Simon 65

La neige s'est même abaissée jusqu'au fond de vallée, c'est saupoudré chez moi à 800m d'altitude. Plus conséquent vers l'Ariège effectivement, dans le 65, ça reste somme toute un épisode très modeste, sur sols nus, ces quelques cm de fraîche ne vont pas faire long feu avec le rayonnement de la mi-mars . A l'image de l'hiver précédent, l'enneigement est assez contrasté, il est plutôt bon en haute montagne du côté de la crête frontière espagnole, alors qu'il est largement déficitaire du côté des premiers massifs français et sous 2000m d'altitude partout. Il faut d'ailleurs monter vers 1700m d'altitude en nord pour trouver un début de sous-couche et cela semble malheureusement s'inscrire dans une tendance . La nivôse de l'Ardiden n'a pour le moment plus dépasser les 2 m depuis l'hiver 2021-2022 , quand à la barre des 3m, il faut désormais remonter à l'hiver 2017-18 .

Oui, bel épisode neigeux cette nuit jusqu'à très basse altitude , c'était bien blanc chez moi ce matin. Neige extrêmement légère et aérée, on devait être sur un ratio mm de précipitations/ cm de neige très favorable ( s'attendre à un fort tassement les jours prochains avec le redoux) . Même si on reste sur des hauteurs de neige totale somme tout modeste pour la période notamment en haute altitude, l'enneigement est désormais tout à fait correct et permet d'envisager les vacances de Février avec plus de sérénité que l'année précédente pour les stations de ski. Les dernières chutes ayant été assez peu ventées, depuis une dizaine de jours, les paysages sont magnifiques et hivernaux. Pour illustrer, une vue de la Haute vallée d'Ossau mardi dernier prise depuis le sommet de la Petite Arcizette ( 2293M).

D'ailleurs, la septième place de Font Romeu dans ce classement avec ses 90 cm en bas des pistes probablement mesuré sous un canon à neige puisque l'enneigement naturel dans cette station y est actuellement extrêmement faible est une belle "escroquerie " aussi.

La nuit précédente, 20mm de pluie tombé sur le bas de Luz Ardiden mais hélas avec une LPN située au-delà du sommet du domaine comme prévu, il a du pleuvoir au moins jusqu'à 2400/2500m . Ce n'est qu'en début de matinée que la LPN s'est abaissée vers 1800/2000m sous des RR faiblissantes, laissant place à un régime d'averses et quelques trouées éphémères. A la débauche, on ne relevait que quelques cm sur le haut du domaine inégalement répartis par un vent de NO assez fort et constant , en bas, juste quelques traces, à 17h, le manteau était encore très humide sous 1800/1900. A voir ce que vont donner les averses de ce soir et de début de nuit, le BRA 65 est assez optimiste en prévoyant 20 à 30 cm de neige à 1800, perso j'ai du mal à y croire, chez moi les précipitations se sont arrêtés depuis 19h ( Après un passage bref mais assez intense entre 18 et 19h) et le radar est déjà quasi vide sur 64 et 65. A voir, mais si on relève 10cm demain matin à cette altitude, ça sera déjà beau! Retour dès demain de conditions anticycloniques assez froides dans un premier temps ( risque de fortes chutes de neige les nuits prochaines... sous les canons) , en altitude, les 2 prochains jours, le vent de NNE fort ( rafales à 100km/H à 3000) devrait procurer un ressenti glacial.

