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skept

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  1. Cela faisait partie des arguments dans le lien donné plus haut, raison pour laquelle je le mentionnais. Bah, je suis rural, et j'observe des oppositions aux éoliennes dans certaines petites vallées du Morvan. Mais les avis sont partagés, ce n'est pas bloc contre bloc ou le rejet d'une idée "venue de la ville". Certes mais pour le paysan du XIIIe siècle, un moulin devait être une chose nouvelle, étonnante et "moderne" à sa manière. C'est surtout la densité (un moulin pour 26 foyers) qui m'a frappé – cela ferait deux millions d'éoliennes (ou d'hydroliennes) à l'échelle de la France!
  2. Ah, il ne faut pas forcément être aussi tranché : d'abord, si l'intérêt financier du privé et l'intérêt général climatique coïncide, tant mieux ; ensuite la confiance dans l'Etat en ce domaine est quand même toute relative. Si l'Etat français consacrait tout le revenu des taxes pétrolières – jadis TIPP, aujourd'hui TICPE taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques – à développer des énergies renouvelables, on aurait déjà un sacré parc installé! Le problème est que l'allocation de ces ressources fiscales d'origine énergétique n'est pas forcément énergétique. Et que le nucléaire (fission ou fusion) a attiré une grosse part des investissements publics; au détriment des autres voies de R&D. Pour les énergies non-nucléaires ne présentant pas de risque particulier, je pense pas que le rôle de l'Etat soit d'être maître d'oeuvre : il doit plutôt fixer des normes générales de qualité et sécurité, éventuellement garantir un certain tarif de rachat au producteur. Ensuite, pour la réalisation des projets, que le meilleur gagne! Le problème n°1 des énergies renouvelables est leur compétitivité par rapport aux ressources fossiles, donc on doit stimuler plutôt qu'étouffer la recherche de rentabilité en faisant jouer la concurrence entre les producteurs. Enfin, c'est ainsi que je vois les choses. En revanche, au plan R&D plus en amont, l'Etat a un rôle à jouer en favorisant le passage rapide des découvertes académiques à des preuves de concept industrielles. Il faut que le "jus de crâne" de nos chercheurs et ingénieurs dans le domaine énergétique puisse déboucher sur des tests et débouchés rapides, et le capital-risque privé n'est sans doute pas suffisant pour cela. Surtout en cette période d'incertitude où tout le monde se replie sur les valeurs sûres de rente au lieu des valurs d'avenir plus risquées.
  3. C'est en effet dommage, la Corse a un bon potentiel solaire. Une centrale de nouvelle génération (thermodynamique) semble en tout cas en chantier (Alba Nova à Ghisonaccia), ce sera intéressant de suivre son rendement annuel quand elle sera opérationnelle.
  4. Je ne suis pas personnellement très sensible à ces questions d'esthétique paysagère. La durée de vie d'une éolienne n'est pas si longue, ce n'est pas comme si l'on bétonnait à tout jamais un coin. (Et puis j'ai lu avec surprise que dans les comtés les plus riches de l'Angleterre du XIIIe siècle, il y avait un moulin (à vent ou eau) pour 26 foyers. Peut-être qu'à l'époque ces constructions "modernes" n'étaient pas appréciées? /emoticons/biggrin@2x.png 2x" width="20" height="20">) En revanche, s'il y a dévalorisation des biens immobiliers, je comprends que les riverains l'aient mauvaise, personne n'est enchanté de voir son patrimoine diminuer du tiers. Disons qu'il faut être cohérent : ceux qui exigent de consulter les populations pour ou contre le nucléaire ne peuvent pas défendre l'idée d'un passage en force pro-éolien, dans ce cas aussi les populations affectées devraient être consultées. Ou alors on considère que c'est une question d'intérêt général ne devant pas être soumise aux aléas de l'opinion changeante... mais c'est alors vrai pour toutes les énergies!
  5. Enfin, la page en question suggère que le développement du nucléaire de 4e génération est intéressant ("multiplier les centrales dans le monde a un intérêt"). L'auteur cite l'usage de l'U238 (plutôt que la part fissile d'U235 en EPR), mais ce n'est pas le seul avantage. Les réacteurs de 4e génération peuvent aussi servir à incinérer une bonne part des déchets des 2e et 3e générations, ce qui n'est pas rien. Bien sûr, l'économie d'énergie est le choix le plus intéressant à tout point de vue (l'énergie la moins chère et la moins polluante sera toujours celle qu'on ne produit pas!). Mais c'est vrai pour les sociétés développées, donc cela représente une (petite) moitié du problème. Quand tu consommes 150-300 GJ/hab/an, tu as certainement des marges d'économie importante. Quand tu es à 20-50 GJ/hab/an (beaucoup de pays africains et asiatiques), ta priorité est différente. Une politique de "chasse au gaspi", comme celle organisée à la fin des années 1970 à l'occasion du choc pétrolier, aurait certainement des effets. Il y a des choses qui sont faites en France et ailleurs, mais assez éparses, disparates et opaques pour le citoyen, sans objectif clair (par exemple, on pourrait décider de diminuer de 10% la consommation en une décennie, présenté comme un enjeu collectif, une sorte de défi à relever, déclinable à l'échelle des villes, des quartiers ou des cantons).
