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skept

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  1. Pas du tout! Comme je l'ai écrit plus haut, le nucléaire ne fait que 5% de l'énergie primaire et ne produit que de l'électricité. Donc il ne faut pas en attendre de miracles, il ne peut être qu'une partie du mix énergétique du futur et sans doute une petite partie. Je suis donc tout à fait sceptique quand des "pro" nucléaires enthousiastes le décrivent comme l'alpha et l'omega de notre avenir énergétique. D'ailleurs, c'est une erreur constante dans l'histoire du nuke, ses plus ardents partisans affirmaient dans les années 1960 que cette énergie serait... gratuite ("too cheap to meter")! Donc, si une société industrielle post-fossile est possible, elle reposera probablement sur une part majoritaire de renouvelable, solaire, éolien, hydro, marémoteur, géothermie, etc. Aucune piste ne doit être négligée et c'est surtout le renouvelable qui a besoin d'investissements en R&D, le nucléaire a déjà eu des sommes énormes depuis des décennies. Comme je l'ai dit, si l'on doit développer du thorium, on n'a pas de véritables obstacles scientifiques et techniques, les travaux ont déjà été menés.
  2. Tout à fait, sauf que "le web et ailleurs", c'est un peu vague : je suis sceptique, mais je n'accorde pas pour autant la même valeur à toutes les sources. Je suppose que toi non plus, sauf si tu penses que "pensée unique" ou "skyfall" est aussi légitime que Hansen ou Trenberth pour modéliser le climat, par exemple. Au sein des sources scientifiques, les estimations les plus hautes de Tchernobyl viennent à ma connaissance du livre de Yablokov et al publié en anglais par la NY Academy of Science. On peut lire ce livre ici en libre de droit. Je l'ai lu et je suis moins convaincu par le calcul des auteurs que par le calcul du Forum Tchernobyl. Yablokov et al prennent le principe de l'effet linéaire sans seuil et déduisent le nombre de morts liés à Tchernobyl par une simple règle de trois, en supposant ainsi que le moindre microsievert a un effet morbide. Mais autant je n'ai qu'une confiance moyenne dans les services de santé publique de la Biélorussie, de la Russie ou de l'Ukraine, autant je doute fortement que les services de santé publique de l'Europe occidentale aient tous caché massivement et systématiquement une surmortalité observable d'origine nucléaire. Le cancer est une des maladies les plus étudiées au monde, et parmi les milliers de spécialistes, je ne connais pas de conclusion consensuelle selon laquelle les retombées des accidents (ou des essais) nucléaires sont responsables d'une proportion statistiquement significative de la mortalité par tumeur, en dehors de la zone immédiate de l'accident. Mais j'encourage le scepticisme à ce sujet, en effet, comme sur tous les sujets d'ailleurs puisqu'il s'agit seulement de montrer de l'esprit critique et de ne pas se fier à une seule source.
  3. Ce qui me hérisse de mon côté, c'est quand on parle de mortalité et morbidité liées à l'énergie, on ne parle quasiment que du nucléaire, alors que toutes les énergies tuent et rendent malades. Je rappelle quand même que la biomasse traditionnelle est responsable de 2 millions de morts prématurées par an (OMS 2011) à cause des fumées de combustion mal ventilées, ce qui fait un bilan humain de quatre Hiroshima chaque année, touchant surtout femmes et enfants. Donc si l'on raisonne santé publique, énergie et humanité, il ne faut pas se tromper de priorité dans les transitions les plus urgemment nécessaires. Après, il est tout à fait normal que les populations résistent à l'idée de voir proliférer des centrales nucléaires dont on a observé les défauts intrinsèques en cas d'accident, et personne n'a envie d'être réduit à un "mort statistique" ou un "déplacé statistique". Il reste qu'il faut débattre avec les bons chiffres et les vrais risques, sinon c'est biaisé.
  4. Et la suite de ce premier article est ici, cette fois sur ce que ferait un "scénario du pire" (une multiplication par 100 des émissions de CH4 de l'Arctique). La principale conclusion de David Archer dans ces deux papiers est que le GES posant le plus de problème reste le CO2, même dans l'hypothèse d'amplification des émissions de CH4.