Episode Modeste certes, mais qui a eu le mérite de redonner un bref et bel aspect hivernal à la montagne qui en avait bien besoin. Cela redonne aussi l'occasion de parcourir les versants Nord qui étaient infréquentables depuis l'épisode pluvio/verglaçant du 24 décembre dernier ( à condition de rester sur des pentes peu raides, le fond dur, voir vitrifié à haute altitude étant tout proche). Rando à ski donc au-dessus de Luz, direction les cols de Marraut et Pierrefitte. Il faut monter à 1600 pour trouver un semblant de sous-couche ( et même 1800 pour trouver une épaisseur convenable) dure recouverte d'une petite épaisseur de neige très légère qui augmente un petit peu à partir de 2300m environ . Les crêtes et cols restent en glace. Le col de Marraut dévoile un beau panorama en direction du Mont Perdu ( photo ci-dessous) dont les crêtes "fumaient" un peu ce jour ( vent sensible en altitude). Sur sa gauche, le soum de Ramond brillait pas mal au soleil, l'épisode du 24 décembre dernier a dû vitrifié la neige pratiquement jusqu'au toit des Pyrénées. A noter que les vents de Sud tempétueux de la nuit de dimanche à Lundi ( 120 km/H aux lacs d'Ardiden tout de même) ont fait quelques dégâts dans la station où je travaille notamment sur le nouveau tapis "Turon" qui est indisponible pour quelques temps. La suite ne vend pas du rêve, on part à priori sur quelques jours humides, venteux et surtout trop doux avec quelques précipitations sous forme de pluie jusqu'à haute altitude généralement suivi de conditions très anticycloniques qui nous amèneraient pratiquement en dernière décade de Janvier avec un enneigement qui au mieux ne progresserait pas.

Au moins le beau temps des vacances allié à un enneigement suffisant a permis à la plupart des stations pyrénéennes de tourner à plein régime. Mais la recharge commence désormais à se faire attendre, on s'approche lentement mais surement des deux années précédentes, pour la troisième année consécutive, les Pyrénées sont loin de crouler sous la neige pour un début Janvier. Encore que le piémont français n'est pas trop mal loti, en vallée des gaves, plus on s'approche de l'Espagne , moins il y a de neige ( sauf au-dessus de 2700-2800 grâce aux flux de Sud d'octobre/novembre) . Quand au versant espagnol, il suffit de jeter un coup d'œil aux webcam pour voir qu'il n'y a pratiquement pas d'enneigement continu jusqu'à haute altitude ( notamment côté Mont Perdu)

A noter que ce redoux s'est accompagné de "pluies verglaçantes " en altitude, ce matin, les remontées hautes de Luz Ardiden étaient recouvertes d'une couche de plusieurs cm de glace qui a perturbé leur fonctionnement. Selon le BRA 65, ces pluies verglaçantes ont vitrifié la neige jusqu'à 2400m au moins . Il va falloir d'ailleurs être prudent ces prochains jours en montagne et éviter pour ceux qui pratiquent la rando les expos ombragés ( très nombreuses à cette époque, viser plein Sud raide pour trouver de la neige type printanière) . En Janvier 2012 et 2022, ce phénomène de neige "vitrifiée" avait été à l'origine de nombreuses glissades dont plusieurs s'étaient malheureusement terminées tragiquement.

Plus qu'à basse altitude où on était généralement au vert les 2 années précédentes, c'est la haute montagne qui commence à accuser un déficit marqué . Là où je travaille, le secteur le plus élevé ( Cloze) n'est pour le moment pas ouvrable , les vents violents l'ayant complétement décapés. Même le secteur de Caperette constitué de combes plus abritées et d'un terrain moins rocheux est ouvert mais de façon dégradé. Finalement, les 55 cm de neige relevé par la nivôse de l'Ardiden sont assez représentatif de l'enneigement actuel à 2500m dans le 65 . Plus bas, ça reste plus correct pour la période même si la grande douceur des derniers jours et surtout le vent du Sud et les pluies de hier matin ont bien fait remonter les limites d'enneigement y compris en nord avec un net tassement du manteau neigeux ( Cela au moins aura permis la constitution d'une sous-couche portante) . En attendant l'épisode de lundi ( qui s'annonce fortement venté de nouveau) , dans mon secteur en tout cas, on est loin d'avoir la marge de décembre 2021 et il faudra compter sur cet épisode pour envisager les vacances de noël de façon plus sereine car actuellement, l'enneigement trop faible ne nous permet pas d'ouvrir la totalité du domaine.

