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Les trous à froid en France


alsavosges

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Tout à fait, et certains TAF notamment dans les Alpes sont carrément mis de côté pour éviter de communiquer sur des températures trop glaciales, que n'apprécient pas forcément les skieurs qui préparent leur prochain séjour...

Le froid peut être un argument intéressant et même vendeur pour certaines régions, mais un peu moins pour d'autres.

Bonjour,

Sur le Vercors les stations météo France ont été placé depuis les années 50 sur les hauts des villages. Je ne sais pas si c'est le hasard ou si c'est pour masquer l'effet TAF des fonds de vallée.

La seule station qui était dans une petite dépression fermée sur le Vercors à Lente n'est plus en service depuis longtemps.

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Vous avez quand même une mentalité de m*** sur votre forum de TAFeurs, quand je lis ce genre de topic vous touchez vraiment les sommets du ridicule: http://www.localsat.net/forum/topic/4858-lnstallati

Hello,   j'ai fini de recenser les TAF à partir de ce topic.   J'ai créé une cartographie interactive simple sur Framacarte.org, voici le lien:   Cartographie des TAF de

Quelques photos des dolines sur le Méjean. (Désolé pour la qualité, les conditions étaient rudes hehe)    -Doline du Serre de Fourcat :    En haut (1180m) :   

Images postées

Le pin à crochets (Pinus uncinata) a été introduit en 1930 dans la combe Noire, il est cependant indigène dans la tourbière de Mignovillard. On a introduit cette espèce dans plusieurs combes à gel du massif jurassien, pour faciliter le reboisement par l'épicéa (/topic/17358-les-trous-a-froid-en-france/page__st__1080#entry1957105'>j'en ai parlé récemment ici).

Bonjour 'Sphagnum'.

Ah, pardon ! J'ai laissé passer ton message en référence plus haut. C'est bien de l'avoir rappelé. Sinon, je l'aurais sans doute tôt ou tard lu. En effet je remonte souvent ce topic, redoutant d'en laisser passer.

Ceci simplement pour récapituler à propos de la combe Noire (forêt de Mignovillard) :

Après l'âge glaciaire, la forêt a repris possession de la combe Noire, en s'étendant peut-être jusqu'au fond de celle-ci. En conditions radiatives (ciel clair, vent calme), la nuit il devait y faire froid au niveau de la hauteur d'un homme (1m80) - surtout au fond -, à cause du relief en creux fermé permettant le ralentissement de l'air froid descendu par gravité des pentes environnantes vers le fond et à son immobilisation sur le site. Froid, même si à ce niveau le facteur de vision du ciel était limité par le couvert, dépassant largement mais plus ou moins clairsemé. Un climat local, qu'on pourrait qualifier de naturel ou primaire, puisqu'encore non influencé par l'homme, régnait donc dans ces bois.

Mais le site était propice à l'établissement de pâturages, surtout le fond où le sol était profond et sans cailloux. La combe a donc été largement défrichée et livrée au bétail. Beaucoup plus tard, ces pâturages seront abandonnés.

Néanmoins, la forêt n'a pas pu se réinstaller spontanément, surtout au fond. Ce pour des raisons topo-climatiques. En effet, à l'occasion du défrichement ayant eu lieu longtemps auparavant, le facteur de vision du ciel avait été changé du tout au tout, que c'eût été à hauteur d'homme ou même près du sol - d'espace boisé on était passé à un espace sans arbres ; propice aux vues largement dégagées, qu'on eût été assis dans l'herbe ou debout. De ce fait, le climat local s'était dégradé d'un coup à cause de l'augmentation brutale du facteur de vision du ciel. En conditions radiatives, cela induisait bien sûr un rayonnement infrarouge net accru. Le climat local primaire - celui d'avant les défrichements - avait donc fait place à un climat local secondaire, c'est-à-dire d'origine anthropique. Sont mises en cause des gelées printanières et estivales plus fréquentes et plus prononcées qu'avant.

En 1905, afin de reconstituer un couvert forestier dans la combe Noire, on y planta du pin de montagne à port rampant ou pain nain (pin mugho). Il survécut du fait de sa rusticité bien supérieure à celle de l'épicéa et surtout du sapin. Mais, compte tenu du port (buissons bas), sa hauteur ne suffit pas pour à la belle saison protéger du gel les plants de sapin et d'épicéa apportés ultérieurement. Aussi une forêt de sapins et épicéas ne put se reconstituer dans la combe.

Plus tard, en 1930 le pin de montagne à port érigé (pin à crochets) fut introduit sur le site. Mais en dépit de sa rusticité - elle aussi supérieure à celles de l'épicéa et du sapin -, lui-même, en absence de protection dans son jeune âge, n'a pas résisté : aussi, il est très clairsemé, en plus totalement absent du fond de la combe puisque cantonné sur les pentes, comme on le voit bien sur tes images du 18 novembre dernier (/topic/17358-les-trous-a-froid-en-france/page__st__1060#entry1955020'>http://forums.infocl...60#entry1955020, notamment celle-ci :

combe_noire2012_2.jpg

Le climat local secondaire qu'on observe dans la combe Noire de nos jours, certainement très rigoureux, surtout au fond - mais moins sur les pentes évidemment -, a donc son origine dans des actions humaines anciennes (défrichements), non compensées par des tentatives de reboisement ultérieures à but réparateur. Aussi, les changements opérés autrefois, dans la végétation mais aussi le climat local, ont pu se pérenniser jusqu'à aujourd'hui, où cette évolution semble irréversible en absence d'autres interventions. L'état actuel du climat local - un topo-climat anthropique et non primaire - a tendance à se maintenir, car aucune régénération de la forêt ne peut s'amorcer de façon naturelle dans de telles conditions, en tout cas au fond de la combe. Il s'agit bien d'un cercle vicieux, qui règne surtout au fond : l'absence de forêt refroidit le climat local et le refroidissement du climat local empêche l'installation spontanée de la forêt, qui sinon le réchaufferait.

En plus, dans l'intérêt du grand-tétras, il est admis que cette combe devra rester ouverte. Ainsi, ce topo-climat si particulier va pouvoir continuer son existence. Et nous ne nous en plaindrons pas...

Marc.

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Andelot-en-Montagne (39) - 604 m

Bonjour Marc,

Pour étayer ce récapitulatif, j'ajoute un texte à propos du pin à crochets que j'ai pu dénicher en rusant avec Google books. Il s'agit en fait de ce qui précède le paragraphe que j'ai déjà posté à propos des tentatives de reboisement de la Combe noire par cette espèce.

«Le pin de montagne (Pinus montana ssp. Uncinata Ram.) résiste aux froids les plus rigoureux et aux gelées estivales puisque dans le Jura il habite les tourbières qui sont souvent situées dans les trous à gelées. Le pin de montagne occupait au début du quaternaire une aire beaucoup plus étendue, mais il n'a pu supporter la concurrence des autres essences forestières : sapin, épicéa, et il ne subsiste plus que dans les stations où ces concurrents ne peuvent vivre : tourbières et arêtes rocheuses des sommets. Le pin de montagne paraît même avoir subi une adaptation régressive dans ces stations peu propices à la vie forestière et si les pins de tourbière sont parfaitement adaptés au froid, ils continuent à présenter une végétation ralentie et des formes trapues même si on les introduit dans de bons sols, hors des gelées permanentes.

C'est-à-dire qu’il n’y a pas lieu de considérer le pin de montagne comme une essence définitive, mais bien comme une essence transitoire devant constituer le couvert et l'abri indispensable pour supprimer l'accumulation d'air froid et les gelées permanentes.» (Revue des eaux et forêts, Volume 79, p508)

Voici ensuite des informations intéressantes sur les températures de la Combe noire de Mignovillard :

«Les dépressions, combes ou dolines, sont de véritables pièges à air froid (22). À la Combe Noire par exemple (forêt de Mignovillard), la moyenne mensuelle des minima descend en-dessous de 0°C pendant 11 mois par an, pour seulement 6 mois sur le plateau contigu. Les deux positions sont séparées par un dénivelé de 20 mètres. » (Comptes rendus de l'Académie d'agriculture de France, volume 84, 1998, p143)

Et je finirai par un texte sur la cryoturbation dans les combes à gel du Jura dans lequel on trouve une référence à la Combe noire et à la Combe de la Valouse (massif du Mont-tendre).

