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mottoth

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Tout ce qui a été posté par mottoth

  1. mottoth

    Climats du monde

    Attention quand je parlais du bidon c'était de la neige au sol autour de lui, grâce au bidon on voit bien qu'il n'y a presque rien.
  2. mottoth

    Climats du monde

    #645. Zhigansk. Zhigansk est un village de 3400h sur la rive gauche de la Lena. Verkhoyansk est à 445kms, Olenyok 500kms, Tiksi 575kms, Tura 1100kms et Moscou 4355kms. La vallée de la Lena est orientée nord / sud, vers l'ouest c'est la Sibérie Centrale et le plateau de la Vilyuy, vers l'est c'est la Sibérie Orientale et les monts de Verkhoyansk. La station est sur l'aéroport, 70m au dessus du fleuve. Le village est 2kms plus au sud. Le lit de la Lena est très large, plus de 5kms. C'est un climat subarctique hypercontinental, où l'on retrouve un maximum pluviométrique un peu atypique, décalé vers l'automne. Les neiges d'automne assez abondantes vont garantir un enneigement hivernal assez conséquent pour cette ville à la frontière de la Sibérie Orientale, la couche est en moyenne 10 à 15cms plus épaisse ici qu'à Yakutsk. L'hiver en lui même est encore assez perturbé, bien plus que de l'autre côté des montagnes à Verkhoyansk. Ces monts forment une barrière climatique, et sont à mon sens responsables de ce surplus de précipitation de leur côté ouest. Cette partie de la vallée de la Lena est assez ventée pour un climat de ce genre, le vent hivernal est même plus fort ici que sur la colline d'Olenyok. Les vents sont bien sur déviés par les Monts de Verkhoyansk et coulent dans l'axe de la Lena. Nous sommes à 25kms au nord du cercle polaire, mais on ne trouve pas de nuit polaire ici, le jour dure 1h52 au solstice d'hiver. En revanche on a un jour continu du 3 juin au 8 juillet. Les extrêmes de froids sont un peu décevants par rapport à ce qui est attendu pour cette région à la frontière de la Sibérie Orientale. Avec -53°c de tnn sur ma période d'étude on ne fait finalement par mieux qu'à Tura, Turukhansk ou Tarko-Sale, cette dernière étant quand même 2050kms plus à l'ouest. EDIT septembre 2023: janvier 2023 a remis un peu les pendules à l'heure avec une tnn de -56.1°c. En revanche les redoux hivernaux sont bien plus relatifs, ici il est rare de repasser au dessus de -20°c entre décembre et février, et ce malgré les périodes assez longues de froid "moyen" et perturbé, marquées par de la neige persistante et du vent bien présent (même si l'on est loin des tempêtes qui sévissent dans l'arctique). Cette absence de gros redoux explique donc que le froid moyen est plus fort ici que partout ailleurs dans les lieu étudiés ces derniers jours, avec une Tm de janvier de -36.4°c. Je pensais trouver une présence bien plus forte des brouillards givrants, c'est un type de temps finalement assez rare ici alors qu'il prédomine complètement à Yakutsk. Au début du printemps, mars et avril reçoivent la meilleure fraction d'insolation annuelle. C'est une belle façon de finir l'hiver, avec beaucoup de journées calmes et très belles. Puis en mai arrive le vrai printemps, et la neige disparait en moyenne le 17/05. L'été est à peu près la même chose partout en Sibérie Centrale, on retrouve ici les mêmes chaleurs qu'à Olenyok ou Tura, et aussi les même coups de fraicheur automnale, en aout notamment avec le retour des gelées habituellement à la fin du mois (et les mauvaises années on peut déjà voir des flocons à cette période). Comme pour Olenyok, septembre est un mois que l'on pourrait comparer à janvier pour plusieurs régions françaises: un mois de septembre banal ici fait au moins aussi bien en sensations hivernales que beaucoup des nos hivers récents. La neige arrive tôt ici, elle s'installe pour de bon le 29 septembre en moyenne, presque aussi tôt que dans l'arctique et une bonne semaine avant Verkhoyansk. Le mois d'octobre est vraiment neigeux, je pense que les Monts de Verkhoyansk bloquent le mauvais temps de ce côté du relief pendant des jours voire des semaines. Novembre est un mois d'hiver à part entière, sans lumière, et il est d'ailleurs nettement plus froid que mars. Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !
  3. mottoth

    Climats du monde

    Oui, ces classes s'adressent aux climats d'altitudes de la zone tropicale. Et l'on a retrouvé quelques chose assimilé au superparamo sur l'ile australe de Macquarie. EDIT: on avait aussi parlé de ces climats à propos de Dalatangi, en Islande.
  4. mottoth

    Climats du monde

    #644. Olenyok. Olenyok (parfois orthographiée Olenek) est un village de 2200h en République de Sakha. Sa population est stable depuis des décennies: contrairement à la plupart des étapes précédentes, qui illustraient la volonté de de l'Etat russe de maintenir une présence coute que coute sur l'ensemble de son immense territoire, ce village semble avant tout être une communauté indigène Evenks et n'a pas trop souffert de la déconfiture de l'URSS. Khatanga est à 540kms, Tiksi 715kms, Verkhoyansk 875kms, Tura 725kms, et Moscou 3850kms. Voici une carte de répartition des Evenks: le district d'Olenyok est celui à la plus forte concentration, où ils représentent 55% de la population. Nous sommes au bord du fleuve Olenyok, qui s'écoule dans un sous-ensemble du plateau de Sibérie Centrale nommé plateau de la Vilyuy avant de se jeter dans la mer des Laptev. On retrouve un relief similaire à celui du plateau de Syverma (Tura), avec de nombreuses vallées assez profondes qui favorisent en leur sein l'accumulation du froid radiatif. Cependant pour une fois la station étudiée ne se situe pas dans les parties basses: elle est sur une crête qui surplombe le village et qui accueille l'aéroport. La station est à 219m d'altitude, le lit du fleuve est lui à 87m. Voici une photo du village prise depuis le nord-ouest. La station et l'aéroport sont hors champ, sur la gauche. Nous sommes clairement dans le royaume de la taïga. De par sa position en colline plutôt qu'en vallée, Olenyok connait des amplitudes thermiques plus faibles et un vent plus présent. On peut comparer avec Tura: ici l'amplitude thermique diurne moyenne annuelle est de 7.8°c contre 10.0°c à Tura, et le vent annuel moyen de 8.6km/h contre 5.5km/h. Et finalement le froid hivernal n'est pas plus intense ici qu'à Tura, malgré la montée en latitude de 4° et la progression en direction du pôle (hivernal) du froid de l'hémisphère nord. Il est fort probable que 130m plus bas au niveau du fleuve les t° hivernales soient plusieurs degrés en dessous, et que les -63°c/-64°c puissent être titillés. Cette station est pour l'instant la première que j'étudie qui soit passée largement en mode automatique, depuis début 2015 la qualité des données s'est nettement dégradée avec certaines observations uniquement en semaine et durant la journée (état du ciel, temps présent, hauteur de neige). Plus grave: beaucoup de RR ne sont plus reportées, j'ai pu corriger le tir entre 2015 et 2018 avec une autre source de données que les synops, mais depuis 2019 je dois laisser des trous. Espérons que cela ne se généralise pas bientôt à tout le réseau synoptique russe. EDIT: plus de trou de RR depuis février 2023. Les vents dominants sont de tendance ESE (froid) / NO ("doux") en hiver, et c'est bien plus variable en été avec une tendance à un régime diurne de brises qui parcourent en 24h les 360° de la rose des vents dans le sens horaire. On a une courte nuit polaire du 4 décembre au 8 janvier, et du jour continu du 22 mai au 20 juillet. Voici l'hiver 2008-2009: son bilan est un peu froid mais pas trop, mais avec de grandes disparités d'un mois sur l'autre. Janvier fut marqué par un froid assez modéré et une anomalie de Tm de +6.0°c, février compensa bien par un froid souvent intense et une anomalie de -6.3°c. De telles anomalies ne sont pas extravagantes pour ce genre de climat, et au final cet hiver reste un bon exemple. Même sur cette colline les -50°c sont assez facilement atteints, et le pic de froid de mi-décembre est conforme à la tnn annuelle médiane (-53°c). Les périodes de beau temps se déroulent hors du brouillard, mais celui ci est probablement bien plus présent au niveau du fleuve. Mars et avril sont marqués par les plus fortes amplitudes thermiques diurnes de l'année comme n'importe quel autre climat hypercontinental, mais contrairement aux fonds de vallées de Tura, Vanavara ou Agata, celles ci plafonnent ici entre 15°c et 20°c (contre 25°c à 30°c dans les lieux pré-cités). Le printemps à proprement parler (dégel et fonte des neige) se concentre en mai. L'été peut enchainer le pire avec le meilleur, comme partout dans le domaine subarctique de Sibérie. Les belles journées de chaleurs peuvent scorer 24h d’ensoleillement, et aussi des tn assez élevées grâce à cette localisation en haut de colline. On dénombre en moyenne 6 tn "tropicales" (supérieures à 20°c) pour 10 étés, ce qui est remarquable par 68°N. D'un autre coté les tx inférieures à 10°c et les journées maussades font aussi partie de l'été, et en moyenne la première gelée se produit avant la fin du mois d'aout. L’arrivée de l'hiver semble progresser par palier, avec à chacun la quasi impossibilité de retour en arrière même brièvement. Songez que la Tm de septembre n'est que de 3°c, soit à peu près l'équivalent d'un mois de janvier pour beaucoup de français. Septembre ressemble donc à l'hiver chez nous (avec des journées plus longues), puis dès le mois d’octobre et le début de l'enneigement continu (le 1/10 en moyenne) on sort déjà de nos repères, avec quasiment plus aucun dégel. Mi-octobre un nouveau palier est franchi, puis novembre enchaine avec les premiers -30°c et encore plus bas. BONUS: janvier 2023, mois le plus froid de ma période d'étude, avec la seule tn inférieure à -60°c depuis le début du siècle (au passage on voit l'irrégularité des reports de RR, ww, visi, pression et état du ciel depuis le passage à l'automatique). Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !
  5. mottoth

    Climats du monde

    Les congères peuvent être trompeuses, sur la photo que j'ai posté hier où l'on voit une congère d'au moins 5m, en même temps l'épaisseur sur les toits est bien faible. D'après ce que j'ai pu voir ça et là les hauteurs de neige sont mesurées à l'ancienne, à la main, pas par des capteurs. Voici deux autres photos où l'on voit bien qu'il n'y a pas grand chose au sol: Regardez au niveau des bidons, il n'y a même pas 5cms de neige, pourtant les congères arrivent à mi-fenêtre. Là c'est encore pire sur cette colline probablement très ventée, on dirait qu'il n'y a eu qu'un saupoudrage alors qu'au vu de la luminosité on doit déjà être en mars ou avril:
  6. mottoth

