenter avec l’altitude. C'est ainsi qu'au-dessus de 1500 à 2000m d'altitude, la sécheresse devient de nouveau un élément important.

canaries4.jpg

On conçoit alors aisément que, du point de vue de la physionomie du paysage, les éléments floristiques dominants en altitude prennent rapidement des caractéristiques xérophiles, mais plus fraîches (le gel y étant relativement fréquent).

Des îles subtropicales, et non tropicales...

Les types de végétations et leur lien avec les climats seront discutés plus loin. Cependant, il convient d'apporter ici quelques précisions s'agissant de la tropicalité prétendue des régions côtières des îles Canaries. Après les travaux de W. Köppen, il a été admis que l'appartenance au domaine climatique tropical était acquise dès lors que la totalité des mois de l'année présentait des températures moyennes supérieures à 18°C. Ceci dans le but de s'assurer de l'absence totale de gel. Or effectivement, partout sur les côtes de ces îles (et même jusqu'à une certaine altitude), le gel est complètement inconnu. Et mis à part quelques parties côtières un peu plus fraîches, la plupart des régions côtières de cet archipel ont toutes leurs Tm mensuelles > 18°c. Par conséquent, selon cette logique, des villes comme Santa Cruz de Tenerife, ou Las Palmas sont situées à la limite du domaine tropical.

L'approche que je vais présenter ici induit une conclusion bien différente et beaucoup plus tranchée.

Comme vous le savez, l'épine dorsale de ce travail repose sur l'établissement d'une classification des climats en se rapportant le plus possible aux lien existant entre climat et végétation. C'est donc en analysant les différents cortèges floristiques principaux de ces îles qu'un détail m'a paru d'une importance considérable. Voici le raisonnement que j'ai suivi...

Les parties côtières exposées au nord des îles Canaries occidentales connaissent toutes une sécheresse estivale marquée mais une végétation non-aride (IhA > -45), et hormis les zones les plus humides (notamment à La Palma), la végétation est partout xérophile (IhA < 0). On a donc un climat chaud toute l'année, avec une alternance de saison sèche (en été) et humide (en "hiver"). Or, comme vous le savez sans doute, le climat des Canaries présente une singularité très peu répandue dans le monde : dans la classification de Köppen, il est (à la limite) As, c'est à dire tropical sec (à étés secs). On retrouve aussi ce climat As à Hawaii notamment.

Ainsi, je me suis documenté sur la végétation présente en climat tropical sec en général, dont celle présente dans ces zones côtières sèches (mais non-arides) de Hawaii. Il apparaît que la physionomie et la phénologie de la végétation de ces contrées à climat tropical sec présentent très peu de différences marquantes entre celle du climat As de Hawaii et celle des climats Aw (tropical sec à "hiver" sec). On y trouve une végétation évidemment xérophile, mais décidue (et semi-sempervirente dans les zones les plus humides). C'est à dire que durant la saison sèche, les arbres perdent leur feuilles afin d'éviter de perdre trop d'eau par évapo-transpiration. Dès les premières pluies de la saison humide (début de l'été en Aw, et début de "l'hiver" à Hawaii), les arbres reverdissent rapidement.

Mais dans les zones côtières des Canaries présentant elles aussi un climat As selon Köppen, la végétation est en fait complètement différente, autant du point de vue de sa nature que de sa phénologie. En effet, les forêts sèches de ces îles ne sont pas du tout décidues : elles ne perdent pas leurs feuilles durant la saison sèche d'été. Ce sont "simplement" des arbres sclérophylles. En d'autres termes, ils conservent leur feuillage durant la saison sèche (l'été) et reprennent leur métabolisme dès les premières pluies automnales, jusqu'au printemps suivant. En fait, la phénologie y est la même que celle de la végétation méditerranéenne. Cette différence est absolument fondamentale. Alors pourquoi une telle différence de fonctionnement, alors que le climat y est prétendument le même ? J'ai alors échafaudé une hypothèse, qui m'a par la suite été confirmée par une botaniste : si les arbres des forêts sèches (méditerranéennes et celles des Canaries) ne perdent par leurs feuilles en été (durant la saison sèche), cela est très probablement dû au fait qu'ils n'ont pas assez d'énergie en hiver pour leur faire atteindre une taille suffisante au printemps suivant. La pousse des feuilles demande beaucoup d'énergie (chaleur, eau, lumière). Or, en climat méditerranéen, et même en climat As des Canaries, l'énergie est insuffisante en automne et en hiver. Alors qu'à Hawaii, les feuilles tombées lors de la saison sèche et chaude peuvent repousser lors de la saison des pluies moins chaude. Et cela leur est possible, car la chaleur durant "l'hiver hawaiien" est suffisante.