« 1. Les formes actuelles de cryoturbation

Elles apparaissent dans certaines cuvettes très froides, sujettes aux inversions thermiques, même pendant la belle saison (Combe-Noire, F. 1201 Mouthe, 504/180; Chaux-Sèche, F. 1241 Marchairuz, 499,3/157 ; région du Crêt-de-la-Neige et Combe-de-la-Valouse, F. 1241 Marchairuz, 502,9/150,2). Tous ces lieux sont caractérisés par une végétation arborescente rabougrie, arrêtée dans son développement normal par ce milieu glacial. C'est aussi à cause de ce microclimat spécial que se développent quelques microformes particulières du relief (planche 24). Nous voulons parler des espaces recouverts de cailloutis- entourant quelquefois des petites surfaces de végétation - qui ne sont pas sans rappeler les sols polygonaux des pays arctiques. Ces pierriers se situent sur des terrains peu ou moyennement inclinés couverts d'une végétation herbeuse. » (Contribution à l'étude des formations périglaciaires dans le Jura, ANDRÉ PANCZA, Décembre 1979, p159)

La planche 24 montre un épicéa rabougri dans la Combe noire. Il semble y avoir des erreurs dans ces références : je ne sais pas si la "Chaux-sèche" est celle de Bellefontaine/Chapelle-des-bois située dans le Risoux (il n'y a pas de "Chaux sèche" au Marchairuz) ou s'il voulait parler des sèches du Mont-tendre bien située à proximité du Marchairuz. La Chaux-sèche de Bellefontaine/Chapelle-des-bois doit être une des combes à gel du Risoux.

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Bonjour 'Sphagnum'.

Concernant ton message précédent, je puis répondre immédiatement à ton doute (<>). J'ai en main une carte nationale de la Suisse 1:25 000 : Le Sentier Feuille 1221. Mais je ne dispose pas des feuilles adjacentes 1201 (Mouthe) et 1241 (Marchairuz). "Chaux-Sèche", comme tu dis plus haut, se trouve dans la Feuille 1241 Marchairuz, aux coordonnées 499,3/157. Sur la base de la carte que j'ai et de ces coordonnées, il m'est évident que "Chaux-Sèche" en question ne se trouve que légèrement à l'extérieur du cadre. C'est bien en France, mais tout près de la frontière franco-suisse. De la Roche Bernard, dominant les Mortes, c'est en direction du sud-est, à 2 ou 3 km à vol d'oiseau. Sur une carte moins détaillée, je trouve au même endroit une tache blanche sur fond vert, d'environ un kilomètre de long sur 300 mètres de large, avec indiqué : la Chaux Sèche. Un endroit qui promet...

Marc.

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Bonjour Taf 95

Sur le site de base données des sentiers VTT: " VTT track" http://www.vttrack.fr/map.php

Tu as disposition L'iGN et Topo Swiss au 1/25 000 sur les derniers fonds de carte les plus récents.

C'est bien pratique pour dénicher les TAF.

Chaux sêche est très étendu sous la courbe 1200 mètres mais reste' peu profond avec un point bas vers 1175 mètres.

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Andelot-en-Montagne (39) - 604 m

Bonjour 'Sphagnum'.

Concernant ton message précédent, je puis répondre immédiatement à ton doute (<>). J'ai en main une carte nationale de la Suisse 1:25 000 : Le Sentier Feuille 1221. Mais je ne dispose pas des feuilles adjacentes 1201 (Mouthe) et 1241 (Marchairuz). "Chaux-Sèche", comme tu dis plus haut, se trouve dans la Feuille 1241 Marchairuz, aux coordonnées 499,3/157. Sur la base de la carte que j'ai et de ces coordonnées, il m'est évident que "Chaux-Sèche" en question ne se trouve que légèrement à l'extérieur du cadre. C'est bien en France, mais tout près de la frontière franco-suisse. De la Roche Bernard, dominant les Mortes, c'est en direction du sud-est, à 2 ou 3 km à vol d'oiseau. Sur une carte moins détaillée, je trouve au même endroit une tache blanche sur fond vert, d'environ un kilomètre de long sur 300 mètres de large, avec indiqué : la Chaux Sèche. Un endroit qui promet...

Marc.

Merci, je ne trouvais pas ce que signifiaient ces chiffres (1241 Marchairuz, 499,3/157), maintenant je comprends mieux. C'est donc bien la Chaux-sèche du Risoux, située effectivement très près de la frontière franco-suisse, à moitié dans le Doubs (Chapelle-des-bois) et dans le Jura (Bellefontaine).

Bonjour Taf 95

Sur le site de base données des sentiers VTT: " VTT track" http://www.vttrack.fr/map.php

Tu as disposition L'iGN et Topo Swiss au 1/25 000 sur les derniers fonds de carte les plus récents.

C'est bien pratique pour dénicher les TAF.

Chaux sêche est très étendu sous la courbe 1200 mètres mais reste' peu profond avec un point bas vers 1175 mètres.

Le site Géoportail met également à disposition des cartes IGN et Swiss Topo au 1/25000, ainsi que des vues aériennes récentes comme anciennes. C'est très pratique aussi, je m'en sers tout le temps.

La Chaux-sèche est effectivement peu profonde, elle s'insère dans une sorte de combe ouverte fuyant à l'Est et un peu au Sud. Les cartes IGN et Swiss Topo indiquent un point bas à 1193 m. Les courbes mettent en évidence une zone fermée d'une profondeur d'une dizaine de mètres, en partie forestière. J'ai trouvé quelques photos montrant notamment des dépressions au bord desquelles il semble y avoir des épicéas rabougris:

http://magnijura.fre...s/slide1306.jpg

http://magnijura.fre...s/slide1304.jpg

http://www.panoramio...sc&user=1969554

C'est un très bel endroit avec quelques raretés botaniques.

Il y a aussi une combe à gel au Sud-Est de la Chaux-sèche sur la commune de Bois-d'Amont juste derrière la Roche du Creux. En vue satellite, on remarque très bien les arbres de plus en plus rabougris sur les bords de la dépression. En regardant avec Google Earth, ça semble profond.

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J'étais ce matin à la plaine de Combe Noire, située à plus de 1000 m d'altitude dans la forêt de Mignovillard (département du Jura). Il s'agit d'une dépression karstique fermée d'1,5 km de long sur 300 m de large, d'une profondeur d'une vingtaine de mètres, en plein coeur d'une forêt montagnarde jurassienne. Dès l'entrée dans la combe, on croirait pénétrer dans un autre monde, on sent tout de suite que le lieu subit un microclimat sévère :

image1

image2

Bonjour 'Sphagnum'.

Retournons à l'image satellite de Google Maps. L'état des arbres à feuilles caduques poussant aux alentours de la combe Noire montre par leurs couleurs (du jaune et de l'orange) qu'on est bien en automne. Si la forêt de Mignovillard est observée du ciel dans sa totalité, la combe saute aux yeux immédiatement, au milieu du reste. En effet la plupart des ouvertures en forêt sont vertes, dénonçant la présence d'une herbe encore bien active. C'est par exemple le cas de la clairière où se trouve le chalet de Combe Noire. Cette clairière est située à proximité du Nord de la combe, en direction du nord-est, et l'herbe y est encore bien verte. Par contre les parties dégagées de la combe sont d'une teinte grise tirant un peu sur le mauve ; cela fait triste. Que ça tranche par rapport à la verdure de la clairière située juste à côté. On peut penser que ce contraste est dû à des différences importantes d'ordre topo-climatique, entre le fond, d'aspect carrément steppique, de la combe Noire et la prairie luxuriante qu'enchâsse cette petite clairière - pourtant située seulement un peu plus haut que la combe. Sans doute l'effet des gelées qui sévissent durant les nuits radiatives de l'été, surtout au fond.

On y trouve principalement 2 espèces d'arbres : le Pin à crochets (Pinus uncinata), espèce montagnarde que l'on retrouve à la même altitude uniquement dans quelques tourbières, et l’Épicéa (Picea abies). Les pins ont un aspect miteux, défeuillés et couverts de lichens, et les épicéas adoptent des formes naines et rampantes :

image3

Le Pin à crochets a un aspect très étrange. Ses branches font penser à un candélabre. Alors quand ils sont nombreux... Une balade, la nuit sous la lune, au fond de cette combe ou dans une tourbière boisée de Pins à crochets - par exemple au bois du Forbonnet -, ce sera toujours très impressionnant, surtout s'il y a de la neige et qu'il fait très froid. Ne manque plus que le hurlement lointain d'un loup ou le cri d'un lynx.

