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Aujourd'hui 26/05: 33.5°c à Novosibirsk, 33.9°c à Omsk, 35.5°c à Barnaul, 37.1°c à Slavgorod... la prochaine salve est en route pour le grand nord.
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D'un point de vue purement aléatoire: non, cette série n'a pas plus de chances de s'arrêter maintenant qu'avant. Si l'on considère que le bilan thermique d'un mois peut être rapporté à un lancé de dé, chaque lancé de dé est un événement indépendant dont les probabilités ne dépendent pas des précédents tirages. Ou si tu préfères, après avoir obtenu 12 fois pile en jouant à pile ou face et bien la proba d'avoir pile au 13e tirage est toujours de 50%, comme à chaque tirage.
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Oui, on est à la limite de leur milieu naturel qui est la toundra !
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La valeur du 25/05 qui me semble la plus extraordinaire: 30.1°c à Zhigansk, battant le record mensuel de mai 1990 (28.5°c).
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#669. Chokurdakh. Chokurdakh est un village de 2100h en République de Sakha. Chersky est à 560kms, Verkhoyansk 665kms, Yakutsk 1250kms et Moscou 4940kms. Le nord-est de la république de Sakha est essentiellement occupé par des plaines, nous avons vu hier la plaine de la Kolyma avec Chersky, et aujourd'hui voici la plaine de Yana-Indigirka, deux fleuves qui se jettent dans les mers arctiques: la Yana passe à Verkhoyansk pour se jeter dans la mer des Laptev, et l'Indigirka passe à Oymyakon pour se jeter dans la mer de Sibérie Orientale. L'ensemble de collines du plateau de Kondakov sépare ces deux plaines. Encore une fois les altitudes quasi nulles de ces plaines aux abords de la mer faussent un peu cette carte, la mer de Sibérie orientale est en fait à 135kms de Chokurdakh. On voit clairement la différence de milieu entre la plaine avec ses innombrables lacs et étangs de thermokarst, et les collines beaucoup moins humides. La station étudiée est sur l'aéroport du village, à 780m du fleuve. Ce climat est à la limite du climat polaire, avec une Tm à peine supérieure à 10°c en juillet. Malgré les faibles précipitations la chaleur est trop juste en été pour que des conditions de sécheresse se développent, dans un milieu qui plus est très humide. Les deux degrés gagnés en latitude par rapport à Chersky expliquent la fraicheur estivale accrue et la perte d'ensoleillement, même si l'on reste avec 1700h annuelles à un niveau honorable pour un climat si rude. Le froid hivernal est lui aussi légèrement accru, surtout en raison des redoux qui ne peuvent plus être ici aussi marqués qu'à Chersky où des advections douces de la mer d'Okhotsk peuvent donner des dégels même en janvier: ici aucun dégel n'a jamais été observé de novembre à mars inclus, et les redoux hivernaux excèdent rarement -20°c. Nous sommes dans cette zone de la République de Sakha qui n'est atteinte ni par les redoux de la mer d'Okhotsk ni par ceux d'origine atlantique et/ou européenne. Le vent est bien plus fort que dans les zones plus continentales et plus enclavées au centre et au sud de la République de Sakha, mais pas encore aussi fort qu'en arctique. Curieusement c'est en été qu'il souffle le plus fort, avec notamment un vent d'ONO bien rafraichi en provenance de la mer des Laptev. En hiver c'est un courant continental froid qui souffle essentiellement du sud-ouest. La nuit polaire dure du 23 novembre au 20 janvier, le jour continu du 14 mai au 29 juillet. Voici l'une des région de Sibérie où les températures hivernales sont les plus régulières (avec les abords de la mer d'Okhotsk), avec cette absence de forts redoux déjà évoquée. Le froid peut être vraiment sévère mais sans aucune mesure avec les pôles de froid situés plus au sud. Des conditions de poudrerie voire du blizzard s'installent parfois pour deux ou trois jours, mais sans comparaison non plus avec les vrais climats polaires. Bref ce climat c'est vraiment un entre deux, entre le climat polaire mouvementé et les grands calmes très froids continentaux. Le printemps est en fait une prolongation de l'hiver moins désagréable, sous le soleil, et ici les premiers dégels sont très longs à arriver: il faut souvent attendre mai, le mois d'avril n'affichant qu'une txx mensuelle médiane de seulement 0.2°c. Par rapport à Chersky le nombre moyen annuel de jours de chaleur est divisé par deux (4.3 contre 9.5), et par rapport à Verkhoyansk (21 jours) le ratio est d'environ un à 5. La chaleur est donc rare mais peut être marquée, avec notamment des tn étonnamment hautes grâce au vent nocturne. En dehors de ces épisodes la fraicheur peut être comparable à un mois de janvier en France, avec des gelées possibles tout l'été même si elles évitent habituellement juillet. BONUS: parfois le flux marin ou le flux continental prend nettement l'avantage sur l'autre en été, donnant des bilans mensuels radicalement différents d'une année sur l'autre. Voici donc deux mois d'aout extrêmes, l'un dans la "chaleur" et le soleil, l'autre dans la fraicheur et la grisaille: L'automne est une saison grise durant laquelle la t° évolue lentement à la baisse avec aucun retour en arrière durable. Il neige ou neigeote presque quotidiennement en octobre et novembre. Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !
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#668. Chersky. Chersky est un village de 2500h, qui a connu un déclin fulgurant après la chute de l'URSS: on y dénombrait plus de 11 000h en 1989. Nous sommes ici à l'extrémité nord-est de la République de Sakha. Omolon est à 390kms, Markovo 605kms, Anadyr 840kms, Yakutsk 1620kms et Moscou 5450kms. Nous sommes à la limite entre des reliefs du Tchoukotka et la plaine de la Kolyma qui occupe le nord-est de la République de Sakha. La chaine de Tainykot est l'extrémité nord-ouest des Monts d'Anadyr. La mer de Sibérie Orientale est à 99kms au nord de Cherski, plus loin que ce que laisse paraître cette carte altimétrique où de nombreuses zones de faible altitude se confondent avec la mer. On voit effet mieux sur cette vue ces zones humides très marécageuses où l'eau stagne au dessus su permafrost. La station étudiée est dans les bois un peu à l'écart du village. Photo prise en décembre, pendant la "nuit polaire" où l'on observe en fait en journée une clarté durant laquelle l'aube et le crépuscule se confondent. C'est un climat subarctique fortement continental, mais pas hypercontinental comme dans les vallées de l'intérieur: l'hiver y est un peu moins froid car un peu plus venté (mais pas autant que dans la zone des climats polaires de la côte). L'été est lui plus frais, on n'atteint même pas 20°c en Txm en juillet. Pour un climat de cette latitude l'ensoleillement est très bon, 1920h annuelles alors qu'à des latitudes voisines même Olenyok en Sibérie centrale - bien plus éloigné des froides mers arctiques - ne fait pas aussi bien (1900h). Les vents dominants tangentent les reliefs situés à l'est de Cherski, en hiver on a un flux thermique continental à peu près constant, et en été c'est bien plus partagé avec un flux thermique marin bien présent. En hiver la nuit polaire dure du 3 décembre au 9 janvier, en été le jour continu dure du 22 mai au 20 juillet. En hiver les températures évoluent le plus souvent entre -40°c et -20°c, et les redoux viennent généralement de l'arctique avec des neiges faibles persistantes. Plus rarement on peut avoir des redoux bien plus prononcés qui proviennent de la mer d'Okhotsk, et le dégel est alors possible même en janvier. Durant les périodes froides la t° se stabilise souvent autour de -40°c, mais descendent rarement plus bas en raison de ce petit courant d'air constant de sud-est. Le printemps est là aussi la saison qui reçoit la meilleure fraction d'insolation: mars et avril sont des beaux mois avec vraiment peu de neige; mai est plus variable et voit la couche de neige disparaitre habituellement en milieu de mois. Attention aux coups de froids tardifs, le froid rôde encore sur la mer de Sibérie Orientale qui est encore gelée. Voici un exemple d'été basé sur les années 2013 et 2017. Les températures varient fortement, selon que la situation synoptique dirige un flux continental chaud ou rabat de l'air maritime froid. Des vagues de chaleur qui semblent très estivales pour cette latitude comme ici autour du 10/07/2013 ne sont pas exceptionnelles. Cette saison profite aussi d'un bon ensoleillement, même en aout où pourtant l'automne est déjà là. Le gel revient régulièrement en septembre, avec aussi les premiers flocons, puis l'hiver s'installe en octobre: c'est d'abord très gris avec des t° qui évoluent lentement, puis en novembre on a un régime hivernal classique; novembre peut être considéré comme un mois d'hiver à part entière comme souvent en Sibérie. Voilà, c'est tout pour aujourd'hui. Et n'oubliez pas de jeter un coup d'oeil au suivi du temps en Sibérie sur ce forum, depuis le mois d'avril une chaleur précoce fait l'actu et l'on y cite pas mal de lieux qui ont fait l'objet d'une fiche durant cette méga-serie de confinement sur la Sibérie.