    Climats du monde

    #643. Tiksi. Tiksi était en 2010, par 71°35'N, la localité comptant au moins 5000h la plus nordique au monde. Comme beaucoup de villes isolées dans le grand nord russe celle ci a connu un rapide déclin après la dissolution de l'URSS, on est passé de 11600h en 1989 à une population estimée à 4500h aujourd'hui. Nous sommes en République de Sakha (ex-Yakoutie), à 565kms de la station de Kotelny, 480kms de Verkhoyansk, 1065kms de Yakutsk, 915kms de Khatanga, 985kms du cap Chelyuskin et 4315kms de Moscou. A environ 30kms au nord commence une région unique et protégée, la zone humide du delta de la Lena. Tiksi est construite au bord de la mer des Laptev, qui refroidi grandement le climat en été. A l'ouest on trouve la chaine Kharaulakh, qui est en fait l’extrémité nord des Monts de Verkhoyansk. La vallée de la Lena fait office de frontière entre la Sibérie Centrale et la Sibérie Orientale. Tiksi c'est surtout une base militaire aérienne autour de son aéroport (UEST), celle ci est un point d'appuis pour la flotte de bombardiers stratégiques Tu-95. On dénombre au moins 2 autres terrains d'aviation abandonnés dans cette zone, qui ont été exploités à l'apogée de la guerre froide dans les années 1960. La station étudiée est dans un hameau, à 250m de la mer. La ville est à 6kms au nord-ouest, et l'aéroport à 13kms. J'ai trouvé un magnifique album de photographe sur Tiksi, le voici, c'est du même auteur que celui de l'ile Kotelny: http://maxavdeev.com/albums/tiksi/ Voici une petite photo d'ambiance tirée de cet album, dans les quartiers abandonnés. Notez bien la hauteur de cette congère: Nous voici avec un climat polaire continental modéré. Cette variante plus continentale conserve les éléments habituellement constaté chez les climats polaires: minimum thermique décalé, fraction d'insolation maximale en avril, vent fort, et bien sur l'absence d'été. Le maximum de précipitation secondaire est discutable: il s'agit en fait de la saison des blizzards, et ceux ci sont ici d'une violence incroyable, bien pire que ceux des étapes précédentes (Kotelny, Chelyuskin, Dikson ou même Norilsk, tous des "petits joueurs"). Durant ces conditions de "white-out" la neige soufflée semble être comptabilisée par les pluviomètres, avec des lames d'équivalent en eau de pluie inhabituelles pour cette région en hiver (entre 10mm et 20mm/24h). Ce vent entraine un paradoxe, avec des hauteurs de neige souvent très faibles au point de mesure dégagé de la station, et des précipitations mesurées assez abondantes: je pense qu'elles sont sur-évaluées, mais en même temps, quand on voit la hauteur des congères dans le magnifique album photo de Tiksi dont j'ai parlé plus haut, et bien on peut se dire que le doute est permis et qu'il ne faut peut-être pas enterrer trop vite ces mesures. Le position plus continentale permet en tout cas des froids plus intenses que dans les stations plus maritimes vues précédemment, avec typiquement une pointe annuelle à -45°c (NB: comme à l'ile Kotelny, le record absolu de froid a été battu durant ma période d'étude avec -50.5°c en février 2002). Et inversement en été la chaleur continentale peut débouler sans demi-mesure: le record absolu de txx est de 34.3°c en juillet 1991. A ce propos j'en profite pour revenir sur Khatanga, 915kms plus à l'ouest et quasi à la même latitude (ces deux ex-villes maintenant gros villages se tirent un peu la bourre pour les records): le record de txx est un incroyable 36.7°c, en juillet 1979, ce qui est presque inconcevable aussi près de la limite de la forêt. Ici nous avons donc un record de plus de 34°c, soit 22°c au dessus des Txm normales, et incontestablement en climat et en milieu polaire. Nous verrons assez rapidement que ces chaleurs sont éphémères et souvent suivie d'un énorme retour de bâton. Pour une fois la saison la moins ventée est le printemps (ou plutôt la fin de l'hiver, après la période sombre), ce qui va à l'encontre de tout ce que l'on a vu jusqu'à présent en milieu continental. Cependant ce n'est pas non plus une saison sans vent. Durant la saison sombre le vent dominant est continental, c'est un courant d'air froid qui s'écoule du continent vers la mer, et lorsqu'il est renforcé par une synoptique tempétueuse cela donne de terribles blizzards. Durant la saison de soleil haut le vent dominant est maritime, et climatise cette côte de la mer des Laptev. La nuit polaire dure du au 18 novembre au 24 janvier, le jour continu du 10 mai au 1er aout. Voici la première partie de l'hiver, que j'appelle la saison sombre. Le températures sont relativement constantes, avec des variations moins amples qu'en Sibérie Centrale ou Occidentale, et des redoux qui peinent à dépasser -15°c. Le vent est lui très variable en intensité, bien plus que dans les climats polaires vus précédemment: on oscille entre des vrais périodes de calme, et des tempêtes qui se déchainent. On a ici un exemple de tempête durant la dernière décade de décembre avec un "gavage de pluviomètre" suspect lors de la grande soufflerie: remarquez comme l'enneigement diminue durant la même période, et remarquez aussi les valeurs de visibilités, avec une moyenne de visi nulle sur 24h le 24/12 ! BONUS: un mois de décembre 2006 très tempétueux avec encore ce phénomène de "gavage de pluviomètre". Mars est un mois d'hiver à part entière, mais le soleil revient et les tempêtes s'espacent dans le temps. Avril est aussi agréable que peut l'être un climat polaire avec une Tm qui tourne encore fréquemment autour de -20°c. Mai entame la transition vers la moitié de l'année la plus grise, on retrouve également un court maximum d'enneigement mi-mai avant l'arrivée du dégel. BONUS: mai 2012, un mois complètement fou qui rappelle les excès vus au printemps dans des régions nettement plus continentales la semaine dernière. Après un première moitié de juin souvent froide et très humide, l'été se déroule ensuite avec une opposition marquée entre deux types de temps: - la fraiche grisaille maritime, avec bruines, brouillards et des tx qui n'atteignent pas 10°c. - des coups de vent de terre, doux voire chauds à très chauds, qui se terminent souvent par un orage au contact des deux masses d'air. BONUS: une simple bascule du vent peut faire perdre 20°c à 30°c en quelques heures après un coup de chaleur, voici deux mois d'été avec des variations de t° extraordinaires: Il partait bien ce mois de juillet 2005, mais comme le dit le proverbe Yakoute: "en juillet ne te découvres pas d'un fil" ! Remarquez comme ça précipite parfois bien, ça sent le gros conflit de masse d'air, et c'est d'ailleurs souvent orageux - il ne doit pas y en avoir beaucoup des climats polaires aussi orageux. On termine par l'automne, qui commence de façon classique par une grisaille infinie jusqu'en octobre, avant de laisser place à une dynamique pleinement hivernale en novembre. Voyez comment la première grosse tempête en novembre balaye quasiment toute la neige péniblement accumulée durant les premières semaines de l'hiver. Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !
  7. mottoth

    Climats du monde

    #642. Ile Kotelny. On continue la tournée des climats polaires de l'arctique russe, avec aujourd'hui l'ile de Kotelny, dans l'archipel de Nouvelle Sibérie (également appelé archipel Anjou - Anzhu en russe). Verkhoyansk est à 950kms, Khatanga 1155kms, le Cap Chelyuskin 860kms, l'ile Vize 1420kms et Moscou 4335kms. L'ile de Kotelny est aussi grande que la Sardaigne, elle mesure 240kms dans sa plus grande dimension. Parfois considérée comme une ile à part entière, la péninsule de Faddeïev est en fait reliée au reste de l'ile par la terre de Bunge, une zone sableuse fréquemment submergée lors des tempêtes. La station étudiée est sur une base scientifique dans le nord-ouest de l'ile, à quasiment 76°N, et à 410m de la mer. L'arctique connait depuis le début des années 2010 un regain d'intérêt militaire pour la Russie, avec la construction de deux bases très récemment, une en terre François Joseph (la base Nagurskoye) et l'autre ici sur l'ile de Kotelny, à 21kms au SSO de la base scientifique. Depuis 2013 une base aérienne logistique appelée "Temp" et une base de vie nommée "Trèfle du Nord" ont été construites, avec une capacité d'hébergement de 250 personnes. Voici un article détaillant ces nouvelles installations. Une vue d'ambiance depuis le "Trèfle du Nord". Malgré l'insularité voici une variante de climat polaire un peu plus continentale par rapport aux climats de Chelyuskin, Dikson ou Vize. Les précipitations hivernales (au sens large, les six mois d'hiver) sont nettement plus basses, et le températures hivernales également un peu plus basses. Ici plus aucun redoux d'origine Européenne et/ou Atlantique ne parvient, d'ailleurs les redoux hivernaux sont très limité, si l'on regarde à nouveau les 90-centiles de tx de janvier on a plus que -18°c, contre -14°c au cap Chelyuskin et -8°c à Dikson. Nous sommes en longitude au niveau des zones les plus calmes et le plus froides de la Sibérie, Verkhoïansk est même légèrement plus à l'ouest. Les étés sont de façon un peu surprenante moins horribles qu'au Cap Chelyuskin, avec 2°c de gagnés sur les Txm et des records de "chaleur" similaires. Le vent aussi est lui aussi un peu en retrait par rapport aux autres stations polaires déjà citées et étudiées, même si l'on garde une moyenne annuelle bien supérieure à la plupart des climats tempéré. Les fréquents coups de vent hivernaux balayent le peu de neige qui tombe, et la couche moyenne est vraiment faible avec entre 10 et 15 cms au sol seulement durant la plupart du long hiver. En hiver un courant de sud-ouest domine, en été on a plutôt une opposition nord-ouest maritime et frais / sud-est "continentalisé" et tiède. En effet la taille importante de l'ile permet au soleil - lorsqu'il est présent - de réchauffer un peu l'air présent sur celle ci. En hiver le vent le moins froid vient désormais du secteur nord-est, signe que le zonal d'origine Atlantique n'est plus la principale cause de redoux ici. La nuit polaire dure du 2 novembre au 9 février, le jour continu du 25 avril au 17 aout. Voici l'hiver 2014-2015, ou plutôt la première partie, sombre, de l'hiver. Évidemment on a encore pas mal de blizzards, sur des périodes assez longues, mais il me semble que l'on trouve plus de périodes calmes (vent moyen autour de 5km/h), qui peuvent être rapprochées aux grands calmes hivernaux que connait la Sibérie Orientale. Cependant les plus gros froids annuels sont habituellement au même niveau qu'au Cap Chelyuskin ou à Dikson, à savoir une tnn annuelle entre -39°c et -40°c pour ces trois lieux. Et le blizzard des 6 et 7 février montre bien que ces grands froids ne sont pas nécessairement calmes. BONUS: février 2002, avec le record absolu de tnn, -49.9°c. Une vague de froid étonnante pour un lieu habituellement si venté, et c'est l'une des rares fiches où un record absolu de froid a été observé depuis 2000. Voici la deuxième partie de l'hiver, avec un froid presque aussi intense que durant la première partie en mars, puis le mois d'avril qui est habituellement le plus ensoleillé de l'année. Enfin au mois de mai avec le dégel approchant commence une moitié de l'année beaucoup plus grise, jusqu'en octobre. Après la fonte des neiges (autour du 11 juin habituellement) démarre un court été, qui se déroule souvent dans une froide humidité comme à Chelyuskin, et parfois dans une petite tiédeur sous le vent de terre. Globalement le thermomètre décolle plus facilement de 0°c qu'au cap Chelyuskin, mais ce n'est pas la Riviera non plus ! BONUS: le curieux mois de juin 2019, avec une anomalie thermique incroyable: même en hiver on a rarement +5.5°c d'anomalie, et en été encore moins, ce mois de juin doit être un peu l'équivalent de juin 2003 en France, avec une véritable anomalie qui sort du spectre statistique habituel. On note également un ensoleillement qui creva probablement tous les records. Voici enfin un automne très normal, où tout est bien en place à commencer par le début de l'enneigement pile à la date normale (21 septembre). Un album photo pour terminer: http://maxavdeev.com/albums/kotelniy/ Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !
  8. mottoth