C'est au fond de la combe que le phénomène est le plus prononcé (à noter que les rochers sont réduits en gravillons sous l'action du gel) :

image4

image5

image6

Ah oui, je me rappelle que, de ces phénomènes périglaciaires, tu as parlé dans un message précédent. De loin, on dirait des plaques de neige, tellement c'est blanc.

Je n'ai aucune idée des températures extrêmes que l'on pourrait trouver dans cette combe, mais vu l'état de la végétation, ça m'a l'air plutôt sévère. Il doit y geler en tout cas très fréquemment et les écarts thermiques doivent être importants.

Tu as trouvé entre-temps quelques données sur les Tnm ( : moyenne des températures minimales journalières) des différents mois de l'année. De quoi laisser rêveur. Un seul mois de l'année - serait-ce juillet ? - présente une Tnm au-dessus de zéro. Ouf, au moins un épargné ! Vu simplement ces données climatologiques et l'aspect du relief et de la végétation de la Combe Noire, en ce qui concerne les températures extrêmes à trouver au point bas, eh bien "plutôt sévères" est à mon avis un euphémisme. Tu verras, tu seras surpris. C'est pire !

Je me demande encore comment j'ai pu passer à côté d'un coin si particulier, malgré des séjours assez nombreux dans les environs de Mignovillard - surtout pour les tourbières de Frasne-Bonnevaux, qui m'intéressent depuis longtemps. A vol d'oiseau la Combe Noire n'est en effet qu'à 5 ou 10 km de ces tourbières.

Marc.

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Andelot-en-Montagne (39) - 604 m

Bonjour 'Sphagnum'.

Retournons à l'image satellite de Google Maps. L'état des arbres à feuilles caduques poussant aux alentours de la combe Noire montre par leurs couleurs (du jaune et de l'orange) qu'on est bien en automne. Si la forêt de Mignovillard est observée du ciel dans sa totalité, la combe saute aux yeux immédiatement, au milieu du reste. En effet la plupart des ouvertures en forêt sont vertes, dénonçant la présence d'une herbe encore bien active. C'est par exemple le cas de la clairière où se trouve le chalet de Combe Noire. Cette clairière est située à proximité du Nord de la combe, en direction du nord-est, et l'herbe y est encore bien verte. Par contre les parties dégagées de la combe sont d'une teinte grise tirant un peu sur le mauve ; cela fait triste. Que ça tranche par rapport à la verdure de la clairière située juste à côté. On peut penser que ce contraste est dû à des différences importantes d'ordre topo-climatique, entre le fond, d'aspect carrément steppique, de la combe Noire et la prairie luxuriante qu'enchâsse cette petite clairière - pourtant située seulement un peu plus haut que la combe. Sans doute l'effet des gelées qui sévissent durant les nuits radiatives de l'été, surtout au fond.

Bonjour, je pense que le contraste observé résulte de l’interaction du microclimat et du sol squelettique de la combe : le milieu est typiquement composé de pelouses sèches qui sont très maigres par endroit. Je me suis demandé sur place si la faible hauteur de la strate herbacée était due au pâturage, mais je n'en ai observé aucune trace. Cette pelouse doit être naturelle dans le sens où ce n'est pas l'herbivorie qui est en responsable mais plutôt la sécheresse et les gelées fréquentes toute l'année. Par contre, on peut émettre l'hypothèse que l'ancien pâturage est à l'origine de la maigreur du sol, je sais par exemple que les grandes prairies rocailleuses de Courvières (la ligne Andelot-Frasne passe au milieu) résultent d'un pâturage important dans le passé.

Le Pin à crochets a un aspect très étrange. Ses branches font penser à un candélabre. Alors quand ils sont nombreux... Une balade, la nuit sous la lune, au fond de cette combe ou dans une tourbière boisée de Pins à crochets - par exemple au bois du Forbonnet -, ce sera toujours très impressionnant, surtout s'il y a de la neige et qu'il fait très froid. Ne manque plus que le hurlement lointain d'un loup ou le cri d'un lynx.

sJ'ai été surpris par l'aspect des Pins à crochets, j'ai l'habitude de les voir sous forme de banzaï géants et robustes comme au Crêt de la neige. Dans la Combe Noire, ils n'ont absolument pas de feuilles sur les premiers mètres, toutes les branches feuillées sont regroupées à la cime, il y a aussi pas mal d'arbres morts. Je ne sais pas l'expliquer, est-ce vraiment du aux gelées estivales ? Je ne fais pas toujours attention aux pins à crochets quand je vais dans une tourbière, ont-ils un aspect aussi dépouillé ? Si j'en avais l'occasion j'irais bien à la combe noire à la fin d'une nuit radiative pour l'ambiance, et la température bien sûr.

Tu as trouvé entre-temps quelques données sur les Tnm ( : moyenne des températures minimales journalières) des différents mois de l'année. De quoi laisser rêveur. Un seul mois de l'année - serait-ce juillet ? - présente une Tnm au-dessus de zéro. Ouf, au moins un épargné ! Vu simplement ces données climatologiques et l'aspect du relief et de la végétation de la Combe Noire, en ce qui concerne les températures extrêmes à trouver au point bas, eh bien "plutôt sévères" est à mon avis un euphémisme. Tu verras, tu seras surpris. C'est pire !

Je me demande encore comment j'ai pu passer à côté d'un coin si particulier, malgré des séjours assez nombreux dans les environs de Mignovillard - surtout pour les tourbières de Frasne-Bonnevaux, qui m'intéressent depuis longtemps. A vol d'oiseau la Combe Noire n'est en effet qu'à 5 ou 10 km de ces tourbières.

Pour ma part, je n'y étais encore jamais allé, mais j'avais entendu parler de ses épicéas rabougris bien avant que je ne m'intéresse aux trous à froid. J'ai pensé que ce n'était pas si exceptionnel que ça connaissant le climat jurassien. C'est quand j'ai vu tes photos de la Sèche de Gimel avec ses épicéas nains que j'ai repensé à la Combe Noire et ai décidé d'aller y faire un tour, et encore juste avant d'entrer dans la combe je n'imaginais pas y trouver un tel paysage. L'hiver arrive, de belles Tn sont annoncées pour le week-end et la semaine prochaine dans le Jura, mais il n'y a pas de thermomètre à la Combe Noire pour les mesurer, comme c'est frustrant !
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Je ferais bien des relevés dans la combe, mais l'endroit est très fréquenté (pistes de ski), il faudrait quelque chose de discret, peut-être un bête thermomètre mini-maxi pour commencer...

Bonjour 'Sphagnum'.

Oui bien sûr, mais, en retournant sur le site faire un relevé, on peut très bien ne pas retrouver son thermomètre. J'ai fait de cela plusieurs fois l'expérience. En fin de nuit radiative - ou bien le soir - tu peux aussi aller à la combe Noire, faire des observations de température en utilisant un thermomètre itinérant. Tu regardes alors la différence qu'il y a entre le fond de la dépression et le haut de ses pentes.

Mais, accompli en hiver, cela obligerait éventuellement à affronter les très basses températures "supposées" affecter ce lieu. A ce sujet je reporte aux conditions difficiles qui sévissaient au point bas de la dépression fermée de Darbounouze (Hauts Plateaux du Vercors), lorsque le matin du 5 février dernier 'riri vertacorien' y est arrivé pour faire ses mesures :

/topic/17358-les-trous-a-froid-en-france/page__st__920#entry1777569'>http://forums.infocl...20#entry1777569

. Seul dans ce froid (jusqu'à -35,5°C), il n'aurait pas fallu se planter...

A conditions d'éviter d'aller à la combe par des froids de ce type, je pense que dans un premier temps y faire quelques mesures préliminaires en se servant d'un thermomètre itinérant ne serait pas mal. En attendant de mettre, je ne sais où au fond, un dispositif. Maintenant, je me rappelle que tu as déjà trouvé quelques données climatiques sur la combe Noire, notamment concernant les Tn mensuelles - très basses. Ces données indiquent donc que le site a été étudié déjà et en plus, que la sévérité du climat local n'est pas du tout supposée, contrairement à ce que je viens de dire au-dessus, mais bien réelle.