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Parles tu bien du MEI ? Le site de la NOAA a changé d'adresse, et l'on ici un indice mis à jour récemment (7 mai 2020): https://psl.noaa.gov/enso/mei/ https://psl.noaa.gov/enso/mei/data/meiv2.data Moi même j'utilise bien plus le MEI que les "simples" indicateurs de l'ENSO, notamment dans le fil "climat du monde" pour le choix des exemples de saison en zone tropicale asie / pacifique / pérou.
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Finalement j'ai rencontré moins de problèmes sur cette fiche que sur Markovo: #667. Omolon. Omolon est un village de 800h, essentiellement de peuples natifs, qui vit paisiblement de l’élevage du renne. Nous sommes à l'extrémité sud-ouest du Tchoukotka, à 470kms de Markovo, 800kms d'Anadyr, 805kms de Magadan, 870kms de Oymyakon et 5740kms de Moscou. Omolon est dans une portion plus large de la vallée de la rivière du même nom, qui forme à cet endroit une plaine entourée de reliefs. Ces reliefs font tous partie d'un ensemble plus grand nommé Monts de la Kolyma. Cet enclavement promet une bonne dose de continentalité. Nous sommes dans la domaine de la taïga, qui laisse place à la toundra de montagne dès 700 à 800m d'altitude. La station étudiée est dans le village à 261m d'altitude, à 3kms et 15m au dessus de la rivière. C'est assez nettement un climat subarctique hypercontinental (ICA=1.88). Nous sommes à peu près à la même latitude que Markovo (ICA=1.55), mais l'enclavement accru et l'éloignement supplémentaire depuis la mer de Béring donne ici un climat nettement plus froid en hiver (10°c de perdus !) et une répartition annuelle des précipitations purement continentale (c'est un régime bien plus hybride à Markovo). Les précipitations hivernales sont donc moins abondantes ici, et la couche de neige est en moyenne 30cms plus fine ici qu'à Markovo en fin d'hiver. Le vent hivernal est extrêmement faible ici, 1.6km/h de vent moyen contre 6.4km/h à Markovo en janvier, et cet air souvent immobile favorise un froid radiatif intense: le record absolu est de -61.1°c, en février 2002... mais les synops ne sont dispos que depuis septembre 2003, la période d'étude est donc plus courte que d'habitude pour cette fiche et n'inclus malheureusement pas l'hiver exceptionnel 2001-2002. L'ensoleillement est lui très comparable à celui de Markovo, avec un honorable cumul de presque 2000h annuelles, et le niveau de chaleur estival est lui aussi identique, avec une douzaine de jours de chaleur par été mais aussi des gelées qui reviennent trop régulièrement pour pouvoir définir une période hors-gel (et déjà une tnn de quasi -8°c en aout, uniquement sur ma période d'étude). Les vents dominants sont évidemment canalisés par la vallée de l'Omolon. Au 21 décembre le jour dure 3h25, au 21 juin il dure 22h22. En hiver les redoux sont bien plus modérés qu'à Markovo, ici on dépasse rarement -15°c même si ponctuellement ils peuvent êtres bien plus spectaculaires. Le mauvais temps est généralement donc bien atténué, avec un peu de vent, un peu de neige et un froid "modéré". Les périodes de grands froids sont fréquentes: avec un ciel dégagé, un air parfaitement immobile pendant des jours et des t° proches de -50°c elles sont dignes des célèbres pôles du froid de la République de Sakha, simplement ce froid est plus discontinu ici avec ces redoux plus intenses et plus fréquents qu'à Oymyakon ou Verkhoyansk.. BONUS: janvier 2017. Un mois d'hiver plutôt froid, mais marqué par un redoux fulgurant (+42°c en 36h). Voici le détail des obs tri-horaires durant ce redoux, c'est l'occasion de revoir en détail comment sont évaluées les tn/tx. Les heures indiquées sont en TU, il faut ajouter ici 12h pour avoir l'heure locale. Pour cette région de la Russie (est de 155°E) les intervalles que j'ai défini pour l'affectation des tn et tx pour un jour J sont les suivants: 6hTU J-1 à 6hTU pour les TN (18h J-1 à 18h en heure locale), 18hTU J-1 à 18hTU pour les TX (6h à 6h J+1 en heure locale). - Affectées au 05 janvier: tn de -49.3°c vers 18hTU le 4. Tx de -24.4°c le 5 à 18hTU (après une tx diurne et provisoire de -41.7°c). - Affectées au 06 janvier: tn de -44.1°c le 5 à 6hTU. Tx de -1.7°c le 6 à 15hTU (après une tx diurne et provisoire de -1.9°c). Cette tx est une approximation mais vu la stagnation de la t° autour de cette valeur la vraie tx n'a probablement pas été supérieure à -1.5°c, donc la marge d'erreur est très faible. La journée du 5 a donc été une journée de grand froid classique, avec une tx diurne de -41.7°c, puis le redoux est arrivé la nuit suivante avec une tx définitive de -24.4°c à 6h le lendemain matin. La journée du 6 a été une journée de transition, avec une tn de -44°c la veille à 18h avant l'arrivée des nuages, dans les -20°c en matinée sous une neige faible, puis une tx de -1.9°c en soirée (-2°c à 21h) après l'arrêt de la neige et l'arrivée d'un vent de sud-est sensible, puis finalement une tx définitive autour de -1.7°c durant la nuit suivante. Voici un printemps tout à fait normal, avec beaucoup de soleil en mars et avril et souvent de fortes amplitudes thermiques diurnes. Mai est un peu plus gris durant la fonte des neiges, celle ci disparait habituellement autour du 15 mai. L'été est vraiment variable, on hésite entre chaleur agréable et fraicheur automnale parfois suivie de petites gelées. C'est vraiment la même chose qu'à Markovo. BONUS: juillet 2010, mois le plus chaud de l'histoire de cette station. C'est également l'année du record absolu de 34°c, qui finalement dépasse celui de Markovo et fait de cette vallée le meilleur candidat pour le record de chaleur du Tchoukokta. Gros ensoleillement également et bonne petite sécheresse pour ce mois exceptionnel. Enfin on termine avec l'automne et cette chute rapide du thermomètre typique des climats hypercontinentaux de cette latitude: on n'attend généralement même pas les premières neiges pour connaitre des tn entre -10°c et -15°c dès fin septembre ou début octobre, puis ensuite le grand froid s'installe rapidement une fois que la neige recouvre le sol. Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !
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#666. Markovo. Encore un village au déclin rapide (1170h en 2003, 580h en 2018), sans autre ressource que la pêche et l'élevage du renne. Nous sommes toujours dans le district autonome de Tchoukotka, mais cette fois dans une partie très continentale qui va nous changer des nombreux climats maritimes vus dernièrement. Anadyr est à 340kms, Apuka 470kms, Magadan 1165kms et Moscou 6050kms. Markovo est situé dans une plaine inondable traversée par le fleuve Anadyr, qui est cernée de reliefs qui l’éloignent des influences maritimes. Au nord et à l'ouest les différentes chaines font partie du vaste ensemble des Monts d'Anadyr, tandis qu'au sud-est nous avons les reliefs les plus nordiques des Monts Koryaks. Cette plaine très marécageuse subit les débordements épisodiques du fleuve Anadyr, qui de temps en temps inondent aussi le village. La station étudiée est isolée du village, au sein de la taïga. Voici donc un climat subarctique continental marqué, mais je suis un peu surpris par l'ICA (1.54) que j'imaginais nettement plus élevé. De fait les mers ne sont pas si loin, et la relative proximité du minimum de pression des aléoutiennes donne un temps hivernal plus perturbé que dans les bassins hypercontinentaux de la République de Sakha. La pression moyenne hivernale est d'ailleurs à peine anticyclonique, et l'enneigement bien plus abondant que dans nos trous à froid bien connus de Verkhoyansk et Oymyakon. Après la répétition de climats très gris et maritimes ces derniers jours, celui de Markovo semble tout de même nettement plus vivable malgré les coups de froid hivernaux qui peuvent atteindre -50°c: l'ensoleillement dépasse 2000h/an, et l'été connait de véritables chaleurs. Avec un record de 33°c Markovo l'un des endroits du Tchoukotka où il peut faire le plus chaud. Cependant l'été subarctique est plus que jamais précaire ici, avec des gelées régulières en aout, voire même en juillet. Enfin le vent est bien sur nettement plus faible que vers les côte, ce qui laisse libre court à de fortes amplitudes thermiques diurnes lorsque le soleil est suffisamment haut, de février à octobre, et que l'état du ciel le permet. L'orientation des vents au NNE durant une bonne partie de l'année et notamment en hiver est cohérente avec le placement de la dépression des aléoutiennes au sud-est et de l'anticyclone Sibérien à l'ouest. Le jour ne dure que 3h49 le 21 décembre, et 21h38 le 21 juin. Voici l'hiver dernier (2019-2020), qui fut bien normal: l'enneigement a commencé fort en décembre puis le ralentissement des précipitations a rapproché la couche des valeurs normales en février. L'hiver est marqué par de fortes variations de températures: le froid peut être très intense sous des conditions calmes et anticycloniques qui débordent des régions hypercontinentales plus à l'ouest. Mais l'on a également de forts redoux depuis la mer de Béring, avec des températures qui peuvent redevenir positives même au cœur de l'hiver. BONUS: décembre 2012, un mois où les contrastes ont été poussé à leur paroxysme. Durant le redoux fulgurant du 20 décembre la température a gagné presque 40°c en 36 heures ! Notez également la pluie, 2 jours après une tn de -47°c ! Le fin de l'hiver est comme souvent en Sibérie continentale bien ensoleillée et marquée par des amplitudes thermiques souvent fortes. Cette tendance débute en février et se poursuit ici jusqu'en avril où l'hiver joue les prolongation et le dégel reste rare. Le printemps n'arrive donc qu'en mai - le mois où le pente thermique est la plus forte de l'année -, où les températures enfin positives viennent à bout de la couche de neige durant la dernière décade. BONUS: avant d'enchaîner sur un exemple d'été normal, voici le mois de juin le plus chaud de l'histoire de la station, et probablement le mois le plus ensoleillé tout mois confondus (443 heures !!!). On remarque aussi des fortes amplitudes thermiques diurnes, souvent supérieures à 20°c. Difficile de trouver un été complet vraiment normal, voici un collage entre juin 2002 et juillet/aout 2019. Le temps est assez variable en été: la chaleur semble se développer facilement sur place lorsqu'il fait beau, mais la fraicheur humide revient très vite depuis l'arctique lorsque le flux de nord reprend. Arrivé le mois d'aout la chaleur devient bien plus rare qu'en juin et juillet, et les gelées deviennent fréquentes en deuxième quinzaine. Difficile de trouver également un bon exemple d'automne, voici un collage entre l'année 2015 et l'année 2010. C'est la saison la plus grise, et le mauvais temps à parfois du mal à s'évacuer en septembre et octobre. La neige s'installe habituellement mi-octobre (un peu plus tard sur cet exemple), et ensuite la plongée vers l'hiver est très rapide, à la manière des climats hypercontinentaux. Remarquez cependant un exemple de redoux très rapide le 16/11/2010, avec une amplitude de 30°c ce jour là (sur 36h, la période de prise de tx étant décalée de 12h par rapport à celle des tn). BONUS: février 2002, le mois de février le plus froid de l'histoire de cette station (à égalité avec 1984). C'est également le mois le plus froid de ma période d'étude, tous mois confondus. Et l'hiver 2001-2002 fut très nettement le plus froid depuis au moins 2000, avec une anomalie sur DJF de -8.8°c ! Voilà, c'est tout pour aujourd'hui. La prochaine fiche mettra probablement deux jours à arriver elle aussi: les Russes ont volontairement omis les tx dans les synops des stations de cette région pour une bonne moitié de ma période d'étude, je dois les importer d'un autre site (c'est automatisé et assez rapide) et ensuite les vérifier car leur période de prise en compte est décalée de 12h par rapport à la mienne... et ça c'est fastidieux.
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Suivi du temps au Saguenay, Québec (Canada)
mottoth a répondu à un sujet de Manou Québec dans Amérique du Nord
Et c'est comme ça que l'on trouve des fraises en supermarché au mois de décembre. Il est temps que cela cesse, c'est clair. A moins que ce ne soit des serres de cannabis, il faut bien au moins ça pour tous les ptits frenchies qui viennent s'enfumer le cornet à Amsterdam -
#665bis. Complément photo de l'ile de Wrangel et d'Ushakovskoye. J'ai été parfois bien frustré de ne pas trouver de photos bien exploitables des dernières étapes, mais pour l'ile de Wrangel j'en ai trouvé tellement, et des belles, que je n'ai finalement pas voulu choisir. Voici donc un florilège de photos trouvées sur la page wiki ou sur Google Earth Viewer, pour les amoureux de la toundra, des grands espaces... et des barils rouillés. L'ancienne base scientifique, sur la bande de sable, avec le radar météo bien visible. La station synoptique était derrière le bâtiment jauni jusqu'en 2012, on peut deviner le mat anémométrique derrière l'extrémité gauche de cette construction. Une autre photo similaire à la précédente. Notez au fond le brouillard marin qui est discernable, comme sur la première photo d'ailleurs. Les ruines d'Ushakovskoye. Idem, avec encore du brouillard marin en arrière plan. Ushakovskoye et la toundra. Ambiance du bout du monde. Une cabane isolée, et la toundra en fleur. Une autre cabane, sur la côte ouest, et toujours le brouillard jamais loin. Dans l'intérieur de l'ile. C'est la dernière photo avec ces barils rouillés, promis. Scène automnale. Dans l'ouest de l'ile les falaises tombent directement dans la mer. Cette série de photos d'hélicoptère a été prise au moment des premières neiges, le 7 octobre 2010. La côte sud. La côte sud. Très belle lumière rasante, un bonheur de photographe. La côte sud, suite et fin.