  5. Tu peux calculer le nombre de victimes au kWh produit, en supposant une extrapolation linéaire par 20 des accidents dans tout le cycle (de l'extraction à l'exploitation). Hélas, je n'ai jamais trouvé de données OMS là-dessus. Un calcul sur ce blog, mais pas une source scientifique. Et toi, as-tu lu le rapport que j'ai cité? Je ne soutiens pas d'hypothèse particulière, je cite le travail des chercheurs en charge d'évaluer Tchernobyl. Si A Moeller et T Mousseau trouvent que des populations sont moins nombreuses, cela prouve qu'il y a débat entre ces chercheurs. Ci joint le lien vers l'étude en question, enfin je suppose que c'est celle-là dont l'actualité parlait. Leurs principales conclusions : De nouveau, on peut tout à fait être contre le nucléaire et je suppose que dans ce cas, le risque sur l'espèce appelée Homo sapiens reste le meilleur argument dans les populations concernées. Mais comme la lutte contre le réchauffement climatique passe par l'électrification croissante des services (pour se passer de pétrole dans les transports et parce que les renouvelables produisent essentiellement de l'électricité), il faut bien proposer un système de production cohérent et à peu près conforme aux besoins, une fois défalqués les économies d'énergie et les gains d'efficience. Je n'ai pas vraiment trouvé de plan crédible là-dessus. Aussi je place plutôt des espoirs à moyen terme dans la 4e génération du nucléaire, avec des centrales conçues pour éviter la criticité et la fusion des coeurs.
  6. Non, je n'en conviens pas spécialement tant que tu ne m'as pas décrit ta solution à petite échelle. Tu produis quelle énergie en utilisant quelle surface de terre ? C'est bien beau de critiquer, mais il faut quand même proposer un peu, non? Des gens comme Lovelock, Lynas ou autre, qui sont plutôt des figures du mouvement environnementaliste, défendent le nucléaire car il utilise justement une place minimale pour fournir beaucoup d'énergie, contrairement aux alternatives ayant une moindre densité de puissance. Pour avoir l'équivalent d'un EPR en énergie finale utile, il faut plus de 2000 éoliennes de 2 MW. Ce n'est pas rien pour le paysage ni je suppose pour la faune aviaire. Quant à la "gravité" des problèmes, on en débat, j'espère qu'un jour on pourra décider par le vote. Chacun son opinion, le nucléaire n'a fait que trois accidents réellement graves en plus de cinquante ans d'exploitation, donc même si je souhaite plutôt accélérer vers la 4e génération, je ne considère pas que le bilan de la 2e et de la 3e a été si terrible que cela. Beaucoup plus de gens sont morts directement et indirectement du fossile dans la même période, de même que les nuisances environnementales du fossile (carrières, mines, marées noires, suies changeant les climats locaux, etc) ont été plus importantes. Mais le problème de base, cela reste l'énergie disponible pour les sociétés humaines : personne ne choisira volontairement la pénurie, aucun réforme ne réussira sans un programme crédible.
  7. Non, personne ne dit que c'est bien pour la biodiversité! Le rapport de l'ONU / AIEA observe qu'en l'absence de l'homme, les animaux et végétaux prolifèrent, ce qui est assez logique. Mais de là à dire qu'un accident est une bonne chose, personne de sérieux ne s'avance à cela. Quant à tes options, elles sont tout à fait honorables. Reste à produire une quantité suffisante d'électricité en base, ce qui n'est pas gagné avec l'éolien et le solaire tant qu'il n'y a pas de solution de stockage.