    Climats du monde

    #641. Le Cap Chelyuskin Ce cap (prononcez "Tchéliouskine") est le le point le plus au nord du continent eurasiatique, à quasiment 78°N ! Seule une base scientifique est présente dans cette région désolée. Khatanga est à 640kms, Dikson 800kms, l'ile de Vize 625kms, Verkhoyansk 1460kms, et Moscou 3470kms. Entre le continent et l'ile Bolchévique (!), un détroit de 60kms de large sépare la mer de Kara de la mer des Laptev, qui sont évidemment glaciales toutes les deux et gelées une grosse partie de l'année. l'ile Bolchévique est coiffée d'une petite calotte glaciaire. La station étudiée est à 220m du rivage et 1390m du cap à proprement parler. Une grosse moitié des installations, dont celles vers le cap, semblent à l'abandon, et les rares photos disponibles ça et là montrent un lieu sinistre, jonché d’épaves, de ruines et de barils vides. Ce climat polaire est très typique de l'arctique, il fait un peu le chainon manquant entre celui de Dikson et celui de l'ile de Vize: - il fait aussi froid en hiver qu'à Dikson, voire un peu plus. Le niveau de froid hivernal semble peu varier le long de cette côte du Taïmyr, avec des Tm voisines de -25°c sur une très longue distance. - l'été est aussi froid qu'à Vize, c-à-d que l'on se contente du strict minimal pour sortir hors gel, avec une Tm inférieure à 2°c et des amplitudes thermiques très faibles dans une ambiance extrêmement humide. Pour le reste, c'est un climat venté (mais un peu moins qu'à Vize ou Dikson), extrêmement peu ensoleillé (moins de 1000h/an, maximum d'avril), et aux précipitations peu abondantes (maximum d'été). Du classique. La couche de neige n'est jamais très épaisse, durant les long mois d'hiver il se créé un espèce d'équilibre entre les faibles apports neigeux réguliers et les coups de vent eux aussi réguliers qui balayent la neige; malgré un enneigement qui dure en moyenne 280j/an la couche neige moyenne se stabilise autour de 20cms durant une bonne partie de l'hiver, avec de connaitre un maximum de 31cms mi-mai avec l'arrivée d'une neige de printemps probablement plus lourde et moins facilement soufflée. Les vents dominants sont logiquement parallèles à la côte et canalisés par le détroit. On voit bien que c'est le vent qui limite le froid par rapport aux climats de l'intérieur de la Sibérie: en janvier dès que celui ci se calme on passe rapidement sous les -30°c. La nuit continue dure du 28 octobre au 14 février, le jour continu du 19 avril au 22 aout. Je ne l'ai pas encore rappelé depuis le début de cette série nordique: en l’absence de jour il n'y a aucun rythme de température diurne durant les mois les plus sombres. Il n'y a pas de fin de nuit plus froide, pas de tx à peu près en milieu de journée... non rien, c'est ici l'électroencéphalogramme plat sur les courbes de janvier. Les 6°c d'amplitude thermique diurne moyenne que l'on observe au cœur de l'hiver sont dus aux changements de temps, aux fluctuations du vent, de la masse d'air, de la nébulosité, etc, et les tn/tx sont susceptibles de survenir à n'importe quelle heure avec la même probabilité. En été c'est un peu différent avec le jour continu: on a quand même un rythme diurne puisque l'apport en énergie solaire fluctue sur 24h, ainsi au solstice d'été sa hauteur varie de 11° à 36° suivant le moment de la journée, et il est logique de voir la t° corrélée à cette hauteur. D'ailleurs malgré une amplitude thermique diurne moyenne bien plus faible qu'en hiver (3°c en moyenne), le tableau horaire de juillet met bien en évidence un cycle avec une heure froide lorsque le soleil est au plus bas et une heure "chaude" lorsqu'il est au plus haut. Si les amplitudes de juillet sont si faibles c'est à cause de caractère extrêmement maritime de cette saison et de l'impossibilité de s'éloigner facilement du point de congélation. A ce propos, si vous revenez en arrière sur les fiches des derniers jours, une étude un peu fine des amplitudes thermiques diurnes moyennes au printemps montre toujours une réduction de celles ci lorsque la Tm est proche de 0°c: la transition neige/glace - eau liquide est très gourmande en énergie (la chaleur latente nécessaire pour fondre 1g de glace est bien plus importante - 333 J - celle requise pour porter ce même gramme de 20°c à 21° (4.2 J), et le processus de fonte des neiges et glaces (ainsi que l’éventuel re-gel la nuit) intensifie les échanges d'énergie substrat - atmosphère et a tendance à ramener les t° à une t° d'équilibre qui est de 0°c, réduisant d'autant les amplitudes thermiques durant cette période de transition. Faisons un petit retour en arrière, à Tura: durant le printemps, les amplitudes thermiques moyenne diurnes sont de 14.4°c en mars, 12.5°c en avril, 10.8°c en mai, et 13.4°c en juin. On observe un minimum relatif en avril (Tm= -4.3°c) et mai (Tm=4.5°c), durant la fonte des neiges. Dans le détail, l'amplitude thermique moyenne passe par un maximum de 15.9°c le 24/03 (-20.1°c/-4.2°c), puis un minimum de 9.8°c le 27/04 (-6.3°c/+3.5°c, en pleine fonte des neiges), avant de retrouver une moyenne de presque 13°c fin mai (3.2°c/16.0°c le 29/05) une fois que la fonte des neiges (le 2/05 en moyenne) et ses boues associées sont bien derrière nous. Donc autour d'une Tm proche de 0°c les amplitudes thermiques diurnes sont bridées par les échanges de chaleur air - eau (solide ou liquide). Et ici au bord de l'arctique avec une mer à 0°c en été et un temps affreusement gris et humide et bien les amplitudes thermiques sont très faibles, et ceci avec une très grande régularité. Voici l'hiver, du moins la première partie, celle qui se déroule presque entièrement dans la nuit polaire. On retrouve les coups de vents et les conditions de poudrerie et de blizzard fréquents, typiques de ces climats polaires. Nous sommes de plus en plus loin de l'Europe et de l'Atlantique nord, par rapport à des stations comme Dikson ou Vize. Donc les redoux sont très atténués, par exemple en janvier les 10-centiles de tx sont ici de -14.5°c contre -8.2°c à Dikson (pour seulement 2.3°c d'écart en Tm). Avec ces redoux moins prononcés l'hiver semble en effet plus monotone ici, avec une assez grande régularité des t°. Voici un exemple de printemps bricolé à partir de 2 années différentes. Voici le mois dernier (mars 2020), au bilan de t° à peu près normal malgré ce contexte d'AO durablement et fortement positive, qui ce traduit ici par une anomalie de pression très prononcée et des blizzards plus fréquents. Mars est un mois d'hiver à part entière (plus froid que décembre) mais avec de la lumière. Ce n'est qu'en avril que les t° commencent à remonter, avec aussi le temps le plus lumineux de l'année jusqu'à environ mi-mai avant que la grisaille ne prenne ses quartiers d'été. Le mois de juin n'est pas de trop pour venir à bout de la neige, puis ensuite un temps humide et fréquemment visité par des bancs de brouillard marins s'installe. Cette saison morne voit sa monotonie parfois brisée par l'irruption d'un vent de terre qui apporte une tiédeur éphémère, on peut envisager normalement 14°c ou 15°c une ou deux fois dans l'année dans ces conditions. Le record absolu est de 23.3°c, tout de même, atteint en juillet 2000. Malgré l'ICA faiblement continental (1.06) ce climat tient énormément du maritime avec le décalage du maximum thermique en aout et un mois de septembre que l'on peut au final considérer comme un mois d'été, à égalité avec juin. Cela n'empêche pas l’enneigement de démarrer en moyenne le 19 septembre, puis de s'enfoncer rapidement dans l'hiver avec des tx qui deviennent rapidement constamment négatives début octobre. Voilà, c'est tout pour Chelyuskin, je voulais juste signaler pour finir une gallerie flickr avec de nombreuses photos de la période 1989-1993 lors d'expédition Germano-Russes dans le Taïmyr. Ce sont des des scans de photos argentiques, avec du grain et un feeling un peu "antique", mais la composition des photos est souvent bonne et les ambiances sont au rendez vous: il y a quelques photos de Chelyuskin comme celle ci-dessous, mais aussi des vues de Dikson, de Khatanga et de ses forêts de mélèzes proches de la treeline, de Dudinka croulant sous la neige, des cheminées de Norilsk, et surtout des côtes désolées du Taimyr, de ses fleuves et deltas, de sa vie sauvage, de son climat sans concession même en été.
  9. mottoth

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    J'ai prévu une étape à l'ouest des monts de Verkhoïansk, mais j'ai le choix entre deux endroits et j'arrive pas à me décider, c'est d'ailleurs mon seul dilemme dans les 10 étapes à venir (tout le reste est bien calé).
  10. mottoth

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    Je viens de lire au sein d'une liste de records que cette forêt est la plus septentrionale au monde, elle s'appelle la Lukunsky Grove.
  11. mottoth