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#665. Ushakovskoye / L'ile Wrangel L'ile de Wrangel mesure 7600 km², soit la superficie d'un département français, et est dans son intégralité une réserve naturelle inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO. On estime que c'est ici que les derniers mammouths ont vécu (il y a 4500 ans), et la toundra de l'ile est à priori un vestige de celle qui prévalait durant la dernière glaciation. On dénombre également la plus forte concentration d'ours polaires de l'arctique. Ushakovskoye était le seul village de l'ile, jusqu'à ce que sa dernière habitante soit tuée en 2003 par un ours. Puis la base scientifique attenante au village a subsisté seule, jusqu'au milieu des années 2010 où les russes ont installé à quelques centaines de mètres une base militaire flambant neuve avec une installation radar similaire à celle de l'ile Kotelny. Uelen est à 640kms, Anadyr 710kms, Utqiagvik 780kms, et Moscou 5650kms. Le méridien 180° coupe l'ile en deux, ce qui explique l'aspect un peu inhabituel de ma carte (j'ai du faire un collage). Ushakovskoye est sur la rive sud, près des plus hautes montagnes de l'ile (qui culminent à 1096m). L'ile mesure 143kms dans sa plus grande largeur, et le continent est à 205kms de la station. Selon le wiki les vallées de l'intérieur auraient un climat suffisamment réchauffé en été pour permettre le développement de certaines espèces végétales de prairie subarctique. La station étudiée a déménagé d'environ 450m fin 2012, depuis la bande de sable vers l'emplacement de l'ancien village. Elle est désormais à 280m de l'eau. Je n'ai constaté aucune cassure sur le vent ou les t°. A l'ENE on peut voir la nouvelle base militaire avec une structure en forme de trèfle aux couleurs du drapeau russe qui rappelle celle de l'ile Kotelny. C'est un climat polaire faiblement continental, avec 8 mois de neige au sol par an. On retrouve des similitudes avec Uelen, comme ce début d'été plutôt lumineux avant le retour en force de la grisaille en aout. Les plus gros coups de froids hivernaux ne sont pas plus intenses qu'à Uelen, même un peu moins (Tnn/Txn annuelles médianes de -33°c/-29°c contre -36°c/-30°c à Uelen), c'est probablement du au fait que les vents hivernaux viennent presque toujours du nord, avec une légère compression adiabatique due au relief. Le vent, justement, est bien sur souvent fort en hiver avec du blizzard fréquent, mais les étés sont plus cléments que pour la plupart des climats polaires de l'arctique. Durant les mois de soleil bas (voire de nuit polaire) ils sont généralement au nord, durant le reste de l'année on trouve une composante plus maritime avec des vents d'est. La nuit polaire dure du 20 novembre au 21 janvier, le jour continu du 12 mai au 30 juillet. A nouveau les exemples de saisons sont décalés d'un mois, en raison de l'hiver centré sur février. Voici l'hiver 2020, au bilan de t° et de RR normal mais souvent peu venté. La faiblesse des précipitations et le vent empêchent la couche de neige de croitre fortement, elle ne dépasse généralement pas les 20cms d'épaisseur. Mars est un mois d'hiver à part entière, presque aussi froid que janvier, mais avec du soleil. BONUS: janvier 2013, un exemple d'hiver bien plus venté, avec des conditions de blizzard souvent prolongées. Le gel ne lâche pas prise avant courant mai. Avril est un beau mois avec la meilleure fraction d'ensoleillement annuelle, ensuite le dégel se fait dans la grisaille, puis juin est à nouveau assez lumineux. Juin peut être considéré comme un mois d'été, c-à-d un mois sans neige. On y trouve d'ailleurs des brumes et brouillards marins typiques de l'été polaire maritime. En été le gel faible et de petites neiges - qui ne tiennent généralement pas au sol - reviennent de temps en temps. La douceur est timide, peu de journées dépassent 10°c, et de pas beaucoup. La neige s'installe généralement autour du 9 octobre, c'est une saison très grise où l'on ne voit presque plus le soleil avant le retour de la nuit polaire. Novembre et décembre sont les mois les plus ventés, même si cet exemple de 2010 n'est pas très parlant. Voilà, c'est à priori le dernier climat polaire de cette série, le prochaine étape sera moins déprimante.
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Oui c'est possible aussi.
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#664. Uelen. Encore un trou perdu, et un énième bout du monde: Uelen est la localité la plus orientale du continent Eurasiatique, à moins de 100kms de l'Alaska. Comme beaucoup de villages du grand nord russe Uelen connait un déclin démographique rapide (plus que 600h environ) avec le départ de la population slave et le maintien des populations autochtones, essentiellement des Tchouktches. Nous sommes dans le district autonome de Tchoukotka, une catégorie de sujet de la fédération de Russie qui jouit d'une plus grande autonomie vis-à-vis de Moscou en raison d'une forte proportion de population indigène. Nome est à 275kms, Anadyr 600kms, Apuka 1200kms, et Moscou 6280kms: Les iles Diomède sont partagées entre Etats Unis et Russie, la ligne de changement de date passant entre les deux iles. Uelen est au bord de la mer des Tchouktches. Le village est construit sur une bande de sable, et la synoptique est un peu à l'écart à l'extrémité ouest, à 130m de la mer: Vue depuis les falaises à l'est du village: La rue Lénine, déserte par une triste journée d'aout: Notez les maisons sur pilotis: ça aide pour éviter les congères, et peut-être est-ce aussi par pour se protéger des submersions. C'est un climat polaire, légèrement continental malgré l'emplacement très maritime: il faut bien avoir en tête que la mer est gelée une bonne partie de l'année. Le vent est fort toute l'année, le soleil rarement présent, les précipitations faibles avec un pic en fin d'été et automne: tous les marqueurs des climats polaires "maritime" sont là. L'enneigement dure plus de 7 mois, cependant il démarre de manière bien tardive autour du 31 octobre, en raison d'un fort retard de l'arrivée du froid hivernal. Contrairement à tous les climats maritimes vus récemment au bord des mers d'Okhotsk et de Béring, le début de l'été n'est pas ici la saison la plus grise de l'année, et à contrario le mois de juin est même celui qui reçoit le meilleur ensoleillement (en valeur brute, car mars reçoit lui la meilleure fraction d’insolation). Le vent est principalement orienté nord / sud, en tangentant le relief à l'est. Pas de nuit polaire (le jour dure 2h37 au solstice d'hiver), mais un jour continu du 9 juin au 1er juillet. Difficile de trouver un bon exemple d'hiver, les conditions varient beaucoup d'une année sur l'autre et même d'un mois sur l'autre. Voici l'hiver 2006 (de janvier à mars, en raison du décalage thermique des saisons): Janvier fut constamment froid, mais ensuite les t° furent bien plus variables. De telles variations ne sont pas exceptionnelles ici, notamment les forts redoux: ce sont ceux que l'on guette parfois de chez nous en hiver, en espérant (du point de vue hivernophile) qu'une forte advection de hauts géopotentiels en mer des Tchouktches vienne déstabiliser le VP et en décrocher un bout vers l'Europe. On constate des conditions de poudrerie fréquentes (), voire de blizzard (), normales en climat polaire. Et pourtant cet exemple de 2006 n'est pas particulièrement venté. BONUS: deux mois de février extrême dans la douceur et le froid. Février 2020 fut bien froid et bien ensoleillé: Un an plus tôt février 2019 fut exceptionnellement doux, tout comme février 2018, en relation avec une panne totale de la banquise en mer de Béring durant ces deux hivers. Ce fut également très tempétueux: Voici un printemps à peu près normal, à part l'ensoleillement largement excédentaire en avril et le coup de froid tardif de mi-mai. L'enneigement disparait habituellement dans le courant de la première quinzaine de juin (le 7 en moyenne), donc ici on est plutôt dans les clous malgré la petite semaine de retard. On voit apparaitre en juin les deux types de temps estivaux: vent du nord et grisaille marine froide, ou vent du sud bien plus clément apportant parfois de très belles journées. Pas beaucoup de douceur à se mettre sous la dent en été, le brouillard côtier revient régulièrement gâcher la saison. Et le vent se renforce habituellement dès le mois d'aout après une relative pause en fin de printemps. Enfin on termine avec l'automne et son important décalage thermique: en octobre le gel n'est pas encore installé durablement, et il faut parfois attendre décembre pour connaitre les premiers gels sévères (en dessous de -15°c). Dans ces conditions le début d'enneigement début novembre comme ici n'est pas anormal. Voilà, c'est tout pour aujourd'hui. Demain (ou après demain) suite et fin des bouts du monde avant un retour dans l'intérieur des terres.
