Climats du monde

[mottoth]

#461. Tuxtla Gutiérrez

 

Cette ville est la plus grande de l'Etat du Chiapas, elle compte au total environ 750 000h avec son agglomération.

Oaxaca est à 380kms, Veracruz 410kms, Toluca 750kms.

 

Cet Etat est très montagneux, Tuxtla Gutiérrez est au nord d'une dépression centrale d'altitude moyenne 600m qui est protégé des influences maritimes et océaniques par une ceinture de reliefs. L'océan Pacifique est à 115kms.

 

Si Tuxtla Gutiérrez n'est qu'à 580m d'altitude, en revanche la ville voisine de San Cristobal de Las Casas (55kms) est à plus de 2100m d'altitude sur les hauts plateaux ("Los Altos"). J'ai noté aussi la position du nouvel aéroport de la région (MMTG, ouvert depuis juin 2006, distant de 26kms et situé 110m plus bas), dont j'ai utilisé une partie des données et notamment celles de Td pour corriger d'importantes dérives de la synoptique.

 

Vue vers l'ENE. La station étudiée est bien urbanisée, j'y ai constaté des tn communément 3°c à 5°c plus hautes qu'à l'aéroport, beaucoup plus campagnard et 110m plus bas en fond de vallée.

 

 

Je m'imaginais le sud du Mexique plus humide en hiver, mais au lieu de cela voici un exemple de climat tropical humide et sec aux saisons bien tranchées, avec très peu de pluie entre novembre et avril. On trouve un net maximum thermique de printemps, même s'il est moins prononcé que dans le bassin du Balsas où la continentalité est plus forte. La saison des pluie est copieuse sans être trop abondante, les t° et de Td y sont alors pas trop excessifs grâce à l'altitude.

L’ensoleillement annuel est très bon avec plus de 2800h.

 

Les roses des vents ne montrent pas d'importantes variations saisonnières, il semble que le vent dominant de nord-ouest soit un vent thermique depuis les plaines du golfe du Mexique vers la dépression centrale du Chiapas, ce vent arrive à passer au dessus du relief peu élevé des montagnes du nord.

 

 

 

Voici un hiver normal, saison qui coïncide bien sur avec la saison sèche. On constate une variabilité plutôt forte des tx, souvent rafraichies lors d'arrivée d'air d'origine polaire via le golfe du Mexique. Mais contrairement aux plaines plus au nord (cf Veracruz) le temps reste souvent sec et nettement plus lumineux, les montagnes du nord engendrant un effet de foehn bénéfique.

C'est typique des climats tropicaux continentaux, dès la mi-février les tx augmentent rapidement et deviennent déjà caniculaires.

 

 

Voici le pic thermique en avril et mai, avec quelques tx qui atteignent 40°c.  Entre les grosses chaleurs on note encore des petits coups de "fraicheur" jusqu'en mai, puis le régime d'averses propre à la saison humide se met en place vers la fin mai.

 

 

Enfin une saison des pluies normale, celle de 2013 où l’excédent de RR de septembre a résorbé le déficit de juillet et aout. Comme pour les autres climats de l'intérieur de la moitié sud du Mexique (Oaxaca, Toluca, Orizaba) les averses sont plutôt régulières durant cette saison, on ne trouve pas de "breaks" secs prolongés comme on en trouve le long des côtes.

Le mauvais temps centré autour du 12/09 est au crédit du cyclone Ingrid: si loin dans les terres les vents cycloniques sont une menace inexistante, en revanche les bandes de pluies associées peuvent donner de bons cumuls sous un temps plutôt frais.

 

 

Concernant San Cristobal de Las Casas, à 55 kms de distance et à plus de 2100m d'altitude, je suis allé chercher les t° extrêmes: les périodes remarquablement fraiches ou chaudes collent bien avec celles de Tuxtla Gutiérrez, donc je ne pense avoir rien raté:

- Pour le froid, la Tnn sur 2000-2017 est de -4.0°c le 10/01/2002 (9.9°c ce jour là à Tuxtla Gut.), un froid sec et très ensoleillé puisque les Tx ont évolué autour de 22°c la veille et le jour même. En moyenne j'estime l’occurrence du gel sous abri à 1 jour par an; et je n'ai eu aucune autre tn inférieure à -1.6°c (valeur du 11/12/2010). La txn est de 9.2°c le 10/12/2017.

- Pour le chaud, très peu de tx supérieures à 29°c: cette valeur doit être la txx médiane annuelle, elle correspond à des chaleurs de 41°c à Tuxtla Gut. Txx: 30.4°c le 01/05/2016 durant un printemps particulièrement chaud (El Niño 2016), seule Tx > 30°c sur 2000-2017.

 

 

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui. Encore Mérida, puis j'en aurais fini avec ce "bourbier" mexicain

 

 

Modifié 25 avril 2018 par mottoth

[alex67]

Le 23/08/2017 à 19:05, mottoth a dit :

 

#408. Vorkuta.

 

On compte encore environ 70 000h habitant dans cette ville qui en comptait plus de 115 000 à la fin de l'ère soviétique. Vorkuta (ou Vorkouta, ou encore Vorkhouta...), à l'extrême nord-est de la république des Komis, évoque les heures sombres de l'URSS car on y trouvait le plus grand goulag de Russie d'Europe: la ville et quasiment toutes les infrastructures de la république de Komis - dont le train Vorkuta - Pechora - Syktyvkar - ont été bâtis par les travailleurs forcés de Vorkutlag. Tout ça pour exploiter une matière première abondante dans la région de Vorkuta: le charbon.

Pechora est à 405kms, Naryan-Mar 465kms, Syktyvkar 900kms, Moscou 1880kms.

 

 

 

Hallucinant le climat de Vorkuta!! 

De la neige juste avant le solstice d’été et à nouveau déjà mi-septembre avec du gel possible toute l'année même en plein mois d’août. Et une journée quasiment hivernale (pour nous en France) le 06 juillet avec 0,1/4,8° (Et une Txn de 2,8° en juillet). 

Fou aussi les quasiment -21° de Tnn en mai alors que les jours sont déjà longs ou les -5,4° de juin lors des jours les plus longs. 