J'ai donc pu, par la suite, déterminer approximativement la quantité de chaleur minimale nécessaire pour que les feuilles aient la possibilité de repousser en saison "froide" et pluvieuse, après la sécheresse. C'est là qu'intervient le "fameux" seuil des 22°c.

Ainsi, pour que la repousse ait lieu, il faut que le mois le moins chaud soit obligatoirement ≥ 22°C si la saison sèche correspond à la saison chaude, et il faut bien entendu que la saison des pluies soit écologiquement humide (Ihh > 0, ou P > 2T durant les 3 mois) et qu'il n'y ait pas d'aridité (IhA > -45).

Et c'est précisément cela, à mon avis, qui détermine un seuil du domaine tropical.

Or ce n'est pas le cas aux Canaries, car la chaleur "hivernale" n'y est pas suffisante (18°c au lieu des 22°c nécessaires), alors qu'elle l'est à Hawaii (Tm du mois le moins chaud : 23°c). Par conséquent, le climat (celui classifié As par Köppen) des Canaries n'est en aucun cas tropical, nulle part. Il est en fait tempéré océanique subtropical xérique (comme sur la côte sud de Madère).

J'arrête là pour la partie générale. Les photos illustrant les différents climats des 7 îles suivront prochainement.

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30917093.jpg

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Posté(e)
Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

Personne n'est intéressé par ce fil ? Ce genre de sujet est pourtant passionnant, enfin il me semble, lorsqu'on aime la climato...

À moins que la tartine que j'ai écrite vous effraie par sa longueur ? default_tongue.png/emoticons/tongue@2x.png 2x" width="20" height="20">

Je vous suggère donc de découvrir mes quelques pistes de réflexions sur le climat des Îles Canaries à la page précédente... default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">

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Posté(e)
Trelly (50) Alt : 45 mètres

Personne n'est intéressé par ce fil ? Ce genre de sujet est pourtant passionnant, enfin il me semble, lorsqu'on aime la climato...

À moins que la tartine que j'ai écrite vous effraie par sa longueur ? default_tongue.png/emoticons/tongue@2x.png 2x" width="20" height="20">

Je vous suggère donc de découvrir mes quelques pistes de réflexions sur le climat des Îles Canaries à la page précédente... default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">

C'est un sujet très intéressant mais qui demande des connaissances en la matière et du temps surtout !

Je pense que c'est pour cela qu'il y a si peu de réponses, mais je suis sûr que beaucoup de personnes lisent tes analyses! ( même si tu aimerais échanger j'en conviens default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20"> )

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Posté(e)
Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

C'est un sujet très intéressant mais qui demande des connaissances en la matière et du temps surtout !

Je pense que c'est pour cela qu'il y a si peu de réponses, mais je suis sûr que beaucoup de personnes lisent tes analyses! ( même si tu aimerais échanger j'en conviens default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20"> )

Oui, merci Seb. Je comprends bien. Je vais essayer de faire en sorte que ce sujet soit plus léger et ne m'en tenir qu'à la diffusion des résultats et de quelques explications sommaires, et ce de façon plus attrayante. Quoiqu'il me semblait tout de même que je présentais cela sous forme bien illustrée, agrémentée de belle photos représentatives...Merci.

ps : j'en profite pour faire un appel au intéressés éventuels... default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">

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Posté(e)
La Tronche (260 m)

Personne n'est intéressé par ce fil ? Ce genre de sujet est pourtant passionnant, enfin il me semble, lorsqu'on aime la climato...