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    #640. Dikson. Dikson est connue en Russie comme "la capitale de l'arctique": c'est le village le plus nordique de l'Asie continentale, il compte 680 habitants. Bien sur il y a des implantations humaines plus nordiques en Russie, mais ce ne sont que des bases scientifiques et/ou militaires. Khatanga est à 745kms, l'ile de Vize 675kms, Amderma 770kms, Turukhansk 905kms et Moscou 2725kms. Dikson c'est aussi une ile, le village est séparé en deux, une partie sur le continent et une autre sur l'ile. Sur le continent les collines visibles au sud-est sont le début des Monts Byrranga, qui strient toute la moitié nord de la péninsule du Taïmyr. La station étudiée est sur l'ile, à 47m d'altitude et 800m de la mer. Vue du radar météo, et en arrière plan des abris Stevenson de la station. Dikson comptait 4500 habitants en 1989 avant la chute de l'URSS. Une bonne partie du village a été abandonnée, laissant une ambiance sinistre commune à la plupart des implantations russes dans l'arctique (et pas que dans l’arctique même). C'est un climat polaire, faiblement continental, avec des éléments maritimes comme l’ensoleillement annuel très faible combiné à une forte hygrométrie ou le vent vraiment fort. Il peut geler et neigeoter même en "été", et l'on a également d'autres marqueurs typiques des climats polaire comme le max de pluviométrie en aout ou septembre (septembre ici), la meilleure fraction d'insolation en avril, et le minimum thermique décalé en février. Le vent est en pleine forme, c'est là aussi un marqueur des climats polaires. En hiver il est la plupart du temps orienté au sud, nous sommes ici dans une zone où le zonal nord atlantique est généralement définitivement arrêté et dévié vers le nord par les hautes pression sibériennes ou polaires. En été un courant froid de nord est est majoritaire. La nuit polaire dure du 11 novembre au 31 janvier, le jour continu du 2 mai au 9 aout. On a beau être très loin des hivers du centre de la Sibérie, certains fondamentaux ne changent pas: les redoux sont généralement associés à du temps perturbé et neigeux, les grands froids à du beau temps. Mais ici le vent très souvent fort gâche même les périodes dégagées et anticycloniques, avec des conditions de poudrerie () et de blizzard () fréquentes et durables. Malgré un froid largement atténué par rapport aux zones continentales, le l'IRE engendré par le vent donne au final des conditions tout aussi difficiles, voire pires même. Le fin de l'hiver est plutôt ensoleillée, par contre l'espèce de "printemps" que l'on trouve en mai et jusqu'à mi-juin est horriblement gris, et potentiellement toujours aussi tempétueux comme durant cette année 2012. L'enneigement maximum est atteint en moyenne le 16 mai avec une couche de 32cms. Malgré 20 années de données de bonne qualité, aucun été n'était vraiment représentatif. Voici donc un exemple bricolé avec 2004 et 2006. Bon, l'utilisation du mot "été" est vraiment abusive: il faut déjà attendre mi-juin pour être débarrassé de la neige, et ensuite les rares séquences de beau temps doux n'arrivent généralement même pas à atteindre la barre des 20°c (txx annuelle médiane: 19.3°c). La plupart du temps c'est une ambiance bouchée avec pas mal de brouillards () et des t° qui évoluent entre 0°c et 10°c. BONUS: les deux mois de juillet les plus extrêmes de ma période d'étude: - juillet 2016, le plus doux et le plus ensoleillé. - juillet 2014, le plus froid et l'un des moins ensoleillés (2010 a fait pire). L'automne dernier (2019) a été bien représentatif, avec des bilans mensuels systématiquement bien proches des moyennes de t°, et un début de l'enneigement le 4 octobre, pile dans la moyenne. BONUS: janvier 2001, mois le plus froid de ma période d'étude, mais pas le moins venté ! On a pas loin de 10 jours de blizzard constant, du 3 au 11 janvier ! Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !
  12. mottoth

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    Alors oui un tel projet me tente à 100%, mais pour des raisons financière il est hors de ma portée, du moins pour l'instant. Et pour l'hélico je déconne pas, ce sont des régions vraiment inaccessibles: Il n'y a de routes nulle part, vraiment, et encore quand on dit "route" il faut penser "piste", il n'y a qu'à flâner autour des derniers lieux visités ici avec Google Earth Viewer pour le constater, les routes ne vous généralement pas bien plus loin que les environs immédiat du village. Et c'est pour ça que chaque village a son aéroport / aérodrome. Depuis Norilsk j'ai quand même aperçu quelque pistes qui partent vers le Putorana, c'est d'ailleurs le seul moyen d'accès évident au parc, depuis l'ouest, mais là encore il faut mieux un chauffeur local qui connait le terrain et ses pièges (il est facile de s'embourber dans un milieu aussi humide), et il faut revenir au point de départ après la trek car le parc n'a aucune autre moyen d'accès, à par l'hélico ou le bateau.
  13. mottoth

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    N'empêche les mecs ils ont fait un sacré trek, de Svetlogorsk jusqu'à Tura en descendant une bonne partie de la rivière Tembenchi. J'ai noté le départ de leur périple et la localisation de la station météo de Tembenchi sur cette carte. Ils ont passé un col dans le sud du Putorana, et à prioi ils ne sont pas passé très loin de Agata: Yes ! Ca doit pas être donné à organiser, outre les autorisations il faut au moins un heliportage vers le point de départ.
  14. Oui en effet il pleut un peu, mais c'est pas violent.
  15. Ca gronde depuis un quart d'heure à St Genis les Ollières, peut-être va-t-on connaitre notre premier orage de la saison estivale qui a l'air de camper actuellement vers Yzeron.
  16. mottoth

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    #639. Khatanga Ce village d'environ 3500h est l'un des plus nordique de Russie, par presque 72°N, et le plus important de la péninsule du Taïmyr. Norilsk est à 595kms, Turukhansk 895kms, Tura 865kms, Verkhoyansk 1270kms et Moscou 3410kms. La mer de Laptev est à 405kms. Nous sommes dans la plaine de Sibérie septentrionale, près (14kms) de la confluence entre la Kheta et la Kotuy, qui donnent naissance au fleuve Khatanga. C'est un paysage de toundra humide et de taïga éparse, le permafrost maintenant l’humidité en surface. La station étudiée est sur l'aéroport. Cet aéroport semble démesuré pour une si petite ville, mais il a une importance stratégique: militairement il fut une base pour les bombardiers stratégiques russes, et pour l'aviation civile c'est un aéroport de déroutement sur les routes Europe - Japon. C'est aussi le point de départ des expéditions vers le pôle nord. C'est quasiment un climat polaire, la Tm estivale ne dépasse 10°c que durant deux mois, du 18 juin au 19 aout. Le minimum thermique décalé en février est d'ailleurs très caractéristique des climats polaires, ainsi que le maximum de précipitations en aout, un maximum très modéré. Parmi les autres marqueurs du climat polaire présents ici, on a un maximum d'insolation décalé vers le printemps (avril est le mois avec la plus belle fraction d'insolation, 58%), et le vent bien présent, même s'il n'est pas aussi fort qu'à Norilsk. Les vents dominants sont canalisés par les reliefs qui bordent cette grande plaine de Sibérie septentrionale: au sud les plateaux d'Anabar et du Putorana, au nord les monts Byrranga. En hiver le flux d'ouest apporte des redoux originaire de l'Atlantique nord ou de l'Europe. En été la fraicheur océanique polaire arrive du nord ouest, et les belles journées sont sous un vent qui descend du plateau d'Anabar. La nuit polaire dure du 17 novembre au 25 janvier, le jour permanent du 8 mai au 3 aout. Voici un hiver normal. Les redoux au dessus de -10°c sont rares, malgré les perturbations océaniques. Le vent est souvent présent mais ne souffle pas pour autant en tempête: il est plus constant, et comme à Norilsk il ne tombe pas forcément lors des périodes les plus froides. Difficile de parler d'un printemps ici, mais les longues périodes de soleil doivent être néanmoins bien appréciées. Le gel et la neige dominent jusqu'à fin mai. BONUS: cet énorme mois d'avril 2006, sous un soleil éclatant mais un froid persistant ! L'été est donc très court, on ne dénombre en moyenne que 5 jours de chaleur par an et la txx annuelle médiane est inférieure à 30°c. L’ensoleillement paraît généreux avec plus de 320h en juin et juillet, mais il ne faut pas oublier qu'une seule journée - pas forcément chaude d'ailleurs - de ciel dégagé peut cumuler d'un coup 24h ! L'été est donc aussi marqué par le retour régulier d'un temps maussade et très frais, dans une ambiance bien ventée. Au jeu de la date d'enneigement le plus précoce Khatanga bat les "records" établis hier dans le Putorana, avec un début moyen le 27 septembre (contre le 2 octobre à Agata et le 4 octobre à Norilsk). BONUS: février 2007, mois le plus froid de ma période d'étude, avec le record de tnn depuis 2000. Le record absolu est de -59.0°c le 20/01/1987 (tx de -56.3°c !), une valeur récente donc fiable, finalement similaire à celle d'Agata, et assez éloignée de notre "record" de 2007. Évidemment un vent bien plus faible que d'habitude et des conditions souvent dégagées, engendrant des brouillards, sont associées à ces température très froides: Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !
  17. mottoth