Dur à imaginer qu’autant d’habitants arrivent à vivre dans un tel climat, pour un hivernophiles c’est le top mais ça doit être usant à force surtout que l’été apporte peu de chaleur et sur une courte période. 

Et Anderma c’est encore pire avec -23,5° de Tnn en mai et une Txn de 1,1° en plein mois de juillet !

 

J’en profite pour te remercier encore une fois @mottoth pour ce travail remarquable. 

Quel plaisir de lire et de relire les fiches climatologiques des différents pays et continents, j’en ai appris beaucoup. 

En attendant la suite.

 

Edit: désolé je n’avais pas vu que tu avais posté une nouvelle fiche juste avant du coup mon post gâche un peu tout. 

Sinon tu peux la remettre en bas de mon post si tu veux. Merci. 

Modifié 24 janvier 2018 par Sebaas
quote inutile, merci de penser à la lisibilité du topic!

[mottoth]

il y a 23 minutes, alex67 a dit :

J’en profite pour te remercier encore une fois @mottoth pour ce travail remarquable. 

Quel plaisir de lire et de relire les fiches climatologiques des différents pays et continents, j’en ai appris beaucoup. 

En attendant la suite.

 

Edit: désolé je n’avais pas vu que tu avais posté une nouvelle fiche juste avant du coup mon post gâche un peu tout. 

Sinon tu peux la remettre en bas de mon post si tu veux. Merci. 

 

Merci, pas grave pour ton post en même temps que le miens, t'inquiètes. Par contre il est préférable que tu retires une bonne partie des images de mon post que tu as "quoté" pour améliorer la lisibilité du forum.. tu peux en laisser une ou deux sur lesquelles tu réagis (par exemple l'exemple d'été à Vorkouta) mais la totalité qui alourdi la lecture du sujet. Merci !

 

[Peki2]

Il y a 11 heures, mottoth a dit :

#461. Tuxtla Gutiérrez

 

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui. Encore Mérida, puis j'en aurais fini avec ce "bourbier" mexicain

 

 

Merci Mottoth pour cette dernière fiche et les précisions sur S. Cristobal.

L'Amérique centrale sera-t-elle meilleure que le Mexique?

Après, il restera encore l'Afrique et une partie de l'Asie qui ne seront peut-être pas plus marrantes que le Mexique...

En tout cas on attend la suite, quelle qu'elle soit. 

[mottoth]

#462. Mérida.

 

L'agglomération de Mérida compte environ 1 million d'habitants, nous sommes ici au coeur de la péninsule du Yucatan. Tuxtla Gutierrez est à 590kms, Veracruz 700kms, Tampico 870kms.

 

C'est sur cette péninsule que l'on trouve la plus grande plaine du Mexique, pays globalement très montagneux. Aucun relief à signaler donc dans la région, Mérida est dans une zone parfaitement plane, à 37kms du Golfe du Mexique.

 

La station étudiée est au bord de l'aéroport, à 4kms du centre ville, elle est encore une fois bien urbanisée.

 

 

La grande surprise de ce climat ce sont les amplitudes thermiques diurnes fortes et notamment les tx vraiment élevées - même durant la saison des pluie: le relatif éloignement de la mer (35kms) en est la principale raison, l'autre étant que les alizés d'est dominants apportent rarement des vent marins sur la ville. On trouve donc un climat tropical humide et sec avec un pic de chaleur printanier bien marqué, où les 40°c ne sont pas rares.

 

Les roses des vents montrent la dominance des alizés d'est, ils sont un peu plus variables en hiver avec parfois des vents de nord d'origine tempérée, tandis qu'en été ils s'infléchissent au sud-est dans le sens du flux de mousson qui se forme au dessus du Mexique continental.

 

 

Les tableaux horaires montrent un cycle de convection diurne très net en toutes saisons, c'est même un cas d'école: chaque jour le ciel de charge de nuages, chaque nuit des conditions claires font leur retour, même durant la saison humide.

 

 

L'hiver est plutôt agréable, on oscille entre des périodes moins chaudes qui sont marquées par de fortes amplitudes thermiques et des tn bien fraiches - ces périodes surviennent après un coup de nord d'origine tempérée -, et des périodes déjà chaudes et humides. La pluie est peu fréquente mais peut être de nature tropicale ou tempérée, cette saison n'est donc pas très sèche pour autant. Comme presque partout un milieu tropical, dès la fin février la chaleur pousse déjà fort et les premières journées très chaudes arrivent.

 

 

Voici le pic de chaleur du printemps. La chaleur est souvent accablante en journée, avec des tx souvent plus proches de 40°c que de 35°c et une hygrométrie sensible (Td moyen proche de 20°c). Décidément je ne m'attendais pas à trouver de telles chaleurs dans la jungle du Yucatan.

 

BONUS: mai 2013, un exemple de pic de chaleur un peu plus arrosé (l'exemple de 2002 ci-dessus étant particulièrement sec). La saison des pluies démarre habituellement fin mai, avant cela les averses et orages sont plutôt rares et leur lames d'eau généralement modestes.

 

 

Voici une saison des pluies de juillet à septembre, période durant laquelle les t° varient peu et les pluies sont plutôt régulières: la convection "méthodique" observée sur les tableaux horaires donne des averses orageuses assez fréquentes - il est rare de trouver une semaine sans pluie -, qui se déclenchent la plupart du temps en fin d'après midi.

En dehors de ces pluies convectives diurnes les systèmes tropicaux plus organisés (ondes, tempêtes ou cyclones) sont également pourvoyeurs de pluies, mais sur cet exemple de 2014 pas grand chose à se mettre sous la dent à part la naissance de la tempête tropicale Dolly dans la baie de Campeche voisine le 1er septembre.

 

BONUS: aout 2007, un mois très pluvieux, avec une hygrométrie plus normale que l'exemple de 2014 ci-dessus. Durant ce mois-ci la ville de Mérida a eu très chaud avec le passage un peu plus au sud du cyclone Dean, qui fit un landfall en catégorie 5 le 20/08 dans la région de Chetumal, 300kms au sud-est. A Mérida cependant on observe seulement un petit creux de pression le 21/08 et des précipitations dérisoires.