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#663. Apuka. Voici un village de 230h encore bien à l'écart de la civilisation, sur les rives de la mer de Béring dans la partie nord du territoire du Kamtchatka. Les Apukas sont également un peuple autochtone de l'ancien arrondissement des Koriaks (fusionné depuis 2007 avec le Kamtchatka), et c'est également le nom d'un fleuve qui se jette dans la mer de Béring à deux kilomètres à l'ouest du village. Anadyr est à 630kms, Klyuchi 685kms, Magadan 1050kms, Petropavlovsk 1060kms, et Moscou 6440kms. C'est une région accidentée, l'intérieur est essentiellement occupé par les Monts Koryak dont j'ai détaillé quelques chaînes sur cette carte altimétrique. Apuka est en sortie de la vallée bien rectiligne de l'Apuka, nous verrons que c'est un couloir extrêmement venteux. Vue vers le NNE. On retrouve cette implantation du village sur une bande de sable, assez courante dans cette région: Ichinsky était construite comme cela, et l'on retrouvera cela aussi sur la prochaine fiche. Le village de Korf, à 198kms à l'ouest, est également sur une bande de sable, il était mon choix numéro un pour cette région, mais le tremblement de terre de 2006 a fini par provoquer l'abandon du village et l'arrêt des observations synoptiques. La station étudiée est à l'extrémité est du village, à 115m de la mer. Voici encore un climat subarctique plus océanique que continental, avec les même étés gris et sans chaleur qu'autour de la mer d'Okhotsk ou vers les Iles du Commandeur. C'est le régime pluvio et le froid hivernal qui différencient ces climats entre eux, ici avec une Tm de janvier de -13°c il fait moins froid qu'à Magadan (même latitude, -16°c), nous sommes ici vers la limite du maximum d'extension normale des glaces de la mer de Béring: Carte du 29/04/2013, qui à priori correspond bien à l'extension maximale "normale" du pack de la mer de Béring. Pour autant ce n'est pas vraiment comparable avec Magadan en hiver, nous verrons dans les exemples de saisons une grand bien grande variabilité hivernale selon les flux synoptiques pilotés par le positionnement mouvant des dépressions du minimum des Aléoutiennes. Les coups de froid sont aussi intenses qu'à Magadan, mais les redoux plus fréquents ici et plus prononcés. Les vents sont souvent forts en hiver, avec un vent moyen digne des climats polaires (autour de 25km/h). Tout encourage le vent a suivre le couloir déboulant de la vallée de l'Apuka, au nord-est: la position moyenne des centres d'actions, et le flux thermique du continent froid vers la mer. Ces facteurs s'additionnent de temps en temps pour donner de terribles blizzards. En été c'est nettement moins agité, et un courant d'air marin d'OSO apporte une grisaille humide et fraiche. J'ai rarement été aussi frustré pour choisir des exemples de saisons représentatives: rien ne va dans ce qui va suivre, et au lieu d’expliquer pourquoi les exemples suivants sont bien représentatifs je vais plutôt dire ce qui ne va pas à chaque fois. L'hiver 2007-2008, malgré son enneigement ou son bilan de t° et RR assez normal, est beaucoup trop tempétueux. Il fut également remarquablement froid fin décembre. Mais au moins on a un bon aperçu des blizzards et des écarts de températures qui sévissent en hiver. J'ai du bricoler un exemple de printemps à partir de 3 années différentes, et même en choisissant du mieux possible le résultat n'est pas satisfaisant: il m'a été en fait impossible de trouver un seul mois de mars normal sur ma période d'étude, celui ci de 2013 est celui au bilan le plus normal et pourtant c'est l'un des moins normaux, en raison des tempêtes terribles et aussi du froid très intense en début de mois (2013 est la dernière année à l'englacement correct voire excédentaire, il semble que la baie d'Olyutor était bien prise par les glaces cette année là). C'est en avril que le vent se calme, le vent moyen passe de 23km/h à 12km/h entre le début et la fin du mois, et c'est assez visible sur cet exemple de 2011. Enfin on débute le mois de mai avec habituellement 40cms de neige au sol et la couche disparait le 20 en moyenne, ici sur cet exemple 2016 a eu une semaine d'avance car on part de bien plus bas. Ce mois de mai montre en revanche bien la lente et progressive montée des t° dans une ambiance de plus en plus grise une fois le dégel installé. L'été gris et frais est vraiment le dénominateur commun de tous ces climats polaires et subpolaires qui bordent une mer froide: on retrouve encore une fois un ciel couvert prédominant avec parfois brumes et brouillards marins. J'ai remarqué de large variations de l'HR certaines années, par exemple l'été 2013 était remarquablement sec, c'est sans aucun doute en relation avec le SST de la mer de Béring, 2013 étant la dernière année où l'englacement fut prononcé. Cet exemple de l'été dernier montre au contraire des anomalies de Td et d'Hr constamment positives, avec une marge notable pour ce genre de climat. Les SST ont probablement présenté une anomalie positive, au moins dans cette partie de la mer de Béring. Voici enfin l'exemple de l'automne 2010, il a suffit ici d'une faible anomalie de t° en octobre pour que l'enneigement démarre 3 bonnes semaines avant la date moyenne (9 novembre, pour rappel on ignore les discontinuités dans l'enneigement si elles ne durent pas plus de 48h). Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !
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#662. Nikolskoye. Nikolskoye est la seule implantation humaine (670h) des iles du Commandeur, un archipel qui constitue l'extrémité ouest de l'arc des Aléoutiennes. Klyuchi est à 350kms, Petropavlovsk 535kms, Anadyr 1240kms, l'ile St Paul 1485kms et Moscou 6835kms. Nous sommes sur l'ile Béring, la plus grande ile de cet archipel, qui mesure 89kms dans sa plus grande longueur. La station étudiée est sur un cap, à 18m d'altitude: Une vue du village et de la station installée sur le cap: Bon, il fallait s'y attendre: ce climat subarctique hyperocéanique enfonce le clou pour le manque de soleil et la platitude des températures. De plus le vent est pénible, en moyenne aussi fort que s'il s'agissait d'un climat purement polaire. C'est le royaume des embruns, du brouillard, du ciel bas, et des dépressions très creuses (un pointage à 941hPa et un autre à 942hPa durant ma période d'étude) qui font partie de la cohorte du minimum statistique des Aléoutiennes. Les amplitudes thermiques sont toujours faibles, aussi bien sur une base quotidienne qu'annuelle: la tnn annuelle médiane de -12°c environ est la même qu'à Severo-Kurilsk ou Yuzhno-Kurilsk, et les tx ne dépassent qu'exceptionnellement les 20°c. En hiver les vents dominants de nord-est indiquent que nous sommes dans le quadrant nord-ouest de ce minimum des Aléoutiennes. En été ce minimum tend à laisser la place à l'anticyclone de Hawaï (north pacific high) qui envoie ici un flux de sud dominant en remontant en latitude. J'ai décalé les exemples de saisons d'un mois en raison de la forte océanicité. L'hiver s'étend donc de janvier à mars inclus, et voici l'exemple de 2019: c'est très agité, avec un peu de neige (voire de pluie) presque chaque jour, des coups de vent, et des variations erratiques de la couche de neige en fonction des dégels et des coups de blizzards. L’épaisseur n'est jamais très forte, il est rare d'atteindre 50cms comme sur cet exemple. Si le vent et le mauvais temps sont très constants, les tempêtes ne sont pas plus fortes qu'à Severo-Kurilsk, et les pluies et/ou neiges nettement moins violentes (on n'a pas toutes les années des coups de vents à 130 km/h comme sur cet exemple). Ca ressemble pas mal à St Pierre et Miquelon, avec 1°c ou 2°c de moins qui font que la couche de neige se maintient bien plus facilement. Au printemps la température remonte très lentement et très régulièrement. On peut avoir quelques belles journées ensoleillées en avril et mai, puis un juin la grisaille devient encore plus prégnante avec brumes et brouillard marins fréquents. En été la fraicheur reste souvent marquée, notamment en juillet qui est aussi gris qui juin. Le cœur de l'été est atteint quand on a une journée de soleil où la tx dépasse 15°c... Septembre est le mois qui reçoit la meilleure fraction d'insolation (36% !), avec une grisaille marine nettement moins présente; on voit bien sur cet exemple de 2005 que les 2e et 3e décades connaissent plus de journées lumineuses qu'à n'importe quelle autre période de l'année. En automne les tempêtes reviennent et les dépressions se creusent de plus en plus. L'enneigement peine souvent à démarrer avec de nombreux redoux pluvieux jusqu'à fin novembre, ce n'est qu'en décembre que l'hiver démarre vraiment. Voilà, encore un climat bien cauchemardesque avec même pas 1000h de soleil par an, et de surcroit moins de phénomènes extrêmes qu'à Severo-Kurilsk pour se consoler. La suite s'annonce pas vraiment plus réjouissante, j'ai encore du gris et du vent à vous refourguer.