À moins que la tartine que j'ai écrite vous effraie par sa longueur ? default_tongue.png/emoticons/tongue@2x.png 2x" width="20" height="20">

Je vous suggère donc de découvrir mes quelques pistes de réflexions sur le climat des Îles Canaries à la page précédente... default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">

Bonjour DannRassure-toi, ta présentation est fort intéressante, c'est souvent le temps qui manque... Merci bien en tout cas pour tout ce travail.

Une reflexion concernant la différence de rythme de végétation avec Hawaï, n'est-elle pas plutôt due (ou également due) à l'origine des espèces ?

Je pense que l'origine de la majeure partie de la végétation des Canaries (mais ceci reste à confirmer) doit être le continent très proche et donc surtout constituée d'espèces méditerranéennes avec un rythme d'activité méditerranéen comportant deux saisons de "repos" annuel (hiver et été) et non tropical. Même si le climat hivernal des Canaries permettrait leur croissance, ces espèces conservent leur rythme de végétation d'origine. Dans le cas des Canaries, en partie sans doute du à l'extension du Sahara, il me semble que les "sources" de végétation tropicale (avec une croissance plus du tout liée à la température mais liée uniquement au rythme des précipitations) sont beaucoup trop éloignées pour avoir peuplé l'archipel, de plus les vents dominants de nord-est ne peuvent amener que des graines d'origine méditerranéenne.

Cette origine expliquerait la différence autant que la relative faiblesse des T durant les mois d'hiver, en effet des températures proches de 18°C ne me semblent pas un obstacle, pour preuve, en été, des températures équivalentes permettent l'épanouissement d'une végétation diversifiée en Europe océanique ou semi-océanique (avec une luminosité cependant plus forte que celle des Canaries en hiver il est vrai).

Voilà mes remarques concernant ton analyse bien faite et passionnante default_thumbup1.gif

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Posté(e)
Koumac (Nouvelle-Calédonie) / Valence (26) / Le Lavandou (83)

Très intéressant Dann !

Désolé, je n'ai pas répondu plus tôt car j'ai pas mal de boulot en ce moment ! default_bored.gif

Merci beaucoup pour ce travail sur lequel tu as du passer beaucoup de temps. Je trouve que tu présentes bien le sujet dès le début en insistant sur les "précipitations", ce dernier paramètre contrôlant majoritairement la végétation de ces îles. Pas si évident de trouver de belles cartes de répartition des précipitations, en voici quelques unes plus précises concernant Gran Canaria, Tenerife, et La Palma:

lluvias20100217mapa.jpg

Precipitacion-media-anual-Isla-Tenerife.gif

palmanubosidad022.jpg

Un site sur le climat l'île de La Palma :

Ici

Malgré l'impact essentiel des précipitations sur l'aspect végétal de ces îles, il faut imanquablement parler des températures. On sait qu'en moyenne il n'y a pas de grosses différences de température sur l'année entre les îles de l'Est et de l'Ouest. Par contre, Lanzarote et Fuerte Ventura sont souvent sujettes à de gros coups de chaud en été lorsque le vent souffle depuis le désert Marocain. Ce phénomène existe aussi plus à l'Ouest mais il est fortement modéré par l'océan.

Egalement, peut-être pourrais tu nous donner quelques tableaux comparatifs avec Hawaii puisque tu compares les végétations de ces deux archipels par la suite.

Le passage sur la chute (ou pas) des feuilles pendant la saison chaude (et sèche) m'a bien plu personnellement car je ne m'étais jamais posé la question d'un tel phénomène dans ce type de contexte climatique. C'est un paramètre intéressant car tu l'utilises pour délimiter plus finement la limite entre climat tropical du climat subtropical en contexte océanique (chose pas si facile en réalité). Tu sais si des publications sont déjà sorties sur cette problèmatique ?

Bon sinon on attends avec impatience les photos ! default_thumbup1.gif

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Posté(e)
Chateauneuf du Rhône (26)

Trés interessant en effet comme fil default_thumbup1.gif

J'apprend pas mal de choses d'autant plus que c'est trés bien expliqué.