La plupart des fortes pluies qui ont marqué ce mois viennent en fait de gros orages, à part peu être celles des 14 et 15/08 qui peuvent peut-être être reliées à la formation de la tempête tropicale Erin plus au nord dans le golfe du Mexique.

 

 

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !

 

 

Modifié 25 avril 2018 par mottoth

[mottoth]

#463. Belize City.

 

Finalement j'ai le temps pour une deuxième fiche aujourd'hui, voici donc donc Belize City, ville la plus peuplée du Belize avec seulement 60 000h. Ce petit Etat de moins de 23 000km² ne compte que 388 000h.

Mérida est à 400kms, Tuxtla Gutierrez 520kms, Veracruz 845kms.

 

A l'exception de la chaine des Mayas le pays est plutôt plat, notamment les plaines côtières

 

La station étudiée est sur l'aéroport, à 4kms de la mer et 13 kms du centre-ville.

 

 

Ce climat change pas mal de celui de Mérida, au nord du Yucatan: ici la saison des pluies est nettement plus longue, et les amplitudes thermiques sont généralement faibles en raison de la proximité de la mer et des alizés marins. Le pic de précipitation est décalé en octobre, et la saison humide se prolonge jusqu'en janvier: cela rappelle d'autres climats de mousson de façade est comme Madras (Inde) ou Hué (Vietnam).

 

Les alizés ont donc la part belle sur les roses des vents, cependant en "hiver" les vents de nord-ouest trahissent des interactions d'origine tempérée, avec à la clef une  baisse des t° et de l'humidité lors de ces épisodes. Mais n'est la plupart du temps un vent marin qui souffle sur cette côte de la mer des Antilles.

 

 

 

Voici un hiver au bilan parfaitement normal, 2001-2002. Cependant la répartition des RR n'est pas idéale sur cet exemple, avec un excès en février qui compense le déficit de janvier. Ce n'est pas le grand beau temps, et même les coups de "fraicheur" du nord-ouest ne sont pas vraiment ensoleillé. Dès que le vent de nord-ouest cesse on retrouve rapidement chaleur et humidité tropicales.

 

 

La saison sèche s'étend normalement de février à avril, cependant celle ci est très irrégulière et assez relative: pas mal de mois sont finalement bien arrosés, et certains autres sont quasiment complètement secs. Ainsi l'exemple de 2002, où l'on enchaine un mois humide puis un autre sec, n'est pas aberrant:

 

 

Au moment où pour beaucoup de climats tropicaux - y compris des voisins comme Mérida ou Tuxtla Gutierrez - on trouve le pic thermique, avril et mai ne sont ici pas spécialement chauds, en raison de la ventilation maritime. L'exemple ci-dessus de avril 2002 n'était en effet pas vraiment chaud, en voici un en 2017 plus chaud. C'est quand même bien difficile à supporter en raison du Td parfois très élevé (27°c de moyenne sur certains jours).

Les pluies reprennent normalement en mai, mais la variabilité reste forte et des déficits somme celui de mai 2017 ne sont pas rares. Juin a bien rattrapé le coup, il faut dire que l'on y trouve habituellement un maximum annuel secondaire.

Les pluies centrées sur le 19/06 sont liées à la naissance de la tempête tropicale Cindy.

 

 

Voici deux exemples opposés de moi de aout, en plein cœur de la saison humide. Cette période a une pluviométrie très irrégulière malgré la mise en place pérenne de la mousson nord-américaine : celle ci engendre justement un flux de mousson maritime continu, et ces brises de mer inhibent la convection le long des côtes. On ne peut plus compter sur les averses éparses de convection diurne comme celles observées à Mérida, et seuls les systèmes tropicaux organisés apportent des pluies notables.

- Aout 2000 fut vraiment frais et pluvieux. L'épisode centré sur le 10/08 est du à une onde qui donna formation deux jours plus tard à la tempête tropicale Beryl dans le Golfe du Mexique.

- Aout 2015 fut chaud et sec, en conjonction avec le fort Niño de cette année là.

 

 

Enfin le pic de la saison des pluies en septembre et octobre: la saison présentée (2015) démarra laborieusement comme on vient de le voir ci-dessus, mais se termina normalement. L'essentiel des pluies se concentre sur 3 ondes pluvieuses facilement identifiables, dont une de 1 semaine mi-octobre. Cependant aucune de ces onde ne dégénéra en tempête ou cyclone tropical.

 

BONUS: octobre 2000 et le déluge du cyclone Keith en début de mois, avec plus de 800mm en 3 jours.

En 1955 et 1961 Belize City fut rasée deux fois par des cyclones, ces destructions répétées ont motivé le déménagement de la capitale dans l'intérieur, sur le site de l'actuelle Belmopan.

 

 

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !

 

Modifié 25 avril 2018 par mottoth

[Thundik81]

Il y a 4 heures, mottoth a dit :

#462. Mérida.

 

L'agglomération de Mérida compte environ 1 million d'habitants, nous sommes ici au coeur de la péninsule du Yucatan. Tuxtla Gutierrez est à 590kms, Veracruz 700kms, Tampico 870kms.

[...]

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !

 

Ben non ce n'était pas tout

Merci pour le bonus

[Canada Goose]

Il y a 5 heures, mottoth a dit :

Décidément je ne m'attendais pas à trouver de telles chaleurs dans la jungle du Yucatan.

 

Idem, vraiment étonné !

 

Quant à Bélize City, ce doit être assez insupportable...

[Yves38]

Le 31/01/2018 à 12:21, mottoth a dit :

#462. Mérida.

 

La station étudiée est au bord de l'aéroport, à 4kms du centre ville, elle est encore une fois bien urbanisée.

 

 

 

La grande surprise de ce climat ce sont les amplitudes thermiques diurnes fortes et notamment les tx vraiment élevées - même durant la saison des pluie: le relatif éloignement de la mer (35kms) en est la principale raison, l'autre étant que les alizés d'est dominants apportent rarement des vent marins sur la ville. On trouve donc un climat tropical humide et sec avec un pic de chaleur printanier bien marqué, où les 40°c ne sont pas rares.