J'ai fais quelques recherches sur les combes à gel du Jura, mais je n’ai pas eu accès à beaucoup d’informations. Ce sont celles du mont Tendre qui sont souvent évoquées :

« L'existence d'une limite inférieure de la forêt aux Grandes Chaumilles, au Pré de Bière, à la Sèche de Gimel et surtout à la Sèche des Amburnex est indiscutable. Au bord de la cuvette se dressent des plantes de dimensions normales, mais, à mesure qu'on se rapproche du fond, les épicéas qui constituent ce peuplement se rabougrissent. Il en est, vieux de cent ans et plus, dont la taille oscille entre 1 m 50 et 2 m. » (Bulletin de la Société neuchâteloise de géographie, volumes 35 à 43, 1926)

On peut comprendre que parmi les trous à froid du mont Tendre, c’est dans la Sèche des Amburnex que le phénomène est le plus prononcé.

A la Sèche des Amburnex, en vérité le col de la dépression est à-peu-près à 1322 m d'altitude, ce qui fait environ 38 m de dénivelé par rapport au point bas (1284 m) ! Sur cette carte Swiss Topo :

http://www.vttrack.f...Sentiers|Topos|

zoomer une fois pour faire apparaître en haut 1284 (le point bas) et en bas 1322 (le col) ; il suffit de repérer l'isohypse 1320 puis de la suivre - de l'autre côté de la dépression elle passe près du Couvert de la Sèche de Gimel -, pour se figurer la partie close de la dépression, c'est-à-dire quels en sont les lieux situés à un niveau inférieur par rapport au col, l'exutoire faisant office de trop-plein pour l'air.

J’ai lu ailleurs qu’il y avait du côté des Aiguilles de Baulmes une certaine « Grand’Combe » située sous Auberson où le phénomène a été observé. Le Grand Risoux

abriterait également pas mal de combes à gel, mais je n’ai pour l’instant pas trouvé les lieux exacts.

J.-L. Richard écrit à la page 139 de son livre "Les forêts acidiphiles du Jura" - publié en 1961 (Hans Huber ; Berne. fascicule 38, 164 p.) -, à propos de la partie française du Risoux et de ses forêts acidophiles... pourtant sur roche calcaire :

" Les hautes vallées du Jura central forment parfois de véritables << trous à gel >>. Ainsi, dans la forêt domaniale du Risoux (Les Rousses, Jura français), on peut observer que l'Asplenio-Piceetum est relégué au fond des combes, tandis que l'Abieti-Fagetum colonise les pentes et les stations élevées. Cependant il faut dire que le climat local n'est pas seul en jeu : il s'agit partout d'une roche mère excessivement dure formant peu de terre minérale, parfois même d'un lapiaz profondément fissuré qui est précisément localisé au fond des cuvettes (voir aussi Sèche des Amburnex, Sèche de Gimel, dans le Jura vaudois). Il ne nous est donc pas possible de préciser quelle est la part du climat local et celle du sol dans cette répartition."

L'auteur montre ensuite un transect fait à travers une cuvette à gel avec lapiaz, en forêt du Risoux s/Les Rousses (France), à 1200 m : " Un Asplenio-Piceetum très peu productif est localisé dans les bas-fonds, alors que les pentes et les hauteurs sont le domaine de l'Abieti-Fagetum."

Je serais tenté de comparer la forêt qu'on trouve dans ces bas-fonds glacials avec la forêt boréale... Pas, 'dann17' ?

Concernant le reboisement de ces combes, la méthode de l’introduction de pins de montagne ou pins à crochets a fait ses preuves. En effet, beaucoup plus résistants aux gelées estivales que l’épicéa, ils permettent sous leurs couverts son installation. J’ai pu observer ça dans la Combe noire : dans les zones à pins à crochets, les rares épicéas poussaient aux pieds des pins.

« Les essais entrepris en Suisse, dans le Jura neuchâtelois, à la Brévine et dans le Jura vaudois au Marchairuz, sont absolument concluants à cet égard. A la Brévine, une grande combe à gel a été reboisée, le climat local a été complètement modifié et la forêt naturelle est en voie de reconstitution. Dans le Jura français, des essais ont été tentés vers 1905 dans la forêt communale de Mignovillard, dans le grand trou à gelées de Combe Noire (45 hectares). Malheureusement, au lieu de planter du pin de montagne à port érigé, on a introduit une variété à port rampant (

Pinus montana ssp. mughus

. Scop.) dont la hauteur ne dépasse pas normalement 1 à 2 mètres. Le but recherché n'a donc pu être atteint, mais les sujets introduits ont parfaitement résisté au froid et ont une végétation active. » (Revue des eaux et forêts, volume 79, 1941, p. 508)

Pinus mugo

(autrefois

Pinus montana ssp. mughus)

= pin mugho ou pin couché (non indigène à la flore jurassienne)

Pinus uncinata

(autrefois

Pinus montana ssp. uncinata)

= pin à crochets (indigène dans les tourbières et sur les crêts jurassiens)

Ce qui peuple majoritairement la Combe Noire aujourd’hui est le pin à crochets, introduit vers 1930.

En forêt, reboiser - si ça marche bien sûr - est donc la façon la plus simple de remplacer le climat local, singulier par ses extrêmes et ses contrastes, qui peut régner sur le fond complètement dégagé d'une dépression - fermée ou pas -, par un beaucoup plus atténué et s'apparentant à celui qu'on observe sous le couvercle protecteur de tout peuplement d'arbres. Le changement qui a lieu au fond, dans le facteur de vue du ciel, est une plaie pour la conservation de tels topo-climats.

Marc.

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Andelot-en-Montagne (39) - 604 m

-21.1°à la combe des Amburnex et -28.8° au Glatalp ce matin, la saison froide a démarrée.

En effet -21,1°C au fond de la Sèche de Gimel à 4h, mais comme les données de 5h et 6h ne sont pas encore en ligne, ce n'est peut être pas la valeur définitive.

EDIT : Finalement, une Tn de -23,1°C à 5h au fond de la Sèche de Gimel (-13,2°C en haut).

Oui bien sûr, mais, en retournant sur le site faire un relevé, on peut très bien ne pas retrouver son thermomètre. J'ai fait de cela plusieurs fois l'expérience. En fin de nuit radiative - ou bien le soir - tu peux aussi aller à la combe Noire, faire des observations de température en utilisant un thermomètre itinérant. Tu regardes alors la différence qu'il y a entre le fond de la dépression et le haut de ses pentes.

Mais, accompli en hiver, cela obligerait éventuellement à affronter les très basses températures "supposées" affecter ce lieu. A ce sujet je reporte aux conditions difficiles qui sévissaient au point bas de la dépression fermée de Darbounouze (Hauts Plateaux du Vercors), lorsque le matin du 5 février dernier 'riri vertacorien' y est arrivé pour faire ses mesures : /topic/17358-les-trous-a-froid-en-france/page__st__920#entry1777569'>http://forums.infocl...20#entry1777569. Seul dans ce froid (jusqu'à -35,5°C), il n'aurait pas fallu se planter...

A conditions d'éviter d'aller à la combe par des froids de ce type, je pense que dans un premier temps y faire quelques mesures préliminaires en se servant d'un thermomètre itinérant ne serait pas mal. En attendant de mettre, je ne sais où au fond, un dispositif. Maintenant, je me rappelle que tu as déjà trouvé quelques données climatiques sur la combe Noire, notamment concernant les Tn mensuelles - très basses. Ces données indiquent donc que le site a été étudié déjà et en plus, que la sévérité du climat local n'est pas du tout supposée, contrairement à ce que je viens de dire au-dessus, mais bien réelle.

L'avantage de la Combe Noire c'est que c'est facile d'accès, peu éloigné de la civilisation, sans lapiaz et à 20 minutes de chez moi. Il faut quand même bien sûr se préparer au froid que l'on peut affronter au fond. Je n'ai pas encore de thermomètre itinérant, donc pour l'instant je ne prévois pas d'aller y faire des relevés.