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D'après mes recherches il y a quelques temps sur les définitions de l'OMM: - pluie faible: intensité inférieure à 2.5 mm/h. - pluie modérée: de 2.5mm/h à 7.5mm/h - pluie forte: plus de 7.5mm/h. On applique des seuils différents pour les averses convectives (type pluies d'orage), mais je n'ai plus les seuils en tête et cela dépasse de toute façon le cadre de ta question.
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Ah merde... en effet j'ai exporté l'automne sous le mauvais format, c'est moche. Je vais corriger ça.
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Non hélas, cette satanée 666e sera un climat hypercontinental du district autonome de Chutkotka, mais dans un lieu plutôt paisible. Il y aurais eu matière de trouver des choses plus démoniaques dans cette région qui n'a pas échappé aux heures les plus sombres de l'URSS, mais si j'avais vraiment voulu une fiche à l'esprit 666 j'aurais pu partir vers la dépression du Danakil en Ethiopie, lieu réputé être le plus chaud sur terre, véritablement infernal... impossible hélas vu l'absence totale d'observations (Dallol est désormais une ville fantôme). Ou j'aurais pu aussi faire une fiche sur Tampa, Floride, qui fut le principal épicentre du Death Metal durant son age d'or des années 1990... allez promis je me réécouterais un bon vieux Deicide en préparant cette 666e fiche ! #661. Klyuchi. Retour dans le territoire (kraï) du Kamtchatka aujourd'hui avec la seule fiche continentale que je ferais de cette région: Klyuchi est un village de 5700h au pied du plus haut volcan de la presqu'ile, le Klyuchevskaya. Ce volcan est également le volcan actif le plus haut de toute l'Eurasie (rien que ça !), il culmine à 4750m. Ichinsky est à 335kms, Petropavlovsk 395kms, Severo Kurilsk 705kms, Magadan 695kms et Moscou 6560kms. Nous sommes dans la vallée centrale du Kamtchatka, à 82kms de la mer de Béring. Le Klyuchevskaya est à 33kms au SSO. Évidemment cette plaine enclavée entre deux chaines de montagnes parallèles va avoir un climat à la continentalité bien plus forte que le long des côtes, mais n'échappera pas non plus à l'activité cyclonique de la région: il faut s'attendre à des hivers très contrastés. Vue vers le SSO. La station étudiée est dans le village, lui même au bord du fleuve Kamtchatka (qui coule au sein de la vallée centrale), dans une zone de taïga. Une photo prise depuis le village: Nous trouvons ici un ICA de 1.22, correspondant à un climat continental modéré (et subarctique), alors que cet indice s’établit à 0.94 à Ichinsky et 0.80 à Petropavlovsk. Et quand on voit le régime pluvio typiquement océanique, un tel classement n'était pas forcément évident. Le froid hivernal est bien sur bien plus intense que sur les côtes, et on connait également un été presque décent ici contrairement aux horreurs sur les rives de la mer d'Okhotsk. Le record absolu de chaleur de 33°c est probablement une bonne indication des plus fortes chaleurs possibles dans cette vallée centrale et par extension dans toute la péninsule. Il y a aussi quelques volcans au nord de la ville, et du coup les vents sont canalisés dans la trouée est-ouest entre ces deux massifs volcaniques qui encadrent Klyuchi. Le vent d'est est en toutes saisons perturbé et humide, il est doux en hiver et frais en été. On retrouve un trait typique des régions fortement continentales: lors de conditions hivernale calmes (et généralement dégagées) le thermomètre plonge. On devine comment un froid intense peut vite s'installer entre deux séquences perturbées. L'hiver est bien enneigé avec les perturbations fréquentes de la dépression des aléoutiennes: il se produit tout au long de l'hiver de forte dégradations venteuses et neigeuses, avec blizzard, congères, toute la panoplie hivernale. C'est une belle saison pour les hivernophiles, ce climat devrait ravir pas mal de monde ici. Et l'on a des périodes plus calmes sous l'influence épisodique de hautes pression sibériennes, avec un froid intense et un ciel souvent clair parfois troublé par du brouillard givrant. C'est donc très contrasté, un peu comme les climats de la moitié sud de l'Alaska (McGrath, Talkeetna, mais surtout Bethel ou King Salmon). L'hiver se poursuit encore un moment durant la saison que nous appelons le printemps, ainsi le max d'enneigement se produit en moyenne autour du 6 avril avec 1.05m de neige au sol. En mars on retrouve une tendance à de belles journées où les amplitudes thermiques deviennent fortes, un phénomène beaucoup vu en Sibérie continentale. En avril le dégel devient rapidement quotidien, et il fini a venir à bout de la couche de neige durant la première quinzaine de mai. Dès la mi-mai c'est un régime "estival", où alternent des séquences assez longues de beau ou de mauvais temps. Les reports de poussières sont très fréquents et m'étonnent un peu, n'aller pas vous imaginer un ciel pourpre ou même simplement jauni. Voyez la durée des périodes de temps sensible en été, elles sont assez longues et quand le temps change (en bien ou en mal) on en prend souvent pour une semaine ou plus. Une belle petite chaleur peut alors s'installer pour un petit moment, l'été offre de belles périodes réconfortantes dans ce climat quand même vraiment rude. BONUS: juillet 2003, mois le plus chaud de l'histoire de cette station (et le plus sec également). Rien à dire, ce fut un magnifique été, avec même une nuit tropicale sous le foehn de la chaine du Kamtchatka le 3. L'automne est la saison la plus tempétueuse, ce qui rappelle dans cette enclave continentale la nature avant tout maritime des climats de la péninsule du Kamtchatka. Les premières gelées arrivent habituellement dans la 2e quinzaine de septembre, et c'est typique des étés subarctiques. Mais l'hiver à proprement parler arrive assez tard, les premières neiges sont fragiles et l'enneigement démarre habituellement le 6 novembre. Ici en 2011 on a eu dix jours d'avance mais cela a tenu à un fil. Enfin pour finir il y a quelques magnifiques contributions photographiques sur Google Earth Viewer, dont celles ci prises au pied des volcans à environ 50kms au sud-ouest de Klyuchi. Il y a de vraies possibilité de tourisme dans la région (une de mes collègues y est allée il y a 2 ou 3 ans), et c'est superbe: Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !
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Ce village faisait parti des "candidats" lorsque j'ai prospecté la zone il y a quelques semaines, et finalement j'ai choisi Terney pour cette région. Mais la faisabilité d'une fiche sur Agzu est très bonne, et son intérêt à l'air bien réel. Je vais donc probablement l'intégrer a une série de 2 ou 3 fiches bonus une fois le reste du territoire sibérien couvert de façon homogène (et il me reste actuellement dix étapes pour en arriver là).
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Oui, c'est la prochaine étape.
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#660. Magadan. On reviendra au Kamtchatka la prochaine fois, mais je comptais d'abord finir le tour de la mer d'Okhotsk avant d'aller plus loin. Voici donc Magadan, ville de 93 000h et capitale de la région (oblast) du même nom, et porte d'entrée de la Kolyma, une importante région minière de la Sibérie Orientale. Okhotsk est à 425kms, Ichinsky 525kms, Oymyakon 580kms, Ayan 820kms et Moscou 5920kms. La ville est construite sur un isthme, dans un couloir venteux orienté grossièrement est-ouest. Vue vers le nord-est. La station étudiée est sur un petit plateau à 116m d'altitude et 670m de la mer. C'est un climat subarctique continental qui ressemble évidemment beaucoup à celui de Okhotsk, mais en moins continental: en hiver la mer libre de glaces est plus proche et il fait moins froid ici (4°c de différence en janvier). Et en "été" la fraicheur est encore un peu plus marquée ici (1.5°c de moins qu'à Okhotsk en aout). L'enneigement hivernal présente quelque chose d’inhabituel: la couche moyenne maximale est observée en début d'hiver, avec une valeur médiane de 32cms de neige au sol le 26 novembre. Ensuite les maigres précipitations hivernales sont presque systématiquement balayées par des épisodes de poudrerie, et sauf tempête remarquable on peine à retrouver l'enneigement de début d'hiver pendant plus de quelques jours. La date de début d'enneigement (en moyenne le 18 octobre) est assez irrégulière en raison de la loterie des neiges et des redoux d'automne, depuis 2000 elle a varié du 27 septembre (en 2011) au 2 décembre (en 2002) ! L'ensoleillement annuel n'est pas si mauvais (1940h, c'est mieux que dans certaines régions françaises), mais c'est surtout grâce à l'hiver et au printemps, avec beaucoup de journées sous le vent de terre sec. Le vent, justement: l'hiver est constamment sous des vents de tendance est, et c'est une affaire de nuances: de nord-est il est froid, rabattant de l'air continental sur la côte, de plein est il est "doux" et perturbé. En été les brises marines d'ouest prennent le dessus, apportant grisaille, brouillards, forte humidité, tout le lot des étés au bord de la mer d'Okhotsk. On constate durant la saison de soleil haut un régime de brise de terre (nocturnes, de NE) et de brises de mer (diurnes, d'ouest), ces dernières prenant globalement le dessus avec une grisaille tenace. Voici l'hiver 2009-2010, très normal. On voit bien ce que j'évoquais à propos de la couche neigeuse: on part d'une couche correcte début décembre, puis elle s'amenuise au fur et à mesure, avec par exemple un épisode de poudrerie qui fait perdre 10cms dans les derniers jours de janvier. Les plus gros froids enregistrés fin janvier et mi-février correspondent bien aux extrêmes annuels médians, ici il est rare de passer sous -30°c et cela contraste fortement avec l'intérieur du continent. Mars et avril sont les mois recevant la meilleure fraction d'insolation, près de 60% en mars où on trouve généralement la prolongation d'un temps typiquement hivernal. On remarquera que malgré sa position assez exposée cette station n'est pas très tempétueuse: les épisodes de poudrerie sont bien sur très désagréables, mais on reste dans des valeurs de vent moyen ou maximum assez sages (rafale max de ma période d'étude tous mois confondus: 108 km/h). Le neige disparait en moyenne le 9 mai, ici quelques jours plus tard, et elle laisse la place a un temps généralement de plus en pris gris annonciateur de "l'été". En été le temps est assez tranché, il fait soit franchement gris sans aucun soleil et parfois avec de la pluie, soit assez nettement beau, mais rarement entre deux. Le tout selon des phases qui durent de 3 jours à 2 semaines (ou plus), et bien sur les phases grises sont les plus longues sinon on n'aurait pas autant de quoi se plaindre. Même quand il fait beau les tx ne décollent pas, celles qui dépassent 20°c sont rares: la txx annuelle médiane n'atteint pas 23°c, et les maximum mensuels moyens sont de 18.6°c en juin, 21.5°c en juillet et 20.1°c en aout. Les 24.2°c du 25/06/2007 sont donc assez exceptionnels. BONUS: juillet 2014, le mois le plus pluvieux de l'histoire de cette station, avec également le record de RR en 24h. C'est aussi le plus frais et le plus gris de ma période d'étude. Comme la mer d'Okhotsk est de temps en temps un cimetière à typhons j'ai voulu voir si les pluies du 22/07 avaient une origine tropicale: à priori non. Par contre la petite douceur du 13/07 et les petites pluies associées sont en lien avec l'extra-tropicalisation du Typhon Neoguri. L'automne est assez court: environ un mois, entre la première quinzaine de septembre qui ressemble encore pas mal au semblant d'été, et la deuxième quinzaine d'octobre où le gel et la neige s'installent habituellement. L'exemple présenté présente un enneigement vraiment excédentaire pour le début de l'hiver, qui s'est ensuite doucement effrité (plus que 51cms fin décembre, 46cms fin janvier, 40cms fin février). Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !
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#659. Ichinsky. Voici une fiche qui m'a donné du fil à retordre, avec beaucoup moins de données disponibles que ce que j'imaginais. Ichinsky est un village mourant où il ne restait plus qu'une trentaine de personnes en 2018. Son nom est tiré du plus haut volcan de la chaine du Kamtchatka, situé à 133kms à l'est. Sur les bases de données cette synoptique porte aussi le nom de Icha (ou Ica), du nom du fleuve qui se jette dans la mer d'Okhotsk à proximité du village. Petropavlovsk Kamtchatsky est à 350kms, Severo Kurilsk 550kms, Okhotsk 850kms et Moscou 6440kms. Le volcan Ichinsky (3607m) est donc cette proéminence à 133kms plein est du village. C'est essentiellement de la plaine sur une bande d'environ 100kms de large entre la mer d'Okhotsk et la chaine du Kamtchatka. Vue vers l'est, et au fond le volcan Ichinsky. La station étudiée est au nord du village, construit tout en longueur sur une bande de sable: une curiosité que nous allons retrouver deux fois sur les prochaines étapes, les Russes ne semblant pas avoir peur des submersions. J'ai failli abandonner cette fiche à plusieurs reprises, mais j'ai tenu bon: - c'est la seule synoptique de la cote ouest du Kamtchatka, et donc la seule opportunité de voir le climat de cette zone (en fait il y a une ou deux autres stations mais vers la pointe sud, au climat surement très proche de celui de Zevero-Kurilsk). - les résultats finaux ne sont pas trop éloignés des normales visibles ici, même les précipitations ne sont pas trop à côté de la plaque malgré seulement 16 années de données très partielles. Les courbes de t° sont même plutôt harmonieuses. Bon dans les grandes lignes c'est un climat subarctique maritime dégradé, caractérisé par un ensoleillement annuel très faible et un régime de précipitations assez contrasté, d'influence continentale avec ces faibles précipitations de janvier à avril mais également résolution maritime avec le max annuel automnal. Difficile d'en dire plus, notamment sur le RR dont les reports sont trop souvent incomplets ou manquants. Le vent moyen est assez sensible en moyenne, mais nous verrons qu'il est assez régulier et l'on retrouve pas ici les terribles tempêtes de Severo-Kurilsk ou même de Petropavlovsk. En hiver on trouve essentiellement des vents de tendance est, ce qui correspond globalement à un écoulement d'air froid du continent vers la mer. En été les vents semblent plus obéir au contexte synoptique, tout en étant dévié parallèlement à la côte et aux montagnes de l'intérieur. Difficile de trouver de bons exemples de saison, voici ce que j'ai pu faire: L'hiver 2007-2008 semble assez normal et ne présente pas trop de données manquantes. Je ne m'explique pas trop dans le détail les variations de la couche de neige mesurée, tant pis ! On évolue la plupart du temps entre un froid modéré (par rapport aux standards sibériens) et des redoux qui s'approchent du dégel. Les tempêtes sont finalement peu fréquentes, et à partir de janvier on entre dans la période la plus ensoleillée de l'année (en fraction d'insolation), ou plutôt la moins grise : finalement l'hiver n'est pas si désagréable, malgré le froid plus prononcé il semble bien plus supportable ici qu'à Petropavlovsk ou Severo-Kurilsk. Au printemps les précipitations sont assez faibles, et la neige fond en moyenne 4 jours plus tôt qu'à Petropavlovsk. Les coups de vents restent rares, c'est un temps souvent assez mou, et de plus en plus gris au fur et à mesure que la saison s'avance. Sur cette bande de sable entourée d'eau l'été est abominable, il fait incroyablement gris et l'hygrométrie est souvent au max, 100%. L'air marin a une très forte emprise, et les journées où un vent de terre vient porter la douceur à 20°c ou un peu plus sont très rares, on doit en compter deux par an en moyenne. Et le mauvais temps peut devenir vraiment pénible, avec des pluies assez fortes - même si nous sommes loin des déluges de Petropavlovsk ou Severo-Kurilsk. Voici enfin un exemple d'automne assez représentatif, avec les pluies d'automne en septembre et octobre puis l'arrivée de l'hiver courant novembre. Après une légère embellie en septembre c'est la saison la plus grise de l'année, notamment novembre. Voilà, au final c'est un climat beaucoup moins extrême que ceux déjà vus à Petropavlovsk ou Severo-Kurilsk: moins de tempêtes, moins de neige, moins de pluies extrêmes, mais au final ce caractère un peu plus mollasson du temps se paye par une épaisse grisaille quasiment indélogeable de mai à décembre. Et je crois que l'on a pas encore vu le pire...
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J'ai en effet oublié de préciser le rôle du courant Oyashio qui coule vers le sud-ouest de la mer de Bering jusqu'aux parages de l'ile d'Hokkaido, c'est bien lui qui donne des étés aussi frais à toute cette zone. Sinon en effet Tromso ne reçoit pas d'ancien cyclones devenus de vigoureuses tempêtes extra-tropicales. Mais il est à noter que des événements de précipitations extrêmes se produisent aussi hors saison cyclonique, notamment ces tempêtes de neige pouvant apporter jusqu'à 1 mètre en un seul épisode.
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#658. Severo-Kurilsk. Quelques années après la fiche sur Yuzhno-Kurilsk, retour dans les iles Kouriles - rattachées à la région (oblast) de Sakhaline - avec Severo-Kurilsk, un village de 2500h à quelques encablures du Kamtchatka. En recherchant pour chaque fiche des infos générales ou des anecdotes j'ai fini par me rendre compte que les noms de localités russes sont souvent très factuels et d'une grande platitude. Ainsi yuzhno signifie sud ou méridional (Yuzhno Sakhalinsk: sud de Sakhaline, Yuzhno Kurilsk: sud des Kouriles) et severo signifie nord ou septentrional. Cette ville de "Nord Kouriles" est donc à 310kms de Petropavlovsk Kamtchatsky, 880kms de Pogranichnoye, 1065kms de Yuzhno-Kurilsk, et 6910kms de Moscou. Nous sommes sur l'ile de Paramuchir, à 44kms de la pointe sud du Kamtchatka. L'archipel des Kouriles est volcanique et assez accidenté, et le relief de l'ile de Paramuchir va donner parfois des conditions de foehn (léger) par vents de tendance ouest. L'ile mesure 101kms dans sa plus grande longueur. Vue vers l'OSO. La station étudiée est en bordure du village à 950m de l'océan. En bas à droite, le long de la plage, se trouve l'ancien emplacement du village, rasé par un tsunami en 1952. Voilà un climat bien cauchemardesque, avec de la grisaille toute l'année et énormément de précipitations. Ce climat subarctique océanique marqué bénéficie d'un enneigement hivernal copieux malgré la modération du froid. Avec une pression moyenne annuelle de 1003 hPa en hiver nous sommes clairement dans la zone d'influence de la dépression des Aléoutiennes, et les hautes pressions sibériennes s'étendent rarement jusqu'ici. L'hiver n'est pas plus froid qu'à Yuzhno-Kurilsk, et n'a plus rien à voir avec celui de Pogranichnoye, à la même latitude 880kms plus à l'ouest: la tnn annuelle médiane est ici de -12°c contre -33°c de l'autre côté de la mer d'Okhotsk ! Ces deux localités se rejoignent par contre en été, avec des Tm indignes du 50e parallèle et un décalage thermique si fort que septembre est un peu plus doux que juillet. En hiver les roses des vents mettent en évidence la localisation sur le flanc ouest de la dépression statistique des Aléoutiennes, avec un vent dominant de tendance nord. En été le vent marin domine, il vient du sud-est. En hiver les vents les plus froids sont de tendance ouest, en provenance de la mer d'Okhotsk dont la moitié ouest est gelée en hiver. On constate également la nature légèrement foehnée de ces vents avec une hygrométrie plus basse. Vu le décalage thermique des saisons j'ai décalé d'un mois les exemples de saison. Voici donc l'hiver 2003, de janvier à mars inclus. Le neige y est quasi quotidienne, avec périodiquement des tempêtes apportant de forts cumuls. BONUS: deux mois d'hiver très tempétueux. Le vent peut être terrible ici, et les précipitations très violentes. On remarque que la pluie n'est pas toujours absente de cette saison. Le printemps est la saison la moins arrosée, mais c'est tout relatif avec durant la première moitié de la saison de forts abats neigeux qui viennent maintenir une couche au sol jusqu'à mi-mai en moyenne. Ensuite s'installe une dynamique que l'on retrouvera en "été", avec des phases plus longues de mauvais temps ou de temps plutôt bon. La saison estivale reste assez grise, avec de rares journées vraiment douces. La chaleur est quasi une inconnue ici, avec une txx annuelle moyenne de 23°c similaire à celle observée ici le 28/07. Les périodes perturbées peuvent être extrêmement pluvieuses, j'ai constaté plusieurs lames d'eau au delà de 100mm/24h et même deux journées à plus de 200mm ! Par contre le vent est plutôt en berne - hors tempêtes -, avec le plus souvent un courant de sud-est très mou. BONUS: aout 2003, le mois le plus pluvieux tous mois confondus. Certains systèmes tropicaux qui sont repris dans la circulation tempérée échouent ici, comme le cyclone Etau le 10/08. Voici un autre mois marqué par un ancien typhon devenu une terrible tempête extra-tropicale, avec Man-yi le 17/09. Enfin pour finir voici un exemple d'automne avec 2019. Les pluies du 5/10 sont probablement dues à l'extra-tropicalisation du typhon Mitag. La neige commence à être fréquente en novembre et l'enneigement débute habituellement en milieu de mois. A un ou deux degrés près décembre est quasiment un mois pleinement hivernal où la grande majorité des précipitations tombe sous forme solide. Voilà, c'est tout pour aujourd'hui. Vu la région abordée aujourd'hui je pense qu'on va encore voir quelques climats aussi infâmes ces prochains jours.