 

 

 

 

 

 

 

 

Voici le pic de chaleur du printemps. La chaleur est souvent accablante en journée, avec des tx souvent plus proches de 40°c que de 35°c et une hygrométrie sensible (Td moyen proche de 20°c). Décidément je ne m'attendais pas à trouver de telles chaleurs dans la jungle du Yucatan.

 

 

 

 

 

 

Oui, inversement, je trouve que les coups de fraîcheur hivernaux sont remarquables avec des Tnn de 5,7°C et 5°C en janvier/février, c'est pas mal d'autant plus que la mer des Antilles n'est pas loin, la latitude basse et l'altitude faible. 

 

Merci pour ces deux dernières fiches, fort intéressantes !

[dann17]

Le 16/01/2018 à 08:05, mottoth a dit :

#460. Oaxaca.

 

Malgré l'altitude de 1500m il ne manque que quelques dixièmes aux Tm hivernales pour que ce climat entre dans le domaine Tropical d'après Köppen, et d'ailleurs les tnn proches du gel mais légèrement au dessus sont un autre indice de la proximité de la limite tropicale. Bien sur la dynamique de ce climat est purement tropicale, avec des saisons sèches et humides bien marquées et un maximum thermique de printemps. L'altitude et la topographie favorisent des amplitudes thermiques diurnes importantes, régulièrement supérieures à 20°c en saison sèche.

Oui, pour Köppen, mais pour moi, il en manque vraiment beaucoup plus !

En effet, l'indice de tropicalité de cette localité (issu des ces données 2000-2017) n'atteint que -36,4. Autrement, on est très loin du seuil (IT = 0). 

D'ailleurs, la végétation naturelle des environs n'est pas du tout purement tropicale , càd que, bien au contraire, de nombreuses espèces tempérées y sont présentes.

http://www.globalspecies.org/ecoregions/display/NT0308

 

On trouve cette association d'espèces tempérées, subtropicales et tropicales jusqu'à une altitude de 800 m environ, càd 7-800 m plus bas que Oaxaca city.

Selon mon indice, il faudrait que la Tm de janvier soit de 22°C (donc beaucoup plus que les 18°C de Köppen !), et celle de mai 27°C pour atteindre la tropicalité, ce qui correspond pas mal à mon avis aux données botaniques.

[dann17]

Le 31/01/2018 à 06:21, mottoth a dit :

Merida

 

Décidément je ne m'attendais pas à trouver de telles chaleurs dans la jungle du Yucatan

J'attire l'attention sur le fait que bien que présentant un relief très plat et uniforme comme  tu l'as bien expliqué, cette région du Yucatan abrite en fait une diversité marquée en termes d'écorégions. En effet, si les environs de Cancun sont caractérisés par la forêt tropicale humide, ce n'est plus du tout le cas à Progreso (sur la côte à 35 km au nord de Merida). En effet, l'IhA à Progreso n'atteint que -22 , ce qui signifie que le climat y est xérique. Et on y retrouve effectivement une forêt tropicale sèche clairsemée et basse et donc le sol est parsemé d'espèce purement xérophiles. Merida (dont il faudrait que je calcule l'IhA à partir de tes données - sans doute près de 0) doit sans doute être en limite de la forêt xérophile, qui n 'est donc pas une jungle luxuriante qu'on retrouve plus au sud.

De telles chaleurs n'y sont donc pas - à mon avis et pour ces raisons - surprenantes.

[mottoth]

Le 03/02/2018 à 22:26, dann17 a dit :

Oui, pour Köppen, mais pour moi, il en manque vraiment beaucoup plus !

En effet, l'indice de tropicalité de cette localité (issu des ces données 2000-2017) n'atteint que -36,4. Autrement, on est très loin du seuil (IT = 0). 

 

Selon mon indice, il faudrait que la Tm de janvier soit de 22°C (donc beaucoup plus que les 18°C de Köppen !), et celle de mai 27°C pour atteindre la tropicalité, ce qui correspond pas mal à mon avis aux données botaniques.

Köppen s'est vraiment focalisé sur l'impossibilité du gel pour définir sa zone tropicale il me semble, mais ce seuil seul ne suffit pas forcément pour atteindre le niveau moyen annuel de chaleur nécessaire aux biomes tropicaux, est-ce bien cela ?

[Yves38]

Il y a 11 heures, mottoth a dit :

Köppen s'est vraiment focalisé sur l'impossibilité du gel pour définir sa zone tropicale il me semble, mais ce seuil seul ne suffit pas forcément pour atteindre le niveau moyen annuel de chaleur nécessaire aux biomes tropicaux, est-ce bien cela ?

A l'actif de Köppen, il faut reconnaître que cette valeur de 18°C pour la Tm du mois le plus froid (ce qui est un critère très simple à appliquer) correspond bien dans la plupart des cas à l'impossibilité de gel.

[mottoth]

#464. Bishkek.

 

Retour vers le "vieux monde" aujourd'hui, avec une fiche en partie dictée par l'actualité (tnn et txx de la période d'étude ont été atteintes le mois dernier). Bishkek est la capitale du Kirghizstan, c'est une agglomération d'environ 940 000h assez proche de Almaty (200kms) et située comme elle en piémont avec du relief au sud et la plaine en nord: leur climat est donc finalement vraiment semblable.

Yining est à 563kms, Kashgar 390kms, Samarcande 730kms.

 

Le Kyrgyz Ala-Too est l'une des nombreuses chaines du Tian Shan. Une chaine de moindre importance sépare la plaine au nord de Bishkek  de celle d'Almaty, mais les deux villes restent bien ouvertes aux influences venant du nord et de l'ouest, et notamment la lointaine Sibérie.

 

Vue vers le sud-est: La station étudiée est dans la banlieue ouest de la ville, à 7kms du centre. Elle est assez urbanisée mais nettement moins que celle d'Almaty, et bénéficie d'un meilleur dégagement notamment pour les mesures d'insolation. Les premières bosses sont à seulement 6kms plus au sud, et la ligne de crête du Kyrgyz Ala-Too est à 45kms.