  6. Le nucléaire n'est sans doute pas un "miracle", mais cela permet d'avoir une des électricités les moins carbonées en Europe. Et une électricité qui ne dépend pas du bon vouloir du vent ou du soleil. Quant aux déchets, on peut les traiter si l'on développe la 4e génération. Question de choix, mais il n'y a pas de raison que le peuple ne soit pas consulté pour ce choix. A quel parc d'énergie renouvelable fais-tu allusion? En général, les projets sont abandonnés pour des raisons précises et consultables par les citoyens. Les éoliennes ont des opposants (mais pas plus que ça, c'est une tradition française de dire "non") et le solaire, je ne vois pas trop. Sauf que cela coûte cher au kWh, les subventions solaires PV ont été abandonnées aussi en Allemagne, Espagne et bientôt Royaume-Uni. L'Etat et les collectivités étant souvent surendettées, ce n'est pas tellement la situation idéale pour soutenir le photovoltaïque - qui n'a pas des masses d'intérêt il faut bien le dire, cela produit peu sur beaucoup de surface, les panneaux sont importés de Chine pour la plupart, etc. Le solaire thermodynamique avec stockage sel fondu ou eau pressurisée est plus intéressant, mais les zones éligibles sont rares en France, il faut en moyenne 2000 W/m2/jour d'insolation directe (pas diffuse). En gros, la Corse et la Cote d'Azur sont à la limite.
  7. Je n'emploierai pas le mot "stratégie bienveillante" : les politiques suivent surtout le programme européen (chez nous), c'est-à-dire le paquet énergie-climat 20-20-20 adopté voici quelques années. Ils ne sont pas très bavards sur ces questions et c'est bien dommage. Mais enfin, l'Europe n'a pas trop à rougir vu que les USA et les Chinois ne s'engagent à rien de semblable. Nous sommes pour l'instant les dindons de la farce, avec des coûts sociaux, environnementaux et climatiques plus élevés qu'ailleurs, sans report aux frontières de ce désavantage. Ensuite, la "stabilité économique" est un objectif assez normal des mêmes politiques : qui peut croire un seul instant à la réussite d'une politique climatique qui provoquerait une instabilité économique? Mais je suis tout à fait disposé à débattre d'une politique énergétique plus ambitieuse que celle menée aujourd'hui. On a en Europe le traité de Kyoto, le paquet énergie-climat précité, pas mal d'expériences nationales (beaucoup d'hydro en Norvège, de géothermie en Islande, d'éolien au Danemark, de nucléaire en France, de solaire en Espagne, etc.) : tout cela permet de se faire de premières idées sur l'efficacité pour réduire les émissions de CO2, le coût du kWh et autres facteurs d'intérêt. De même, chacun peut calculer son bilan carbone personnel avec l'outil de l'ADEME, voir où il en est par rapport à la moyenne de la population / à l'objectif 2050, identifier les postes les plus producteurs de GES dans son mode de vie.
  8. Il faut noter que le travail d'origine (dont le graphe est issu, Doran 2009 dans Eos) concerne la société américaine. Sur cette dernière, et d'après l'analyse citée par Doran, on voit que l'opinion est quand même majoritairement (58%) acquise à la principale conclusion du GIEC sur le rôle de l'homme dans le RC.
  9. Non. C'est en revanche une raison suffisante pour examiner attentivement ce que nous décidons, en fonction de ce que dit précisément le GIEC. Je ne vois par exemple aucun "principe de précaution" à prendre des mesures radicales de limitation des énergies fossiles alors qu'elles représentent encore 80% des usages humains de l'énergie : au minimum, il faut reconnaître qu'il y a des risques économiques et sociaux dans nos choix énergétiques. Mais je ne vois aucun principe de précaution non plus à ignorer ce que disent les chercheurs du climat (ou à ignorer la limite des ressources au regard des attentes de développement). On peut espérer des médias – puisque c'est d'eux que nous parlons – qu'ils tiennent un discours un peu plus adulte et approfondi sur ces questions, non? Ce n'est pas exactement le cas. S'ils jouaient un rôle démocratique plus efficace, ils pousseraient par exemple les candidats à la prochaine élection dans le retranchement de leurs programmes pour l'avenir, au lieu des guéguerres de petits mots ridicules qui occupent l'essentiel du temps d'antenne. Moi j'aimerais bien savoir ce que nos candidats prévoient pour respecter le 20-20-20 du paquet énergie-climat de 2020, et de manière générale pour soutenir une croissance (?) durable au lieu de l'actuel système débile où l'on s'endette pour acheter des produits chinois...