  8. Certainement, mais il faut expliquer en quoi les "espèces sont affectées". Si une espèce de pin qui a une aire de répartition de 5 millions de km2 voit une de ses populations gravement affectée dans une aire de 3000 km2, il n'est pas difficile de comprendre qu'à l'échelle du vivant et de cette espèce en particulier, ce n'est pas une altération ayant des conséquences très importantes, on a une simple reproduction différentielle locale. Pour revenir au point d'où toute cette parenthèse est partie, et au sujet général de la discussion, la question posée aux sociétés humaines souhaitant éviter un réchauffement climatique trop prononcée est le choix d'un mix énergétique optimal à cette fin. La présence du nucléaire dans ce mix fait l'objet de débat. Les qualités et défauts du nucléaire se jugent par l'expérience, tout comme pour les autres sources d'énergie fossiles ou renouvelables. Personnellement, je ne considère pas que le danger du nucléaire pour les espèces non-humaines est un argument fort dans la catégories des "défauts", en tout cas il me semble bien moins fort que le danger pour les populations humaines. Néanmoins, il existe un certain consensus pour dire que le nucléaire de fission de 2e et 3e génération n'est pas la panacée et que si développement important du nucléaire il devait y avoir, ce serait plutôt du côté d'une 4e génération ne présentant pas les mêmes risques d'accident de criticité ni de volumes de déchets à longue durée de vie. A ce propos, je reviens sur un point de paix : Je ne suis pas d'accord avec ce point. Contrairement à la fusion des isotopes de l'hydrogène, la fission du thorium est une chose assez bien maîtrisée, qui a donné lieu à plusieurs années cumulées d'expériences en prototypes de réacteurs industriels. Et qui s'apprête à démarrer en Inde à des fins d'usage courant sur le réseau, alors que la fusion en est encore à établir sa preuve de concept, bien loin de toute application industrielle si elle est seulement possible. Le projet MSRE de Weinberg à Oak Ridge (U233 obtenu par le thorium) a très bien fonctionné dans les années 1960, mais en pleine guerre froide, son défaut a été qu'il ne produisait pas le plutonium dont les militaires voulaient pour bâtir l'arsenal atomique. Il va de soi qu'un tel défaut serait aujourd'hui une qualité!
  9. Ben "il faut" à mon goût, ensuite chacun fait comme il veut. Tu es "étudiant en sciences de l'atmosphère, océan et climat" selon ta signature, je suppose que si quelqu'un te parle du climat au nom de son intime conviction ou de ses calculs personnels ou de son intuition du temps qu'il fait, tu auras plutôt tendance à le rediriger vers ce que dit la science que tu étudies. Non?
  10. Enfin bon, le rapport corédigé par les scientifique de l'AIEA et de l'ONU que j'ai cité page précédente dit à propos des effets de Tchernobyl sur les plantes et les animaux : Donc, on a certainement le droit d'être sceptique sur les rapports de l'ONU (/emoticons/biggrin@2x.png 2x" width="20" height="20">), simplement il faut citer des études scientifiques montrant que la biodiversité de la zone de l'accident est durablement affectée et que ces rapports "officiels" se trompent. Et si l'on affirme qu'à 1000, 2000 ou 4000 km de la zone il y a également des effets notables sur les plantes et les animaux, idem. Sinon, ben c'est un peu comme les supposés "sceptiques" du climat, ils sont persuadés qu'ils ont raison, que la majorité des scientifiques se trompent sur le CO2 et que les modèles cachent la vérité, mais cette intime conviction ne suffit pas vraiment à les rendre crédibles.
  11. Je ne pense pas que ce soit la "complexité", car les cellules ou l'ADN de l'homme n'ont rien d'exceptionnel de ce point de vue. La longévité est en revanche un facteur plus important (ches les animaux et pour le cancer), une espèce à cycle de vie court n'a pas forcément le temps de développer des cancers. De même la fertilité, les espèces prolixes sont moins sensibles que d'autres à des malformations radio-induites, pour des simples raisons statistiques. Arte a produit un documentaire très intéressant sur les chercheurs qui étudient l'évolution du vivant dans la zone d'exclusion, voir ici. Sinon, on peut lire le chapitre "Environmental consequences" dans le rapport 2005 du Tchernobyl Forum (IAEA), notamment page 29. Il y a bien sûr des effets négatifs, mais c'est très variable selon les populations concernées et les espèces les moins sensibles profitent d'un avantage adaptatif. Mais bon, ce qui est important pour la question de la biodiversité, c'est d'abord le ratio terres affectées / terres indemnes. Un accident nucléaire grave (qui reste à ce jour un événement rare dans les 60 ans d'histoire du nucléaire civil) ne provoque des contaminations élevées que sur des zones très restreintes (autour de la centrale et là où les pluies concentrent des retombées de radionucléides), alors qu'un réchauffement climatique affecte toutes les terres (et océans), changeant le régime de vie des espèces qui sont sensible à le température, à l'hygrométrie ou au pH de l'eau. Aussi on sait que beaucoup de biologistes et écologistes sont inquiets des possibles conséquences d'un réchauffement qui serait trop intense et trop rapide, n'excluant pas que de tels épisodes aient provoqué des extinctions importantes dans le passé.