 

 

La principale différence avec Almaty c'est la quantité de précipitation: on en recueille 45% de plus à Almaty, et ce en toutes saisons. On retrouve sinon à peu près le même régime de RR, les même températures (moins de 100m d'écart en altitude entre les deux postes), et le même indice de continentalité (ICA=1.31 ici comme à Almaty). C'est un climat dont la bizarrerie à déjà été discutée il y a quelques années, sorte de climat continental aux été secs. Il ne faut pas se laisser abuser par la classif de Köppen, en dehors du minimum pluvio estival du à la présence de la cellule de Hadley (anticyclone d'altitude) rien de méditerranéen ici: l'hiver est froid, le gel et la neige sont très présents, et les t° peuvent descendre à des niveaux sibériens, comme le mois dernier avec des tn inférieures à -25°c.

 

Les roses des vents montrent de façon attendue des vents orientés parallèlement au relief, mais on retrouve aussi pas mal de vents de sud: ceux ci sont parfois foehné en hiver à l’approche d'une perturbation, pas contre en été ils sont plutôt humides et ne sont probablement que des brises de montagne.

 

 

 

Voici un exemple d'hiver au bilan normal mais avec des mois contrastés: janvier 2006 est le 2e plus froid de la période d'étude, et février qui a suivi fut très doux. Cet exemple montre bien l'importante variabilité des températures, qui alternent entre le printanier et le gel très sévère. L'exemple de janvier, bien que froid, n'est pas trop extrême non plus et ses tnn/txn sont proches des valeurs annuelles médianes (-20°c / -11°c). La t° est bien corrélée à la pression atmosphérique et les visites de l'anticyclone Sibérien se payent cash. Les redoux fréquents et parfois prolongés ne permettent pas la tenue de la neige au sol tout l'hiver, en moyenne la période enneigée la plus longue est d'un mois et demi seulement.

 

 

Partout en Asie Centrale le printemps offre des contrastes de températures impressionnants, et l'on en trouve donc de grosses variations dans cet exemple de 2004. A l'occasion de ces nombreux conflits thermiques la pluviométrie est à son maximum annuel, et l'on peut passer de l'été à l'hiver en une nuit avec même de temps en temps un réveil blanc.

 

 

L'été est chaud et sec, à la fois par le manque de précipitations et par une hygrométrie bien basse. L'instabilité est pourtant assez fréquente, mais ne se solde généralement que par quelques gouttes ou des orages secs. Les hautes pressions d'altitude subtropicales sont souvent attaquées par des talwegs qui laissent de temps en temps un air un peu plus frais venir de Sibérie et s'installer quelques jours avant le retour de la chaleur.

 

 

Enfin un exemple d'automne, c'est une saison faite de beaux contrastes même s'ils se succèdent moins vite qu'au printemps. On passe ainsi sur cet exemple en moins d'un mois entre les dernières chaleurs d'octobre et les premières journées de neige et de gel en novembre.

 

 

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !

 

Modifié 29 novembre 2023 par mottoth
Réactualisation -> octobre 2023

[dann17]

Le 05/02/2018 à 17:42, mottoth a dit :

Köppen s'est vraiment focalisé sur l'impossibilité du gel pour définir sa zone tropicale il me semble, mais ce seuil seul ne suffit pas forcément pour atteindre le niveau moyen annuel de chaleur nécessaire aux biomes tropicaux, est-ce bien cela ?

C'est bien ça !

Et dans d'autres cas, c'est même le contraire : dans le nord de l'Inde, on passe en climat tropical (et ses écorégions correspondantes) dès une Tm de janvier de 13-14°C !

[dann17]

Il y a 15 heures, Yves38 a dit :

A l'actif de Köppen, il faut reconnaître que cette valeur de 18°C pour la Tm du mois le plus froid (ce qui est un critère très simple à appliquer) correspond bien dans la plupart des cas à l'impossibilité de gel.

Tout à fait, je suis bien d'accord avec ça.

Le problème, que j'ai déjà fréquemment soulevé comme tu le sais, c'est que ce seuil ne coïncide qu'assez peu souvent avec la véritable transition vers les climats tropicaux et affiliés. 

[mottoth]

#465. Naryn.

 

On reste au Kirghizstan, Naryn est une ville de 35000h isolée dans le centre-est du Pays. Bishkek est à 200kms, Almaty et Kashgar 215kms.

 

La ville est construite dans la vallée de la rivière Naryn, qui plus loin deviendra le Syr-Daria - l'un des deux fleuves qui alimentent la Mer d'Aral, nous reviendrons la semaine prochaine sur la vallée où nait le Syr-Daria. La haute vallée de la Naryn, dont il est question ici, est abritée du monde extérieur par de multiples chaines de montagnes toutes grossièrement orientées est-ouest et qui forment la moitié ouest du Tian Shan. On trouve au nord le Kyrgyz Ala-Too et le Trans-Ili Alatau qui barrent le passage à la plupart des influences sibériennes en provenance du nord, notamment le froid de basse couche qui ne passe pas le relief.

Cet enclavement va donner un climat fortement continental où les phénomènes radiatifs prennent les commandes en hiver, un peu comme d'autres climats bien enclavés déjà vus dans ce fil - le bassin du Tarim, ou également Kyzyl (Russie) ou Ulangom (Mongolie): si les montagnes empêchent l'advection du froid Sibérien de basse couche, un froid tout aussi intense se forme sur place et d’auto-entretient durant les mois où le soleil est le plus bas.

 

Vue vers l'ouest de la ville, vraiment construite en fond de vallée dans la zone plane qui jouxte la rivière.

 

Vue vers l'est-nord-est:

 

Et enfin une photo pour finir cette mise en situation, une belle vue d'ensemble vers le nord-est prise durant une fin d'après-midi bien menaçante:

 

 

L'ICA gagne 0.20 pt en 200kms seulement depuis Bishkek: en Russie,  dans la grande plaine est-européenne,  il faut parcourir 1500kms vers l'est pour connaitre un tel accroissement. Ce bond de l'ICA est du au froid hivernal plus vif et surtout plus régulier ici: par rapport à Bishkek on perd 12°c de Tm en janvier, en seulement 1300m de dénivelé: un gradient proche de -1°c/100m, bien supérieur à celui généralement constaté dans le monde (-0.6°c/100m).