Ce matin, je me suis rendu au col d'Ayré depuis Barèges , vallée qui cumule bien par ce type de flux. C'est une rando à ski très classique par mauvais temps, le couvert forestier donnant toujours une bonne visibilité. Au village, il y a déjà une belle épaisseur ( j'ai pas mesuré mais les 50 y sont sans problème), vers 1500, les 80 doivent y être, ensuite , vu qu'on partait de zéro ou presque avant l'épisode , l'enneigement ne s'épaissit guère en s'élevant. A partir de 2000m , on sort un peu de la forêt et c'est plus exposé au vent, l'enneigement se fait plus hétérogène , alternant accus et zones peu voir dégarnies. Une belle qualité de neige , on sent un fond humide ( probablement le début de la chute) recouvert d'une belle épaisseur de neige légère et froide . Temps globalement couvert avec reprise de chutes de neige à partir de 11H, elles ont ensuite persistées une partie de l'après-midi . Sans être véritablement exceptionnel ( celui de fin novembre 2021 était un bon cran au-dessus) , c'est quand même un très bel épisode à basse et moyenne altitude, qui donne de bonnes bases pour la suite de la saison. Bien sûr, cela ne présage en rien de la suite de l'hiver, on sait que dans les Pyrénées, les choses peuvent évoluer très vite dans un sens comme dans l'autre, encore plus en 2024.

Dans le même laps de temps, les glaciers suisses ont perdu environ 15% de leur volume, c'est déjà considérable mais nettement moins que les glaciers pyrénéens. Bien sûr , la position géographique n'aide pas mais le plus prépondérant à mon avis, c'est l'altitude relativement basse des glaciers pyrénéens . Sur le graphique ci-dessous , on voit que pour Saint-Sorlin ( glacier dont le bassin d'alimentation est lui aussi relativement bas) , le rythme de fonte est aussi rapide que Ossoue.

Après une accalmie ce matin, dans le secteur de Luz, les précipitations ont repris en début d'après- midi, faibles à temporairement modérées pour le moment. A voir si ça se renforce , pour ma position, le dernier arôme ne voit plus grand chose quand le dernier Arpège voit de bonnes intensités jusqu'en milieu de nuit, à voir en live. La limite pluie /neige est un peu remontée dans la journée, vers 900/1000m, chez moi c'est majoritairement de la pluie, une chose est sûre, à 800m, cet épisode est complètement anodin ( fin novembre 2021, j'avais eu plus de 40 cm) . Le point positif , le vent s'est nettement calmé, ça doit poser de façon un peu plus homogène en altitude.

Accalmie en cours, les sommets sont même un peu visibles. Ce ne sont pas que les endroits habituellement ventés mais des secteurs entiers qui sont pelés, sur la webcam de Luz Ardiden, toute la partie haute du domaine apparait majoritairement rocheuse. L'épisode n'est pas fini et le vent est censé diminuer un peu en cours de journée, on fera le bilan à la fin mais je pense qu'on sera un bon cran en dessous de l'épisode de fin novembre 2021.

Petit point ce matin, autour de +35 aux lacs d'Ardiden et à la Mongie, autour de + 45 cm au Port d'Aula et à Cauterets Pont d'Espagne. Les cumuls vont être de toute façon dur à estimer en raison des vents forts, on voit que même sur la terrase du Lys à Cauterets ( plutôt abritée en principe) la neige peine à tenir sur les tables . Chez moi, à 800m, la neige a remplacé la pluie durant la nuit, mais à mon altitude la masse d'air est trop douce et ça peine à cumuler, juste quelques petits cm très humides. Toujours de bonnes bourrasques, çà tombe généralement à l'horizontale! Pour le moment, les intensités ne sont pas folles non plus, les chutes sont continues mais généralement sous forme de petits flocons . Comme le dit Arkus , l'épisode va se poursuivre jusqu'à demain avec sur l'Ouest les intensités les plus fortes plutôt dans l'après midi jusqu'en milieu de nuit de dimanche et c'est quoi qu'il en soit très positif vu qu'on partait de zéro .

Chez moi, à 800m, quelques flocons (humides) commencent à se mêler à la pluie et le blocage commence à se mettre en place après plutôt un régime d'averses jusqu'à présent. Tout ceci s'accompagne de bonnes bourrasques de secteur nord et on entend dehors comme un bruit de réacteur d'avion typique des journées venteuses. Il faut d'ailleurs s'attendre à un enneigement très hétérogène , avec des combes Sud à Est très chargées ( le Lys à Cauterets avec son effet d'abri va bien prendre, c'est une certitude) tandis que les versants Nord à Ouest de haute altitude ainsi que tous ce qui est crêtes et dômes vont probablement rester pelé.