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    # Hors-série: le plateau de Putorana et ses environs Aujourd'hui c'est le plateau de Putorana, et sa réserve naturelle inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, qui est à l'honneur. C'est la partie la plus septentrionale du plateau de Sibérie Centrale, et la plus haute en altitude également, avec un point culminant à 1678m. On y trouve un réseau un peu labyrinthique de profondes vallées glaciaires, dont l'ensemble des lacs forme la deuxième réserve d'eau douce de la Russie après le Baïkal. C'est une région très difficile d'accès et quasiment inhabitée, seuls quelques hameaux dédiés à l'observation scientifique et au tourisme sont disséminés ça et là. Il y a 3 stations météorologiques parmi les rares implantations humaines dans le secteur du parc naturel, mais je ne dispose d'aucun relevé. Dans son dossier de candidature à l'UNESCO, la partie consacrée au climat nous apprends que la partie nord-ouest est à plus tempétueuse, tandis que l'est du plateau est la moins arrosée avec environ 300mm / an: l'essentiel de l'eau précipitable des masses d'air océanique, présent dans la couche d'altitude 300m - 600m, précipite par effet orographique sur la moitié ouest du plateau, tandis qu'à l'est de 93°E/94°E la nébulosité moyenne décline rapidement. La taïga de mélèzes ne couvre que 25% du parc, aux altitudes inférieures à 400m. Le domaine de la toundra s'étage ensuite jusqu'à 1200m, puis plus haut c'est un "désert froid de montagne". Enfin il est précisé que si dans l'ouest les t° ne passent jamais sous -60°c, dans l'est en revanche il est question de t° qui rivalisent avec les records Iakoutes (-67°c)... il est même évoqué un -70°c au sud-est du plateau dans une vallée nommée Tebenchi, information à prendre avec des pincettes bien sur. Le moyen d'accès le plus "facile" est par la grande ville de Norilsk, une ville cependant interdite d'accès aux étrangers sans autorisation préalable. Norilsk. Ceci est la première photo présentée sur le wiki anglais de cette ville de 180 000h (220 000h avec les travailleurs non résidents): une belle ville bien propre, avec un beau ciel bleu et ses filles en robes courtes. Beaucoup ici savent déjà qu'en fait cette ville a le pire climat de toutes les grandes villes russes, et que de surcroît c'est aussi la plus polluée: cette ville entièrement dédiée à l'industrie minière (nickel essentiellement) est responsable à elle seule de 1% des émissions mondiales de dioxyde de soufre avec ses mega-fonderies. Cette ville est à la limite de trois grands ensembles géographiques russe: la plaine de Sibérie Occidentale (à l'ouest de l'Ienisseï), la plaine de Sibérie septentrionale (au nord) et le Plateau de Sibérie Centrale (le Putorana) à l'est. Le Putorana commence vraiment à 65kms à l'est, et le premier bras de la mer de Kara est à 270kms au nord-ouest. Turukhansk est à 395kms au SSO. La station étudiée est dans une zone marécageuse à 1kms de la ville. Si j'avais initialement exclu cette ville, c'est à cause de la trop petite période à étudier, les données n'étant disponibles que depuis avril 2012. Les courbes de températures sont donc très imparfaites, avec notamment des mois de novembre trop froids et de mois de décembre trop doux durant ces 8 derniers hivers. Néanmoins cela suffit à tracer les grandes lignes de ce climat subarctique continental marqué, à l'été très court. Les précipitations montrent un maximum au mois d'aout lorsque le le surplus d'humidité de la mer de Kara libre de glace est maximal, une caractéristique déjà observée sur les fiches "voisines" (Turukhansk, Tura). L’ensoleillement annuel est bien sur mauvais, avec pour commencer une nuit polaire qui s'étale du 29 novembre au 13 janvier. Mais l'été semble correct, avec même un très beau cumul de 366h en juillet - un cumul probablement amené à se réduire avec des années supplémentaires de données, les derniers étés ayant été particulièrement cléments. Bien sur aout viens rapidement "calmer le jeu" avec un retour très rapide de l'automne. Outre le froid omniprésent durant presque les 3 quarts de l'année, c'est le vent qui est en vedette ici avec notamment un hiver souvent tempétueux et une forte fréquence de blizzard. Celui est canalisé par le relief, on trouve un courant principalement continental en hiver, c'est plus partagé en été avec même un petit avantage pour le vent arctique. J'ai essayé de tenir compte des insuffisances de ma période d'étude pour choisir les exemples de saisons, voici donc un hiver avec des mois de décembre et févriers un peu plus froids, et probablement plus conformes aux normales. Même avec quelques degrés de plus l'hiver est de toute façon infernal, avec en plus du froid des séquences fréquentes et parfois assez longue de poudrerie voire de blizzard , même durant les périodes les plus froides qui ne sont pas nécessairement calmes. Les variations de la couche de neige sont assez erratiques, les plus fortes tempêtes pouvant sérieusement balayer une bonne quantité de neige (voyez l'épisode des 11 et 12 janvier après plusieurs jours de chutes de neige sans grand vent). Avec une aussi courte période d'étude j'ai préféré bricoler un exemple de printemps censé être bien représentatif plutôt que de ma rabattre sur des exemples trop imparfaits. Voici donc le mois de mars 2016, suivi de avril et mai 2012. Pas grand chose ne distingue mars du reste de l'hiver, à part les minutes de soleil rapidement gagnées. Mais ce soleil est encore trop souvent masqué par le mauvais temps, ici on a une terrible tempête du 21 au 23/03 qui a même rendu l'anémo HS pendant 24h. On peut connaitre de belle périodes comme ensuite en avril 2012, mais ce satané vent est toujours là et même une fois au mois de mai l'hiver semble tenir bon jusqu'aux derniers jours. On pars d'encore assez bas début juin: la dernière gelée est observée en moyenne le 4 juin, et l'arrivée de l'été est souvent fulgurante... quand il arrive, car certaines année c'est très poussif. On peut donc compter sur une bonne dizaines de belles journées avec au moins 25°c et un temps souvent radieux, comme sur la photo. Mais le mauvais temps n'est jamais très loin, et les journées humides et automnales sont monnaie courante en été, elles deviennent même la norme en aout. An noter: encore deux épisodes de fumées d'incendies - même jusqu'ici - , l'un 24/07 et l'autre du 7 au 9/08. BONUS: un formidable mois de juillet, en 2013. Et sans fumée en plus ! BONUS: un mois de juillet nettement moins formidable, en 2018. Enfin encore un exemple bricolé, avec l'automne, et des transitions plutôt crédibles entre ces différents mois. L'hiver s'installe début octobre, avec un démarrage moyen de l'enneigement le 4/10, encore plus tôt qu'à Oymyakon (le 5/10) ou Verkhoyansk (le 7/10). BONUS: le mois de janvier 2014, le plus froid de ma période d'étude. Si j'avais pu remonter jusqu'à 2000 ce serais très probablement encore le plus froid. Et la ville continue de tourner par ces conditions, les hauts fourneaux ne s'arrêtant jamais de fonctionner. Ça, c'était pour Norilsk, et un peu pour la partie la plus à l'ouest du plateau, la plus neigeuse et le plus tempétueuse. Agata. C'est la seule station synoptique implantée dans une topographie représentative du plateau du Putorana, avec ces fonds de vallée assez plats et souvent occupés par des lacs. Là encore je voulais initialement l'inclure pleinement dans cette série, pour cette topographie assez unique et aussi parce que c'est LA station du record de pression atmosphérique mondial de plaine, 1083.8 hPa le 31/12/1968. Mais depuis 2014 les données sont reportées de façon assez erratiques, et leur fréquence est actuellement divisée par 2: 4 obs/jour au lieu de 8 habituelles, on est même tombé à 2obs/jour en 2019. Donc la période d'étude s'arrête en 2014, et encore avec des trous dans les données bien plus nombreux que d'habitude dans le réseau synoptique russe, et cette fiche ne sera probablement pas remise à jour, à moins d'un retour "à la normale". Nous sommes en fond de vallée, au bord d'un lac, à l'écart de tout. Norilsk est à 350kms, Turukhansk 275kms, Tura 425kms. J'ai localisé sur mon atlas le lac Tebenchi, à priori le spot froid évoqué dans le dossier UNESCO avec "-70°c", à environ 60kms à l'ouest et 380m d'altitude. Cette rivière coule ensuite vers le sud-est pour se jeter dans la rivière Kochechum à 40kms au nord de Tura. Vous verrez avec cette fiche qu'il y a vraiment de quoi douter. Quasi aucune photo de Agata sur le web, celles ci viennent des pages en russe de la division du Kraï de Krasnoyarsk: c'est même pas un hameau, il y a trois isbas et absolument rien autour. C'est l'une des stations synoptiques russes les plus isolées, il n'est pas impossible que l'observateur de la station soit parfois complètement seul pendant des semaines. Par rapport à Norilsk le climat d'ici n'a rien à voir: beaucoup moins venté, et naturellement nettement plus froid en hiver. En fait ça ressemble pas mal avec ce que l'on a vu hier à Tura, avec encore quelques degrés de mois notamment en été: il est incroyablement court ici, avec par exemple en moyenne seulement deux mois hors-gel (et encore il peut geler en juillet). L'été est en fait plus gris ici, avec une plus grande influence de la mer de Kara et aussi une convection importante autour du lac. En hiver durant la nuit polaire on retrouvera des épisodes de très grand froids sous des conditions calmes et dégagées, durant lesquelles le thermomètre stagne durant des jours au même niveau, ainsi les records bas de tx sont quasiment au niveau de ceux de tn de novembre à janvier. Pas de record de pression fracassant sur notre période d'étude, on a une valeur max de 1067 hPa qui est à peu près la même que ce que l'on a pu voir ailleurs. D'ailleurs les plus belles valeurs ont jusqu'à présent été observées à Tura (1071.5 hPa le 3/12/2005) et... Novossibirsk (!) le 19/01/2010 avec 1071.8 hPa. Mais il ne faut pas oublier non plus Kyzyl, un climat vu il y a quelques années déjà, avec 1075.5 hPa le 19/01/2010 également; cependant cette station est à 629m d'altitude donc la méthode de réduction au niveau de la mer commence déjà à introduire des biais qu'on ne peux plus négliger. En tout cas on est encore loin des 1083 hPa, je vais surveiller cela pour les prochaines fiches mais je doute qu'on retrouve quelque chose d'approchant 1080 hPa où que ce soit en Sibérie durant ma période d'étude. Le vent est quasi absent en hiver, à part des redoux de sud. En été c'est plus partagé, le courant de nord-ouest est originaire de la mer de Kara. J'ai parlé un peu abusivement de nuit polaire un peu plus haut, en fait le 21/12 il fait officiellement jour durant 1h41, mais le soleil ne monte pas assez haut pour dépasser du relief. En été il y a un jour permanent, il dure du 2/06 au 9/07. C'est le même exemple d'hiver que pour Norilsk, si vous voulez comparer en détail. Hormis quelques épisodes perturbés de sud (avec de francs redoux), c'est le plus souvent un calme absolu: rien ne semble troubler la tranquillité du lieu pendant parfois des semaines, et lorsque le ciel se dégage le thermomètre chute largement sous -40°c. Voici le meilleur exemple de printemps que j'ai à dispo, 2005, avec hélas pas mal de trous dans les données. Ce printemps a suivi un hiver neigeux, néanmoins avec l'absence de vent trop fort pour souffler la neige et l'absence totale de dégel pendant l'hiver et bien on cumule généralement une couche confortable, en moyenne 68 cms au maximum à la mi-mars avant l'agitation printanière. Avril est le mois le plus venté de l'année, et entre les coups de vents et les périodes de beau temps calme on a des variations de températures assez incroyables. En mai c'est un peu mieux qu'à Norilsk, mais en moyenne la couche de neige s'attarde aussi longtemps avec une disparition totale autour du 25. On continue avec 2005 pour l'été. Il y a une contradiction dans le tableau de stats principal: on dénombre en moyenne 1.4 jour/an avec tx > 30°c, et pourtant la txx annuelle médiane n'est que de 27.8°c. Cela vient du fait que peu d'années ont atteint ou dépassé 30°c, mais que lorsque c'est le cas on enregistre souvent une série de plusieurs jours au dessus de ce seuil qui viennent alimenter le compteur de fortes chaleurs. Voici donc un été à la chaleur normale, sans atteindre 30°c... ce fut même un peu poussif avec à peine 26.8°c, mais vous l'aurez compris on a plus de chance de vivre un été comme celui ci plutôt qu'un été avec une belle petite collection de 30°c et 31°c. Ce fut pourtant une année assez estivale si l'on en juge par le nombre d'orages observés en juillet. Par contre le mois d'aout... plus on enchaine les fiches et moins il ressemble à l'été, ici c'est catastrophique. Et pour finir j'ai du là aussi bricoler un exemple d'automne, le résultat est assez crédible et surtout assez représentatif. C'est une saison très grise et maussade, les choses ne s'arrangent qu'en novembre avec l'installation du grand hiver. Ici l’enneigement commence en moyenne le 2 octobre (record battu, take that Norilsk !). BONUS: je ne pouvais pas finir sans vous montrer ce mois de janvier 2014, déjà extraordinaire à Norilsk. Un mois quasiment sans aucune influence "extérieure", avec une machine à froid d'une régularité presque parfaite sous le ciel étoilé du Putorana. Remarquez que contrairement à Tura ou quelques autres stations (Yakutsk, Yeniseysk) ces conditions ne s'accompagnent pas de brouillards. Ce mois de janvier est le plus froid de toute la climatologie de Agata, pas uniquement de ma période d'étude. Détail des conditions du 6 au 8/01/2014, avec une température d'une grande stabilité, et une tx "diurne" de -55.5°c le 8. Voilà, c'est tout pour Agata. Le record absolu est ici de -59.3°c le 14/02/1991, un record récent et à priori très fiable (-58.1°c le 15/02/1991). Quand on voit les conditions absolument parfaites de cet endroit pour ces épisodes de froid, on voit mal comment une vallée voisine semblable ferait 10°c de moins... on s'en doutait déjà, mais ce prétendu -70°c ne repose sur rien de solide et me semble de l'ordre du fantasme. On termine avec quelques photos du Putorana, prises essentiellement sur Google Earth Viewer: Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !
  18. mottoth