 

La forme de la courbe annuelle de Tm trahi bien le caractère radiatif du froid hivernal: au printemps sa remontée connait une cassure de pente en avril, période à laquelle nous sommes déjà dans la période dite "de soleil haut" et où il ne subsiste plus de froid de basse couche. La pente est très rapide en mars durant la dissipation des lacs d'air froid radiatifs au fur et à mesure que le soleil est plus vaillant, puis en avril la hausse des t° vers l'été devient plus lente. Le phénomène inverse en automne est moins visible mais est tout de même perceptible avec une pente maximale entre novembre et décembre, période à laquelle l’enneigement démarre (28/11 en moyenne) et la machine à fabriquer du froid avec.

 

Le régime de précipitation est sans surprises, avec un maximum de printemps hérité de l'instabilité généralisée en Asie Centrale en cette saison. En revanche contrairement à Bishkek le minimum est en hiver et pas en été: l’enclavement limite beaucoup la pénétration des perturbations neigeuses, alors qu'en été on a ici un petit surplus de pluies convectives du aux multiplies chaines de montagnes.

 

Les vents sont bien sur faibles comme dans tout site enclavé, et leur direction dominante est-ouest suit logiquement celle de la vallée. Des brises locales constituent la majorité des vents observés.

 

Les tableaux horaires montrent une alternance attendue de brises de montagnes nocturnes d'est et de brises de vallée diurnes d'ouest.

 

 

Voici un exemple d'hiver normal. On constate l'absence de gros redoux, il est difficile de dépasser 0°c. On constate aussi que c'est souvent nébuleux, avec un ciel souvent bouché lors de périodes douces ou modérément froides.

 

BONUS: la paire janvier/février de l'hiver le plus doux et le plus froid de ma période d'étude:

Hiver 2007-2008: grand froid prolongé, une situation que l'on a retrouvé partout en Asie Centrale, de la Caspienne au bassin du Tarim.

 

- Hiver 2006-2007: sécheresse hivernale avec persistance de hautes pressions subtropicales. La disparition prématurée de la couche de neige fin janvier a cassé la machine radiative et la fin de l'hiver d'est déroulée sous une douceur record avec +8.4°c d'anomalie thermique en février.

 

 

Voici le printemps 2004, au bilan proche des normales. Le mois de mars maussade a été compensé par un beau mois d'avril.

Les grands froids hivernaux disparaissent très rapidement en mars, et l'on retrouve un temps instable marqué par des giboulées et d'occasionnelles chutes de t° qui rappellent ce qui se passe dans les plaines d'Asie Centrale. Dès avril l’hygrométrie est déjà basse, malgré le temps fréquemment perturbé et nébuleux.

 

 

Voici un exemple d'été parfaitement normal, 2011: il illustre très bien la progression normale d'un été, de plus en plus sec et de moins en moins instable au fur et à mesure que aout approche.  Les txx annuelles sont souvent mesurées durant la première décade d'aout lorsque le le temps est au plus stable et que le soleil chauffe encore bien.

 

 

Enfin un exemple d'automne,  avec un exemple plutôt dans les clous en 2008.

Durant la deuxième quinzaine de novembre tout est en place pour la plongée dans l'hiver, à l'exception d'un ingrédient: la neige au sol, préliminaire indispensable à l'installation du grand froid.

 

 

Pour résumer, il n'y a que durant le semestre de soleil haut où ce climat est vraiment en phase avec ce qui se passe au niveau des plaines de l'Asie Centrale, tandis qu'en hiver l'enclavement isole cette vallée et la soumet au froid radiatif.

 

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !

 

Modifié 22 novembre 2023 par mottoth
Réactualisation -> octobre 2023

[Spring]

Merci pour cette nouvelle fiche et ton boulot incroyable et surtout qui dure dans le temps !

 

Un climat comme ça m'irait bien, quoi que trop sec. Il faudrait le même avec plus d'orage l'été et plus de neige l'hiver et je signe des 2 mains.

[Canada Goose]

il y a 13 minutes, Spring a dit :

Un climat comme ça m'irait bien, quoi que trop sec. Il faudrait le même avec plus d'orage l'été et plus de neige l'hiver et je signe des 2 mains.

 

Le sud du Québec... C'est quasiment identique (d'un point de vue thermique).

Mars et avril sont beaucoup plus froids ici, février un peu plus froid également, sinon, ça se tient.

Modifié 9 février 2018 par Canada Goose

[Peki2]

Il y a 2 heures, mottoth a dit :

#465. Naryn.

 

Voici un exemple d'hiver normal. On constate l'absence de gros redoux, il est difficile de dépasser 0°c. On constate aussi que c'est souvent nébuleux, avec un ciel souvent bouché lors de périodes douches ou modérément froides.

 

Les douches doivent revenir assez cher quand même dans le coin, vu ta dernière photo et le cumul de pp...  

(tu as dû oublier de le couper à la hache, le h... )

Modifié 9 février 2018 par Peki2

[mottoth]

#466. Tashkent.

 

Capitale de l’Ouzbékistan, Tashkent est également la ville la plus peuplée d'Asie Centrale avec plus de 2.3 million d'habitants.

Samarcande est à 275kms, Bishkek 465 kms, Naryn 555kms, Kashgar 585kms, Ashgabat 1010kms.

 

La ville est en limite est de l'immense dépression de Touran - dont le point le plus bas est la mer d'Aral. A l'est et au nord-est (40kms) les premiers reliefs occidentaux du Tian Shan commencent, avec les sous-ensembles des monts Pskem, Qurama ou la chaine Ugam. Derrière les monts Qurama se trouve la vallée de Fergana, qui sera étudiée lors de la prochaine fiche. Plus au nord on voit le début de la chaine du Karatau, qui s'étend bien plus loin en direction du nord-ouest, et qui barre le passage aux froids de basse couche les plus intenses en provenance de Sibérie (voyez ici l'influence de cette chaine sur le cas concret de la vague de froid de janvier 2018).