A mon avis, pour les records, effet méditerranéen oblige, il faut plutôt les chercher du côté de l'Est de la chaîne. Celui de fin janvier 1986 notamment avait été mémorable:https://actu.fr/societe/en-images-il-y-a-37-ans-une-tempete-de-neige-historique-s-abattait-sur-les-pyrenees_57016470.html#:~:text=Le col de Puymorens a été fermé pendant dix jours.&text=C'était il y a,a pas été sans conséquence. Plus récemment, plutôt sur 64 et 65, il y eut l'épisode de fin janvier 2015, avec des cumuls très importants dès la basse altitude et des avalanches hors normes qui avait causé quelques dégâts.

https://www.tiktok.com/@flo_climatrek/video/7439445820023262497 En ce qui concerne le glacier d'Ossoue, pour cette année, perte d'1m82 eq/e , bilan nettement moins négatif que les 2 années record précédentes du fait d'une accumulation bien meilleure, perte dans la moyenne depuis que bilan de masse de ce glacier est étudié ( 22 ans) . Le déclin se poursuit malheureusement, bien que moins rapide que les 2 années précédentes. On peut s'inquiéter pour sa pérennité lorsque surviendra une nouvelle saison de faible accumulation comme en 2022/23

Pour compléter les posts de Arkus et Didier, à noter que les précipitations de hier étaient chargées en sable. Impressionné par les 160 km/h relevé hier aux lacs d'Ardiden, on est certes sur un plateau d'altitude mais pas sur une crête et par vent du Sud , le pic d'Ardiden juste devant fait un peu écran. On doit être pas loin des records de vent relevé sur ce site ( j'ai pas réussi à retrouver les valeurs lors du passage de Xynthia sur Meteociel). Sinon, le paysage est d'une tristesse ce matin pour une fin novembre, autour de Luz , seuls les sommets les plus élevés gardent quelques traces de neige. GFS déterministe donne un peu d'espoir pour la semaine prochaine pour un début d'enneigement mais ça demande largement confirmation...

http://www.nimbus.it/ghiacciai/2024/240920_CiardoneyBilancio.htm Pour le glacier du Ciardoney, à l'image du glacier Blanc ( on peut extrapoler avec la majeure partie des glaciers alpins) , l'accumulation exceptionnelle de cette année n'aura pas suffi à éviter un nouveau bilan "modérément" négatif. On peut se réjouir en se disant que la fonte a été moins marquée que les Deux années précédentes mais 2024 est surtout une preuve de plus que nos glaciers ne sont plus du tout en équilibre avec le climat actuel aux étés bien trop chauds pour eux et que même un hiver exceptionnellement enneigé n'arrive pas à compenser la fonte estivale. Autre exemple de glacier en régression, évolution du glacier inférieur du Vallonet ( au-dessus de Bonneval sur Arc) entre 2017 ( photo du haut) et 2024 (photo du bas) . C'est un glacier noir de type regénéré , alimenté par les avalanches et les chutes de séracs issus du glacier supérieur. Bien encaissé, protégé par une abondante couverture morainique, c'est actuellement le glacier qui descend le plus bas en Haute Maurienne , son front se situe encore sous 2400m d'altitude. Malgré la protection de sa couverture rocheuse ( d'ailleurs, vers la fin du siècle, il ne restera probablement dans les Alpes que les glaciers les plus élevés et les plus volumineux mais aussi des glaciers noirs de ce type qui résistent mieux à la fonte que des glaciers blancs) , on constate en 7 ans une perte significative d'épaisseur, la partie basse est d'ailleurs détachée du reste du glacier et forme un lambeau de glace morte condamné à croupir.