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    #638. Tura. Tura est un village de 5000h, isolé au milieu de la taïga et du plateau de Sibérie Centrale. Seul l'aéroport à 13kms à l'ENE connecte cet endroit au reste du monde. Vanavara est à 450kms, Turukhansk 600kms, Novossibirsk 1415kms, Yakutsk 1490kms et Moscou 3450kms. Le plateau de Syverma - c'est ainsi qu'est nommé ici cette partie du plateau de Sibérie Centrale - montre des différences d'altitudes marquées entre les crêtes le et vallées. Ainsi au niveau de Tura la Niznyaya Tungunska (Tougounska Inférieure) est à une altitude de 126m, mais l'aéroport mentionné plus tôt est à plus de 600m. La station étudiée est dans le village à une altitude de 191m, soit 65m au dessus du niveau de la rivière mais bien plus bas que les collines alentour. NB: la piste d'atterrissage visible près de la station n'est pas l'aéroport actuel, qui est hors champ vers la droite de l'image. Une photo trouvée sur Google Earth Viewer, j'ai encadré en rouge la zone où se trouve la synoptique. C'est un climat subarctique hypercontinental pur. Malgré une topographie similaire et seulement 4° de gagnés vers le nord l'hiver est ici bien plus rude qu'à Vanavara, et notamment sur les Tx (9°c de perdus en moyenne sur janvier !). Les vallées plus encaissées du plateau de Syverma semblent mieux favoriser les brouillards givrants, que le soleil n'a plus aucune chance de percer au cœur de l'hiver à cette latitude. Les précipitations sont également un peu plus faibles ici, et avec un ratio été/hiver plus élevé qu'à Vanavara. Tous ces facteurs expliquent le gain de 0.20 point sur l'Indice de Continentalité Absolu. On constate également un début de décalage du maximum de précipitations vers l'automne, un signal - déjà constaté à Turukhansk - que l'on se rapproche de l'arctique et des climats polaires où ce maximum est corrélé à la période libre de glace. Les roses des vents sont difficiles à interpréter, notamment en hiver: rien ne semble fondamentalement différencier les deux vents dominants (NO ou SE) puisqu'il sont tous les deux ni froids ni doux, et aucune brise ne se distingue sur les cycles diurnes même en février lorsque le soleil est un peu plus visible. En été j'ai distingué sur les données détaillées une brise nocturne de secteur NO (300° et 330°), et une brise de vallée diurne (secteur 240°). Le durée du jour varie de 4h03 le 21/12 à 21h15 le 21/06. J'ai repris le même exemple d'hiver que pour Vanavara, l'hiver 2017-2018. Ce qui est nouveau ici par rapport à Vanavara ce sont ces brouillards qui accompagnent les grands froids, avec des tx alors très proches des tn. La tnn de ma période étude est ici un peu moins sévère que celle de Vanavara (-55°c contre -56°c, -60.0°c contre -61.0°c pour les records absolus), par contre la txn est impressionnante: -53.6°c ! Une fois que le soleil est assez haut sur l'horizon pour bien réchauffer, on retrouve en fin d'hiver et première moitié de printemps des amplitudes thermiques diurnes excessives typiques de ces climats hypercontinentaux. Dès que le vent tombe et le ciel se dégage on gagne et/ou perd/reperd facilement 25°c en quelques heures, mais de plus les centres d'actions se succèdent parfois très rapidement (regardez aussi les variations de pression): cela donne des variations souvent délirantes d'un jour à l'autre et des semaines complétement folles. Le "vrai" printemps (sans neige et avec une vraie douceur) est vraiment court et n'arrive qu'en mai. Voici le même exemple d'été qu'à Vanavara (2014), un été moyen avec un peu de tout, y compris cet épisode de fumées d'incendies (reportées ici comme de la brume sèche ) du 20 au 22/07. Le mois d'aout semble vraiment automnal, certes il est un peu plus froid que la moyenne (-1°c, ce qui n'est pas un si gros écart pour ce genre de climat), et pourtant il présente un excédent d'insolation. Il faut donc savoir apprécier pleinement les quelques semaines d'été là-bas, en aout c'est déjà habituellement trop tard. Enfin voici le dernier automne en date, avec pour chaque mois des anomalies pas trop prononcées et un bilan global normal. L'enneigement à commencé le 7/10, une date quasi normale (9/10). NB: c'est un rappel car je procède ainsi depuis le début, j'ai repris la définition d'Environnement Canada pour l'enneigement continu, qui autorise une pause de 48h durant celui-ci. C'est pourquoi la date retenue de début est le 7/10 et pas le 19/10. Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !
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    Et le tout par -40°c ou dans le blizzard, toutes les 3 heures, avec du matériel de la préhistoire de l'informatique. J'admire ces types (ou ces femmes) qui ressortent à 2h du mat faire leurs observations, les encoder, les télégraphier, etc.., même si j'imagine que les nouvelles technologies viennent peu à peu alléger les tâches de traitement des données récoltées: dans les descriptions de certaines synoptiques du Kraï de Krasnoyarsk il est question de modernisation en stations automatiques depuis 2012. Je comprend les erreurs d’encodages que je trouve dans les synops (une erreur de virgule par ci, des chiffres inversés par là - genre -14.1°c au lieu de -41.1°c -, ou une erreur de signe), elles ne sont pas si fréquentes que cela au final et dans l'ensemble la qualité des données russes est remarquable dans la durée, même pour les postes extrêmement isolés apparemment opérés par une seule personne (on va en voir quelques uns prochainement).
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    Au sud on se bute soit à la zone aride (ex: transition de la Sibérie vers l'Asie Centrale, de l'Europe au Sahara) soit à la zone tropicale avec en chemin la grande sous-catégorie un peu fourre tout des climats subtropicaux (transition de la Sibérie vers le sud de la Chine, de l'est des Etats Unis vers les Caraïbes). Ces limites sont plus difficiles à préciser, l'utilisation des critères de Köppen ne fonctionnant plus aussi bien que pour la limite polaire: @dann17 s'est spécialisé dans ces questions en développant des indices maison qu'il vient régulièrement éprouver ici.
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    #637. Vanavara. Vanavara est un village de 3 000h, perdu au milieu du plateau de Sibérie Centrale. Nous sommes dans l'immense territoire de Krasnoyarsk. Nizhneangarsk est à 665kms, Nizhneudinsk 635kms, Yeniseysk 610kms, Turukhansk 940kms, Irkutsk 905kms, Yakutsk 1470kms et Moscou 3690kms. Bon, après le lac Baïkal c'est un peu difficile d'enchainer, un énième village sibérien paumé au bord d'une rivière ce n'est pas très sexy . Comment vais-je pouvoir encore amener des paillettes dans votre vie cette fiche ? Il se trouve que Vanavara est le plus proche village (65kms) de l'épicentre de ce que l'on appelle l'événement de la Tungunska: une explosion cataclysmique qui a aplati plus de 2000km² de forêt en juin 1908, et dont la cause la plus probable est la désintégration d'un gros météore à quelques kms d'altitude. Vanavara est dans la vallée de la Podmenkaya Tungunska ("Toungounska pierreuse"), un affluent de l'Ienisseï dont la confluence est à Bor. La région alentours s'appelle le plateau de la Toungouska, un sous ensemble du plateau de Sibérie Centrale, et la localisation de Vanavara dans les parties basses de cette région va favoriser le froid radiatif et de fortes amplitudes thermiques. Il a fallu attendre presque 20 ans avant qu'une expédition arrive sur les lieux de l'explosion, voici des photos d'époque (1927): Bien que la thèse du météore soit la plus probable et la plus consensuelle (les théories concurrentes sont il faut le dire particulièrement farfelues, du micro-trou noir au rayon de Tesla - genre de conspiration HAARP avant l'heure - en passant par la comète "d'antimatière" !), l'événement pose encore des questions - notamment la nature du météore - , voici un article en anglais qui tente de faire rapidement le point. Retour au village, la station étudiée est en bordure sud-est, à 600m de la rivière. Une dernière photo , qui montre une bonne partie du village inondée lors d'une débâcle assez catastrophique de la rivière. J'ignore de quelle année ça date (rien dans les exifs). L'emplacement de la station synoptique est vers le cadre rouge. On renoue aujourd'hui avec les climats hypercontinentaux, celui est pleinement subarctique avec une période hors-gel qui ne dure en moyenne qu'à peine plus de deux mois (du 11/06 au 19/08); il peut néanmoins geler à n'importe quelle date en juillet même si cela reste rare (0.3 jour/an). Je suis un peu surpris par l'été pas si pluvieux que cela, j'ai même pas mal de mois de juillet assez secs (21mm en 2002, 17mm en 2006, 11mm en 2016, 17mm en 2018, 9mm en 2019). Cette tendance est confirmée par les normales plus anciennes, ainsi les étés sont souvent bien ensoleillés et peu perturbés, à défaut d'être vraiment chauds, et ce manque de précipitations par rapport à ce que était attendu explique l'ICA pas si élevé de 1.82 (je m'attendais à trouver une valeur supérieure à 2.00). Le froid peut-être extrême, avec la barre des -55°c franchie durant ma période d'étude et une tnn digne de la Yakoutie: -56.6°c le 31/01/2006 (record absolu -61.0°c le 16/01/1966). Les amplitudes thermiques diurnes sont souvent bluffantes, nous le verrons à plein d'occasions dans les exemples de saisons. Dernière curiosité: décembre est plus froid que janvier sur ma période d'étude, notamment à cause des tx qui sont pénalisées par un soleil au plus bas. Je ne pense pas que cette tendance se confirme sur une période d'étude plus longue, mais cela confirme le formidable potentiel de froid radiatif de ce lieu. Les roses des vents montrent essentiellement des brises que l'on trouve en toutes saisons (même si j'ai du fouiller dans les données détaillées en hiver pour les déceler): - brise