Climats du monde

[MathieuBreizh]

Vraiment désagréable ces climats sahariens. Cependant, les températures hivernales sont agréables. Je parlerais également d'un climat désertique tropical pour ces deux stations car la température annuelle est trop élevée pour un climat subtropical. Pour le climat méditerranéen, je trouve cela également intéressant de le séparer en deux car dans les livres de climatologie/biogéographie, on entend souvent parler de thermo-méditerranéen et de méso-méditerranéen parfois de supra-méditerranéen. 

[Boomslang47]

Dann, un climat d'affinité tropicale sans maximum pluviométrique en saison chaude n'est-il pas contradictoire ?

[mottoth]

Le 14/06/2017 à 23:45, MathieuBreizh a dit :

Vraiment désagréable ces climats sahariens.

Le suivant est tout aussi désagréable, avec des tx un peu moins extrêmes mais encore plus de sable et de poussière:

 

#367. Béchar.

 

Béchar est une ville de 165 000h (je suis toujours surpris par le fort peuplement de ces villes sahariennes), à 450kms de Ouarzazate, 360kms de Fès, 470kms de Oran, 725kmsde Ouargla, 750kms d'Alger et 720kms de Tindouf.

 

Nous sommes proche de la lisière du Sahara avec les différentes chaines de l'Atlas: au nord-ouest se termine le Haut Atlas marocain, et à 45kms au nord-est commence l'Atlas Saharien algérien avec les Monts des Ksour. A 60kms au SSE on trouve les premières dunes du Grand Erg Occidental. La station est sur l'aéroport, construit au bord d'un petit plateau à l'altitude de 807m.

 

Le centre ville est 6kms au sud est de la station, et 40m plus bas.

 

 

Je vais commencer par m’arrêter sur la txx pour la comparer avec celles de Ouarzazate et Ouargla, situées à peu près à la même latitude mais pas à la même altitude:

- Ouargla: Alt 141m, txx 51.3°c

- Béchar: Alt 807m, txx 45.5°c

- Ouarzazate: Alt 1139m, txx 42.8°c.

Si l'on calcule de gradient thermique avec l'altitude, on trouve -0.87°c/100m entre Ouargla et Béchar, -0.81°c/100m entre Béchar et Ouarzazate et -0.85°/100m entre Ouargla et Ouarzazate. En gros on peut garder -0.8°/100m, c'est à dire un gradient intermédiaire entre l'adiabatique sèche (-1°/100m) et la saturée souvent prise comme gradient standard (-0.6°c/100m). Il n'est pas surprenant que l'on s'écarte du gradient standard vu la nature vraiment sèche des basses couches de l'atmosphère lors des plus fortes chaleurs. Je me resservirais de ce gradient (-0.8°/100m) plus tard pour essayer d'estimer les Txx potentielles dans les points les plus bas du Sahara Algérien.

 

A part des tx estivales un peu en retrait de celles de Ouargla en raison de l'altitude, on trouve également un maximum de RR assez net en automne. Il semble du à la fois à des incursions tropicales (plutôt en septembre) et aux débordement dans le désert de perturbations méditerranéennes (ou atlantiques) automnales.

Passé le pic de vent du printemps l’atmosphère reste très sale en été, avec une fréquence de mauvaises visibilités qui monte à quasi 20% en juillet et aout.

 

L'hygrométrie estivale est aussi basse qu'à Ouarzazate et bien plus basse que dans les régions de Ouargla ou Biskra soumises à un courant d'origine marine.

Cependant lorsque le vent souffle de l'est il semble quand même de nature plus humide. On ne retrouve pas de zonal dans les vents dominants, mais plutôt:

- ce courant d'est, qui en été est surement une prolongation du courant mer --> terre originaire du Golfe de Gabès, donc pas si sec que cela.

- un vent de SSO chaud et sec, vent essentiellement thermique et diurne (un courant similaire à une brise de vallée)

- un vent de NNE plus frais et humide, qui semble associé au mauvais temps qui arrive à passer la barrière de l'Atlas. Curieusement ce vent ne semble pas révéler un effet de foehn, ou alors il est très diffus.

 

 

 

L'hiver est la saison la plus calme car très anticyclonique. Dans ces conditions c'est en janvier que l'on mesure la plus forte amplitude thermique diurne moyenne, et ce n'est pas cet exemple qui va me contredire. Cela ressemble énormément à ce que l'on a vu pour Ouarzazate, avec une écrasante majorité de jours de très beau temps avec des nuits un peu froides et des après midi très agréables. Le gel (faible) se produit en moyenne 7 jours/an, sur une courte période de moins de 4 semaines (27/12 -> 20/01). L'exemple montré ici (2006-2007) connut un janvier doux et un décembre froid, si bien que la saison des gelées est réduite à son stricte minimum (2 jours autour de noël). Sur 18 hivers de ma période d'étude je n'en ai recensé qu'un seul sans gel.

 

 

Au printemps: forts écarts de températures et tempêtes de sable, au gré des pulsions de la marmite sahélienne. Voici un exemple (2008) avare en précipitations mais bien représentatif pour le reste:

 

 

L'été est marqué par un ciel souvent sale et de rares débordement orageux de l'Atlas. Voici l'exemple de 2010, particulièrement "arrosé" avec un excédent de 8mm (+80% !).

