Crue du Rhin, 03 juin 2013

[RomainD]

Le Rhin subit depuis ce Week-End une crue de période de retour décennale suite aux intempéries en Alsace mais surtout côté allemand (Bade-Wurtemberg) et en amont côté suisse

Graphique de Kehl à hauteur de Strasbourg

2 pic d'intensité comparable.

Au moment des photos, la hauteur d'eau était environ 40 cm inférieure au maxi de crue. Le débit est d'environ 3500m3/s.

Je suis allé voir la situation en amont de Strasbourg entre Erstein (67) et Lahr (Allemagne).

Remarquez sur les photos le couvercle nuageux en liaison avec les intempéries qui continuent de se produire plus à l'est (Bavière, Saxe, République Tchèque).

1er arrêt au barrage de Gerstheim

Que de remous

Un peu plus loin, côté allemand en aval du barrage d'Ottenheim

La véloroute du Rhin a été inondée

Sur la piste cyclable, de gros troncs d'arbre attestent de la puissance des flots.

L'eau lèche encore le bord et des vagues d'une trentaines de cm déferlent donnant un bruit de bord de mer.

L'eau s'est engouffré dans les zones humides derrière la digue comme un peu partout au long de mon parcours.

Côté allemand, à Ottenheim, les ouvertures des digues laissant habituellement passage aux pistes cyclables ont été colmatées

Et grand bien leur en a pris puis que l'eau est montée au delà de l'ouverture (trait de peinture violette sur la paroi)

La digue a donc joué son rôle et empêché l'inondation d'une partie de la plaine à l'arrière, preuve que la crue n'était pas anodine!

Néanmoins on constate que cette crue était loin de mettre à mal les digues

L'eau continue de prendre ses aises dans le lit mineur

Il ne s'agit pas là de sa largeur totale car il est à ce niveau séparé en 2 bras

Le Rhin est un fleuve incroyablement domestiqué, il suffit de regarder une carte pour s'en rendre compte

https://maps.google.fr/maps?q=alsace&ll=48.401742,7.75034&spn=0.067012,0.192089&hnear=Alsace&gl=fr&t=h&z=13

De très nombreuses zones tampons et déversoirs sont aménagés tout au long de son parcours alsaco-allemand pour atténuer les crues.

Quelques kilomètres en aval de mes photos, les vannes du polder d'Erstein, sorte de gigantesque bassin de rétention, ont été ouvertes pour écrêter la crue.

Malgré cela, il dégage une sensation de puissance incroyable, charriant ses flots boueux et tourmentés!

[Romain84]

Merci pour ces clichés, je ne connait pas trop le coin mais c'est en effet une belle crue à première vue.

[chris68]

Beau reportage romain! Et oui, le Rhin a été complètement aménagé durant les 19 et 20ème siècles avec la construction du grand canal d'Alsace, des digues, barrages et polder. Il faudrait une crue réellement cataclysmique pour que ces ouvrages atteignent leurs limites. Après, ce qu'on a gagné en sécurité, on l'a perdu en biodiversité et en milieux naturels, à l'époque où le Rhin était un vaste système de bras et de méandre de 15km de large à travers la plaine d'Alsace... Avant le 19ème siècle, le Rhin et l'Ill pouvaient s'entre mêler, c'est dire !

[judd]

Bien joué Romain ! très instructif en tous cas ! super reportage.

Sacrée crue de l'ami Rhin ! heureusement que celui ci a été aménagé car cette crue 50 ans plus tôt aurait clairement été catastrophique !

Pensée au Allemands, aux Tchèque et à l'Autriche.

[Orage99]

Sympa comme reportage, on se rend bien compte de l'importance de cette crue!

J'aurais du me déplacer un peu plus loin que Rhinau, puisque là-bas pas grand-chose à signaler.

Merci Romain /emoticons/wink@2x.png 2x" width="20" height="20">

[DEOS-Chasertornado59]

Belle photo , sur la 1ére photo on dirait un bassin d' aération en station d' épuration , c' est dire l' agitation.