  12. Merci. Je n'ai pas compris quand tu dis plus haut : " mes modélisations des anomalies globales de températures à partir des indices naturels". Dans ton modèle, il n'y a que des variations naturelles ?? Oui, sûrement /emoticons/biggrin@2x.png 2x" width="20" height="20"> Je trouve la présentation de Hansen claire (comme toujours chez lui) et l'idée de travailler sur les évolutions par rapport à l'écart-type par grille de 250 km intéressante, car cela change des simples cartes de température moyenne. Ensuite, je n'ai bien saisi les subtilités statistiques comme celle que tu mentionnes. Tel que je le comprends, l'aplatissement des courbes signifie qu'il y a plus de variabilité (moins d'événements dans la distribution centrale à ±1 sigma) et l'écart plus important vers la droite signifie que cette variabilité a plutôt été accentuée du côté des événements extrêmement chauds. Je suis assez d'accord avec Hansen quand il dit que le déplacement de la distribution de probabilité des événements très chauds revient à dire que le réchauffement climatique en est très certainement la cause. Soit dit en passant, on devrait trouver un résultat un peu similaire sur la diminution de fréquence des hivers très froids en DJF et il serait intéressant de voir ce que donne ce genre de carte sur les précipitations.
  13. C'est intéressant, mais il me semble que le principal enseignement est déjà connu. C'est-à-dire que si l'écart-type vaut environ 0,55 K au départ (figure 2) et si les terres se sont réchauffées d'environ 2 écarts-type entre 1950 et 2010, la nouvelle distribution des événements sera décalée vers la droite, avec des étés très frais plus rares et des étés très chauds plus fréquents. (Enfin, je suis nul en statistique, mais cela me semble intuitif de dire cela, merci aux experts de corriger si cela n'a rien à voir). Dans le même ordre d'idée, pour toute canicule comme pour tout été en général, il y a déjà une part forcée, aussi je ne comprends pas toujours très bien la distinction "événement météo dû aux variations naturelles" et "événement climato dû aux variations forcées". Comme une canicule se définit par un certain seuil de température maintenu pendant 3-5 jours et que le réchauffement forcé se traduit par une hausse des températures, cela me semble finalement une lapalissade de dire le réchauffement forcé contribue aux canicules observées.
  14. Hello, juste un détail, sur les abscisses il y a une sorte de "paté" noir et je n'arrive pas à lire l'échelle de temps de la courbe.
  15. Je ne crois pas spécialement que tu défiles avec un drapeau rouge /emoticons/biggrin@2x.png 2x" width="20" height="20"> (j'essaie simplement de comprendre ta position par rapport à ce que j'ai lu ailleurs), et j'aime bien ton idée de "contre-pouvoir", qui correspond à une intuition ancienne chez moi (le fait que l'histoire est l'ascension régulière du pouvoir de l'homme sur l'homme, et la lutte non moins régulière contre les excès et déséquilibres de ce pouvoir, qu'il soit de nature religieuse, politique, économique, etc.). Je ne crois pas plus que tu veux revenir à la bougie et sauf erreur, j'évite généralement l'emploi de ce genre d'arguments faciles. En revanche, je suis curieux de ce que chacun définit comme son "idéal" de consommation énergétique par habitant. C'est une grandeur de base importante qui n'est finalement jamais discutée ou presque, et une grandeur qui est déterminante pour la question climatique comme pour d'autres. Sur les économies de chacun, j'ai donné en page précédente le lien vers le calculateur de l'Ademe. Les trois principaux postes sont connus : le transport, le chauffage, la consommation courante. La difficulté, c'est bien sûr de progresser sur tous les postes. Parce qu'un urbain qui prend le métro et ne chauffe pas trop son appartement, mais qui se paie chaque année des vacances aux antipodes, eh bien il ne réduit pas sa consommation, il transfère juste d'un poste à un autre ses dépenses.