Ce n'est pas toujours du grand beau temps, comme en témoigne ce mois de juillet. Les brises nocturnes souvent incessantes et une atmosphère pas si transparente favorisent de hautes tn, ainsi les nuits à plus de 30°c sont aussi fréquentes que plus bas à Ouargla ou Biskra.

 

Voici un autre exemple de mois d'été, avec plus de sable et plus d'humidité, à priori sous influence tropicale durant la deuxième quinzaine de ce moi d'aout 2015. Ce n'est pas ce qu'on appellerais un beau mois d'aout:

 

 

Voici un automne normal, 2005. Il semble que les pluies de septembre soient d'origine tempérée et pas tropicales comme sur l'exemple d'aout 2015.

 

 

Comme à Tindouf cette partie du désert peut parfois connaitre de véritable dérèglements d'une semaine avec des déluges dévastateurs. Voici novembre 2014, avec 182mm tombés en 8 jours:

 

 

A suivre...

Modifié 8 septembre 2018 par mottoth
Remise à jour

[mottoth]

il y a une heure, Boomslang47 a dit :

Dann, un climat d'affinité tropicale sans maximum pluviométrique en saison chaude n'est-il pas contradictoire ?

Je pense que l'affinité tropicale définie par Dann regroupe 2 choses auxquelles la végétation tropicale est très sensible:

- un haut niveau de chaleur général, sans gel (ou très marginal).

- quasiment pas de pluies froides.

[dann17]

Il y a 14 heures, mottoth a dit :

Finalement je préfère le "à été très long", c'est moins moche.

Ah ouais d'accord !  Sympa...  

Bon, entre nous, c'est aussi ce que je pense...    C'est vrai que « à été très long » , ça fait pas top glamour. Mais malheureusement c'est ce que j'ai trouvé de plus efficace, de plus pertinent pour qualifier cette caractéristique climatique et bioclimatique.

Finalement, je serais bien tenté de reprendre l'appellation « thermo-méditerranéen ».  Ou sinon, « climat méditerranéen méridional ». C'est-y pas bon, ça ? (bon, je sais, ça le fait moins pour l'hémisphère sud, mais tant pis ; un peu d'européo-centrisme ne fait pas de mal...)  

[mottoth]

il y a 7 minutes, dann17 a dit :

Finalement, je serais bien tenté de reprendre l'appellation « thermo-méditerranéen ».  Ou sinon, « climat méditerranéen méridional ». C'est-y pas bon, ça ? (bon, je sais, ça le fait moins pour l'hémisphère sud, mais tant pis ; un peu d'européo-centrisme ne fait pas de mal...)  

Oui moi aussi je suis plus séduit par thermo-méditerranéen et les autres appellations proposées par Mathieu (et déjà utilisée dans la littérature apparemment).

[dann17]

il y a 19 minutes, mottoth a dit :

Oui moi aussi je suis plus séduit par thermo-méditerranéen et les autres appellations proposées par Mathieu (et déjà utilisée dans la littérature apparemment).

Allez, warum nicht !

Tenez, cado, re-voici la carte de la zone à été très long, qui sera donc en partie (càd dans les portions au climat méditerranéen) la zone que j'appellerai désormais thermo-méditerranéenne :

 

[/img]

 

Modifié 15 juin 2017 par dann17

[thib91]

Très intéressant ces fiches sur le climat Saharien, j'espère que l'on s'enfoncera encore plus au sud dans le Sahara vers Tamanrasset et la région du Hoggar ou plus hostile encore du Ténéré.

 

A ce propos pour celles et ceux qui souhaitent se plonger dans l'ambiance du climat Saharien, je vous conseil les livres de Frison-Roche, notamment la Piste oubliée et la La Montagne aux écritures. Ce sont deux superbes romans d'aventure où est parfaitement retranscrit le véritable enfer saharien des tempêtes de sables, des nuits étouffantes et l'immensité de ce territoire.

 

Modifié 15 juin 2017 par thib91

[dann17]

Il y a 1 heure, Boomslang47 a dit :

Dann, un climat d'affinité tropicale sans maximum pluviométrique en saison chaude n'est-il pas contradictoire ?

 

il y a 50 minutes, mottoth a dit :

Je pense que l'affinité tropicale définie par Dann regroupe 2 choses auxquelles la végétation tropicale est très sensible:

- un haut niveau de chaleur général, sans gel (ou très marginal).

- quasiment pas de pluies froides.

 

Salut Boomslang47,

 

En fait, mottoth a très bien résumé la situation.

Regardez, un coin comme Honolulu qui présente pourtant un minimum pluvio en saison chaude est pourtant clairement tropical.

Ou encore, prenez Eilat (extrême-sud d'Israël au bord de la mer Rouge) : il y fait si chaud, et les pluies hivernales (donc un  peu fraîches) y sont si faibles que cela compense le creux pluvio estival, au point que le climat de cette localité y est certainement « d'affinité tropicale ». C'est à dire que des plantes purement tropicales peuvent effectivement y pousser. D'ailleurs, on retrouve là-bas une mangrove et même des coraux si je ne dis pas de bêtises. Or un tel écosystème nécessite un climat tropical (voire d'affinité tropical lorsque l'on se trouve dans le domaine aride).