Merci pour ce travail default_flowers.gif

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Posté(e)
Saint-Quentin-la-Poterie (30)

Là on ne se prendra pas la teston Dann (petit PS sur la vague de froid de février 2012, pas si exceptionnelle que ça à l'échelle nationale.. default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">).

Ce sujet est très intéressant. Je pense en faite profiter mon prof de biologie, la semaine pro à l'université, probable que ça l'interessera aussi.

Rapidement, ton indice donne quoi pour la ville de Nîmes ?

La classification officielle semble si discutable... KOPPEN

Continue continue, pas eu le temps de me plonger dans toutes les pages mais c'est une bible.

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Posté(e)
Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

Bonjour Dann

Rassure-toi, ta présentation est fort intéressante, c'est souvent le temps qui manque... Merci bien en tout cas pour tout ce travail.

Une reflexion concernant la différence de rythme de végétation avec Hawaï, n'est-elle pas plutôt due (ou également due) à l'origine des espèces ?

Je pense que l'origine de la majeure partie de la végétation des Canaries (mais ceci reste à confirmer) doit être le continent très proche et donc surtout constituée d'espèces méditerranéennes avec un rythme d'activité méditerranéen comportant deux saisons de "repos" annuel (hiver et été) et non tropical. Même si le climat hivernal des Canaries permettrait leur croissance, ces espèces conservent leur rythme de végétation d'origine. Dans le cas des Canaries, en partie sans doute du à l'extension du Sahara, il me semble que les "sources" de végétation tropicale (avec une croissance plus du tout liée à la température mais liée uniquement au rythme des précipitations) sont beaucoup trop éloignées pour avoir peuplé l'archipel, de plus les vents dominants de nord-est ne peuvent amener que des graines d'origine méditerranéenne.

Cette origine expliquerait la différence autant que la relative faiblesse des T durant les mois d'hiver, en effet des températures proches de 18°C ne me semblent pas un obstacle, pour preuve, en été, des températures équivalentes permettent l'épanouissement d'une végétation diversifiée en Europe océanique ou semi-océanique (avec une luminosité cependant plus forte que celle des Canaries en hiver il est vrai).

Voilà mes remarques concernant ton analyse bien faite et passionnante default_thumbup1.gif

Bonjour Yves,Merci pour tes commentaires très pertinents, comme d'habitude (je n'en attendais pas moins de ta part de toutes façons). default_flowers.gif

Tu me forces à me remettre en question, et c'est ce que j'aime. D'ailleurs, la botaniste avec qui j'avais discuté de la question m'avait précisé, tout comme toi, qu'il était possible que l'origine des espèces pouvait éventuellement aussi être un aspect à prendre en compte... ce qui est probable, effectivement.

Je vais donc travailler ce point plus en profondeur, et reviendrai sous peu avec des éléments supplémentaires qui, je l'espère, permettront d'élucider la question.

Bye default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">

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Posté(e)
Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

C'est un paramètre intéressant car tu l'utilises pour délimiter plus finement la limite entre climat tropical du climat subtropical en contexte océanique (chose pas si facile en réalité). Tu sais si des publications sont déjà sorties sur cette problèmatique ?

Bon sinon on attends avec impatience les photos ! default_thumbup1.gif

Bonjour EnO,Merci bien pour ta réaction prompte et riche d'informations. default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">

Oui, je donnerai quelques infos comparatives entre Hawaii et les Canaries. C'est pas bête.

Je tâcherai d'énumérer quelques publis intéressantes. Mais je n'en ai pas vues, s'agissant de cette autre façon de délimiter le domaine tropical...

Les photos viendront dans quelques jours... default_wink.png/emoticons/wink@2x.png 2x" width="20" height="20">

Bye,

Gaël.

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Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

Trés interessant en effet comme fil default_thumbup1.gif

J'apprend pas mal de choses d'autant plus que c'est trés bien expliqué.

Merci pour ce travail default_flowers.gif

Merci beaucoup. C'est un plaisir pour moi. default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">
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Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

Là on ne se prendra pas la teston Dann (petit PS sur la vague de froid de février 2012, pas si exceptionnelle que ça à l'échelle nationale.. default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">).