nocturne de nord-est - brise diurne de sud-ouest. L'hiver semble assez gris avec un temps souvent faiblement floconneux. Les rares périodes de ciel complètement dégagé se soldent par des coups de froids spectaculaires où les tn s'établissent rapidement entre -45°c et -50°c. Notez la fulgurance du refroidissement les 8 et 9/12, et ce sans grand vent mais juste avec une disparition totale de la couche nuageuse. En février le soleil plus vaillant donne de fortes amplitudes thermiques diurnes, qui excèdent facilement 20°c et peuvent atteindre 30°c, et je suis un peu étonné du temps présent reporté durant ces journées avec un ciel à la fois constamment neigeotant et assez transparent pour permettre de cumuler 6 à 8h d’ensoleillement par jour ??? J'aimerais bien observer cela par moi même je vous avoue. En mars et jusqu'à début avril chaque nuit dégagée se solde par un refroidissement de 20°c à 25°c, et le caractère de plus en plus changeant du temps donne des variations assez surprenantes d'un jour sur l'autre. Cet exemple de printemps est bien sec en avril et du coup l'enneigement se termine avec plus de 10 jours d'avance, la date moyenne étant le 6 mai. Même en mai on n'est pas complètement tirés d'affaire, la neige peut revenir facilement et les gelées restent fréquentes. L'été ne dure vraiment que de mi-juin à fin juillet, en aout la t° diminue rapidement et début juin est encore assez perturbé (et les pieds dans la boue). Sur cet exemple la majorité des pluies semble venir d'orages, ce qui explique à priori l’irrégularité des précipitations estivales et les années sèches. C'est vraiment surprenant, car on a constaté partout ailleurs (même près du Baïkal ou à Chita) que l'on pouvait aussi compter sur les pluies "stratiformes" provenant de perturbations bien constituée en plein été. On a observé sur cet exemple de 2014 un épisode de fumées d'incendies du 21 au 25/07. BONUS: juillet 2019, le mois le plus chaud de ma période d'étude, et également le mois d'été le plus sec. Et également celui qui a battu à deux reprises le record absolu de chaleur, avec au final 36.0°c le 02/07/2019 (ancien record 35.7°c les 12/07/1994 et 26/06/2018). La canicule avait débuté fin juin avec 5 tx>30°c consécutives en fin de mois dont un 34.5°c le 29/06 et un 34.9°c le 30/06. Sans plus atteindre ces sommets le reste de ce mois de juillet est resté bien chaud, avec notamment la plus haute tn de ma période d'étude atteinte le 16/07 (c'est à priori un record absolu également). La conséquence de cette chaleur et du manque de pluie c'est un développement anormal des feux de forêt, qui a bien été relayé par les médias l'été dernier. Et donc cet épisode de fumée dense en dernière décade, avec notamment 4 journées d'ensoleillement nul sous la chape de fumée du 23 au 26/07. L'automne est précoce puisque la dernière gelée est enregistrée habituellement fin aout. Ce sont donc les premières neiges que l'on guette en septembre, et l'enneigement continu démarrage normalement autour du 11/10. Il arrive un peu en retard sur cet exemple de 2015 mais on voit bien la plongée rapide du thermomètre juste derrière avec le changement l'albédo du sol. La chaleur du début du mois de septembre est vraiment inhabituelle, en moyenne on ne décompte que 0.5 jour de chaleur durant ce mois. BONUS: octobre 2009, l'arrivée de l'hiver la plus fulgurante de ma période d'étude, on perds 50°c en 19 jours ! Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !
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    Les données du wiki sont complètement à la masse, la ressource officielle russe donne 360mm
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    # Hors-Série: Le Baïkal. Je voulais en savoir un peu plus sur l'influence qu'a ce lac sur le climat local: j'ai donc cherché sur Ogimet des stations lacustres, et j'ai été rapidement confronté à un problème commun avec la Russie: la disponibilité change rapidement pour telle ou telle station, et au final il ne reste pas grand chose avec une disponibilité continue depuis 20ans. J'ai donc fait un comparatif sur une période très réduite, moins de 4 ans, avec le panel de stations qui me semblait le plus pertinent. Je ne vais donc pas présenter de tableau de statistiques complet, mais plutôt comparer des mois types pour 3 saisons (hiver, printemps, été) entre 8 stations de la grande région du Baïkal, certaines très lacustres et d'autres très continentales et loin du lac. Voici notre terrain de jeu. Dans sa plus grande dimension le lac mesure 605kms: Irkutsk sera le principal point de référence. Nizhneangarsk, Ust-Barguzin et Babuskin sont des stations côtières toutes à moins de 2kms du lac. Khuzir est sur l'ile d'Olkhon, juste en face du rocher le plus photographié du Baïkal. Zhigalovo et Ulan-Ude sont des stations très continentales qui vont trancher nettement avec le climat du Baïkal. Enfin Khamar-Daban c'est un petit bonus, à 1440m d'altitude, qui nous montrera un peu le climat de la montagne du même nom. 1. L'HIVER. J'ai choisi des mois qui présentent le bilan le plus neutre possible à la fois à Irkutsk et à Nizhneangarsk. Pour illustrer l'hiver voici donc janvier 2017. Voici Irkutsk: - une période de redoux sec en début de mois - deux périodes de froid modéré, autour du 10 et du 20/01 - un épisode faiblement perturbé entre ces deux coups de froid. Nizhneangarsk: on retrouve le fort redoux de début de mois, ici accompagné de neige. En revanche le mauvais temps observé à Irkutsk en milieu de mois a disparu ici, on a à la place un période de froid modéré mais bien constant. Sur les deux premiers exemples nous étions en terrain connu, avec un mois de janvier un peu plus doux sur les tx mais plutôt normal sur le reste. Voici maintenant des stations côtières, voici Babuskin, sur la côté sud-ouest, à 120kms d'Irkutsk: C'est nettement moins froid, on gagne 3°c par rapport à Irkutsk. On y retrouve les mêmes épisodes qu'à Irkutsk, en simultané. C'est aussi bien plus venté: voilà l'explication la plus plausible à ce froid moins prononcé, on constate que les rares journées peu ventées sont les seules où la tn plonge sous -25°c - une valeur pas vraiment extraordinaire pour la région. Khuzir est sur l'ile d'Olkhon, une position bien centrale sur le lac, à 230kms d'Irkutsk et 320kms de Nizhneangarsk (NB; j'ai malencontreusement écrit Khuzin sur les infographies). Sur le peu de données compilées que j'ai c'est de loin la station la plus sèche, avec à peine 200mm/an ! C'est un peu moins venté qu'à Babuskin, un peu plus qu'à Irkutsk, et du coup l'intensité du froid est elle aussi intermédiaire (s'il fait en fait aussi froid qu'à Irkutsk c'est aussi en raison de la latitude). Ce secteur est sous le vent de la chaîne côtière du Baïkal, et le flux d'ouest porteur normalement de perturbations est largement foehné ici. Le soleil semble donc très présent, et le mauvais temps ne se résume la plupart de temps qu'à quelques flocons. Ust-Barguzin est sur la rive est du lac, à seulement 110kms de Khuzir. Le point de mesure est à 1.6kms du lac, et le vent dominant semble être un vent de terre de sud-est, peu fort. Les perturbations sont très atténuées, et le froid un peu plus intense qu'à Khuzir sans atteindre des sommets. C'est cependant la seule station dans l'environnement immédiat du Baïkal que j'ai vu passer sous -40°c durant cette courte étude (-41.8°c le 5/02/2019, -37.7°c le même jour à Irkutsk). Voici à présent deux stations hypercontinentales: Ulan-Ude, à 86kms du lac, derrière la chaîne du Khamar Daban: le redoux du début du mois n'a pas pénétré cette vallée, et globalement le froid est plus intense avec les -30°c atteints de façon routinière. Zhigalovo, à 210kms au nord-ouest du lac: c'est vraiment un autre monde, cette station a un climat semblable à celui de Nizhneudinsk, mais encore plus froid l'hiver. Enfin allons voir cette station de la chaîne du Khamar Daban, installée au milieu de rien sur un col à 1442m d'altitude: il ne faut pas être surpris des températures pas très froides, à cette altitude la pression moyenne est d'environ 850hPA, soit la fameuse altitude si souvent employée pour caractériser la t° de la masse d'air. La station étant sur un col, elle mesure assez bien ce que serait la t° en air libre, sans phénomène d'inversion. Cet exemple met donc bien en évidence les inversions de t° constantes qui caractérisent la Sibérie en hiver, avec des t° généralement inférieures 1000m plus bas qu'ici sur ce col. On constate aussi un enneigement bien plus important, cette chaine bénéficiant naturellement d'un bon effet orographique. 