  10. Sur ce point, qui est plus un "fait de société" qu'une question scientifique, les situations sont variables selon les pays. Aux Etats-Unis, des médias puissants (et conservateurs) donnent la parole aux chercheurs "sceptiques". En France, Allègre a eu une couverture de son livre inversement proportionnelle à la liste de ses publications climatiques (enfin pas tout à fait, 1/0 cela tend vers l'infini je crois...). Si les médias devaient couvrir le sujet en respectant strictement la proportion des publications scientifiques, il y aurait très peu de temps de parole aux "sceptiques" car il y a dans l'ensemble peu de publication. Et puis bon, le mot "sceptique" ne désigne plus grand chose de clair, rien à voir par exemple entre ceux qui nient le mécanisme de l'effet de serre (genre Gerlich & Tscheuschner) et ceux qui soulignent l'importance des facteurs anthropiques autres que le CO2 sans pour autant nier l'effet de ce dernier (genre Pielke). Mais la question de fond, c'est que si 90% des chercheurs pensent que les modèles climatiques sont grosso modo dans les clous, il n'y a pas de raison d'accorder une importance démesurée aux 10% qui ne le pensent pas. Il est certes intéressant de signaler leur existence et présenter leurs arguments, mais donner l'impression que c'est du 50/50 serait trompeur du point de vue de l'information scientifique. Ensuite, tu as raison sur le constat que beaucoup de médias cherchent une couverture assez simpliste et sensationnaliste des événements. Mais ce n'est pas propre au climat et ce n'est pas la faute des chercheurs si l'on donne ainsi une prime à l'irrationnel.
  11. Je crois que c'était une présentation au colloque de l'AGU de début décembre, donc pas encore de publication. La même équipe avait publié en 2010, dans Science. Voir ici la couverture de leur conférence AGU par A. Revkin (NY Times), avec des précisions des auteurs.
  12. Faut pas s'énerver, et faut surtout essayer d'être précis. On peut penser que les modèles actuels simulent mal les oscillations – c'est par exemple ce que conclut Latif 2011, dont l'équipe du GEOMAR s'est faite un peu une spécialité de ces oscillations "ratées" par les AOGCM –, mais cela ne change pas grand chose aux forçages par ailleurs. Une oscillation ne crée pas de chaleur en soi, elle la redistribue de façon différente selon ses périodes. Le signal de ces oscillations (sur différents bassins) et le signal des forçages (naturels ou anthropiques) se superposent donc. Dans tous les cas, ce n'est pas une question de "croyance individuelle" (dans l'oscillation naturelle ou le gaz carbonique), mais de travail scientifique : un modèle statistique pour analyser les données d'observation, un modèle physique pour essayer de les reproduire correctement (c'est-à-dire à partir des bonnes causes). Quant aux effets du RCA sur la société, ils restent conditionnels, y compris dans l'expression du GIEC. C'est-à-dire qu'au-delà des traits robustes (comme l'amplification polaire) ou évidents (comme le fait que toutes choses égales par ailleurs, les Tmax seront plus élevées en climat réchauffé), le GIEC reste prudent dans ses affirmations. Le tout récent rapport sur les événement extrêmes, dont seul le résumé est disponible pour le moment (SREX SPM 2011), le montre bien à mon sens, le contenu des propositions est moins catastrophiste que certains compte-rendus. En même temps, il y a des éventualités négatives (sécheresses, canicules, etc.) donc c'est assez normal qu'elles soient exposées puisque le travail de GIEC est de circonscrire ce genre de risques. On peut surtout regretter que ce ne soit pas encore assez précis sur le temps de réaction du climat, sur l'amplitude/intensité de ces changements et donc sur leur chiffrage socio-économique en dernier ressort (puisque la décision politique porte essentiellement là-dessus). Cette imprécision laisse encore ouvert un spectre d'hypothèses qui n'ont pas du tout les mêmes conséquences (un réchauffement lent qui serait gérable, un réchauffement rapide qui s'ajouterait à tous les autres problèmes).