Modifié 15 juin 2017 par dann17

[dann17]

il y a une heure, mottoth a dit :

#367. Béchar

 

En gros on peut garder -0.8°/100m, c'est à dire un gradient intermédiaire entre l'adiabatique sèche (-1°/100m) et la saturée souvent prise comme gradient standard (-0.6°c/100m). Il n'est pas surprenant que l'on s'écarte du gradient standard vu la nature vraiment sèche des basses couches de l'atmosphère lors des plus fortes chaleurs. Je me resservirais de ce gradient (-0.8°/100m) plus tard pour essayer d'estimer les Txx potentielles dans les points les plus bas du Sahara Algérien.

Oui, ça peut être intéressant.

Attention toutefois : le gradient adiabatique saturé est de 0,5°C / 100 m précisément. Le gradient standard étant - il me semble - plus près de 0,65 °C / 100 m. 

 

il y a une heure, mottoth a dit :

L'hygrométrie estivale est aussi basse qu'à Ouarzazate et bien plus basse que dans les régions de Ouargla ou Biskra soumises à un courant d'origine marine.

Oui, d'ailleurs, la continentalité est encore un peu plus élevée à Béchar (ICA = 1,35) : la protection des influences atlantiques et méditerranéennes par l'Atlas n'y étant pas pour rien non plus.

 

Bon, petite analyse pour Béchar :

 

Climat désertique, pas besoin de vérifier.

Indice de tropicalité : IT (1976-2005) = -11 , IT (2000-2017) = -6  => l' « affinité tropicale » n'est pas atteinte, mais on s'en rapproche (on est pourtant à 800 m d'altitude !).

Tm annuelle > 21°C => climat chaud.

 

Bref, un climat désertique continental subtropical chaud.

[mottoth]

#368. Timimoun.

 

Nous arrivons dans les zones les plus torrides et les plus sèches de l'Algérie. Timimoun est une ville de 33 000h, à 360kms de Béchar, 845kms de Tindouf, 575kms de Ouargla et 875kms d'Alger. L'éloignement des mers et océans commence à être notable: L'Atlantique est à 860kms, la méditerranée 680kms (vers la frontière Algérie / Maroc) ou 1065kms (le Golfe de Gabès, mais sans aucun relief qui s'interpose).

 

C'est une partie bien plane du Sahara, avec au nord le Grand Erg Oriental (bien sur bosselé, mais d'altitude moyenne 500m vers 30°N) et au sud-est le plateau du Tademaït (dont la partie montrée ici a une altitude de 400m à 450m). Timimoun est dans la région du Gourara, où l'on trouve une dépression asséchée dont le point le plus bas est à environ 175m d'altitude, à environ 35kms au sud-ouest.

 

La station étudiée est sur l'aéroport, à 5kms du centre-ville.

 

 

L'effet de l'éloignement des mers su fait sentir sur l'ICA qui progresse nettement par rapport à Ourgla (de 1.33 à 1.45😞 la Tm de janvier est similaire, mais celle de juillet progresse pour atteindre un impressionnant 37.7°c. On est dans un domaine complètement extrême, et bien sur hyper-désertique: on mesure à peine 20mm de précipitations annuelles, qui une fois de plus semblent favoriser les inter-saisons. L'hygrométrie est extrêmement basse également, les Td estivaux perdent 7°c à 9°c par rapport à Ouargla. C'est donc un enfer de sable et de chaleur extrêmement déshydratante.

 

La txx cependant n'atteint pas la barre des 50°c - du moins sur ma période d'étude -, en raison de l'altitude qui dépasse 300m. Si l'on extrapole la txx (2000-2016) de 49.4°c vers le point le plus bas de la région (175m) avec le gradient trouvé hier de 0.8°c/100, on trouve une txx potentielle de 50.5°c pour cette dépression, très proche de celle relevée à Ouargla (50.4°c) à une altitude similaire (141m). Malgré les Tm de juillet extraordinaires qui tutoient les 38°c, les records de chaleur plutôt sages, et très proches des txx annuelles ou même des 90-centiles régulièrement atteints. Et, rapportés à la même altitude avec le même gradient thermique, ils ont pour l'instant l'air assez uniformes dans l'espace. Je ferais un bilan complet sur ce sujet une fois cette série terminée.

 

A 30°N on commence à rentrer dans la région où les vents de tendance est deviennent dominants. En été la proximité de la ZICT fait basculer le vent complètement à l'est. Durant les autre saisons le vent de nord est dominant ressemble déjà à l'Harmattan, cet "alizé terrestre" sec qui cours du Sahara tropical vers la ZCIT et domine la saison sèche en Afrique de l'Ouest tropicale.

Pourtant le tableau ci dessus nous montre une nature pas si sèche que cela de ce vent de nord-est, bien que cela se joue à moins de 2°c de Td: si l'Harmattan semble naître vers cette latitude (30°N) il porte encore ici des traces d'humidité de la méditerranée, pourtant distante de 1000kms. 

 

L'un des visages de cette hyper-aridité c'est l'HR qui passe presque chaque jour d'été sous les 10% durant l’après-midi:

 

 

Voici l'hiver 2007-2008 comme exemple, avec une t° qui remonte déjà vite en février: c'est un trait que l'on retrouve à la fois dans les climats froids hyper continentaux et dans les climats du Sahel: la pente d'accroissement des Tm est déjà bien amorcée en février et est presque aussi forte que durant le printemps, si bien que pour cette dynamique une bonne partie de février mériterait d'être considérée comme faisant partie du printemps. Sur cet exemple c'est flagrant avec l'arrivée des tempêtes de sable dès la mi-février.