Ce sujet est très intéressant. Je pense en faite profiter mon prof de biologie, la semaine pro à l'université, probable que ça l'interessera aussi.

Rapidement, ton indice donne quoi pour la ville de Nîmes ?

La classification officielle semble si discutable... KOPPEN

Continue continue, pas eu le temps de me plonger dans toutes les pages mais c'est une bible.

Salut Christophe !Merci beaucoup pour tes compliments !

Sinon, en quoi consiste cette semaine pro ? (dans quel cadre, ou sous quelle forme montrerais-tu ça à ton prof ?) Ça a l'air intéressant.

Quant à l'indice de Nîmes, je crois que j'avais créé une carte avec les IhA dans "Végétation et clivages climatiques". Mais je te donnerai ces valeurs demain, pas de problème (la flemme là, à 22h30... default_tongue.png/emoticons/tongue@2x.png 2x" width="20" height="20"> )

ps : n'empêche que la VDF, elle est était vraiment ridicule... j'te charrie, évidemment ! default_tongue.png/emoticons/tongue@2x.png 2x" width="20" height="20">default_flowers.gif

Bye.

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La Tronche (260 m)

Je voudrais évoquer un autre point concernant la comparaison des flores des Canaries et celle d'Hawaï sous des climats qui semblent actuellement assez similaires.

Lors des poussées glaciaires du quaternaire, la flore des Canaries a du subir un climat assez nettement plus froid qu'actuellement du fait de la relative proximité de l'inlandsis qui a recouvert à plusieurs reprises l'Europe du nord. Ce climat devait comporter des gelées qui ont du être fatales aux espèces tropicales qui auraient pu survivre aux Canaries depuis l'ère tertiaire.

Il est possible que les Canaries aient alors vu leurs espèces tropicales disparaître, seules les espèces méditerranéennes supportant des gelées modérées ont pu survivre.

Par la suite quand le climat s'est adouci, en reprenant ce que je disais un peu plus haut, du fait de l'extension du Sahara et de l'éloignement des sources d'espèces de climats chauds, le repeuplement en plantes tropicales n'a pas pu avoir lieu.

Hawaï était nettement plus loin des continents englacés, c'est surtout de part et d'autre de l'Atlantique septentrional que les glaciations ont été intenses, le Pacifique nord les a beaucoup moins subies. On peut penser que le climat de Hawaï est resté exempt de gelées lors de ces périodes, les espèces tropicales y ont survécu.

En fait, les glaciations et l'ampleur de la barrière saharienne (ou méditerranéenne dans le cas de l'Europe) expliqueraient la flore actuelle des Canaries un peu comme elles expliquent la relative pauvreté de la flore européenne par rapport aux flores tempérées de l'Asie orientale et de l'Amérique septentrionale.

Bon, bien sur ce ne sont que des hypothèses, il faut vérifier tout cela avec des spécialistes des climats anciens, des botanistes, etc...

Voilà, voilà quelques petites reflexions qui me sont venues depuis mon dernier post.

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Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

Rapidement, ton indice donne quoi pour la ville de Nîmes ?

Voici les indices que j'avais calculés pour :Nîmes Garons : IhA = 9 (végétation associée à un climat subxérique), Ihe = -17 (sécheresse estivale assez faible)

Nîmes Courbessac : IhA = 14 (subxérique), Ihe = -15

Alès : IhA = 36 (subhumide), Ihe = -4 (sécheresse estivale présente mais très peu marquée)

Arles : IhA = +5 (subxérique), Ihe = -17.

La ligne jaune correspond à IhA = 25, soit la limite entre subhumide et subxérique, qui correspond pas mal à la limite du climat méditerranéen. La ligne rouge correspond à IhA = 0, càd la limite de la végétation xérophile.

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Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

Une reflexion concernant la différence de rythme de végétation avec Hawaï, n'est-elle pas plutôt due (ou également due) à l'origine des espèces ?