  13. D'abord, bonne année à tous les forumeurs ! Pas tant que cela quand on lit vraiment les rapports GIEC (plutôt que ses commentaires par des tiers ou des déclarations de certains chercheurs ne représentant pas forcément toute la communauté de la recherche). Dans l'ensemble, le GIEC est prudent dans son expression et il ne prévoit pas d'apocalypse ou choses de ce genre. D'aucuns lui ont même reproché d'être "timoré" sur certains points comme la hausse du niveau des mers. Le GIEC emploie aussi des termes précis pour le degré de confiance des chercheurs dans les conclusions provisoire, et il faut être attentif à cela. Beaucoup de résultats en "medium confidence" signifient une chance sur deux, ou en likely à partir de 66% de probabilité, donc moyennement robuste. Voir ici le sens des expressions dans les conclusions du GIEC.
  14. Bon Noël à tous Christian, Meteor : oui, en fait l'analyse de FR2011 a probablement comme première intention de contrer l'argument "sceptique" de base selon lequel 1998 resterait l'année la plus chaude, plus ou moins ex aequo avec 2005 et 2010 à des pétouilles non significatives près, et donc que "le réchauffement s'est arrêté". En ce sens-là, le simple fait de débruiter ENSO (qui avait connu un Nino à plusieurs sigma de déviation en 1998) rétablit une pente plus conforme aux réalités du signal de fond. Pour ceux qui avait déjà dépassé cet argumentaire "sceptique", c'est-à-dire sans doute tous ceux qui suivent d'un peu près ces travaux et n'en restent pas aux arguments "tape à l'oeil", FR2011 n'apporte finalement pas grand chose de nouveau (avant même que cet article soit publié, Meteor avait par exemple publié un calcul très proche et à mon avis dans les mêmes ordres de grandeur de précision que FR, vu la difficulté de distinguer plus avant des ∆SST forcés et non forcés dans le travail sur les signaux). Il me semble que si le débruitage avait concerné les différents modes de variabilité au-delà d'ENSO et les aérosols anthropiques troposphériques, on aurait une tendance plus claire à l'accélération d'un signal de fond venant très probablement des GES. Ce qui est conforme à ce que l'on attend des modèles physiques (pas statistiques) puisque le forçage de fond est plus fort dans la décennie 2000 que dans la décennie 1980, et que les rétroactions négatives à ce forçage sont pour le moment improbables en modélisation et introuvables en observation. Maintenant, pour que les modèles progressent dans le détail de la détection-attribution et dans la prévision à plus court terme (décennale) et à échelle spatiale régionale, je considère clairement qu'un gros morceau sera de mieux reproduire les mécanismes de circulation et téléconnexion océan-atmosphère, notamment les fameux patterns de variabilité ou oscillations que l'on trouve sur les différents bassins océaniques. Tâche probablement très ardue, mais à mon avis absolument nécessaire si l'on veut comprendre comment cette circulation A-O va réagir aux futurs forçages, et donc comment les climats régionaux vont être modifiés en température et précipitation. C'est probablement un des grands champs de progrès de la modélisation dans les années à venir, pas le seul bien sûr.
  15. Dans ce cas, leur conclusion n'a pas pour moi de sens telle qu'elle est formulée. Tu ne peux pas parler "d'isoler le signal du réchauffement global" (FR) si tu reconnais que le bruit soustrait en fait partie (ce que tu dis). De plus, tu parles d'oscillations au pluriel mais une seule est soustraite en l'occurrence.Pour le second point, Tu as raison, mais FR 2011 concluent eux-mêmes : Et en effet, non seulement c'est la cause la plus probable du signal résiduel, mais cette cause ne peut pas être "naturelle" si l'on retranche l'ENSO comme ils l'ont fait : dans le cas, cela n'aurait définitivement pas de sens de retirer une variation supposée naturelle pour identifier un signal supposé naturel.
  16. Oulala, le sujet semble chargé d'un passé, sinon d'un passif /emoticons/biggrin@2x.png 2x" width="20" height="20"> Je précise à toutes fins utiles que mes questions de la page précédente sur FR2011 n'ont rien à voir avec un CO2 sans influence et un soleil qui expliquerait tout! C'est simplement que je ne comprends pas tous les choix des auteurs, ni en conséquence la précision qu'ils espèrent atteindre par ces choix. Julien 764 : ton argument 3 sur les aérosols est exact (du moins les aérosols anthropiques puisque les volcaniques sont pris en compte), mais si FR2011 veulent isoler un signal de fond anthropique, cela ne me dérange pas tellement qu'ils laissent ce point de côté (le signale est simplement GES+aérosols+usages des sols). Les trois autres arguments reviennent à peu près à ceux que j'avais formulés, il me semble. Mais j'ai le même problème avec AMO et PDO qu'ENSO, celui de leur indépendance du signal de fond (alors que la physique suggère que ces oscillations sont forcées par les GES comme tout le reste). Il faut aussi préciser que des corrections de bruit plus approfondies pourraient très bien amener à conclure que le signal de fond est plus important que ne le trouvent FR2011. Tant que ce n'est pas fait, on ne sait pas et je ne vois pas trop de raison d'avoir des préjugés sur le résultat. On peut considérer FR2011 comme une première approximation.