Images et vidéos impressionnantes des Ecrins, ça me rappelle Juin 2013 que j'ai connu dans les Pyrénées. Le cocktail fonte des neiges/fortes pluies souvent responsable des plus fortes crues dommageables en Montagne ( Juin 1957 dans le Queyras ou en Maurienne est un autre exemple dramatique ). Sans remettre en cause la gravité ni le caractère exceptionnelle de l'évènement, on voit quand même que la Bérarde est bâtie sur le cône de déjection du torrent des Etançons . Ce n'est pas un cas isolé, loin de là, les espaces plats sont rares en montagne et correspondent assez souvent aux cônes de déjection des torrents où l'homme s'installe volontiers. En temps normal, ce sont des lieux où il fait bon vivre mais en cas de crue exceptionnelle, les conséquences sont souvent spectaculaires car ce sont les endroits où le torrent va déposer les matériaux et s'étaler largement en récréant son lit ( En hiver, j'habite près de Luz-saint- Sauveur bâti sur les cônes de déjection de l'Yse et du Bastan et il s'était produit le même phénomène en juin 2013). Peut être aussi que la crue d'août dernier sur le torrent des Etançons avait déjà déstabilisé ce cours d'eau et a amplifié sa crue en fournissant une masse supplémentaire de matériaux à charrier.

http://www.nimbus.it/ghiacciai/2024/240610_CiardoneyNeve.htm Sans surprise après cette saison très humide, très bon bilan d'accumulation pour le le glacier du Ciardoney situé dans le massif du Grand Paradis en Italie. A priori le meilleur depuis le début des mesures au début des années 90 ( la méthode de carottage a quelque peu changé ces dernières années, 1992-93 et 2000-01 qui étaient les meilleurs bilans d'accumulation jusqu'à présent sont probablement sous-estimés et proches de cette année). Une saison de recharge assez particulière pour ce glacier qui est passé d'un extrême bas fin février ( les Flux d'Ouest du début de saison n'ont que peu concerné cette région et les vents tempêtueux associés décapaient le peu de neige qui tombait) à un extrême haut en fin de printemps suite aux nombreux et forts flux de Sud qui ont apporté de grosses quantités de neige dans cette région à partir de début mars jusqu'à fin mai. Malgré ce très bon bilan d'accumulation, il est malheureusement peu probable que ce glacier d'assez basse altitude réussisse à obtenir un bilan final positif si l'été 2024 suit la tendance ( on va commencer à entrer dans le dur la semaine prochaine) des dernières années ( Seul 2000-01 y est parvenu, de très peu), D'autant qu'il faut prendre en compte l'impact des épisodes sableux du printemps. A voir, c'est en tout cas une occasion inespérée d'avoir peut être une année de répit de certains glaciers alpins, il sera difficile à l'avenir d'avoir une saison aussi neigeuse que cette année tandis qu'au niveau de la fonte, je suis qu'on peut faire encore pire que 2022.

Beau dépôt sableux dans les Alpes, comme ici au col du Galibier. Il y en avait déjà eu en mars/avril dernier mais dans des proportions moindres il me semble. Ca risque de nettement accentué la fonte malheureusement.

Finalement, les 60 cm restants n'ont pas fait très long feu et l'enneigement a pris fin aujourd'hui à la Nivôse de l'Ardiden. C'est plus tôt que les 2 années précédentes ( 5 juin en 2022 et 7 Juin en 2023 si je me rappelle bien ) , cependant 2006 et 2011 ont fait encore pire. Pour la Troisième année consécutive, l'enneigement a cette nivôse s'est achevé avant même la fin de la première décade de juin quand la moyenne auparavant était plutôt en troisième voir dernière décade de juin. Pour relativiser, il y a quand même un contraste très marqué cette année entre les premiers massifs français où effectivement il reste très peu de neige même pour une fin mai et la crête frontière où l'enneigement reste encore assez abondant à haute altitude , malgré là aussi une fonte importante ces derniers jours ( en ce qui concerne le glacier d'Ossoue, c'est la meilleure accumulation depuis 2018, voir topic dédié sur les glaciers pyrénéens) .