En 1961, J.-L. Richard écrit dans son livre - Les forêts acidiphiles du Jura. Hans Huber ; Berne. fascicule 38, 164 p. -, à propos de la partie française du Risoux et de ses forêts acidophiles... pourtant sur roche calcaire :

Oui c'est courant dans les forêts montagnardes jurassiennes, le sol se décalcifie et s'acidifie en surface. On voit alors apparaître des espèces acidophiles comme la myrtille et les pyroles.
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Bonjour.

Quelques éléments de plus à propos des trous à froid (trous à gel, cuvettes à gel, combes à gel...) de la forêt du Risoux - c'est-à-dire la forêt qui recouvre la partie Sud du massif franco-helvétique du mont Risoux, étendu de Morez à Vallorbe. En effet j'en ai parlé dans mon message précédent.

Tout d'abord voici, concernant le Site Natura 2000 du Massif du Risoux, un premier lien : http://piece-jointe-...natu40-2002.pdf, où j'ai trouvé ceci :

" Le Massif du Risoux constitue une structure anticlinale qui domine l'accident de Morez situé au sud-ouest. Cet anticlinal se poursuit au-delà de la frontière suisse jusqu'à l'accident de Vallorbe-Pontarlier. Son altitude varie entre 1250 et 1300 m et ses limites topographiques sont marquées par des escarpements importants. L'intense érosion glaciaire a façonné le relief du replat sommital en d'immenses dépressions et combes étroites au fond desquelles les masses d'air froid plus denses restent prisonnières.

Sur les lapiaz de la zone centrale fortement érodée, s'installe la pessière à doradille où l'épicéa assure à lui seul la couverture arborée. Quelques arbustes comme le rosier des alpes, le chèvrefeuille noir dominent un peuplement clairsemé. Cette pessière s'installe sur des sols peu épais, très humifères et acides en surface, favorables à une petite orchidée, la listère cordée. Cette pessière sur lapiaz est traitée en futaie jardinée et les conditions de sol et de climat conditionnent une forêt claire à fort recouvrement de myrtilles et d'airelles."

Puis un deuxième lien : http://www.franche-c...x_cle1431cf.pdf, dont j'ai retenu ce qui suit.

La pessière subalpine rencontrée sur le site est son habitat naturel le plus intéressant, de notre point de vue (trou à froid). Il s'agit de pessière acidophile à doradille (" forme typique sur lapiaz : pessière quasiment pure sur tapis de myrtille, en position de dépression froide "). Mais aussi de pessière basse acidophile à doradille (" variante de la forme typique, à épicéas très courts, ouverte, sur lapiaz très marqués à larges fissures et sols squelettiques ").

" On peut noter sur le Risoux une intéressante inversion d'étages de végétation : en simplifiant, on peut décrire les bordures du massif, situées à des altitudes généralement comprises entre 1200 et 1300 m, comme relevant de l'étage montagnard supérieur avec présence du hêtre, tandis que l'on peut rattacher la dépression centrale, d'altitude moyenne inférieure à 1220 m, à l'étage subalpin inférieur (domaine de la pessière, à hêtre très rare).

Cette inversion s'explique par des conditions mésoclimatiques plus rudes (températures minimales plus basses, enneigement plus prolongé) dans les cuvettes centrales du Risoux, où s'accumule l'air froid, alors que les influences plus clémentes remontant des vallées se font sentir sur les bordures et leurs hauts de versants.

L'étage montagnard supérieur est surtout représenté par des faciès à épicéa de hêtraies-sapinières. Par contre, l'étage subalpin abrite des habitats forestiers de pessières quasi pures, et, dans les cuvettes les plus basses dites << trous à gelée >>, des pelouses et des pré-bois. "

Marc.

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Andelot-en-Montagne (39) - 604 m

Bonjour,

-27,6°C cette nuit à 0h à la Sèche de Gimel (station Amburnex-Combe), ça commence à causer !

EDIT : la barre des -30°C a été dépassée dans la nuit du 3 décembre avec -33°C !

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Andelot-en-Montagne (39) - 604 m

A la Sèche des Amburnex, en vérité le col de la dépression est à-peu-près à 1322 m d'altitude, ce qui fait environ 38 m de dénivelé par rapport au point bas (1284 m) ! Sur cette carte Swiss Topo :

http://www.vttrack.f...Sentiers|Topos| zoomer une fois pour faire apparaître en haut 1284 (le point bas) et en bas 1322 (le col) ; il suffit de repérer l'isohypse 1320 puis de la suivre - de l'autre côté de la dépression elle passe près du Couvert de la Sèche de Gimel -, pour se figurer la partie close de la dépression, c'est-à-dire quels en sont les lieux situés à un niveau inférieur par rapport au col, l'exutoire faisant office de trop-plein pour l'air.

Bonjour Marc,

De cette manière en utilisant Swiss Topo et Google Earth, j'avais trouvé une profondeur d'au moins 36 mètres. Pour la Combe Noire, j'ai estimé que la cuvette fermée faisait environ 20 mètres de profondeur pour la zone dégagée, et une trentaine de mètres en incluant la forêt.

J.-L. Richard écrit à la page 139 de son livre "Les forêts acidiphiles du Jura" - publié en 1961 (Hans Huber ; Berne. fascicule 38, 164 p.) -, à propos de la partie française du Risoux et de ses forêts acidophiles... pourtant sur roche calcaire :

" Les hautes vallées du Jura central forment parfois de véritables << trous à gel >>. Ainsi, dans la forêt domaniale du Risoux (Les Rousses, Jura français), on peut observer que l'Asplenio-Piceetum est relégué au fond des combes, tandis que l'Abieti-Fagetum colonise les pentes et les stations élevées. Cependant il faut dire que le climat local n'est pas seul en jeu : il s'agit partout d'une roche mère excessivement dure formant peu de terre minérale, parfois même d'un lapiaz profondément fissuré qui est précisément localisé au fond des cuvettes (voir aussi Sèche des Amburnex, Sèche de Gimel, dans le Jura vaudois). Il ne nous est donc pas possible de préciser quelle est la part du climat local et celle du sol dans cette répartition."

L'auteur montre ensuite un transect fait à travers une cuvette à gel avec lapiaz, en forêt du Risoux s/Les Rousses (France), à 1200 m : " Un Asplenio-Piceetum très peu productif est localisé dans les bas-fonds, alors que les pentes et les hauteurs sont le domaine de l'Abieti-Fagetum."

Ce texte rejoint ce dont j'avais parlé dans un post précédent. L'effet de la sécheresse et de la pauvreté du sol s'additionne à l'effet du micro-climat dans de nombreuses combes à gel du massif du Jura (Sèches de Gimel et des Amburnex, Combe Noire, Chaux-Sèche, Combe de la Valouse, etc... ). Les effets des deux facteurs sont donc confondus en ce qui concerne les groupements : le hêtre et le sapin laisse place à l'épicéa dans ces combes sans que l'on sache dans quelle proportion le micro-climat peut expliquer ce changement. Il est clair par contre que la limite de végétation en fond de combe s'explique par le climat (même si elle peut être facilitée par la sécheresse et la pauvreté du sol), il suffit pour s'en convaincre de se rappeler du gradient de rabougrissement que l'on peut observer du haut vers le fond. Je trouve ça d'ailleurs fascinant quand on sait que la disparition des arbres ne s'observe d'ordinaire qu'à la limite supérieure de l'étage subalpin (à partir de 2300 m d'altitude).

Je pense qu'il existe des combes à gel moins sèches où l"on observe le même phénomène, j'ai repéré de bons candidats sur les bords du massif du Risoux à plus basse altitude du côté des Rousses et de Bois-d'Amont.

Merci pour les liens sur le Risoux, je vais regarder ça en détail.

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Andelot-en-Montagne (39) - 604 m

Bonsoir,

Aujourd’hui sous une neige fondante j’ai installé à la Combe noire un enregistreur, je pense qu’il est bien caché. L’installation est complètement hors normes mais cela donnera quelques infos.

Voici le produit.

http://www.conrad.fr...earchDetail=005

Super ! Très bonne initiative, c'est que je pensais faire depuis un petit moment sans franchir le pas. On s'en fiche que ça soit hors normes, l'intérêt n'est pas là. Tu l'as placé le plus près du fond possible ? En tout cas j'ai hâte de voir ce que ça va donner.
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Andelot-en-Montagne (39) - 604 m

Je pense que moi ou mon cousin (il réside Censeau) relever les infos ± les premières semaines de chaque mois.