[Thomaninho85]

Très bon reportage, très instructif qui plus est !

[taf95]

Bonjour.

La crue du Rhin, telle que je l'ai observée du " Tournant du Rhin ", au sud de Strasbourg, l'après-midi de la veille, c'est-à-dire le 02/06/2013 :

En face on voit les flots agités et troubles du Rhin en crue mais on devine au loin à droite les eaux claires de l'Ill qui traversent le calme plan d'eau de Plobsheim. Sur place le contraste est saisissant entre la couleur beige de l'eau du Rhin et le bleu de celle de l'Ill. On pourrait se croire là où se côtoient les eaux limoneuses de l'Amazone et celles limpides du Rio Negro. Cet endroit du Rhin est magique.

Que peut-il se passer au niveau de cette confluence ? Sur l'image ci-dessous, on voit au centre l'extrémité nord de la fine, presque linéaire et très longue langue de terre qui s'initie plus au sud au bout de la forêt d'Erstein pour séparer le Rhin canalisé du plan d'eau de Plobsheim sur plusieurs centaines de mètres. L'eau du Rhin court derrière cette séparation, de la droite vers la gauche c'est-à-dire du sud vers le nord. En amont de la confluence, le Rhin a un cours quasiment rectiligne, comme on peut le voir sur une variante de la carte montrée plus haut (https://maps.google.fr/maps?q=alsace&ll=48.487145,7.77317&spn=0.095571,0.2108&hnear=Alsace&gl=fr&t=h&z=13). Aussi il a dû prendre de la vitesse au cours de cette descente en ligne droite commençant dès Gerstheim. L'eau du Rhin doit donc aborder la zone de confluence avec beaucoup d'énergie cinétique, puisqu'elle a pris de l'élan sur cette ligne droite, dont on voit d'ailleurs la partie inférieure sur la première image. Cette ruée de l'eau doit provoquer une imperceptible mais réelle surélévation du niveau du Rhin par rapport au plan d'eau de Plobsheim qui lui n'est alimenté en eau que de façon restreinte par le canal de décharge de l'Ill passant à Kraft. En plus comme il y a vers le pont transfrontalier un coude situé en aval immédiat de la confluence, l'eau du Rhin est obligée de s'orienter brusquement vers la droite et à environ 45 degrés, pour prendre une autre direction, celle du nord-est à la place du nord. Ce brusque changement de direction du cours a sans doute pour effet, du fait de la force centrifuge exercée sur l'eau du Rhin lors de la prise du virage, de la faire s'appuyer contre les flancs de la digue ouest et donc s'élever très légèrement dans cette zone. Certes il y a en plus un resserrement évident des digues au niveau du pont, même un véritable étranglement, mais ici cela ne doit pas enfreindre le passage de l'eau plus qu'ailleurs vers l'amont ou l'aval du Rhin, car l'apport de l'Ill à la confluence est vraiment très limité par comparaison avec celui du Rhin. Je pense que c'est cet ensemble de considérations qui doit entraîner une remontée de l'eau du Rhin - un reflux - vers le plan d'eau de Plobsheim, situé à droite de l'image. Remontée toutefois sur une courte distance seulement, l'eau de l'Ill venant contrer ce reflux. Voilà comment je vois les choses. Plein de facteurs rendent donc l'affaire assez complexe. Des reflux semblables ont lieu aussi du côté de Strasbourg ou bien de Munchhausen plus au nord, par exemple. Mais des barrages peuvent les contenir et éviter ainsi des inondations en amont.

Voici maintenant, au-delà de l'entrée du bassin de Plobsheim, une zone où viennent en contact l'eau du Rhin et celle de l'Ill :

Enfin, encore plus au sud, c'est le grand bleu sur le plan d'eau, on est loin de l'influence directe de la crue du Rhin :

Marc.