ça confirme ce que je voyais, l'enneigement cette année à haute altitude du côté de la crête frontière est nettement plus important que les dernières années. Mais bon, ça ne suffira probablement pas, seule l'année 2002 et son été épouvantable a connu une ablation légèrement inférieure à 3 M . Et depuis 2015, elle a toujours été supérieure à 4m . De plus, en fondant, de nombreux rochers sont apparus, l'environnement du glacier est devenu beaucoup plus sombre , ce qui capte plus de chaleur et le rend encore plus vulnérable aux coups de chaleurs que subissent régulièrement les Pyrénées . Autre paramètre, il était tombé pas mal de sable début avril, pour le moment, à l'altitude du glacier, cette couche ocre est encore enfouie mais elle va bientôt ressortir et quand ça sera le cas, la fonte de la neige s'accentuera. Quoi qu'il en soit, avec cette belle accumulation, on peut s'attendre a une fonte plus raisonnable que les 2 années précédentes ( presque 10 m de perte en 2 ans, si on garde ce rythme-là, le glacier n'en a plus que pour quelques années) . Peut être un maigre sursis si l'été est pas trop chaud, mais bon , cela fait longtemps que le glacier d'Ossoue ( comme bon nombre de glaciers situés sous 3500m) n'est plus en équilibre avec le climat actuel et sa disparition est plus une question d'année que de décennies.

A l'instar du mois de mai précédent ( et de biens d'autres par le passé, Mai 2022 reste pour le moment plutôt isolé) , le temps gris, relativement frais et humide qui s'est vite remis en place il y a une dizaine de jours permet un beau prolongement de l'enneigement en haute montagne. Ainsi, la nivôse de l'Ardiden se maintient autour de 60 cm , la fonte totale devrait probablement avoir lieu avant au mieux début juin, soit mieux que 2006 ou 2011. Quand on s'approche de la crête frontière espagnole , l'enneigement est nettement plus conséquent, actuellement, l'enneigement continu du côté de Gavarnie débute en nord autour de 2200m et devient rapidement bien épais, les hauts sommets frontaliers sont encore bien plâtrés ( il y neige encore régulièrement depuis une dizaine de jours). Vu l'absence de point de mesure , c'est difficile à quantifier, mais pour moi, il faut remonter à 2018 pour trouver un enneigement aussi conséquent du côté Gavarnie/Vignemale à cette époque , il est en tout cas nettement supérieur aux 2 années précédentes; ça devrait protéger un peu plus longtemps ce qui reste du glacier d'Ossoue ( Pratiquement une dizaine de mètres d'épaisseurs en moins en 2 années seulement).

C'est une valeur très remarquable, mais 2001 a fait encore mieux avec 485 cm le 12 mai. En regardant les valeurs sur Meteociel, il y a d'ailleurs une absence de donnée entre le 1 mai 2001 où elle était monté à 480 cm et le 12 mai . Hors, la première décade de mai avait été froide et perturbée avec pas mal de neige en montagne. Je suis pratiquement sûr qu'elle est montée plus haut que 485cm mais que le Laser de mesure ne peut pas lui aller plus haut. Cet hiver d'ailleurs a de grosses ressemblances avec 2000/01 , hivers très doux, très humides, peu de neige en moyenne montagne et haute montagne gavée de neige et notamment dans les Ecrins, de grosses inondations dans la Somme et en Bretagne aussi. Suite à cet hiver 2001, je me rappelle avoir lu des articles également qui parlait d'une augmentation de l'enneigement en haute montagne avec le RC mais ça ne s'est pas confirmé par la suite. Pour moi, les précipitations ont de trop de variabilités d'une année sur l'autre pour en tirer vraiment une tendance, ce n'est pas parce que cet hiver est très humide que les prochains le seront aussi. Par contre, en ce qui concerne les températures, là, il n'y a plus de doutes, ça se réchauffe . 2001, c'est aussi la seule année où le glacier blanc a connu un bilan significativement positif ( quelques tout petits gains également en 2008, 2013, 2014, qui pèsent peu face à toutes les autres années de pertes parfois considérables) . A voir pour cette année, mais il faudra quand même passer par un été nettement moins chaud que les 2 précédents ( l'été 2001, sans être particulièrement froid, avait été quand même assez moche notamment Juillet , comparer à nos derniers été, c'est un été froid!)