  16. J'ai dit que je trouvais paresseux un argument très particulier, le fait de s'en prendre pour un oui ou pour un non aux lobbies financiers et industriels. On vit dans un monde fossile, c'est la faute aux lobbies fossiles. On veut en sortir, cela fait le jeu du lobby nucléaire ou du lobby renouvelable. On voit bien que la logique est circulaire, ou du moins que son domaine d'application est infini, on pourra toujours dire qu'une solution favorise untel au détriment d'untel. Tu parlais du gaz de schiste : même si tu envisages son exploitation par l'Etat, sans aucun profit ni entreprise privée dans l'affaire, le problème reste entier de savoir quels sont les avantages et inconvénients de cette source d'énergie. Tu parlais aussi du nucléaire : voilà un secteur qui a été porté à bout de bras par l'Etat (pas par le marché), donc si le nucléaire pose un problème, cela démontre que la nature publique ou privée de l'exploitant n'est pas forcément le facteur le plus important pour juger une énergie. Si je comprends ta position, elle consiste à dire que le système capitaliste (ou l'économie de marché) nous mène tout droit à la crise (climatique en particulier). Pourquoi pas, tu n'es pas le seul à défendre ce genre de position, la célèbre Naomi Klein a fait un long papier à ce sujet récemment. J'ai un peu tendance à penser que ce genre d'analyse réduit celui qui l'adopte à l'impuissance contestataire, c'est-à-dire qu'il faut renverser tout le système en place avant de faire quelque chose pour le climat, ce qui risque d'être long. Et ce qui ne garantit pas de toute façon ce que l'on fera après ce renversement. Car c'est bien le point que j'essaie de soulever : prévenir le réchauffement climatique suppose d'avoir d'une manière ou d'une autre un programme énergétique destiné à remplir cet objectif. Quoiqu'en pense le gouverneur du Texas, ce ne sont pas les prières (ni les voeux pieux en général) qui changent le climat, mais des phénomènes tout à fait physiques.
  17. Ben tu sais, il y a des gens engagés pour ou contre tout, cela ne prouve pas que tous les engagements sont valables. Quand tu vois une manifestation, tu penses automatiquement que l'objet de la manifestation est légitime? Ne me réponds pas oui parce que je pourrais te citer des tas de manifestations aux thèmes pas très glorieux :-D Enfin bon, le gaz de schiste n'est pas vraiment le sujet, je relevais surtout ton propos parce que la condamnation systématique du "profit financier" est quand même une manière un peu paresseuse de raisonner. Le sujet de cette discussion est l'attitude des sociétés humaines face aux évolutions climatiques à venir. Comme le facteur de premier ordre des évolutions climatiques en question est les GES, et au sein des GES le CO2, comme le premier facteur d'émission du CO2 est l'énergie, la question principale est de savoir ce que les sociétés humaines peuvent faire de l'énergie dans les années et décennies à venir. Toutes les positions sont possibles, mais elles doivent se justifier si elles espèrent gagner en popularité ou simplement convaincre ceux qui les lisent. Si par exemple quelqu'un propose que les Français rejoignent le niveau énergétique des Burkinabés, eh bien il n'aura strictement aucune audience et donc aucune efficacité concrète dans la prévention du réchauffement. A la limite l'effet sera négatif, plus la position sera caricaturalement radicale, plus il sera aisé d'évacuer le RC comme étant décidément une lubie d'extrémistes ou d'idéalistes.