 

La station est bien urbanisée, à 4.5kms de ce qui semble être le centre-ville, et un peu enclavée dans un parc.

 

 

On retrouve une forte continentalité thermique couplé à un régime de précipitation de type méditerranéen, avec ce maximum de printemps marqueur de la très grande instabilité de cette région en cette saison durant laquelle les conflits thermiques sont à leur paroxysme. L'hiver n'est pas très froid - en Tm janvier est équivalent à une bonne moitié est de la France - mais contrasté, et la part neigeuse des précipitation est importante: la neige tient donc au sol entre 1 mois et 1 mois et demi en moyenne. L'été est caniculaire et très sec.

 

Les roses des vents sont à peu près les même chaque mois de l'année, on y trouve essentiellement des brises locales:

 

Les tableaux horaires nous permettent de mieux analyser les roses des vents, avec une prédominance de brises nocturnes "de montagne" (secteur 90°) et de brises diurnes "de vallée" (secteur 300° à 330° suivant la saison).

En été la faible hygrométrie et notamment le Td en baisse durant les heures les plus chaudes modèrent un peu la chaleur.

 

 

Voici un exemple d'hiver au bilan thermique légèrement négatif en raison d'un mois de décembre 2006 assez froid. Le froid est souvent assez brumeux, avec même des brouillards (givrants) fréquents. Malgré les trous dans les données on constate que la neige tombe presque systématiquement et parfois de façon abondante lors des refroidissements: malgré les redoux fréquents elle fait donc souvent partie du paysage hivernal.

NB: c'est ce début d'année 2007 qui fut si doux à Naryn, 550kms plus à l'ouest dans les hautes vallées du Kirghizstan, où par manque de neige le froid radiatif s'était dissipé dès la fin janvier. On voit bien qu'ici en plaine malgré la douceur printanière de fin janvier cette saison n'a pas connu d’excédent thermique remarquable.

 

 

Au printemps, surtout en mars et avril, il faut s'attendre à de grandes variations de t°. On a déjà vu cela ailleurs en Asie Centrale, c'est partout pareil. C'est une saison passionnante pour le féru de météo, un peu moins pour le citoyen lamba même s'il doit bien apprécier les premières chaleurs précoces. A partir de mai les pluies deviennent plus rares et la chaleur plus continue, on bascule déjà dans l'été et ses fortes chaleurs.

 

 

Eté 2007: un très bon exemple, avec des anomalies faibles et une fin d'été hyper-stable conforme à la dynamique observée en Asie Centrale.

La txx de presque 42°c est elle aussi conforme au maximum annuel médian, pour le reste la chaleur est bien constante et les changements de temps plutôt rares.

 

 

Automne 2008: un bon exemple malgré la pluviométrie excédentaire. Pluviométrie distribuée principalement sur seulement 3 épisodes (un par mois), ce qui modère l'excédent.

Septembre est dans la continuité de la fin de l'été, très stable et encore plus sec (en Td). Ensuite dès octobre on commence à voir la dynamique hivernale se mettre en place, à savoir des précipitations essentiellement concentrées lors des refroidissements. En novembre l'humidité de basse couche avec brumes et brouillards revient également à la faveur des premiers froids.

 

 

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !

 

Modifié 29 novembre 2023 par mottoth
Réactualisation -> octobre 2023

[Yves38]

Merci pour ces dernières fiches, très intéressantes : Bishkek et Tashkent = méditerranéen continental quoique bien loin de la Méditerranée, tout y est ou presque : chaleur et sécheresse estivales, fort ensoleillement. Il n'y a guère que le froid de l'hiver qui dénote à Bishkek et ce même froid hivernal doit être quelque peu atténué à Tashkent par l'effet urbain qui doit être important au centre ou presque d'une agglomération de 2300000 habitants.

Modifié 13 février 2018 par Yves38

[mottoth]

Le 13/02/2018 à 14:01, Yves38 a dit :

ce même froid hivernal doit être quelque peu atténué à Tashkent par l'effet urbain qui doit être important au centre ou presque d'une agglomération de 2300000 habitants.

Oui, important ICU à Tashkent, mais la barrière montagneuse plutôt modeste du Karatau brise également bien les invasions d'air Sibérien.

 

#467. Fergana.

 

C'est une ville Ouzbèke de 230 000h, au milieu de la vallée du même nom.

Tashkent est à 230kms, Bishkek et Kashgar 360kms, Naryn 375kms, Samarcande 420kms.

 

La vallée de Fergana est une dépression de forme approximativement ovale, d'environ 300kms de long  sur 90kms dans sa plus grande largeur. Elle est à la séparation entre les deux plus grand ensembles montagneux d'Asie Centrale, à savoir le Tian Shan au nord et le Pamir au sud. Cette vallée fertile est peuplée depuis des millénaires et voit naitre le fleuve Syr-Daria à la confluence entre le Naryn et le Kara Darya près de la ville de Namangan. Le découpage complexe des frontières internationales dans cette zone montre à lui seul l'enjeu que représente cette région: l'Ouzbékistan a la part du roi avec la plupart des terres fertiles et 3 grandes villes (Namangan, Fergana et Andijan), tandis que le Tadjikistan verrouille la sortie de la vallée à Khudjand (Khojent) et son réservoir, et que Kirghizstan se contente de la périphérie (Och est tout de même la deuxième ville de ce pays).

 

Au sud les chaines parallèles de la partie nord du Pamir (le Pamir-Alay) forment une barrière rectiligne impressionnante, on trouve notamment dans la chaine du Trans-Alay le pic Lénine (7134m). Cette vallée est donc profondément enclavée et uniquement ouverte sur l'ouest (zone de Khudjand).

 

Vue vers le sud et les chaines du Pamir-Alay. La station étudiée est en bordure nord de l'aéroport, à 3.5kms du centre ville. La montagne commence 23kms plus au sud.