Vivement début janvier donc, et décembre s'annonce froid.

Pour ce qui est de la Combe des Amburnex, la Tn définitive de la nuit dernière au fond de la Sèche de Gimel est de -33°C à 4h.

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Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

J.-L. Richard écrit à la page 139 de son livre "Les forêts acidiphiles du Jura" - publié en 1961 (Hans Huber ; Berne. fascicule 38, 164 p.) -, à propos de la partie française du Risoux et de ses forêts acidophiles... pourtant sur roche calcaire :

" Les hautes vallées du Jura central forment parfois de véritables << trous à gel >>. Ainsi, dans la forêt domaniale du Risoux (Les Rousses, Jura français), on peut observer que l'Asplenio-Piceetum est relégué au fond des combes, tandis que l'Abieti-Fagetum colonise les pentes et les stations élevées. Cependant il faut dire que le climat local n'est pas seul en jeu : il s'agit partout d'une roche mère excessivement dure formant peu de terre minérale, parfois même d'un lapiaz profondément fissuré qui est précisément localisé au fond des cuvettes (voir aussi Sèche des Amburnex, Sèche de Gimel, dans le Jura vaudois). Il ne nous est donc pas possible de préciser quelle est la part du climat local et celle du sol dans cette répartition."

L'auteur montre ensuite un transect fait à travers une cuvette à gel avec lapiaz, en forêt du Risoux s/Les Rousses (France), à 1200 m : " Un Asplenio-Piceetum très peu productif est localisé dans les bas-fonds, alors que les pentes et les hauteurs sont le domaine de l'Abieti-Fagetum."

Je serais tenté de comparer la forêt qu'on trouve dans ces bas-fonds glacials avec la forêt boréale... Pas, 'dann17' ?

Bonjour Marc, bonjour à tous !Excusez ma longue absence sur ce fil pourtant passionnant...

Marc, je suis entièrement d'accord avec toi : si Abieti-Fagetum semble bien correspondre à la limite du domaine boréal (mais il en fait quand même partie), Aspieno-Piceetum indique quant à lui que les conditions sont clairement semblables à celles des milieux boréaux (bien que le sol joue également dans ces lapiaz). En effet, schématiquement, le climat du milieu boréal est présent si (entre autres) au cours de la saison chaude végétative, la température moyenne mensuelle dépasse 10°c pendant moins de 4 mois, et si la Tm du mois le plus chaud ne dépasse pas les 18-20°c. Or, étant données les Tnm estivales bien basses dans les bas-fonds de la forêt du Risoux, il est évident que la durée de la période aux Tm > 10°c est bien inférieure à 4 mois.

On est donc bien, ici dans le domaine subalpin, qu'on peut donc qualifier de boréal dans ce cas.

À noter par ailleurs qu'il est probable qu'au fond de ces dépressions dans lesquelles la forêt ne se développe pas naturellement (à condition que, comme tu le dis fort bien, l'on y plante pas une forêt, auquel cas on "détruit" effectivement le TAF), les conditions s'apparentent même carrément au domaine alpin, malgré la faible altitude !

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Aujourd’hui sous une neige fondante j’ai installé à la Combe Noire un enregistreur, je pense qu’il est bien caché. L’installation est complètement hors normes, mais cela donnera quelques infos. Voici le produit : http://www.conrad.fr...earchDetail=005.

Bonjour.

Oh, super ! Mais attention ! De toute évidence conscient du risque d'une installation de ce genre, tu me sembles quand même minimiser celui de discuter de cela ici de façon complètement ouverte. Evidemment c'est un peu tard pour t'alerter sur ce à quoi je pense.

'psncf', membre IC de St-Leu-la-Forêt (Val-d'Oise), à qui j'avais suggéré il y a environ deux ans de faire pareil au TAF de la Cailleuse (forêt de Montmorency), l'a fait. Mais au bout de peu de jours il n'a rien retrouvé de sa sonde. De quoi l'écoeurer, et moi avec. Maintenant, sur le forum d'IC nous avions discuté de l'emplacement sans doute trop ouvertement, trop précisément... Ah, l'enthousiasme, comme ça joue des tours !

Pour éviter cela, RdV 'joselito' en MP. Même si heureusement la Franche-Comté n'a rien à voir avec la région parisienne côté délinquance, il faut bien voir que n'importe qui passant sur le net peut obtenir la "clef" et venir se servir. C'est trop facile.

C'est en tout cas pour une raison de sûreté qu'il y a une douzaine d'années, après avoir constaté le 18 décembre 2000 l'absence du min-max - disparu probablement suite à des travaux forestiers de déboisement sur le site -, j'ai abandonné tout projet de mettre de nouveau quoi que ce soit de personnel au fond du TAF de la tourbière de la Cailleuse. Ce que j'avais fait pourtant le 14 septembre 1972 et même s'il n'y avait pas encore de clôture - installée seulement février 1978 mais uniquement pour protéger du piétinement un bout de tourbière. Avec le dernier relevé effectué le 12 juillet 1997, le thermomètre min-max sera resté sur place entre vingt-cinq et vingt-huit ans quand même ! Au bout desquels probablement il n'a même pas été volé.

Avec le soutien d'une association (AFOMIC) et l'accord de l'ONF, mi-1978 on a même installé un thermographe Richard-Peckely - c'était cher - dans une partie de la tourbière, désormais close. J'avais certes les clés de l'enclos, mais bien sûr franchir cette clôture en se faufilant était un jeu d'enfant. Des chercheurs de champignons ne s'en sont pas privés - j'en voyais parfois dans l'enclos - et, pour opérer tranquillement, mais aussi éviter de leur faire découvrir le min-max (l'abri contenant le thermographe était par contre très visible), j'attendais leur départ ; seulement ensuite j'allais remplacer le papier et faire mon relevé au min-max. Au thermographe il n'y a eu aucun dégât. On a retiré abri et thermograhe au bout d'un peu plus d'une année. Mais c'était pour des questions de gestion (une fois par semaine aller relever l'enregistrement hebdomadaire et remettre du papier était difficile à gérer). Quant au min-max, il est resté sur place encore une vingtaine d'années environ...

Maintenant je dois dire que, mis à part ce cas heureux de la tourbière de la Cailleuse - un endroit d'IDF, à l'époque et encore aujourd'hui assez confidentiel -, très tôt j'ai fini par ne plus retrouver chacun des autres min-max que j'avais accrochés - cela remonte aux années 70 et 80 - à des troncs d'arbres ici ou là ; que ce soit ailleurs en forêt de Montmorency ou même dans le massif vosgien. Cela montre que partout passait du monde, déjà : chercheurs de champignons, cueilleurs de myrtilles...Tout était déjà un peu éventé. Et aujourd'hui c'est pire. Une misère. En effet depuis ces années les temps ont encore changé, hélas, hélas ! Même loin des villes, même dans le Haut-Doubs - si, si, sur place on me l'a dit - on ne laisse plus ses clés sur sa voiture garée, on ne laisse plus ouverte la porte de sa maison. On ne peut plus rien mettre dans la nature, comme ça ; comme je l'ai fait autrefois. C'est désespérant...

Maintenant il faudra bien quand même discuter ici des résultats, 'joselito'. Mais uniquement de ça. A plus. Je passerai sur MP pour les questions d'installation, de localisation du matos etc...

Marc.

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De cette manière en utilisant Swiss Topo et Google Earth, j'avais trouvé une profondeur d'au moins 36 mètres. Pour la Combe Noire, j'ai estimé que la cuvette fermée faisait environ 20 mètres de profondeur pour la zone dégagée, et une trentaine de mètres en incluant la forêt.

Bonjour.

L'espace occupé par la dépression de la combe Noire (forêt de Mignovillard) est très vaste, comme le montre cette carte de Swiss Topo : http://www.vttrack.f...yers=SwissTopo|. Ses limites passent notamment par le point 1174 m du Crêt Mathiez Sarrazin (mais pas le point 1169 m, situé plus au sud). Les sources d'air froid, ces pentes à l'origine de l'air froid et dense fabriqué grâce au rayonnement infrarouge net de la surface, sont donc elles aussi très vastes. Le col de la combe Noire, c'est-à-dire l'endroit par où l'air froid déborde, se situe à la limite de sa partie Nord-Est. C'est près de la piste. De cet exutoire l'air froid se déverse dans un creux (point bas 1014 m) situé au sud du Chalet de Combe Noire, avant de filer vers Vaux-et-Chantegrue. Entre le point bas (1013 m) de la combe Noire et le col (environ 1045 m) il y a à-peu-près 32 mètres de dénivelé. Pas mal !