  18. Merci, j'ai déjà vu l'intégralité du documentaire Gasland. Mais voilà, c'est un film réalisé par un journaliste engagé. Donc cela m'intéresse par curiosité, mais je considère cela comme non-recevable pour le débat. Vous auriez une confiance aveugle dans un reportage sur les vertus du pétrole ou du nucléaire par un journaliste qui travaillerait au Financial Times ou au Figaro économique? Moi pas spécialement. Non pas que le journaliste (ou le militant) soit forcément un menteur ou un truqueur, mais c'est le travail des chercheurs de produire des informations fiables sur les questions de santé et d'environnement. Si vous cherchez des sources publiques ou académiques sur le gaz de schiste, c'est plutôt sur les sites de l'EPA (site fédéral ou site dans les Etats concernés) que vous les trouverez.
  19. Ben si, c'est la même chose (du point de vue des émissions dont je parlais), un atome de carbone et quatre d'hydrogène. Ai-je dit cela sur le nucléaire? Ou sur le gaz de schiste? Si l'on pouvait éviter les caricatures et épouvantails, merci d'avance. Oui, c'est sans doute pour cela qu'on importe les choses "sales" du tiers-monde. Faut pas se plaindre d'être désindustrialisé, on n'a pas le beurre et l'argent du beurre.
  20. Le GIEC avait publié un papier technique en 2002 sur le lien entre réchauffement et biodiversité. L'AR4 2007 a une section plus récente sur ce sujet. Je suis tout à fait disposé à comparer ces conclusions avec un éventuel papier de même nature consacré aux menaces que l'industrie nucléaire ferait peser sur la biodiversité. Tu as une référence?
  21. D'une part, les permis d'exploitation ayant été annulés, on ne peut pas dire que l'intérêt financier a primé! Ce serait le cas si le gouvernement avait autorisé les forages. D'autre part, est-ce un bon choix ? Le gaz n'est pas le pire des fossiles en terme d'émission carbone, et importer du gaz russe/norvégien/algérien (ce que nous faisons) ou produire notre propre gaz, cela ne change pas grand chose en termes d'émission. Cela change en revanche en termes économiques : on ne crée pas d'emplois locaux, on creuse le déficit de notre balance commerciale. A ce titre, il ne faut quand même pas tout mélanger et appeler "intérêt financier" n'importe quelle activité économique! Sauf si le principe même de l'entreprise privée te gêne, mais enfin je ne connais pas tellement de programmes politiques qui veulent nationaliser toute l'économie. Et puis même si l'énergie était intégralement nationalisée, il faudrait bien en produire d'une manière ou d'une autre, non? A côté de cela, il y a l'effet de la fracturation hydraulique sur l'environnement et la santé. Mais il me semble que cela doit être évalué, donc nous verrons le rapport parlementaire. Il est rare qu'une activité soit sans effet, et les gens qui parlent de "ré-industrialiser la France" (thème à la mode en ce moment avec 3 millions de chômeurs officiels) sont assez silencieux sur les moyens concrets d'y parvenir. A l'époque où la France était une puissance industrielle, il y avait des mines et carrières ouvertes partout...
  22. Non, mais le point de départ de toute cette discussion est de savoir si le nucléaire a un effet important sur "la nature" et peut être considéré comme "dangereux" pour elle. En l'état de ce que dit la littérature scientifique, je ne vois aucune comparaison possible entre les effets du nucléaire et du fossile sur les espèces non-humaines. Dans un cas, on a des perturbations génétiques très localisées en cas d'accident, avec des mutations qui ne sont pas toutes délétères et qui ne concernent qu'une minorité des représentants d'une espèce (une population locale), dans un autre cas on a un changement durable des régimes thermiques et hydrologiques de la planète, ainsi qu'un effet mal mesuré sur le pH océanique. Admets-tu que l'on ne boxe pas dans la même catégorie?