  17. Ah alors je vais peut-être passer en première ! /emoticons/biggrin@2x.png 2x" width="20" height="20"> Concernant le travail de Foster et Rahmstorf 2011 (Foster = Tamino pour les non-initiés, qui tient un blog parlant beaucoup du climat), tu n’avais pas bien compris mes objections chez Meteor, et je vais les reformuler ici. Je pense que ce n’est pas HS car c’est typiquement du traitement statistique de données. Pour résumer, FR2011 cherchent à détecter un signal de fond sur les températures 1979-2011. Pour cela, ils choisissent d'extraire trois "bruits" des données, afin d'obtenir une tendance ajustée. Les bruits en question sont l'ENSO (variations Nino / Nina mesurée par l'indice MEI), le forçage solaire (mesuré par la TSI) et le forçage volcanique (estimé par l'AOD, épaisseur optique des aérosols). Une fois soustrait ces trois variations, ils obtiennent un signal de réchauffement quasi-linéaire sur 1979-2010, de l'ordre de 0,14-0,18 K/dec. Sans faire d'attribution (leur travail n'est pas physique, mais statistique), ils suggèrent que ce signal de fond vient très probablement du forçage anthropique. Donc, mes interrogations sur ce travail sont les suivantes : 1) Le signal ENSO-MEI comporte des variations de température à la surface de l'océan. Or, ces variations ne sont elles-mêmes pas indépendantes du forçage anthropique attribué au signal de fond plutôt qu'au bruit. Je ne saisis pas la cohérence dans la distinction signal-bruit sur l'ENSO, il me semble que le présupposé est que les causes des amplitudes ENSO sont indépendantes des causes du signal de fond, ce qui me paraît physiquement bizarre (cela voudrait dire que le RCA n'a changé, ne change ni ne changera strictement rien à l'ENSO, mais on se demande pourquoi puisqu'il est admis que le RCA change d manière générale les paramètres de température et circulation océaniques). 2) Sur 32 ans de données étudiées, l'ENSO n'est pas la seule des oscillations susceptibles d'ajouter du bruit à un signal de fond. Si l'on veut vraiment isoler ce signal, pourquoi ne pas élargir la démarche en soustrayant également le bruit des autres oscillations connues, par exemple la PDO et l'AMO? On a l'impression que le travail de débruitage est fait "à moitié", mais sans raison particulière, c'est-à-dire sans considération physique pour démontrer que certaines oscillations sont du bruit de variabilité naturelle et d'autres non. 3) Dans le cas du soleil, le choix de la TSI déduite de Fröhlich 2006 comme marqueur n'est pas plus clair à mes yeux. D'abord, le signal TSI est l'objet de révision récente par Lean et d'autres, donc un travail est un peu ancien ne donne pas forcément les bonnes données. Ensuite et surtout, on ne comprend toujours pas très bien l'origine et le temps d'équilibre des influences solaires sur le climat (c'est encore en "low level of understanding" dans le rapport GIEC). A titre d'exemple, les variations spectrales UV ne sont pas corrélées aux variations totales d'irradiance TSI, et elles semblent pourtant influer le climat par des couplages stratosphère-troposphère assez complexes à travers l'ozone. Donc choisir le bon signal solaire pour débruiter n'est sans doute pas aussi évident que prendre la TSI. 4) Une période courte comme 1979-2010 ne nous indique pas l'état d'équilibre du climat au début de la période étudiée. C'est-à-dire que le climat a probablement un temps de réponse variable à divers forçages, donc quand l'analyse de FR2011 commence en 1979, le climat n'est pas à l'équilibre et il continue à cette époque de répondre à des forçages antérieurs (datant de X mois, années, décennies selon le forçage et le temps de réponse en question). Je ne vois pas comment les auteurs incluent cela dans leur estimation.