 

Depuis Biskra j'ai enchainé pas mal d'exemples de saisons comportant vents et tempêtes de sable, il était temps d'en montrer une dans le détail. Voici donc les relevés horaires de la tempête des 26 et 27/02/2008. J'ai encadré en rouge les visibilités (en km) qui sont inférieures à 300m, avec notamment une séquence de 8 heures. Sur certains relevés elle tombe même à 50m. Durant cette tempête le vent moyen évolue entre 45 et 75km/h environ avec des rafales maxi probables de 90 km/h. Notez le caractère un peu "blasé" des codes de temps présent: les observateurs ne daignent même pas sortir le qualificatif tempête de sable ("SS", Sand Storm), ils se contentent des descriptifs habituels de vents de sables ("DRSA" ou "BLSA", DR -drifting- décrivant normalement du sable soulevé à moins de 2m du sol et BL -blowing- à plus de 2m).

 

 

Les tempêtes de sables reviennent régulièrement pendant tout le printemps, voici l'exemple de 2008 déjà montré pour Béchar.

Vous pouvez constater que l'exemple d'hiver ci dessus ou celui là ne comporte pas vraiment de précipitations notables (pas de lame d'eau supérieure à 1mm).... C'est ça, l'hyper-aridité, ainsi que cette hygrométrie souvent au plus bas dès le printemps.

 

 

Voici un exemple d'été très normal, avec une txx qui frôle le record de ma période d'étude (49.3°c vs. 49.4°c). Aucune tx inférieure à 40°c du 15/06 au 30/08 !

 

Voici un mois plus extrême, juillet 2005, avec à la fois la txx et la tnx de juillet pour ma période d'étude. Avec également un peu plus de sable et de poussière.

 

 

Enfin l'automne 2005, le même que pour Béchar, où l(on retrouve parfois les mêmes épisodes pluvieux (fin septembre et fin novembre). La période qui cours du 20/10 à mi-novembre semble la seule vraiment agréable de l'année, avec une chaleur "modérée" (sans fraicheur nocturne trop marquée) et sans trop de sable.

 

 

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !

 

Modifié 13 mai 2018 par mottoth
Liens réparés

[mottoth]

J'ai deux petits retours en arrière à faire:

 

- Un oubli hier, pour parler de la neige à Béchar qui est possible. Voici l'exemple de janvier 2005, où elle a du donner des traces aux sol qui devaient ressembler à ça:

 

La photo (wiki anglais de Béchar) montre à priori le neige tombée vers midi le 27/01/2005, le synop de 12hTU indique des traces de neige au sol non mesurables.

 

Depuis le début de cette série sur le Maghreb j'ai remarqué que janvier 2005 rafle la plupart de record de tnn et txn (période 2000-présent), à part février 2012 pour certaines villes du nord de l'Algérie.

 

Dans les obs horaires j'ai deux autres dates (depuis 2000) avec observation de neige à Béchar: le 7/01/2006 (neige faible par +2°c) et le 17/01/2006 (pluie et neige mêlée pendant 5 heures, t° entre 2°c et 2.5°c).

 

 

- Tindouf: j'aimerais revenir sur la spécificité des étés de l’extrême ouest Saharien non océanique bien représenté par Tindouf, avec ces "pauses" dans la canicule, phases de vent d'ouest caractérisées par une "fraicheur" nocturne impensable plus à l'intérieur du continent comme à Timimoun.

Voici donc la comparaison du mois de juilllet 2005 à Timimoun et Tindouf:

 

Étonnant, non, cette chaleur beaucoup plus modérée fin juillet au coeur de l'été ?

Notez la corrélation entre les basses pressions à Timimoun et le vent d'ouest à Tindouf: cela semble confirmer mon intuition que c'est bien la dépression thermique de surface Saharienne qui "aspire" ce courant d'ouest d'origine océanique qui rafraichit la région de Tindouf.

 

EDIT: je suis allé vérifier cette corrélation sur un autre exemple, au mois de mai 2008, et là aussi on constate que plus la situation est dépressionnaire au centre du Sahara Occidental plus le courant d'ouest est fort à Tindouf (et accompagné d'un fort rafraichissement):

 

Modifié 13 mai 2018 par mottoth

[nicolass]

En Tm/Txm, on doit être au niveau du max mondial non ? Où peut on faire mieux ?

 

Faudrait voir Furnace Creek en juin/juillet... ou le Koweit peut etre ?

[Canada Goose]

Il y a 3 heures, nicolass a dit :

En Tm/Txm, on doit être au niveau du max mondial non ? Où peut on faire mieux ?

 

Faudrait voir Furnace Creek en juin/juillet... ou le Koweit peut etre ?

 

Furnace Creek en juillet :

 

Tnm : 31,1

Txm : 46,1

 

Effectivement, certains secteurs du Koweït, du Pakistan voire d'autres pays de la zone sont dans ces eaux-là.

[paparazzi]

Salut,

 

Malgré un climat hyper aride, et une médiane de 7 mm/24 h pour le max annuel de rr, le record de précipitations à Timimoun atteint 63 mm sur la période, ça parait énorme. C'est arrivé en novembre 2014, comme à Béchar ?

 

[Yves38]

Merci, mottoth pour toutes ces fiches sahariennes, passionnant !!

 

Le climat de Timimoun est vraiment impressionnant : une Tm de juillet à 37,7 avec une HR à 12 % on a une Td à 1,8, bien moins qu'en France moyenne !