Marc.

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Pour ce qui est de la Combe des Amburnex, la Tn définitive de la nuit dernière au fond de la Sèche de Gimel est de -33°C à 4h.

Bonjour 'Sphagnum'.

Voici, d'après "agrometeo.ch", les températures relevées entre les 30 novembre et 4 décembre 2012 au fond de la Sèche de Gimel (Station des Amburnex-Combe altitude : 1298 m) et sur le bord (Station des Amburnex / Trois Chalets altitude : 1321 m), soit un dénivelé de seulement 23 m :

Au fond de la sèche (1298 m) :

.....................Temp moy...Temp min...Temp max......Temp min au sol

30.11.2012..... - 5,5°C...... - 7,1°C...... - 4,4°C............. - 7,6°C

01.12.2012..... -12,6°C...... -26,4°C...... - 1,3°C............. -27,2°C

02.12.2012..... -11,3°C...... -27,6°C...... - 3,9°C............. -28,5°C

03.12.2012..... -11,1°C...... -33,0°C..........1,3°C............. -33,6°C

04.12.2012..... - 1,0°C...... - 3,2°C..........0,9°C............. - 3,3°C

Sur le bord de la sèche (1321 m) :

.....................Temp moy...Temp min...Temp max

30.11.2012..... - 5,7°C...... - 6,8°C...... - 5,0°C

01.12.2012..... - 8,0°C...... -15,1°C...... - 2,1°C

02.12.2012..... - 8,1°C...... -17,2°C...... - 4,8°C

03.12.2012..... - 7,6°C...... -20,6°C..........1,1°C

04.12.2012..... - 1,4°C...... - 3,3°C..........0,5°C

Maintenant, voici les conditions autres que thermiques, sur le bord de la sèche (1321 m) :

.....................HR moy....Précipit....Vent direction....Vent moy....Vent max

30.11.2012....96,5%......0,0mm.....SW 225,0deg......2,5m/s.........4,1m/s

01.12.2012....96,9%......0,0mm.....SW 220,9deg......1,0m/s.........3,5m/s

02.12.2012....96,9%......0,0mm......SE 123,8deg......1,3m/s.........3,3m/s

03.12.2012....97,0%......0,0mm......NE...51,4deg......2,0m/s.........5,0m/s

04.12.2012....95,5%......4,3mm......NE...44,9deg......2,8m/s.........6,9m/s

A retenir pour chaque jour l'écart entre températures minimales du fond et du bord. 30 novembre : 0,3°C (à peine plus froid en bas), premier décembre : 11,3°C (beaucoup plus froid en bas), 2 décembre : 10,4°C (beaucoup plus froid en bas), 3 décembre : 12,4°C (beaucoup plus froid en bas) et 4 décembre : 0,1°C (un poil plus doux en bas). Le déterminant est bien sûr la présence de conditions radiatives ou pas sur le massif du mont Tendre. Ce qui permet ou pas la présence d'un lac d'air froid.

A retenir aussi pour chaque jour l'écart entre températures maximales du fond et du bord. 30 novembre : 0,6°C, premier décembre : 0,8°C, 2 décembre : 0,9°C, 3 décembre : 0,2°C, 4 décembre : 0,4°C. Il fait toujours un tout petit peu plus doux en bas, mais l'écart n'est jamais que de quelques dixièmes.

Les jours de beau temps, c'est-à-dire ceux marqués par des conditions radiatives (ciel clair et vent calme), forment le coeur de la période. La température moyenne est alors nettement plus basse au fond que sur le bord. Voyons les écarts ! 30 novembre : 0,2°C (légèrement plus doux en bas), premier décembre : 4,6°C (nettement plus froid en bas), 2 décembre : 3,2°C(nettement plus froid en bas), 3 décembre : 3,5°C (nettement plus froid en bas), 4 décembre : 0,4°C (légèrement plus doux en bas).

Cet ensemble de données suggère que des lacs d'air froid, responsables de températures nocturnes et matinales excessivement basses au fond (jusqu'à -33°C), se formaient dès que les conditions étaient favorables, puis disparaissaient dès que ce n'était plus le cas, notamment avec l'apparition de nuages, peut-être aussi avec un renforcement du vent et semble-t-il avec l'apparition de l'ensoleillement (à voir, pour plus de détails sur l'état du ciel au mont Tendre, les topics adéquats de suivi du temps en France : Centre-Est et Nord-Est).

Pour résumer, on voit donc que les jours où les conditions ont été radiatives sur le mont Tendre, c'est-à-dire le coeur de la période, la température moyenne est nettement plus basse au fond de la sèche de Gimel que sur le bord.

Marc.

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Andelot-en-Montagne (39) - 604 m

Bonjour Marc,

Ça fait de belles amplitudes thermiques au fond de la sèche de Gimel (34,3°C le 03/12). La différence entre le fond et le haut quand il y a un lac d'air froid est régulièrement d'une petite dizaine de degrés, je me souviens que l'écart avait dépassé 15°C en février dernier.

La couche de neige va devenir conséquente sur tout le massif du Jura et ça s'annonce bien pour la semaine prochaine. De belles Tn en perspective au fond des trous à froid.

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...à Mouthe ils donnent maintenant un diplôme du froid aux touristes !... Grotesque !... Surtout qu'ils s'attendent toujours à trouver du -40°C les pauvres (un peu déçus)... En fait, des TAF il y en a plein le massif du Jura tout aussi puissants, mais comme Météo-France n'a pas eu la bonne idée de mettre des thermomètres partout (forcément), eh bien Mouthe c'est le seul de connu pour le grand public...

Bonjour 'Big Winter'.

Concernant Mouthe, je ne savais pas : excellente, l'histoire du diplôme du froid. Cela sent le Far West tout ça. Et me fait penser au certificat de passage sur les traces des chercheurs d'or au Yukon. En fait -40°C ou au-dessous est sans doute très rare à Mouthe. Surtout que ce n'est pas un TAF fermé. La Brévine et surtout les TAF des massifs du mont Tendre et du mont Risoux doivent être plus impressionnants, simplement du fait qu'ils sont fermés.

Cette question de fermeture fait toute la différence en terme d'intensité du froid au fond des dépressions. Par exemple dans la butte-témoin de Montmorency en Ile-de-France, se trouve le TAF de la tourbière de la Cailleuse, dont on a déjà parlé ici. Ce TAF, creusé dans l'assise des sables de Fontainebleau est bien sûr ouvert, même si l'ouverture en est étroite. Il y a donc fuite d'air froid à ce niveau, c'est logique et simplement dû à la gravité. L'espace surplombant le fond du TAF ne garde pas très longtemps l'air froid qu'il reçoit des alentours, même si son cheminement jusqu'au niveau de l'ouverture est freiné, entravé par la végétation - en effet le TAF est en pleine forêt, même si c'est relativement dégagé au fond, là où s'étend la tourbière.

Digression à propos d'ouverture : on serait bien étonné de trouver un TAF fermé en IDF, étant donné qu'il n'y a pas de relief karstique - même si le calcaire y est très présent en surface. Mais il pourrait quand même y avoir des affaissements de la surface du sol, dus par exemple à des mines.

Maintenant, imaginons ce qui se passerait si l'ouverture du TAF de la Cailleuse était remblayée pour une raison ou pour une autre, par exemple pour faire passer une route ou autre chose - aujourd'hui, avec l'aménagite aiguë et l'histoire du Grand Paris, on peut tout redouter, concernant l'avenir des sites naturels, même les plus précieux de l'IDF. Le TAF de la Cailleuse présenterait alors, à la place de l'ancienne ouverture, un col surélevé par rapport au fond. Avec rien que ça, le TAF changerait complètement de comportement, passant de TAF ouvert à TAF fermé, c'est-à-dire qu'il y aurait carrément un espace clos, ce qui est très différent.