  18. Christian : Ok merci des précisions (avec moi il faut discuter sur le niveau "lycéen de seconde" dont tu parlais, parce que j'ai absolument aucune pratique de ces traitements de données ) Quand tu dis que le réchauffement est "significatif" depuis telle ou telle date (1994, 1997, etc.), j'ai du mal à comprendre ce qui est exprimé. Ce que je vois assez naïvement, c'est un réchauffement significatif depuis le début des données et dans les années plus récentes, un intervalle de confiance qui mord dans le négatif et qui tendrait à diminuer la significativité du réchauffement observé. Donc je ne dois pas comprendre la démarche, parce que j'aurais commenté tes graphiques en disant que le réchauffement est significatif jusqu'en (1994, 1997, etc.) et non pas depuis. Il ya visiblement un point qui m'échappe dans le sens du traitement statistique.
  19. Enfin bon, pour ce qui est des émissions de CO2, les très "orientales" Chine, Japon, Corée du Sud, Taiwan ou Singapour ne semblent pas tellement disposer de la sagesse nécessaire pour prendre conscience que le charbon, le fossile et le gaz remettent en cause des équilibres climatiques et environnementaux! Evidemment, on peut dire que c'est le cas parce que ces sociétés se sont "occidentalisées". Mais à mon avis, le bon terme est qu'elles se sont "modernisées", c'est-à-dire qu'elles ont acquis et employé des technologies plus efficaces que les technologies traditionnelles dans l'agriculture, l'industrie, le transport et autres domaines. On peut se moderniser techniquement tout en conservant une culture différente (laïque, chrétienne, musulmane, taoïste, bouddhiste, animiste, etc.), mais dans l'état des techniques, on peut difficilement le faire en conservant son même niveau d'émission carbone.
  20. Oui exactement, c'est dans ce sens là que je verrai les choses : le scepticisme a d'autant plus prospéré outre-Atlantique qu'il a trouvé un terrain favorable à son message ("les variations climatiques sont naturelles, tout va bien, continuons comme si de rien n'était"), mais il n'a pas lui-même créé le terrain favorable, qui était déjà puissant. Il faut aussi ajouter un fait basique non mentionné dans ma liste, c'est que les Américains restent des gros producteurs de charbon, pétrole et gaz. Cela représente des emplois, des ressources énergétiques bien sûr et un moindre creusement de la balance commerciale déjà structurellement déficitaire. Nous Européens sommes d'autant plus à l'aise sur ces questions qu'à part la Mer du Nord, qui a commencé son déclin et qui représente peu sur le marché mondial, nous n'avons presque rien en ressources fossiles. Si cela représentait dans l'Union une vraie industrie avec le boulot de millions de personnes en dépendant directement ou indirectement, il n'est pas certain qu'il y aurait un consensus aussi large pour se passer rapidement du même fossile. On voit que plus une nation dispose de réserves (USA, Chine, Inde, Arabie saoudite...), plus elle est susceptible de faire du blocage, ou d'avoir de temps à autre des gouvernements conservateurs très hostiles aux traités antiRCA.
  21. (On se tutoie? C'est plus simple) J'ai envie de te répondre oui et non. Oui car le fait est que les sceptiques militants ont plus d'influence sur les médias et les élus américains, donc que dans l'ensemble la question climatique est prise moins au sérieux que dans d'autres pays, notamment en Europe ou en Afrique. Non car on peut observer que la position de blocage ou d'inertie (ce qui revient au même) des Américains est assez indépendante de la couleur politique et de la conviction climatique du Président et du Congrès. Dans l'ensemble, une majorité d'élus aux chambres ne remet pas en cause le RCA, ce qui est limité à une aile assez extrême des Républicains et à quelques personnalités atypiques, généralement élues de régions produisant du gaz, du charbon ou du pétrole. A l'époque de Kyoto déjà, alors que Clinton président et Gore vice-président soutenaient le traité, le Sénat américain a voté à l'unanimité (95-0) la résolution Byrd-Hagel considérant comme nul et non avenu le traité de Kyoto. Si le rapport de force avait été 50-45, on pourrait dire que le scepticisme militant a fait pencher la balance. Mais là, il est évident que le choix américain était massivement et pour tout dire totalement hostile. De la même manière, Obama avait les mains assez libres pendant les deux premières années de son mandat (majorité démocrate, plus sensible au climat et à l'environnement), mais il