 

Un extrême climatique majeur de notre planète, au même titre que la Sibérie du nord-est, l'archipel indonésien, le plateau Antarctique central, les iles australes vers 50°S, etc....

Modifié 17 juin 2017 par Yves38

[mottoth]

Il y a 10 heures, Canada Goose a dit :

 

Furnace Creek en juillet :

 

Tnm : 31,1

Txm : 46,1

 

Effectivement, certains secteurs du Koweït, du Pakistan voire d'autres pays de la zone sont dans ces eaux-là.

La prochaine fiche, In Salah, qui sera postee en debut de semaine prochaine, atteint ce niveau là et c'est en effet dans les records mondiaux avec la vallée de la mort et la zone Koweit - Abadan - Awhaz. Cependant les records de txx sont un peu moins extremes dans cette zone du Sahara que dans les villes pre citee.

 

Il y a 9 heures, paparazzi a dit :

Salut,

 

Malgré un climat hyper aride, et une médiane de 7 mm/24 h pour le max annuel de rr, le record de précipitations à Timimoun atteint 63 mm sur la période, ça parait énorme. C'est arrivé en novembre 2014, comme à Béchar ?

 

Non, c'est pas en novembre 2014 où il n'est pas tombé grand chose. Faudra que je regarde une fois de retour chez moi, ce 63mm doit appartenir à un mois de donnée incomplet puisque je n'ai pas trouvé de cumul mensuel qui depasse 47mm... mais ces cumuls sont calculés uniquement si il manque au maximum 3 jours de données.

Modifié 17 juin 2017 par mottoth

[mottoth]

Le 17/06/2017 à 00:25, paparazzi a dit :

Malgré un climat hyper aride, et une médiane de 7 mm/24 h pour le max annuel de rr, le record de précipitations à Timimoun atteint 63 mm sur la période, ça parait énorme. C'est arrivé en novembre 2014, comme à Béchar ?

 

Vérification faite, cette lame d'eau date du 15/04/2004 et semble correcte malgré de nombreux relevés manquants ce mois çi. Le cumul d'avril 2004 est d'environ 72mm, plus fort cumul mensuel de ma période d'étude. En novembre 2014 le cumul n'a pas dépassé 6mm.

[mottoth]

#369. In Salah.

 

In Salah est une oasis de 32 000h qui semble très proche du centre géographique de l'Algérie. La méditerranée est très loin: 965kms au plus proche.

Cette oasis fais partie du "triangle du feu", délimité aussi par Adrar (285kms à l'ONO) et Reggane (240kms à l'ouest). Ce triangle est la zone la plus chaude (en été) du Sahara, et cette fiche pose un jalon dans les extrêmes du tour du monde entrepris dans ce fil, au même que celles de Ojmjakon ou Vostok.

Timimoun est à 310kms, Béchar 670kms, Tindouf 1055kms, Ouargla 590kms, Alger 1050kms.

 

In Salah est à 270m d'altitude, au nord un trouve le plateau du Tademaït qui culmine généralement entre 600m et 700m, et au sud la plaine du Tidikelt, dépression fermée qui s'abaisse jusqu'à 115m d'altitude 160 kms à l'OSO.

 

La station étudiée est sur l'aéroport, à 7kms de la ville et 25m plus bas:

 

 

Le pic de continentalité à été atteint vers Timimoun, ici les Tm hivernales sont plus réchauffées que la Tm de juillet, qui atteint cependant un extraordinaire 38.7°c.

Les seules régions au monde qui peuvent rivaliser sont le nord du golfe Persique (Koweit), la Vallée de la Mort et certains coins du Pakistan comme Sibi (les données brutes que j'ai récupéré - sans contrôle qualité - donnent une Tm24h de 38.4°c en juin).

Les txn/txx sont quasi extra-terrestres: 39.5°c / 50.6°c. Avec le gradient de 0.8°c/100m trouvé l'autre jour on peut extrapoler la txx de la zone à 51.8°c dans les zones les plus basses de la plaine du Tidikelt, et l'on peut estimer ainsi que la marque des 52°c est le maximum potentiel atteignable dans les dépressions du Sahara Occidental, et même dans toute l'Afrique. La tn de 39.5°c du 29/07/2018 est au passage la plus haute tn jamais enregistrée sur le continent africain ! 

 

Cette fois ci je pense que l'on peut officiellement appeler le vent dominant à l'année l'Harmattan, il est omniprésent sur les roses des vents:

 

 

 

Voici un hiver au bilan neutre mais avec quelques déséquilibres:

- la seule gelée survient très précocement le 1/12.

- décembre est venté et cela se ressent sur les tx (basses) un pas mal de sable en première quinzaine.

- janvier est vraiment chaud en première quinzaine, normal sur la seconde.

- février est peu venté et par conséquent les amplitudes thermiques diurnes dépassent parfois facilement les 20°c.

 

 

On continue avec 2014 pour le printemps. Des t° changeantes, pas mal de vents de sables voire de tempêtes, et occasionnellement toujours de fortes amplitudes thermiques diurnes (jusqu'à 25°c). Mi mai une étonnante onde d'origine tropicale parvient à se perdre dans la région: la montée du Td est remarquable mais les lames d'eau recueillies restent dérisoires.

 

 

L'été est ici la saison la plus ventée, et sables et poussières continuent donc à jouer régulièrement les troubles fêtes, faisant monter encore d'un cran le degré de pénibilité de cette saison.