Le fonctionnement d'un TAF fermé est beaucoup plus simple que celui d'un TAF ouvert. Dans le cas d'un TAF fermé, dans un premier temps l'air froid formé au niveau de ses sources d'air froid, situées sur les pentes environnant le fond, se dirige vers celui-ci et finalement se trouve bloqué à ce niveau, que ce soit juste au-dessus du sol ou à une certaine hauteur ne dépassant pas le col. Cet air évolue par la suite, à ce point final plus ou moins bas, au gré des processus de rayonnement, des transferts de chaleur sensible et des changements d'état qui opèrent au sein du TAF. De ce fait l'air de ce lac d'air froid peut devenir, au fil des heures et même au fil des jours, de plus en plus froid, par conséquent de plus en plus dense. Quant à l'air froid qui continue à se former sur les sources d'air froid, il va se contenter maintenant de glisser sur les pentes puis sur le toit de ce lac, avant de s'échapper du TAF par le col et aller refroidir ce qui est en aval.

Mantenant dans le cas du TAF ouvert, le même air froid se dirige pareillement vers le fond. Mais, comme il n'est pas bloqué dans cette zone par les caractéristiques du relief - une ouverture l'attend en effet au point bas -, eh bien, encore du fait de la gravité, il va glisser progressivement vers cette ouverture située en aval puis s'échapper du TAF. Par conséquent, cet air froid, auquel au passage le fond du TAF a fait passer du froid pour qu'il devienne encore plus froid, est finalement carrément perdu pour le TAF, puisqu'il s'en va. Ainsi, de façon schématique et pour faire simple (volume de l'air en question, constant), une partie des frigories qu'il renferme lui ont été fournies par le fond du TAF (l'autre partie l'avait été initialement par les sources d'air froid environnantes, c'est-à-dire les pentes du TAF), mais en pure perte, puisque finalement elles participeront à refroidir les zones situées en aval du TAF. Le TAF ouvert fait le frigo au bénéfice surtout de l'extérieur, tandis que le TAF fermé ne dispense ses bienfaits réfrigérants que pour le surplus.

Toutes ces remarques et approximations, pour faire sentir l'écart de fonctionnement qu'il peut y avoir entre d'une part le TAF ouvert de Mouthe et d'autre part ceux fermés de la combe Noire de Mignovillard ou des massifs du mont Risoux et du mont Tendre (Sèches de Gimel et des Amburnex, Creux du Croue), pour ne citer que les TAF fermés du massif jurassien franco-helvétique les plus spectaculaires que je connaisse.

Le bas du village chez moi est un TAF, plus modeste mais pas mal quand même (coin du Mabo, du téléski, bref toute la zone basse de la commune) et moi je suis juste en limite ; mon thermo est au bord même je dirai du début du lac d'air froid. J'ai déjà observé plusieurs -27°C/-29°C et -30°C, mais le dernier en date est du 01/03/09 avec -29°C (et plus bas au centre même du village) ; dommage je n'avais pas encore ma VP2 à l'époque et cette année en février la bise à toujours soufflé, si bien que la T° n'est pas descendue plus bas que -21.2°C...

Oui, la Chaux, près de Gilley, est bien un TAF, comme d'ailleurs le laisse déjà supposer l'appellation de "chaux". J'y ai séjourné une fois en hiver. C'était pour une semaine, il y a de nombreuses années. On créchait le long de la route conduisant à Bugny via le Crêt. Mais, comme je l'ai déjà indiqué sur le forum, je n'ai pas eu la chance - ou le malheur - de tomber sur une période de conditions radiatives avec très grand froid, comme cela peut arriver. En effet, la neige était là, mais il y avait pas mal de vent. Aussi, au thermomètre qui était accroché à un mur au centre du village, près de l'église, je n'ai pas vu plus bas que -16°C ou -17°C, comme je l'ai dit. Les enfants ont fait du ski en bas, il suffisait de descendre la pente séparant du fond le gîte. Je me rappelle bien ce fond de vallée, tout plat. Mais je préférais aller du côté de Frasne, pas trop loin. C'était pour les tourbières...

D'ailleurs j'ai souvent remarqué que les grosses chutes de T° intervenaient après de grosses chutes de neige, quand le ciel s'éclaircissait et que bien sûr pas un brin de vent ne venait perturber la machine ; alors là se forme sur la neige ce petit brouillard typique, de 1 à 2 m de haut et résultant de l'évaporation rapide de l’humidité, accélérant encore un peu plus la chute de la T° qui peut-être impressionnante, de l'ordre de plusieurs degrés par 1/2 heure...

Ne faudrait-il pas plutôt dire : "alors là se forme sur la neige ce petit brouillard typique, de 1 à 2 m de haut et résultant de la condensation rapide de l’humidité, freinant la chute de la température, qui peut-être impressionnante, de l'ordre de plusieurs degrés par 1/2 heure..." ?

Les Seignes de Gilley aussi sont pas mal...

Ouais, sur ce topic on en a parlé aussi. Plusieurs fois j'ai séjourné une semaine aux Seignes de Gilley. C'était toujours dans le même gîte, situé en pleine prairie. Mais les Seignes ne sont pas vraiment une concavité, comme peut l'être la Chaux de Gilley par exemple. Je suis toujours étonné d'entendre que ce plateau est un endroit très froid. Malheureusement, toutes les fois que nous étions aux Seignes - il y en a en plein hiver - les conditions n'étaient pas du tout radiatives. En effet la nuit, jamais moins de -4°C : évidemment une broutille, pour le Jura, en plus à cette altitude (environ 800 m). Mais là encore c'était une bonne base pour aller passer la journée aux tourbières de Frasne ou le soir faire au départ du gîte une petite virée sur le plan des Seignes de Gilley à ski de fond.

Marc.

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Posté(e)
Besse sur Issole (83 - Alt 275 m à 26 km de la mer)

Bonsoir,

Aujourd’hui sous une neige fondante j’ai installé à la Combe noire un enregistreur, je pense qu’il est bien caché. L’installation est complètement hors normes mais cela donnera quelques infos.

Voici le produit.

http://www.conrad.fr...earchDetail=005

Bonjour,

Même si ce n'est pas du tout aux normes, comment est-il installé précisément (as-tu une photo ) ? Merci !

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Je suis à la recherche d'informations concernant les records sur le secteur du lac de L’Abbaye (Les Chauvins, Chaux-des-Prés...), je suis preneur ! Merci.

Bonjour.Je ne sais rien de ces localités.Par contre -44°C auraient été relevés à Saint-Pierre, commune située près de Saint-Laurent-en-Grandvaux, ce qui constituerait le record de France ! Je ne me rappelle pas où j'ai lu ça. Mais je l'ai lu et cela m'a frappé, aussi c'est gravé dans ma mémoire. Maintenant est-ce que c'est vrai ? Et si oui, quand et où exactement a-ce été relevé et dans quelles conditions? Tout ce que je puis dire en regardant une carte, c'est que le village, tout en longueur, se trouve dans une dépression fermée, forme de relief typique de ce haut-plateau karstique (appelée "dépression de St-Pierre"). Même que le village se situe au moins en partie dans la portion close de cette dépression, c'est-à-dire la portion au-dessous du col le plus bas (le col bas), situé vers Les Chauvins qui se trouve plus au sud. Mais l'emplacement du village de St-Pierre est éloigné des parties les plus basses de cette dépression ! En effet l'examen attentif d'une carte permet d'observer au sud de St-Pierre une zone de la dépression, encore plus basse. Celle-ci, en forme de sillon et orientée du SW au NE, passe à l'écart du village des Bouvets d'Amont.Cette température est à mon avis tout à fait possible, compte tenu de ce qu'on sait du climat du plateau de Grandvaux. Il me semble que la topographie de celui-ci est encore plus prometteuse que celle du val de Mouthe, où ce serait déjà descendu au-dessous de moins quarante. Pour donner une idée sur le coin à ceux qui n'en auraient pas: http://upload.wikime...nt_Pierre_1.JPG.Marc.
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Posté(e)
Andelot-en-Montagne (39) - 604 m

C'est difficile d'analyser la topographie du Grandvaux dans le détail, le relief est complexe, il en ressort beaucoup de petites dépressions fermées et de valons, mais j'ai du mal à voir une dépression close de plus grand échelle englobant le village de Saint-Pierre. Un tel record ne m’étonnerait pas, sans doute en janvier 1985.

Il y a des stations météo dans le Grandvaux ? Je trouve qu'on en entend pas souvent parler.

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