n'a pris aucune décision mettant en cause le pétrole (Alaska, Golfe du Mexique), le gaz de schiste ou le charbon. Et il n'a rien fait à Copenhague, mais il faut dire que le blocage des négociations ne venait pas des Américains sur ce coup-là. Quant à Durban, l'approche de l'élection présidentielle américaine et l'état atone de leur économie interdisaient à l'avance toute position forte. Je dirais donc que la "variable sceptique" existe certainement dans l'inertie américaine depuis 20 ans, mais qu'elle est une variable d'assez faible poids par rapport à d'autres qui produisent cette position. Et dont on peut énumérer certaines : poids direct des lobbies fossiles dans le financement privé des campagnes électorales (indépendant du "scepticisme" parfois financé par ces mêmes lobbies, ils pèsent déjà par les sommes énormes qu'ils engagent), hyperdépendance de l'économie américaine au fossile (sur consommatrice et surcarbonée), répugnance foncière de la culture américaine à légiférer et normer le marché, nationalisme assez répandu (parfois jusqu'à l'isolationnisme et l'unilatéralisme) se traduisant par une méfiance de principe à l'égard des engagements internationaux contraignants, hyper-optimisme technologique conduisant à penser que l'on trouvera toujours une solution... Quant à assumer ses responsabilités historique en général, ce n'est pas forcément le fort des Américains non plus: il leur faut beaucoup de temps, comme on l'a vu avec l'esclavage ou le massacre des populations amérindiennes. Ils aiment légitimement mettre en avant leurs hauts faits (défense du monde libre contre le nazisme et le communisme), mais ils ne sont pas si pressés pour les méfaits et basses oeuvres, par exemple leurs guerres et déstabilisations politiques à répétition pour raison pétrolière... Tout cela fait un ensemble de raisons convergentes poussant la majorité des élus à considérer que l'American Way of Life n'est pas sacrifiable sur l'autel de traités imaginés par les Nations-Unies. A mon avis, ce qui fera le plus évoluer les Américains à court terme, c'est la manière dont leur économie souffre de la forte hausse et volatilité du pétrole depuis 2005. Un nombre croissant de voix suggèrent que l'American Way of Life n'est justement plus possible dans ses conditions actuelles de dépendance pétrolière (fossile en général), et qu'il faut trouver autre chose. S'ajoute aussi le fait que des événements extrêmes (Katrina à la Nouvelle-Orléans, sécheresse texane et peur du retour du Dust Bowl) font peu à peu prendre conscience à la population et aux élus que le climat n'est pas forcément un problème lointain.
  22. Non bien sûr, je ne veux pas critiquer les bonnes volontés et je peux même dire que l'on peut vivre très bien sans émettre des grosses quantités de CO2! Mon propos n'est pas de dire qu'il n'y a rien à faire dans sa vie personnelle, chacun peut agir selon ses convictions, ses possibilités, son sentiment d'urgence ou son désir d'être autonome par rapport au fossile. En revanche dans nos discours publics, on ne doit pas sous-estimer l'ampleur de la transition énergétique, faute de quoi c'est une incitation à ne pas prendre d'engagement à hauteur du défi. Et là, je dirai que nos politiques ont une part de responsabilité. Ils prennent bien sûr des mesures, comme celles annoncées par NKM sur l'efficacité énergétique, mais cela manque de mise en perspective, d'élan et de vision. Même si je ne suis pas toujours d'accord avec lui, un auteur comme Jancovici donne une vision claire et ample des enjeux de l'énergie, ainsi que de ce que cela signifie dans la vie quotidienne. Quand on a fini ses livres, on a vraiment le sentiment d'avoir compris des choses et on ne regarde plus l'énergie comme avant. Ce genre de déclic n'est pas assez communiqué à la population par les décideurs ou les relais d'opinion, les mesures sont trop opaques et discrètes, leur importance n'est pas perçue. Les gens se disent simplement qu'il y aura toujours de l'énergie comme il y en a toujours eu, que tout cela n'est pas si important et qu'il faudrait juste que les factures baissent.
  23. Merci pour ces informations détaillées... donc je ne saisis pas toutes les subtilités statistiques! En fait, je ne me souviens plus d'une donnée de base : l'anomalie (la courbe en noir gras °C/dec), c'est la tendance linéaire sans aucune correction de variabilité naturelle (pas comme par exemple ce qu'a fait Tamino dans le récent Foster et Rahmstorf 2011, en soustrayant du solaire, du volcan et de l'ENSO)?