L'exemple de 2013 est parfaitement équilibré et normal. Les nuits sont étouffantes en raison du vent, mais dès que celui-ci se calme on retrouve des amplitudes thermiques remarquables comme durant la première décade de juin.

 

L'été 2002 fut le plus torride ce tous ceux de ma période d'étude, voici le mois de juillet - sachant que aout à été à peine moins chaud. On y trouve le 12/07/2002 la txx de cette fiche:

 

Puisqu'on est ici j'en profite pour vous montrer un autre exemple de tempête de poussière: dans un contexte pas si venté que cela un épais nuage de poussière stagne les 3 et 4/08/2014, avec une visibilité qui tombe sous les 100m des heures durant et un ciel complètement invisible. C'est dans ce contexte que la plus haute tn de la période d'étude à été mesurés: 37.9°c !

Notez encore le temps présent, les observateurs préférant utiliser le code HaZe plutôt que ceux dévolus aux tempêtes (SS ou DS)... tout de même, à 19hTU le METAR donne une brume sèche (haze) avec 10m de visibilité horizontale !!!

 

 

Enfin un exemple d’automne aux t° plutôt supérieures aux normales mais finalement assez équilibré: 2016.

 

 

A suivre...

Modifié 8 septembre 2018 par mottoth
Remise à jour

[mottoth]

Et en ces temps de canicule où le spectre de 2003 ressurgit une fois de plus, voici une rétrospective d'aout 2003 pour 3 des stations Sahariennes vues récemment. On y trouve durant la grande canicule qui toucha la France (première quinzaine) un temps anormalement "frais" et humide, avec aussi du vent qui n'est pas l'harmattan mais qui est tropical: non seulement la ZCIT est remontée bien au nord jusqu'au Sahara Algérien, mais le FIT lui aussi est remonté exceptionnellement très au nord, donnant à In Salah ou Tindouf des journées tropicales et leurs txn d'aout pour la période d'étude. Par contre les lames d'eau restent anecdotiques, sauf à Tindouf:

 

Cela permet de mesurer l'ampleur de l'anomalie de circulation atmosphérique d'aout 2003 où tout a été décalé vers le nord d'au moins 1000kms.

Modifié 13 mai 2018 par mottoth

[dann17]

Il y a 5 heures, mottoth a dit :

#369. In Salah.

 la Tm de juillet, qui atteint cependant un extraordinaire 38.6°c.

Les seules régions au monde qui peuvent rivaliser sont le nord du golfe Persique (Koweit), la Vallée de la Mort et certains coins du Pakistan comme Sibi (les données brutes que j'ai récupéré - sans contrôle qualité - donnent une Tm24h de 38.4°c en juin).

Salut Mottoth, salut à tous,

 

Je pense qu'il est deux régions dans le monde que tu as oubliées, et qui, bien que ne bénéficiant pas de stations météo au sol disposant de relevés valables, doivent probablement connaître des Tm de juillet encore un peu plus élevées que dans les endroits que tu as cités.

Ces deux régions se situent en Iran :

 

- l'une dans le désert du Lut, dans la dépression d'un ancien lac salé, à une altitude de 240 m, par 30°55' N (voir carte ci-dessous).

Cette dépression du Lut est connue pour la température du sol mesurée par satellite (LST) la plus élevée au monde : 70,7°C. Cette région connaît régulièrement des LST supérieures à 65°C, alors que dans la Vallée de la Mort, le même capteur du même satellite n'a pas mesuré de LST supérieure à 63°C...! (je sais bien qu'il n'est pas possible de faire de corrélation directe avec la température de l'air à 2 m au-dessus du sol, mais cela donne tout de même une idée).

Il est donc permis de croire que cette région iranienne figure comme parmi les zones, sinon la zone la plus chaude du monde en été (en Tm de juillet et/ou en Txx).

http://journals.ametsoc.org/doi/pdf/10.1175/2011BAMS3067.1

 

 - Et l'autre, dans une grande plaine entre Kahnooj (à l''ouest) et Iran shahr (à l'est), par une altitude de 360 m, à 27°30' N.

Iran Shahr, pourtant située à 591 m d'altitude, présente une Tm de juillet de 38,1°C (données 1964-90). Donc très probable que les 39°C (voire pourquoi pas près de 40°C !) soient atteints à 360 m d'altitude.

 

[mottoth]

C'est pas vraiment un oubli, mais surtout le manque de données, notamment pour le désert de Lut qui fait fantasmer beaucoup de passionnés, moi y compris.

Lorsque l'on abordera l'Iran (dans 2 ou 3 ans) j'essayerais de faire le même exercice qu'au Sahara Algérien pour estimer les txx potentielles dans les dépressions proches des stations étudiées, dont Iranshar. Par contre il est plus délicat d'estimer les Tm: pour prendre l'exemple de Iranshar, cette station fait partie des nombreux "repérages" que j'ai déjà fait pour l'Iran et si ma mémoire est bonne elle est au bord d'un plateau, ce qui explique des tn souvent très élevées. Il y  fort à parier qu'au creux de la dépression les tn soient plus basses, y compris en été, ce qui rend difficile d'estimer la Tm par rapport à une référence connue.  On reviendra là dessus en détail en temps voulu...

Modifié 20 juin 2017 par mottoth

[mottoth]

#370. In Amenas.

 

In Salah était le point culminant de cette série, avec In Amenas nous commençons la redescente vers des climats (un peu) moins extrêmes.