2. LE PRINTEMPS. J'ai choisi avril 2018, souvenez vous je vous l'avais présenté sur la fiche d'Irkutsk, avec ce petit coup de chaud précoce: On donc de tout dans ce mois: du gel fort au début, la disparition de la couche de neige hivernale le 2/04, un temps changeant typique du printemps et un coup de chaleur sèche en fin de mois. De l'autre côté du lac, à Nizhneangarsk, c'est beaucoup plus poussif avec une disparition de la neige le 17/04 (un peu en avance tout de même) et aucune chaleur en fin de mois. Mais ce n'est pas une surprise vu la présentation que je viens de faire du climat de cette ville, elle est loin d'Irkutsk et le lac a une très forte influence refroidissante en cette saison. A Babuskin, on voit bien que la proximité du lac calme les ardeurs du printemps, puisque l'on passe de 27°c à Irkutsk à 19°c ici durant l'épisode de fin avril. Khuzir, sur son ile, n'a déjà plus de neige début avril tellement l'hiver est sec, mais le lac environnant limite fortement les coups de douceur. Le 22.5°c du 23/04 fut très éphémère et a été atteint durant un coup de foehn en provenance des monts du Baïkal qui a traversé cette branche du lac sans être dénaturé. Pas si chaud que ça non plus à Ust-Barguzin, beaucoup moins concernée par les brises de terres en cette saison que sur notre exemple hivernal. Au final le pic de douceur ne fait pas mieux qu'à Babuskin. Le printemps est presque aussi tardif qu'à Nizhneangarsk, avec une fonte des neige seulement au milieu du mois. Pourtant pas d'erreur, la chaleur de la dernière décade a bien concerné des zones qui s'étendent bien plus loin que Irkoutsk, comme ici à Ulan-Ude: Même Zhigalovo dans sa froide cuvette enregistre bien plus facilement des t° printanières: On termine par le Khamar-Daban, avec la confirmation de l'enneigement abondant en montagne... et un coup de douceur qui fait mieux que au bord du lac 1000m plus bas: 3. L'ETE. Voici juillet 2017 comme mois étalon. Un mois marqué par un coup de chaleur au tout début, digne des txx annuelles habituellement observées. Même à Nizhneangarsk ce coup de chaleur fut bien présent. Dans nos deux villes de référence ce mois de juillet est normal thermiquement, pour les précipitations c'est partagé, ici on a un excédent, à Irkutsk un déficit (il manque la journée du 3/07, avec un cumul partiel de 2mm/12h). Babuskin, au sud-est, est vraiment fraiche, et reste la station la plus ventée de notre panel. Seulement deux jours de chaleur sur cet exemple, et encore avec une faible marge. Khuzir: la chaleur est vraiment rare ici au milieu du lac. Sur mes 3 étés complets étudiés ici je n'ai qu'une txx de 26.7°c. Les précipitations elles aussi sont chiches. Pas si loin de là, à Ust-Barguzin, c'est pas vraiment plus chaud mais durant les rares journées où le vent de terre se lève on peut au moins atteindre et dépasser facilement les 30°c en sortie de la vallée de la Barguzin. La chaleur n'est pas une inconnue de l'autre côté des montagnes à Ulan-Ude, complètement à l'écart de l'influence rafraichissante du lac: Même Zhigalovo, plus nordique mais hypercontinentale, connait bien la chaleur: On termine avec la montagne de Khamar-Daban, rien de déroutant ici: les précipitations convectives sont fréquentes et abondantes, et la chaleur bien en retrait... même si on arrive encore à ponctuellement faire mieux que tout au bord du lac. Donc pour conclure, dans les faits attendus et effectivement constatés, on a: - la faiblesse des précipitations vers le lac, et surtout là où aucun surplus de nature orographique n'est possible comme à Khuzir. Je ne l'ai pas mentionné, mais Babuskin semble connaitre assez souvent (plus qu'à Nizhneangarsk) des blocages de perturbations contre le relief, avec des épisodes très pluvieux à la clef. - la faiblesse des températures estivales, avec des lieux qui peinent à dépasser les 25°c durant les meilleurs jours. Pour les surprises, j'ai noté: - le vent assez faible presque partout, notamment à Khuzir avec 9.5 km/h de moyenne annuelle (vraiment pas beaucoup pour une station insulaire installée près d'une corniche). Je pensais que le vent était plus présent vers le lac. - l'absence de phénomène de lac d'air froid en hiver, malgré un vent souvent faible. Faible mais pas nul, c'est probablement le facteur principal le long des côtes soumise à des petites brises de montagne nocturnes. Bien sur on constate une inversion de t° quasi constante avec la montagne, mais dès que l'on compare avec des lieux plus continentaux on voit que le froid n'est pas particulièrement intense sur le Baïkal. Peut-être (c'est juste une hypothèse) qu'en plein milieu du lac, loin des brises de montagne côtières, la t° baisse plus (à la manière des grands froids mesuré sur la banquise au large de l'antarctique, loin des vents catabatiques côtiers), mais peut-être que je prends aussi les vessies pour des lanternes Aller, on termine avec quelques photos prises un peu au hasard sur Google Earth: Khuzir, photo prise quasiment depuis la station synoptique, avec en arrière plan la chaîne côtière du Baïkal: La station météo du Khamar-Daban: Une cabane au bord du lac, comme celle de Sylvain Tesson:
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    #636. Nizhneangarsk. Nizhneangarsk est un gros village de 4400h à l'extrémité nord du lac Baïkal, il est desservi par le BAM (Baïkal - Amour Mainline), une alternative nordique du Transsibérien achevée seulement en 1991 après des décennies d'un chantier titanesque. Chita est à 485kms, Irkutsk 520kms, Nizhneudinsk 670kms, Yakutsk 1345kme et Moscou 4300kms. C'est la zone la plus montagneuse du Baïkal, ici on est littéralement cerné. L'écoulement naturel de vent viens soit du lac, soit du NE depuis la haute vallée de l'Angara. Les perturbations d'ouest les plus vigoureuses déclenchent du foehn qui descend du nord-ouest. Nizhneangarsk avait au départ des plans plus ambitieux, mais la nature trop instable du sol (permafrost + marécages) ont favorisé sa voisine Severobaïkalsk, distante de 22 kms. La station étudiée est à la limite sud de l'aéroport, à 1.7kms de l'eau. Voici ici une vue vers le nord-est: C'est un climat nettement moins continental (ICA=1.57) que Irkoutsk (ICA=1.80), et c'est normal avec cette immense masse d'eau à proximité. Ainsi février est presque 2°c plus froid que décembre, alors qu'à Irkutsk ces mois sont équivalents en Tm. Le pic de précipitation estival est moins prononcé qu'à Irkoutsk avec seulement dans les 60mm pour le mois le plus humide, contre 90mm en juillet et aout à Irkoutsk. C'était attendu, le lac inhibant la convection, mais pas gagné: on aurait pu s'attendre à ce que de nombreux orages dérivent depuis les montagnes alentour. Il semble donc que le Baïkal forme une enclave de climat "seulement" continental marqué au milieu du domaine bien plus large de des climats hypercontinentaux de la Sibérie Centrale. Dans l'ensemble ce climat est logiquement plus froid que celui d'Irkoutsk, assez nettement même (-3°c quasiment en toutes saisons), mais les épisodes de grand froid hivernal sont comparables, ainsi la tnn de ma période d'étude n'atteint pas -40°c dans les deux villes, et les extrêmes médians annuels y sont les mêmes (tnn -34°c / txn -26°c à -27°c). C'est un peu surprenant, on aurait pu s'attendre à trouver phénomène de lac d'air froid sur le Baïkal gelé, encouragé par les conditions pas si ventées habituellement observées. Mais ce n'est pas le cas, probablement que l'angle trop abrupt du relief tombant dans le lac est responsable de cette incapacité du Baïkal à se comporter en TAF géant. On retrouve sur les roses des vents la brise de lac de sud (surtout diurne et estivale), le vent en provenance de l'Angara (nord est), et un vent de nord ouest en provenance des montagnes: c'est la plupart du temps une brise thermique (de montagne, nocturne), et parfois un fort foehn lié au passage d'un creux dépressionnaire. Le tableau ci-dessus met en évidence la nature "foehnée" des vents d'ouest et de nord ouest en hiver, "doux" et secs. Notez le surplus d'hygrométrie apportée par la brise de lac durant la saison de soleil haut: Le relief donne un enclavement non négligeable au Baïkal, et cela lisse les variations de t° par rapport à ce que l'on connait autour. Ainsi les redoux sont moins doux (comme à Chita ils dépassent rarement les -10°c), et les advections froides qui subissent une compression adiabatique sont moins froides. A part la fin du mois de février anormalement douce sur cet exemple, les t° n'évoluent donc pas autant que ce qui a été constaté ailleurs (à Irkoutsk, Chita ou Nizhneudinsk !). Seuls les redoux les plus vigoureux (comme celui, bref du 11/01) arrivent à pleinement investir ce coin du Baïkal. BONUS: janvier 2001, le mois le plus froid de ma période d'étude. Rien d'extravagant pour la Sibérie Centrale, juste une grande régularité du froid. Le printemps est rendu tardif par la présence du Baïkal, gelé jusqu'en mai. La neige persiste au sol en moyenne 3 semaines plus tard qu'à Irkutsk, et l'on ne trouve plus ici de coup de douceur (voire de chaleur) précoces et très secs. Il n'y a qu'à voir sur cet exemple très normal, la première tx supérieure à 20°c n'est enregistrée que fin mai. L'été est très rafraichi par le lac, avec des chaleurs et fortes chaleurs bien plus rares qu'à Irkoutsk: ici le seuil de 25°c n'est dépassé que 20 jours par an (48j à Irkutsk) et celui de 30°c moins de 2 jours par an (8 à 9 jours à Irkoutsk). Pour autant le temps est souvent beau, avec un ensoleillement plus que correct; dans le détail on voit bien des séquences sans pluie plus longues (une semaine à dix jours, voire un peu plus), avec parfois l’observation lointaine d'orages () qui ne débordent pas jusqu'au lac. Bref, l'été reçoit très peu de pluies purement convectives ici. L'été est évidemment subarctique avec 106j de Tm > 10°c (du 31/05 au 14/09 en moyenne). La plongée dans l'automne et l'hiver est un peu moins violente ici, mais l'affaire est tout de même pliée en novembre avec l'arrivée du gel continu. L'épisode du 11/09/2015 est intéressant: les pluies ont été bloquées par le relief dans un flux de sud-ouest, avec un fort cumul du au renforcement orographique. De telles configurations n'arrivent pas très souvent - pas assez pour peser bien lourd dans les stats de pluviométrie et contrebalancer le manque de précipitations convectives- , mais elles sont assez remarquables quand elles se produisent et je suis content d'en présenter une sur cet exemple. Voilà, cet tout pour Nizhneangarsk... enfin pas tout à fait, on va en reparler cet après midi
  25. mottoth

    Climats du monde

    Voici ce que j'ai, c'est pour l'aéroport, plus venté et plus froid sur les tn. En moyennes annuelles - sur des périodes différentes (2001-2009 pour l'aéroport, 2009-2020 pour la ville) - , j'ai les écarts suivants (ville / aéroport): Txm: 7.2°c / 6.6°c (-0.6°c) Tnm: -3.5°c / 5.2° (-1.7°c) Vent moyen: 7.0 km/h / 11.2 km/h (+60%) Tnn de l'aéroport: -43.8°c le 2/02/2006, et 2 autres coups de froids < -40°c (-42.1°c le 15/01/2006 et -41.3°c le 3/2/2001.
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