Je pense que l'origine de la majeure partie de la végétation des Canaries (mais ceci reste à confirmer) doit être le continent très proche et donc surtout constituée d'espèces méditerranéennes avec un rythme d'activité méditerranéen comportant deux saisons de "repos" annuel (hiver et été) et non tropical. Même si le climat hivernal des Canaries permettrait leur croissance, ces espèces conservent leur rythme de végétation d'origine. Dans le cas des Canaries, en partie sans doute du à l'extension du Sahara, il me semble que les "sources" de végétation tropicale (avec une croissance plus du tout liée à la température mais liée uniquement au rythme des précipitations) sont beaucoup trop éloignées pour avoir peuplé l'archipel, de plus les vents dominants de nord-est ne peuvent amener que des graines d'origine méditerranéenne.

Cette origine expliquerait la différence autant que la relative faiblesse des T durant les mois d'hiver, en effet des températures proches de 18°C ne me semblent pas un obstacle, pour preuve, en été, des températures équivalentes permettent l'épanouissement d'une végétation diversifiée en Europe océanique ou semi-océanique (avec une luminosité cependant plus forte que celle des Canaries en hiver il est vrai).

Voilà mes remarques concernant ton analyse bien faite et passionnante default_thumbup1.gif

Bonjour Yves, et bonjour à tous,Me revoilà donc avec quelques éléments supplémentaires permettant d'étayer un peu mon propos, éléments que je me devais d'apporter à l'issue de tes commentaires logiques et pertinents. J'ai donc tenté d'enrichir ma documentation à partir d'analyses portant sur les liens existant entre la végétation (qu'elle soit médio-européenne, méditerranéenne, subtropicale macaronésienne, ou tropicale sèche) et les climats passés et présents respectifs. Il s'avère que très peu d'études ont l'air de traiter du sujet précis qui nous intéresse ici (à savoir : la végétation côtière des Canaries permet-elle de confirmer que le climat ne peut y être tropical ?). Cependant, quelques unes d'entre elle viennent nous éclairer un peu.

Pour commencer, il en ressort, et ce n'est pas une surprise, que la végétation actuelle dépend beaucoup de ses origines du Miocène, puis du Pliocène. Ainsi, au début du Miocène, le climat de la Terre était nettement plus chaud et humide qu'il ne l'est aujourd'hui, et les forêts tropicale et subtropicale humides s'étendaient loin de part et d'autre de l'équateur. Le Sahara lui-même était recouvert d'une forêt tropicale (sèche), et la forêt subtropicale humide concernait tout le pourtour méditerranéen (jusque dans le sud de la France par exemple), et elle recouvrait bien entendu toute la Macaronésie, de même que les côtes marocaines. Comme nous le savons, durant la phase du Pliocène, le climat global se refroidit et s'assèche, notamment en Méditerranée, et surtout au Sahara, si bien que les forêts tropicale et subtropicale reculent. Le Sahara se désertifie complètement, et l'ancienne forêt subtropicale humide présente en Méditerranée se transforme en une forêt xérophile, telle que celle que nous connaissons. Seule la forêt subtropicale de Macaronésie se maintient grâce à l'influence très modératrice de l'océan.

Puis, lors des glaciations subséquentes, le continent européen se refroidit nettement, si bien que les essences subtropicales ou tempérées chaudes qui auraient pu y subsister sont forcées de s'éteindre à cause du barrage que constituent les Alpes. Les autres espèces situées à l'ouest ou au sud des Alpes migrent toutes vers le sud et vers l'Afrique du nord. En fait, il apparaît effectivement qu'aux îles Canaries, une majorité des espèces sont communes avec celles qu'on retrouve en Méditerranée, à l'exception de la Laurisylve (celle-ci étant d'ailleurs la forêt relique de la forêt subtropicale humide du Miocène). La laurisylve est une forêt humide, en cela qu'en a besoin de conditions climatiques suffisamment humides. Mais les parties côtières des Canaries sont trop sèches pour la Laurisylve, si bien que la forêt subtropicale humide qui avait pu y régner au Miocène s'est elle aussi (comme en Méditerranée) transformée en forêt xérophile, de la même manière. C'est la raison pour laquelle les taxons sont très proches. Dans leur étude passionnante sur l'Arganier (Msanda et al., 2005), intitulée "Biodiversité et biogéographie de l’arganeraie marocaine", les auteurs expliquent bien qu'en fait, il y a eu relativement peu de transport de graines en provenance du continent vers les Canaries. Quelques unes ont pu traverser du sud-ouest marocain jusque dans les îles.