Cette commune compte au total 7400h, répartis entre le village et plusieurs exploitations de gaz naturel dont Zarzaitine et Tigantourine, cette dernière ayant fait les gros titres en janvier 2013.

La station étudiée est sur l'aéroport, entre In Amenas et Zarzaitine, à 25kms de la frontière Libyenne, 585kms de la mer, 705kms de In Salah, 590kms de Ouargla, 1130kms d'Alger et 1750kms de Tindouf.

 

In Amenas est à 567m d'altitude, ce qui correspond à l'altitude moyenne de la région. Le plateau au nord culmine à 740m, la dépression la plus basse de la région s'abaisse à 345m (dans le coin nord ouest de la carte, vers 29°N et 8°25'E). Plusieurs ergs proches, dont l'Erg Bourarhet, vont fournir plein de "carburant" aux tempêtes de sable.

 

Le centre village est à environ 8kms de la station.

 

 

On constate une nette baisse de la Tm par rapport à In Salah, une partie étant imputable à l'altitude (+300m) et l'autre partie - la plus importante d'après moi -  à la position 700kms plus à l'est bien plus proche de la Méditerranée: ce climat ressemble à celui de l'intérieur Libyen, aux chaleurs bien moins extrêmes qu'au centre de l'Algérie à altitude et latitude égales. En Libye (et en Egypte également), la côte méditerranéenne est plus méridionale et aucun relief ne la sépare de l'intérieur du Sahara: il se forme un courant thermique de très grande échelle de la mer vers l'intérieur du continent: Ce courant est d'abord de nord puis s'incurve vers le nord-est voire ENE au fur et à mesure que l'on s'enfonce vers le sud, qu'il perd de son humidité et commence à devenir l'Harmattan.

 

Je m'attarde un peu là dessus car je ne suis par sur de pouvoir revenir de sitôt sur les climats de la Libye, la qualité des données étant désastreuse depuis la fin de Khadafi. Dans les paysages désertiques les vents dominants se lisent souvent très bien sur l'imagerie satellitaire, il suffit de suivre les sillons qu'ils creusent dans les zones sableuses. Voici une carte qui j'ai tracé sommairement en 5 minutes qui montre les vents dominants dans certains coins de la Libye, et la façon dont ceux-ci s'incurvent depuis la méditerranée: d'abord de NNO (une forte composante thermique et un peu de zonal hivernal), puis plein nord puis nord-est et enfin l'Harmattan d'ENE vers les frontières sud. On peut également jouer à ce jeu en visualisant l'Egypte dans Google Earth Viewer:

En Algérie aussi on a connu cette transition - décalée vers le nord: sur la côte le vent dominant à l'année était nord-ouest (ce mélange de brises de nord et de zonal d'ouest), puis vers Béchar ou Ouargla on hésitait déjà entre nord et nord est, puis à partir de 30°N (Timimoun) c'est nord est à ENE.

Cette orientation des vents explique donc la relative "fraicheur" des déserts Libyens et Egyptiens, ventilés et "climatisés" par le courant d'origine marine en été, tandis que le désert Algérien est protégé de cette ventilation par l'Atlas. Ainsi il se bâtit chaque été un dôme de chaleur nettement plus stable et imposant au dessus du Sahara Algérien, avec des températures très souvent proches des maximums potentiels. Les txx Libyennes et Egyptiennes peuvent parfois rivaliser avec le Sahara Algérien - on trouve partout près de niveau de la mer des Txx de 47°c à 50°c -, mais seulement quelques jours durant une pause du flux marin, conditions qui surviennent d'ailleurs surtout au printemps.

La protection de l'Atlas et suppression des courant de nord d'origine marine dans le Sahara Occidental explique aussi la progression plus nordique de la ZCIT en Afrique de l'Ouest que dans le reste de l'Afrique.

 

In Amenas est un climat de transition entre le four Algérien et ces climats moins extrêmes de l'intérieur Libyen (où les Tm de juin et juillet ne dépassent pas vraiment 31°c ou 32°c).

Il semble que les contraintes locales du relief pourtant faible donnent une composante très est-ouest aux vents, ainsi l'Harmattan est ici plein est. En hiver on retrouve des traces de zonal, plein ouest pour le coup.

 

 

 

C'est en hiver que le vent est le moins fort et le temps est souvent très agréable mais peut connaitre une fraicheur voire un froid nocturne marqué. Voici l'exemple de 2003-2004, avec quelques gelées et quelques refroidissements d'ouest à nord-ouest d'origine tempérée. Mais dès la fin février nous sommes déjà au printemps et la cocotte saharienne commence déjà à chauffer.

 

 

J'ai encore eu du mal à trouver un bon exemple de printemps, la variabilité étant parfois extrême en cette saison. Voici un exemple bricolé avec mars/avril 2008 et mai 2006.

On retrouve bien sur pas mal de tempêtes de sables, avec encore des visibilités qui tombent largement en dessous de 100m lors des paroxysmes.

 

 

En été on ne retrouve donc plus de délirantes séries de tx supérieures à 45°c, et les tn sont aussi nettement plus supportables. L'été 2008 est quand même un bon exemple d'été en climat désertique chaud:

 

 

Enfin j'ai continué avec 2008 pour l'automne, un bon exemple malgré l'excédent de t° en octobre. On y retrouve la tendance aux rares précipitations annuelles à favoriser automne et printemps. La séquence perturbée de fin septembre début octobre est un bon exemple d'instabilité poussiéreuse, un peu plus humide que d'habitude et orageuse qui donne ces rares épisodes de pluie.