  24. Pour comprendre la portée de l'enjeu, parce que je crois que c'est vraiment important, je me permets d'insérer ci-dessous une image qui vient de la toute dernière estimation en date des émissions carbone 1990-2010, celle de Peters et al 2011 paru dans Nature Climate Change la semaine dernière. Donc on voit que les pays développés (OCDE, nous) en bleu ont dans l'ensemble stagné autour de 4 PgC/an au cours des vingt dernières années, avec une petite augmentation si on prend en compte les importations (pointillé). En revanche, les pays en développement (vert) ont plus que doublé sur la même période, en passant de 2 PgC/an à 5 PgC/an, désormais au-dessus des pays développés. Et ce n'est que le début : on observe que la croissance d'émission (en fait de consommation énergétique, et subsidiairement de déforestation) des pays émergents est exponentielle, les 1,2 milliards d'Indiens commencent par exemple seulement à faire aujourd'hui ce que les Chinois ont fait à partir de 1990. A part un krach économique mondial, il faut donc s'attendre à ce que la courbe verte se prolonge sur sa pente (et même en cas de krach, chacun se repliera sur ses ressources fossiles nationales s'il en a, donc cela a des chances d'augmenter quand même ou de se maintenir à un étiage assez élevé). On voit donc que si nous (pays développés) arrivons à diviser par deux nos émissions, cela fera un gain de 2 PgC/an environ. Mais un tel gain est simplement annulé en l'espace de 10 ans par la croissance des pays plus pauvres, qui représentent environ 5,5 milliards d'habitants aujourd'hui, et 7,5 milliards vers 2030-2050. Et ce qui est important pour le climat, c'est la quantité totale émise dans l'atmosphère, tant que cela dure cela augmente le forçage. Donc l'enjeu il est là, il ne faut pas aborder le lien climat-énergie avec des idées anciennes des années 1990, selon lesquelles il suffirait que les riches fassent un petit effort. Il faut en réalité un très gros effort de tout le monde. Et on comprend bien que les gens "en vert" ne sont pas pressés de signer des accords à Durban : ils ont un PIB et une consommation énergétique par habitant très en dessous des riches, ils ont encore énormément de problème de grande pauvreté, de nutrition, etc., ils ont des masses de gens sans eau courante ni électricité, ils n'ont pas les marges de manoeuvre que nous avons en Europe car ils ont des besoins sociaux de base non remplis. Il n'empêche bien sûr que pour nous sociétés aisées, c'est à la fois notre responsabilité historique et notre obligation énergétique de montrer la voie pour sortir de la dépendance fossile, qui a des effets néfastes sur le climat, mais aussi probablement sur l'océan (acidification), sur la géopolitique (guerres des ressources devant rares), sur la sécurité à long terme (possibilité de déplétion plus rapide que prévue du pétrole), sur la possibilité même d'un développement pour tous (le gâteau n'est pas extensible à l'infini).
  25. Ah oui pardon, ENR dans mon jargon c'est énergie nouvelle renouvelable, c'est-à-dire solaire et éolien, éventuellement biocarburant, par rapport aux énergie renouvelables classiques que sont la géothermie, l'hydro, le marémoteur, etc. Mais c'est vrai qu'il vaut mieux parler d'ER comme un tout, même si le potentiel de progression n'est pas le même pour les anciennes et les nouvelles (l'hydro est déjà bien saturé dans bcp de pays par exemple). Pour l'estimation des coûts, c'est très variable selon l'emplacement des ER, il faut voir le dernier rapport GIEC sur l'énergie dit "SRREN 2011". En page 14 du résumé pour décideur, tu as les fourchettes. Le plus intéressant en production d'électricité est l'hydro, la géothermie, l'éolien et la biomasse dans certaines conditions, mais le solaire PV reste très cher (le solaire thermique pour l'eau chaude est en revanche très bien, même à insolation moyenne comme en France). Le nucléaire c'est à part, on sait qu'il y a beaucoup de débat pour savoir s'il faut l'accepter ou non en général, pour la prévention du RC en particulier. Il faut cependant voir qu'à l'échelle mondiale, il ne représente que 5% du mix dans la production d'énergie primaire. Mais comme la plupart des stratégies énergétiques pour le climat visent à électrifier au maximum les usages finaux, il sera fort difficile de satisfaire les besoins sans le nuke. Si demain on doit avoir une flotte de 2 ou 5 millions de véhicules électriques, ce n'est pas avec le solaire PV qu'on rechargera leurs batteries la nuit... Tout à fait, c'est la raison pour laquelle je tends à critiquer les discours s'imaginant que quelques gestes de bonne volonté vont suffire : les ordres de grandeur n'y sont absolument pas, ce n'est pas avec "quelques gestes" qu'on va passer de 80% fossile à 20% fossile dans le mix énergétique à l'échelle de l'humanité. Et même en France, c'est difficile d'être à moins d'une tonne CO2/an, il faut un mode de vie particulier non généralisable à la population à court terme. (Et encore, on est à 85% hydro+nucléaire pour l'életcricité, c'est bcp plus facile pour nous de limiter le tonnage CO2 de nos activités que pour nos voisins allemands ou d'autres qui sont à 80% de thermique pour leur électricité).
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