 

 

L'enclavement donne une continentalité plus élevée que celle de Tashkent (ICA de 1.30 contre 1.21), la continentalité thermique explique une partie de la différence (les hivers sont un peu plus frais ici avec à priori un peu plus de froid radiatif), et le rabotage des précipitations en explique l'autre partie avec un régime de RR moins "anti continental" qu'à Tashkent. L'enclavement de cette vallée lui procure donc un climat moins arrosé et plus calme que dans les plaines plus à l'ouest: les perturbations arrivent ici très atténuées, et on le verra par la suite les changement de temps sont moins radicaux ici. Le vent est très faible, le relief et le couvert végétal du sol piègent l'humidité: en toute saisons il fait plus humide ici qu'à Tashkent ou Samarcande, ce qui ce traduit en hiver par plus de grisaille et en été par une chaleur plus pénible à supporter.

Au final les principales différences avec Tashkent ne viennent pas des Tm assez voisines mais d'un paradoxe autour de l'humidité: il pleut ici beaucoup moins mais avec une hygrométrie sensiblement plus forte !

 

Comme à Tashkent et dans d'autre climats souvent à l'écart des vents synoptiques, les brises ont la part belle ici et représentent la majorité des vents: brises de vallée diurnes de nord, brises de montagnes nocturnes de sud-est.

 

 

Je soupçonne l'irrigation massive d'être à l'origine des deux bosses (matin et début de soirée) dans le régime estival de Td, j'ai régulièrement observé des sauts de Td impressionnants à 15hTU (20h locale). En tout cas il y a de l'humidité dans cette vallée, on est loin des Td moyens estivaux de 10°c observés un peu partout dans les plaines de la région (Tashkent, Samarcande, Bishkek, Almaty...).

 

 

Voici l'hiver 2000-2001, un très bon exemple malgré le déficit notable (-30%) de RR: le bilan des t° est correct, et l'on trouve fin janvier / début février une séquence hivernale conforme aux rigueurs habituelles de l'hiver, avec un enneigement de presque 3 semaines. L'enneigement est ici deux fois plus court qu'à Tashkent malgré une Tm de janvier presque 2°c inférieure: la faute au manque de précipitations, et aux perturbations associées aux refroidissements qui ne pénètrent pas toujours la vallée.

On constate une grisaille assez fréquente même si ce climat reste à la louche deux fois plus ensoleillé que par exemple dans l'ouest de l'Allemagne, une région aux t° hivernales à peu près équivalentes tant en Tm qu'en extrêmes.

 

 

Voici 2013 comme exemple de printemps, c'est le même que pour Tashkent. Cependant c'est un exemple assez sec, encore une fois. C'est une saison bien sur très variable, avec de la neige possible jusqu'à fin mars et les premières fortes chaleurs en avril.

 

Voici une comparaison des deux villes qui concerne le mois de mars 2013: on peut constater au jour le jour comment l'enclavement de la vallée de Fergana atténue les perturbations et les variations thermiques, notamment les coups de chaleur qui en début de printemps ont du mal à pénétrer la vallée. L'exemple est vraiment caricatural pour les précipitations (je n'ai pas fais exprès), avec un ratio de 1 à 9 entre Fergana et Tashkent !

 

BONUS: les deux précédents exemples étant bien secs, voici un mois humide, carrément humide même: avril 2003, le plus arrosé (tous mois confondus) de ma période d'étude et aussi le plus froid des mois d'avril. Un printemps bien pourri, comme il n'est pas vraiment coutume là-bas:

 

 

Voici un exemple d'été normal, pris en 2014. Le niveau de chaleur est presque le même qu'à Tashkent, mais avec ce surplus d'humidité qui donne un temps un peu plus lourd avec des amplitudes thermiques moins fortes: pas mal de nuits chaudes au compteur, et des chaleurs plus désagréables. C'est encore une fois habituellement en aout que l'on trouve le temps le plus stable.

 

 

Enfin un exemple d'automne, normal pour les t° mais excédentaire pour les précipitations.

Début septembre est une prolongation sans faille de l'été, et c'est souvent le cas jusqu'au 10 ou 15/09. Ensuite nous avons les premiers coups de canif tempérés sur le bouclier subtropical, avec à chaque fois un peu de pluie et une baisse temporaire de la température: ces perturbations deviennent de plus en plus rapprochées au fur et à mesure que se déroule l'automne. Les séquences de beau temps qui s'intercalent sont généralement les plus belles de l'année avec une ciel bleu profond et de grosses amplitudes thermiques.

 

Modifié 29 novembre 2023 par mottoth
Réactualisation -> octobre 2023

[nicolass]

Passionnantes ces dernières fiches sur l'Asie centrale  

Pour Fergana, en voyant la topographie (vallée à très basse altitude très encaissée), je m'attendais finalement à un climat bien plus extrême ! L'hiver est bien conforme à ce que l'on peut trouver vers Clermont Fd finalement, et l'été au Luc en Provence.

[mottoth]

il y a 25 minutes, nicolass a dit :

Passionnantes ces dernières fiches sur l'Asie centrale  

Pour Fergana, en voyant la topographie (vallée à très basse altitude très encaissée), je m'attendais finalement à un climat bien plus extrême ! L'hiver est bien conforme à ce que l'on peut trouver vers Clermont Fd finalement, et l'été au Luc en Provence.

Je ne l'ai jamais caché l'Asie Centrale me fascine depuis longtemps, et après mes galères sur les fiches Mexicaines je m'offre une récompense avec cette série

 

Il est difficile de comparer Tashkent et Fergana en raison de l'ICU non quantifié mais probablement non négligeable de Tashkent: Fergana est 1° plus au sud mais 100m plus haut, et ni l'une ni l'autre n'est dans un trou ou sur une bosse, donc OK ça doit se compenser... mais quid de l'ICU ? En janvier Fergana reste 2°c plus froide que Tashkent, peut-être 1°c si l'on tente de prendre en compte l'ICU, et ce malgré un enneigement deux fois moins durable: il est facile d'imaginer que si cette vallée était plus copieusement enneigée on y trouverais un bon surplus de froid radiatif, mais voilà les précipitations sont trop rares, même en hiver.

En revanche l'été au Luc c'est quand même nettement moins chaud en Tm, là on est plutôt à Fès voire même Séville (sans les coups de Sirocco).

Modifié 13 février 2018 par mottoth