 

 

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !

Modifié 9 septembre 2018 par mottoth
Remise à jour

[dann17]

Il y a 7 heures, mottoth a dit :

C'est pas vraiment un oubli, mais surtout le manque de données, notamment pour le désert de Lut qui fait fantasmer beaucoup de passionnés, moi y compris.

Lorsque l'on abordera l'Iran (dans 2 ou 3 ans) j'essayerais de faire le même exercice qu'au Sahara Algérien pour estimer les txx potentielles dans les dépressions proches des stations étudiées, dont Iranshar. Par contre il est plus délicat d'estimer les Tm: pour prendre l'exemple de Iranshar, cette station fait partie des nombreux "repérages" que j'ai déjà fait pour l'Iran et si ma mémoire est bonne elle est au bord d'un plateau, ce qui explique des tn souvent très élevées. Il y  fort à parier qu'au creux de la dépression les tn soient plus basses, y compris en été, ce qui rend difficile d'estimer la Tm par rapport à une référence connue.  On reviendra là dessus en détail en temps voulu...

Ok, je me disais, aussi...

 

Sinon, pour être allé « voir » l'emplacement de la station, je n'ai pas l'impression qu'elle soit sur un plateau.

Certes, l'aéroport est un tout petit peu plus élevé (30 à 40 m plus haut) en altitude que la ville ou que l'oued qui passe au sud, à 5-7 km de là. Cela ne fait pas un dénivelé énorme.

C'est pour ça qu'il n'est pas certain que les Tn soient forcément plus basses dans la plaine plus à l'ouest (et surtout plus de 200 m plus bas). Mais bon, faute de mesures, difficile de trancher !

[RomainD]

Le 19/05/2015 à 14:00, mottoth a dit :

Il serait fastidieux de compter de façon rigoureuse, voici donc ce que j'ai calculé vite fait sur les exemples d'hiver présentés (qui ne courent que sur 3 mois mais qui sont dans la mesure du possible proches des normes en RR):

Trondheim: 107 cms en 2001/2002, très proche de ton calcul

Bergen: environ 70 cms en 2003/2004, assez éloigné... beaucoup de neige fondante à priori, et peut-être que l'exemple de 2003/2004 n'est pas si bon non plus: ton 165cms ne me parait pas farfelu, sur d'autres hivers j'ai des cumuls de 50 cms où plus en quelques jours et une couche maxi de 61 cms.

 

#190. Tromso.

 

On continue le voyage vers le nord, Tromso est à 325kms de Bodo et 1150kms d'Oslo.

Ici la nuit polaire dure du 28/11 au 14/01, et le soleil de minuit du 18/05 au 25/07.

 

Encore une très belle vue de la région grâce à Google Earth Viewer (leurs rendus sont désormais vraiment magnifiques). Complétement à l'est une partie du Finnmark est visible. Autour de Tromso c'est encore un réseau de fjords complexe. La ville est à 27kms de la mer libre, sur une ile au milieu d'un fjord, c'est donc une position similaire à celle de Bergen.

 

Vue vers le sud. Une fois de plus j'ai préféré la station urbaine à celle de l'aéroport, car certains paramètres y sont mieux reportés (neige au sol et RR). Cette station est sur une colline à 100m d'altitude.

 

Seulement 12 années de données: les données des 3 premières années de ma période d'étude étant trop parcellaires (3obs/24h uniquement) j'ai préféré les écarter. Du coup les courbes de t° sont moins lisses que sur mes autres fiches, le gap entre 12ans et 15ans se fait bien sentir.

 

 

A part le vent nettement moins fort, il n'y a pas de grandes différences avec Bodo: on perd environ 2°c en raison de la latitude, mais au niveau des RR ou de l'insolation c'est pareil: copieusement arrosé et très gris. La position un peu plus continentale qu'à Bodo explique les vents moins forts, mais cela reste un milieu bien maritime, avec de faibles variations de températures: les tn inférieures à -15°c sont rares.

 

Dans ce contexte hivernal très doux pour la latitude j'ai été surpris de trouver au total 6 mois d'enneigement par an en moyenne, dont une période continue de 5 mois 1/2 du 24/11 au 8/05, ce qui donne quand même un hiver particulièrement long malgré l’absence de grands froids.

On retrouve encore ici du foehn en toutes saison lorsque le flux se continentalise, avec parfois des statistiques d'HR vraiment basses pour une station aussi maritime, notamment le creux du mois de mai.

 

Ici les vents sont tellement canalisés par le fjord que les vents de sud à SSO peuvent être aussi bien d'origine maritime que continentale.

 

 

 

Quelques photos de la station météo de Tromso-ville prises hier matin

 

 

 

 

Elle est bien tout en haut de la colline qui surplombe la ville, séparant l'aéroport (Langnes) et le centre-ville.

Vues les photos, le vent doit être bien atténué.

D'ailleurs j'ai bien expérimenté la différence samedi soir pendant le Midnight Sun Marathon. Alors que la station de Tromso-ville enregistre des rafales de 14 à 21 km/h pendant la course, Tromso-Langnes tourne de 28 à 36 km/h. Evidemment la course était en bord de fjord et soumise au vent plus marqué...

 

Par ailleurs on sent quand même malgré tout que la ville est bien protégée du large et que les nuages stagnent un peu plus.