Ils mentionnent surtout que les Arganiers, tout comme beaucoup d'autres essences présentes aux Canaries, ont des "origines tropicales", plus particulièrement de l'Afrique tropicale. Cela corrobore la présence de ces forêts tropicales ou subtropicales durant le Miocène. L'Arganier, cet arbre xérophile et sclérophylle, serait donc le résultat de la transformation d'une de ces espèces d'origine tropicale. Ils précisent que cet arbre se retrouve uniquement dans les zones les plus humides de ce sud-ouest marocain. Il n'y tombe que 100 à 400 mm de pluie, mais les précipitations occultes (brouillard) y sont parfois 2 fois plus élevées que les précipitations mesurées. Ils précisent d'ailleurs à juste titre (comme je l'avais proposé voilà quelques mois) que le climat de cette contrée n'est pas juste aride ou semi-aride, ou thermoméditerranéen, mais bien "aride océanique".

L'arganier s'est donc adapté à la sécheresse, mais étant donné qu'il est d'origine subtropicale, ses feuilles sont sclérophylles. Ils les conserve pendant la sécheresse estivale. Ce n'est que lorsque, certaines années, la sécheresse est trop extrême, qu'il les perd. C'est donc un dernier recours pour lui que de perdre ses feuilles. De cela, on peut sans doute supposer que si l'énergie disponible de l'automne au printemps avait été suffisante, ce n'aurait pas été un problème pour l'arganier de perdre ses feuilles systématiquement en été, lors de la sécheresse.

En fait, il faut bien comprendre qu'il existe deux types principaux de végétation (en termes d'espèces forestières):

1) la végétation au métabolisme modéré : la végétation médio-européenne ou euro-sibérienne, la végétation méditerranéenne, la végétation subtropicale. Pour entrer en croissance, cette végétation n'a pas besoin d'une trop grande quantité d'énergie : elle doit réunir simultanément une lumière modérée à forte, au moins 10°c et des pluies au moins faibles à modérées.

2) la végétation au métabolisme fort : il s'agit ici de toutes les essences d'origine tropicale. Cette végétation a besoin d'une grande quantité d'énergie pour que la photosynthèse entre en action (lumière modérée ou forte + au moins 22°c (*) + précipitations importantes).

L'ouvrage "La végétation de l'Afrique" de Frank White (1986) donne un portrait très complet des essences forestières de chaque région de ce continent. On peut y apprendre par exemple que la végétation en climat tropical sec présente quasiment systématiquement des arbres à feuilles caducifoliées, tombant durant la saison sèche. Pour germer et pousser, ces arbres ont besoin d'une eau chaude tombant sur un sol chaud, et avec beaucoup de lumière (c'est le cas par exemple du Baobab, de l'Acacia -le vrai, pas le faux Acacia européen qui est en fait le Robinier-, etc...).

(*) le "au moins 22°c" est mon hypothèse. Mais il est certain qu'il faut à ces arbres une chaleur beaucoup plus élevée pour pousser qu'il n'en faut pour les arbres non-tropicaux, par ex subtropicaux, méditerranéens ou médio-européens.

Finalement, il m'apparaît assez plausible que si des arbres d'origine tropicale n'ont pas pu s'établir aux Canaries, ce n'est pas dû à la période des glaciations qui les auraient fait disparaître (la forêt originelle ne l'était d'ailleurs pas, puisqu'elle était subtropicale), mais bien au climat de ces îles qui ne permet pas la croissance de tels arbres.

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  • 2 weeks later...
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Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

Merci beaucoup ! Très complet, cet atlas ! Il n'y manque que les données d'ensoleillement, et celles concernant les teneurs en vapeur d'eau dans l'air... default_flowers.gif
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