  23. Je suis d'accord avec ton message dans l'ensemble sauf que... il ne faut justement pas perdre de vue les ordres de grandeur. Les 7 milliards d'humains dont tu parles produisent environ 500 EJ/an. Le nucléaire n'en représente que 5%, et il ne produit que de l'électricité. Donc présenter le nucléaire comme "la solution" demanderait une croissance assez irréaliste du parc installé au cours des prochaines décennies, même dans l'hypothèse très optimiste où les gains d'efficience et économies d'énergie permettraient de rester à production constante. En revanche, on va vers une électrification croissante des services énergétiques, et c'est particulièrement vrai pour le transport et la chaleur si l'on veut vraiment se passer de fossile. Obtenir cela sans le nucléaire en l'état des technologies disponibles paraît hautement improbable. L'Inde a par exemple d'abondantes réserves de charbon et de thorium. Elle a aussi un plan de développement énergétique ambitieux pour ses 1,2 milliards de citoyens, dont le PIB par habitant est de 1264$ annuel, soit la 134e place mondiale (en France c'est 41018$/hab/an pour comparaison). Croire que le soleil et le vent seront choisis par les Indiens comme base de leur infrastructure nationale n'est pas réaliste, pas plus que cela ne l'était pour les Chinois dans les années 1990. Allons un peu plus loin. La consommation d'énergie par habitant et par an en Inde est de 23GJ (alors que l'optimum en indice de développement humain est 110 GJ mais passons). Admettons que les Indiens doublent en 30 ans, à démographie constante pour simplifier, cela fait 25 EJ de surconsommation environ. Pour compenser cela, il faudrait par exemple que sur la même période, l'Europe des 27 réduise environ de 30% sa propre production d'énergie (sur une base de 150GJ/hab/an et pour 500 millions de citoyens). Je ne connais pas de plan qui prévoit une telle division en trois décennies, et cet exemple concerne simplement un équilibre Europe-Inde, sans compter les 5,3 milliards d'autres humains, qui seront sans doute 7 milliards dans 30 ans. Bref, il faut en revenir aux ordres de grandeur parce que sinon on se paie de mots. D'une manière ou d'une autre, la prévention climatique passera par des arbitrages énergétiques délicats, tout ce qui existe comme mode de production a des défauts... et l'absence de production a aussi des défauts!
  24. Au contraire, tu as eu un paquet d'études de terrain sur le sujet, dans la zone d'exclusion de Tchernobyl, que ce soit des insectes, des rongeurs, des amphibiens, des oiseaux, etc. Par exemple cette review de 2008, mais il y a eu des centaines de papiers.
  25. Le nucléaire n'est pas le sujet - quoique si l'on veut réduire le CO2, il faudra bien trancher -, mais je te fais observer que tu n'as pas vraiment répondu à Barth61 : il parlait des effets sur l'environnement (la nature), tes propos concernent surtout le risque humain. Dans la zone contaminée de Tchernobyl, on observe des effets adverses sur certains animaux ou végétaux, des effets nuls sur d'autres. Mais dans l'ensemble, la "nature" au sens large est assez indifférente à nos soucis nucléaires : des hausses de rayonnement sur une petite surface autour d'un accident n'affecte pas les équilibres autres que locaux. A l'inverse, un phénomène comme le RC risque de changer durablement de nombreux biotopes, et donc d'avoir au final un effet global sur la biodiversité ou la biocomplexité. Dans l'un et l'autre cas, c'est dû à la nature de l'agent causal : un rayonnement (alpha, bêta, gamma) est de courte portée et ses effets tendent à s'amenuiser à mesure que la substance rayonnante se disperse (y compris au sein de la chaine trophique), alors que le CO2 se mélange dans l'atmosphère d'où il est impossible de le déloger et d'où il exerce ses propriétés radiatives globales pendant une longue durée. Idem pour le CO2 dissout dans l'eau dont on ignore encore quasiment tout des effets à long terme sur la faune marine (acidification). En revanche, c'est une autre paire de manche pour l'homme puisque les réacteurs installés de 2e et 3e générations posent d'évident problèmes en cas d'accident de criticité : au minimum, il fait vider des régions entières comme on l'a encore observé l'an dernier au Japon. Mais là-dessus, Barth61 disait clairement que le nuke est "dangereux".
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